Le livre de Faouzia Zebdi-Ghorab est une approche philosophique du discours islamique francophone. Elle dresse, comme le sous-titre l'indique, un état des lieux de ce discours en abordant des thèmes récurrents et en pointant des contradictions.
Elle analyse dans ce discours les dissonances, en quelque sorte, avec le message coranique et des contradictions avec la tradition prophétique. En effet, à trop vouloir faire oeuvre de modernité (au sens matériel et non spirituel du terme), les prédicateurs de l'islam de France produisent un discours qui tend à se conformer à une définition néo-libérale des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. le livre est d'ailleurs divisé selon ces valeurs; elles sont passées au crible de la critique philosophique. Elles sont précédées d'une longue introduction où l'essaysiste expose le pourquoi de cet ouvrage sur fond de militantisme. Il y a là comme une alerte aux citoyens français de confession musulmane pour sortir d'un sommeil dogmatique comme aurait pu le dire Kant après avoir lu David Hume.
J'ai trouvé dommage qu'un tel livre n'ait pas trouvé un « grand » éditeur pour bénéficier d'un plus large lectorat. Il l'aurait amplement mérité. Même si on trouve des imperfections dans la typographie, le fond (idées, arguments, référence, …) reste incontestablement d'une très grande qualité. Il ne plaira pas aux prédicateurs concernés, mais Faouzia Zebdi-Ghorab a le courage de s'attaquer à un sujet aussi important qu'alarmant. Espérons qu'elle continue ce travail difficile de décryptage idéologique dans l'intérêt des citoyens à la recherche d'un islam d'ouverture, de partage et de confiance.
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Les humains deviennent frères dès lors qu'ils se comportent comme tels, c'est-à-dire en conformité avec la conscience profonde de former un seul corps avec celles et ceux qui n'ont pas abandonné la réflexion sur le sens de la vie et sur ses fins; au bénéfice d'une vie à laquelle on ne donne aucune finalité, tout en sachant que dire la vie n'a pas de sens, c'est déjà lui en attribuer.
Les musulmans, prisonniers de l'urgence et de l'immédiateté, souhaitent un discours qui colle strictement à l'actualité ou à leur quotidien.
Dans la culture islamique traditionnelle, le désaccord n'est pas un mal en soi. Il s'apaise dans un arbitrage d'une éthique de la divergence, épaulé par un consensus scientifique tacite ou explicite.
Lutter contre l'extrémisme par une autre forme d'extrémisme, c'est utiliser les mêmes outils que ceux que l'on prétend combattre.