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4,28

sur 3425 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il aura fallu près de trente ans à Marguerite Yourcenar pour arriver à un résultat qui la satisfasse et convainque un éditeur. Mais quel résultat ! Quelle précision historique ! Elle transporte littéralement le lecteur au début de l'ère chrétienne et lui donne l'impression d'être en train de lire les mémoires originales de cet empereur romain qui marqua L Histoire. Un concentré d'érudition, de talent...un pur chef d'oeuvre !
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Ce livre est une référence. Marguerite Yourcenar fait parler – bien plus qu'écrire – l'empereur Hadrien. Il s'adresse à l'un des ces futurs successeurs : Marc Aurèle. L'auteure s'efface littéralement pour laisser la place à un prince et à de temps méconnus. Son talent fait qu'elle reste présente à l'image du fantôme d'Antinoüs.
Toute une époque ce révèle mais également tout un système. Si la vie d'Hadrien et son testament sont au coeur du roman le principal est ailleurs. Il s'agit réellement d'une leçon, une manière d'être un homme d'État : le chef d'un empire qui doit digérer les dernières conquêtes (celles de Trajan) et se trouver une nouvelle identité. Et pour ce faire l'imperator privilégie la paix, l'économie, les arts. La guerre et la politique ne sont pas oubliées. Les voilà évoquées au travers des relations avec le Sénat, la difficile question de la succession, les conflits contre les Parthes et la création de la Palestine.
La discipline auguste n'est pas simplement le code de conduite du légionnaire. Elle est une manière de gouverner et de vivre. Hadrien mourant nous livre des réflexions sur la joie, l'accomplissement de soi, la maladie, la survie, la douleur, le suicide, la mort et le sentiment humain qui les contient tous : l'amour.
Cette référence permet au lecteur contemporain de se plonger dans l'histoire romaine, à une époque peu connue (le IIe siècle) mais elle est aussi une réflexion criante d'actualité sur les temps présents (le célèbre « nous autres civilisation savons désormais que nous sommes mortelles » de Paul Valéry n'est pas loin).
Bien plus qu'un roman historique il s'agit d'un voyage au coeur de soi-même, que l'on soit homme ou femme, jeune ou ancien, amateur ou non d'histoire ou de philosophie...
Lien : http://kriticon.over-blog.com/
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Une visite à Hermogène, son médecin, vient d'apprendre à l'empereur Hadrien sa mort prochaine, d'une maladie de coeur.
Hadrien commence alors la rédaction d'une lettre à Marc-Aurèle. Il y relate sa vie, son régne, ses passions; mais aussi ses défauts. Il raconte aussi à Marc-Aurèle la civilisation romaine, telle qu'un empereur romain fasciné par la Grèce peut la percevoir. Car Hadrien a passé beaucoup de temps chez les Grecs, ce qui a sans doute contribué à faire de lui l'homme qu'il est devenu.
Honnête envers lui-même tout comme envers son correspondant, Hadrien avoue aussi ses faiblesses, telle que sa passion pour Antinoüs et la douleur que la mort de celui-ci lui a infligé.

Comment parler d'un roman aussi magistral que celui-ci? Difficile, mais je vais essayer.

Le récit, écrit en "je" donne vraiment l'impression que c'est Hadrien lui-même qui s'exprime, et non l'auteure. Mieux encore, au fil du texte, l'on oublie que c'est à Marc-Aurèle que l'empereur s'adresse: le lecteur est attiré dans l'esprit d'Hadrien jusqu'à avoir l'impression qu'il lui parle de son existence, qu'il lui permet de pénétrer dans son intimité, lui qui fut l'un des César. On se sent également transporté à son époque, à tel point qu'il est difficile, une fois le livre refermé, de revenir dans la réalité.
Peut-être ce sentiment est-il voulu par Marguerite Yourcenar, qui écrit à propos de ces "Mémoires":
"Portrait d'une voix. Si j'ai choisi d'écrire ces Mémoires d'Hadrien à la première personne, c'est pour me passer le plus possible de tout intermédiaire, fût-ce de moi-même. Hadrien pouvait parler de sa vie plus fermement et plus subtilement que moi."

Yourcenar dit également, à propos de l'écriture de ce récit, commencé dans les années 1920:
"En tout cas, j'étais trop jeune. Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans. (...)." C'est aussi vrai pour la lecture de ce roman. Il ne faut absolument pas attendre d'avoir quarante ans pour le lire, puisque cela reviendrait à se priver inutilement d'un moment de pur bonheur. Mais il faut en tout cas attendre d'avoir atteint la maturité nécessaire pour apprécier un récit qui n'est pas spécialement facile à lire.
Car les Mémoires d'Hadrien sont assez compliquées. Mélangeant la poésie et l'histoire, le texte aborde également de nombreuses considérations politiques de l'époque traitée. L'empereur va même jusqu'à nous faire partager certaines de ses réflexions les plus philosophiques. Il est donc compliqué d'y accrocher lorsqu'on est trop jeune pour comprendre les nombreuses idées et théories développées par Marguerite Yourcenar dans son portrait de cet "homme presque sage".

Car Hadrien est sage. Lucide aussi, quant au devenir de l'empire romain, dont il sait qu'il finira par disparaître. Et il est surtout sage et lucide envers sa propre existence et sa propre fin. Ainsi, dès le début du récit, il se réconcilie avec ce corps malade qui est le sien.
Dès les premières pages du récit, Yourcenar parvient à montrer un Hadrien courageux, ferme et honnête. le reste du roman donne la même impression. Malgré ses erreurs et ses défauts, dont il parle d'ailleurs sans tabous, Hadrien reste tout du long cet homme face auquel on se sent faible et minuscule.
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Que dire après ça ?
Rien... on se sent petit... tout petit...
Marguerite Yourcenar donne corps et vie à cet empereur avec un foisonnement de nuances incroyable.
Ici, pas question de n'envisager Hadrien que comme un dirigeant ... Mais bel et bien comme un homme à part entière avec ses joies, ses souffrances, ses doutes, ses obligations, ses conflits intérieurs, ses amours...
Lire les mémoires d'Hadrien c'est lire l'âme d'un homme qui tente de tout mener de front dans un souci d'équité et de justesse. Mais comment concilier tout ça dans la Rome antique ?

Un CHEF D'OEUVRE !!!!
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Les mémoires d'Hadrien est incontestablement une oeuvre qui se mérite. D'une approche relativement difficile, il faut quelques pages pour s'adapter au style volontairement suranné qu'adopte Marguerite Yourcenar pour faire parler le grand empereur romain Hadrien. Style par ailleurs parfaitement en phase avec le sujet de ce roman au parfum de documentaire historique.

Au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture, on se laisse prendre par le récit et porter par l'écriture ciselée et maitrisée de Marguerite Yourcenar. Au-delà de la forme, le fond de ce long monologue très documenté est particulièrement enrichissant : la vie de l'empereur Hadrien se révèle être une véritable leçon d'histoire, de philosophie, de politique et d'humanisme. de nombreux sujets sont abordés avec finesse et justesse : l'esclavage, la guerre, le bonheur des peuples ou la nature humaine en général. On suit avec intérêt les voyages de cet homme de pouvoir qui avait décidé de parcourir son immense empire afin de mieux le comprendre pour mieux le gouverner.
Lien : http://www.quartier-livre.fr..
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Autant annoncer de suite la couleur, ce livre, que j'avais lu au lycée, m'a marquée, pour plusieurs raisons: le style, tout d'abord, avec cette fluidité stylistique qui ne nous fait pas lâcher cette oeuvre. L'histoire ensuite. Il fallait quand même avoir de l'idée pour faire cette fausse autobiographie de l'Empereur Hadrien. Fausse, certes, mais sacrément réaliste tout de même, et c'est bien là qu'est le paradoxe ! Yourcenar s'était bien documentée et a fait un travail de recherches que je salue. J'ai commencé à connaître Yourcenar par ce livre. Me faire adhérer à la vie d'un Empereur Romain tient de l'exploit.
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Écrit dans un style dense témoignant d'une grande érudition, ce roman philosophico-historique est une méditation de l'empereur à la fin de sa vie : il retrace les principaux événements de son existence qui fut la plus libre et la plus lucide possible.

le projet initial de Marguerite Yourcenar, alors qu'elle n'avait qu'une vingtaine d'années, était d'écrire un texte sur l'empereur Hadrien dont le narrateur aurait été son favori Antinoüs.

Les différentes versions de cette première ébauche, datant de 1924 à 1929, ont été détruites par la future académicienne après les refus de plusieurs éditeurs.

Quand elle reprend, un quart de siècle plus tard, son projet de jeunesse, la perspective s'est inversée : c'est Hadrien qui tient le stylet et qui raconte sa vie et sa passion pour le jeune Bithynien, à travers le filtre de la douleur causée par le suicide de celui-ci.

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