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EAN : 9782714480972
144 pages
Belfond (07/02/2019)
3.56/5   27 notes
Résumé :
Paul est un garçon fugueur. Dans sa ville au bord de la mer affluent des hommes qui espèrent franchir la frontière. Avec eux, Paul a trouvé son combat. Une camionnette, des affiches à coller la nuit en catimini. L’ordre aux habitants de ne plus tirer les rideaux sur ceux qui rôdent sous leurs fenêtres. Un jour, Paul disparaît définitivement. Louise se tient debout dans le cercle. Ses mots éclatent : « Mon fils est mort. Il avait vingt-sept ans. » Louise cherche un c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 27 notes
Elle s'appelle Louise. Elle a cinquante-six ans. Elle est veuve. Son fils s'appelle Paul.
Louise et Paul sont éloignés, distants, incompris. Paul fugue de plus en plus souvent. Il vole des boîtes de conserve, les bijoux de sa mère. Il va sur la plage, là où des migrants veulent rejoindre l'Angleterre.
Louise ne comprend pas.
Paul finit par fuguer et par ne plus revenir.
Louise est en colère, haineuse, mal à l'aise.

Et moi avec tout ça, je suis mal aussi car je ne sais pas au fond où voulait m'emmener Laure Naimski. Je n'ai pas saisi le fil, je n'ai pas compris ni Louise ni Paul. C'est rempli de métaphores mais à trop imager l'histoire, j'ai fini par m'y perdre totalement. Les personnages manquent de relief, qui sont-ils, d'où viennent-ils, où vont-ils, je n'en ai aucune idée. Un roman puzzle qui oblige le lecteur à une sérieuse attention et réflexion pour assembler les pièces. Trop dispersé pour moi.
Alors que l'écriture n'est pas dénuée d'intérêt ni de charme, la forme prime sur le fond qui lui, ne suit pas.

Merci tout de même à Babelio et les éditions Belfond pour l'envoi de ce roman lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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Un portrait de femme émouvant et troublant. J'ai beaucoup aimé.

Louise, enfant mal aimée "Pleure, ma fille, tu pisseras moins.", devient une adulte fragile, peu sûre d'elle, habituée à obéir, elle subit plutôt qu'elle ne vit. Elle n'a qu'un enfant, un seul, elle l'a voulu ainsi. Elle l'aime, mal, mais elle l'aime son Paul. Pour Paul elle est prête à tout comme seule une mère peut l'être. le problème c'est qu'avec elle rien n'est simple. Quand un parent se doit d'être le port d'attache de son enfant, Louise, elle, n'a pas les armes qu'il faut, elle ne peut rien contre la dérive de son enfant, elle jette des bouteilles à la mer après les avoir bues au goulot et oublie d'y glisser un message.

C'est elle qui nous parle dans ce roman, elle se raconte, elle, sa blessure, immense, béante. Il lui faut remplir ce vide, elle le remplira par la haine. La haine pure et dure qui cherche une proie pour déferler et dévaster. La haine qui mène aux confins de soi, là où on peut tout perdre, âme et raison.

L'écriture de Laure Naimski n'est pas toujours facile, tout est suggéré, mais c'est justement ce qui m'a plu car sa façon d'écrire nous permet d'appréhender à merveille l'état d'esprit de cette mère qui marche toujours à côté de ses chaussures. Elle nous propose une héroïne hors normes. On ne parvient pas à éprouver de l'empathie pour elle et pourtant on ne parvient pas à la détester non plus.

Bien mieux que ça, grâce à Laure Naimski, on réussit à comprendre Louise et à ne pas la juger. Car dans un monde aussi dur, on peut être quelqu'un de bien et malgré tout faillir, déraper. Quand la vie nous malmène et nous fracasse, on peut haïr n'importe qui pourvu qu'on trouve un responsable à son destin.

Laure Naimski ne nous donne pas de leçons, elle nous dresse le portrait d'un être humain, ni tout à fait bon, ni tout à fait mauvais, simplement faillible et finalement bouleversant dans son imperfection.

Merci à Babelio et aux Éditions Belfond pour cette belle découverte.
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Le ton est mélancolique et cette femme qui raconte, est malade. On la soigne. Elle est dans un groupe de parole. Elle s'appelle Louise, a 56 ans et son fils, Paul, est mort à 26 ans. Ses cendres sont dans le salon. Malgré la loi qui l'interdit, Louise conserve l'urne chez elle alors qu'elle est rongée par cette disparition qui a suivi de quelques années celle d'Aurélien, son mari : « J'ai davantage pleuré Paul que mon mari. Est-ce que ce sont des choses qu'on dit ? ».
Roman déconcertant à plus d'un titre, La guerre en soi emmène le lecteur sur des terres fangeuses, des sables mouvants dans lesquels il est facile de se laisser prendre en perdant toute humanité. Peut-être que Laure Naimski nous transmet ce que ressentent beaucoup d'habitants de cette zone bordant la Manche, zone où se retrouvent hommes, femmes, enfants ayant survécu à tant de risques, de dangers et de souffrances afin d'atteindre un eldorado bien hypothétique ? Tout cela est forcément très dérangeant.
Entre confidences au psychologue et récit de Louise, c'est toute une vie qui défile, vie qui met aussi très mal à l'aise dans la relation avec sa mère qui n'en finit plus de mourir et qui se cramponne à sa fille.
Elle nous entraîne aussi dans Paris à la recherche de ce fils disparu et de ceux qui l'ont tué car Paul, après avoir assisté les migrants, a fui dans la capitale pour vivre dans la rue. Une immense tristesse émane de ce roman qui transcrit bien la dépression d'une mère prête à tout pour son fils mais qui échoue sur tous les plans.
Bien écrit, le style de Laure Naimski est original, très personnel et se trouve complètement en phase avec le thème de ce livre que j'ai pu découvrir grâce à Babelio et aux éditions Belfond que je remercie
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« Ce sont les hommes qui fuient la guerre et la misère qui ont pris mon fils », cette phrase accroche, imprimée au dos du bandeau qui entoure le livre La guerre en soi de Laure Naimski, reflète bien la pensée omniprésente ancrée dans la tête de Louise.
Dès le début du roman, un homme en blouse blanche tente d'inciter Louise à se confier, et rapidement, celle-ci va révéler : « Mon fils est mort. »… « Il avait vingt-sept ans, bientôt vingt-huit. »
Au fil des pages, on en apprendra un peu plus sur cette femme de cinquante-six ans, veuve depuis dix ans, qui est la narratrice. Elle va nous parler de son enfance, de son frère Matthieu qui sera à la fin son seul soutien, de sa vie familiale aussi. Mais de façon récurrente, c'est de son fils Paul, son fils chéri à qui elle a toujours voué un immense amour au point d'avorter pour se consacrer à lui seul, qu'elle va parler.
Petit à petit, cet enfant devenu adolescent va s'éloigner d'elle, faire des fugues et elle comprendra qu'il aide les réfugiés et voue toute son énergie à les aider à tenter de franchir la mer pour rejoindre l'Angleterre. Pour elle, aucune compassion n'est possible pour ces pauvres hères.
Et même, une haine de l'autre, de l'étranger, va s'installer car c'est bien l'autre, l'étranger qui lui prend son fils, le désespoir la gagne et même la folie lorsqu'elle apprend la mort de son fils par l'appel téléphonique d'un policier lui disant qu'il reste peu de choses et que ce qu'il y a est noir de suie, elle n'aura plus qu'un seul but : retrouver le coupable et pour cela, elle va errer sans fin.
Dans ce roman, Laure Naimski nous parle de l'impossibilité parfois à communiquer et de l'incompréhension entre les êtres qui peut ensuite en découler. C'est également un grand roman sur la solitude, un roman douloureux où le désespoir, dans des chapitres courts, des phrases concises, des mots incisifs, est très bien décrit : une écriture chargée d'émotions pour un petit livre de 136 pages.
Merci à Babelio et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir cette auteure.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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L'accueil citoyen est un des défis majeurs du XXIe siècle . Laure Naimski l'aborde dans son second roman « La guerre en soi ». Un intéressant regard de l'autrice sur le vide, la colère, la déraison que peut provoquer la perte d'un enfant. Et quand je parle de déraison, c'est l'attribution causale à laquelle Louise, l'antihéroïne de ce roman, se rattache pour expliquer sa vie. En ligne de mire, le divorce entre la France et ses migrants … mais aussi entre n'importe qui, de n'importe quel pays, de n'importe quelle époque et les rejetés-défavorisés-mal aimés-refoulés du moment. Un livre fort!

Louise est assise au sein du cercle des boit-sans-soif, cherchant à se libérer de ce poids du vide. Docile, absente, prisonnière de ses pensées, elle répond aux blouses blanches qui la questionne, voulant sans cesse qu'elle explique ce qu'elle vient de dire. Eux, les spécialistes qui se cachent dans ces blouses blanches, ils se gardent bien d'expliquer… ils notent, ils notent. Et ils gardent bien leurs interprétations pour eux.

En fait, Louise n'attend rien de ces séances. Depuis longtemps, elle est morte à l'intérieur. Comme son fils. Il est mort. Ce sont eux qui l'ont tué. Eux, c'est qui? Peu importe, c'est eux. Il faut bien des coupables, non?

La colère remplit le vide. La déraison nourrit la colère. C'est juste. Juste comme cela que ça doit être. Pour que la vie continue. Eux, ce sont les migrants. Ils n'en savent rien. Mais c'est eux. Ils lui ont pris son fils. Pourquoi son fils a-t-il voulu les aider? Parce qu'ils l'ont pris. Si ce n'est pas eux, c'est qui? Pas elle, tout de même. Il faudrait alors qu'elle se confronte à la mère qui n'a pas été à la hauteur. Impossible d'imaginer cette piste. Une mère qui n'existe plus que pour la recherche de son fils ne peut accepter l'idée qu'elle doit d'abord se trouver elle-même! Et s'adjoindre l'alcool pour compagnon de quête n'est sans doute pas la meilleure idée. Elle n'en a pas d'autre.

Cette tragique histoire d'une attribution causale épidermique trouve un terrain propice dans l'écriture de Laure Naimski. Hachée, incisive, emportant tout dans des phrases aux structures basiques, sans nuances, pleine de la réalité désespérante vécue par Louise. L'adéquation entre le thème, son traitement et l'écriture est puissante, efficace. le débit des idées, ‘hoqueteux‘ et réservé à souhait est en symbiose avec le processus du cercle thérapeutique.

Si, au début, le lecteur peut être quelque peu déconcerté par le style de l'autrice, il comprend très vite que l'écriture est découpée, non décousue. Tout se tient. Et pourtant, rien n'est scellé. Elle a choisi une tête expiatoire… Ira-t-elle jusqu'au bout? La fin, en elle-même, est une perle. le procédé est connu, laisser le soin au lecteur de deviner la suite du récit au-delà du point final… Mais il est tellement juste, dans ce cas. La colère peut-elle tomber? Un soleil, un sourire peuvent-ils renverser une vie déjà à terre? …

A vous de lire et de vous en faire une idée!

Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour leur confiance.


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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Des hommes, en uniforme ceux-là, les encerclent autour du parc en face de la mairie. L'évacuation intervient dans la soirée. Paul va nous revenir, même déçu. Il n'a pas le choix. Sa nouvelle famille est en voie d'extinction. Les forces de l'ordre poussent dans le dos, donnent des coups de pieds dans les tibias pour que ça accélère, des coups de matraque sur les épaules, aspergent de gaz lacrymogène les plus récalcitrants, aspergent d'essence les effets personnels, font aboyer les chiens. Il ne faut que quelques minutes pour croire qu'il ne reste plus aucune trace.
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On ne peut rien contre l’espoir. C’est plus fort que tout. Ils en débordent. Ils n’ont plus que ça. Et ça les tient debout, plus sûrement que s’ils devaient se hisser sur la pointe des pieds, bras et muscles du dos tendus à se rompre pour décrocher d’un arbre un fruit inaccessible.
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Il y a des choses dont je vais parler. Mais avec prudence. Parce que chaque mot en libère un autre. Un mot ne vient jamais seul. Il est poussé par les autres. Et ça fait comme une poche de gaz sur le point d'éclater. On ne sait rien des mots avant de les sentir exploser à la surface de soi.
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Que cette horde de crève-la-faim s’étouffe avec ses coquillettes ! C’est ce qui me vient à l’esprit quand la tête me tourne. J’aime mieux l’ennui à crever de notre cul-de-sac à cette malédiction. Je me fais passer pour une bénévole au grand cœur et je cherche Paul dans les lieux de distribution des repas. Est-ce que mon fils leur prépare à manger ? C’est ce que je soupçonne quand j’ai l’idée d’intégrer une équipe, après avoir menti sur mes motivations à aider mon prochain. Je vais retrouver Paul. J’en suis certaine. J’interroge. Je montre sa photo. J’intègre d’autres équipes, je vais dans d’autres lieux de distribution. En vain.
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Matthieu me ramène chez moi. Que peut-il comprendre à tout ça ? A lui non plus Paul ne donne aucune nouvelle. "Tu es certaine que c'est lui ? Tu as pu te tromper ?" Je ne répond pas. Comme si une mère pouvait ne pas reconnaître la chair de sa chair ?
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