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Critiques de Platon (313)
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Le banquet

Livre acheté et lu le 29/09/69 .... ça ne nous rajeunit pas !

Pas vraiment de souvenir ... si ce n'est le sentiment qu'il est important de l'avoir lu !

L'édition récente d'un roman graphique cosigné par Coco et Raphaël Enthonen a réveillé ma curiosité. Il me semble judicieux de replonger dans le texte initial avant de découvrir cette BD.



Après la notice sur la vie de Platon, la notice sur le banquet, l'énumération des différents discours avec la mise en avant de leurs points forts :

Discours de Phèdre, "des dieux l'amour est le plus ancien, le plus auguste et le plus capable de rendre l'homme vertueux et heureux durant sa vie et après sa mort."

Discours de Pausanias, "l'amour n'est de soi beau ni laid; il est beau, si l'on aime selon les règles de l'honnêteté; il est laid, si on aime contre ces règles."

Discours d'Éryximaque, "l'artiste doit cultiver l'amour élevé et répudier l'amour vulgaire."

Discours d'Aristophane, "chacun de nous n'est donc qu'une moitié d'homme, et cherche sa moitié."

Discours d'Agathon, "l'amour est .... l'objet de l'admiration et du désir des hommes et des dieux, l'auteur de tout plaisir, le consolateur de nos peines, le guide de notre vie".

Discours de Socrate et de Diotime, "... vivre pour contempler cette beauté est la seule vie digne d'être vécue ....".

Discours d'Alcibiade, "...ne te laisse pas prendre au jeu de cet homme qui, sous couleur d'aimer, capte l'amour d'autrui."



"Nous nous croyons transportés dans un banquet véritable, au milieu d'Athéniens du Ve siècle qui s'amusent à traiter des plus hautes questions philosophiques, comme d'autres s'amuseraient à parler de combats de coqs ou de courses de chevaux."



Certes c'est une façon élégante et raffinée de qualifier ce texte ....

Quelques années plus tard, je dirais que je me suis retrouvée au bistrot du coin, où avec les quelques habitués, dont la meilleure raison de vivre est de palabrer de tout, de rien, parfois de l'amour, de la haine, d'un fait divers quelconque pas plus passionnant qu'un autre !

Maintenant mission accomplie, ma mémoire ayant fait une bonne mise à jour, je vais pouvoir me plonger dans l'interprétation qu'en ont fait Coco et Raphaël Enthonen .... à suivre ....
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Le banquet

C'est la première fois que je lis un ouvrage philosophique par moi-même, et avec plaisir !



Je me souviens qu'en cours de philo de terminale, on se basait sur des passages du Banquet de Platon. Et c'est un réel plaisir de découvrir ces passages tout en me remémorant mes cours de philosophie (j'ai eu de la chance, mon prof de philo était génial !).



À l'occasion d'un banquet (qui s'apparente d'ailleurs davantage à une beuverie qu'à un banquet à proprement parler), Socrate et quelques autres philosophes se défient de réaliser le meilleur éloge du dieu Éros.



Les argumentations s'enchaînent les unes après les autres, certaines parfaitement saugrenues et un poil tirées par les cheveux, d'autres trop "classiques", trop "modèle grec" selon moi, à vouloir faire l'éloge du beau, encore et toujours. Certes, cela vient du contexte. Il n'empêche que je ne suis pas d'accord avec les points qui ont été mentionnés.



En définitive, ça a été une expérience positive et agréable, que je renouvellerai certainement avec d'autres ouvrages du genre.
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La République

Un classique, rien à dire de plus. Tout amateur de philosophie se doit de l'avoir lu.
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La République

La République est la réponse platonicienne à la condamnation à mort de Socrate par la démocratie directe d'Athènes. L'apologie de Socrate fait remarquer que ce ne sont pas les lois qui ont condamné Socrate mais bien les hommes. Quelques soient la pertinence de notre organisation politique, tout se termine par la dikaiôsûnè (une traduction possible étant la Justice) des hommes. Elle est le savoir être dans un tout, un savoir-être dans une démocratie.

Ce guide est d'une densité extraordinaire. Rien que les premières lignes signifient beaucoup sur la démocratie : oui dira Socrate à l'esclave envoyé par son groupe d'amis qui veulent le voir chez eux, je suis obligé de vous suivre car vous êtes la majorité. Ce livre est donc particulièrement fascinant car il est le seul exercice connu dans l'humanité où un auteur s'amuse à construire une cité. Il faut en connaître toutes les ficelles pour tout défaire et refaire. Exemples : tout d'abord changer de religion pour une religion plus humaine, seul le lien d'utilité crée une cité saine, se méfier des arts mercenaires, ne pas donner le pouvoir à ceux qui veulent le prendre, l'élite politicienne doit se débarrasser de tout bien et famille pour servir la cité...

La lecture du livre est passionnant mais mérite un travail acharné de compréhension : 6 mois pour les trois premiers livres est un minimum car il faut à chaque fois assimiler avant de continuer.

Reste que l'ensemble de la cité platonicienne repose sur une postulat qui ne tient pas : les gouvernants se soucient du bien des gouvernés. Personne sur Terre ne peut savoir ce qui est bien pour l'autre encore moins pour 60 millions d'habitants...Mais c'est peut-être cela que Platon a voulu nous faire comprendre en concevant une élite chimérique politicienne : les gardiens philosophes seuls à même de savoir ce qui est bien pour nous.

Donc s'il n'y a pas de personnels politiques compétents, alors seul l'avis d'une majorité pratiquant la justice (dikaiôsûnè) peut être la moins pire des solutions quand il s'agit de poursuivre comme but : le bien commun.
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La République

Dans La République, Platon entreprend de montrer ce qu’est la justice et pourquoi il est dans l’intérêt de chacun d’être juste. Bien que le dialogue parte de la question « Pourquoi devrais-je être juste ? », Socrate propose que cette enquête puisse progresser en examinant la justice dans un état idéal. Ainsi, le débat politique est entrepris pour aider le débat éthique. Selon Platon, l’État idéal comprend trois classes sociales : les dirigeants, les gardiens (ou soldats) et les producteurs (agriculteurs et artisans). Les dirigeants, qui sont des philosophes, poursuivent le bien de l'État tout entier sur la base de leur connaissance de la forme du Bien et de la forme du Juste, toutes deux étant des essences abstraites, connaissables uniquement par l'esprit, à travers lesquelles les choses ou les individus dans le monde sensible sont, à des degrés divers, respectivement bons ou justes. La justice politique est donc la condition d’un État dans lequel chaque classe sociale joue correctement son rôle, y compris en ne tentant pas de jouer le rôle d’une autre classe.



Aux trois classes sociales correspondent les trois parties de l'âme individuelle : la raison, l'esprit et l'appétit, dont chacune a un objet ou un désir particulier. Ainsi, la raison désire la vérité et le bien de l’individu tout entier, l’esprit est préoccupé par l’honneur et les valeurs de compétition, et l’appétit a les faibles goûts traditionnels pour la nourriture, la boisson et le sexe. La justice individuelle, ou justice éthique, est une condition analogue à celle de la justice politique : un état d'harmonie psychique dans lequel chaque partie de l'âme joue correctement son rôle. Ainsi, la raison comprend la forme du Bien et désire le bien réel de l'individu, et les deux autres parties de l'âme désirent ce qu'il leur est bon de désirer, de sorte que l'esprit et l'appétit sont activés par des choses qui sont saines et appropriées.



La position occupée par la forme du Bien dans le monde intelligible est la même que celle occupée par le Soleil dans le monde visible : ainsi, le Bien est responsable de l'être et de l'intelligibilité des objets de la pensée. La condition cognitive habituelle des êtres humains est comparée à celle de prisonniers enchaînés dans une grotte souterraine, avec un grand feu derrière eux et un mur surélevé entre les deux. Les prisonniers sont enchaînés et ne peuvent donc voir que les ombres projetées sur le mur d'en face par les statues déplacées le long du mur derrière eux. Ils considèrent ces ombres comme la réalité. Le récit des progrès qu’ils réaliseraient s’ils allaient à la surface et voyaient le monde réel à la lumière du Soleil met en avant la notion de connaissance comme illumination.

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La République

« La République de Platon est incontestablement un livre à lire dans sa vie quand on s'interesse un minimum à la philosophie



Chaque sujet abordé dans les 10 différents livres est traité avec une finesse et une clarté déconcertante



Socrate nous rapport son idée de la philosophie en usant de sa légendaire maïeutique face à des contestataires prestigieux



Chaque point de la création d'une cité parfaite est discuté : de la justice à l'éducation des gardiens à la différence entre les hommes et les femmes



Certaines de ces idées sont encore d'actualité et sont à mon avis assez intéressantes



En tant qu'œuvre philosophique et même politique, il est incontournable »



Note : 💭 / 20
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La République

Référence essentiel de la philosphie antique grecque, la République de Platon, ici les livres VI et VII, propose une vision idéaliste de la vie politique.



En suivant la discussion entre Socrate, Glaucon et Adimante sous la forme d'un presque monologue de Socrate entrecoupé des acquiescements des deux autres, avec un style qui a vieillit et des tournures parfois prises de têtes, Platon nous expose de manière détaillé par qui la politique doit être conduite dans la cité : les philosophes, et non les sophistes et comment ceux-ci doivent être formés aux différentes sciences.



Platon expose aussi la célèbre allégorie de la caverne, qui illustre la conception de Platon de l'acquisition par l'homme du Bien, tel que définit par l'auteur, et de sa transmission aux autres. L'Idée du Bien est détaillée plutôt dans l'oeuvre.



Même si le propos est très intéressant pour comprendre certains mécanismes et références faits de nos jours aux idées de Socrate , retranscrites par Platon, le texte est peu abordable et très utopiste. D'autres textes philosophiques plus modernes sont plus intéressants pour découvrir ces concepts. La République est une oeuvre intéressante pour approfondir la philosophie politique pour des personnes déjà initiés ou adeptes du domaine.
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Apologie de Socrate

Autant je m'étais régalée l'année dernière avec le texte éponyme de Xénophon, autant celui ci m'a ennuyée ! 



Ce texte décrit comment lors de son procès, Socrate démonta un à un les accusations portées par Mélétos portant sur la corruption de jeunes gens, la négation des dieux et l'invention d'autres dieux.



En décortiquant et analysant finement chacune de ces accusations, il prouvait son innocence mais, il ne fallait pas perdre la face, le tribunal le déclara coupable et le condamna à mort.



Bref, la philo n'était pas mon fort en 1975, elle ne l'est toujours pas devenue ! 



A suivre, pour de nouveaux efforts, l'an prochain ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Le banquet

Le philosophe Platon a composé, vers 385 avant J.-C., un ouvrage intitulé le Banquet (to Sumposion, en grec) et qui se présente comme le récit d’une soirée passée chez un jeune poète, Agathon, lequel a convié quelques amis intimes à un dîner. Platon convoque à ce dîner des gloires de la philosophie et du théâtre (le philosophe Socrate, le poète comique Aristophane…) et nous décrit le déroulement de la soirée : au fur et à mesure que les invités arrivent, ils sont pris en charge par de jeunes esclaves qui leur lavent les pieds, puis les conduisent à leur place ; les convives s’installent sur des lits disposés autour de tables basses, et le dîner est servi. Une fois le dîner achevé, l’assemblée chante un hymne en l’honneur de Dionysos, le dieu du Vin. Un des invités, le médecin Éryximaque (dont le nom signifie “celui qui combat le hoquet” !) met en garde les autres convives sur les dangers qu’il y a à s’enivrer, et alors tous décident, d’un commun accord, de ne boire que modérément durant le reste de la soirée. Et Éryximaque propose aussi un sujet de débat : l’Amour.



À tour de rôle, les invités prennent la parole, pour livrer leur vision de l’amour, et les dissertations philosophiques se succèdent, émaillées de quelques incidents cocasses...
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Gorgias

Qu'est-ce que la rhétorique? Oui, le dialogue va tourner autours de cette question, mais pas seulement. J'ai littéralement adoré. Les réflexions sont vives, le texte est entraînant, et on est réellement prit dans l'histoire. On s’imagine être à la place de Calliclès et débattre ou être à la place de Socrate. Nous parlons également ici, du beau et du laid, du juste et de l'injuste, de l'injustice, du pouvoir sous plusieurs formes et également de l'âme. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le choix des sujets est très varié.



Pour ce qui est de l'injustice, je n'étais pas d'accord avec Socrate. En effet, celui-ci est persuadé que commettre l'injustice est pire que de la subir. C'est évidemment un point de vue, mais que je trouve assez réducteur et qui aurait dût être plus approfondit. De plus, comme c'était de l'oral à la base que Platon aurait retranscrit par écrit, le dialogue comporte le défaut d'être répétitif. En effet, lors des récapitulations que faisaient Socrate il répétait plusieurs fois ce qui avait déjà été dit précédemment, et cela était gênant pour suivre le raisonnement. C'était comme si on avait été arrêtait en plein milieux pour le reprendre après cette récapitulation.



En conclusion, c'est un dialogue de Platon qui n'est pas parfait, mais qui est entraînant avec du suspens, très bien écrit et qui pourrait se lire en une après-midi. Malgré ses défauts il est absolument incroyable. A lire de toute urgence pour passer un bon moment!
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Oeuvres complètes 01 :  Hippias mineur - Alci..

Criton: Un joli dialogue que je rapporterai sur la logique. Il n'est pas question pour Socrate de démontrer une vérité ou une fausseté. Par contre lentement et surement il nous conduit ici vers une déduction plus ou moins logique à partir de certaines hypothèses. On suit là très clairement le développement de la pensée, du raisonnement.



Platon dans Critron présente un dialogue de deux personnages: Socrate et Criton. Criton est un des disciples de Socrate et peut être même le plus riche. Connaissant le refus catégorique de Socrate d'approuver l'organisation de son invasion de la prison par ses disciples,ceux-ci se sont convenus de confier à Critron la mission d'aller le convaincre afin qu'il consente à leur plan.



Mais sur le terrain de sa mission, Criton rencontre une difficulté, bien plus qu'une difficulté ordinaire notamment celle de tomber sur une tête du génie bien remplie et avisée.



Au lieu que ça soit Criton qui parvienne à convaincre Socrate sur l'idée de l'invasion, c'est plutôt Socrate qui parvient à le convaincre de le laisser mourir là ...



Il subit une espèce de lavement d'esprit et il en sort autrement savonné que quand il avait franchi la porte de la prison, avec toutes ses intentions noyés dans le nettoyage du cerveau...



Un livre très accessible, et simple mais demande à chaque des reprises sur certaines phrases afin d'en décrypter son bon sens!

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Le banquet

J'ai lu les sept discours sur l'Amour du banquet de Platon dans mon adolescence et c'est probablement un des textes qui a eu le plus d’influence sur moi et sur ce que je suis devenue. Mes souvenirs sont certainement émoussés et je ne me lancerai d'ailleurs pas dans une critique philosophique du contenu mais me contenterai de citer ce qui m'est resté.



Les convives de l’auteur dramatique Agathon exposent leur avis sur l’Amour à travers une joute oratoire au cours d’un dîner arrosé. Phèdre se lance dans une apologie du grand et antique Eros. Pausanias distingue deux Amours, un noble et un vulgaire, Eryximaque différencie lui aussi les deux Aphrodite et étend sa théorie à des considérations physiciennes, artistiques, médicales d’harmonie universelle. Pour Agathon, l’Amour est, contrairement à ce qu’en dit Phèdre, le plus jeune des dieux, et inspire création poétique, convivialité et sociabilité. Enfin Socrate s’emploie à convaincre les autres des vertus de l’amour « platonique », celui de l’absolu. Je passe sur le discours d’Alcibiade, saoul, qui refusera de parler de l’Amour mais fera un éloge de Socrate.



Mais c’est surtout le discours d'Aristophane qui m’a laissé le plus de souvenirs. Il raconte comment l’ancêtre des hommes était autrefois double, deux corps ne faisant qu’un avec deux têtes, huit membres et deux sexes. Ces êtres pouvaient être composés de deux hommes, un homme et une femme ou deux femmes. Pour affaiblir ces êtres, Zeus les a divisés en deux, avec l’aide d’Apollon, et les a ainsi condamnés à rechercher sans cesse leur moitié. La quête de l'amour... De nos jours où nombre de discussions font débats et polémiques sur les thèmes de l’homosexualité, l’intervention d’Aristophane trouve un écho fort moderne.



À mon avis, un grand texte fondateur. De tous les dialogues platoniciens, « Le banquet » est l'un des plus accessibles et celui qu’il faut lire pour comprendre les sources de notre manière de concevoir le monde.





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Criton

Un joli dialogue que je rapporterai sur la logique. Il n'est pas question pour Socrate de démontrer une vérité ou une fausseté. Par contre lentement et surement il nous conduit ici dans vers une déduction plus ou moins logique à partir de certaines hypothèses. On suit très clairement le développement de la pensée, du raisonnement.

Platon dans Critron présente un dialogue de deux personnages, Socrate et Criton. Criton est un des disciples de Socrate et peut être même le plus riche. Connaissant le refus catégorique de Socrate de pouvoir s'évader, tous les disciples se sont convenus de confier à Critron la mission d'aller convaincre Socrate afin qu'il consent à leur plan d'invasion.

Mais sur le terrain de sa mission, Criton rencontre une difficulté notamment celle de tomber sur une grosse et grande tête du génie.

Au lieu que ça soit Criton qui se mette à convaincre Socrate de fuir, c'est plutôt Socrate qui se met à convaincre...
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Oeuvres complètes 02-1 : Protagoras

Comme vous l’aurez compris, ce dialogue ci, narré par Platouné, a lieu entre Socrate – le vieux sage – et Protagoras, le pro des sophistes, un vendeur d’aspirateurs qui ne perdent pas l’aspiration et surtout l’inspiration en somme. L’aspirateur, de l’inspiration? Non, laissez tomber, c’était un jeu de mot pourri, une paronomase un poil ratée, j’avoue.



De quoi discutent-ils donc?? Vous voulez vraiment le savoir?



Sans déconner, c’est réellement passionnant : ils échangent sur l’enseignement, Socrate explique, en très gros, que Protagoras ne peut pas appliquer ce qu’il prétend enseigner. Je m’explique, allez suivez, vous allez voir, c’est drôle. Comment ça, mon humour n’est pas fiable ??? Sortez d’ici !!!



En effet, Protagoras veut enseigner, aux petiots pendus à ses lèvres, ce que sont les vertus. Les vertus, mais c’est quoi une vertu? Voici la réaction de Socratouné, en simplifiée.



C’est la bonne question puisqu’ils ne sont pas d’accords sur la nature de la vertu mais aussi sur l’unicité de celle-ci. Comment dès lors débattre sur son possible enseignement?! Ben, euh, cela devient difficile !



Quid du ressenti de lecture?? Amusant ! Franchement, je me suis pris au jeu ; j’ai presque (oui, tout de même faut pas déconner) eu envie de noter sur papier, dans un joli tableau – que j’imaginais rose et violet avec des bordures en pointillés irréguliers… mais WTF !! – les arguments de chacun pour essayer de voir qui était cohérent, qui ne l’était pas.



Sans cela, on se rend compte tout de même que Socrate, si intelligent qu’il soit, tombe parfois dans la sophistique lui aussi ! Oui, je vous passe les détails parce que d’une part, je ne m’en rappelle plus suffisamment et que d’autre part, je doute que vous en ayez réellement cure… Oui, j’ai également certaines opinions préconçues et j’adresse un joli mais néanmoins cordial fuckouné au gentil bachelier qui croyait pomper des infos pour faire sa « dissert’ à la maison d’philo » qu’il a d’ailleurs attendu, le dimanche soir pour commencer, alors qu’il doit la rendre demain matin 8h !! Bonne nuit blanche mon petit



Non, allez, tiens une petite info tout de même petit gars, ou petite meuf, sache que Platon, le transcripteur des dialogues de Socrate, prenait souvent un malin plaisir à déformer les propos des sophistes, tout simplement parce qu’il ne pouvait pas les voir en peinture et éprouvait pour son maître Socrate, une admiration sans bornes. Pour Protagoras, c’est différent, Platon l’estimait et donc, le dialogue semblerait, d’après les experts et ma mémoire, plutôt bien retranscrit Si tu ne le savais pas, je suis content de t’avoir aidé. Si tu le savais, tu n’as rien à faire sur cet article et retourne bosser ta dissert’ !!



Ouf ! Bon, je suis un fada de philo, j’essaye de limiter les publications en la matière mais parfois mes doigts glissent tout seul…. Niark niark niark !



Finem Spicere,



Monsieur Touki.
Lien : http://monsieurtouki.wordpre..
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Apologie de Socrate

Socrate est accusé de corrompre les jeunes esprits et propager un discours sophiste portant atteintes aux dieux Grecs et aux valeurs de la Cité. Face à ses accusateurs et à la foule qui doit se prononcer sur son sort, "le père de la Philosophie" prononcera un plaidoyer légendaire. C'est la fameuse "Apologie de Socrate", que Platon, son fidèle disciple reconstitue dans ce grand classique de la Philosophie.



Il s'agit fort probablement du portrait le plus fidèle du Maitre où on y retrouve sa simplicité subversive du language, sa "magie communicative de la parole", sa maitrise fascinante de la dialectique agrémentée d'une touche d'ironie.



Dans son discours, Socrate affirme être investi d'une mission divine que l'Oracle de Delphes lui a assigné. Un philosophe prophète à l'image d'un Jésus, chargé de propager la sagesse . "Le plus sage des hommes" se distingue des autres hommes par le savoir de sa propre ignorance. C'est d'ailleurs le seul savoir que notre philosophe affirme détenir.



Avec fierté, sérénité, dignité et courage devant la mort, Socrate crie haut et fort son attachement inconditionnel à la vertu de l'âme et à la Justice. Au dessus de la vie, au dessus de la mort, c'est d'abord la recherche de la Vérité qui guide le véritable philosophe. C'est l'accord de soi avec soi en usant de sa raison.



"La lecture de l'Apologie apparait, à cet égard, comme une obligation pour quiconque veut s'initier à la philosophie. Il y apprend que la sagesse et la vertu ont plus de prix que la vie elle-même".



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Apologie de Socrate

« En lisant les premières lignes de l'Apologie de Socrate, aujourd'hui encore, nous sommes projetés au sein d'un événement dont il semble qu'il ait réellement eu lieu, à Athènes, en Grèce, en 399 avant J.-C. Le lecteur sait sans doute déjà qu'il s'agit du procès d'un philosophe appelé Socrate, traduit en justice devant le peuple d'Athènes, et en connaît aussi probablement l'issue : la condamnation à mort. L'auteur de ce texte, un certain Platon, élève de Socrate qui, au moment des faits, n'avait pas trente ans, aura voulu témoigner devant la postérité du sentiment d'injustice qu'il a ressenti face à cette condamnation.

En réalité, au-delà du témoignage, Platon discrédite l'assemblée démocratique qui a cru judicieux de condamner à mort, sous un prétexte sans fondement, un citoyen valeureux et un soldat ayant fait preuve d'un courage sans faille pendant la guerre du Péloponnèse… »



Apologie de Socrate, Platon @flammarionlivres



L’œuvre est certes le discours de défense que Socrate fit lors de son procès à Athènes, rapporté par son élève Platon, mais elle est aussi un dossier d’analyse, une étude de l’époque et du contexte, une présentation des références citées lors de cette défense, une réflexion approfondie de Socrate et de ses valeurs…



C’est pourquoi j’ai souhaité commencer ma chronique non pas par le verbe de Socrate, mais par une présentation de celui-ci et de ses valeurs!



« Pour Socrate, en effet, la vertu n'est rien sans la poursuite du savoir et le désir insatiable de connaître, ce que désigne précisément le terme grec philosophia. Il n'y a pas de courage, pas de tempérance ni de justice sans amour du savoir. »



Un des points marquants, selon moi, de cette apologie est le fait que Socrate n’ait pas peur de la mort et qu’il place son devoir et sa droiture au-dessus de sa vie!



« Vous verrez bien ainsi que je n'ai fait de concession à personne au mépris de la justice, par crainte de la mort, même si, en ne cédant pas je mettais par la même occasion ma vie en péril. »



Il ne cède en rien face à ses accusateurs et revendique au contraire jusqu’au bout la défense de la vertu, envers et contre tout, contre tous…



« Car si vous vous imaginez que c'est en mettant des gens à mort que vous empêcherez qu'on vous reproche de ne pas vivre droitement, vous faites un mauvais calcul. En effet, cette manière de se débarrasser du problème n'est ni particulièrement efficace ni particulièrement honorable. En revanche, la façon la plus élégante et la plus pratique consiste non pas à supprimer les autres, mais à prendre les moyens qui s'imposent pour devenir soi-même le meilleur possible. Voilà ce que j'avais à prédire à ceux de vous qui m'ont condamné par leur vote; cela fait, je prends congé d'eux. »



Cela illustre parfaitement son enseignement, de même que sa manière de penser et d’agir au quotidien!



« C’est en vertu du savoir qu'il faut, je pense, se décider, et non en vertu du nombre, si l'on veut prendre une décision juste. »



Socrate fut un philosophe illustre mais surtout un modèle de droiture et de vertu, de sagesse et de simplicité! Des valeurs qui aujourd’hui encore méritent d’être prônées dans notre société!



« Son savoir, par ailleurs, est le fondement de sa vertu puisqu'il découle de ces deux propositions qu'il faut en toute circonstance préférer mourir à commettre l'injustice.

C'est le fondement de l'héroïsme socratique que Platon met en scène dans l'Apologie. »



Un court récit antique édifiant 🌟
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Le banquet

"Le banquet" de Platon.

Cela fait longtemps que je n'ai pas lu de livre et je ne pense pas que j'en lirais plus de deux ou trois ce mois ci, hors mangas (les examens me prennent trop de temps).

Mais je voulais au moin lire un bon Platon pour compenser la chose.



Le banquet : de quoi ça parle ?

Le livre nous parle d'un banquet qui est fait entre plusieurs personnages connus de notre belle Grèce antique (avec Socrate mais en tant que personnage secondaire la moitié du dialogue et ne venant sur le devant de la scène seulement vers la moitié et la fin).

La discussion philosophe s'axe principalement sur la question de l'amour et de la divinité Éros (dieu de l'amour). L'aspect "amoureux" est surtout vu du côté du beau et non pas seulement sur l'aspect sexuel (qui possède tout de même une part importante du livre avec l'amour homosexuel en Grèce antique omniprésente).

La seconde partie est plus un éloge amoureux de la part d'Alcibiade pour Socrate.



J'ai énormément apprécié ce livre. Cela faisait longtemps que j'avais envie de lire de nouveau du Platon (après "La République" que je n'avais pas vraiment apprécié à cause de sa longueur et des idées un peu trop excentriques à mon goût).



En soit je vous le conseille vivement étant également assez rapide comparé à d'autres œuvres de Platon.



(10/10
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Oeuvres complètes, tome 1

C'est l'histoire de deux types. L'un est mort il y a longtemps, l'autre vit encore.

Il n'y a ni surestimation du vivant ni sous-estimation du défunt.

Mais il y a là même certitude que celle exprimée par Socrate - on ne sait pas grand-chose, mais davantage que ceux qui s'imaginent savoir ce qu'est un procès - sans avoir été accusé - et ce qu'est la décision fondamentale, essentielle prise en un instant dans ces circonstances.

Le type s'est trouvé un jour - un soir - de décembre dans le cabinet d'un juge d'instruction, en présence d'un procureur, de deux officiers de gendarmerie, d'un greffier et d'une avocate, les accusateurs n'étaient ni Meletos, ni Anytos ou Lycon; les accusations étaient pour partie réelles, très exagérées.

Le chargé de l'accusation demanda - sans trop y croire lui même - la prison (risques de désordre à l'ordre public). L'avocate aurait aisément obtenu la libération du type mais celui-ci lui demanda de ne pas plaider il acceptait la décision rangeant sa morale du côté de la loi et de la justice communes.

Avait-il Socrate en tête? Certainement pas, certes il l'avait lu mais ce jour-là il n'y pensait pas.

Alors direz vous cela n'a rien à voir…

Car le risque encouru était d'échelle différente.

C'est vrai mais le processus de la décision reste le même.

Ce qui a mené ce type à dire cela - en sachant qu'il irait en prison pour la première fois et que cela entraînait une mort sociale, est ce qui a mené Socrate dans cette attitude: une force de liberté et la volonté de ne pas être surpris par une décision venant de tiers en se jugeant soi-même et en se punissant soi-même



Même si vous n'êtes pas en attente d'un procès - relisez Socrate enfin Platon,

l'apologie de Socrate ou le Criton ou tous les dialogues.

Vous verrez même lui a de petites faiblesses dans son héroïsme.

Le type était inquiet en arrivant la nuit devant les murs sans portes de la prison

Socrate regrette que malgré son âge (70ans) on ne le laisse pas aller à sa mort naturelle.



Ce sera dans l'attente du jugement dernier

On écoutera la Mort d'Isolde

On évitera de boire la cigüe



© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Apologie de Socrate

C'est avec cette panygérique que j'ai découvert la sagesse antique et même la philosophie en général . On y voit à travers un dialogue entre Socrate et Mélétos , la défense habile de Socrate montrant sa philosophie , il met tous les Athéniens d'accord et même beaucoup voient qu'il est condamné car il dérangeait le pouvoir en encourageant à réfléchir et à penser par soi-même . Bien avant , on voit que la célèbre formule de Descartes "Cogito Ergo Sum" (je pense donc je suis) existait .

C'est un livre marquant amenant à beaucoup de réflexion que je conseille à tous ceux qui veulent être éclairés sur le monde qui les entoure .Il est à lire et à relire .
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La République

Bon… Comment parler d'un tel édifice ? Je fais le choix d'une critique hybride, mêlant avis et ressenti personnels et "humble tentative de re-formulation dans la limite de mes moyens à partir de notes prises tout au long de ma lecture". Il sera préférable en effet, si le besoin se fait sentir un jour de me remémorer quelque peu la démonstration, de me contenter simplement de parcourir ces quelques paragraphes, plutôt que de me replonger corps et âme dans l'oeuvre tout entière depuis le début. Et puis, cela sera aussi peut-être utile à quelqu'un. J'espère ne pas dire trop de bêtises ou d'approximations.

La note maximale s'impose. Il s'agit moins cependant d'une note que moi je donne sur le contenu, qu'au regard de la portée philosophique, politique, historique d'un tel ouvrage fondateur. Certaines idées sont choquantes pour le lecteur "sain" d'aujourd'hui (et j'ose m'enorgueillir d'en être) : par exemple l'expulsion de la cité des "mauvais artistes", le choix de "laisser mourir" les natures les plus fragiles pour qu'elles ne nous encombrent pas inutilement, celui de "faire mourir" les "inguérissables de l'âme" (on dirait aujourd'hui peut-être les "irrécupérables"), etc. J'ignore si on peut parler de totalitarisme, si ce n'est pas complètement anachronique, tant le pouvoir politique chez Platon l'emporte sur tout, se mêle de tout, de la vie quotidienne, de l'éducation, de la moindre activité de chacun, veut imposer d'écouter telle musique, de chanter tel chant, dicte le régime alimentaire, refuse tout changement dans la loi. Jusqu'à organiser la reproduction par la pratique de l'eugénisme… J'ai lu en tout cas que la question avait été soulevée et ne cessait de diviser les universitaires.

Ce n'est pas ça que je note, mais, je l'ai dit, la portée, et l'exercice intellectuel. Il faut évidemment lire Platon avec recul et prendre son ouvrage comme une réflexion sur la cité idéale "théorique", rationalisée, optimisée. Et sur ce point, je dois dire que cette lecture m'a procuré un bonheur intellectuel indescriptible !

De très nombreux questionnements sont totalement précurseurs. Sur le rôle de chacun dans la cité, sur la nécessité d'une redistribution des richesses, sur le sens, ou le non-sens, d'être riche, sur les causes de l'injustice, sur l'euthanasie, l'importance de l'éducation, les principes de service public, de "commun", sur le rôle des artistes, l'égalité des sexes et leurs rapports entre eux, sur l'utilité du "noble mensonge" dès lors qu'il va dans l'intérêt de la cité, sur le sentiment d''appartenance à la communauté. Et encore, sur les dérives des sophistes, des beaux parleurs, des démagogues, qui ne veulent que flatter la foule pour arriver à leurs fins de pouvoirs et d'honneurs, attentifs à ses attentes et à ses désirs, pour qui la sagesse est, non pas la connaissance de ce qui est, mais "la connaissance de l'instinct et des plaisirs de la multitude hétéroclite"… Sur le danger d'une foule souveraine qui serait soumise à ces gens-là…

La grande question de la République : qu'est-ce que la justice, la justice dans la cité et la justice dans l'homme ? En quoi est-elle "en soi" si supérieure par rapport à l'injustice ? Pourquoi l'homme juste, même s'il doit passer aux yeux des hommes pour le plus injuste, est-il malgré cela plus heureux que l'homme injuste, même s'il reçoit quantité d'honneurs et de richesses ? En quoi donc la réalité de la justice l'emporte-t-elle toujours sur son apparence ?

L'ouvrage est un long dialogue entre Socrate et trois ou quatre interlocuteurs successifs, Socrate mène l'entretien. Ils tentent ensemble de répondre à ces questions, en entreprenant de fonder en pensée la cité idéale, la plus juste qui soit, d'établir la constitution politique parfaite. On ne comprend évidemment pas tout, mais ce n'est pas le but, on prend ce qu'on peut prendre. Sur la forme de l'entretien, elle a un nom : la maïeutique. Elle consiste à se mettre d'accord au fur et à mesure de la discussion, de poser de bonnes questions, de convenir ensemble de réponses sensées et logiques, et d'avancer ainsi jusqu'à dégager des conclusions satisfaisantes pour les parties, qui doivent être proches évidemment de la vérité car faisant consensus. En fait, ce n'est pas un simple échange d'idées comme on en voit aujourd'hui, où on se contente à la fin de compter les points et où chacun reste sur ses positions.

Socrate commence par donner de premiers éléments de réponse, dont un m'a assez plu : la justice est d'une nature supérieure à l'injustice en ceci, déjà, qu'elle est nécessaire même dans l'accomplissement d'actes injustes : la répartition équitable d'un butin au sein d'une bande de pillards, reposant sur une relation de confiance entre eux ; une âme individuelle qui doit être cohérente et déterminée au moment de commettre tel méfait. S'il n'y a pas justice, il y a désordre, dissension, conflit, et on ne peut rien faire du tout.

Ensuite, tout au long de l'entretien, on assiste à la fondation en pensée de la "cité idéale" et de son équivalent dans l'âme individuelle. Comme principe fondamental, Socrate fait ressortir trois éléments constitutifs de l'une et l'autre :

- Pour la cité : la classe des gouvernants qu'il appelle les gardiens ; celle des auxiliaires (armée) ; celle de la multitude, des producteurs.

- Pour l'homme, et qui correspondent aux précédents : le principe de raison ; l'ardeur morale ou le coeur ; les désirs.

Chaque élément se voit associer une vertu. Dans l'ordre : la sagesse, le courage et la modération. L'ardeur du coeur, au milieu, en penchant vers l'un ou l'autre des deux opposés, fait que nos actions sont plutôt bonnes, quand elle va du côté de la sagesse, ou mauvaises, quand elle se soumet à nos désirs. La justice apparaît comme un équilibre entre tout ça. Cette structure tripartite permet la compréhension de l'ensemble de l'oeuvre et revient très souvent.

Plus loin, Socrate expose les conditions de réalisation de la cité idéale. Cela passe par l'établissement d'un programme d'éducation rigoureux des futurs gardiens : apprentissage de la (bonne) poésie et de la musique, de la gymnastique, étude des sciences, de la dialectique, qui rend capable de "rendre raison" et de suivre un raisonnement.

Socrate préconise aussi la mise en place d'une communauté (communisme) au sein de la cité, tant pour les richesses que pour les femmes et les enfants, de manière à ne rien posséder que les autres ne possèdent aussi. Pour limiter les dissensions, les jalousies et les procès. Ainsi, tout le monde est concerné par tout le monde, se sent le proche de tout le monde. Cela suppose de retirer dès la naissance les enfants à leurs parents, et de les élever à part. Ils deviennent de la sorte les fils et les filles et les frères et les soeurs de la communauté entière. Seuls les gardiens connaissent les vrais arbres généalogiques et organisent à partir d'eux, en secret (notion de "noble mensonge"), la reproduction, en autorisant ou non les unions.

Mais la grande idée de Socrate dans La République, c'est l'avènement des philosophes-rois, condition qu'il juge la plus nécessaire à la réalisation de sa cité. Il fait noter l'impuissance actuelle, c'est-à-dire dans l'Athènes démocratique du Ve siècle, et le martyre des philosophes en face de la multitude corrompue par les orateurs usant de rhétorique, de violence et d'intimidations ; en face des sophistes également, adeptes de la flatterie, qui s'abaissent à des attaques personnelles au lieu de discuter des questions les plus fondamentales. Tous ceux-là décrédibilisent les philosophes et l'exercice de la philosophie. Platon, par l'intermédiaire de Socrate, et connaissant le sort qui sera le sien…, exprime son désespoir devant cette inutilité de fait du philosophe dans la cité démocratique. Mais, peut-être, "par chance", qui sait, ce règne des philosophes, littéralement ceux qui sont amoureux de la sagesse, pourra advenir un jour…

Une partie que j'ai trouvée particulièrement intéressante est celle où Socrate fait la distinction entre ce qui relève de la connaissance, c'est-à-dire ce qui est connaissable (par exemple le beau en soi, qu'il appelle la "forme" du beau), et ce qui relève de l'opinion, "sur quoi on opine" (la multiplicité des choses, qu'on peut trouver belles, mais qui ne sont que semblables au beau lui-même, puisqu'on pourrait tout aussi bien les trouver laides). La première, la connaissance des formes, correspond à l'éveil et est le but de la philosophie. La seconde correspond à l'état de rêve, quand on croit que ce qui est semblable à quelque chose constitue la chose même. C'est là aussi que se distingue le visible (les choses multiples, vues) et l'intelligible (les formes, pensées).

C'est aussi sur cette base que Socrate rejette et condamne la poésie, en tant qu'elle est imitative, qu'elle ne produit pas le réel mais des apparences. Elle se trouve au troisième rang par rapport à l'Être, après la forme, donc, et la multiplicité des choses, la concrétisation, l'artisanat, dont elle ne reproduit qu'un aspect, un point de vue. La poésie est donc dangereuse car elle peut abuser les gens naïfs. Les poètes se font passer pour des experts, ils imitent par exemple le langage médical mais n'en possèdent pas la science, Homère décrit la guerre mais il n'a jamais commandé à aucune armée. Leurs compositions jouent avec l'émotion, éloignent de la raison. de plus, en entretenant notre compassion pour des personnages, ils nous rendent ensuite, par une sorte de transfert, moins maîtres de nous-mêmes pour ce qui nous arrive personnellement, notre principe rationnel se relâche, et on s'autorise plaintes et gémissements.

Le but suprême de l'exercice de la philosophie est d'accéder au "bien", qui est au monde intelligible ce que le soleil est au monde visible, il permet à l'intellect de voir. Sur ce thème, sans doute le passage le plus célèbre de cette République, l'allégorie dite de la caverne : une fois en possession de cette connaissance, qu'il a acquise, grâce au programme d'éducation et à ses dispositions naturelles, en s'échappant de la caverne où est enfermé le reste de l'humanité ignorante, le devoir du philosophe est d'y "redescendre", de libérer les autres hommes qui sont prisonniers des ombres et de l'obscurité, d'en être les gardiens, de les guider vers l'extérieur et la lumière. Socrate insiste sur le fait que c'est son devoir d'agir ainsi, car lui, pour lui, n'a aucune raison d'agir de la sorte, préférant de loin s'adonner pour toujours à la recherche de la connaissance. Ainsi, selon Socrate, un bon gouvernant est celui qui ne tient pas à gouverner mais qui le fait, en tant que juste, pour le bien de tous, contre ses intérêts et la recherche des honneurs.

Ce gouvernement idéal par les philosophes, Socrate l'appelle aristocratie, "le pouvoir des meilleurs", de la raison. La même structure et les mêmes mécanismes existent dans l'âme individuelle. L'exposé qu'il dresse ensuite concerne les principales sortes de cités dont les constitutions sont défectueuses, découlant les unes des autres et formant un genre de cycle, et leurs équivalents chez l'individu :

- la timocratie (modèle de Sparte) : recherche de la victoire et des honneurs, goût pour la richesse mais "en secret". Naît de la discorde parmi les dirigeants de l'aristocratie, qui ne sont pas infaillibles dans la pratique de l'eugénisme et peuvent se tromper. Manque d'homogénéité, perte d'harmonie. Correspondant à la partie intermédiaire de l'âme, l'ardeur morale, le coeur. Tiraillé entre aristocratie (raison) et oligarchie (désir).

- l'oligarchie : pouvoir des riches, goût public, assumé pour la richesse. On dépense pour soi, contre les lois idéales qui nous disent de ne rien posséder, mais pas encore de manière frivole, plutôt parcimonieuse. Les riches deviennent des fléaux car ils ne gouvernent pas, mais s'occupent uniquement de leurs richesses. Cité désunie, double : celle des riches et celle des pauvres. Intérêts opposés, dissensions. Domination du principe de désir. L'homme individuel correspondant vit pareillement en discorde avec lui-même, conflits de désirs.

- la démocratie (modèle d'Athènes) : naît de la négligence de la modération, incompatible avec l'appétit de richesse. La liberté au centre de tout, chacun fait ce qu'il veut. Volonté des pauvres d'un régime nouveau. Extermination et bannissement des riches, partage égal du pouvoir. Manque de cohérence et d'unité. Agréable mais privée de gouvernement réel. L'homme démocratique, oubliant la parcimonie, est en conflit intérieur entre satisfaction des désirs nécessaires (oligarchie) et celle des désirs non nécessaires. Tend à la liberté de tous les assouvir, illusion d'équivalence. Aujourd'hui, on parlerait sans doute de "caprices".

- la tyrannie : naît de l'appétit insatiable de la liberté démocratique. le peuple, aspirant à une entière liberté, se sentant contraint, se choisit un protecteur pour défendre ses intérêts. Celui-ci, promettant le partage, "prenant goût au sang", devient tyran. Il déclare des guerres pour asseoir son autorité, supprime les opposants, qui ont de la valeur, et cohabite donc avec la masse des médiocres, qui le haïssent en raison des guerres qui les ruinent. Importante garde personnelle composée d'anciens esclaves qu'il a affranchis : le peuple devient soumis à des esclaves… Parricide, il use de violence contre le peuple qui l'a engendré comme un père. L'homme tyrannique est dominé par un désir bestial, impératif ; soumission, aliénation aux émotions ; folie. Il passe du "côté obscur"... ! Lui-même tyrannisé de l'intérieur. Dans la vie privée, ou bien on le flatte, ou bien il s'abaisse pour obtenir ce qu'il veut : donc toujours maître ou esclave de quelqu'un. Ignore la liberté et l'amitié. Homme le plus injuste.

Cet exposé renvoie à la question initiale du bonheur du juste et à l'intérêt de la justice en soi, et y répond. le tyran est le plus malheureux des hommes car, au-delà des apparences, de sa prestance, il est asservi tout entier, il n'a plus de bon en lui, il est toujours pauvre car jamais rassasié, et il vit dans la crainte et la souffrance perpétuelles. Par peur, vu qu'il est entouré de gens hostiles ou flattés, il est enfermé chez lui, lui qui est torturé de désirs innombrables. L'homme royal, au contraire, le philosophe, est le plus heureux, exerçant la royauté sur lui-même et sur la cité. Il est l'être le plus libre qui soit. Ses plaisirs liés à la recherche de la connaissance sont les plus agréables. Ils sont en plus les plus "réels" car ce sont ceux qui nourrissent l'âme, et non ces illusions de plaisirs que sont les simples comblements nécessaires de manques du corps, comme la faim et la soif, qui ne font parvenir qu'à un état intermédiaire de tranquillité, et non à un état supérieur comme celui où mène la philosophie.

La justice est donc le bien suprême de l'âme. L'injuste, même s'il agit impunément, même s'il possède l'Anneau de Gygès qui rend invisible et dissimule ses actes, est toujours plus malheureux que le juste. À quelqu'un qui ne sait s'il doit agir de telle manière qui lui paraît mauvaise, le sophiste dirait : "Ne t'en fais pas, tu peux mal agir, personne ne verra rien". Ce à quoi Socrate répondrait : "Oui mais toi-même, en ton for intérieur, tu le sauras …" Par conséquent, l'homme bon n'est pas bon par contrainte, à cause des lois ou d'un dieu qui le regarderait et voudrait le juger, mais parce que l'homme bon reconnaît la nature supérieure de la justice par rapport à l'injustice, laquelle rend malheureux en corrompant l'âme, en nous rendant avides et méprisables.

Pour finir, Socrate parle de l'immortalité de l'âme et de la récompense des justes après la mort, comme quoi l'homme juste ne peut qu'être aimé des dieux, qui ne se méprennent pas, qu'il peut être malade ou pauvre dans sa vie mortelle mais que son âme immortelle recevra la faveur des dieux. Il dit que dans la société humaine, le juste finit toujours par jouir d'une meilleure réputation, et l'injuste par se faire démasquer et devenir la risée de tous. J'ai du mal pour ma part à être d'accord avec ça : beaucoup d'injustes à mon avis triomphent et continuent de triompher même longtemps après leur mort… Beaucoup de rois, d'empereurs sont encore adulés qui ont été en réalité de véritables bouchers. le mythe final d'Er soutient que la vie mortelle engage également les vies futures de l'âme, en ceci qu'au moment de se choisir une nouvelle existence (métempsycose), celle-ci, sachant déjà distinguer la vie bonne et la vie mauvaise, saura mieux choisir une vie faite de vertu. Elle ne connaîtra pas alors les tortures que réserve l'Hadès aux mauvaises âmes pendant mille ans, durée entre deux réincarnations, mais plutôt les douces délices de la vie céleste… Jolie promesse.



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