La Tribune des Instituteurs et des Institutrices trace avec amertume ce portrait de l'instituteur désarmé : "Je viens d'acquérir la certitude que, sous le rapport pécuniaire, métallurgistes et mineurs nous laissent bien loin derrière eux. [...] C'est ainsi que dans certaines familles d'ouvriers, les salaires réunis forment chaque jour un total de 12 à 15 francs. Qui gagne chez l'instituteur ? Va-t-il imposer à sa femme d'aller en journées laver à la rivière par exemple ? Peut-il envoyer ses enfants trier le charbon ou pousser les bennes dans la mine ? Ainsi nous qui vivons au milieu des ouvriers, qui devons être mieux vêtus qu'eux, qui avons dû faire un apprentissage long et dispendieux, nous sommes moins salariés que les plus ordinaires d'entre eux, nous sommes les plus pauvres parmi les plus pauvres.
15 juin 1885
Au regard de cette immense entreprise de dressage, quelle importance accorder, vraiment, à ce que la classe soit faite sous une Marianne débonnaire ou sous un crucifix? La coupure ne passe plus entre l'école laïque et l'école catholique, ni du reste entre l'école bourgeoise et l'école prolétarienne. Elle sépare une société sans école - passée, à venir, ou seulement à rêver - et une école qui est toujours, quelles que puissent être les conditions historiques, les changements pédagogiques ou les intentions politiques, une identique usine à briser les spontanéités.
[...] la laïcité de l'école est aux yeux des protestants le signe annonciateur d'une société civile indépendante, garantie, pour les minorités, d'une liberté religieuses authentique [...]
Alors que 2023 marque le 150e anniversaire de sa naissance, Colette est à l'honneur dans "La Grande Librairie". A cette occasion, Augustin Trapenard accueille Antoine Compagnon, pour "Un été avec Colette", publié aux Editions des Equateurs, Emmanuelle Lambert, pour "Sidonie Gabrielle Colette, édité chez Gallimard, et Frédéric Maget, pour "Notre Colette : Un portrait de Colette par ses lectrices", paru chez Flammarion. Frédéric Beigbeder, Amélie Nothomb, Chantal Thomas, Mona Ozouf et Simonetta Greggio sont également présents sur le plateau de l'émission, ainsi que Marie-Christine Barrault qui lira des textes de Colette.
Durant cette soirée, les invités vont revenir sur cette femme aux multiples facettes qui a marqué le XIXe siècle grâce à sa présence dans de multiples domaines. Tout au long de sa carrière, elle n'a cessé de changer de costume, entre celui d'écrivain, de journaliste ou encore de pantomime. Une situation qui lui allait à ravir puisque Colette a toujours refusé d'être étiquetée, mais aussi qui lui permettait de vivre de manière décente. En effet, comme elle l'a confié plusieurs fois, elle écrivait pour vivre, notamment après que son troisième mari Maurice Goudeket a été pris dans une rafle, le 12 décembre 1941. du fait de ses origines juives, il est arrêté par la Gestapo, lors de la rafle dite "des notables" et transféré au camp de Compiègne. Colette va alors tout mettre en oeuvre pour l'en sortir en faisait intervenir des personnalités très influentes. Il sera finalement relâché le 6 février 1942. N'ayant pas d'autres sources de revenus, Colette va continuer à publier pour des rédactions pas très fréquentables, mais sans jamais se compromettre dans des textes idéologiques ou propagandistes.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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