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sur 1696 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Comme je dis tout le temps que j'exècre Zola avec ferveur, passion et férocité, une bonne âme essayant de vaincre mes préjugés sur le sujet m'a conseillé celui-ci.

Bon…j'ai beaucoup aimé la description du Paradou, sorte d'Eden, un parc retourné à l'état sauvage, où l'Abbé va naitre à sa nature d'homme.Zola se révèle plus doué que je ne l'aurais cru pour paitre la nature.
Il y a tout de même nettement moins de misérabilisme que dans les autres romans que j'ai lus de cet auteur,un très net plus selon moi. Il retombe un peu à la fin du roman dans les traits qui font que je n'accroche pas à son oeuvre, alors malgré une lecture plus plaisante que les autres romans de Zola que j'ai déjà tentés, cela ne va pas me jeter dans les Rougon-Macquart…
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Ce livre, peut être un des moins réussis d'Emile Zola, est l'histoire de la tentation d'un prêtre, jeune homme attiré par la vie et ses plaisirs, notamment par l'amour et le désir charnel.
Un peu long et verbeux ce récit est le cinquième de la série des Rougon-Macquart, il est sûrement à réserver aux inconditionnels mais, cependant, il réserve à ceux-ci, grâce au talent énorme de Zola, un agréable moment de lecture.
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Lors de la lecture de “La conquête de Plassans” j'avais été intrigué par le passé de Mouret, c'est donc avec de grandes attentes que j'ai entamé ce livre. Ciel que j'ai été déçu. Pas vraiment fervent de l'exaltation religieuse, j'ai eu bien du mal à éprouver quelque empathie que ce soit pour les extases et tourments de Mouret. Et j'avoue avoir du mal à distinguer ce qui relève de la ferveur religieuse par rapport à ce qui pourrait être des symptômes de la maladie qui afflige la famille Macquart. Quant à la faute elle-même, on est bien loin d'une grande révélation, quoique l'actualité nous aurait fait penser que la chose aurait été consommée plutôt avec un jeune garçon... Enfin.

Cette fois-ci la profusion de descriptions concerne les plantes du Paradou; ce qui virait à la leçon de botanique m'a rapidement lassé et, ayant en tête les permissions de Pennac, j'ai allègrement sauté quelques pages... Mais, et c'est un gros mais, le passage où Zola décrit les roses en établissant un parallèle net avec la tentation de Mouret est magistral et m'a laissé bouche bée. La nature, que ce soit au Paradou même ou celle tellement aride d'Artaud, prend une importance capitale dans le récit et induit magnifiquement des états d'âme. Il y a des hauts et des bas dans ce livre qui, pour l'instant, me semble le moins bien abouti de la série.
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Il fallait donc un prêtre pour compléter cette grande galerie de portraits issus de toute la société, pour réaliser la peinture complète d'une époque, pour rendre en une seule oeuvre l'impression d'une totalité humaine embrassée et fragmentée dans l'écriture méthodique d'un homme de sciences, de sciences multiples, de sciences globales et sensément capables de percer les secrets de la vie moderne – projet ambitieux, délicat, faramineux, presque alchimique, et louche en quelque probable surestime de soi, propre à la gloire ou à la gloriole, aussi formidable que dérisoire, peut-être. Dans cette typologie des êtres, dans cette puissante machine littéraire où la volonté surplombante, objectiviste, naturaliste, mais peu apte et peu désireuse en réalité à se départir d'une fondamentale et axiomatique thèse, trahit la plupart du temps son intention de faire du personnage un rôle tout net, débarrassé des scories de la subtilité personnelle et des réalités de la singularité, au sein d'un théâtre forcément significatif où l'individu tend à s'effacer au profit d'une sorte de porte-parolat, d'une allégorie, d'une figure opportune, voire carrément d'une caricature. Il n'y a guère de personnes chez Zola – on en rencontre quelques-uns, mais c'est seulement quand ils sont nés et extraits de l'imitation scrupuleuse d'une identité connue, comme l'écrivain secondaire de L'Oeuvre, recopié de l'auteur lui-même et qui devient, chose caractéristique alors, plus discret et plus crédible à maints égards que le protagoniste parce qu'il est inspiré de faits qui n'ont pas besoin d'insistance et se départissent de volonté démonstrative –, mais on y voit quantité de lieux, d'incarnations, de modèles politiques, qu'une technique bien rodée et censément scientifique est chargée d'entraîner, parmi une certaine intrigue décidée d'avance pour l'effet romanesque, dans les retranchements cohésifs et les conclusions logiques de leur caractère reconnaissable, établi fermement, à peu près normal, aux aspérités rares, des êtres tracés pour suivre une direction, des êtres foncièrement influençables : ils sont toujours ce que Zola a décidé au départ par la supposition plus ou moins documentée de leur « caste », ce qui n'empêche pas le maintien des préjugés (autrement, la vie d'un homme ordinaire ne serait, grâce à l'expérience progressive et cumulée, qu'un lent dépassement des préjugés, ce qui ne se constate point : souvent, au contraire, le constat d'une réalité contradictoire affermit, obstine et ancre le préjugé dans l'irrationnalité) d'une conception d'un métier, d'une classe sociale, d'une valeur ou d'une foi, d'une mentalité plutôt typique que particulière, et ils ne deviennent guère que les conséquences prévisibles, non pas aventurées, soupçonnées ou supposées mais bel et bien fabriquées et préparées dans un objectif précis, quelle que soit l'illusion d'objectivité que l'auteur prétend apporter à la peinture de son microcosme. On constate que Zola, par exemple, ne révèle jamais une réalité inattendue, étonnante, troublante à lui-même et aux théories qu'il soutient depuis toujours, surprise à laquelle devraient pourtant au moins quelquefois le conduire logiquement le respect et l'exercice de son fameux « protocole naturaliste » consistant à placer un être dans un univers et à le laisser « agir à sa guise » en fonction des facteurs déterminants de ce milieu, mais il a toujours, bien à rebours de cette impeccable honnêteté, dressé son plan initial auquel il se réfère et qu'il suit à la lettre, forçant même le personnage, l'obligeant aux pensées et aux actions qu'il a planifiées, et, si cette volonté de fiction ne s'y résout pas « d'elle-même », Zola l'y contraint malgré tout, comme dans ce roman, par le fabriqué d'une situation improbable faite justement pour le déprendre de sa volonté et l'empêcher de se mouvoir par la logique de son fonctionnement interne (il suffit, d'ailleurs, même sans péripétie d'artifice, de créer en préambule les règles de ce fonctionnement et de le présenter au lecteur à la façon d'une limitation, et, dès lors, dans ce cadre, le personnage circonscrit pense et agit, « logiquement », exactement comme on l'a décidé, la bonne affaire !). Dans les romans de Zola, si celui-ci était vraiment sincère et s'il appliquait son programme conformément au principe « scientifique » qu'il s'est fixé et qu'il rapporte dans toutes ses profession de foi, il devrait y avoir sérendipité, c'est-à-dire que ses recherches « neutres » et « dépassionnées » devraient parfois conduire, tout particulièrement s'agissant de sciences humaines, à des trouvailles curieuses, à des surprises variées, à des inférences inenvisagées et capables de réfuter au moins partiellement la théorie générale ; or, ce qui dément le plus la franchise et la validité du manifeste naturaliste, c'est qu'il est manifeste qu'il n'en dément rien et ne fait justement que valider : on feint à chaque fois qu'il y a juste un observateur peu soucieux d'intervenir dans l'univers de fiction, que cet observateur se contente d'aller en tapinois, avec d'infinies précautions analytiques, et avec une rigueur de concentration immense, des causes aux conséquences extrêmement cohérentes du personnage, mais l'observateur lui-même, quand son observation mentale réfute sa thèse, ne rapporte point ce qu'il a imaginé ou pressenti, il ne témoigne point ce qu'il « voit », il refuse d'être dérangé de son projet ou de son message par le sujet qu'il observe, alors, quand cette déviation se produit ou risque de se produire, quand potentiellement elle se réalise par projection avant d'être écrite, il redresse et reconditionne le personnage en le plongeant dans une situation où il n'a pas d'autre choix que de réaliser l'observation exigée : l'observateur naturaliste trop souvent ne se pose pas en simple sujet pensant de la nature ou de la nature humaine qu'il dit examiner, il est le Dieu, le démiurge tout puissant qui fabrique cette nature à son gré et qui décide encore, mais comme ç'avait toujours été le cas dans l'art du romancier, de ce qu'il veut remarquer ; autrement dit, il donne naissance à sa volonté et rien d'autre, exauce ses propres voeux, et il ose ensuite clamer : « Vous voyez bien que, par hasard, ça s'est passé exactement comme je l'avais prévu ! » : mais c'est lui qui a provoqué l'état de ce qu'il observe, c'est lui qui a orienté l'observation depuis le début et dans toutes ses étapes, c'est lui qui a induit, trié et corrigé tout écart et toute norme de l'observé pour parvenir à la conclusion qu'il avait tirée et fixée dès l'origine de son livre ; ainsi ce n'est pas du tout une observation, ce n'est rien que la démonstration dirigée d'un axiome ou d'un présupposé ! Comme en physique quantique, l'observation crée le phénomène, davantage même qu'en cette science puisque l'observateur ne tient pas compte de l'imprévu et ne dirige ses regards que vers ce qui le confirme, négligeant délibérément les observations mentales qui le contredisent ; ainsi Zola ne fait-il généralement de « libre » que la narration manipulée de ce qu'un jouet d'influence, de ce qu'un conditionnement d'emblée, peut supporter d'originalités maigres et de simulations de changements anticipés au sein de sa fixité foncière, principielle, paradigmatique. Voilà pourquoi le naturalisme n'est après tout qu'un romantisme comme les autres : il fige le personnage aux règles d'un système qui limite la réalisation des individus (les romantiques disposaient seulement d'autres règles, l'être isolé, génial, introverti, sentimental, croyant, conspué par la société et contrarié par le sort, etc.), le philologue attentif y sent toujours à l'excès le fardeau d'un auteur qui simule, menant des destinées jouées d'avance, instruisant peu de profondeur, posant des vraisemblances louches et n'admettant guère de surprise, tout est mu par des valeurs a priori qui sourdent de toutes parts comme un rayonnement ou comme une radioactivité, et ce ne serait pas un tel inconvénient si ces valeurs reposaient sur une véritable science de l'observation plutôt que sur une théorie « coûte que coûte », au même titre environ que la phrénologie, c'est-à-dire l'étude de la forme du crâne, chez Balzac, devait indiquer avec certitude inébranlable un caractère ou un tempérament. Si j'écris si vertement que le naturalisme est généralement une continuation du romantisme et en cela une antiquité, une obsolescence et un art que l'évolution et le progrès auraient dû dépasser et rendre primitif sinon ridicules, c'est qu'il n'a pas cessé de vanter le dogme plutôt que l'analyse vérace de l'être ; il a préféré – et, je crois, en toute conscience de son insuffisance, de sa relative superficialité voire de son effet d'épate et « d'avant-garde » – reposer sur une poignée de procédés, plutôt trucs qu'expériences, pour expliquer d'un seul tenant tout le matériau humain et le faire se comporter exactement en artificielle conformité avec trois ou quatre lois considérées comme suffisantes et jugées comme exhaustives, de façon à suggérer le sérieux et le mérite de « l'artiste moderne », plutôt que de composer honnêtement, douloureusement et consciencieusement, l'élaboration d'un individu supérieurement fin, avec ses altérations subtiles et ses constructions souterraines, même avec ses curiosités et ses étonnements pour nous, pour le mode de la normalité prescriptive, et, en ce qu'il aurait été élu justement comme entité plus réelle que la réalité, plus complexe et moins poseuse que le stupide monde qui ne vaut pas qu'on en parle si c'est juste pour le flatter ou le caricaturer, qui surprendrait de réactions inattendues et vraisemblables – car c'est bien l'homme moderne à mon sens qui n'est pas vraisemblable –, au lieu de ce pantin démonstratif et figé qui sert soi-disant à représenter sa réalité, chez Hugo aussi bien que chez Zola. La faille commune du romantisme et du naturalisme qui n'en fait que de la fiction sans beaucoup d'usage, ce n'est même pas l'illusion de la réalité qui est propre à l'art, qui peut fort être imparfaite et, bien sûr, involontaire dans ses imperfections pardonnables, mais c'est la machination, la manoeuvre, le stratagème, le subterfuge, toute la manipulation bâtie sur des voeux de pureté ou de probité, la superposition mécanique, la manigance sue, l'échafaudage en trompe-l'oeil, la composition sur un simulacre, la perversion secrète sur fond de chasteté alléguée, constitués sur des préjugés probablement conscients, valorisants et flatteurs, et que l'auteur, s'il n'est pas idiot au point de les ignorer c'est-à-dire de s'ignorer lui-même, exprime en l'oeuvre mais dissimule en manifeste.
Oh ! cependant, je sais bien combien l'exercice que je propose – ce « programme » de supérieure observation d'un individu supérieur – est difficile, exigeant, impossible peut-être : entreprendre l'homme sans définitions préalables même mélioratives, sans préconceptions ni préventions de l'essence humaine, sans intentions ni projets réels c'est-à-dire sans même le voeu d'être un auteur au sens habituel et normal, c'est comprendre un au-delà de notre espèce qui ne serait représenté presque en aucun de ses membres, en aucun homme réel, une anomalie qui n'aurait pas d'incarnation, pas de réalisation manifeste et explicite, et, par conséquent, renoncer à l'attention du lecteur ordinaire qui estimerait nécessairement que cette profondeur est un pur style infondé, un jeu de parure du vrai et un embellissement mensonger, une sorte « d'art pour l'art » en travestissement vraiment trop léger, en une extrapolation gratuite : une fantaisie, pas du roman. le lecteur, qui est à peine un homme parmi tant d'êtres aussi piètres que lui, qui vaut beaucoup moins qu'un homme, qui est en cela bien moins réel qu'un homme, ne pense lire qu'à dessein de reconnaître des hommes dans des situations humaines, à l'image de son existence : il n'aurait donc, à mon exemple et suivant mon but, aucune sensation de réalité, aucun intérêt de conformité, aucun soupçon de vraisemblance, à s'entendre décrire et raconter ce qu'il n'est pas et dont il ne trouve le modèle nulle part autour de lui, cet homme réel enfin, autrement dit cet individu qu'il n'est pas et qui n'existe apparemment point dans la circonscription de son univers mentalement étriqué, et, partant, il ne saurait ce qu'il fait là, il ne croirait même pas lire un livre, il ne se saurait pas lire, et, décontenancé, abasourdi, il se sentirait certainement révolté ou ennuyé, dépassé quoi qu'il en soit, par la nature de cette occupation déroutante et nouvelle qu'il n'assimilerait à rien de connu, à rien de confortable et de rassurant, qu'il se figurerait sans doute une moquerie ou bien quelque délire – même l'invraisemblable personnage romantique, si l'on y songe, est une figure connue. Il faut, pour plaire au lecteur, la médiocrité caractéristique qui lui ressemble, tous les gages compréhensibles et grossiers de la difformité vulgaire, et ce, non même pour qu'il se sente célébré, mais pour qu'il accorde son attention et croie en ce qu'on lui propose, parce qu'il n'imagine rien au-delà de sa brutale simplicité et de sa turpitude. Ce contemporain, si défaillant que c'en est pour moi incroyable, ne tolère plus, en somme, que des imitations de son incroyable défectuosité.
C'est néanmoins – et j'insiste – extraordinairement difficile, ce que j'objecte ici et propose.
Pour revenir à la critique de ce livre, il fallait donc à Zola, afin de définir encore tout un brutal quartier de société comme on coche sur une liste une région géographique du monde après l'avoir visitée, produire un prêtre, et ainsi, dans cette oeuvre prétendument faite pour constituer le reflet général du monde, inclure l'Église et la spiritualité catholique. Un prêtre austère – car alors on n'aime guère les prêtres en naturaliste, en « matérialiste », il y faut un personnage rebutant quoique, puisque protagoniste à « regarder », pas tout à fait inhumain, pas trop désagréable en somme, séduisant par quelque aspect, on le choisit donc jeune de préférence et naïf, même endoctriné – figurera l'opiniâtreté des arriérés d'une lourde tradition attachée aux peines et à la mortalité contre les jouissances et la vitalité : exister pour souffrir plutôt que vivre pour le bonheur, la spiritualité comme domaine de l'après plutôt que comme urgence du présent, l'isolement pour borne d'expiation plutôt que la solitude pour condition illimitée de l'élévation. Mouret est un en-deçà de l'homme, un en-dessous et pour tout dire un élément inquiétant de la société qu'on enfermerait s'il n'avait pas une excuse et une permission singulières, inespérées et socialement intruses, aberrantes, je veux parler de l'exception offerte par les religions contre l'intérêt même des hommes. Mouret est, dès onomastiquement, variété de cadavre, mutique, mourant, introverti, mort-né, névrosé, muré dans son temple, avec le peu de doutes nécessaire à le rendre pathétique et le beaucoup d'obsessions utile à le présenter sincère autant que maladif – et je ne parlerai guère de Serge (Mouret), l'officiant, le sergent (sers-je ?), l'homme au cierge, à l'habit de serge, ce tissu « sec et serré ». Nietzsche, pourtant, prétendait qu'un prêtre sincère ne pouvait guère rxister, affirmant qu'après le séminaire, tout prêtre, comme plus tard le Elmer Gantry de Théodore Dreiser, sait qu'il ment, ne serait-ce que parce qu'il a eu accès à l'histoire des réformes chrétiennes, autrement dit à la « fabrication » du christianisme et du catholicisme, à toute sa machine traître c'est-à-dire faussement historique et spontanée, et notamment à une vision globale de leurs opportunismes malhonnêtes et fondateurs. Mouret perplexe, languide, soucieux, errant, dans un décor qui lui est étal et que tout fige, le dogme comme les foncières altérités : on voit la campagne chaleureuse et les paysans vifs à travers le regard endormi et sceptique d'une robe sombre d'officiant. le prêtre étant détaché de toute activité qu'il a appris à mépriser, son pays est une terre mobile, émotionnelle et donc étrangère, il se sait tacitement moqué de tous ces simples alentour et doit s'en consoler par un dédain apathique et universel qu'on lui a appris à nommer « compassion » et qui n'est qu'une sorte de condescendance pour la conservation de l'estime-de-soi. Toute son existence se résume à une contemplation inutile et monacale bercée de visions, de symboles bizarres et alambiqués produisant sur toutes choses vues, sur la moindre perception leurs déformation et hallucination incessantes et continues, en particulier parmi une société de la vitalité qui n'a manifestement pas du tout besoin de lui, ou, à la rigueur qu'à de rares occasions officielles et paradoxalement pratiques, comme le notaire ou l'employé des pompes funèbres. Toute cette première partie du roman est ennuyeuse presque logiquement, c'est une suite de validations thématiques l'une après l'autre sur la cure, à quoi Zola s'est obligé, dans le cadre de son projet « total ». On y rencontre les figures allongées de style factices et exercées, trop convenables, évoquant aussi bien la désespérante routine d'un curé désoeuvré que l'importunité ressentie par l'auteur à produire ce pensum comme matière indispensable, où le rythme assez orthodoxe de la prose traduit maintes difficultés d'écriture surmontées laborieusement une à une, une marche inflexible et néanmoins pesante vers un but obstiné, la description de tout le culte, déroulement du culte, objets du culte, prières du culte, mentalité du culte – une sorte de calvaire, en fait. Ce commencement est ce qu'il fallait pour compléter, suivant un plan dressé, entêté et résolument « génial », la représentation d'un monde entier, et c'est certes, quoique sans grâce, et, j'ose le dire, quoique de mauvaise grâce, réalisé proprement, académiquement ou même un peu mieux c'est-à-dire avec des traces réitérées de personnalité littéraire, où l'on devine les nombreuses ratures et les satisfecits cumulés retenus à soi-même, comme un entraînement de difficultés patiemment résolues et menées à termes. La méthode naturaliste rigoureusement appliquée offre de surcroît de pousser à sa plus profonde logique les affres mystiques et hallucinés d'une psychologie qui, exposée comme des entrailles nauséabondes jusqu'à ses conséquences les plus hystériques, affiche plus qu'elle ne révèle une cohérence : plusieurs fois, Mouret reçoit les visions retournées d'un maniaque qui s'observe et qui poursuit jusqu'à l'absurde, jusqu'aux impasses, la dialectique fallacieuse et inentendable de la théologie et de la casuistique ; il est pourchassé par des culpabilités d'autorité et de doctrine contradictoires et inconciliables, il souffre infiniment du petit reliquat de vitalité et d'amour que contient la Bible et qui l'incite temporairement – temporellement ? – à justifier par le divin ses incartades, il s'amende aussitôt de ses propres conclusions qu'il suppose alors perpétuellement émaner de son démon pour le pousser insidieusement à la tentation et au vice, des sophismes bizarres s'opposent en lui à des spéciosités compliqués, il attend des signes en dernier ressort, il les espère tant qu'il les matérialise en visions, ses sens les incarnent, il se conduit fidèlement en toqué, il accorde une place symb
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Peur des hommes et de soi, croyance et retraite pour se protéger et se morfondre de soi, les ordres se font règles de vie.

Après,l'ombre de la mémoire, la lumière de la vie rayonne.

Force de foi et nature humaine se rencontrent et s'affrontent dans tout le talent qu'est celui de Zola.

Ouvrage à ne pas oublier dans sa bibliothèque.
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François Mouret on s'en souvient a perdu la bataille contre l'abbé Faujas et tout c'est terminé dans le sang et les larmes.
Les deux fils de Mouret ont quitté Plassans, l'un pour Paris où nous le retrouverons bientôt et l'autre pour le séminaire où il est rentré influencé par Faujas.
Devenu prêtre c'est lui qui est le héros de ce cinquième roman. Serge Mouret c'est la piété totale, la chasteté, la charité incarnée, l'ascèse aussi car refusant de vivre dans le moindre confort et vouant un culte à la Vierge Marie.
L'évêque l'a nommé dans le plus pauvre des villages de l'arrière pays provençal.
Il vit là avec Désirée sa soeur simple d'esprit qui a développé une passion pour sa basse-cour et Teuse la bonne, rugueuse et acariâtre.
Il essaie de remettre les brebis égarées dans le droit chemin, ainsi il lui faut convaincre un père de marier sa fille à un « traîne savate » qui l'a mise enceinte ...rude tâche car l'argent passe largement avant la bénédiction de l'Eglise au grand dam de Mouret.
Il accompagne un jour son oncle le Docteur Pascal auprès de Jeanbernat un mécréant anticlérical, gardien d'un domaine « le Paradou » où il vit avec sa nièce Albine.
Brusquement atteint de typhoïde Mouret va être soigné par les habitants du domaine, la maladie est vite éloignée mais Serge va basculer et connaître pour la première fois l'éveil des sens, son corps, son coeur, son esprit vont être envoûtés par Albine et l'orgie sensuelle du Paradou, il va vivre pendant des semaines une félicité sans égale.
Le retour à la réalité sera rude et brutal. Il va devoir faire le choix d'une vie selon l'Eglise ou d'une vie selon l'amour.
L'histoire est il faut bien le dire, un peu tirée par les cheveux, la rencontre d'Albine et Serge frappée d'invraisemblance mais .......mais je me suis laissée emportée au Paradou, j'ai goûté les descriptions de Zola, j'ai senti sur ma peau la douceur du soleil au sortir de la nuit, les parfums qui s'exhalent, la profusion des plantes, l'exubérance des fleurs..........C'est l'aspect que j'ai préféré.
Il y a une deuxième lecture de ce roman, c'est la lutte contre la toute puissance de l'Eglise, la tentative pour sortir de son emprise, les interdits violemment appliqués. Zola traine avec lui tout l'arsenal anticlérical Eve tentatrice, la faute que représente la jouissance physique, la culpabilité, l'expiation et enfin la soumission du prêtre. Cette partie du roman est beaucoup moins agréable car je m'en suis sentie très éloignée.

Je vous engage à lire « La Faute de l'abbé Mouret » ne serait ce que pour vous transporter quelques moments au Paradou
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Lu lycéenne.
Dans la veine de certains romans naturalistes, Zola m'avait moins conquise par sa plume, certainement à cause de 'exubérance et la naïveté de ses personnages. Eternel combat entre la nature humaine et la foi (ici fortement teintée de mysticisme), la passion et la raison, le corps et l'esprit, l'amour et la morale.
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Dans ce 5e tome, Zola choisit pour thématique principale la sexualité et la religion.
Malgré un début très prometteur, j'ai très vite été lassée par les descriptions à rallonge de l'auteur, les métaphores très peu recherchées et très insistantes.
J'ai eu l'impression que Zola tentait le romantisme mais le résultat n'était que grossier et lourd à lire.
La fin rehausse un peu le niveau malgré des longueurs et des répétitions.

C'est pour l'instant le tome que j'ai le moins aimé 😕 le prochain est apparemment très politique, ce qui n'est pas non plus ma tasse de thé, espérons que j'accroche plus.
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Classique romantique de l'amour impossible mais aussi critique religieuse et peinture naturaliste de la vie d'un pauvre village du Sud de la France du XIXieme siècle.
Pourtant malgré ses thèmes puissants, pas le meilleur Zola à mes yeux
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Un peu trop de descriptions à mon goût mais aussi une histoire d'amour interdite.
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