Lu en langue originale allemande.
Dans un système construit sur la certitude scientifique de son infaillibilité, "la Méthode", une soeur (Mia Holl) convaincue que son frère (Moritz Holl) n'a pas commis l'homicide dont il était accusé et pour lequel il s'est suicidé se bat pour démontrer son innocence. Cette bataille devient une guerre contre le système qui, attaqué dans son essence même, se défend.
La Méthode est une dictature sanitaire fondée sur un principe fondamental : il n'y a pas d'état biologique plus souhaitable que la parfaite santé de l'ensemble de la population.
Mais la mise de ce principe - auquel il est difficile de trouver à redire - implique une ingérence très importante dans la vie de chaque individu qui devient suspect dans chacun de ses actes de mettre en danger sa santé et par extension celle de toute la société.
C'est donc la Méthode qui fixe les standards à respecter et contrôle que chacun remplisse bien ses obligations d'hygiène, d'activité physique et contrôles médicaux.
Lorsque la preuve de sa faillibilité est rapportée, la Méthode ne peut l'admettre, puisque cela reviendrait à se saborder.
Il n'y a donc qu'une seule explication possible. C'est en fait une odieuse machination destinée à détruire le système. Encore un coup des extrémistes de Droit à la Maladie.
Pour tout bon système immunitaire, il n'y a qu'une seule réponse contre un attaquant : la destruction totale, qui à tomber dans l'irrationnel le plus complet.
Mais gare, dans une société somme toute humaine, à ne pas créer de martyrs qui galvaniseront l'opposition...même si la peine de mort n'existe pas, la peine capitale étant la cryogénisation (on ne sait jamais, des fois qu'on se serait trompé).
Si le scénario est intéressant et soulève d'intéressantes réflexions sur les systèmes totalitaires et la limite parfois ténue avec un système démocratique qui peut tourner à la dictature de la majorité, l'écriture, en tout cas dans la première moitié est décevante, pour ne pas dire fatigante voire pénible.
Dur de rester accroché jusqu'au bout d'un roman qui peine à décoller.
Le titre accordé à
Juli Zeh par la presse allemande de "
Georges Orwell féminin" est clairement excessif.
Mais pour les adeptes de SF politique n'ayant rien lu de semblable, l'expérience peut en valoir la peine.