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EAN : 9782360573103
144 pages
Asiatheque (06/04/2022)
4/5   9 notes
Résumé :
La légende raconte qu'il y a des centaines d'années, deux esprit-serpents sont arrivés sur Terre pour vivre parmi les humains. Près du lac de l'Ouest, le serpent blanc et son serviteur le serpent vert ont pris la forme d'une femme noble et de sa suivante. Un jeune homme passé par là est tombé fou amoureux de la femme noble et l'a épousée sur-le-champ. Mais le moine du village voisin a découvert le secret des deux femmes et l'a dévoilé au jeune mari. Trahi, ce dernie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Elément bourgeois décadent, séductrice contre-révolutionnaire, espionne internationale, la danseuse Sun Likun est emprisonnée dans une remise du théâtre de la province de Sichuan. Celle qui a envoûté les foules dans le rôle du serpent blanc se morfond dans l'attente d'une décision du pouvoir. le corps lourd de ne plus danser, le visage vieilli par la solitude, Sun Likun n'a plus rien de la ballerine virevoltante célèbre pour son pas du serpent. Jusqu'au jour où un envoyé du gouvernement se présente pour l'interroger. Pour ce jeune homme énigmatique, elle retrouve son corps de danseuse, son port altier, sa jeunesse perdue. Et, quand il disparaît, elle sombre dans la folie.

Une novella dans laquelle l'autrice chinoise Yan Geling revisite la légende du serpent blanc. Inspirée par l'opéra de Tian Han et transposée à l'époque de la Révolution culturelle, cette relecture du mythe, résolument moderne, évoque une femme fatale déchue, le serpent blanc, sauvée par le serpent vert, incarné par un jeune homme au genre ambigu. Car même si Sun Likun se pâme devant le représentant de l'Etat, elle est perturbée par ses gestes, ses postures, la finesse de ses traits et de ses mains. Ses doutes seront levés pour son plus grand malheur…
Alternant les points de vue et les styles, du rapport officiel au monologue, Yan Geling nous offre un petit bijou aussi envoûtant que son héroïne, au suspense languissant et jamais démenti jusqu'à la page ultime. Une belle découverte que je dois à Pascaline de l'agence de presse Sabine Arman et à L'Asiathèque. Un grand merci.
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A la fin des années 60, Sun Likun, l'une des principales danseuses de la Troupe de théâtre de la Province de Sichuan, est arrêtée et incarcérée par le régime communiste. Elle a tout juste 34 ans. Celle qui a enchanté et fait rêver des générations de chinois de la région, est soupçonnée d'avoir comploté contre le régime, avec un espion étranger.
Emprisonnée dans une cellule aménagée dans la remise où sont stockés les décors de la troupe, elle survit au milieu des objets défraichis devenus inutiles pour elle, à présent qu'elle ne peut plus danser.
Oubliée de tous, humiliée par ses gardiennes, alors qu'elle a connu le succès, elle se flétrit et vieillit d'un coup. Sa seule compagnie est celle des ouvriers qui construisent un nouveau bâtiment devant sa fenêtre. Ils sont rarement respectueux et même souvent grossiers, mais ils lui permettent de tenir...
Un jour, un jeune homme différent d'une vingtaine d'années à peine, Xu Qunshan, lui rend visite sous prétexte d'enquêter sur elle. Il l'a vu danser quand il était petit, il a été subjugué par sa prestation, et est resté depuis sous le charme de son jeu et de son corps.
Toutes les gardiennes pensent qu'il est envoyé par le gouvernement et lui font confiance.
Il persuade Sun Likun de danser à nouveau pour lui. Elle renaît à la vie et, jour après jour, retrouve un peu de la fluidité perdue de son corps et de sa jeunesse. le lecteur ne saura pas vraiment quel type de relation ils entretiennent, mais le jeune homme reviendra la voir pendant un mois entre quinze heures et dix-sept heures, presque tous les jours, pour finir par l'enlever à sa prison...pour quelques heures.
Sun Likun, tombée amoureuse de ce jeune homme, va découvrir ce jour-là que sous ce visage d'ange et ces manières distinguées, qui la fascinent, se cache une femme...une femme qui pour fuir son village et ses proches a du un jour se transformer en homme et revêtir une tenue militaire...
Mais est-ce bien la réalité qui est décrite dans les rapports officiels ?

Ce livre qui n'est pas tout à fait un roman mais pas non plus une nouvelle, est une petite pépite qu'encore une fois je découvre avec grand plaisir, grâce à l'Asiathèque et à Pascaline de l'Agence de Presse Sabine Armand, que j'en profite pour remercier ici pour ce service de presse, et pour m'excuser du retard avec lequel je publie cette chronique.
L'histoire de Sun Likun n'est qu'un prétexte vous l'aurez compris pour nous parler de la Révolution Culturelle et de ses conséquences sur la vie quotidienne des intellectuels et des artistes.
D'abord adulée, Sun Likun se retrouve incarcérée dans des conditions inhumaines. de femme fatale, aimée de tous et fantasmée, elle se trouve humiliée et diminuée, rendue à une certaine "bestialité", le premier mot prononcé par Xu Qunshan lors de sa première visite.
Pour nous faire comprendre sa situation, l'auteur s'appuie sur une légende très connue en Chine, car elle fait partie des quatre grandes légendes chinoises, celle du Serpent Blanc. Si vous voulez connaître tous les détails et les différentes versions de cette légende, je vous invite à consulter le site ICI.
En résumé, la légende raconte qu'il y a des centaines d'année, deux esprits serpents, le Serpent blanc ( ayant pris l'aspect d'une femme) et son serviteur, le serpent vert, lui aussi transformé en femme, sont arrivés sur Terre pour vivre parmi nous. Un jeune homme lettré tomba amoureux fou du superbe serpent blanc et l'épousa. Mais quand un moine découvrit la supercherie, il l'emprisonna et révéla le secret au mari qui bien entendu voulut se venger. La femme reprit alors sa forme de serpent ce qui lui permet de s'enfuir, aidée par le serpent vert...
Comme lu dans l'introduction, cette légende s'est modifiée au fil du temps et a été reprise au XXe siècle par le grand dramaturge Tian Han. L'auteur s'est inspirée de cette version moderne, conçue pour le théâtre.
"La Légende du Serpent blanc", c'est aussi le nom du ballet qui a valu sa renommée à Sun Likun avant son emprisonnement. Elle y interprétait le personnage magnifique du Serpent Blanc. le lecteur comprend très vite que le jeune homme venu la libérer, joue le rôle du serpent vert.
Le récit est découpé en trois voix : celle administrative et froide des rapports officiels, celle du peuple et donc de la rumeur et enfin, celle de l'intime. Chacune des voix nous apporte des éléments différents pour comprendre l'histoire et nous fait passer par différents ressentis, de la froideur administrative à la cruauté et à la bêtise, puis à la pureté des sentiments amoureux entre ces deux femmes que tout oppose au départ...mais qui pourtant seront liées à jamais par ce qu'elles ont partagé.
Un auteur à découvrir et un récit qui nous permet de nous immerger dans la culture chinoise...
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Sun Likun, danseuse chinoise a sublimé par son interprétation la légende du serpent blanc. Cette légende raconte que deux esprits-serpents, le blanc et le vert ont pris forme humaine et féminine -une femme noble et sa suivante -et qu'un jeune homme a épousé la première. Lorsqu'il découvre sa vraie nature, il tente de la tuer, mais la femme retrouve sa forme serpent et s'enfuit. Sun Likun a remporté un tel succès qu'elle a dansé partout. Mais à la fin des années 60, elle est arrêtée et séquestrée par le gouvernement. Isolée, très pauvre, ne vivant que de mendicité, elle reçoit un jour la visite d'un jeune homme qui semble être haut placé.

Ce roman est présenté dans la collection Novella de Chine de L'Asiathèque qui propose également l'excellent Sur le balcon de Ren Xiaowen.

Il est écrit en trois formes distinctes, d'abord un rapport des autorités locales censées surveiller Sun Lukun, puis l'histoire vue par les personnes qui côtoient la danseuse et enfin, le récit de l'intérieur. Dès le début, le rapport officiel, une lettre au Premier ministre Zhou Enlai éclaire le lecteur sur les raisons de l'arrestation de Sun Likun, "classée élément bourgeois décadent, soupçonnée d'être une espionne internationale, déclarée séductrice contre-révolutionnaire sous des dehors de serpent" (p.15) Puis il y est fait mention de cet étrange visiteur "Revêtu d'un manteau militaire, le jeune homme en question avait une attitude arrogante et autoritaire et semblait avoir pas mal d'entregent." (p.16)

Puis Yan Geling déroule son histoire dans cette période où vouloir être libre était mal vu en Chine, ce qui n'a sans doute pas beaucoup changé. La révolution culturelle voulue par Mao conduira à des millions de morts et d'arrestations arbitraires. Chacun surveille et est surveillé, ce que Yan Geling raconte bien, grâce aux rapports des autorités mais aussi grâce à l'histoire racontée par l'entourage de Sun Likun. Lorsque dans sa partie plus intime, on sent la soif de liberté de la danseuse, la difficulté d'être une femme en Chine dans les années 60/70 : "Dans quelles mesures vais-je pouvoir explorer les diverses voies qui s'ouvrent ainsi à moi ? Est-il possible de dépasser les limites d'une existence déterminée par les différences sexuelles entre hommes et femmes ? Même si on a un utérus et des ovaires, peut-on malgré tout choisir ?" (p.83) Des questions qui se posent encore de nos jours.

Avec subtilité, Yan Geling, mèle l'histoire de la danseuse et la légende, l'actualise. C'est un très beau texte, parfois assez dur lorsqu'il décrit les conditions de vie de Sun Likun, mais cette femme ne se résigne pas, jusqu'au bout elle cherche à acquérir sa liberté et résiste au pouvoir autoritaire. Une autrice chinoise à découvrir dans ces belles traduction, maison d'édition et collection ainsi que présentation.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Enfin une oeuvre de Yan Geling traduite en français ! Un très grand merci à Brigitte Duzan pour son superbe travail.

Cette novella se déroule à l'époque de Mao, dans cette période trouble que fut la révolution culturelle. Nous y découvrons Sun Likun, jeune danseuse d'opéra qui s'est attirée les foudres du parti et est emprisonnée.

La narration est originale puisqu'elle reprend trois points de vue différents : le premier est celui des autorités sous la forme de rapports officiels, le deuxième est la vision de la population et la troisième nous offre un point de vue de l'intérieur. Les styles sont à chaque fois différents et nous montre les pensées de l'époque.

J'ai beaucoup aimé l'intimité qui s'est peu à peu installée entre Sun Likun et Xu Qunshan, ainsi que l'interrogation sur les sentiments et l'orientation sexuelle. J'ai également apprécié les clins d'oeil au ballet d'opéra le serpent blanc (l'adaptation de Tian Han).
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Une nouvelle touchante et bien construite sur la rencontre d'une célèbre danseuse déchue par les autorités chinoises avec les fantasmes d'un jeune admirateur. L'écriture assume pleinement son esthétique cinématographique et une mise-en-scène qui s'approche presque du théâtre, et on l'imagine facilement joué. Un certain sentiment d'inachevé se fait tout de même ressentir dans la caractérisation des protagonistes, et une certaine restreinte empêche l'émotion de prendre l'ampleur qu'elle aurait pu atteindre.
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critiques presse (1)
LeMonde
05 juillet 2022
L'écrivaine chinoise signe un court roman virtuose sur les incertitudes de l'identité et du désir.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait inconsciemment chorégraphié son existence entière, dans sa réalité concrète. Ses sentiments et ses désirs, elle les exprimait dans la danse, qui n'est qu'intuition et suggestion, langage au-delà du langage. C'est par la danse, avant le langage, que l'humanité primitive s'est exprimée.
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Ce jour-là, le regard du jeune homme croisa celui de Sun Likun. Ce fut comme les phares de deux voitures engagées sur une route de montagne étroite et sinueuse et se trouvant soudain face à face avec le sentiment du danger de tomber dans le précipice, mais sans pour autant céder le chemin ni éteindre les phares...
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Ils [les hommes qu'elle avait connus] aimaient tout en elle, sauf elle-même. Mais elle-même, qu'était-elle ? Sans la danse, que serait-elle ? Elle ne s'était jamais posé la question auparavant. La danse était sa vie. Elle en vivait mais n'avait jamais réfléchi à ce que "vivre" voulait dire.
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Les ouvriers du chantier, soudain muets, observaient sans plus bouger le jeune homme dans sa capote militaire. Il y avait quelque chose d'anachronique en lui, quelque chose d'incongru dans son apparence et tout son être, quelque chose qui ne collait pas avec l'atmosphère du lieu.
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Resté seul avec Sun Likun, le jeune homme enleva ses gants blancs en les retirant doigt par doigt, lesquels se révélaient d'une extrême finesse. Jamais, chez un homme, elle n'en avait vu de si délicats, aux articulations aussi fragiles.
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