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C'est un des héros les plus singuliers de l'oeuvre de Virginia Woolf : le merveilleux Flush, célèbre épagneul d'Elizabeth Browning ! Alors qu'elle vient d'achever Les Vagues, Virginia Woolf se lance dans l'écriture d'une biographie qui n'a rien de conventionnel : c'est en effet le chien qui racontera l'histoire, en observateur avisé, à travers ses propres sensations. En adoptant son point de vue, Woolf réinvente l'écriture de la vie intérieure, avec autant de profondeur que de fantaisie.
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Cet ouvrage est peu connu en France car il a longtemps été indisponible. Fort heureusement ce manque est aujourd'hui comblé car chaque livre de Virginia Woolf est indispensable et d'une originalité formidable.

Lorsque Virginia Woolf se mit à écrire “Flush”, elle venait de perdre un ami très cher, Lytton Stratchey. Ce dernier était notamment célèbre pour ses biographies de “Victoriens éminents”. Pour lui rendre hommage, Virginia décida donc d'écrire à son tour une biographie, celle de Flush. Mais qui est ce Flush me direz-vous ? C'est là que l'auteur nous montre son audace car Flush est un épagneul ! Respectant l'art de la biographie, Virginia Woolf ouvre son livre sur l'arbre généalogique de Flush. Comme tout bon aristocrate, notre épagneul fait partie d'une longue lignée se perdant dans la nuit des temps. Flush naquit dans une famille assez pauvre, les Mitford vivant près de Reading, dans la première moitié de 1842. Il grandit à la campagne grâce aux bons soins de Miss Mitford. cette dernière aimait beaucoup son épagneul mais elle avait aussi un grand coeur. Afin de rompre la solitude dans laquelle vit une de ses amies, Miss Miford décide de lui donner son chien. Cette amie n'est pas une inconnue puisqu'il s'agit de la poétesse Elizabeth Barrett.

La vie de Flush permet à Virginia Woolf de nous raconter celle de Elizabeth Barrett. La poétesse vit en recluse à Londres dans la maison de son père. Elle passe toutes ses journées dans sa chambre pour cause de maladie. Il semble plutôt qu'elle souffre d'un manque de joie de vivre, d'une claustration forcée. Son père, très possessif, garde précieusement sa fille à domicile. Miss Mitford pense apporter un peu de vie à son amie par l'intermédiaire de Flush. Tous deux se plaisent d'emblée : “Ils se ressemblaient. (…) le visage de la jeune fille avait la pâleur fatiguée des malades, coupés du jour, de l'air, du libre espace. Celui du chien était le visage rude et rouge d'un jeune animal respirant la santé et la force instinctive. Séparés, clivés l'un de l'autre et cependant coulés au même moule, se pouvait-il que chacun d'eux, complémentaire, vînt achever ce qui dormait en l'autre sourdement ?” La vie de Flush sera celle d'Elizabeth Barrett. A Londres, il est contraint à l'enfermement de la chambre, à la sévérité de cette vie cloîtrée. Heureusement pour notre héros canin, la vie d'Elizabeth Barrett est l'une des plus romanesques de la littérature anglaise. Malgré sa maladie, elle rencontre l'écrivain Robert Browning, se marie avec lui dans le plus grand secret et fait une fugue. le couple s'installe ensuite en Italie où Elizabeth et Flush revivent. L'un et l'autre perdent de leur intimité, mais leur évolution est similaire : Elizabeth découvre le bonheur de la maternité, Flush découvre un monde de sensations inconnues et de liberté absolue.

A travers ce double portrait, Virginia Woolf nous parle également de la société victorienne. Deux mondes apparaissent nettement. Tout d'abord celui où évolue Elizabeth Barrett, où les maisons sont joliment alignées et où la respectabilité prédomine. Mais c'est également un monde totalement corseté et Flush le ressent très fortement :”Contraindre, refouler, mettre sous le boisseau ses plus violents instincts - telle fut la leçon première de la chambre (…)”. C'est ce refoulement de la vie que fuit Elizabeth Barrett mais également Virginia Woolf qui a souffert de l'éducation stricte et sévère de son père. C'est Flush également qui nous montre le versant sombre du Londres victorien puisque par trois reprises il se fait kidnapper. Là Elizabeth Barrett découvre la pauvreté de Whitechapel. Les maisons qui s'entassent les unes sur les autres, la misère et la saleté. La description qui nous en est faite n'est pas sans rappeler un certain Charles Dickens

Enfin “Flush” permet à Virginia Woolf de parler de littérature, d'écriture. L'auteur se questionne durant ce court roman. On le sait, le souci majeur de Virginia est de rendre les sensations, les impressions fugitives. Ce projet ambitieux demande beaucoup de travail, de recherche sur les mots. Dans ce livre, Virginia Woolf semble douter de la puissance évocatrice des mots : “A bien considérer les choses, pensa-t-elle peut-être, les mots disent-ils vraiment tout ? Disent-ils même quelque chose ? Les mots ne détruisent-ils pas une réalité qui dépasse les mots ?” Il est vrai qu'il semble difficile de rendre les multiples sensations ressenties par Flush à Florence mais Virginia Woolf ne peut bien entendu se mettre totalement dans la peau d'un épagneul ! le doute habita toujours Virginia Woolf mais pour le lecteur ce doute n'existe pas : son écriture est brillante, d'une beauté et d'une finesse inégalées. En voici un dernier exemple : “C'était le paysage humain qui l'émouvait. Il semble que la Beauté, pour toucher les sens de Flush, dût être condensée d'abord, puis insufflée, poudre verte ou violette, par une seringue céleste, dans les profondeurs veloutées de ses narines, et son extase, alors, ne s'exprimait pas en mots, mais en silencieuse adoration. Où Mrs Browning voyait, Flush sentait ; il flairait quand elle eût écrit.”

“Flush” n'est pas une oeuvre mineure, il me semble d'ailleurs qu'il n'y en a pas chez Virginia Woolf. Je rejoins totalement la conclusion de Lilly, ce texte est vraiment magnifique, l'écriture est sublime et notre Flush très attachant.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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J'apprécie beaucoup la plume délicate, parfois sarcastique et toujours sensible de Mme Woolf.

Cependant j'apprécie encore plus les chiens.. et j'avoue qu'ici je me suis bercée d'illusions.

Même si nous replongeons dans le contexte historique de l'écrit, l'animal ici est désincarné de sa nature.

Et nous sommes très loin d'un amour d'une maîtresse pour son animal. Il y a sans doute une métaphore..

Le chien se trouve coupé de tous ses instincts de toute sa liberté par amour ..

Je n'ai donc pas apprécié ce petit roman ou peut-être même que je ne l'ai pas compris si je reste au premier degré de lecture.

On est loin d'une éventuelle sensiblerie mièvre, mais on est loin tout court de la moindre affection pour Flush qui n'est qu'un petit objet précieux dont l'affection est complètement à sens unique. C'est dommage.

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J'avoue : cette couverture me faisait de l'oeil et je désirais ce roman presque rien que la couv. Mais chut !
Imaginez ma joie quand j'ai reçu « Flush » en cadeau par une personne plus qu'adorable.
Et en plus, « Flush » est mon premier Virginia Woolf.

Sans grande surprise, j'ai beaucoup, beaucoup aimé. Comment ne pas aimer un roman dont le héros, celui qui raconte est un chien ? j'adhère totalement à cette écriture. Virginia Woolf se mat dans la peau, les poils de Flush, le compagnon de Miss Barrett. Une très belle histoire d'amour naît sous nos yeux au fur et à mesure des pages. Flush nous raconte sa vie et sa relation si particulière avec son humaine. Mais aussi l'Angleterre victorienne, les relations familiales, la place de la femme, les amours, la condition des animaux, les voyages. Tout le récit passe par Flush, son regard qu'il porte sur le monde humain, son odorat (ce n'est pas un chien de chasse par hasard). Comment ne pas s'attendrir devant toute sa dévotion pour Miss Barrett ? comment ne pas faire le rapprochement entre Flush et Phoebe ?

Je ne vais pas en dire plus sur ce petit roman. Juste dire que cela a été un vrai plaisir de le lire, de rencontrer Flush et de voir toutes les ressemblances avec Phoebe.

Bref, ce roman est à découvrir pour tous les amoureux de Phoebe.
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Mon premier Virginia Woolf ne pouvait être autre chose que l'histoire biographique d'un merveilleux cocker... C'est d'ailleurs parce qu'il s'agit d'un cocker que j'ai tenté cette lecture. Et j'ai vraiment beaucoup aimé.
C'est magnifiquement écrit (et traduit), c'est simple et efficace. A découvrir !
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Ce petit livre méconnu de mon idole est un court récit de la vie pas si courte d'un noble spaniel cocker londonien et, à travers lui, de sa maîtresse, d'abord fragile jeune fille confinée à sa chambre, puis fiancée rougissante, rebelle aux conseils de prudence de sa famille lors du vol de son chien, jeune mariée puis mère.
Virginia Woolf se délassa de l'écriture des Vagues avec ce qui semble au premier abord être un amusement.
J'ai pourtant eu beaucoup de plaisir à retrouver la finesse de son regard sur des détails signifiants et la proximité incroyable avec les sensations canines.
Une pâtisserie à déguster en clôture de ce mars au féminin…
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Pour le thème "animaux" du mois anglais, j'ai choisi "Flush : une biographie" de Virginia Woolf. C'est la biographie d'un chien, un cocker spaniel anglais roux plus précisément, et Daniel Garnett précise dans la préface "le premier animal qui soit jamais devenu un eminent victorien" alors que #virginiawoolf qui rédige elle-même les notes de fin d'ouvrage pose la question : "peut-on dire d'un chien qu'il faut victorien, élisabéthain, contemporain d'Auguste ?" Un peu comme dans "les 101 Dalmatiens", les six chapitres nous permettent en plus de la vie de Flush de suivre la romance naissante de sa maitresse, Miss Barrett, qui suit son mari en Italie. On remarque surtout la satire présente presque partout : les distinctions entre les races de chiens à l'image des "hiérarchies humaines", les lois du Spaniel Club dès le premier chapitre sont assez amusantes en regard de la satire plus appuyée du chapitre "Whitechapel" où on voit que dans les "nids-à-freux", les gueux vivent dans des conditions pires que Flush qui, lui, au moins à accès à de l'eau claire dans les beaux quartiers contrairement aux enfants qui vivent à deux rues de là. Mais Virginia Woolf ne force jamais le trait : elle laisse aller sa plume, écrit d'ailleurs merveilleusement bien, nous montre que les hommes sont plus mal traités que les chiens, que les femmes sont tenues en laisse mine de rien, en intégrant cela au milieu des dessins de sa soeur Vanessa Bell et de la biographie de Flush, qui se montre jaloux et fait des bêtises. 🐶 Ça semble totalement anodin : la vie d'un chien de 1842 à 1852. Dans les faits, quand on se souvient que les femmes n'avaient pas le droit d'aller sur le gazon de l'université d'Oxford à la même époque (voir #unechambreasoi ...), on comprend que ce petit récit de 150 pages n'est pas si mignon qu'il s'en donne l'air, jusque dans sa remise en cause de l'autorité paternelle.
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Virginia Woolf nous relate la vie de Flush, l'épagneul de l'écrivain Elizabeth Barrett. La préface et le premier chapitre m'ont enchanté par leur poésie, leur légèreté et leur humour. Je me suis laissée emportée par les émotions de ce jeune chien et de sa maîtresse. L'auteur a bien saisir l'alchimie entre un animal et son propriétaire. Ce lien si particulier est également bien mis en avant avec le rapt de Flush. Et cela nous donne l'occasion de visualiser les quartiers pauvres de Londres dignes de Dickens. J'ai été un peu moins convaincue après l'épisode du mariage de Miss Barrett et les aventures italiennes. J'ai trouvé le récit plus superficiel et les liens affectifs presque absents. Seule la mort de Flush m'a de nouveau émue. Ce livre original et touchant peut être une très bonne introduction à l'oeuvre de Virginia Woolf.
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Voilà un petit livre bouleversant, magnifique, à la fois drôle et prenant, d'une poésie et d'une sensibilité inégalées. Un pur bonheur de livre qu'il convient de lire lentement : on risque autrement d'échapper à la beauté de son style, aux mille trouvailles littéraires qu'il recèle.

"Flush" raconte la vie de Flush, un cocker qui a réellement existé et appartenu à une certaine Mrs Barrett Browning, qui fut l'amie de Virginia Woolf. Dès les premières pages, le récit captive, à cause de son originalité autant que par sa prose exquise, incroyablement inspirée.

C'est une vie à part entière qui est racontée, avec ses événements marquants, son début, sa fin, son apogée. La prouesse est évidemment la manière dont Virginia Woolf joue avec le point de vue du chien. Lorsqu'elle l'adopte, lorsqu'elle voit la vie par les yeux de Flush, on touche au pur génie : c'est exactement ça ! le chien voit, sent, comprend exactement de cette façon-là ! Comment Woolf réussit-elle à se mettre à ce point à sa place ?

C'est surtout par l'odorat que le chien comprend le monde et les descriptions d'odeurs et de parfums (dans la chambre de Mrs Barrett autant qu'au-dehors, à Londres autant qu'à Sienne) donnent lieu à des passages inoubliables.
Tous comme sont marquants les rares épisodes tristes de ce livre joyeux, notamment l'enlèvement de Flush, aussi captivant qu'un thriller et qui donne l'occasion d'une étude sociale passionnante (le Londres de Dickens, celui des riches opposé à celui de Whitechapel).

Ce livre est tellement bon qu'on éprouve le besoin de revenir en arrière pendant sa lecture, pour s'imprégner à nouveau de phrases, comme celle-ci :
"L'aspect premier de Flush était tout de douceur soyeuse : il avait cependant des yeux où brûlait une flamme ; son coeur connaissait des passions qui pouvaient jaillir, sans doute, en flambées fougueuses, mais aussi s'amortir et couver sous la cendre."

Indispensable.
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Un joli petit roman, mais sans plus.
La forme est poétique mais l'histoire n'en reste pas moins plate, sans rebondissement. L'idée de placer son autobiographie à travers la vie de son chien n'est pas mal faite, mais il manque quelques notes qui nous relieraient à la réalité des faits. Cependant, les procédés d'étrangéïsations qu'utilise Virgina Woolf sont intéressants, la vision de Flush sur notre monde est donc assez captivante et c'est dans son regard qu'on retrouve la beauté du lyrisme de l'auteur.

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