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Six nouvelles du maître, où l'on retrouve tout son art: Etude des personnages au scalpel, intrigue rapidement mise en place , langue précise, peignant ses personnages , toujours cette impression de voir ce qu'on lit avec cet écrivain.
La première nouvelle, éponyme du titre de l'ouvrage, est la plus aboutie :
L'adultère, le chantage et la peur de tout perdre qui assaille Irène et la pousse à tout. Sublime performance, avec encore une fois autre chose que la beauté du texte . Une belle intrigue aussi.
La seconde amène le narrateur à observer : On se doute que Zweig va faire un carton avec ce procédé et en effet c'est le cas. Encore une fois, on s'y croirait, dans cette foule des boulevards parisiens où dans cette affluence d'une salle des ventes , où le seul moment où l'on peut bouger est à la fin d'une vente.
La troisième nouvelle raconte la vie d'une servante, d'origine paysanne , qui atterrit dans le milieu bourgeois viennois. C'est sans doute celle qui se rapproche le plus d'autres oeuvres de cet auteur que j'ai lu, où les personnages jouent leur rôle à l'extrême , sans se laisser influencer par les circonstances extérieures. Toujours cette promiscuité de personnages tellement différents et ces trajectoires que l'auteur se plaît à mêler .

Les trois nouvelles , plus brèves, m'ont moins enthousiasmées et je ne m'épancherai pas dessus.

Le maître est ici encore au paroxysme de son talent, dans son art de faire vivre ses personnages , de les imprimer sur notre rétine. Ses textes n'ont pas vieilli et sont d'une richesse remarquable.
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Une femme descend subrepticement de l'appartement de son amant, angoissée et vigilante, mais au moment de quitter l'immeuble, une voix populacière l'apostrophe et lui cherche querelle...
Inès, épouse assoupie dans la quiétude d'un mariage bourgeois sans trouble ni heurt, mais au fond troublée par ce contentement bénin, et en attente d'une vie sentimentale plus haute et passionnée, est devenue, comme malgré elle, la maîtresse d'un petit pianiste sans envergure, séduite par la perspective de pénétrer dans le monde un peu bohème de l'artiste, et assez vaniteuse de s'arroger une certaine liberté face aux exigences de son milieu. Mais tout bascule dès la scène liminaire de la nouvelle, lorsqu'elle tombe nez à nez avec la maîtresse précédente de son amant, apparition qui prend très vite l'allure d'une relation de chantage fort inquiétante. Notre héroïne de nature plutôt froide, mesquine, voire calculatrice, connaîtra toutes les manifestations psychiques et physique de la peur, et les différentes manifestations de cette passion guident toute la trame du récit . Ayant cédée au chantage, et se voyant à la merci d'une vile extorqueuse, elle se cloître, mais cet enfermement volontaire lui fait porter un regard neuf sur son entourage et son environnement, elle prend conscience de toute l'inanité de sa vie mondaine qui l'a rendue étrangère à son foyer. de par la fausseté de sa situation, elle en vient à douter du regard et de l'attitude d'autrui, empoisonnée qu'est sa vie par la suspicion et la crainte; elle ne se sent en paix relative ni chez elle, ni dans la rue, seulement dans un monde médian : chez des amis ou dans une voiture. Néanmoins, cette situation extrême de tension deviendra aussi l'occasion d'une redistribution des valeurs, et d'un regard d'espoir porté sur la perspective d'une vie plus haute et plus vraie. Mais le chasseur ne lâche pas sa proie si aisément, tout semble précipiter cette histoire vers un dénouement tragique ou dans la folie, on voudrait s'écrier : attention! N'acculez pas une femme au désespoir!

Ce récit d'une acuité psychologique inouïe est conduite avec brio dans son analyse d'une passion destructrice : la tension y monde crescendo. Au suspens continuel et grandissant de cette nouvelle un nom monte irrésistiblement aux lèvres... Hitchcock !
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Zweig est un disséqueur d'âmes. Son génie tient dans le fait que sa plume, son seul outil, nous triture, nous renverse, chaque mot est pesé, analysé pour être enfin mis sur le papier.

Une femme remplie de culpabilité et morte de frousse à l'idée que son mari découvre sa liaison avec un musicien.
Un homme observe l'étrange manège d'un pickpocket, le suivant à distance et admirant cet art si particulier.
Une cuisinière laide et austère s'éprend de son maître, loyale, tel un chien devant son propriétaire, jusqu'à commettre l'irréparable.
La canicule écrase la ville, la pluie se fait attendre, une rencontre furtive avec une jeune femme va ébranler le narrateur.
Un bouquiniste qui connaît l'intégralité des titres, les prix, les références, meilleur qu'un moteur de recherche, va être soumis aux dures lois de la seconde guerre mondiale.
Et enfin, il y a ce vieux collectionneur et son étrange collection, certes invisible pour ses yeux, mais non pas pour son coeur.
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Irène, une jeune femme bourgeoise mariée et mère de deux enfants, a une aventure avec un pianiste. Un jour en sortant de chez son amant elle est confrontée à l'amie de celui-ci-. La peur née de la culpabilité de l'adultère va dès lors se doubler de la peur d'être identifiée par celle qui l'a surprise. Un sentiment qui en côtoie un autre : une joie juvénile de se sentir ainsi désirée lorsqu'elle veut rompre avec son jeune amant, mais aussi la terreur de tout perdre qui finit par prenne le pas quand la femme trompée commence à la faire chanter. Face à son époux avocat, Irène ne sait plus comment se comporter, perd pied. Elle n'ose avouer son adultère et la tension que du maître-chanteur lui impose, la peur de perdre sa famille étant encore plus grande des conséquences que pourrait avoir l'aveu. Jusqu'au climax d'un final surprenant.

Stefan Zweig excelle à disséquer l'âme humaine. Dans cette nouvelle il part d'un évènement simple, banal et montre l'évolution de la tension. L'action, racontée par le regard de la femme, se fait angoissante. le rythme du récit suit les montagnes russes émotionnelles de personnage principal. L'auteur démontre avec habileté et un grand sens de la psychologie comment la peur présente au départ d'une manière presque anodine devient un sentiment écrasant, perturbant le comportement de celle qui la ressent. Il déroule tous les ressorts de la culpabilité, de la honte qui alimentent la peur de cette femme adultère qui plus que tout a peur de perdre sa vie qui finalement la rendait si heureuse, pour un amant qu'elle n'a pas vraiment choisi par amour mais plus accepté par nonchalance et par divertissement. La peur s'infiltre dans son quotidien, dans sa conscience, et fait de sa vie un enfer dans lequel elle s'enfonce plus profondément jour après jour. L'auteur décrit non seulement les tourments intérieurs mais également les réponses du corps.

Une nouvelle certes, mais qui a tout d'un roman tellement le récit psychologique est riche et la progression de l'histoire bien amenée. Et toujours le plaisir de la plume de Stefan Zweig !
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"Le seul moyen de se débarrasser d'une tentation est d'y céder',(Oscar Wilde)

Publiée pour la première fois en 1920 à Berlin, "La Peur " est une nouvelle qui incarne avec brio la maîtrise psychologique de Stefan Zweig. Traduite par Alzir Hella et éditée par Grasset en 1935, cette oeuvre est un joyau de la littérature qui explore les abysses de l'anxiété humaine avec une précision chirurgicale.

La nouvelle nous plonge dans le quotidien d'Irène, une femme de la bourgeoisie viennoise, qui se trouve piégée dans les filets de l'infidélité et du chantage. Zweig, avec une acuité psychologique inégalée, dépeint la descente aux enfers d'Irène, où chaque battement de coeur est un écho de sa peur grandissante.

La citation en exergue attribuée à Oscar Wilde, résonne parfaitement avec le dilemme d'Irène. Cette phrase illustre la lutte intérieure entre la morale et le désir, un thème central de la nouvelle.

Zweig, connu pour son habileté à disséquer l'âme humaine, excelle dans l'art de capturer l'essence des 'petites choses', ces détails infimes qui composent la psyché. 'La Peur' est un exemple éclatant de sa capacité à étudier l'être humain, révélant les nuances de la psychologie avec une finesse rare.

Bonne lecture.

Michel
Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Magistral ! L'intrigue se met en place lentement mais sûrement, et Zweig parvient à nous faire ressentir chaque secousse, chaque nuance de la palette des émotions humaines. Au départ, l'héroïne ne paraît pas spécialement sympathique vu le mépris hautain qu'elle peut avoir vis-à-vis des personnes plus défavorisées qu'elle, vu sa superficialité et son désir de séduire par plaisir d'en être flattée mais sans vraiment aimer en retour. Puis peu à peu, avec son forfait et sa peur grimpante que son mari s'en aperçoive, sa mentalité change, lorsqu'on connaît la souffrance, l'on comprend mieux celles des autres, l'on devient plus empathique, moins suffisant. Et là, elle devient attachante, l'on s'en trouve encore plus embarqué dans l'histoire. Et son mari est aussi très bien approfondi, et pour cela nul besoin de longs développements fastidieux pour l'auteur.
J'avais deviné la fin avant le dénouement par contre, ce qui constitue pour moi le petit défaut de cette nouvelle, mais pour le reste, c'est vraiment réussi !
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La Peur est une série de six nouvelles, tellement achevées qu'elle m'a donné l'envie de passer le reste de ma vie à lire tous les écrits de Stefan Zweig. Oui assurément, c'est le plus grand écrivain mondial. Celui qui reproduit les états d'âme et les pensées secrètes dans une précision des mots qui touche au sublime. J'ai été touché au coeur par la pureté de sa langue, le caractère millimétré de ses intentions, l'éclat de mots inattendus qui s'insèrent parfaitement dans l'intrigue, des entre chocs sémantiques qui vous campent une situation plus vraie que nature. Zweig est l'ambassadeur unique de l'intime, du fugace, de l'instantané...

Les six histoires sont de qualité égale. Mais deux récits m'ont totalement captivé. Celle de l'attente anxieuse d'un orage pendant un soir caniculaire d'été. Une pure merveille. La terre, le ciel, les plantes, les bêtes, les hommes ont soif et attendent d'être libérés de la fournaise. L'humanité, incarnée par un homme dans un hôtel de villégiature de luxe, se dissout totalement dans la chaleur. Comme la nature, l'homme n'est plus mu que par son instinct, par une énergie vitale qui s'épuise dans l'attente du ciel et de son averse espérée. La montée de sève est trompée par une libération qui ne vient pas. Cet homme dans la force de l'âge laisse vagabonder ses sens, et se met à fantasmer sur une jeune fille à la table voisine. Tout le récit n'est qu'une tension, une crispation, une peur que l'espéré reste une quête vaine. C'est une autre version de "Mort à Venise" dans la campagne autrichienne. Pas plus que chez Thomas Mann, l'homme ne maitrise rien. Il n'est qu'une brindille secouée par les éléments. Juste un constituant de la nature qui attend la pluie.

L'autre récit est tout aussi envoûtant. L'histoire d'une fille de rien, orpheline disgracieuse, que le destin cantonne à être domestique. Une fille renfermée dans sa solitude et son inculture qui ne trouve la grâce que dans l'abrutissement dans les tâches ménagères. Une pauvre hère qui croît voir un coin de ciel bleu dans la satisfaction de son maître. Elle lui voue une fidélité sans bornes, allant jusqu'à commettre pour lui un acte libérateur. Mais elle fait peur par son adoration rustre d'animal de compagnie quêtant en permanence une reconnaissance, un sourire, une caresse. La chute sera brutale...

Dans ce phénomène de peur qui est le lien entre les récits, Zweig montre que la peur fait retrouver des instincts primaires. Soumis à la pression des événements, l'homme n'est plus que nature ou animal. Les acquis de la civilisation ne sont qu'illusion. La peur se montre aussi révélateur de vérité, comme dans le premier récit d'une femme adultère soumis à maître-chanteur. Un récit âpre, tendu; l'histoire de cette femme dans une seringue affective est crispante. Les mots sont tellement au service de l'histoire que le lecteur est presque indisposé à poursuivre sa lecture. Il souffre pour elle.
Surtout, cette femme apprend de la peur que sa vie n'était qu'illusion, routine et méconnaissance de son entourage le plus proche. Une grande leçon de vie... Oui assurément, Zweig est le plus grand....
Lien : http://calembredaines.fr
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Je suis content de l'avoir aimé ! J'avais adoré sa plume dans Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme mais pas tellement le roman, ici j'ai tout aimé. Quel auteur ! Quel plaisir de lire non pas une mais six nouvelles. La Peur reste la plus marquante, j'ai aussi beaucoup apprécié le bouquiniste Mendel et La collection invisible, toutes sont bonnes cela dit.
Zweig arrive à faire passer tellement en si peu de mot, passer du courage à la peur qui tétanise, il fait preuve de psychologie dans son écriture de personnage, et l'analyse en tant que lecteur est intuitive. Etonnant de facilité et de complexité.

Oui c'est un coup de coeur, j'avais été un peu déçu de ne pas apprécier ma première lecture de ce grand auteur, alors maintenant que c'est fait, je vais le recommander à tout le monde !
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C'est un talent très particulier que celui de Stephan Zweig, de décrire si justement, en quelques dizaines de page, un sentiment aussi profond et dévastateur que celui de la peur.
Comme le peintre qui en quelques coups de pinceau fait émerger un paysage, un personnage, une ambiance.
Il en décrit les effets physiques, cette vitrification du souffle et de la pensée, la panique des sens.
Mais aussi, et peut-être surtout, le désespoir qui en est à la fois la cause et la conséquence, ce sentiment d'avoir brisé tout avenir, d'être tombé au fond d'un gouffre sans perspective de retour .. le caractère implacable de la flèche du temps.
Il en reste cependant une perspective, celle de reconstruire, peut-être plus fortement, sur ce champs de ruine, une vie nouvelle.
La peur et le désespoir, un peu comme une révélation de soi.
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Dans ce recueil de nouvelles de Stefan Zweig intitulé « La Peur », seules les deux premières y font référence. Les autres nouvelles nous rapportent des tranches de vie, des épisodes du quotidien, un peu moins intéressants mais toujours très bien écrits.
Quant au premier récit, il relate la peur d'une gentille et honnête jeune femme qui a commis l'erreur par ennui, de tromper son mari. Malheureusement, elle se retrouve confrontée à un corbeau qui va la faire chanter. L'auteur nous décrit avec art et subtilité toutes les peurs qu'elle va endurer depuis la crainte jusqu'à l'épouvante en passant par l'angoisse, l'effroi, la terreur…
Stefan Zweig nous délivre également quelques propos philosophiques sur le thème de la culpabilité.

Lien : https://memoiredeliseuse.odo..
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