Brève synthèse sur un lieu qu'on croit connaître et qui se complexifie à mesure qu'on en lit l'histoire et le fonctionnement, ce livre permet de comprendre à quel point le Goulag est au coeur du stalinisme, à quel point le camp de travail structure l'économie et la politique soviétique, à quel point l'aveuglement est total – ou le cynisme – quant à la catastrophe humanitaire que fut l'esclavage – ou le servage ou l'exploitation – de millions de personnes, à quel point les chiffres mentent. L'URSS, un succès industriel ? En apparence. En réalité : la magouille. Staline meurt. le Goulag avec lui mais plus lentement. L'URSS tombe. le communisme échappe aux radars. On oublie le Goulag. Voici un livre utile, une nécessaire piqûre de rappel.
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Ce petit livre constitue une intéressante introduction synthétique sur le sujet, avec une abondante bibliographie pour ceux qui veulent approfondir. N'oublions pas à ce sujet combien de belles âmes de la gauche ont niés l'existence des camps soviétiques et même intenté des procès. Toute ressemblance avec les événements actuels et une certaine religion… Normal, ce sont les mêmes !
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Le Goulag traite ses travailleurs forcés - détenus et exilés - en main-d'oeuvre mobile et corvéable. Camps et villages d'exil sont en mouvement: en fonction des priorités productives, le Goulag déplace d'un lieu à un autre les masses humaines qu'il a sous sa coupe. S'il faut défricher une forêt, exploiter un gisement, construire une usine, une fortification ou un aéroport ou reconstruire une ville, le Goulag affecte au chantier de quelques centaines à quelques milliers de détenus et exilés qui constuiront dans la hâte leurs propres abris et baraques, les bâtiments des gardes, les miradors et barbelés, les routes, etc.
"Goulag" désigne le système de travail pénitentiaire administratré par la police politique sous Staline et ses successeurs, des années 1920 aux années 1960.
De plus, des dizaines de milliers d'enfants sont nés dans les camps du Goulag. Face à leurs décès en masse et à leur désocialisation, le pouvoir stalinien oscilla entre des mesures de punition, assimilant le destin des enfants à ceux de leurs parents, et une volonté de les intégrer à la société socialiste.
Si le Goulag fut une machine à écraser les opposants réels, ou imaginés du régime, il fut aussi un instrument pour soumettre par la terreur la société soviétique et pour réaliser les objectifs d'ordre social et économiquede son projet de modernisation.
Les définitions de ces cibles étaient vagues et souvent secrètes, et les pratiques pénales de la police politique et, dans une moindre mesure, des tribunaux étaient aléatoires.