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Grégoire Ladrange (Traducteur)
EAN : 9791096997282
328 pages
Omblage Editions (06/10/2022)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Quoique les noms de Molière, Racine, Corneille et d’autres soient emblématiques du théâtre français des dix-septième et dix-huitième siècles, on ignore souvent ceux des actrices pour lesquelles ils écrivirent et qui les connurent souvent intimement. Les Actrices du Grand Siècle répare cette omission en dressant les portraits des comédiennes les plus notables de cette époque, dans leurs carrières artistiques riches comme dans leurs vies personnelles souvent tumultueu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Contrairement aux grands auteurs du théâtre français du XVIIe et XVIIIe siècles que sont Molière, Racine ou encore Corneille, les actrices qui jouèrent dans leurs pièces sont presque toutes oubliées. Ce qui est fort injuste quand on sait l'importance que ces femmes ont eu dans leur notoriété, les inspirant et incarnant les personnages de comédies comme de tragédies au plus près de l'idée qu'ils s'en faisaient. On imagine alors facilement qu'en plus dotées de physiques avenants pourquoi elles étaient aimées de ces auteurs dont elles devinrent souvent les maîtresses.

Très courtisées, ces amoureuses malheureusement pour leurs illustres amants accordaient leurs faveurs à beaucoup. Ainsi Molière a passé une partie de son grand âge à se morfondre de jalousie pour sa jeune et belle femme, Armande Béjart ; tandis que Racine se mourait d'amour pour l'une des premières sociétaires de la Comédie-Française, Marie de Champméslé. Deux actrices qui avaient des vies intimes agitées comme aussi Adrienne Lecouvreur, admirée De Voltaire, ou la danseuse Mlle de Camargo muse de Rameau, ou encore Justine Favart avec le maréchal Maurice de Saxe ou Mlle Clairon avec un certain Gaillard de la Bataille qu'elles poussèrent bien malgré elles à des folies peu dignes de gentilshommes.

Des vies amoureuses qui n'empêchèrent pas ces actrices de grand talent de travailler ardemment à rendre leur jeu inoubliable, au point que certaines modifièrent à tout jamais la façon de jouer, laissant l'emphase de la diction et les costumes pesants pour un jeu plus naturel et une tenue plus libre. Hélas pour ces femmes, elles ont vécu à une époque où si elles étaient encensées par les intellectuels et les nobles pour leur beauté et leur talent, elles sont restées en marge de leur société respectable ; jusque dans la mort où l'Église, qui dans sa grande largesse leur avait refusé de leur vivant le baptême, l'absolution, le mariage, le parrainage, la communion, leur refusait une enterrement religieux et une sépulture chrétienne.

Un ouvrage documenté passionnant qui ouvre avec un certain humour (anglais) la réflexion sur l'ambivalence du statut des actrices du Grand Siècle, égéries admirables, aimées autant que réprouvées.
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Qu'ont en commun Armande Béjart, Adrienne Lecouvreur, Mademoiselle de Camargo, Justine Favart et Mademoiselle Clairon ? D'ailleurs, hormis la première, connue essentiellement pour avoir été la femme de Molière, qui sont ces femmes et qui les connaît encore ?

Le titre de cet ouvrage nous donne bien sûr la réponse - toutes ont été des grandes actrices aux 17ème et 18èmes siècles, des égéries, des muses, des femmes de scène idolâtrées qui ont attiré des foules de spectateurs admirateurs et inspiré de grands dramaturges mais aussi des femmes autoditactes, courageuses, véritables cheffes d'entreprise pour certaines.

Et pourtant malgré l'engouement qu'elles suscitaient, malgré le divertissement qu'elles apportaient, malgré le respect qu'elles inspiraient auprès de grands dramaturges, ces artistes ont eu à subir l'hostilité de l'Eglise envers le théâtre.

Cette hostilité remonte à des temps très anciens, nous explique en détails Hugh Noël Williams, historien anglais diplômé d'Oxford, qui rapporte qu'au IVème siècle un prêtre alla jusqu'à déclarer que "la comédie est pire que le blasphème, le larcin, l'homicide et tous les autres crimes"... et que "le spectateur est le complice de l'acteur"... Ainsi, aucun comédien (terme incluant les mimes, les jongleurs, les acrobates, les gladiateurs, les conducteurs de chars et, de fait, tous les intervenants en public) ne pouvait être reçu dans l'Eglise s'il ne s'engageait à renoncer à sa profession, sous peine d'être exclu du baptême et de l'absolution.

Quand l'Europe devint chrétienne, ces canons cessèrent d'être appliqués, mais non abrogés, dans tous les pays, sauf un... la France. Une grande tolérance fut donc accordée aux comédiens jusqu'à la fin du 17ème siècle. Ainsi si Molière fut baptisé et a pu se marier religieusement, il a été conduit vers le cimetière sans avoir le droit de passer par l'église à cause du scandale provoqué par son Tartuffe, pièce qui a réveillé avec violence les vieux préjugés de l'Eglise et durci encore davantage le traitement infligé aux comédiens ajoutant en plus le non droit au sacrement et à une sépulture chrétienne.

Comme l'indulgence variait d'un prêtre à l'autre, Armande, Marie, Adrienne, Marie-Anne, Justine et Claire-Joseph n'ont pas eu le même sort posthume.

Si Marie de Champmeslé, adulée par Racine, a pu recevoir l'absolution puis l'extrême onction et être enterrée à l'église Saint-Sulpice en présence de toute la Comédie Française, c'est uniquement parce qu'elle avait renoncé à sa profession de comédienne. En revanche, la grande Adrienne Lecouvreur, reine incontestée de la Comédie Française, adulée par Voltaire, n'eut pas le droit d'être enterrée dans un cimetière, même dans le carré réservé aux indigents et aux enfants non baptisés, et son corps fut enfoui dans un terrain vague près de Paris...

Outre ce point, essentiel puisqu'il stigmatisait les comédiennes et les comédiens d'alors, les assimilant à de quasi-prostitué(e)s et les plaçant hors de la société alors qu'ils en faisaient mille fois partie, et les obligeant à un choix impossible (résister et subir les conséquences des très sévères anathèmes de l'Eglise ou renoncer face à elle de peur de mourir sans être en paix avec le Ciel), l'ouvrage de Hugh Noël Williams nous livre aussi, dans le portrait de ces six grandes artistes, un très intéressant éclairage sur le théâtre français du 17ème et 18ème siècles. Ainsi, si l'auteur exploite le parcours de chacune, il nous explique également qu'elles ont été à l'origine de l'évolution du jeu scénique vers plus de naturel, mais aussi de la réforme des costumes et des décors.

J'ai été particulièrement touchée par le portrait d'Adrienne Lecouvreur, la plus sympathique dans l'histoire des actrices françaises, dixit Hugh Noël Williams, femme sensible et ayant connu une fin tragique. La forte et impétueuse personnalité de Mademoiselle Clairon m'a bien fait sourire.

Merci à la Masse Critique de Babelio et aux éditions Omblage de m'avoir permis de lire cet excellent ouvrage. Et quelle bonne idée de la part de cette maison d'édition de l'avoir réédité.









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Un livre passionnant traitant des plus grandes actrices du Grand Siècle, nous apprenons leur parcours pour arriver là où elles sont arrivées. Les hauts et les bas de leurs vies d'actrices, les difficultés liées à l'Église, les amours divers et variés, les rivalités, les critiques qui étaient très nombreuses à l'époque. On apprend comment ces grandes femmes se sont appropriées le théâtre français et le coeur des spectateurs.
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Il s'agit d'un ouvrage proposé par Hugh Noel Williams, écrivain et historien anglais décédé en 1925.
Les éditions Omblage ont réédité ce livre en 2022 et malheureusement, malgré quelques recherches, je n'ai pas retrouvé l'année de publication initiale.

L'auteur nous propose une petite biographie de quelques comédiennes du grand siècle qui était pour moi jusqu'alors inconnues.

J'ai trouvé cet ouvrage particulièrement instructif. Soit, le ton de l'auteur est assez universitaire et demande un petit temps d'adaptation en début de lecture mais tout cela s'estompe très vite eu égard le travail très documenté qui a été produit.

J'aurais aimé quelques illustrations supplémentaires mais globalement, j'ai appris beaucoup de choses sur ces grandes dames.
Travaillant dans un Centre National Dramatique, je vais offrir avec plaisir cet ouvrage à la bibliothèque de l'établissement.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Malgré son arrogance et ses prétentions absurdes, Mlle Clairon portait un grand intérêt sincère à sa profession. Selon sa propre expression, elle était le chargé d'affaires, l'avocat et le postillon de la Comédie Française ; c'était toujours vers elle que ses camarades se tournaient pour toute difficulté ou question. Ce fût grâce à son influence, avec celle du comte de Lauraguais, que la coutume absurde de permettre aux spectateurs les plus distingués d'avoir des sièges sur la scène fut enfin abolie - cette coutume gênait vraiment les acteurs dans leurs mouvements et détruisait toute illusion scénique. Un mot d'elle suffit à assurer le paiement des arriérés de la pension royale à la Comédie, que les semainiers avaient demandé en vain au contrôleur général ; et elle travailla avec zèle, bien que sans succès, à libérer sa profession du ban de l'Eglise, qui pesait si lourdement depuis si longtemps sur les acteurs.
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Quand le cortège parvint au cimetière, rue Montmartre, un long moment s’écoula, car la porte était fermée et on avait oublié les clés. En les attendant, tout le monde put lire à la lueur des torches ces vers placardés sur le mur :
Il est passé ce Molière
Du théâtre à la bière ;
Le pauvre homme a fait un faux bond ;
Et ce tant renommé bouffon
N’a jamais su si bien faire
Le Malade imaginaire
Qu’il a fait le mort pour tout de bon.
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Molière adorait sa femme ; tous ses contemporains s'accordent en cela. Froid et courageux dans ses actions, toujours prêt à fustiger le vice et la folie ridicule, indifférent aux risques de représailles, il se montrait envers elle faible et indécis à l'extrême. Ses relations avec Mlle de Brie et d'autres femmes ne furent que des caprices passagers ; sa passion pour Armande fut l'amour sérieux de sa vie, un amour qui survécut à l'indifférence, l'ingratitude voire même l'infidélité, et auquel il revint toujours malgré ses vœux et bonnes résolutions.
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La fierté de Mlle de Clairon était alors sans limites. Elle dit un jour de Mme de Pompadour :"Elle doit sa royauté au hasard ; je dois la mienne au génie ".
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