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EAN : 9782258109490
272 pages
Presses de la Cité (21/08/2014)
3.85/5   46 notes
Résumé :
Berlin, 1930. L'Allemagne est en pleine dépression économique et sociale. A la suite de la Première Guerre mondiale, des milliers de jeunes se sont retrouvés à la rue. Tous ont vécu la même injustice. Tous ont les mêmes ennemis : le froid, la faim, la police. La maladie souvent. Ensemble cependant ils sont plus forts. Ils sont frères de sang.
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Nous voici en Allemagne en 1930.
Au coeur des rues de Berlin et d'autres grandes villes allemandes vivent des milliers de jeunes qui n'ont plus de toit.
Beaucoup se sont retrouvés à la rue: orphelins, abandonnés ou fugueurs en pleine dépression économique et sociale .
Pour un certain nombre d'entre eux, la première guerre mondiale a détruit leurs familles..
D'autres ont fui les établissements de l'Assistance Publique oú ils étaient exposés aux représailles d'un système éducatif qui les brutalisait physiquement et psychologiquement au lieu de les aider et de s'intéresser à eux.
Lorsqu'ils réussissaient à s'enfuir, ils tentaient de travailler comme garçons de courses ou journaliers.
Parfois, ils sombraient dans la prostitution ou la criminalité poussés par la faim ou le désespoir.
Regroupés en bandes, ils trouvaient un peu de solidarité, de chaleur et de sécurité toute relative........
Tous ont vécu les mêmes injustices et ont les mêmes ennemis : le froid, la crasse, la faim, la police, la maladie souvent.........
Mais ensemble ils sont plus forts : frères de sang comme Jonny et sa bande, Fred; Ludwig, Walter et les autres, huit gamins âgés de seize à dix-huit ou vingt ans dont on suit le quotidien ........
Un quotidien sombre , dangereux, misérable, naïf, désespéré souvent mais" Unis " comme un seul homme avec courage dans l'adversité , une fraternité incroyable et une amitié sans failles !
Nous les suivons avec passion et attention car le sujet est traité avec lucidité, franchise, sincérité et compassion, sans misérabilisme........
L'auteur accompagne ses personnages dans les lieux les plus misérables du Berlin de l'époque , de la cour de l'usine au bistrot où l'on cuisine, danse et s'enivre au son d'une musique tapageuse diffusée par des hauts parleurs, une sorte de chez soi pour ceux qui n'en ont pas..
De l'auberge la moins chère oú l'on dort pour cinquante pfennigs, au hangar à l'hébergement bon marché sur la paille où il fait très froid.......au foyer éducatif où gifles , punitions , menaces pleuvent : lieu de révoltes silencieuses et de fugues, au tribunal et à la prison.......
Une histoire émouvante, passionnante de bout en bout, cruciale et cruelle, sombre, une réalité sociale terrible, la vision d'une espèce de labyrinthe souterrain de la grande ville .
Elle nous montre quel fut le sort d'innombrables jeunes gens qui essayèrent de survivre dans l'entre deux guerres , avant l'horreur et l'arbitraire qui sévirent en Allemagne juste après........
Ce livre fait penser à la période actuelle "toutes proportions gardées " .
Ces temps de crises multiples qui rétrécissent nécessairement les coeurs et cèdent à la peur de l'autre !!
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Immense succès en Allemagne lors de sa parution en 1932 puis interdit et brûlé en place publique par le régime Nazi , ce livre fut réédité il y a une douzaine d'année .
Si la grande détresse économique allemande de cette époque a favorisé l'arrivée du nazisme , les dindons de la farce furent comme de tout temps les plus atteints par la misère . Si cela servait de leçon , nous ne craindrions pas l'actuelle montée de l'extrême droite en Europe .
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Livre très agréable à lire sur une page de la petite histoire dans les principales villes d'Allemagne dans les années 30 où survivent des adolescents pour la plupart enfuient de l'assistance publique au système répressif.
Une survie individuelle plus difficile d'où le phénomène de bandes où ils trouvent la sécurité et de quoi manger.Survivre grâce au vol et à la prostitution, mais libres.
La possibilité de s'en sortir honnêtement est très rare mais possible.
L'auteur, journaliste et sans doute aussi travailleur social, nous invite à découvrir le quotidien de ces jeunes dans un style vivant, fluide et avec compassion.
Le livre subit l'autodafé du régime nazi et la trace de son auteur disparait aussi.La réédition de l'ouvrage par l'éditeur allemand Peter Graf est une aubaine alors ich danke Ihnen dafür herr Graf.Celui-ci écrit dans sa préface "son roman, quand on le lit aujourd'hui, est un plaidoyer à la fois humain et très actuel, qui nous invite à porter notre regard sur le sort de l'individu au lieu de céder à la peur ambiante, qui rétrécit nécessairement les coeurs.Voilà ce qui rend sa lecture si importante à mes yeux".
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La misère décrite sans jugement. Celle de jeunes entre 16 et 20 ans abandonnés à eux même dans le Berlin des années 30. Avec pour tout avenir les expédients, simplement pour survivre, et la peur des administrations censées les protéger. C'était en 1930 à Berlin, mais qui peut prétendre que ce n'est pas aussi en 2016, quelque part ailleurs dans le monde. Ce roman, presqu'un document est daté mais interpelle malheureusement toujours. La lecture aisée et agréable, les personnages attachants, le contexte historique et les réflexions suscitées justifiaient pleinement la réédition de ce livre.
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Je conseille ce livre pour tous ceux qui n'ont pas l'esprit obtus, qui ne vont pas juger ces juges, qui s'intéressent un tant soit peu à l'histoire allemande, avant la Seconde Guerre Mondiale, qui aiment les livres racontant des tranches de vie sans aucune fioritures. Ce n'est pas un véritable coup de coeur même si je n'ai pas été du tout déçue. On ne peut pas parler de coups de coeur lorsqu'on détaille la vie de personnes qui souffrent, même si c'est très bien écrit, que l'on avale les pages, que l'on ne peut pas laisser tomber l'histoire.

Cela se passe à Berlin, au début des années 30, certes, dans une ville qui compte 6millions d'habitants (qui meurent de faim), mais cela pourrait se passer ailleurs, à Paris notamment, là où il y a de nombreux orphelinats, où ces jeunes de l'Assistance Publique souffrent. Car en définitive, la vie n'est pas rose dans ces institutions. Oui, ils ont un toit, oui, ils ont un couvert (pas top non plus), mais ce qui leur manque le plus, c'est la liberté. Il sont brutalisés psychologiquement et physiquement. Ils doivent se conformer aux règles établies. Difficile dans la rue, c'est vrai, de s'y conformer, lorsque l'on n'a pas les papiers adéquats pour trouver un logement ou tout simplement pour travailler. Malheureusement, avant 21 ans, on appartient toujours à l'Etat. Ces jeunes ont choisi la liberté, la faim, dormir dehors, se retrouver dans des endroits chauds spécialement ouverts le jour. On pourrait penser que ce sont des animaux, ils n'ont pas de vie, ils sont toujours sur le qui-vive. Ils ne respectent pas les prostituées et les femmes en général. La prostitution est un énorme marché. Les prostituées sont très bien encadrées par leur souteneur. La violence est partout et visible.

Ce qui se dégage de ce livre est une belle histoire de fraternité entre ces jeunes qui appartiennent à une bande. Y entrer n'est pas simple. En effet, il faut être sûr qu'un mouchard n'ira pas parler à la police. Ils ont leurs codes. Ne pas être plus de trois. Un chef permettra aux autres de manger, d'avoir des cigarettes, d'avoir également un toit. Ils sont peu à s'interroger d'où vient cet argent qui arrive. Ils sont frères, frères de sang. Ils se soutiennent dans les bons, comme dans les mauvais moments. Ils ne se soulèvent pas contre l'autorité de ce chef, car ils savent que ce sera pire sans lui. On pourrait dire que c'est à la vie, à la mort. Ceux qui partent, les autres pensent qu'ils ont été arrêtés par la police. Berlin est tellement grande qu'ils doivent changer de quartier pour ne pas être retrouvés. Car qu'arrive-t-il à ceux qui ont décidé de partir, d'avoir une vie autre, d'avoir passé un cap supérieur ?

La peur de la police est toujours présente. La peur des autres gangs également. C'est la loi du plus fort qui prime mais tout de même avec un certain respect. La prostitution et la criminalité règnent. D'ailleurs, on peut s'interroger comment ils peuvent tout de même se payer des cigarettes, de l'alcool, des filles (l'auteur nous donne le coût de tout, démontrant qu'ils doivent tout de même faire attention même en ayant un peu d'argent. L'alcool et la cigarette aident à tenir.

Heureusement que ce livre a été réédité. Il nous permet de nous rendre compte de ce qu'a pu être la vie en ce temps-là. D'ailleurs, pourquoi ce livre a-t-il vraiment disparu ? Même pour les autorités de l'époque et future, il ne fallait vraisemblablement pas donner la vérité sur toute cette misère humaine, sur tous ces jeunes abandonnés par leurs parents ou qui avaient choisi de fuir une existence plus ou moins misérable ou qui ne leur correspondait pas. L'auteur ne les juge pas, il informe juste avec des mots vrais. A-t-il fait partie de cette jeunesse ? En effet, il a disparu et aucune nouvelle n'a filtré quant à son avenir.

A méditer, l'Allemagne, en ce temps-là, avait instauré que tous ces habitants étaient égaux. Egaux, oui, mais dans la misère.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Note de l'éditeur Allemand ( 2013) : et surtout , le roman de Haffner nous dit quelque chose sur notre présent . La crise , notamment dans le sud de l'Europe , a depuis longtemps commencé à mordre irrésistiblement sur le quotidien des gens , à déterminer les projets de vie des jeunes . Le taux de chômage élevé des jeunes gens n'est que l'indice d'une réalité sociale qui devient de plus en plus désespérée et dangereuse . Nous sommes sans doute , et c'est heureux , encore bien loin des conditions que décrit Haffner . Cependant son roman , quand on le lit aujourd'hui , est un plaidoyer à la fois humain et très actuel , qui nous invite à porter notre regard sur le sort de l'individu au lieu de céder à la peur ambiante ,qui rétrécit nécessairement les cœurs . Voila ce qui rend sa lecture si importante à mes yeux .
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Berlin, ce Berlin sans limites, impitoyable, on ne peut pas en venir à bout tout seul lorsqu'il s'agit de lui arracher le minimum vital quotidien. Ils ont senti au cours d'innombrables nuits ce que cela veut dire, être seul, déambuler seul dans les rues endormies. Marcher... marcher... Mettre machinalement un pied devant l'autre... un... pied... devant... l'autre... Jusqu'à ce que la machine déclare forfait et qu'on se blottisse sous le porche d'un immeuble.
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Des centaines de milliers de chômeurs se creusent la tête pour trouver un moyen de gagner leur pain, pour arriver à vivre même petitement. Mille nouveaux métiers, pures créations du désespoir font leur apparition. Du vendeur de sticks salés dans les bistrots au loueur de parapluie en cas d'averse soudaine. Du gardien de voiture au naturaliste qui explore les montagnes de détritus entreposés à la périphérie de la grande ville. Une profusion d'idées bizarres, un désir illimité d'activité, un témoignage bouleversant de la volonté de rester honnête malgré les contraintes dues à la nécessité de vivre et de manger (P. 239)
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Le jour est venu. Les rares personnes qui ne font pas encore partie de l'armée des six millions d'affamés se hâtent de rejoindre leur lieu de travail. Surtout pour ne pas arriver en retard. Le chef pourrait être de mauvaise humeur. Les grands magasins, les boutiques ouvrent leurs entrepôts bourrés à craquer. Les vendeurs remontent les volets ouvrants de leurs vitrines où tout est disposé d'une manière si alléchante que les badauds en ont l'eau à la bouche. Mais avoir l'eau à la bouche ne rassasie pas, regarder ne rassasie pas ; l'odeur de la nourriture qui se répand dans la rue par la porte ouverte ne rassasie pas ! Tout cela ne fait que rendre l'affamé encore plus furieux, encore plus enragé du désir de se remplir le ventre du superflu des autres !
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Mais avoir l'eau à la bouche ne rassasie pas, regarder ne rassasie pas, l'odeur de nourriture qui se répand dans la rue par la porte ouverte ne rassasie pas ! Tout cela ne fait que rendre l'affamé encore plus furieux, encore plus enragé du désir de se remplir le ventre du superflu des autres !
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