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Enfant, après une longue lutte contre la fièvre typhoïde contractée en Allemagne, Edith Wharton se remet de cette maladie éprouvante en lisant, entre autres, des histoires de fantômes. Impressionnable, elle en développe une hantise qui la suit durablement, laissant flotter autour d'elle des menaces qui la terrorisent. C'est peut-être pour cette raison que bien des années plus tard, elle écrit les cinq nouvelles qui composent ce recueil.
Ce ne sont pas des histoires de spectres sanguinolents, ni de fantômes traînant leurs chaînes et semant l'épouvante sur leurs passages. Les mystérieuses présences qui habitent les personnages ou les lieux rencontrés ici trouvent davantage leur source dans le psychisme et la culpabilité de certains êtres en proie à une conscience qui les torture.
Comme les peurs d'Edith Wharton sont nées de livres puisés dans la bibliothèque familiale, elle fait souvent appel à ce lieu empli de volumes pour introduire ou installer ses propres histoires d'esprits frappeurs.

Commençons par parcourir une avenue d'arbres aux branches entrelacées qui forment une voûte menant à Kerfol. le sombre de l'ardoise se détache sur ce lieu plein d'un passé confiné dans les pierres de cette antique demeure bretonne. C'est soi-disant l'endroit rêvé à visiter et à acheter pour un homme peu sociable comme notre narrateur. Ce ne sera pas une visite ordinaire mais une envie de sentir les lieux jusqu'à percevoir une pression de l'invisible. Un chien, puis un autre et un autre ; des regards canins fixés sur lui mais aucun aboiement. Plus tard, un vieux livre lui relatera une audience qui a eu lieu en 16.. pouvant expliquer le caractère hanté de ce manoir où flottent les traces d'un couple mêlées à des esprits canins.

Poursuivons avec un cercle d'amis bien installés entre les murs lambrissés d'une bibliothèque pour évoquer leurs fantômes. Ce seront juste des yeux, de plus en plus épouvantables qui semblent venir regarder les cas de conscience de celui qu'ils scrutent dans les ténèbres. Une nouvelle un brin oppressante qui fouille dans les regrets de la personne hantée et non plus dans un lieu fréquenté par quelques âmes errantes.

Arrivons ensuite dans une maison perdue qui se devine derrière un rideau de neige. Un mari y dépérit alors qu'il rencontre au bord d'un lac une jeune fille décédée un an auparavant et qui paraît ne pas pouvoir reposer en paix. Les visages émaciés, les expressions blêmes sont parfaitement décrites pour entourer cette nouvelle funèbre d'une aura bien lugubre.

Avant de terminer, arrêtons-nous un instant au coin d'un feu où une ancienne masseuse se repent devant sa petite-fille d'avoir usé et abusé de spiritisme pour atténuer les angoisses liées à la vieillesse chez une de ses clientes. C'était pourtant en vue de faire du bien à son prochain qu'elle a donné voix à un jeune homme ayant sombré avec le Titanic...

Clôturons alors ces petits frissons divinement gothiques en poussant la porte d'une habitation anglaise des plus inconfortables qu'un couple d'Américains s'est empressé d'acquérir en ayant même l'espoir qu'elle soit habitée par un fantôme. Leur espoir ne sera peut-être pas déçu puisque le passé ne s'encombre pas de la distance lorsqu'il plane dans l'au-delà.

Avec la merveilleuse plume de l'auteure, ces histoires à l'atmosphère gothique plongent le lecteur au coeur d'âmes tourmentées et hantées, conviant juste une once de fantastique pour poser une ambiance légèrement fantomatique dans des univers bien réels et bien humains.
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Ce livre vaut non seulement pour le plaisir de lire Edith Wharton mais aussi par l'introduction érudite de Jean-Pierre Naugrette, professeur d'université.
une trentaine de pages pour analyser le gothique américain, les fantômes whartoniens ....Passionnant !
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KERFOL et autres histoires de fantômes
d'Edith Wharton, traduit par Jean-Pierre Naugrette

Paru au Livre de Poche, collection "Classiques"

En ce jour d'Halloween, je vous propose une lecture de circonstance avec ce petit recueil qui contient cinq nouvelles d'Edith Wharton.

Pour éviter un sortilège, rien de tel que de lire cinq friandises contenant des maisons hantées par des fantômes humains et canins, un personnage hanté par un regard, des mort qui reviennent hanter des vivants, un mourant clair-voyant...

Edith Wharton (1862-1937) était une grande dame de la littérature nord-américaine. Cette amie d'Henry James était également une amoureuse de la France et correspondait régulièrement avec Gide. Il fut même question que Proust traduise un de ses textes... mais le projet est tombé à l'eau.
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Des fragments autobiographiques inclus dans le dossier du livre révèlent que Wharton a failli être emportée par une fièvre typhoïde à l'âge neuf ans. La menace de la mort et une peur chronique se sont logées en elle et ne l'ont pas quittée avant l'âge adulte. Ces sentiments (et ses lectures) ont nourri sa fascination pour les histoires de fantômes.
 
Les fantômes de Wharton prennent des formes variées, des animaux, des jeunes gens ou simplement une paire d'yeux qui brillent dans le noir, et ils réveillent souvent des regrets ou des culpabilités enfouies chez les vivants. J'ai adoré trois des cinq nouvelles du recueil. Ma préférence revient à Ensorcelé, entre autres pour son décor (le Massachusetts rural et hivernal), le même que dans le roman Ethan Frome que j'avais adoré. le fantôme est une jeune morte, vêtue d'une robe diaphane et marchant pieds nus dans la neige, qui revient hanter son ancien amoureux, marié à une autre femme. Une image spectrale classique, mais terriblement efficace. J'ai aussi beaucoup aimé Kerfol qui nous transporte dans la Bretagne du XVIIe siècle auprès d'une femme qui aime trop les chiens, de l'avis de son mari possessif. Et le miroir est la nouvelle que j'ai trouvé la plus touchante, avec sa narratrice qui tient à faire le bien autour d'elle, quitte à duper une amie en inventant un fantôme.
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Edith Wharton est une autrice américaine du tournant du XIXe et du XXe siècle que j'affectionne depuis longtemps. J'ai lu cette année l'un de ses romans les plus célèbres : le temps de l'innocence, où sa plume m'avait fait forte impression. C'est donc avec grand plaisir que je la découvre cette fois dans un autre format : les nouvelles, grâce à ce recueil d'histoires dites de "fantômes", dans lesquelles elle se livre à un joli exercice de style, en ajoutant à ses tableaux habituels de la bonne société une touche de fantastique.

Au cours de ces cinq nouvelles, écrites à des moments assez différents de la vie de l'autrice entre 1910 et 1935, sachant qu'elle meurt 2 ans plus tard, nous découvrons la palette d'expressions dont elle est capable. Sans vous mentir, j'ai moins aimé ses histoires les plus anciennes, ce sont celles qui sont parus les plus récemment qui m'ont le plus plu, parce que ça plume est alors beaucoup plus légère et incisive. Pour autant, il y a toujours beaucoup d'humour, un peu grinçant parfois, chez elle et j'en raffole. C'est une autrice que je trouve encore très contemporaine dans sa façon qu'elle a de parler de la bonne société mais également du couple. Et ici dans ces 5 nouvelles, le couple est l'un des thèmes récurrents, avec les apparitions de fantômes plus ou moins vengeurs, les trahisons et le deuil. 

Pour mettre tout cela en contexte, cette édition française a eu la bonne idée d'ajouter une préface et des annexes très intéressantes où l'on apprend des choses sur le travail d'Edith Wharton, ses références et la place de ce type d'écrit dans la littérature, ainsi que sur sa vie et ses amitiés. C'est parfait pour accompagner ces textes.

Voici d'ailleurs mon avis sur chaque de ces nouvelles :

La première histoire, Kerfol (1916) se déroule en Bretagne. Elle rappelle bien des histoires fantastiques lues, où un homme tombe sur un lieu atypique, qui a connu autrefois des événements étranges, qui sont racontés ici. J'ai aimé que le récit se passe dans un passé lointain, pendant la Renaissance. L'histoire de la vie conjugale de cette femme et la mort mystérieuse de son mari ainsi que le procès qui en a découlé m'ont happée. C'est un récit simple prenant pied dans la réalité et qui dérape merveilleusement bien.

J'ai bien moins aimé la deuxième histoire : Les yeux (1910). Elle a un style plus lourd et l'histoire est moins prenante. Suivre un type qui s'est réuni avec ses copains et raconte, de façon théâtrale, comment quand il était jeune il était parfois hanté par une paire d'yeux à certains moments clés de sa vie, n'est pas passionnant. La description de ces fameux yeux censés lui faire peur ne m'a pas impressionnée du tout, un raté, même si j'ai bien aimé l'humour de l'autrice par moment quand le héros se prête à l'auto-dérision.

Avec la troisième histoire : Ensorcelé (1925), j'ai retrouvé la plume que j'aime simple et incisive qui s'inscrit parfaitement dans le cadre de l'histoire qu'elle raconte. Ici, nous sommes en Amérique profonde, à la campagne, avec une femme qui fait appel aux amis de son mari ainsi qu'au diacre pour exorciser celui-ci puisqu'il rencontre une jeune défunte certains soirs. Une belle histoire sur le deuil mais aussi sur la vie en province et la vie conjugale d'alors faites de bien des aléas.

La quatrième histoire : le miroir (1935), est une autre belle histoire émouvante de femmes. Cette fois, c'est le récit à la fois d'une escroquerie et d'un grand amour, le tout autour d'une vieille femme qui ne supporte pas de vieillir. Beaucoup de thèmes se mélangent ici : deuil, amour, vieillesse, maladie et c'est très joliment croqué dans une Amérique bourgeoise contemporaine à la publication du récit.

Enfin avec  la cinquième histoire : Après Coup / Plus Tard (1910), comme avec son autre texte plus ancien, j'ai eu un peu plus de mal avec la plume de l'autrice que j'ai trouvé trop engoncée. Mais l'histoire en elle-même est très intéressante car elle dénonce à la fois une femme victime d'un mari qui a escroqué une autre famille et la vengeance du fantôme de la victime. A nouveau la vie domestique et les aléas d'une famille riche qui travaille dans les affaires sont très bien croqués.

Pour conclure, Edith Wharton reste une autrice dont j'aime énormément la plume mais également les thèmes et les ambiances qu'elle développe dans ces récits. Pour l'instant, je trouve que ce format court lui convient mieux que le long des romans. Il me faudra en lire quelques autres en plus du Temps de l'innocence pour voir s'ils me donnent tort ou non.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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J'ai passé d'excellentes soirées à frissonner en lisant ce recueil de Edith Wharton, Kerfol et autres histoires de fantômes. Je me suis laissé totalement emportée par ces histoires originales et effrayantes. Une écriture magnifique, des histoires entrainantes et une tension palpable font de ce recueil un petit ouvrage que je ne suis pas prête d'oublier et que je vais laisser sur ma table de chevet dans l'espoir de pouvoir m'y replonger dès que possible.

Une maison hantée, un homme pourchassé par d'étranges yeux, une femme qui hante son ancien amant, une autre qui ne veut pas se laisser vieillir, des courriers tout droit venu de l'au-delà… Il y en a pour tous les goûts.

Ce que je trouve ici fantastique est que le fantôme n'effraye pas mais reste un être secret et plein de mystère. Des apparitions furtives qui disparaitront aussi vite qu'elles sont apparues. C'est ce que j'ai particulièrement aimer dans ce recueil c'est l'impression d'inachevé, de secret toujours bien gardé. Pas de conclusions raisonnées, un phénomène qui reste entier et inexplicable.

Ma nouvelle préférée de ce recueil restera « le miroir » que j'ai trouvé particulière sensible et émouvante.

Autrice américaine du début du XXème. Edith Wharton s'inscrit dans la mouvance du gothique anglais. C'est lorsque qu'elle est tombée malade de la fièvre typhoïde, pendant sa rémission, que la jeune Edith Wharton découvre les histoires de voleurs et de fantômes, des histoires qui l'impressionnent tellement qu'elle fera une rechute. Un monde « d'horreur informe » qui la plongera dans « une peur chronique ». Des traces de cette angoisse sont perceptibles dans ce recueil. Un mélange de mystère, d'invraisemblable. Des personnages simples hantés par une possession démoniaque.

Je recommande chaudement!
Lien : https://eemmabooks.wordpress..
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Ce recueil de nouvelles signe ma rencontre avec la romancière américaine Edith Wharton. Et quelle rencontre, c'est un quasi coup de coeur ! Entre fantastique et romantisme noir des soeurs Brontë, j'ai littéralement dévoré ces cinq récits. Vous commencez peut-être à mieux me connaître, je suis souvent friande des histoires mettant en scène des fantômes, une atmosphère surnaturelle. Si je n'ai pas été déçue par l'intrigue des cinq nouvelles, j'ai surtout accroché à la plume de l'auteure. L'ensemble est extrêmement bien écrit. Edith Wharton parvient à installer une ambiance mystérieuse et pesante, jouant tantôt sur les désirs et vieux démons de ses protagonistes, tantôt sur le passé et l'héritage de vieilles demeures remplies de secrets. le lecteur se trouve alors transporté sur les terres d'un ancien seigneur breton ou encore dans le Dorset. Mes nouvelles favorites sont Kerfol, le miroir et Après coup.

Kerfol

Bretagne. Une vieille demeure isolée, hantée par une curieuse meute de chiens. Lorsque le protagoniste, un tout jeune homme, visite cet ancien manoir breton sur les conseils d'un ami, il n'envisage alors pas une seule seconde ce qu'il est sur le point de découvrir. Un seigneur violent et possessif. Une jeune épouse malheureuse. le procès d'Anne de Cornault lui fera passer une nuit blanche. J'ai tout simplement adoré cette nouvelle. J'ai toujours été fascinée par les châteaux, les manoirs mais surtout par leur Histoire, comme imprégnée dans les murs. Si la première partie de la nouvelle n'est pas forcément effrayante, la seconde nous présentant le vécu d'Anne de Cornault est tout aussi déroutante que révoltante.

Les yeux

Une bibliothèque, une ambiance feutrée. En pleine nuit, l'hôte d'une soirée raconte à ses vieux amis un récit absolument terrifiant. Un soir, des yeux fixes et menaçants lui seraient apparus alors même qu'il aurait été couché dans son lit. Malgré la fuite vers d'autres lieux, d'autres pays, les yeux sont là et ne disparaissent jamais. Si ce n'est pas ma préférée du recueil, cette nouvelle est certainement la plus angoissante…

Ensorcelé

Mrs Rutledge est extrêmement lasse, mais inquiète. Son mari serait ensorcelé. Car elle en est persuadée, celui-ci converserait parfois avec une jeune fille, morte depuis plusieurs années, dans une cabane située au bord d'un étang. J'ai peut-être été moins convaincue cette fois-ci. Si j'ai apprécié l'ambiance de cette nouvelle autour d'apparitions, d'un hiver blanc et vigoureux, je n'ai pas particulièrement apprécié son dénouement.

Le miroir

Pensant protéger Mrs Clingsland de nombreux charlatans, Cora entreprend de lui faire croire qu'elle est en mesure de communiquer avec un ancien amour de la vieille dame, qui serait décédé lors du naufrage du Titanic. Seulement les mensonges en cascade de Cora risquent fort de la mettre dans l'embarras. D'autant plus que la santé de la vieille femme semble comme reliée à ses fausses prédictions. Edith Wharton nous entraîne cette fois-ci dans l'univers de la médiumnité, très en vogue à l'époque. J'ai réellement apprécié suivre l'avancée de l'intrigue. Une nouvelle que je vous recommande.

Après coup

Un couple d'américains s'installe dans une vieille demeure relativement peu confortable. Leur projet premier : acheter une maison hantée. Si celle-ci se révèle en effet des plus étranges, une profonde angoisse ne s'installera qu'à partir de la disparition du mari, survenue alors même qu'un inconnu se soit introduit dans la demeure. Cette nouvelle est tout simplement ma préférée du recueil… Son atmosphère y est particulière. L'angoisse monte et se fait palpable.

En bref, j'ai donc été on ne peut plus séduite. Publiées entre 1910 et 1930, ces cinq nouvelles posent un pied dans le fantastique mais pas complètement. Edith Wharton décrit le plus souvent une société aisée. Au commencement, une situation ancrée dans la réalité. Puis tout bascule dans l'incompréhension voire l'inexplicable. J'ai d'ores et déjà hâte de retrouver l'auteure, dans le registre du roman cette fois-ci.
Lien : https://labibliothequedebene..
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Une plongée dans le fantastique. Premier contact avec cette autrice dont l'écriture me rappelle Maupassant, avec une tendance peut-être un peu plus marquée vers le gothique, selon les nouvelles. En bon style victorien, le fantôme n'apparaît pas, il se laisse deviner. Pour les sensations fortes, on repassera mais la qualité d'écriture et la petite chair de poule sur les avant-bras le temps d'une lecture en nocturne valent le détour.
Lien : https://tsllangues.wordpress..
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