AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 219 notes
5
8 avis
4
14 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Parce que j'allais voir une représentation théâtrale de "La Chatte..." j'ai, heureusement, relu le texte et découvert par la même occasion "La descente d'Orphée".
Quel texte et quelle pensée, quelle sauvagerie dans la rage et l'appétit, l'angoisse, le désespoir de vivre.

La représentation théâtrale, a été de mon point de vue, une adaptation hors sujet : la première partie, traitée façon théâtre de boulevard (en voilà une conception originale !) et la seconde, dans un ton grinçant.
Supprimés tout ce qui nous ramène à l'absence d'intimité : pas de lieu où échapper au regard, aux oreilles des autres, sauf en devenant un professionnel de la dissimulation. Cette chambre conjugale, joue un rôle principal : c'est un vrai hall de gare. Chacun y déboule quand bon lui semble, sans crier gare, et quand la porte est close, des oreilles épient à la porte, aux murs, les conversations téléphoniques, les cris des enfants., des domestiques envahissent la pièce. La rage d'épier, sous le prextexte de prendre soin de l'autre, de le comprendre, ou de défendre les siens est toujours le moteur de toute action. Et ce plaisir, de coincer l'autre dans une case ! Il faut avoir la rage de vivre et de s'en sortir pour faire table rase des préjugés et conquérir une liberté. de quoi étouffer dans cette maison de verre et de papier où tout se voit, où tout s'entend. Et quand Brick parle de la cage de verre de son métier de chroniqueur sportif ne parle-t-il pas du cadre de sa vie ? Lui aussi est devenu un "regardeur" d'autres qui vivent en pleine possession de leurs moyens physiques et intellectuels. Un regardeur regardé et étiqueté comme ces insectes mis sous verre.
Est-il homosexuel ? "Grande" question ! Qu'est-ce qui l'a cassé ? La mort de son ami d'enfance et, surtout, la prise de conscience qu'il n'aura plus jamais ni la force, ni l'insouciance de sa jeunesse ? Cette femme qu'il a aimé et qui exige de lui qu'il se comporte en adulte ? Ce père qui doit affronter la venue de sa propre mort, cesser de dissimuler sa haine pour sa femme, l'ainé de ses fils, assumer sa préférence pour ce fils alcoolique au charme nonchalant, qui essaie de le fuir, lui, le père, qui a gagné sa toute puissance. Ou bien réalise-t-il qu'il n'a rien fait de sa vie et qu'il préfère se réfugier dans une sérenité d'oubli. Pauvre Brick. Il se retrouve rejeté, abandonné par la mort de son ami, coincé entre cette épouse trop séduisante et ce père carnassier. Faut dire qu'ils se ressemblent le Grand Père et Margareth en grands prédateurs dans la hyénitude de cette famille. Violent et âpre, sans pitiè.

Tout aussi violent et cruel "La descente d'Orphée". Là encore, c'est une société qui s'épie, qui dépéce celles et ceux qui ne leur ressemblent pas. C'est une société qui vit comme dans un fortin interdisant son accès, aux "pièces-rapportées", celle épousée-achetée à laquelle son moribond de mari ne laissera aucune chance de lui survivre pour faire autre chose de SON bien, celle qui se réfugie dans la peinture, artiste dont le talent est reconnu, mais qui préfére s'aveugler de ses visions pour mieux transcender la réalité de la cruauté de son shérif de mari, celui qui seulement armé d'une guitare s'est arrété au mauvais endroit, et puis l'"erreur de la nature", celle qui vraiment n'a rien de commun avec cette famille, cette communauté. C'est surement elle, l'oiseau sans pattes, "il ne peut pas se poser et il passe toute sa vie à planer dans le ciel", et si elle réussit à ouvrir tout grand ses ailes, à devenir "couleur de ciel", alors elle échapera à ses congénères, ces oiseaux de proie qui ne l'attraperont jamais parcequ'ils ne la verront "même pas, au sommet du ciel, près du soleil."

Au fond, cette mauvaise mise en scéne m'a permis de redécouvrir un fabuleux écrivain.
Commenter  J’apprécie          180
Un de mes auteurs préférés. Une de mes pièces préférées aussi. « La Chatte sur un toit brûlant » de Tennessee Williams. Immortalisée par Élisabeth Taylor et Paul Newman.

États-Unis, une famille, deux couples viennent rendre visite au grand-père malade. Il y a Maggie et Brick, couple qui bat méchamment de l'aile à cause de la mort de Skipper, meilleur ami de Brick ; une mort que ce dernier met sur le dos de sa femme. Une Maggie frustrée parce que son mari refuse par conséquent d'accomplir son devoir conjugal.
Et il y a Gooper, le frère de Brick, et son épouse qui, comme Maggie, veulent faire main basse sur l'héritage du grand-père mourant. Mais Gooper aura des efforts à faire, Brick étant le préféré des deux frères aux yeux du patriarche.

La famille va s'entredéchirer, Brick sombrer de plus en plus dans l'alcool, son couple atteindre un point de non-retour, malgré les tentatives de Maggie pour raviver la flamme.

Une histoire de famille, d'héritage, d'autodestruction, de déchéance conjugale, de luxure, de fuite face à un quotidien disloqué par trop déprimant. C'est un registre dans lequel Tennessee Williams est particulièrement brillant, avec sa façon géniale d'écrire son intrigue à tiroirs de façon à suivre les différentes relations. On ment, on charme, on désire, on hait, Les personnages sont fouillés et attachants, même quand ils ont mauvais caractère. Tennessee Williams les a dessinés avec épaisseur. Un classique juste incontournable.
Commenter  J’apprécie          170
Le volume se compose de deux pièces. La première pièce du tome, La Chatte sur un Toit brûlant, est un classique. D'ailleurs, la photo de la couverture est issue de l'adaptation cinématographique. Que j'ai vu il y a bien longtemps.

Tennessee Williams nous livre à petites touches le destin de Brick et Margaret. Lui un ancien sportif, qui ne peut se résoudre à l'inaction. Elle, amoureuse et exubérante. Possessive et persuasive.

Les dialogues sont millimétrés, pesés. Les répliques fusent et réagissent. Chez Williams, pas de ressort lié à la situation, mais de l'action, venant des dialogues.

On pourrait être dans du Shakespeare. le Roi meurt et on se partage ses avoirs. Air connu. le happy end, ou ce qui s'en rapproche le plus chez Williams, vient soulager tout ce monde, englué dans les haines et les envies. En l'occurrence, le fait ou non d'avoir des enfants, le fait ou non d'être un "bon" fils... C'est bien vu de Williams, tout à fait ancré dans le quotidien, intemporel, absolu. le dramaturge nous livre une vision exacerbée, déchirante, désespérée de l'âme humaine.

La seconde pièce, La Descente d'Orphée, m'était inconnue. Quand on regarde la distribution des acteurs pour la première parisienne, on est frappé par le niveau très relevé. Arletty, bien sûr, mais pas seulement. Il faut du lourd pour que cela ne soit pas caricatural, à coup sûr.

Tout se passe dans une petite ville américaine. J'ai supposé le Midwest. Avec les tumbleweeds qui roulent au gré du vent. Les haines se lâchent. de nouveau, les trahisons, les compromissions, les secrets se nouent et se dénouent. On est dans un suspense, un thriller, implacable. Chez Tennessee Williams, les gens jugent leur prochain. Les condamnent. Dur. Et cela frappe juste. On se reconnaît. Oh, bien sûr, on n'a pas envie de se reconnaître dans ces femmes envieuses qui passent leur temps à épier et médire... mais c'est tellement bien vu de l'auteur.

Au final, une découverte.

Coller deux pièces peut se révéler tout à fait inadéquat. Cependant, plusieurs points les relient. le poids du passé tout d'abord, pas seulement celui de l'histoire des personnages, mais celui de la Tradition (avec une majuscule). Ensuite la beauté, la jeunesse, et le temps qui passe. Enfin, quelque chose d'instinctif, de primal, de viscéral. Je me suis surpris à penser que les personnages criaient, bien plus souvent que nécessaire. Tellement les répliques me semblaient devoir se hurler, frénétiquement, obsessionnellement.

Mais ce qui m'a le plus frappé dans les deux pièces, ce sont les didascalies, les indications fournies par Williams lui-même. La première pièce est un huis-clos, un duel... mais surtout un ballet. La place des protagonistes est réglée par l'auteur. Cela avance, recule, bouge, se positionne... car les places occupées ont de l'importance. La gestion de l'espace est un acteur à part entière. Efficace, terriblement efficace. La seconde pièce se déroule dans plusieurs endroits selon les tableaux, mais de nouveau on retrouve ce souci du positionnement des acteurs. le hasard n'a pas de place ici.
Commenter  J’apprécie          102
🐈 « L'homme est un animal condamné à mourir, mais avant, il achète, il achète, il achète parce qu'au fond de lui-même il a l'espoir démentiel que parmi tout ce qu'il aura acheté, il y aura la vie éternelle ! Mais ça n'arrive jamais … »
(P.112)

🐈 Ni la beauté d'une jeune femme, ni une immense et magnifique demeure, ni l'argent et le succès ne sauraient rendre heureux lorsqu'à l'intérieur, des maux nous dévorent. Qu'il s'agisse d'un cancer, de non-dits, de trahisons ou de manipulations, tôt ou tard il faut un jour payer pour le mal que l'on a fait. Alors que le couple de Margaret et Bricks part à la dérive sous l'oeil ravi du frère et de la belle-soeur de ce dernier, l'on assiste à la déchéance d'une famille qui guette la mort du Père comme on attend une promesse mille fois répétée.

🐈 Alors que cette famille a tout pour être heureuse, elle est rongée par les vices : pourtant, ni l'alcool ne saura faire oublier à Brick le décès de son meilleur ami et la trahison de sa femme, tout comme cette dernière ne trouvera le réconfort de ne pouvoir être mère en se laissant désirer par tous les hommes qui la croisent ; être succesful et un bon père ne suffira pas non plus à Gooper pour enfin obtenir l'amour et l'admiration tant espérée de son Père. Non, décidément, rien ne va dans cette famille qui se déchire pour l'argent, pour la gloire et la reconnaissance. Alors on règle ses comptes, on recolle des morceaux parfois, on essaie tant bien que mal de raviver une flamme depuis longtemps éteinte…

🐈 La chatte sur un toit brûlant est une comédie à l'image de la vie, avec ses absurdités et ses futilités, ses non-sens et ses folies, et cette tentative désespérée de vouloir gommer les erreurs, de réparer l'irréparable et de chasser la lâcheté, l'envie et cette impossibilité à se mouvoir. le langage est provocant, les propos sont violents, le résultat n'en est que plus troublant.

🐈 « On vit dans le mensonge. L'alcool est une façon d'en sortir, la mort en est une autre… »
(P.154)
Commenter  J’apprécie          90
Les oeuvres de Tennessee Williams font partie de ces lectures imposées qui m'ont totalement bouleversée.
J'ai tout de suite adoré Un tramway nommé désir, le doux oiseau de jeunesse et La ménagerie de verre. L'intensité des émotions que Williams y dépeint est absolument étonnante.
La chatte sur un toit brûlant est d'un style très proche. On y retrouve des personnages écorchés par l'existence, qui s'aiment et se détestent, qui s'entre-déchirent et tentent de faire souffrir les autres autant qu'ils souffrent eux-mêmes.
On ne peut donc pas vraiment dire que les sujets de Williams soient très réjouissants, mais cela passe totalement inaperçu, car ce n'est pas ce qui importe le plus dans ses pièces. Ce qui est le plus marquant, outre l'intensité des émotions décrites, c'est la complexité des personnages : chacun cache bien plus que ce qu'il laissait voir au premier abord.
A découvrir, à relire, à savourer dans toutes les langues dans lesquelles les ouvrages de Williams ont été traduits. Vous ne le regretterez pas !
Commenter  J’apprécie          70
J'ai vu le film, avec Elizabeth Taylor et Paul Newman, il y a plusieurs années et je me souvenais plus ou moins de l'histoire. Lire la pièce de théâtre fût un très agréable moment de lecture et un plaisir différent par rapport à un roman. La pièce comporte trois actes qui sont dans la continuité les uns des autres et ne coupent absolument pas le récit. le tout est très fluide, les personnages son extravagants, les dialogues savoureux. le ton est cynique, les altercations vives, parfois blessantes et froides. Un récit plein de rebondissements, des rapports de force et des confrontations amenant certains personnages à dévoiler la vérité et les non-dits. J'ai particulièrement aimé le dialogue du patriarche avec un de ses fils, Brick.
Commenter  J’apprécie          70
Ce livre m'a foutu la chair de poule. Surtout la deuxième pièce, La descente d'Orphée.
Mon dieu, que la vie est cruelle dans le monde de Tennessee Williams, que les gens sont durs et abrupts.
Ce sont des histoires qui touchent par le fatalisme des personnages, par la dureté de la vie.
Ce livre m'a prise aux tripes.
Commenter  J’apprécie          60
Il est toujours étonnant de voir à quel point le brillant Tennessee Williams sait capturer, et même aimer, je l'en soupçonne, la bêtise crasse de ses personnages, leur vulgarité, leurs excès, leur manque d'humanité. Il exerce sur nous un coup de maître en nous faisant à la fois les détester et se reconnaître en eux. L'écriture est d'une efficacité admirable et les dialogues saisissants. Un incontournable de la scène et du cinéma que je n'avais pas encore découvert !
Commenter  J’apprécie          50
Tout n'est que Dualité. L'autorité parentale, l'homosexualité difficilement vivable. Tennessee Williams nage comme un poisson dans l'eau dans ce qu'il connait le mieux. Il règle ses comptes avec la lourdeur des coutumes et d'une famille régie par les lois paternelles, avec la difficulté des personnages à afficher ce qu'ils sont, ce qu'ils pensent, ce qu'ils veulent être mais aussi ce qu'ils ont raté. J'adore !!!!
Commenter  J’apprécie          50
Tennesse William est un grand dramaturge américain, dont je n'ai jamais lu d'oeuvres, même si plusieurs me font de l'oeil, telles que "Un tramway nommé désir" pour lequel l'auteur reçu le prix Pulitzer, "La ménagerie de verre" qui fut, quant à elle la pièce de théâtre qui le fit connaître au grand public. "La chatte sur un toit brûlant" est une de ses pièces les plus connues.

Lors d'une réunion de famille pour l'anniversaire du patriarche Big Daddy, ses deux fils accompagnés de leurs épouses et rejetons - pour l'un d'eux - se retrouvent pour fêter l'événement, mais progressivement les rancoeurs prennent la place de la cordialité et l'anniversaire tourne à la discorde. Il faut dire que les deux couples sont très différents. Gooper et sa femme Mae ont une ribambelle d'enfants et une situation confortable, tandis que Brick est un peu le vilain petit canard. Alcoolique et dépressif, il ne touche plus sa femme, Margaret surnommée la chatte, contre qui il a de gros griefs, comme par exemple le suicide de son meilleur ami, Skipper. Les choses pourraient-elles aller plus mal?

Cette pièce de théâtre célèbre se décompose en trois actes avec pour décor une chambre à coucher. En quelques mots, Tennessee Williams brosse le portrait psychologique de chacun des personnages de façon efficace, il faut dire que l'écriture de théâtre n'a rien à voir avec celle d'un roman, et l'auteur ne peut se permettre des digressions à n'en plus finir. L'écriture de Tennessee William est efficace et directe, il ne fait pas de fioriture, ni de tournure de phrases ampoulées. Ce serait plutôt la vérité nue, saupoudrée de sarcasme.

Malgré le format choisi, c'est-à-dire le registre du théâtre, l'auteur dépeint avec justesse des relations complexes entre les personnages, et pour la plupart, tous ressentent une certaine insatisfaction, une certaine détresse affective. A travers cette famille - d'autres personnages secondaires ceux-là, interviennent quelque fois comme le révérend Tooker ou le docteur Baugh - Tennessee William met en avant des thèmes essentiels tels que la pression sociale, l'ambition, l'alcoolisme, la jalousie, la maternité, l'homosexualité... La place de la femme est plus qu'intéressante, dans cette société du sud américain.

"La chatte sur un toit brûlant" est sortie au cinéma en 1958, avec dans les rôles principaux, la très belle Elizabeth Taylor qui jouait Margaret, et Paul Newman son mari Brick. Il est d'ailleurs précisé en introduction, que c'est la première fois qu'est publié le texte original écrit par Tennessee Williams, car Elia Kazan lors de sa mise en scène de l'oeuvre modifia le dernier acte de la pièce, cette version scénique perdura comme seule source de l'oeuvre jusqu'à maintenant. Aux États-Unis, le texte a été publié avec les deux versions de l'acte III. (...)
Lien : http://lillyterrature.canalb..
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (697) Voir plus



Quiz Voir plus

Tennessee Williams, en VO !

Un tramway nommé désir

A Streetcar Named Desire
A Tramway Named Desire

5 questions
57 lecteurs ont répondu
Thème : Tennessee WilliamsCréer un quiz sur ce livre

{* *}