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sur 376 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Baguettes chinoises » , que l'on ne s'y trompe pas, ici les baguettes ne sont pas les ustensiles qui servent à manger mais un terme pour désigner les filles en opposition aux « poutres » les garçons qui eux peuvent soutenir le toit familial. Oui, nous sommes en Chine !
Xinran nous raconte l'histoire de ces trois « baguettes », trois soeurs qui vont quitter leur campagne pour aller chercher du travail à Nankin. Elles trouveront chacune un employeur et pourront mettre en valeur leurs compétences. Ces trois soeurs, sont issues d'une famille de six filles. Etant considérées comme un fardeau et non pas désirées, elles n'auront de nom que leur rang de naissance. Ainsi une , celle que l'on appelle Trois travaillera dans un restaurant, celle qui est appelée cinq se retrouvera dans un établissement de bains où elle contrôlera l'eau, et Six, travaillera dans un salon de thé/librairie. Chacune gagnera sa vie et elles pourront, à l'occasion d'une fête rentrer chez elles avec un petit pécule qu'elles donneront à leurs parents. Cet argent permettra au père de reconnaître enfin que les «baguettes » peuvent avoir un rôle, une place tout aussi importante qu'une «poutre ».
Xinran a fait le choix d'écrire un roman qui aborde des sujets graves avec une plume qui peut s'apparenter à un conte. Son humour nous fait sourire à plusieurs reprises, mais l'on comprend malgré tout en filigrane la dureté des conditions de vie des migrants qui sera explicitement évoquée dans l'épilogue. La différence des conditions de vie, de culture entre la ville et la campagne peut, il est vrai, nous amuser, à travers des scènes décrites montrant la naïveté des soeurs, mais aussi surtout nous faire prendre conscience du choc des cultures et de la place faite aux femmes. Il y a une réflexion menée sur la modernité et les traditions qui est intéressante car beaucoup de sujets sont alors abordés avec finesse et douceur.
Un livre qui se lit comme un conte mais qui nous rappelle combien la place de la femme n'est pas simple et les dures conditions des migrants.

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« A la campagne on a besoin d'hommes fort pour travailler, pas d'une bouche à nourrir, pas d'une pisseuse bonne qu'à chialer. Une fille, c'est perdre son nom de famille, c'est la honte pour un villageois. Qu'est ce qu'il pouvait faire d'un déchet humain ? Lui éclater le crâne entre deux pierres, l'enterrer à côté du chien ? »

« La petite marchande de porte-clefs » Orelsan. (Effroyable chanson qui colle des frissons).

Province de l'Anhui, Chine, de nos jours…
Pauvre homme, Six filles, même pas de prénom !
Une-Deux-Trois-Quatre-Cinq-Six.
Une est mariée à un vieux barbon.
Deux s'est noyée pour échapper au même sort.
Quatre est muette.

Ce roman retrace l'histoire de Trois, Cinq et Six.
Le deuxième oncle qui est le frère cadet de la famille Li va aider Trois à s'enfuir, quitter la campagne pour aller à la ville, à Nankin.
Trois, finaude va entrainer Cinq présumée laide et stupide et Six qui a fait quelques études.
Pour prouver au père qui se ronge et se morfond qu'elles peuvent être utiles.

Xinran a été une sorte de « Ménie Grégoire » chinoise, l'acuité de son regard sur la condition des femmes est remarquable autant par sa finesse que par son humour. Les coutumes et les usages de la vie quotidienne sont traduits avec l'authenticité du vécu.
« Même si le bol de la famille est vide, mieux vaut mourir de faim que voler le gruau du voisin ».

Si parfois la candeur et la naïveté de Trois, Cinq et Six sont exaspérantes, je reconnais que leur innocence autorise des réflexions savoureuses et rafraichissantes.

L'auteur en profite pour mettre en exergue la fracture ville/campagne : « Ces gens des villes, faut vraiment qu'ils aient un professeur pour tout, ils peuvent rien apprendre tout seul. Ils ont qu'à faire marcher leur ciboulot comme nous à la campagne ».
Xinran prône une naissance de féminisme dans ce milieu exclusivement patriarcal et machiste. Elle n'hésite pas non plus à égratigner les institutions et la bureaucratie :
« Mao était un Dieu, et les policiers d'infaillibles représentants de l'Armée Céleste ».
Les gens étaient arrêtés pour des motifs futiles ou seulement pour un manque d'autorisation pour se déplacer d'une ville à une autre.

Il y a un tel décalage entre des vies d'européens et celles désuètes de ces chinois de la terre en ce début de 21ème siècle que ce roman pourrait paraitre niaiseux s'il n'était épargné par l'emploi fréquent du second degré.

Serait-il possible que des filles soient désormais capables de soutenir un toit ?
A découvrir. La provocation, c'est bon parfois !

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Cette histoire commence sur les douves de Nankin, plus exactement sous le grand saule, où les nouveaux arrivants cherchent à trouver du travail. Trois vient d'arriver avec Deuxième Oncle. Elle est la troisième fille d'une fratrie de six, et le père est tellement honteux de n'avoir que des filles qu'il ne leur attribue même pas un prénom, seulement un chiffre correspondant à leur ordre de naissance.

« Dans mon village, c'est comme ça qu'on appelle les filles, des baguettes. Les garçons, eux, ce sont des poutres. Ils disent que les filles ne servent à rien et que ce n'est pas avec des baguettes qu'on peut soutenir un toit. » P 22

Elles sont exploitées dans les champs, triment du matin au soir, sans se plaindre et on s'en débarrasse en les mariant sans leur demander leur avis : il faut bien les caser quelque part, ce que les parents a fait avec leur fille aînée. Et après, on s'étonne du nombre élevé de suicide chez ces jeune femmes…

« C'est ainsi qu'on expliquait le suicide de certaines d'entre elles qui, ayant toujours vécu en recluses à la campagne, ne savaient pas faire face à la pression de cette nouvelle vie, ni gérer leur soudaine liberté. » P 91

Trois est promise à un homme plus âgé handicapé, et elle décide de fuir avec le frère cadet de son père, Deuxième Oncle qui l'emmène avec lui lorsqu'il retourne à Nankin après les fêtes du Nouvel An.

Trois réussit à trouver du travail, et doit s'adapter à la ville car elle ne sait rien, elle n'est pas allée longtemps à l'école et tout est étrange dans cette grande ville. Elle fait des miracles en créant des compositions de fruits, légumes pour le grand bonheur de ses patrons qui tiennent un restaurant : « l'Imbécile heureux ».

« Cela faisait deux ans qu'elle travaillait à L'Imbécile heureux, qu'elle avait fait de cette coquille de noix perdue dans l'océan rugissant des restaurants sa seconde maison. C'est là qu'elle avait appris qui elle était… C'est là que cette baguette sans éducation et perpétuellement brocardée par les siens à la campagne avait finalement pris conscience de sa valeur et gagné, pour la première fois, un peu de respect. C'est là qu'avait commencé sa nouvelle vie et qu'elle s'y poursuivait ». P 49

Plus tard ses deux soeurs la rejoindront, Cinq qui ne sait ni lire ni écrire, considérée comme une débile et Six, qui a eu plus de chance et a été scolarisée. On va les voir évoluer, chacune dans un milieu différent et tenter de s'en sortir.

Xinran nous brosse le portrait des trois soeurs, le contraste énorme entre le monde rural et la ville, la société chinoise et son évolution…

Elle nous décrit le côté borné du père et son opinion sur les filles, son comportement maltraitant psychologiquement, mais qui sera bien obligé de reconnaître qu'une fille, cela peut servir, notamment en rapportant tout l'argent qu'elle gagne !

Une question se pose : comment dans un pays qui pratique la politique de l'enfant unique, un paysan peut-il avoir six filles, sans recevoir de sanction ? C'est très simple il suffit de connaître les bonnes personnes pour avoir des passe-droits : corruption !

Les familles dans lesquelles travaillent les trois jeunes filles sont intéressantes, bien que caricaturales : outre le restaurant « l'Imbécile heureux », on fait la connaissance d'un établissement de massages, bains divers, où travaille Cinq et un salon de thé librairie où s'épanouit Six, véritable rat de bibliothèque, où défilent des Occidentaux.

J'ai choisi ce livre car j'avais beaucoup aimé « Funérailles célestes » et je dois dire que je suis restée sur ma faim : certes, ces trois héroïnes sont sympathiques, et chacune à sa manière va trouver sa voie car le travail ne leur fait pas peur et elles ont envie d'apprendre.

La manière dont Xinran aborde la société chinoise, la restriction des libertés, l'éloge du travail, la Révolution Culturelle et l'épuration qui a suivi, est intéressante mais ne m'a pas enthousiasmée. Je suis sortie de cette lecture avec une overdose de riz gluant, boulettes et sucreries…

Bien-sûr après avoir refermé « Eugenia » de Lionel Leroy, le risque de comparaison était latent et ce livre s'est révélé trop fade, comme c'est souvent le cas après un coup de coeur… J'ai allégé un peu ma PAL et je ne pense pas lire un autre roman de l'auteure…

Un conseil: si vous voulez lire ce roman zappez la quatrième de couverture car elle en dit trop.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Baguettes chinoises est le deuxième roman de Xinran que je lis et je ressens à nouveau la même sensation de dépaysement total. La force, la beauté, la singularité de cette Chine à mes yeux inconnue me remuent autant que lors de ma lecture de Funérailles célestes. Xinran est décidément très douée pour nous faire aimer son pays, ses paysages, ses compatriotes, sa culture millénaire.
Dans ce livre, nous suivons le destin de trois soeurs qui quittent leur campagne pour tenter de gagner leur vie à Nankin. Celles que leur père a surnommées "baguettes" vont apprivoiser en ville un univers inconnu, saugrenu, très différent de leur village, qui suscite la peur l'attrait, la curiosité et les interrogations.
A travers les yeux et les rencontres de Trois, Cinq et Six, nous nous mettons à l'écoute des traditions, de la littérature, des choix politiques, du savoir-faire, des croyances de ces peuples chinois qui ont tant à nous apprendre.
On s'attache à ces filles que l'on croit fragiles, qui révèlent au fil des pages, leurs richesses, leurs ressources et nous accordent petit à petit leur confiance.
La lecture est efficace et plaisante. le rêve est assuré. le voyage est garanti.
Je referme ces pages, un sourire aux lèvres avec l'envie immédiate de repartir en voyage aux côtés de Xinran.
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J'ai découvert ce roman grâce au challenge ABC. Pas évident de trouver un auteur dont le nom commence par la lettre X et dont l'histoire doit vous convenir à minima. Challenge réussi ! Ce livre ne m'a pas simplement convenu mais il m'a transportée. C'est avec beaucoup d'attention et de curiosité que j'ai suivi avidement les aventures de nos « baguettes chinoises » et de leur famille en personnages secondaires.

La traduction est de très bonne qualité car l'histoire a toute sa saveur et les subtilités de l'auteure ont été conservées pour le plaisir du lecteur. Ce livre est d'une finesse qui fait du bien. Les personnages sont tous intéressants et aucun jugement n'est porté. Il s'agit vraiment de l'histoire d'un mode de vie, la condition féminine abordé avec justesse et sans mélodrame excessif. Xinran doit être une personne très humaine et juste. L'évolution des traditions et les différences culturelles campagnardes et citadines sont très intéressantes et la base du thème du roman

Les aventures de nos baguettes chinoises sont traitées avec humour malgré la gravité du sujet. Il n'y a pas d'ennui ni de temps mort et le rythme du livre est régulier et rigoureux. le lecteur est donc captivé dès les premières pages. Quant à l'épilogue, il surprend le lecteur et le ramène dans la réalité.
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Témoignage cher au coeur de Xinran qui, avec une écriture simple mais pleine de fraîcheur, ponctuée souvent de petites pointes de naïveté attendrissante, nous parle de la détermination de certaines jeunes filles à contrer leur malchance d'être nées « baguettes» dans cette Chine rurale où la honte ronge tous les parents qui n'engendrent que des filles.

A l'ombre d'un vieux saule majestueux, campagnards autorisés à fuir la misère de la terre, et recruteurs de la ville de Nankin, forment un marché style agence pour l'emploi.
Trois, enfuie de chez elle pour échapper à un mariage forcé, découvre le tumulte de la ville. En grignotant les brochettes de tofu de la chaleureuse Dame Tofu, elle se voit proposer une place dans un nouveau restaurant où elle exercera ses talents artistiques dans des compositions de fruits et légumes pour attirer l'oeil des passants. Aux côtés des Nankinois, le lecteur se délecte alors de plats de canard agrémenté d'herbes sauvages, de soupes de bourgeons, de tofu séché associé aux roseaux sauvages…

À son retour au village pour les fêtes du Nouvel An, chargée de quelques liasses de yuans, Trois montre fièrement à son père ( lui qui détient le record humiliant de n'avoir engendré que six baguettes) qu'une fille peut aussi servir à gagner de l'argent !
Rejointe par Cinq et Six, les parcours de ces trois soeurs sont étonnamment optimistes mais ils viennent railler la cruauté de la condition et le manque de considération de la femme. Leur besoin de reconnaissance est alors un formidable tremplin pour l'apprentissage de cette vie citadine si éloignée de leur laborieuse et archaïque vie campagnarde.

Lecture tout à fait rafraîchissante où l'auteure a su dépeindre une société chinoise en pleine évolution, avec, il me semble, beaucoup d'objectivité mais sans dénoncer outrageusement les pratiques d'hier et d'aujourd'hui.
Être cataloguée comme « baguette » est bien sûr choquant et révoltant mais j'ai vraiment aimé la façon de traiter ce sujet en l'enveloppant d'humour lors de certaines situations cocasses, d'entraide, d'accueil chaleureux et valorisant des recruteurs, de bonté humaine.
Les soeurs pallient admirablement leur manque d'éducation par l'observation, par la soif de connaissances et de reconnaissance, et mettent à profit les instructions puisées dans leur vie rurale.
Dans leur nouvelle vie, elles gardent en mémoire les dictons et bonnes paroles de la mère qui parsèment les pages avec pertinence. Même si les effusions et démonstrations de sentiments ne font pas partie de leur culture, leur amour filial envers celle qui les a mises au monde est éblouissant.

Oui, à l'ombre de mes châtaigniers, j'ai beaucoup apprécié ce petit voyage en Chine et j'en garde un joli souvenir empreint de fraîcheur humaine même si le tableau apparaît étrangement idyllique.
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J'ai bien aimé ce roman. Enfin, ce n'est pas ainsi que je le qualifierai car l'intrigue romanesque n'est qu'un prétexte pour nous faire connaître la Chine de l'intérieur. Pour moi ça ressemble plus à une docufiction.
Baguettes chinoises est l'histoire de trois soeurs, obligées de quitter leur campagne pour trouver du travail en ville, à Nankin. Elles ont fait peu ou pas d'études. de toutes façons, les filles sont comme des baguettes, jetables. C'est ainsi que leur père les caractérisent. Mais bientôt, celui-ci sera mis devant le fait accompli : en ville, les trois soeurs, grâce à leur travail et leur détermination, vont gagner plus d'argent que leur père en toute une vie. Et de ce fait, l'image de celles-ci va en être modifiée.
Encore une fois, Xinran, se fait le chantre de la cause des femmes chinoises. Elle nous montre que dans le pays du soleil levant, elles se battent pour avoir leur place au soleil. Les filles des campagnes font rarement des études. Elles sont là pour aider la mère dans les tâches ménagères et aux champs. On ne leur demande pas leur avis pour les marier, ce sont des monnaies d'échange.
Xinran nous renseigne aussi sur la langue chinoise, selon la prononciation (4 tons différents) tel ou tel signe peut avoir une signification différente. Ce qui étonne beaucoup les Chinois quand ils entendent les touristes ou étudiants parler !
On y apprend également que la vie dans les campagnes est très différente de celle des villes. le confort n'y existe pas, pas plus que les moyens de transport, de communication. « C'est un peu comme si nous ne vivions pas à la même époque, et je ne parle pas seulement de quelques dizaines d'années d'écart, avec les régions les plus reculées et arriérées, j'irais jusqu'à dire que plusieurs siècles nous séparent ».
L'école est un luxe que peu de paysans peuvent offrir à leurs enfants. En ville, le petit va à l'école dès trois ans et le temps du jeu a quasiment disparu. Après l'école, ses journées sont dictées par des apprentissages divers et variés (calligraphie, dessin, musique, danse, etc.).
L'enfant unique, celui de la ville, est idolâtré. le moindre de ses caprices est satisfait. Il n'a plus que ses mots là à la bouche : « je m'en fous, j'ai déjà tout ce dont j'ai envie ! ».
L'auteure brosse également le portrait des étrangers peu calés sur les 5000 ans d'histoire de la chine, partage son ressenti sur le sourire inextinguible des Chinois, soulève le problème des suicides, nous fait goûter la cuisine locale, etc.
Bref, les 350 pages de cet ouvrage nous plongent littéralement dans l'empire du Milieu et c'est voyage très dépaysant que je vous recommande.
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Il ne fait pas bon être une femme en Chine , c'est le moins qu'on puisse dire ! Nous sommes dans un petit village perdu de la Chine orientale, une famille de six filles , la honte pour le père qui ne prend même pas la peine de leur donner des prénoms, elles resteront des numéros. « Les femmes , leur répète leur père , sont comme des baguettes : utilitaires et jetables. Les hommes, eux, sont les poutres solides qui soutiennent le toit d'une maison . »

Une a été mariée à un vieux bonhomme, Deux a préféré se noyer et Trois décide de fuir à la ville avec la complicité de son oncle et va trouver un travail à Nankin. Quatre étant muette ne quitte pas sa campagne mais Cinq et Six vont rejoindre leur soeur à la ville. Trois jeunes paysannes naïves et innocentes découvrent la vie en ville et , à force de volonté et de travail, vont montrer à leur père et à leur village tout entier de quoi elles sont capables.

C'est leur histoire , inspirée de témoignages recueillis par l'auteure, journaliste, aux quatre coins de la Chine, que nous raconte ce livre dont l'action se situe au début des années 2000. Avec humour, Xinran nous fait découvrir à travers les yeux candides des jeunes filles la vie dans sa ville natale de Nankin, le choc des cultures entre citadins et ruraux qui semblent vivre à des époques différentes. Au cours du récit sont évoquées succinctement les périodes majeures de l'histoire chinoise moderne avec la Révolution culturelle de Mao et le chaos qu'elle a entraîné, puis l'ouverture progressive du pays au monde occidental
(avec par exemple l'ouverture d'un McDo et d'un KFC à côté du petit restaurant traditionnel où travaille Trois) et l'afflux massif de paysans venant chercher du travail en ville.

Mi-roman mi-reportage , c'est une peinture édifiante de la société et de la condition féminine en Chine au début du XXI e siècle. Pas de grandes qualités littéraires mais j'ai beaucoup appris sur un pays et une culture qu'au fond je connais très mal et ça se lit très facilement.
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Les baguettes, ce sont les filles, au contraire des poutres, qui sont les garçons, dans une Chine qui connaît encore la politique de l'enfant unique. Inutilité, fragilité de l'une, contre force, qui fait tenir la maison Famille, de l'autre, voici ce qui est ancré dans les esprits, notamment dans les milieux ruraux.

Mais justement, dans l'une de ces familles rurales, au nombre de six filles - non seulement hors-la-loi, mais aussi humiliant pour le père, qui nommera chacune par son ordre de naissance, pour montrer tout l'intérêt qu'il leur porte -, Trois, d'abord, puis Cinq et Six, qui la suivront, vont partir à Nankin chercher du travail, et vont montrer que les baguettes, finalement, ont bien plus de force que prévu pour tenir la maison en place.

Roman qui s'inspire de l'histoire de trois jeunes femmes qu'a rencontré Xinran, Baguettes chinoises a avant tout le mérite de nous décrire précisément la condition féminine chinoise récente, à l'époque où la politique de l'enfant unique avaient encore cours, les exodes ruraux, de plus en plus nombreux en raison du manque de travail dans les campagnes, et le choc culturel qui s'en accompagnait pour les ruraux.

Et puis, au fil des chapitres, l'on s'attache aussi aux trois soeurs, à ce qu'elles deviennent malgré les difficultés rencontrées, à leur désir de montrer à leur père, et finalement au reste de la Chine, que les femmes aussi, et plus encore, parce qu'elles doivent faire plus pour le même résultat, sont une force vive pour le pays.

Deuxième lecture de Xinran, que j'ai préférée à la première, Funérailles célestes.
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Si vous voulez un roman d'action, passez votre chemin, il n'est pas pour vous.
Par le biais de ce roman,, on y relate la discrimination envers la femme ainsi que la révolution culturelle. J'ai apprécié le niveau de l'écriture même si c'est un peu lent à démarrer.Xinran nous livre un témoignage à travers trois personnages. C'est un récit qui pousse à la réflexion,
Naturellement, Xinran me fait penser à Zola des temps modernes. Ce roman pourrait entrer dans la catégorie « roman reportage », qui est un style littéraire à part entière .

Si vous voulez retrouver en Xinran, une certaine Duong, vous risquez d'être déçu car ce sont des styles littéraires différents. Ensuite, les éditions Picquier a certainement d'autres idées éditoriales que les maisons d' éditions traditionnelles. En effet, les éditions Picquier propose des tranches de vies, ou des voix qui témoignent sur ce qui se passent dans le monde, loin de la vie occidentale...Toutefois, si l'aventure vous tente tout de même, ayez à l'esprit ce conseil.
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