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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Peut-on espérer une autre vie que celle que les circonstances nous imposent ? injustice, pauvreté, assignation . . . Les maux ne manquent pas et Richard Wright abordait déjà cette question dans "Black boy".

Dans ce texte, il emprunte la voie de l'imaginaire mais le héros contraint de se cacher dans les égouts afin d'échapper à un funeste destin lui ressemble. Cette fois, il n'est pas question d'esquiver des coups comme lui naguère ou de quitter son Etat.

Son double, si j'ose dire vit sous terre, à l'abri de ce monde d'en haut, lumineux en apparence mais terriblement effrayant pour des gens comme lui. En revanche, sous terre règne en apparence l'obscurité mais l'espérance y est saisissante, telle une lumière pour n'importe qui.

Trop peut-être, tant il s'acharne à vouloir empêcher une injustice, auprès de ceux-là même qui sont à l'origine de sa décadence. Parviendra-t-il ?
Malgré l'alternance de narrateurs qui peut dérouter le lecteur, cet ouvrage conserve sa force de dénonciation de l'injustice et de célébration de la dignité humaine.
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« Mais il en va d'une oeuvre comme d'un arbre : plus les racines s'enfoncent dans la nuit dense de la terre, plus grand est le morceau de ciel que la ramure peut embrasser. » Michel Tournier. ..« l'homme qui vivait sous terre » , nouvelle de Richard Wright, est de ces arbres.
Ses racines plongent dans la cruauté d'un monde, de son injustice, de son absurdité, de ses fictions, de sa réalité. Nuit dense, profondeurs létales. A la surface de ce monde : mensonges, illusions, absurdes croyances, fausses richesses, théâtres hallucinants où dansent des ombres macabres.
Dans le ventre de ce monde, dans la densité de sa nuit, les bruits, les heures connaissent une autre horloge, embrasse un autre temps . D'autres valeurs. Un autre regard. Dans la densité de cette nuit, une autre lumière, une vérité, atroce, cruelle. La réalité.
A la surface, ...mais dans le fond.
C'est ici l'autopsie d'un corps social.
Dans les entrailles du monde, la lumière se fait.
Faisant apparaître, entendre, toucher, ce qui jusqu'à lors était invisible.
Terrible et insupportable, et presque prothétique nouvelle de Richard Wright : Celui qui s'expose et fait remonter à la surface la vérité sera assassiné.
Il serait intéressant d'analyser la nouvelle de Richard Wright à travers la lecture du mythe de Jonas...dans le ventre de la baleine, ..trois jours et trois nuits…, recraché sur le rivage...  «  Lève-toi, va à Ninive et crie contre elle car sa méchanceté est montée jusqu'à moi. » .
La baleine,..le poisson…
Comment ne pas repenser aux mots de Richard Wright durant l'interview qu'il avait accordé au journal l'Express le 18 août 1960, lorsqu'il était interrogé sur la valeur symbolique de son roman Fishbelly : « « Qu'entendez-vous par le titre de votre livre Fish Belly ?  
Ce titre a une certaine portée symbolique ; l'estomac d'un poisson est généralement blanc, mais cela ne se voit pas de l'extérieur, et ce que je voulais faire comprendre au lecteur, c'est que mon personnage regarde avec des yeux de Noir les valeurs des Blancs, mais qu'il a entièrement absorbé les valeurs de la société dans laquelle il vit... C'est ce qu'un de ses compagnons de jeux exprime dans le livre lorsqu'il dit : "Le ventre des poissons est blanc". » »
https://www.lexpress.fr/culture/livre/1960-entretien-avec-richard-wright_2027196.html.

Il est parfois intéressant de lire une nouvelle séparément du recueil auquel elle appartient. "L'homme qui vivait sous la terre" appartient au recueil "Huit hommes", recueil que j'ai précédemment eu le plaisir de lire. Cette nouvelle, il est vrai, avait à cette époque déjà retenu mon attention. Mais lu ainsi, séparément, sa relecture m'a permis de saisir peut être plus nettement, je pense, la densité de cette nuit.
https://www.babelio.com/livres/Wright-Huit-hommes/199142/critiques/1271107

Astrid Shriqui Garain



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C'est une nouvelle peu ordinaire. Une histoire de poursuite policière… et de trou d'égoût. Un conte social en quelque sorte. Nous sommes dans les années 60, un noir américain, accusé d'un meurtre recherché par la police, se réfugie dans un trou d'égoût. À quel prix cet homme peut-il être libre ? Aux premiers abords, l'histoire peut paraître légère, (la situation n'est pas banal, ça se passe dans un trou d'égoût). Mais derrière tout ça , et avec un peu de recul, c'est un message sérieux, porteur de sens qui s'y cache. C'est un dépaysement total. le personnage, retranché dans les égoûts semble avoir rompu avec le monde extérieur à la poursuite de la liberté. Il semble avoir trouvé un havre de paix. Mais le personnage, n'est plus considéré comme un homme, doit vivre dans les égoûts comme un rat.
L'enfer, pour cet homme qui clame son innocence, c'est les autres. Et tout ce qu'ils représentent : leur système, leur folie.
Lien : http://www.dear-generation.t..
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Un texte court, à la langue simple mais au propos complexe. L'auteur utilise la cavale du héros pour explorer tout le contenu métaphysique et poétique de l'image d'un voyage sous-terre : ce qui est en sous-sol (égouts, morgue, chambre froide de boucher, mais aussi caves, grottes, coffre-forts...), donc dans l'ombre, les détritus, les excréments, le sang, donc ce qui est caché, dissimulé (les pulsions et les rêves inconscients, les rêves et les cauchemars, ce qui fait honte ou ce qui est trop précieux), dans l'obscurité donc la noirceur, la mauvaise visibilité, donc l'illusion, l'hallucination ?
En fuyant dans les égouts, le héros rentre plus profondément sous la ville, donc sous la société (voit son envers sale mais aussi intime), mais aussi plus profondément en lui-même, laissant petit à petit ses sentiments prendre le pas sur sa raison, jusqu'à la folie et l'ultime illusion, solitude, incompréhension entre le héros noir et la société des Blancs.
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Le premier jet de ce récit a été écrit vers 1940, d'abord sous forme de nouvelle puis plus étoffé. Cette version intégrale est suivie de « Souvenirs de ma grand-mère » qui expliquent la genèse du roman, d'une postface et de remarques sur les textes. Cela complète vraiment la lecture en apportant d'autres angles de vue (notamment un parallèle avec l'allégorie de la caverne) et c'est très intéressant.
L'auteur, afro-américain, est décédé en 1960 à Paris où il s'était réfugié pour exprimer librement ses idées. Il était en contact avec Camus et Sartre. Il souhaitait que son oeuvre serve à « rassembler deux mondes, celui des blancs et celui des noirs, afin de n'en faire plus qu'un. »
L'histoire contée ici, celle de Fred Daniels, m'a captivée. Elle parle de la place des personnes noires dans la société américaine, des violences policières, de la destruction d'un homme qui, embarqué dans un tourbillon qu'il ne maîtrise plus, devient un autre, comme si sa vie s'était scindée en deux.
C'est encore tellement d'actualité que c'en est troublant … Fred travaille chez un couple où il fait des petits travaux. Il repart avec sa paie de la semaine, content, pour aller retrouver sa femme sur le point d'accoucher. Un homme ordinaire pour une vie simple …. sauf que …. il croise une voiture avec des policiers blancs et lui, on le comprend, il est noir. Il y a eu un crime dans le quartier. À quoi bon chercher un coupable alors que les agents en ont un, potentiel, sous leurs yeux ?
Bien sûr, c'est totalement injuste mais sûrs d'eux, de leur suprématie, ils embarquent Fred qui ne comprend rien et essaie de se défendre. Il n'est pas écouté, il est violenté. Inquiet pour son épouse, il signe, à bout de force, des aveux. Pourtant, il pense à tous ceux qui pourraient témoigner et dire qu'il est quelqu'un de sérieux mais il sait bien que ça ne servira tant les autres sont, non pas persuadés de sa culpabilité mais persuadés qu'ils peuvent lui escroquer des aveux. Avant d'être incarcéré, on lui « offre » la possibilité de voir sa femme et lorsqu'il en a l'occasion, il s'enfuit. Un peu sur un coup de tête, sans réfléchir. Peut-être simplement, pour prendre du recul face à cette situation ubuesque et trouver comment remettre les choses en place.
L'endroit où il se cache est atypique et ne lui permet de rentrer en contact avec sa compagne. Il doit se débrouiller seul pour survivre et il voit en quelque sorte « l'envers du décor ». Il observe sans être vu, l'attitude de ses semblables, des policiers, de gens inconnus …. Il est déconnecté de son quotidien habituel, il est un autre homme.
« […… ]il était certain d'une chose : sa vie s'était comme fendue en deux. »
Mais Fred ne peut pas vivre caché car ce qu'il découvre le révolte. Alors, il veut revenir s'expliquer, se faire justice. Sera-t-il entendu, écouté, compris ?
C'est un livre puissant, parlant de nombreux thèmes : le racisme, l'injustice, les relations humaines etc. L'auteur envoie un message fort sur l'homme qui disparaît dans le noir et qui revenant à la lumière rencontre des problèmes. A-t-il été profondément transformé par son séjour loin du quotidien ?
L'écriture (merci à la traductrice) est fluide. C'est avec des mots simples qui font mouche que l'on pénètre tout d'abord dans un univers impitoyable puis dans un espace à part où la réalité s'éloigne.
Cet opus est marquant et restera gravé en moi.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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