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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Accusé à tort d'un meurtre, un Noir américain se réfugie dans les égouts. de cave en cave, il découvre une autre façon de voir le monde et s'aménage une grotte extravagante. Les bruits du dessus sont étouffés, la lumière est une abstraction. « Une part de son être essayait de se rappeler le monde qu'il avait quitté, une autre part ne voulait pas s'en souvenir. » (p. 46) L'homme fait corps avec son refuge et devient un être excavateur. Mais face à une nouvelle démonstration d'injustice et de violences policières, il sait qu'il doit remonter. « Et c'était maintenant ainsi que lui apparaissait le monde de dessus terre : comme une forêt sauvage, qu'emplissait la mort. » (p. 71 & 72)

En quelques pages très précises, Richard Wright dépeint une lente glissade dans la folie, une dissociation mentale salvatrice. Mais l'homme n'est pas fait pour les souterrains, et s'il en ressort, personne ne le comprend. Avec ce texte digne d'une nouvelle de Kafka, l'auteur dénonce les violences faites aux Noirs américains. C'est très puissant et ça nous met face à une réalité sordide.
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1940.
Fred Daniels quitte la maison où il travaille comme employé de maison.
Dans une résidence voisine, un double meurtre a été commis.
Un couple.
Blanc.

Fred est noir.
Sans alibi.
Les forces de l'ordre sont blanches.
Aussi blanches que les victimes.
Blanches comme neige.

Dans un dernier sursaut de désespoir, accusé de ce crime, Fred parvient à se faufiler par une plaque d'égouts.

Ce pourrait être Fred au pays des merveilles, tant il ouvre de portes, naif, et découvre le monde.
Absurde et terrifiant.

D'abord observateur passif de ce qui s'offre à voir, il en devient petit à petit le grain de sable, de sel, de folie. Celui qui enraye la machine.
S'en amuse.
S'en désole.
Dieu en toile de fond.
Puisque c'est là que commencent le Bien et le Mal.
Le tropisme manichéen.

Être noir, en 1940, aux Etats-Unis, c'est être né coupable.
L'état pouvait en convaincre n'importe qui.
Peut-être même Fred Daniels ..

Roman court et puissant, totalement immersif, et c'est à bout de souffle que j'ai quitté les égouts, collée aux basques de cet homme innocent, dans tous les sens du terme.
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Richard Wright (1908-1960) est un romancier, poète, essayiste et journaliste afro-américain naturalisé français. Petit-fils d'esclave, Richard Wright naît au sein d'une famille métissée (afro-américaine, blanche et indienne Choctaw) sur le territoire de Natchez. Richard est le fils de Nathan Wright, un métayer illettré et d'Ella Wilson Wright, une institutrice remplaçante. En 1913, son père sombre dans l'alcoolisme et abandonne sa famille, en 1918 sa mère est victime d'un AVC, Richard et son frère vont se réfugier chez leur grand-mère maternelle, une adventiste du septième jour qui vit dans l'Arkansas. Richard connait une éducation erratique allant d'école en école, pour enfin se fixer et suivre des cours à la Smith-Robertson Junior High School où il obtiendra son diplôme de fin d'étude avec félicitations. Son premier roman, Un Enfant du pays (1940) lui confère une renommée immédiate et à partir de 1946, il vit à Paris où il est accueilli par Jean-Paul Sartre. L'Homme qui vivait sous terre, écrit dans les années 1940, était une nouvelle au départ, cette réédition restitue son intégralité et en fait un roman.
Fred Daniels, un jeune Noir avec une épouse enceinte, mène une vie honnête, un job régulier et il participe aux activités de son église. Un soir, rentrant de son travail, il est arrêté par trois policiers qui le soupçonnent d'avoir assassiné et volé un couple habitant proche de son lieu de travail. Tabassé, ahuri par ce qui lui arrive, Fred signe des aveux. Un concours de circonstance heureux lui permet de s'évader et il trouve refuge dans les égouts de la ville…
La première partie du roman est menée à un rythme haletant. L'arrestation sans aucun fondement, la brutalité des policiers, l'ahurissement de Fred devant ce qui lui arrive et le sentiment pour le lecteur que les carottes sont cuites pour lui, que rien ne pourra le sauver de cette injustice exaspère au plus haut point. Des flics paresseux ramassent un Noir qui passe et l'affaire est bouclée, grrrr !
Réfugié dans les égouts, le moribond « se sentit à l'abri, enfin hors d'atteinte des trois hommes qui l'avaient torturé et lui avaient extorqué de scandaleux aveux ». Dans le noir, avec quelques pochettes d'allumettes, risquant à tout instant d'être emporté par le flot nauséabond, Fred va s'inventer une nouvelle vie. Il dégotte une sorte de petite caverne qui devient son chez lui et s'infiltrant par les sous-sols et la destruction de quelques briques, il entre dans des boutiques et vole, non pour le gain mais pour le geste, des liasses de billets dans un coffre, là des diamants chez un bijoutier, ici un petit poste de radio, se retrouvant à la tête d'une richesse ironique ! Les billets sont collés sur les murs de sa grotte et les diamants sont un tapis rutilant de mille feux… Dans son antre, ce monde parallèle, Fred perd le contact avec la réalité, sa personnalité se modifie. Quand ses vols provoqueront des injustices, un suicide et une arrestation d'innocent par les mêmes flics qui l'avaient tabassé, Fred disjoncte et décide de se rendre.
La dernière partie du roman, touche au mysticisme et s'achève dramatiquement.
Le roman nous plonge dans l'Amérique raciste du milieu du XXe siècle, mais difficile d'y voir une grande différence avec la situation actuelle. En plongeant son héros sous terre, Richard Wright nous fait ressentir la sensation d'enfermement perpétuel subie par cette catégorie sociale qui malgré tout trouve les moyens de survivre et de se reconstruire un monde, à part certes, mais personnel.
Un excellent roman, suivi de Souvenirs de ma grand-mère, un essai qui traite de façon très intellectuelle l'origine du roman que l'on vient de lire, où il est question de « parenté entre folie et religion », de jazz et de surréalisme.
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Je considère ce livre à la fois extrêmement étrange mais en même temps très captivant. Après cette lecture vous ne regarderez plus de la même façon les bouches d' égout... Tout au long du livre le personnage vivra des aventures rocambolesques, qui m'ont tour à tour donné envie d'avoir de la peine , voir de la pitié pour lui, à d'autres moments je m' indignais par son attitude que j'ai pu trouver éxécrable.
La fin est aussi inattendue que surprenante et contient véritablement un sens philosophique qu' il convient de signaler...
A son retour parmi les hommes, il ne sera plus qu' une âme folle et errante dans cette Cité...
Qu' adviendra-t- il de son innocence ou de sa culpabilité? A quel sort sera-t-il abandonné au final?
Je vous laisse le découvrir c'est vraiment très intéressant, vous ne serez pas déçus de ce grand auteur!
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Deuxième essai transformé avec cet auteur américain après son magistral Black boy l'année dernière. Cette nouvelle fait partie d'un recueil intitulé Huit hommes qui fut publiée en 1962.

Fred Daniels est noir, accusé à tort de meurtre et pourchassé par la police. Il échappe à leur poursuite en se réfugiant dans les entrailles de la ville. Commence alors son périple solitaire sous terre. Les repères sont faussés, les bruits plus ou moins feutrés, les odeurs démultipliées. Des briques déplacées sur son parcours lui permettent d'observer la vie du dessus, celle des blancs, et de porter un regard décalé sur cette société où le racisme est encore omniprésent. Il chaparde de quoi subsister ou transforme sa grotte en palais des mille et une nuits.
La vie du dessus, celle du dessous, la vie des blancs, celle des noirs dans cette Amérique où la ségrégation a encore quelques années à vivre (cette nouvelle fut écrite en 1942).

C'est un texte court mais d'une puissance incroyable pour dire le racisme et dénoncer l'injustice qui mène à la folie.
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L'homme qui vivait sous Terre s'y est réfugié après avoir été violemment et gratuitement tabassé par une troupe de policier. Après sa journée de travail, Fred Daniels se fait donc arrêter par des policiers blancs qui l'accuse du double meurtre des Peabody, voisins de ses employeurs.

L'entrée en matière de ce livre est particulièrement abject, n'épargne pas son lecteur. L'injustice des coups portés par les policiers est flagrante, elle nous met à mal, créée un malaise indicible.
Par miracle, Fred Daniels réussit à s'échapper et se réfugie alors sous terre où il va arpenter les égouts, découvrir un monde qui lui était inconnu. Son escapade sous terre est anxiogène, la noirceur des murs, l'oppression des tunnels se ressentent avec intensité. Puis, Fred Daniels prend une décision, il ira se rendre à la justice, les poches pleines de ses vols.

Roman porté sur l'Amerique du XX siècle, où le racisme prédomine, confirme la gratuité des actes, des mots, des jugements portés par les blancs envers les noirs. Est-ce que la vie de Fred Daniels aurait pu être différente ? Sa couleur de peau induisait-elle d'avance son sort ? Comment continuer à espérer quand l'ombre plane constamment ? Une lecture qui a été difficile, les actes répugnants y sont pour quelque chose, mais nécessaire.
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Un petit moment ?
Envie de dépaysement ?
ce livre est fait pour vous.
Bien qu'il s'enfonce dans les profondeurs de la terre , l'ambiance reste légére et on finit par intégrer la peau du personnage qui a pourtant l'air du parfait idiot.
Alors, être un parfait idiot , un parfait mysantrope, quelques heures durant , quoi de plus delassant .
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Une belle histoire, et dans belle, je dis pas que les choses se passent bien à un moment donné.
Émouvante.
Une histoire d'enfant. D'enfant qui se protège parce qu'il vit dans un monde de merde (toi même tu sais Georges Abitbol).
Sauf que c'est pas un enfant, c'est un Noir dans un monde Blanc, accusé de meutre, qui se réfugie dans les égoûts d'une ville.
On perd toute notion de temps, on sait pas si c'est 2h, une semaine ou 3 mois qu'on passe avec lui sur ces 120 pages. Peut importe en réalité.

En plus, j'ai lu la bio de Wright, pas joyeuse ... Mais il a l'air d'avoir écrit des textes de ouf sur l'exclusion raciale et le colonialisme, alors note à nous tous, auteur à lire
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