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Efim Zozoulia (Autre)Emma Lavigne (Traducteur)
EAN : 9782370711663
120 pages
Le Temps des Cerises (21/01/2021)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Traduit du russe par Emma Lavigne

Ce recueil réunit les cinq textes du cycle complet des nouvelles fantastiques d’Efim Zozoulia (1891-1941) : La Chute de la Ville Principale, L’Atelier de l’amour de l’Homme, Le Conte d’Ak et l’humanité, Le Mobilier humain et Le Gramophone des siècles. Tous ces récits ont été écrits à Petrograd en 1918 et 1919. Ils abordent la domination, la révolution, les purges, l’exploitation de l’être humain réduit à l’état d’inst... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
1/La Chute de la Ville Principale
Selon l'Evêque Helder Camara : « Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d'hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d'abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d'étouffer la seconde en se faisant l'auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n'y a pas de pire hypocrisie de n'appeler violence que la seconde, en feignant d'oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
Dans la nouvelle, La Chute de la Ville Principale, cette citation de l'auteur Efim Zozoulia : « le monde se tient par la violence raisonnable, pas par la révolte sauvage ! » m'a fait penser à cette phrase d'Helder Camara. La violence raisonnable. La violence est-elle réellement raisonnable ? Elle n'est pas raisonnable, elle est juste amenée avec du vocabulaire polie avant d'être suivie par des actes destructeurs qui peuvent anéantir des vies.

L'Ennemi a gagné, il va pouvoir jouir du territoire. Mais au lieu de le détruire, il décide de fonder une ville au-dessus de la Ville Principale, lui retirant ainsi la vue du ciel pour toujours. Vivre dans l'ombre d'une autre pour toujours... Ceux du dessous, ne pourrons jamais atteindre la ville du dessus, et un ministère plus qu'absurde viendra régenter leur vie, comme par exemple un ministre du silence, afin que les gens du dessus n'aient pas à subir les bruits de ceux qui vivent en dessous.
Lorsque la révolte a lieu : on traite les gens du dessous, de sauvages, de déraisonnables, de fous…
Je vous laisse soin de réfléchir à l'image de ce que cela reflète et surtout du lien qu'il y a avec notre société actuelle…
Excellente nouvelle qui n'a pas pris une ride depuis 1918, même si on sait qu'elle visait autre chose à l'époque, elle pourrait s'actualiser aujourd'hui, en visant l'oligarchie né d'un capitalisme excessif. Je conseille vivement cette lecture.
Est-ce cette nouvelle qui donnera naissance à la hiérarchie des classes sociales à la verticale dans la Pop Culture et la littérature ? Que nous verrons plus tard dans I.G.H de Ballard, Altered Carbon de Morgan, Les Monades Urbaines de Silverberg, dans le manga Gunnm de Kishiro, dans le film Elysium de Neill Blomkamp, voir même Blade Runner de Philip K.Dick?


2/Le Conte d'Ak et l'Humanité
« Des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien. » Bien qu'écrit en 1919, cette nouvelle me semble tellement moderne, qu'elle me fait froid dans le dos. le gouvernement, dirigé par un seul homme, a décidé d'éliminer les gens qu'il estime inutiles à la société : ils doivent se suicider et s'ils refusent, ils seront tués. C'est le droit à la vie. L'idée aussi horrible soit-elle, n'est qu'un parcours rapide de ce qu'un gouvernement est capable de faire sur du long terme en annihilant les prestations sociales qui aident les plus démunis. Donc, en clair, rien de nouveau au pays de la dictature. Mais comment juger ceux et celles qui sont inutiles à la société ? Quelques perles d'exemples, me feront douter de mon humanité. Ce qui s'avère être moralement outrageux, se révèle d'une efficacité éthique troublante… Car dès le début, je m'imagine cette oligarchie présente, prêt à éliminer les inutiles en me demandant sur quels critères seraient basés leur sélection… Mais ce récit a été écrit en Ukraine en 1919. Les inutiles ne sont pas les mêmes… L'écrivain parvient à me faire douter de mon sens moral et je trouve que c'est très très très fort. Mes pensées navigueront vers le film Triangle of Sadness de Ruben Östlund avec cette séquence incroyable de riches se vidant par tous les orifices tandis que Woody Harrelson cite du Karl Marx. Ingénieux. Pour moi, la meilleure des nouvelles, car selon notre côté de la barrière, nous ne voyons pas les mêmes inutiles, ce qui rend finalement, aucun d'entre nous sympathiques.

Les deux autres nouvelles : le Mobilier Humain (tout est dans le titre) et L'Atelier de l'Amour et de l'Humanité seront aussi effroyables que sarcastiques.
Un recueil de quatre nouvelles très caustiques, écrites quelques temps avant la Révolution Russe mais qui finalement reposent sur des sujets très actuels.





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La Chute de la Ville Principale est un recueil de nouvelles fantastiques d'Efim Zozoulia. À travers cinq nouvelles rédigées immédiatement après la révolution de 1917, l'auteur interroge les sociétés humaines et la violence qu'elles peuvent déployer contre les dominés, en les réifiant parfois littéralement. le ton qu'il mobilise est volontiers satirique et semble critiquer les futurs excès tragiques de l'URSS.
Si vous voulez découvrir une oeuvre totalement oubliée du début du XXème siècle, je vous recommande la lecture de ce recueil !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
10 mars 2021
En somme, du fantastique ancré dans et témoin de son époque, tout en touchant des thèmes intemporels.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
III. Toujours de la vie de Monsieur Ikaï

Monsieur Ikaï avait oublié les paroles de son ennemi spécialisé. Tout était calme. Ses amis et ses ennemis spécialisés, qui touchaient tous régulièrement leurs gages, lui parlaient de la nature humaine du point de vue de leurs disciplines respectives et assuraient qu'elle était encline à la soumission, ce qui avait calmé ses inquiétudes.
Les visages ornementaux lui souriaient lorsqu'il le désirait. Les tables, les étagères, les divans et les tapis moelleux de femmes superbes lui obéissaient au doigt et à l'oeil. La bibliothèque humaine charmait ses oreilles par tous les moyens. Même sa femme cessa de le tromper. On avait seulement dû renvoyer à cause d'elle quelques matelas, coussins et porte-manteaux.
La vie suivait tranquillement son cours, tout semblait normal, comme tout semble toujours normal dans la vie, quoiqu'il arrive.
Et un beau jour, un jour comme les autres, alors que, comme toujours, la vie respirait à pleins poumons et que les vastes étendues inhabitées semblaient endormies et que la rosée recouvrait les champs et qu'une mer de brouillard recouvrait la terre et que le vent agaçait la chevelure des forêts, les gens se révoltèrent.
Dans les appartements, les caves, les mines et les ateliers, les coeurs se mirent à battre, les âmes se révoltèrent, les têtes y virent clair.
Les jantes, les chaises, les étagères, les lampes se mirent à crier...
Les insultés, les humiliés, pliés sous le poids de l'esclavage, se mirent à crier.
- Nous ne voulons plus être des jantes !
- Nous ne voulons plus être des chaises et des lits !
- Nous ne voulons plus décorer le cabinet d'Ikaï ! Nos visages ne sont pas de décorations !
Les tapis et les lampes, les divans et les matelas se mirent à courir à travers les couloirs, les escaliers, les chambres, les pièces, les pelles et les marteaux se réunirent dans la cour.
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Ces fous connurent un sort cruel : ils furent désarmés, séparés, lavés de force, habillés de vêtements neufs et forcés d'écouter de la musique en consommant des mets fastueux en compagnie de femmes splendides.
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Considère la fabrication du mobilier de son appartement après son mariage comme le point culminant de son existence.
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Le monde se tient par la violence raisonnable, pas par la révolte sauvage !
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