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Depuis le prologue, on apprend que le café ougandais fait l'objet de contrebande. Et lorsque Baron Chase, un  Canadien naturalisé ougandais, et bras droit d'Idi Amin, évoque la possibilité de détourner un train entier de café, il le fait, au Kenya, à Balim, un Asiate, mis à la porte d'Ouganda.
« Je vais vous parler franchement, monsieur Balim, dit Chase avec l'air convaincu d'un homme qui parle rarement en toute franchise : Idi Amin est au bout du rouleau. »
Les plantations de café en Ouganda appartenaient aux « Asiates », qui les avaient volées aux blancs, en fuite en 1962, et volées par Idi Amin en 1972, lorsqu'il a chassé tous les Asiatiques de son pays. Il s'agit alors d'exporter, en fraude, ce train qui représente six millions de dollars de kawa au Brésil, touché, en 1977, par une récolte désastreuse, ce qui provoque la hausse des courts.
Ou comment blanchir du café.
S'ensuit une épopée parfois inutile, parfois intrigante, parfois harcelante, mettant en scène des mercenaires Blancs, les nouveaux voleurs, des Ougandais, ravis de se venger du dictateur sanguinaire, et, justement, cet Idi Amin, militaire dont un des passe-temps favori est de torturer.
Parmi ses victimes principales : le chrétiens, dont l'archevêque anglican Janani Luwum, personnellement assassiné par Idi Amin en février 1977.
Cinq cent mille personnes, quand même, de torturés.
Le soutien à Idi Amin est mis en place par les Britanniques et Israël en 1971, pour lutter contre un penchant vers le marxisme de son prédécesseur Milton Obote, et pour les Israéliens, une aide secrète à la rébellion soudanaise, ce qui mobiliserait des milliers de soldats égyptiens, empêchant qu'ils aillent soutenir les Palestiniens. Finalement, le jackpot est remporté par la Libye : « Kadhafi, marxiste musulman, expliqua à Amin que les Israéliens étaient en fait des juifs, et que les Britanniques étaient des capitalistes également détestables par conséquent. »

Trahisons, espionnage, coups tordus, et pourtant, dit Westlake, nécessité absolue de négocier avec les humains tels qu'ils sont et non tels qu'on rêverait qu'ils soient.
Entre les différents organismes : La Commission du café d'Ouganda, et L'institut brésilien du café,
l'ICB, l'office international du café, basé à Londres, supervise impartialement le commerce international du café et les accords entre pays. Ce n'est pas le café lui-même leur préoccupation, mais, en général, le marché des matières premières entre les grandes places financières du monde.
Lorsque le train chargé de café « disparait » réellement, Amin remarque avec une justesse qui honore son intelligence « un train ne peut pas disparaitre » et pense bien évidemment à une sorcellerie quelconque.
Eh bien, si, même si Amin hurle : «  je veux mon café ! je veux mon traiiiiiiin ! en pensant tout de même à qui il va couper la tête, y a plus le train.
Ce roman un peu trop western, me fait penser à un cake dont les raisins seraient délicieux, certes, mais perdus dans la masse, la digestion fut longue, et a nécessité plus de café que d'ordinaire.
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Sers-nous donc un Kahawa, Donald!
Ce polar est l'un de ses meilleurs romans, qui allie intrigue, géopolitique et humour, une histoire de casse sortie tout droit de son imagination débordante et traduite par Manchette, qui se déroule en Afrique mais sans John Dortmunder .

En 1977, un conseiller canadien du dictateur Amin Dada et des commerçants asiatiques basés au Kenya qui ont été spoliés et chassés d'Ouganda, s'apprêtent à détourner un train rempli de café d'une valeur de 36 millions de dollars qui appartient au Président à vie.
Pour mener à bien ce vol plus audacieux et périlleux que l'attaque du train postal Glasgow-Londres, les instigateurs font appel à deux barbouzes américains, Lanigan et Brady, ainsi qu'à une pilote, Ellen.

Mais vouloir voler Amin Dada c'est comme aller chercher un os dans la gueule d'un fauve. Personnage tellement incroyable qu'on l'imagine créé de toute pièce par Westlake, il vampirise le roman, fascine le lecteur à chacune de ses apparitions, tel un ogre doté d'une intuition hors du commun qui terrorise son entourage. Ryszard Kapuściński, dans Ébène, ou Giles Foden dans le Dernier Roi d'Écosse, l'avaient déjà mis en scène mais sous la plume de Westlake l'homme atteint une dimension inégalée.

Kahawa est un polar complexe qui met en scène un vol improbable, ambiance attaque de diligence en terrain hostile, l'Ouganda d'Amin Dada. Westlake mêle très habilement à son intrigue des références précises à des évènements réels, comme les liens qu'entretenait le dictateur avec les pays occidentaux, la sanglante répression politique symbolisée par l'archevêque anglican Janani Luwum, incarcéré et assassiné, l'expulsions en 72 de 60 000 Asiatiques, majoritairement Indo-Pakistanais, qui plombera le tissu économique du pays, ou l'Opération Entebbe qui eut lieu l'année précédente….
Bref, chez Westlake comme chez Elmore Leonard ou Tim Dorsey on apprend en se marrant... Et on réalise aussi combien de petits grains de café peuvent peser lourd pour une nation et provoquer la richesse ou le déclin de celui ou ceux qui les détiennent.
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Impossible d'imaginer un été sans effectuer mon pèlerinage dans les pages d'un bon vieux roman de Donald Westlake.
S'inviter dans une de ses histoires, c'est comme ouvrir les volets d'une maison de famille le premier jour des vacances. J'aère mon esprit renfermé.
Cette année, j'ai délaissé les cambriolages ratés de John Dortmunder et de ses acolytes, équipe de malfrats maffrés, pour un roman d'aventure exotique qui se déroule en 1977 en Afrique Orientale.
Deux mercenaires sont engagés pour organiser le vol d'un train Ougandais transportant pour six millions de dollars de grains de café.
600 pages, ce n'est pas un expresso, mais une telle opération réclame une longue torréfaction.
76 chapitres, mais nul besoin de voluptés d'arabica pour se tenir éveillé tant le scénario est palpitant.
Comme toujours chez l'auteur, le plan ne va pas se dérouler sans accroc. Donald Westlake est l'expert des impondérables.
Ses héros ne volent pas n'importe qui puisqu'il s'agit d'Idi Amin Dada, qui hélas n'est pas un personnage de fiction, dictateur sanguinaire de l'Ouganda entre 1971 et 1979.
Les deux baroudeurs vont se frotter à des beautés à fort tempérament, s'associer à des exilés revanchards et à des hommes d'affaires opportunistes. Ils vont surtout se confronter à la réalité de l'Afrique, son système tribal, son climat hostile et à l'apparente desinvolture de sa population. Une sorte de fatalisme à laquelle peut succeder à tout moment une sauvagerie impitoyable. Dans ces régions, la torture tuait plus que n'importe quelle maladie tropicale.
Si Donald Westlake excelle toujours autant dans sa capacité à créer des personnages originaux et à surprendre ses lecteurs dans des péripéties au dénouement imprevisible, je trouve qu'il décrit aussi de façon très réaliste la corruption et la violence de cette dictature africaine. Il illustre également avec pertinence les positions ambigües, pour ne pas dire la mansuétude, des pays occidentaux et des organisations internationales envers ce régime.
Bouffon sanguinaire qui causa la mort de près de 300000 personnes durant son règne, Idi Amin Dada est un personnage à part entière du roman qui dépeint sa cruauté mais aussi sa ruse et sa mégalomanie. Il obligea des hommes d'affaires occidentaux à le trimballer sur une chaise à porteurs et dans le roman, il conserve les têtes de ses ennemis décapités dans une chambre froide...
Mais l'ambition de l'auteur n'était pas de donner un cours de géopolitique. Donald Westlake était un grand romancier et il nous offre un récit d'aventures haletant. le vol du train et le transport du café rappelent les meilleurs westerns.
En bonus, je dois avouer que j'ai découvert l'origine africaine du mot Kahawa devenu Kawa dans l'argot des bistrots parisiens.
Un café noir, serré, très sucré. What else?
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L'auteur connaît bien l'Afrique et les Africains. Il nous en apprend beaucoup sur la culture, l'histoire et la géographie des peuples se situant en Ouganda et au Kenya à travers un roman d'aventures rondement mené où action, suspense, personnages hauts en couleurs côtoient humour et écriture d'un très bon niveau. je l'ai lu à la plage en plusieurs fois sur plusieurs semaines et la trame et les héros sont si prenants que je me souvenais très bien de tout ce que j'avais déjà lu en le reprenant à chaque fois, même longtemps après. Cela me semble être un signe de qualité.
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Roman d'aventures qui détonne un peu dans la bibliographie de Donald Westlake, car dépourvu (ou presque) d'humour, Kahawa m'a fait penser dans son style à l'alter ego de l'auteur, Richard Stark.
On y suit une petite galerie d'hommes et de femmes qui préparent le détournement lucratif d'un train transportant du café en Ouganda. Ça commence comme une mauvaise blague, mais c'est un bon livre, promis.
L'écriture de Westlake est quand même le gage de passer un bon moment, et je n'ai pas été ennuyé outre mesure pendant ma lecture.
Petit bémol sur les personnages, que je n'ai pas trouvé suffisamment développés pour m'attacher à eux. de plus, pour un roman avec un résumé si accrocheur, ça parle beaucoup et l'action est un peu délaissée.
Et pourtant, j'ai fini ce roman sur une bonne impression. Cela est dû à la peinture réaliste que l'auteur fait du régime de Idi Amin Dada. Dictateur sanguinaire dont, à mon avis, le caractère a très bien été restitué par Donald Westlake. On voit bien qu'il ne fait pas bon vivre en Ouganda à cette période, si on est opposant au régime ou simple gêneur dans les magouilles impliquant à la fois les pouvoirs locaux et les multinationales occidentales.
En bref, une bonne petite lecture qui m'a fait reprendre le contact avec Westlake.
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Je penserai à Kahawa en buvant mon petit café demain matin, en espérant qu'il a eu un parcours moins trouble que celui dont on parle dans ce livre. Kahawa se passe en Ouganda du temps d'Amin Dada, période malsaine s'il en est. Tous les personnages (sauf un) ont un point commun, que ce soit Amin Dada, ses sbires, son conseiller canadien, les marchands de café ou les mercenaires qui sévissent dans la région, ils tous sont pourris jusqu'à la moelle et prêts à tout pour s'enrichir.
L'expression "panier de crabes" prend toute sa signification dans ce livre, et le mot "confiance" sonne comme une plaisanterie. Tous font des plans pour s'accaparer la fameuse cargaison de café, objet de toutes leurs convoitises ; une alliance est à peine conclue que les protagonistes pensent déjà à la manière dont ils arnaqueront leur partenaire une fois la marchandise récupérée. Les personnages sont bien campés, typés sans être caricaturaux, sauf Amin Dada mais il faut avouer qu'il n'y avait pas beaucoup à faire pour le transformer en caricature.

En résumé Kahawa est un polar plein de rebondissements, c'est un gros pavé mais on n'a pas envie de lâcher avant la fin.
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Ouganda, 1978. Idi Amin Dada est toujours au pouvoir, mais sa dictature sanglante a fait s'éloigner les anciens alliés (anglais notamment) et son pouvoir ne tient plus qu'à un fil, l'économie de son pays est en pleine débandade. Nous sommes en fin de règne. C'est là qu'un marchand ougandais d'origine indienne et exilé au Kenya (M. Balim) imagine le détournement d'un train rempli de café, avec la complicité d'un mercenaire travaillant directement auprès du dictateur (Baron Chase). Quelques millions de dollars à la clé. Mais pour cela, il lui faut embaucher des hommes rompus à l'Afrique et ses vicissitudes. Deux barbouzes, Frank Lanigan et Lew Brady, ainsi qu'Ellen, aviatrice et compagne de ce dernier, font partie de la fête. Mais de nombreuses autres personnes veulent se partager le gâteau. de trop nombreuses personnes. Car si le cambriolage est particulièrement osé (nous sommes chez Donald Westlake, ne l'oublions pas, où les cambriolages sont toujours très osés), les bénéfices à venir attirent des rapaces de toutes sortes. de plus la préparation est longue et minutieuse. La présence d'une femme séduisante ne fait qu'attiser les tensions. C'est le point faible de ce roman, la première moitié du récit est lente et monotone, malgré l'humour de l'auteur et les tensions sentimentales entre Lew et Ellen. Sans oublier une vision de l'Afrique plutôt caricaturale. le cambriolage en lui-même, avec les inévitables incidents qui l'agrémentent donne un rythme plus soutenu à la seconde partie du récit. Sans être le meilleur roman de Donald Westlake, ce livre nous montre encore une autre facette de l'auteur aux multiples visages.
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Westlake l'éclectique nous régale dans ce livre qui, sur une base de polar (suspense, rebondissements, etc.), ajoute une dimension politique et sociologique étonnement documentée : l'Afrique noire, Idi Amin Dada, les Indiens expulsés d'Ouganda... Ajoutons quelques scènes de sexe particulièrement réussies, l'humour coutumier de Westlake et on comprendra qu'on a affaire à un vrai chef d'oeuvre.
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C'est toujours un plaisir de voir un romancier s'écarter de sa série phare pour livrer un pur one-shot. Surtout si c'est un maître des mots comme Donald Westlake, qui cumule les sagas littéraires (Dortmunder, Parker, Mitchell Tobin, Sam Holt,...). Kahawa fait donc partie de ses oeuvres solitaires, pas les moins réussies d'ailleurs (le glaçant Couperet et l'hilarant Aztèques Dansants).
Une bande d'escrocs et de braqueurs s'associent pour subtiliser des tonnes de café en Ouganda vers la fin des années 70. Évidemment, le projet va connaître quelques rebondissements inattendus...
Première différence : le cadre est réel. Nous nous situons à un endroit et moment de l'Histoire plus que dérangeant : la dictature militaire ougandaise dirigée par Idi Amin Dada, fou furieux auto-proclamé président à vie. Donald Westlake n'occulte rien des horreurs perpétrées sur ces sombres années, tout en ne sombrant jamais dans la complaisance. D'un autre côté, il ne retient pas non plus ses coups envers les terres démocratiques qui ne se sont pas faites prier pour traiter avec le despote Idi Amin.
Deuxième changement : le ton, qui tente le pont entre les différentes séries pivots de son auteur. La sécheresse parfois brute affiliée à Parker se fraye un chemin dans l'oeuvre, le caractère désespéré rappelle les romans mettant en vedette Mitchell Tobin, puis le soupçon d'humour et de légèreté ravive le style Dortmunder. Un joli mélange entre aventure et exotisme qui vaut son pesant d'or (en café).
L'ouvrage se montre incroyablement précis et documenté dans sa description sociétale et politique, ce qui peut peut-être rendre sa lecture difficile sur les premières parties. Toutefois, l'intrigue est découpée en plus de 70 chapitres, ce qui permet de l'aérer sensiblement et donne autant d'épaisseur à chacun des personnages (Lew Brady, Frank Lanigan, Ellen, Sir Denis Lambsmith, Baron Chase,...).
Dans son derniers tiers, lors de ce fameux braquage, Kahawa concocte un choc des destinées des plus haletants.
Je suis ressorti du livre légèrement dépaysé, bien que l'écriture magnifique de Westlake fut un guide précieux. Une lecture hautement recommandable aux amateurs d'aventures, et évidemment de l'auteur.
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Excellent livre, comme toujours avec Westlake, même si le ton de celui-ci est différent des habituels Dortmunder. On est impressionné par la quantité d'informations sur l'Ouganda sous Amin Dada, et horrifié par ce qu'elles recouvrent. Une fin un peu bâclée à mon goût...
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