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4,03

sur 727 notes
Quel plaisir de retrouver la plume de la grande Virginia Woolf, que je n'avais pas lue depuis des années.
Cette promenade au phare, c'est celle voulue par le fils de Mrs Ramsay, cette mère de 7 enfants, solaire, lumineuse, entourée de sa cour, l'été au bord de la mer... Voici pour la première partie du roman.
Dans la seconde, la mort, la guerre, le deuil sont passés par là, et cette promenade au phare peut enfin avoir lieu.
Un roman d'analyse des caractères, polyphonique, doux et sombre à la fois, au style inimitable.
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Vers le phare (traduction que je préfère à la Promenade au phare) n'est pas un roman passionnant car le style de Virginia Woolf est ici difficile et sa lecture peut rebuter, mais c'est un livre prenant, pour la même raison : le style d'écriture. C'est un livre qui vous envahit et c'est à peine si on le lit, on a l'impression de le penser.
L'originalité est ici de nous faire voyager de l'esprit d'un personnage à l'autre avec tout ce que la pensée comporte de non linéaire. C'est une expérience comparable à celle de laisser sa pensée divaguer et passer d'un sujet à l'autre ou de tenter de fixer son esprit alors qu'on est dans une phase de réveil. Je parle d'esprit (ou d'âme si vous préférez) et non de regard car ces tourbillons de pensée se nourrissent de ce que les yeux du personnage voient mais également d'images du passé et de l'imagination. Et comme des fantômes indiscrets nous passons d'un cerveau à un autre.
Quant à l'histoire elle parle des rapports des femmes et des hommes, des femmes voulant être indépendantes et de celles qui s'affirment dans la dépendance aux hommes. La partie intermédiaire, courte et d'une narration plus classique, traite du temps qui passe (comme son titre l'indique) et est d'une très belle poésie.
Un roman à ne pas manquer pour ceux qui aiment la psychologie et l'intimité des personnages. Un seul reproche s'il en faut un : les personnages (ou bien est-ce l'autrice) restent, au fond d'eux mêmes, très convenables (si ce n'est quelques tentations parricides ...) et raisonnables. Sommes-nous toutes aussi sages au fond de nous-mêmes ?
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La promenade au Phare aurait pu s'appeler Mrs Ramsay (comme son roman "Mrs Dalloway" qui raconte la journée d'une femme élégante de Londres) car tout tourne autour de cette femme très belle mariée à un écrivain philosophe et qui lui a fait huit enfants dont le dernier James est son petit favori.
Au moins dans la première partie qui s'intitule "La fenêtre" et qui occupe les deux tiers du roman, Mrs Ramsay est très présente et c'est par ses réflexions sur ses enfants et les amis qui viennent la visiter qu'on a une vision plus élargie du monde dans lequel elle évolue.
La deuxième partie intitulée "Le temps passe" donne un raccourci terrible du temps passé avec la maison de vacances de la famille Ramsay qui s'est terriblement abîmée avec les années et le fait que les enfants grandissant, ils n'avaient plus aucune envie d'y aller. Cette maison à l'abandon est une belle allusion au temps qui passe.
Dans la troisième partie intitulée "Le Phare", Lily Briscoe et Mr. Ramsay sont les protagonistes mais le fantôme de Mrs Ramsay flotte pas loin d'eux. Lily en a d'ailleurs comme une apparition à la fin du roman, ce qui est fort étrange ! "Soudain elle aperçut à la fenêtre qu'elle regardait une blancheur produite par une étoffe légère derrière la vitre. Quelqu'un avait donc fini par entrer dans le salon ; quelqu'un était assis dans le fauteuil."
Cette présence légère de Mrs. Ramsay donne un côté légèrement gothique à la fin de ce roman.
Après avoir lu "Les Vagues", j'ai apprécié la forme de ce roman qui n'est pas vraiment un roman avec des figures très attachantes mais ce sont les descriptions de l'univers de cette belle femme vieillissante et ses réflexions sur le temps qui passe comme les vagues de l'océan qui font l'intérêt de ce livre. Je pense qu'il faut le relire de temps en temps car il est fort bien écrit mais il s'oublie vite - comme le temps qui s'évapore !
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Reconnaissons à ce livre un incontestable souffle dans l'écriture constituée de longues phrases entrecoupées de parenthèses et empreintes parfois de poésie.
Mais sur le fond , qu'a voulu exprimer Virginia Woolf ? Quelle symbolique contient cette "promenade au phare" situé au large de l'île de Skye en Ecosse, toujours reportée et effectuée dix ans plus tard ?
Je n'ai pas adhéré à ces longues divagations sur ?...... le temps qui passe ? le vide de l'existence ?
Ma première rencontre littéraire avec Virginia Woolf n'a pas été à la hauteur de mes espérances. Sans doute, suis-je passée à côté de ce roman.
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Roman publié en 1927, il surprend autant par sa composition en triptyque que par son écriture tout aussi picturale, brossant à gros coups de pinceaux les pensées de chacun, tels des traits de couleur dont le hasard et le lieu sur une toile déterminent finalement la forme, aux pigments qui se mélangent ou se frôlent.

Le récit est un simple cadre - une île au large de l'Ecosse en été, une famille de 8 enfants que la mère, Mrs Ramsay, éblouit de sa présence, de sa bonté, de sa beauté, de son aura. Un père intellectuel effacé, fragilisé par ses doutes sur sa postérité, n'existant que par les phrases qu'on attend sans succès qu'il prononce ou celles qu'on le maudit en son for intérieur de dire.

Une promesse d'aller au Phare, un dîner rassemblant les convives, une maison pleine constitue le premier volet, contrastant avec la maison vide et délabrée de la deuxième partie répondant à la brisure de la première guerre mondiale, et finalement, des êtres cassés reviennent habiter les murs, essayer de vivre et se rendent au Phare, symbole à la fois de la nécessité d'un but à poursuivre sans néanmoins jamais l'atteindre ou de l'immuabilité de certains repères dans le chaos saccagant du temps qui passe pourtant tranquillement.

Oeuvre mélancolique qui marque la solitude de chacun, les fuites vaines dans l'imaginaire, le besoin contradictoire d'être entouré tout en souhaitant être seul, son illusion d'être décisif, les lucidités soudaines de jeu social factice et l'inéxorabilité du temps qui passe...avec une paradoxale légèreté, de bouts de pensées en promenades lentes sous un soleil voluptueux.
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Tableau d'un microcosme disparu (la classe des universitaires anglais d'avant 1910, de leurs familles, amis, obligés et serviteurs) ce roman de Virginia Woolf est aussi un long poème. Il en a les couleurs, la musicalité, la finesse des évocations et ces reflets nostalgiques qui parlent à tous ceux qui, même sans être universitaire anglais d'avant 1910, savent ce que signifie le passage du temps.
Car même si un siècle s'est écoulé, ses thèmes restent vivants : les rôles dévolus à chaque sexe, les conventions et obligations imposées à chaque caste, la saveur de l'enfance, les émois adolescents, la tyrannie d'un père, soumis lui-même à la tyrannie de ses pensées, l'omniprésence d'une mère, tyrannisée par son mari et ses enfants qu'elle cherche à protéger, inspirer, orienter selon ses décisions (autre forme de tyrannie?).
Il ne faut cependant pas réduire ce texte à son fond, source de multiples et importante réflexions ; il faut aussi prendre le temps d'en admirer la forme.
Je retiendrai le choix exquis et précis des mots pour planter les décors, porter les réflexions, très imagées, ou arranger la mise en scène (des dîners, des disputes, des confidences) ; je signalerai aussi la manière d'alterner longues phrases alambiquées (il vaut mieux être bien éveillé pour lire certaines pages) et passages plus vifs, selon l'humeur des protagonistes ou l'ambiance de la maison ; mais aussi certains exercices de style, absolument admirables, comme la construction de certaines scènes "en spirale", tournoyant d'un personnage (dont on suite les pensées sur une ou deux pages), à un autre, qui prend le relais, avant de nous confier à un troisième, qu'il croise en descendant à la plage ou en entrant dans la conversation qui roule autour de la table. J'avais déjà remarqué ce "manège" dans Mrs Dalloway. Il est, une fois encore, excellemment maîtrisé
Enfin, à mes yeux, même si l'étude psychologique et sociale des personnages est une vraie réussite, je dois avouer que la plus belle des trois parties du livre reste la seconde, celle où tous les personnages ont disparu. L'évocation de la maison de vacances, abandonnée pendant dix ans, visitée uniquement par les courants d'air et la lumière du jour, est absolument splendide. Elle est aussi le support de réflexions sur la vanité de nos vies et la cruelle indifférence du temps qui les traverse ; mais elle est surtout, au coeur de ce roman, une succession de pages élégantes, émouvantes, qui donnent l'impression que Virginia Woolf a réellement composé, un long poème en prose.
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Valider l'item 14 "L'action de ce roman se situe essentiellement en bord de mer ou de lac" dans le cadre du Challenge Plumes Féminines 2024 : l'occasion était trop belle de relire : To the Lighthouse – Au Phare, de Virginia Woolf, une de mes autrices préférées, pour ce qu'elle représente par son engagement, pour avoir été l'une des écrivaines ayant révolutionné l'écriture avec sa technique du flux de conscience, pour la poésie de son style et juste pour le bonheur de lire une belle plume. Je me dis qu'il est trop difficile de choisir seulement six livres que j'emporterais sur une île déserte, mais To the Lighthouse, assurément, en ferait partie, pour Mrs Ramsay – comment ne pas tomber sous son charme - et pour cette maison des Hébrides, ouverte à tous les vents.

L'action se situe au Sud de la mer d'Ecosse, dans l'archipel des Hébrides, sur l'île de Skye.

La famille Ramsay et ses invités séjournent dans la villa d'été et le roman s'ouvre par une première partie intitulée "La Fenêtre" (il est découpé en trois parties : La Fenêtre, le Temps passe et le Phare) et sur ces mots "Oui, bien sur, s'il fait beau demain", dit Mrs Ramsay. "Mais, ajouta-t-elle, il faudra que tu te lèves à l'aurore". Cette phrase est adressée au plus jeune de ses garçons, James, impatient à la perspective d'aller faire la promenade au phare promise.

La fenêtre, vers laquelle convergent tous les regards afin de s'enquérir de la météo : fera-t-il beau demain ? Ira-t-on au phare ? Impossible par "gros temps". La fenêtre, ouverture vers un avenir incertain (l'action se déroule avant la première guerre mondiale). La fenêtre vers laquelle se tient Mrs Ramsay, personnage central du roman, qui veille à tout et sur tous, dans cette grande maison de vacances "ouverte à tous les vents", alors que le déferlement des vagues ponctue les pensées de Mrs Ramsay et lui fait songer à l'éphémérité de chaque chose, que le lecteur est emporté par le flot de conscience des différents personnages (leurs pensées, leurs sensations), les changements de point de vue, la perception du temps par chacun, ces instants de vie que l'on essaie de capturer par les mots – Virginia, par la peinture – le personnage de Lily Briscoe, l'une des invité-es, artiste-peintre qui travaille au portrait de Mrs Ramsay "à la fenêtre", avec James.

La maison de l'Île de Skye, "ouverte à tous les vents", accueille famille et amis, les réunit autour du fameux boeuf en daube, "le chef d'oeuvre de Mildred". Chacun y a sa place à table, sa chambre, y bénéficie de l'attention bienveillante de la lumineuse Mrs Ramsay, y pose ses valises, y participe à de longues discussions, appartient à la maisonnée, le temps d'un été.
Autour du couple Ramsay, Mrs Ramsay, figure maternelle qui s'oublie pour les autres, qui admire son époux, Mr Ramsay, philosophe assez tyrannique, gravitent les enfants – ils sont 8 – les amis dont l'artiste-peintre Lily Briscoe, Charles Tansley, étudiant de Mr Ramsay, William Bankes, ami de Mr Ramsay, Mr Carmichael etc.

La Promenade au Phare aborde les relations humaines - que connaissons-nous des autres ? - que laissent-ils percevoir ? "nos manifestations, les choses par quoi vous nous connaissez, sont tout simplement puériles. Au-dessous tout est noir, tout est tentaculaire et d'une profondeur insondable ; mais de temps à autre, nous montons à la surface et c'est à cela que vous nous voyez" - tout ce que nous ne parvenons pas à leur dire, le temps qui passe, le travail de l'artiste...

La première partie : "La fenêtre" relate une journée qui s'étire sur 150 pages environ, Tous les personnages sont réunis dans la maison de l'Île de Skye...., l'espace-temps se dilate par le flot de leurs pensées nous berçant comme le ressac, nous immergeant dans l'univers si singulier de Virginia Woolf.

La deuxième partie "Le temps passe" ne représente qu'une vingtaine de pages. "Ici Mr Carmichael, qui lisait du Virgile, souffla sa bougie. Il était minuit passé". Puis le temps passe très vite. Les ténèbres de la nuit qui suit cette journée où tous étaient encore réunis, les ténèbres de la guerre qui rugit au dehors tout comme la tempête "Les nuits à présent sont pleines de vent et de saccage ; les arbres plongent et se courbent et leurs feuilles tourbillonnent pêle-mêle avant de tapisser la pelouse, de s'entasser dans les chéneaux, d'engorger les conduits et de joncher les sentiers détrempés. La mer aussi se soulève et se brise (...)" et les ténèbres de la mort – 3 protagonistes meurent – Et puis, il y a l'écriture de la maison vide : "La maison était abandonnée ; la maison était désertée. Abandonnée comme un coquillage sur une dune, à se remplir de grains secs et salés à présent que la vie s'en est retirée. La longue nuit semblait s'être installée ; les tout petits airs grignoteurs, les souffles humides et fouineurs, semblaient avoir triomphé. La casserole avait rouillé et la natte pourri. Des crapauds s'étaient frayé un passage. Nonchalamment, futilement, le châle oscillant se balançait d'un côté à l'autre. Un chardon surgit entre les carreaux du cellier. Les hirondelles nichaient dans le salon ; le plancher était jonché de paille ; le plâtre tombait par pelletées entières (...)";

La maison reprendra vie dans la troisième partie "Le Phare" et les protagonistes survivants la feront cette promenade au phare et c'est Lily, l'artiste qui conclura le roman : "C'était fait ; c'était fini. Oui, se dit-elle, reposant son pinceau avec une lassitude extrême, j'ai eu ma vision."

Une relecture à nouveau avec un immense bonheur et ravie d'avoir pu associer Virginia à mes lectures pour ce challenge.

Ce choix pour l'item 14 "L'action de ce roman se situe essentiellement en bord de mer ou de lac"
# Challenge Plumes Féminines 2024
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"La promenade au phare" est réputé être l'un des romans les plus aboutis de Virginia Woolf.

Il s'agit d'un triptyque :

- Nous nous trouvons en Ecosse. Un couple reçoit des hôtes dans sa maison de famille. Un des enfants rêve de visiter un phare situé sur une île peu distante. Ce plaisir lui est refusé par son père ;

- la maison reste abandonnée pendant dix années qui incluent la durée de la guerre. Elle garde la mémoire de ceux qui l'ont habitée et se délabre peu à peu ;

- enfin quelques uns des occupants reviennent et se réalise alors le rêve de l'enfant, à ceci près qu'il se réalise à contre-temps alors que ce rêve est mort et que la visite du phare lui est imposée par celui-là même qui la lui refusa dix ans plus tôt.

L'auteure permet au lecteur l'accès au délicat et fluctuant paysage intérieur de chaque personnage, maison comprise.

Il faut un état d'esprit très réceptif pour cette lecture qui m'a à la fois ennuyée et ravie, alternativement ou, extraordinairement, ennuyée et ravie à la fois.

La vraie littérature est exigeante. Elle n'est pas que plaisir, elle est aussi effort.
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On aimerait faire cette promenade accompagnée de Virginia en "chair en en os" .. flâner en regardant les mouettes..........d'un lyrisme magistral, comme un soleil couchant sur la mer, comme une balade sur les falaises bretonnes, ça sent l'iode et les embruns, bref chef d'oeuvre absolu d'un romantisme authentique.
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Magnifique!
Je viens de l'acheter pour que ma femme lise la version originale. Merci à ceux qui m'ont conseillé cette lecture après Mrs Dalloway. Décidément une belle découverte. Rien de neuf si ce n'est mon regard et ma compréhension d'oeuvres littéraires qui n'acquiert du sens pour moi que lorsqu'on a un peu vécu. Chez Woolf, qui peint ses souvenirs à la manière d'une impressionniste, les portraits de cette famille fictive me sont étrangers et familiers à la fois. Je peux tour à tour être ce petit garçon qui rêve d'aller visiter le phare, ce père sinistre plongé dans ses livres et qui passe à côté de l'essentiel de l'existence, cette magnifique Mrs Ramsey, véritable chef d'orchestre amoureuse de sa petite comédie humaine, ou encore Mr Carmichael le vieux poète au sourire béat, Lily Briscoe, l'artiste peintre en perpétuel questionnement devant son chevalet. Tout est magistralement écrit, on a vraiment l'impression qu'un tableau prend forme au cours de la narration. Les instants se succèdent comme autant de touches rapides de couleurs et finissent par constituer une esthétique de la vie diamétralement opposée à l'aridité d'un monde trop rationalisé et stérile.
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