Plus que des idées, c'est une personnalité qui se confirme ici. Arrogante, faussement modeste, elle s'érige en intellectuel digne d'intérêt, vivant au coeur du monde politique et médiatique, approuvé par tous en privé, cloué au pilori en public.
Eric Zemmour se raconte, lui, à travers des anecdotes futiles. Il n'a pas d'idées, de programme politique à présenter à la veille de sa candidature à la fonction présidentielle, il n'a que lui, son caractère, son intransigeance, son intelligence, sa peur, et sa vision de la France à raconter. Et sa France est figée dans le temps. Elle est celle de son enfance, de son adolescence. Il la regrette, la pleure et l'appelle de tous ses voeux car son époque ne lui plaît pas, ne l'enchante pas. Elle l'écoeure même. Sa France, dit-il, est en passe de mourir et il est urgent, vitale, de la retrouver. Comment ? En arrêtant l'immigration des populations noires et maghrébines, en refusant ces musulmans qui menacent par leur façon d'être et de penser sa France éternellement blanche et chrétienne ; en venant à bout de ces féministes et homosexuels qui malmènent l'homme occidentale blanc ; en fermant le clapet de ces écologistes bobos qui tuent le modèle culturel français ; en luttant contre ces gauchistes soumis aux islamistes. Et seul point sur lequel je serais d'accord avec lui: en redonnant le pouvoir et la puissance au politique soumis, depuis des décennies, à l'économie elle même soumise à la finance. Mais sur ce point, peut-on lui faire confiance lui qui est à la botte de Vincent Bolloré.
Vous l'aurez, comme moi, constaté, il n'y a point de secret dévoilé dans ce livre.
Eric Zemmour est ce qu'il est: misogyne, raciste et imbu de lui-même. le « noir », pour lui, est éternellement « noir ». L' « arabe » est éternellement « arabe ». Dans ces citoyens qui ne lui ressemblent pas, il ne voit jamais de français. Il voit des « autres », éternellement « autres », venus menacés son pays. Il ne les connaît pas mais il sait qu'ils sont tous musulmans, pratiquants, islamistes. Il ne les connaît pas mais il sait qu'ils sont dans la taqîya, qu'ils cachent leur véritable intention et qu'ils veulent envahir la France pour l'islamiser. Il sait que les vols et les viols sont commis en France par ces hordes d'immigrés et il sait, en parallèle, que DSK et
Tariq Ramadan ne sont pas des violeurs mais des séducteurs.
Eric Zemmour sait. Il sait tout. Il sait la France, ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas. Il sait ce qu'il est bon pour elle et quand il parle c'est la France qui parle en même temps. Eric est la France.
Est-il besoin de vous dire que je ne peux être d'accord avec lui, que je trouve le personnage d'une prétention ridicule ? La France ne s'incarne pas en
Eric Zemmour. Il n'est pas la France et la France n'est pas
Eric Zemmour. Elle peut vivre autrement dans le coeur et l'esprit des français qui ne sont pas forcés d'apprécier ses références historiques, politiques et culturelles. Elle peut vivre autrement que par Zemmour. Et est-il besoin de vous dire que je trouve ses propos nauséabonds ? On peut refuser l'immigration, vouloir la contrôler ou même l'empêcher ; on peut contester et revoir les politiques d'assimilations et/ou d'intégrations ; on peut même craindre l'Islam, son influence et son emprise mais on ne peut considérer les individus, les penser et les définir comme des « Autres » éternellement « Autre » car différents. On ne peut prétendre les connaître en se fiant seulement sur leur nom, prénom et caractéristiques physiques. Un maghrébin n'est pas forcément un musulman, musulman pratiquant ou islamiste. Un noir n'est pas forcément un musulman, musulman pratiquant ou islamiste venu du continent africain. le musulman n'est pas forcément un islamiste qui a vocation à islamiser la terre chrétienne. le blanc n'est pas forcément un buveur de vin, mangeur de cochon, de porc, saucissons. le descendant d'immigré n'est pas forcément un matraqueur de la langue française amoureux du rap et le français dit de souche ne parle pas forcément un bon français en écoutant
Jacques Brel. Bref, les individus ne sont pas des étiquettes ou des catégories. Est-il besoin de continuer ? Je ne le pense pas. Vous l'aurez compris, je suppose, ce livre est tout sauf nécessaire. Il ne propose pas, n'interroge pas. Il entend simplement servir la gloire d'
Eric Zemmour qui, je l'espère, s'éteindra rapidement.