Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.
À l'été 2017, nous partîmes au Tadla. le gros oeuvre de la maison ayant été réalisé en 2016, le carrelage devait être posé avant d'y poser nos affaires et nos fesses. Je savais que le chantier serait long, que les sorties seraient limitées. La bibliothèque allongeant la durée des prêts lors de la période estivale, je pris la route du Tadla avec Eric et Alain (voir par ailleurs).
Le livre d'Eric, comme son auteur, est fatigué et avachi, voûté ; preuve que les lecteur.rices furent nombreux à l'ôter des rayonnages de la bibliothèque.
Eric, obsédé par
le suicide français, me conta chaque jour un fait (films, chansons, hommes, discours, lois, événements) advenu depuis 1968 pour m'expliquer que sans le savoir la France se suicidait, quittait sa place dans le Monde. Il continua ainsi durant de longues heures, me berçant – j'allais écrire me bernant tant parfois sa parole ressemble à celle de certains orateurs actuels qualifiés de tribuns, là je pense à ce qu'il me raconta de
Louis Schweitzer, écoutant Eric j'entendais Jean-Luc ; sur Schweitzer on pourrait rajouter l'étonnante similitude entre sa fiche Wikipédia et les dires d'Eric – aux heures chaudes. Il m'a rappelé des faits que j'avais oubliés mais les avais-je connus ? Il me parla de la campagne présidentielle de 1981 et de
Georges Marchais, de son début de campagne avec ses discours sur l'immigration, sa lettre au recteur de la mosquée de Paris, m'obligeant à consulter Internet où si on trouve des infos sur la campagne de Georges en 1981 sur les sites de l'Humanité ou de Lutte ouvrière et des vidéos proposées par l'INA, on est plutôt orienté, par Google, vers des sites d'extrême droite voire fachos et/ou révisionnistes. Avec Eric reviennent dans ma cervelle liquéfiée par la chaleur du Tadla, les livres de
Didier Eribon, «
retour à Reims » et d'
Aurélie Filippetti « les derniers jours de la classe ouvrière » qui évoquaient le passage du
P.C. au F.N. de membres de leur famille, de leur entourage, et en même temps on se dit que d'un côté il y a de la littérature et de
l'autre il y a de l'esbroufe.
Eric fait comme on fait souvent : avoir une idée et ensuite y agréger des faits en ajoutant une sauce historique pour montrer l'étendue de ses compétences, alors un ensemble qui semble cohérent se dessine et paraît démontrer la véracité de l'idée initiale même si celle-ci est nauséabonde ; les quelques saillies racistes ou révisionnistes d'Eric passent pour des moments de faiblesse ou de colère – peut être que faiblesse et colère sont synonymes. Eric adore Napoléon et
De Gaulle, les suivants étant de la merde et les immigrés musulmans en rajoutent [de la merde]. Après avoir tant serré de mains, signé de nombreuses dédicaces, assuré de multiples réunions, engrangé un paquet de fric, Eric se reposa bien au Tadla malgré la présence de nombreux autochtones ici qui par un miracle sémantique et en quelques heures à peine deviennent des immigrés là-bas, ici c'était lui l'immigré et il ne s'en aperçut même pas tant les gens l'accueillir chaleureusement, tant il était anonyme, banal, comme nous.
(recyclage modifié - septembre 2017)