Plusieurs officiers des gardes sortaient des régiments, et ceux-là savaient leur affaire ; mais les feuilletés de 1814, les petits ultras nés sous-lieutenant, loin de racheter les grâces royales par une application quotidienne, allumaient leurs lampes à frisures avec les pages de la théorie et dédaignaient de s'astreindre à tout travail de soldat.
Aussi fallait-il les voir, les entendre. Il arrivait dans ces exercices que les commandants de peloton, ne sachant pas ce qu'ils avaient à faire, marchaient sur l'indication des hommes qu'ils devaient guider.
Leurs franchises soudardes cachaient un délicieux trouble de cœur ; et c'était en même temps qu'un regret une espérance. Ces grosses forces inutilisées par l'époque s'humiliaient en attendrissements enfantins devant une chose invisible et pourtant réelle, un fantôme disparu partout présent qui revivait, au gré de l'imagination, de sa poussière lointaine, et qu'ils nommaient tour à tour : Il, Lui, l'Enfonceur, la Victoire, le Tondu, le Caporal, la Violette, l'amante, la maman, le monde, Dieu, l'EMPEREUR ! Quand on en parlait, tous se levaient.
Qu'était-ce que ce Major ?
A la fois un soldat, une mère, un fou. Il y a des hommes dont on pourrait peindre avec ces seuls mots le corps, le cœur et la tête.