Irene Wagner est une femme de trente ans qui mène une vie de grande bourgeoise dans la Vienne de la double monarchie, celle de
Schnitzler,
Freud, Kraus et Hofmannsthal.
Entre les bals, les théâtres et les soirées mondaines, cette épouse de grand magistrat est autant à l'abri des soucis que des émotions, lorsqu'un jour elle cède, moins par vrai désir que pour échapper à l'ennui, aux avances d'un jeune pianiste.
Cet amant est vite intégré dans l'ordre de sa vie à l'instar de ses visites à sa couturière jusqu'à ce que son secret soit découvert par une autre femme qui la découvre sortant de l'immeuble de son amant, la poursuit et la soumet au chantage.
Entre l'angoisse de tout perdre et l'impossibilité de tout dire,
la peur s'installe, vertigineuse. La seule échappatoire d'Irène : payer encore et toujours ou tout révéler à son époux.
Publié pour la première fois en 1920, Stefan Zeig a écrit
La peur entre févier et avril 1913. L'excellente collection Pavillons Poche de Robert Laffont nous propose une nouvelle traduction inédite en poche, par souci à la fois de modernisation et de fidélité à la version originale.
L'immense auteur autrichien nous trace ici le portrait d'une femme adultère, prise au piège de sa condition sociale. Cette femme de magistrat choyée par sa famille et vivant un mariage bourgeois depuis maintenant 8 ans, vit une véritable descente aux enfers depuis qu'une maître-chanteuse la menace de raconter ses incartades à son époux.
Racontée sur un mode de quasi-thriller psychologique, comme le dit si bien
Jörg Stickan dans sa passionnante préface que je vous conseille de lire ensuite et non pas avant car elle est tout de même spoilante, cette longue nouvelle se révèle addictive de bout en bout.
Fondée sur la montée de l'angoisse éprouvée par Irène, cette nouvelle épurée, diablement efficace et noire comme savent l'être les meilleurs thrillers psychologiques de notre époque, est très moderne dans sa narration et m'a beaucoup surprise. Je ne m'attendais en effet pas à une histoire aussi angoissante et cela m'a beaucoup plu.
Stefan Zweig fait monter la pression et nous soumet, avec Irène dont on est en empathie totale même si on réprouve l'adultère, à une tension permanente, jusqu'au point final même si j'avais deviné assez rapidement la personne qui resserrait l'étau autour d'Irène et mettait au comble de l'angoisse la jeune femme. le dénouement ne m'a donc pas surprise, c'est mon petit bémol.
Ceci mis à part,
La peur est une nouvelle magistrale portée par une plume ciselée, qui sonde l'âme humaine et que je vous incite à découvrir à votre tour.
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