Totalement daté, en ce qu'il contient de naïveté vis-à-vis de l'Islam, devenue une religion agressive dans sa conquête et qui a totalement avalisé son caractère ancestral antinomique de droits de l'homme ou de valeurs occidentales. On dirait un peu un conte de fées, truffé de bondieuseries sans importance.
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Haroun Sadek, le tailleur du douar, savait bien faire ma robe affleurie, lui qui souvent racontait à ma mère les temps féroces où les Ottomans avaient interdit à ses ancêtres juifs de porter des vêtements de couleurs vives. Sous l'occupation ottomane, tout juif était condamné à ne mettre que des habits sombres. Nombreuses étaient les familles juives qui s'étaient converties au christianisme ou à l'islam afin de fuir leurs vêtements sombres et pouvoir mettre des habits blancs, rouges, roses ou verts.
Jusqu'au jour "des ciseaux", j'étais en permanence cerné par l'oeil de ma mère.
L'oeil qui ne dort jamais.
Ma robe coupée du même tissu que celui des robes de mes cinq soeurs ne m'avait jamais libéré. Ma mère accordait une grande liberté à mes soeurs. Quant à moi, j'étais privé de toute sortie. Ma mère disait à mes tantes et à mes cousines que j'étais malade (...)
Ma mère mentait.
Pendant neuf ans, il avait totalement oublié sa malédiction, vivant la soie du rêve et le miel du mensonge. Il guettait l'écoulement du sang entre le cuisses de sa princesse targuie, Tine-Hinane, et depuis neuf ans, il tentait de rassembler les fragments de son âme et de son corps, pour retrouver la forme du puzzle, les ailes et l'arôme du mensonge.
Il préparait sa nuit de noces avec des histoires brûlantes parsemées dans ses livres reliés et bien rangés sur les étagères en bois rouge ciré, la boisson legmi tirée du coeur des troncs des palmiers vieux, ancestraux, la méditation et la prosternation devant l'arbre généalogique... et... et.. (pp. 149-150)
Il était une fois un oiseau qui chantait une seule fois dans sa vie; à l'heure de sa mort.
Je pose ma gorge à sa place, ma voix à ses cordes et je commencerai ma chanson : c'est mon heure.
Dehors, le bleu horrible et écrasant d'un ciel immense qui se perd dans le vide, le néant, feu bleu crache une canicule terrifiante qui pèse sur les habitants de ce hameau reculé au bout du monde, suspendu sur la côte d'une grande montagne dénudée et sauvage dénommée M'naceb, un douar si loin de Dieu, si proche de la peur et de la souffrance." (p. 32)