AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 191 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
3 avis
1
0 avis
Délicieux moment à lire ce livre ! le ton est juste, avec assez d'intimité pour présenter les ancêtres d'où vient Marguerite Yourcenar et assez de distance pour éviter l'hagiographie et instiller une note d'humour. J'ai souvent souris en lisant ce livre, telle cette réflexion sur le généalogiste amateur qui engrange ses millésimes pour parler des dates naissances-mariage-décès des ancêtres ! Les passages sur l'éducation bourgeoise de la fin du XIX° sont nombreux et décrivent très bien la rigueur de cette éducation.
Commenter  J’apprécie          40
Probablement il ne faut pas commencer par ce livre pour découvrir l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, il faut déjà avoir un certain intérêt pour l'auteur, au risque de trouver ce récit long, peut-être pénible.
Si l'on accepte la clarté des tournures de ses phrases souvent marquées par une érudition alors ce livre peut devenir un plaisir.
Ici Yourcenar prend toute la liberté de son écriture dans sa propre histoire. Ou plutôt dans l'histoire de sa famille, de ses ancêtres. Car il n'est pas question pour elle de nous ennuyer avec de l'autofiction.
Elle puise dans les archives de sa famille, récolte de nombreux éléments, tout cela est on le devine une partie conséquente de son travail. Puis sautant d'un aïeul à l'autre dans des portraits et souvenirs plus ou moins longs, elle raconte sa vision de la petite histoire. Et tout est prétexte pour partager une vision des choses et du monde.
Preuve en est que Marguerite Yourcenar est très loin de se pavaner dans des fausses mémoires de famille : le choix du titre. "Souvenirs pieux", ces mots qui - on l'apprend vite - sont sur les faire-part de décès de ses ancêtres, et qui sont vides de sens, parfois hypocrites de la part des vivants qui les choisissent quand on songe au mort lui-même...
Commenter  J’apprécie          40
"Souvenirs pieux" (1974) est le premier volume de la trilogie autobiographique de Marguerite Yourcenar "Le labyrinthe du Monde" ; il explore la lignée maternelle. le second tome "Archives du Nord" (1977) part de la nuit des temps pour aboutir, à travers la lignée paternelle, à cet "enfant qui a environ six semaines". Enfin "Quoi ? L'Éternité" est inachevé, s'arrête en 1918 et a été publié un an après la mort de Marguerite en 1987.

Quand on lui demanda pourquoi ressusciter une mère dont elle s'était peu souciée jusque-là et qui mourut de complications après son accouchement, Yourcenar répondit : "Parce qu'elle a existé".
En historienne, en généalogiste, Yourcenar opère, du point où elle vint à la vie, une boucle temporelle qui conduit en bord de Meuse à Flémalle et chez des serviteurs des princes-évêques pour revenir à sa grand-mère, l'attachante Mathilde, et Fernande sa maman. Sur le chemin, elle rend un long hommage à son grand-oncle Octave Pirmez ["...dans le cadre belge, apparaît comme un pendant wallon à De Coster" , "La Littérature belge", Denis-Klinkenberg], l'ancêtre qui laissa une trace dans la littérature belge du 19è siècle et dont elle reconstitue quelques moments de vie marqués par la personnalité du frère, Fernand (dit Rémo), qui se suicida.

Les souvenirs pieux sont ces petites images catholiques émises au décès d'un proche et que l'on glissait dans un missel; ils servent, dans ce roman-mémoire, à évoquer toute la famille maternelle de l'auteur.

Par ce travail de mémoire, à partir d'archives et de témoignages, Yourcenar s'efforce de toucher à quelque chose d'universel, effectuant un lien entre la généalogie et cet "être que j'appelle moi". Elle tient à distance l'être qu'elle fut de sorte que ce moi représente la réunion, pas nécessairement cohérente, de ce je raconté et de celle qui écrit.
En choisissant de considérer le je passé comme un être radicalement étranger, l'auteure pointe les présupposés, compromis et paradoxes qui le constituent et met donc en question le consensus sur lequel repose l'écriture autobiographique.

Reconstituer une généalogie à partir de documents lacunaires ne fut pas mince affaire : "La vie passée est une feuille sèche, craquelée, sans sève ni chlorophylle, criblée de trous, éraillée de déchirures, qui, mise à contre-jour, offre tout au plus le réseau squelettique de ses nervures minces et cassantes. Il faut certains efforts pour lui rendre son aspect charnu et vert de feuille fraîche, pour restituer aux événements ou aux incidents cette plénitude qui comble ceux qui les vivent et les garde d'imaginer autre chose."

Et celle qui se définit comme un "historien-poète et romancier" ("Souvenirs pieux", page 214) dut à ces fins solliciter sa seconde disposition: "Dans Souvenirs pieux ou dans Archives du Nord, j'ai compté [...] sur mon imagination pour évoquer, par exemple, le retour de l'église villageoise de ma grand-mère Mathilde, et le bonheur qu'elle éprouve à marcher dans l'herbe par ce matin d'été, ou encore les dernières réflexions de mon grand-père Michel-Charles. Mais mon projet m'obligeait à ce que tous les détails, même s'ils faisaient l'objet d'une sorte de montage romanesque, fussent authentiques." ("Les yeux ouverts", entretiens).

La fermeté de l'écriture jointe à un regard de moraliste sur la destinée et le temps humain.
Lien : https://christianwery.blogsp..
Commenter  J’apprécie          42
Dans sa trilogie, Yourcenar raconte ses origines, son histoire et commente les événements familiaux. Voici les titres de la trilogie familiale :

Souvenirs pieux (1974)
Archives du Nord (1977)
Quoi? l'Éternité…(1988)

Grâce au Labyrinthe du monde, Marguerite de Crayencourt, dite Yourcenar, devient immortelle sous sa plume. Elle s'est inventée comme un personnage de ses romans et c'est beau. C'est la représentation humaine dans toute sa splendeur et dans sa déchéance qui s'offre à nous.

Pour ce faire, Yourcenar a eu à sa disposition de nombreux documents comme des lettres, des livres, des photos, des archives. Elle a interviewé des gens, elle a donc entrepris une démarche sur le terrain.

J'ai retrouvé cette vidéo sur YouTube où elle accepte de répondre aux questions de Bernard Pivot pour l'émission Apostrophes à propos de Souvenirs pieux et d'Archives du Nord. C'est touchant d'entendre la grande Yourcenar parler de ses écrits.


Souvenirs pieux

Tout d'abord, qu'est-ce qu'un souvenir pieux? Yourcenar le mentionne dans son livre après le décès de sa mère.

«[…] : un feuillet de format assez petit pour qu'on pût l'insérer entre les pages d'un missel, où l'on voit au recto une image de piété, accompagnée d'une ou plusieurs prières, chacune d'elles portant souvent au bas, en très petits caractères, l'indication exacte des heures, jours, mois et années d'indulgence que leur récitation procurerait aux âmes du Purgatoire ; au verso, une demande de se souvenir devant Dieu du défunt ou de la défunte, suivie de quelques citations tirées des Écritures ou d'ouvrages de dévotion, et de quelques oraisons jaculatoires. » (p. 60)

Pour se souvenir des siens, Yourcenar décide de les coucher sur le papier pour leur rendre ainsi un hommage. À cet égard, elle s'interroge sur l'identité des membres de sa famille, du côté de sa mère, du côté de son père. Souvenirs pieux est composé des parties suivantes :

L'accouchement
La tournée des châteaux
Deux voyageurs en route vers la région immuable
Fernande

Yourcenar ouvre son bouquin en relatant sa naissance le 8 juin 1903 à Bruxelles et le termine par un chapitre consacré à cette mère, Fernande, qu'elle n'a pas connue, car elle morte d'une fièvre typhoïde le 18 juin laissant son père, un homme de 50 ans, seul, à l'élever. Entre ces deux parties, une tournée des châteaux belges de Flémalle, de Marchienne et de Suarlée ayant appartenu à la famille de sa mère est présentée, et un portrait de deux grands-oncles est dressé, Fernand dit Rémo qui s'enlèvera la vie et Octave Pirmez, qui a été écrivain, essayiste.

À travers ces parties, Yourcenar cherche à comprendre qui elle est en abordant ses ancêtres maternels. Elle relève des traits chez ces derniers se retrouvant également chez elle.

Ce que je pense

Chaque fois que je lis un livre de Marguerite Yourcenar, je suis toujours fascinée par sa plume. Elle manie la langue comme nulle autre et elle développe son information d'une façon éblouissante, inimitable. Par exemple, je me dis en la lisant : «Mais comment a-t-elle fait pour écrire cette phrase? Où a-t-elle été chercher cette idée?» Son génie m'apparaît bien mystérieux. Ses connaissances sont immenses, son savoir indéniable et sa manière de raconter, unique.

Alors, je pense que j'ai lu Souvenirs pieux en ressentant un immense respect pour cette autrice. J'ai aimé en apprendre davantage sur les siens, sur les châteaux, sur elle. En plus, mon conjoint est Belge et lorsque je vais en Belgique, je me rends avec lui visiter les châteaux et je dois dire que j'ai beaucoup pensé à ce pays, à la mer du Nord, un peu présente, à Liège que nous habitons lorsque nous y allons, à Bruxelles, la toute belle.

Je dois aussi dire que les Belges devraient lire ce bouquin pour connaître un peu plus leur patrimoine, la façon de vivre de leurs ancêtres, le développement de leurs villes.

J'ai apprécié également connaître des traits de la personnalité de Marguerite Yourcenar. Je ne savais pas qu'elle était sensible à la cause animale ou encore à la protection de la planète. Je me suis retrouvée dans sa façon de percevoir l'univers et la cause animale. Comme elle le mentionne :


«Cette fillette vieille d'une heure est en tout cas déjà prise, comme dans un filet, dans les réalités de la souffrance animale et de la peine humaine ; elle l'est aussi dans les futilités d'un temps, dans les petites et grandes nouvelles du journal que personne ce matin n'a eu le temps de lire, et qui gît sur le banc du vestibule, dans ce qui est de mode et dans ce qui est de routine. » (p. 33-34)

La peine humaine m'afflige, les maux de mon siècle me détruisent intérieurement et physiquement tout comme ce que l'on fait subir depuis des siècles aux animaux. C'est l'horreur… et c'est pourquoi je suis végétarienne depuis presque 30 ans. Comme elle, je déteste les futilités de mon siècle et je crois que le temps est précieux et qu'il ne faut pas le gaspiller. En somme, je déteste perdre mon temps.

Mais encore, les souvenirs ouvrent une voie en soi, ils peuvent faire trembler un rêve, ils peuvent creuser un trou dans notre inconscient, ils peuvent nous habiter longtemps. Comme le mentionne Yourcenar sur cette envolée sur la mer du temps :

« C'est à l'intensité que se mesure un souvenir». (p. 199)

Donc, je dois dire que je suis bien heureuse d'avoir lu Souvenirs pieux. Je vous recommande ces souvenirs si vous voulez découvrir un peu plus la destinée de celle qui fut la première dame à être admise à l'Académie française. Elle a ouvert la porte, certaines et certains diront enfin, aux autrices dans ce temple encore si masculin.
https://madamelit.ca/2022/03/28/madame-lit-souvenirs-pieux-de-marguerite-yourcenar/
Lien : https://madamelit.ca/2022/03..
Commenter  J’apprécie          30
Ce livre n'est pas une autobiographie. Il commence pourtant par la naissance de Marguerite Yourcenar mais ensuite, elle raconte ses parents, leur généalogie et l'histoire de leur région/pays. Et elle en oublie de parler d'elle ce qui est un peu le but d'une autobiographie à la base. du coup, autant j'ai adoré le début, les premières pages, autant j'ai trouvé la suite lourde même si l'écriture reste fluide. Est-ce possible ça, fluide et lourd en même temps ?
"Tâchons d'évoquer cette maison entre 1856 et 1873, non seulement pour mener à bien l'expérience, toujours valable, qui consiste à réoccuper pour ainsi dire un coin de passé, mais surtout pour essayer distinguer dans ce monsieur en redingote et cette dame en crinoline, qui ne sont guère plus à nos yeux que des spécimens de l'humanité de leur temps, ce qui diffère de nous ou ce qui, en dépit des apparences, nous ressemble,"
Donc Marguerite se présente à travers ses ancêtres et je pense que je ne me lancerai pas dans le tome 2 de ses "mémoires" parce que j'ai déjà eu du mal avec celui-là. Je m'étais même fait un petit arbre généalogique pour essayer de suivre. Mais ça ne suffit pas car elle remonte loin parmi ses ancêtres et même largement avant la révolution française !

Challenge ABC 2016-17
Challenge Multi défis 2017 : 23. Un livre écrit par un académicien
Commenter  J’apprécie          30
Encore enthousiaste au souvenir des Mémoires d'Hadrien, je me suis précipité sur Souvenirs Pieux lorsque cet ouvrage est apparu récemment à portée de mes mains.
Mais sans doute faut-il avoir une disposition d'esprit suffisante car quelle déception de ces souvenirs et de ce roman qui sont véritablement tombés à plat chez le lecteur
que je suis qui n'a pas "accroché".
Et pourtant je ne doute pas un seul instant que cette exploration de la mémoire familiale du côté maternel de Marguerite Yourcenar, publiée en 1974, soit fort bien écrite
et intéressante : l'autrice est plus académicienne que moi-même, à fort juste titre bien sûr ! Mais il est des contextes où l'on peut avoir du mal à apprécier les belles choses, et en l'espèce je le regrette, naturellement.
Commenter  J’apprécie          20
Premier volet assez déconcertant de la trilogie de Yourcenar sur ses origines. Ici, elle se concentre sur la famille belge de sa mère, qu'elle n'a pas connue puisque celle-ci est morte quelques jours après sa naissance, des suites de l'accouchement. Elle aborde au début le récit de la mort, pour s'éloigner ensuite dans le temps (c'est le plus long car difficile d'y voir autre chose qu'une vaste digression sur l'histoire de la Flandre à travers les siècles), passer vers le milieu du livre à un récit plus "romanesque" centré autour de la figure d'un parent éloigné, Octave Pirmez, qui a connu de brefs succès littéraires dans la seconde moitié du XIXème siècle. Enfin la dernière partie revient sur la rencontre de ses parents, leur lune de miel de quelques années à travers l'Europe... le magnifique style Yourcenar est là, mais à la sobriété habituelle s'y ajoute, et je n'ai pas vraiment apprécié, une pointe de coquetterie aristocratique.
Commenter  J’apprécie          20
Fernande, Mathilde, Zoé... Comme d'habitude chez Marguerite, les hommes ont la part belle, son père Michel (elle aime appeler les gens ou personnages par leurs prénom, sans doute pour montrer une certaine proximité, voire de l'estime ou de l'affection) son grand oncle Fernand mort jeune. Les femmes ont droit à la portion congrue, sans doute un paradoxe cousu de fil blanc...Son français est de qualité, c'est pourquoi, je la relis (surtout Mémoires d'Hadrien). Ici, elle accumule les clichés pessimistes ou ironiques, sans parler de ses descriptions (qui font plutôt sourire mais agace quand même) sur les mangeurs cruels de viande, elle oublie que ses personnages aimaient la bonne chair, elle se garde bien d'en parler. Allez Marguerite, laisse toi aller.
Commenter  J’apprécie          10
J'ai aimé relire «Souvenirs pieux», dont le récit généalogique, loin d'être une suite de données de l'histoire de sa famille, cherche à pénétrer dans l'âme de ses ancêtres. de leur passé lointain, grâce à Yourcenar, ils nous parlent encore.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (813) Voir plus



Quiz Voir plus

Marguerite Yourcenar

Quelle est la nationalité de Marguerite Yourcenar ?

Elle est belge
Elle est américaine

10 questions
282 lecteurs ont répondu
Thème : Marguerite YourcenarCréer un quiz sur ce livre

{* *}