C'est en novice que j'ai abordé
Devenir révolutionnaire. Mes bases en sociologie sont fragiles, je n'ai toujours pas lu Bourdieu et beaucoup de concepts me sont mal connus. Malgré ces lacunes, cet essai m'a semblé accessible et ne m'a pas posé de grosse difficulté de compréhension. le propos de l'auteur y est clair, rarement jargonneux, et les concepts convoqués le sont de telle sorte qu'on s'y retrouve sans souci.
J'avais un intérêt pour le sujet, pour avoir entendu parler du mouvement autonome sans bien savoir ce que ça recouvrait, et j'étais aussi curieuse voire perplexe devant la couverture médiatique de certaines expressions de ce mouvement. Merci à NetGalley et aux éditions La Découverte de m'avoir donné l'opportunité de me pencher sur les origines de cette forme d'engagement politique.
Pour remonter à ces origines, le sociologue part des récits de militant-e-s rencontré-e-s à la Kuizine, un squat autonome de l'est parisien. A travers les entretiens menés, l'essai retrace leur trajectoire, de leur enfance jusqu'à leur vie actuelle. L'étude de leur « sociogenèse » tend à relever dans l'enfance, la famille, la scolarité et le début de la vie d'adulte de ces différents individus ce qui a pu déterminer les formes de leur engagement. Avant d'aborder le parcours des militant-e-s à proprement parler, C. Robineau offre une définition du mouvement autonome en rappelant son historique en France, en Italie et en Allemagne. Cet historique m'a permis de rentrer plus facilement dans la lecture, en me donnant les bases qui me manquaient.
La progression de l'essai est ensuite logique et facile à suivre, puisqu'elle suit les militant-e-s depuis le cadre familial jusqu'à l'heure aujourd'hui. Par moments, je me suis laissée porter en lisant les témoignages, le sociologue s'effaçant au profit du discours des enquêté-e-s. Dans ces récits de vie rapportés, on suit le cheminement et les déductions sans peine et sans qu'ils semblent forcés pour coller à une hypothèse de départ.
J'ai terminé cette lecture en ayant le sentiment d'avoir appris pas mal de choses sans pour autant avoir la tête farcie d'informations. Apprendre à connaître les enquêté-e-s et leurs parcours m'a permis de démystifier l'image des militant-e-s autonomes que les média en donnent.
Ce qui m'a semblé intéressant aussi, c'est la façon dont le sociologue s'est visiblement fait une place parmi les militant-e-s autonomes pour recueillir une parole authentique. En s'y intégrant, et sans pour autant le dépeindre comme idéal, C. Robineau suscite la curiosité pour ce milieu et cette forme d'enragement total.
Je recommande cet essai pour les personnes qui, comme moi, auraient un intérêt un peu timide pour la question. J'ai conscience que je manque d'outils pour en avoir une lecture aussi riche que des féru-e-s de sociologie pourraient en avoir, mais à mon échelle, c'était une lecture enrichissante. Je compte bien sur les sources très documentées de cet essai pour creuser davantage le sujet à l'avenir.