Brûlant secret et autres nouvelles

« Brûlant secret » est la première nouvelle de ce recueil qui en compte quatre.
Quatre nouvelles dans la plus pure tradition de Stefan Zweig :
« Brûlant secret » où un jeune garçon, Edgar finit par servir d'entremetteur bien involontaire entre un baron entreprenant et sa mère, rétive à ses avances.

« Conte crépusculaire » : un groupe de jeunes gens passent leur temps, au plein coeur d'un été torride à monter à cheval et occupent leurs soirées à fumer et jouer aux cartes. Parmi eux, un jeune homme préfère les promenades nocturnes dans le parc. C'est là qu'une jeune femme « l'agressera » d'un baiser fougueux… pour disparaître immédiatement. Qui est-elle, qui lui permit d'entrevoir les délices insoupçonnés jusqu'alors de la sensualité ?

Dans « La nuit fantastique », un homme s'ennuie dans le confort d'une situation enviable où rien ne semble lui pouvoir être refusé. Un dimanche après-midi comparable à tant d'autres… Il décide brusquement de se rendre à la campagne, ignorant que toute la bonne société de Vienne s'y est donné rendez-vous pour un derby à l'hippodrome. Une rencontre et son existence en sera définitivement bouleversée…

Et pour finir, un conte, « Les deux jumelles » Hélène et Sophie, filles d'un chef de cavalerie de l'armée du Roi et d'une boutiquière. L'une entrera dans les ordres quand l'autre se vautrera dans la luxure.

Je le disais plus haut : quatre nouvelles dans la plus pure tradition de l'auteur : peinture sans concession d'une société et de ses moeurs, mais également analyse subtile des consciences dans leurs plus obscurs retranchements.

Un jeune homme en vacances, chasseur de femmes, de crainte de s'ennuyer, repère une jolie femme qu'il veut s'employer à conquérir. Afin d'en faciliter l'approche, il décide de courtiser le fils de sa proie. L'enfant de douze ans, flatté par l'intérêt que lui porte cet adulte, lui voue immédiatement une amitié inconditionnelle.
Petit garçon maladif et esseulé, il est d'autant plus sensible aux marques d'attention de cet homme, auprès de qui il se sent pénétrer dans le monde mystérieux des adultes.
Mais cette amitié passionnée va vite se transformer en haine, lorsqu'il constate que son « ami » s'est simplement joué de lui afin de se rapprocher de sa mère !

Et Stefan Zweig de décortiquer avec sensibilité et précision les tourments éprouvés par le jeune Edgar.« En cette heure de rage sans frein, il pleura tout ce qu'il y avait en lui de confiance, d'amour, de foi et de respect ; il pleura toute son enfance. »
Confronté à la duplicité et les mensonges des adultes comment va réagir Edgar ?
Laissant les deux adultes à leur flirt, l'auteur va se couler à la place de cet enfant hypersensible et proposer un portrait saisissant de réalisme d'un jeune garçon qui tente de comprendre le « brûlant secret » qu'il lui semble percevoir, et d'analyser une situation dont le sens réel lui échappe. Comment réagir quand tout un monde rassurant s'écroule autour de vous ?
Comment se venger du traître qui vous a trahi et outrageusement menti ?
Et comment garder son âme d'enfant, lorsque l'on est confronté à la boue des misérables intrigues adultes ?

Et Stefan Zweig de proposer une réponse d'une vérité intemporelle, dans un de ces récits brillants dont il a le secret.

Quatre nouvelles, quatre univers. Un séducteur auprès d'une mère de famille, une inconnue fougueuse qui rend fou notre héros, un oisif qui apprend l'altruisme et deux soeurs à l'orgueil démesuré. le tout, servi par la plume de Stéphan Zweig, donne un bon moment de lecture.

Le regard! Dans le jeu de la séduction, tout commence par le regard , tout gentleman le sait! On fouille le regard de l'être sublime, on fixe des bonnes intentions dans son propre regard...puis, une fois que la lecture des regards est saisie et approfondie, le charme peut amorcer sa première marche, aller plus vite ou plus lentement et surement...hé bien notre jeune baron veut aller aussi vite qu'un train, et qu'il rêve d'embarquer ce soir même la dame à la robe de soie...dommage, la dame est une maman, elle doit aller coucher son fils. Le lendemain, le baron comprend que la seule ruse qui lui permettra de se rapprocher de la mère serait de gagner l'amitié de l'enfant...et voilà notre histoire tourne autour de ce trio jusqu'à ce que le conflit d'intérêt va naitre entre ces trois personnages. et c'est à moment que ça devient intéressant, car, dans cette guerre silencieuse, chacun garde sa haine aussi brulante au fond de soi de sorte que ça devient un secret. L'enfant tout maladif tout naïf se donne dans l'amitié du jeune baron, celui-ci se sent prit dans son propre piège une fois que l'amitié de l'enfant lui devient collant et pénible et aussi ne lui permet pas d'atteindre facilement son but avec la dame, et celle-ci se trouve coincé dans son élan d'une bonne séductrice et d'une bonne mère. En tout cas, Zweig choisit de nous projeter dans l'univers d'Edgard, cet enfant de douze qui va comprendre le jouet qu'il a servit pour rapprocher sa mère du jeune baron... désormais, ils ne feront rien sans lui...
Un petit roman captivant! On sent bruler la haine dans le coeur d'un enfant et c'est plus dangereux qu'une autre catastrophe, aussi grande peut-être leur naïveté, aussi grande peut être leur haine.

Tout ce qui est orthographier dans ce roman est parfait, feerique profond et rend à merveille l'atmosphère si particulière qui règne dans toutes ces quatre nouvelles. Ce charme un peu Veillot vieuxplus d'un siècle, ces exhalaisons automnales, ces décors assourdis, ces personnages particuliers avec leurs manies, avec leurs angoisses et leurs frayeurs, ces paysages et décors calmes et lisses dans la tourmente des individus, cette analyse psychologique nette et sans bavure ..
Ces quatre nouvelles sont tellement dissemblables et pourtant, si pairs ; celle de ce jeune garçon possessif et jaloux, l'inhibition d'un jeune coeur transporté d'amour d'une inconnue, la recherche de soi de ce bourgeois et l'histoire des deux soeurs, si vigoureusement opposées mais toutefois avec le même but qui les unit.
L'écriture et l'occurrence, sont d'un autre temps, ne sont pas privés de vénustés et offrent au lecteur un double voyage, dans l'Autriche bourgeoise du début XXème et au coeur de l'âme humaine

Stefan Zweig is always a good idea !⁠
Et choisir Brûlant secret dans ma pile de lectures rapides en attente (je vous épargne l'acronyme) en a été une également. ⁠
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Dans cette novella, un baron dont nous ne connaîtrons pas le nom, est en vacances dans une station des Alpes. Grand séducteur, il jette son dévolu sur une femme mûre accompagnant son fils de 12 ans en convalescence. Afin de se rapprocher de la mère, le baron se lie avec l'enfant. Mais une fois la mère atteinte, il se désintéresse du garçonnet. Celui-ci, à la lisière entre l'enfance et l'adolescence, va comprendre rapidement que l'homme s'est joué de lui, et se venger à sa manière. ⁠
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Dans ces quelques 110 pages, se cristallise tout le talent de Stefan Zweig à mettre à nu l'âme humaine. Les interrogations tout d'abord, le désespoir ensuite, et enfin la colère de l'enfant sont magnifiquement dépeints, de même que les états d'âme plus adultes de sa mère. ⁠
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Une belle parenthèse littéraire que je vous encourage à ouvrir.⁠

La nuit fantastique

Un homme confie par écrit le moment le plus essentiel de sa vie, qui l'a complètement transformé. Jeune encore, riche, évoluant dans le meilleur monde viennois, le personnage principal perd en quelque sorte « l'élan vital », le désir, l'envie. Il s'ennuie, sa vit est sans but et sans saveur. le jour fatidique, il va presque par hasard aux courses. Il se montre désagréable avec un homme, et comme par jeu, s'approprie un ticket joué par celui-ci. le ticket est gagnant et rapporte même une belle somme. Cela provoque une sorte d'ivresse, de tension chez notre oisif, et entraine un enchaînement d'événements qui auront une influence durable.

Un texte très prenant, surtout les deux premiers tiers, dans lequel les certitudes et les habitudes de notre héros se fracassent, montrant à quel point elles étaient artificielles et creuses. Il se révèle à lui-même en quittant ce qu'il pensait être évidant et allant de soi, mais qui était au final un mensonge, qui ne lui correspondait pas. le vernis social, les règles que les individus sont censés avoir intégrées, apparaissent comme de vaines apparences, des conditionnements, qui empêchent les individus de se réaliser vraiment. La fin est peut-être un peu trop morale et optimiste, mais l'ambiance de cette étrange nuit est très troublante.

Un garçon de 12 ans, encore considéré comme un enfant par son entourage, mais de plus en plus attiré par le monde des adultes et les choses qu'il n'y comprend pas. Il est en convalescence, dans une station thermale avec sa mère. Un homme survient, et essaie de séduire la mère. Pour faire sa connaissance il s'attache le garçon, ébloui d'avoir un ami adulte qui semble s'intéresser à lui. Mais une fois la mère approchée, l'enfant devient une gêne, et les deux adultes font le maximum pour s'en débarrasser. le garçon qui se sent trahi, s'accroche au couple, essayant de comprendre la nature mystérieuse de cette étrange connivence qui s'est d'un coup établie entre sa mère et le baron, connivence qu'il avait déjà ressentie entre adultes et dont le sens lui échappe , tout en le troublant. Il en vient à les épier, à les suivre en cachette.

Le récit s'attache à l'analyse psychologique de l'enfant qui plonge dans l'adolescence, qui approche du monde des adultes, qui se frotte à la sexualité, et qui réévalue ses relations avec ses parents. Zweig est un spécialiste des frémissements du coeur et des sens, et ce récit l'illustre une fois de plus. Les minuscules péripéties de cet étranger ménage à trois tiennent en haleine du début jusqu'à la fin, tant l'auteur sait doser les émotions et maîtrise l'agencement des événements.

J'ai passé un très bon moment en lisant ces 4 nouvelles. Zweig a un talent tout particulier pour décrire les émotions et les sentiments des personnages.

J'ai vraiment aimé la nouvelle "Brûlant secret", le ressenti de cet enfant qui prend conscience des actions des adultes (mensonges, cachotteries,...) est un pur régal et on a l'impression de les vivre avec lui, d'être à ces côtés lors de ces déceptions.

Une belle écriture agréable et j'aime ce format où l'auteur arrive à faire passer tant de choses en si peu de pages, c'est comme une friandise qu'on prend plaisir à déguster.

Léger bémol sur le "conte fantastique" qui m'a paru un peu longuet.

Encore une recueil de mon cher Stefan Zweig qui entre tout de suite parmi mes préférés ! Car ici encore j'ai aimé chacune des quatre nouvelles.
J'ai commencé par les trois autres avant de lire la nouvelle éponyme Brûlant secret, car au départ, je ne sais pour quelle raison je pensais ne pas aimer. Donc j'ai d'abord lu Nuit fantastique et Conte crépusculaire que j'ai adoré. Cette dernière raconte l'histoire d'un jeune adolescent qui passe quelques jours de vacances dans une manoir en Ecosse et qui un soir dans la pénombre du jardin va être embrassé par une fille dont il ignore l'identité et en deviendra littéralement obsédé, jusqu'à l'inévitable découverte et les terrible conséquences qui en découleront. Dans cette nouvelle les tourments des premiers amours et des premières découvertes physique sont remarquablement dépeint.
Nuit fantastique quand à elle, nous raconte l'histoire d'un homme solitaire et à la vie rangée qui un jour décide d'écrire dans son journal la nuit qui a complètement changé sa vie et son âme. C'est une nouvelle que j'ai trouvé hypnotique, tortueuse, émouvante et magistrale. A travers cette homme qui dans la nuit retrouvera sa part d'âme qu'il avait perdu depuis des années, c'est une traversée des tréfonds de l'âme humaine que l'on va vivre. Que signifie être vivant ?, vivre ?, notre bonheur vient-il de nous même ou de l'image que nous renvoie la société ? Bref c'est une nouvelle qui m'a profondément émue et questionné.
La dernière, Les deux jumelles, était tout à fait plaisante à lire et également fort en signification. L'histoire de ces deux soeurs aux vies opposées, l'une religieuse, l'autre débauchée, se jugeant et rivalisant l'une contre l'autre sous le joug des convenances sociales et qui finiront par chuter toutes les deux ensemble.
Bref j'ai trouvé ces trois nouvelles absolument incroyables alors en abordant la principale je me demandais comment elle aurait pu être aussi forte. Surtout qu'il s'agissait de l'histoire d'un enfant. J'étais vraiment pas emballée...
Désolée Stefan d'avoir douté de toi alors que je sais que tu ne déçois jamais. Et merci de m'avoir donné cette claque.
Car Brûlant secret a tout bonnement été une claque. Je savais que Zweig pouvait décrire toutes les vies humaines, mais je ne savais pas qu'il pouvait aussi nous plonger dans l'esprit d'un enfant avec ce même talent et cette même acuité. J'ai été subjuguée. L'histoire d'Edgar totalement berné et cruellement manipulé par l'homme qu'il a cru être son ami. La lente désillusion que vivra Edgar sera décrit absolument magistralement. Son innocence d'enfant va peut à peu céder la place à la colère voir la haine. Un crescendo haletant que j'ai suivi avec fascination. Mais j'ai aussi ressenti beaucoup de compassion pour Edgar, j'avais souvent peine à croire que la situation escaladait ainsi...

Bref, je vais m'arrêter là, car comme on l'aura aisément compris, j'ai été bluffée par ces quatre nouvelles où Stefan Zweig prouve son talent de sondeur de l'âme humaine pour la énième fois.