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Critiques de Albert Cossery (132)
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Les Couleurs de l'infamie

Sit and see...



J'ai terminé l'année avec les couleurs de l'infamie.

Je ne dois pas être le seul. Enfin, me concernant, c'est – surtout - du livre d'Albert Cossery (1913-2008) que je parle. Cela faisait un petit moment que je voulais me plonger dans l'oeuvre du “Voltaire du Nil” et j'ai compris – mais pas immédiatement – pourquoi on surnommait ainsi cet écrivain égyptien francophone.

Mon premier “Cossery” aura donc été son dernier jet littéraire, paru en 1999. Il est peut-être maladroit, voire incohérent, d'entrer dans une oeuvre par sa fin, si l'on en veut saisir le cheminement intellectuel. Mais c'est que je n'ai pas de plan de travail, mes bons amis ! Et d'ailleurs, lire n'a jamais été un travail pour moi. Ce que je lis, je le trouve par le fait du hasard, une curiosité inopinée ou une opportunité, et si je décide de chroniquer, c'est un peu au débotté. Et après tout ce livre, s'il ne résume pas une vie entière, il la ponctue. Ce qui est autrement plus édifiant.

Livre ponctuant donc. Court et vite lu. Livre bien peu révolutionnaire, en fait. C'est la certitude qui m'a accompagné jusqu'à la moitié du roman. Jusqu'à cette drôle de visite (ou cette visite drôle) dans un cimetière - tiens ?

Le personnage principal s'appelle Ossama, qui s'extrait à la troisième page de la « multitude humaine » du Caire et qui, en réalité la « contemple » passivement d'une hauteur de la ville. Personnage en-dehors ou en-dedans ? La question n'est pas sotte. En tout cas, la sienne de question à Ossama, celle qui perturbe sa caboche de Robin des Bois désinvolte et roublard habillé « avec élégance à la manière des détrousseurs patentés du peuple », paraît plus prosaïque et ne se révélera pas moins existentielle : que faire d'une lettre compromettante qu'on a dérobée à un individu qui incarne à lui tout seul tout un système pourri ?

Ben, c'est pareil pour moi : je me demande assez vite ce que je vais faire d'un tel roman qui me laisse une impression si mitigée après quelques dizaines de pages : une écriture un chouïa trop explicative sans interstice pour l'imagination du lecteur, une enfilade verbeuse avec des mots-piliers le long desquels on n'a plus qu'à se promener et concevoir que tout cela est fort joliment dit, une écriture sans réelle densité où se sent l'application d'un écrivain soucieux de ne pas faire de répétition. Un registre soutenu, académique même, qui fait honneur à la langue française mais ne retranscrit pas la vie anarchique et illettrée des ruelles cairotes. Un décorum de pays pauvre a été installé avec ces gravats de carton-pâte. On aurait aimé – si l'on peut dire - des cassures de rythme dans le récit, des libertés de style, avec ce qu'il faut de relents de merde et de gasoil, bref du foutoir, du bazar, encore du bazar ! Une réalité plus dérangeante, quoi – car la réalité est dérangeante. Cossery croit-il dénoncer la misère, le veut-il même ? le doute est là, il semble la polir, la justifie même puisqu'elle s'accompagne de bonne humeur.

À moins que Cossery n'échappe ainsi à « l'image ordinairement pittoresque et sombre de la misère ». Oui, Peut-être.

Sapé comme un prince des temps modernes, Ossama marche dans la ville, cette ville presque désincarnée en dépit – ou à cause - des efforts de description ci-dessus évoqués, désincarnée et par là-même sans âme, alors que l'auteur ne cache pas son empathie pour ces petites gens. Ossama donc marche, s'assied, et discute. Le palabre ne s'arrête jamais vraiment, il relie une série de figures parfois prévisibles : Safira, la jeune prostituée enamourée ; le vieux Moaz, au visage évidemment pétri de sagesse ; Nimr, le pickpocket pédagogue pour gamins miséreux…

Le roman bavard s'emplit de personnages qui ne sont pas loin de l'être aussi, bien que chaque mot soit pesé. le francophone Cossery utilise cette langue d'emprunt et de choix avec une minutie d'orfèvre. C'est sûrement moi, le barbare intolérant.

Tout n'est qu'illusion. Chaque personnage se fabrique un monde, ou se le réinvente, ignorant - par mépris ou par erreur – la brute réalité. Chacun – et peut-être l'auteur lui-même - est un être assis et satisfait, y compris dans son dégoût des choses, sa répugnance du système en place (brutalités policières, corruption politique…) ; assis en spectateur qui se demande comment – et surtout pourquoi – être acteur, et ne devient acteur que par l'écoulement de son texte à réciter. Comme Ossama s'adressant à Nimr : « L'école ne m'a appris qu'à lire et à écrire. Cette mince instruction fut pour moi le chemin le plus sûr pour mourir de faim dans l'honnêteté et l'ignorance. C'est toi qui le premier m'as ouvert les yeux sur la pourriture universelle. Avoir compris que le seul moteur de l'humanité était le vol et l'escroquerie, c'est ça la vraie intelligence. Pourtant tu n'es pas allé à l'école. » Pourtant le style de Cossery est scolairement irréprochable, infiniment respectable. La non-instruction est vantée par la plume de l'instruit qui use de l'outil linguistique avec l'aisance de celui qui sait. Cossery le dandy ne serait-il pas Ossama, le filou tiré à quatre épingles, filant au milieu de la cohue puante, la regardant in fine quelque peu de haut, d'où cette écriture soignée, presque manucurée, qui transmute le sordide en descriptions élégantes, laissant ainsi la révolution physique à ceux qui échoueront inévitablement. Tel Moaz, ancien ouvrier rendu aveugle par le coup de matraque d'un flic, suspendu aux échos de la rue qu'il traduit à son tour, à sa manière, en espérances d'un monde qu'il croit changé par son sacrifice.

Jusqu'à ce que les murs s'écroulent, définitivement, ramenant tout à la poussière.

Tout cela manque de furie, de colère - trop occidental comme concept ? -, même si bien sûr cette écriture tenue et infiniment maîtrisée sert aussi – probablement – à révéler la dignité du peuple des pauvres, de ce peuple qui cherche à surnager dans le chaos social. Manque de rage, certes, mais à quoi bon s'enrager ? Mieux vaut sourire.

La discussion va se poursuivre dans la Cité des Morts. C'est là que nous attend Karamallah, le philosophe de la dérision, l'homme du refus des conventions et des idéologies, l'homme de la marge, des marges, jusqu'à accepter de vivre au milieu des tombes.

Justement, c'est à ce moment-là que je me suis assis, moi aussi, avec les protagonistes. C'est qu'il semble intéressant, cet homme-là : « le seul temps précieux, ma chère Nahed, est celui que l'homme consacre à la réflexion. C'est une des vérités indécentes qu'abominent les marchands d'esclaves » dit-il à l'étudiante venue l'interroger. Kamallah apparaît comme un chantre de l'irrévérence, partisan de la « guerre joyeuse » contre les impostures et le matérialisme, et je comprends qu'il est là, l'auteur ; c'est lui Cossery, l'observateur amusé, compatissant dans l'ironie. Pas étonnant qu'il s'entende avec Ossama qui a compris lui aussi qu'il fallait jouer avec les codes de ses ennemis. Jouer, oui.

Me revient une des tirades d'Ossama, prononcée à un moment de la longue discussion où elle ne m'enthousiasmait guère, ce gredin lucide Ossama jouait alors son rôle d'entourloupeur bien sapé : « Moi je ne suis qu'un voleur. On ne torture pas ceux qui vous font vivre. le salaire des policiers dépend des gens de mon espèce. Je n'ai jamais envisagé de renverser le pouvoir établi et je suis content de tous les gouvernements. Aucun régime politique ne m'empêchera de voler. Je suis sûr d'exercer toujours mon métier. Et cette assurance n'existe dans aucune autre catégorie de travailleurs. As-tu jamais vu un voleur au chômage ? »

Cette tirade m'apparait maintenant comme une profession de foi, celle de l'écrivain dandy, écœuré par les accommodements du monde, de tout le monde, et qui a choisi de se décaler pour trouver le bon poste d'observation, de se mettre en marge de l'effervescence humaine – une terrasse de café est une marge bien suffisante - pour l'à la fois vomir et moquer, faire ainsi de son inutilité sociale une utilité quasi ontologique.

Nous voici dans un autre café des quartiers populaires d'al Qahira. Atef Suleyman, pourriture absolue, s'assoit avec nous, et l'on croit encore mieux comprendre l'esprit cosseryen, teinté d'humour malicieux. Deux récits se croisent sans croiser le fer, donc sans manichéisme caricatural : il y a celui de Suleyman, un énorme mensonge qui nourrit l'ignorance, la propagande, la soumission… La justification, par le biais des pyramides antiques, de l' “obsolescence programmée” des immeubles qu'il fait construire est un modèle d'abjection absurde ; et il y a cet autre, sûrement ambigu, celui du parti-pris de rire devant la vanité des pouvoirs et l'amoralité du monde.

Pas sûr que le roman soit au final très optimiste. Ou plutôt si, il l'est, puisqu'il n'y a pas grand-chose à faire pour améliorer tout ce cloaque. La crapule est ridiculisée mais perd peu, puisque d'honneur elle n'a jamais eu, et que l'honneur de toute façon n'a guère d'importance : « Sache que l'honneur est une notion abstraite, inventée comme toujours par la caste des dominateurs pour que le plus pauvre des pauvres puisse s'enorgueillir d'un avoir fantomatique qui ne coûte rien à personne », dixit Karamallah.

L'ultime ouvrage d'Albert Cossery serait donc comme une fable désabusée mais rieuse. Un conte philosophique plus honnête que ceux du roué François-Marie Arouet.

C'est évident, Cossery m'interpelle, et je sais que je vais continuer d'errer dans ces autres livres. M'asseoir et voir le monde avec la distance qu'il faut.

Et qu'on me pardonne l'anglais fashionable du titre de cette inutile bafouille - Karamallah doit en sourire. Il faut bien jouer avec les codes de ce bas monde.

Allez, bonne année à chacun/e
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La maison de la mort certaine

Ouvrir ce livre d' Albert Cossery, l'iconoclaste qui manie dérision et humour c'est avoir en mains un texte abrasif, toujours loin des sentiers battus, court ce qui ne gâte rien et qui offre un plaisir maximum.
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Les hommes oubliés de Dieu

N'importe quel roman d'Albert Cossery est parfait.

Corrosif, asocial, sans pitié pour les imbéciles, il procure au lecteur une jubilatoire satisfaction.
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Les fainéants dans la vallée fertile

J'ai trouvé ce livre dans ma librairie préférée, parmi d'autres ouvrages de Albert Cossery. Le titre m'a attirée, l'histoire aussi ; j'avoue que je n'ai pas été déçue.

Cette histoire sort vraiment de l'ordinaire, c'est très bien écrit, une vraie friandise.

J'espère avoir l'occasion d'en lire d'autres!
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Mendiants et orgueilleux

J'ai plongé dans une époque, j'avais l'impression de vivre avec ces gens qui me sont si lointains, la langue est d'une beauté fulgurante, à aucune moment je ne me suis senti étranger et pourtant tout ici est étrange. Le Caire quelque part au siècle avant dernier, qu'importe la date, dans un brouhaha incroyable, des personnages (deux en particulier) qui sont d'une grande complexité. La morale vole en éclat en permanence: malgré des conditions de vie incryablement difficile ici la misère est absente. L'extrême pauvreté est aussi une ressource du récit, un fait, pas un obstacle ni même une difficulté. Magnifique roman, exceptionnel.
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Mendiants et orgueilleux

Une galerie de personnages truculents arpentent les taudis du Caire où la misère est le lot quotidien. Cette misère devient sagesse chez Gohar, ex-philosophe, devenu mendiant par choix et pour qui la vie est un spectacle réjouissant plein de surprises. Sa présence devient réconfort pour ses amis, Yéghen, le trafiquant de hachisch dont la laideur le condamne à la solitude, et El Nourik, petit fonctionnaire, rêveur idéaliste et perpétuel amoureux. A ce trio vient se frotter Nour El Dine, un policier homosexuel autoritaire, qui, au cours de l’enquête pour résoudre le meurtre d’une jeune prostituée, va perdre petit à petit ses certitudes. Sans être totalement pessimiste, le ton est désabusé et ironique. J’ai été un peu gênée par le regard négatif posé sur les femmes. Néanmoins ce livre a de grandes qualités littéraires et vaut le détour.
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Oeuvres complètes - Tome 1

Avec " Mendiants et orgueilleux ", l’écrivain signe un roman où l’intrigue policière se double d’une lancinante interrogation sur le sens de la vie, les personnages ont fait le choix d’être dans la misère et la mendicité.



Gohar, professeur de philosophie, préfère être mendiant qu’être complice du système social, afin de trouver la paix de l’âme. Yéghen poète et fournisseur de haschisch est physiquement très laid mais très heureux, très généreux et plein d'humour. El Kardi, petit employé de ministère rêve de gloire, cherchant à justifier ses idéaux révolutionnaires. L’inspecteur policier Nour El Dine pédéraste, qui enquête sur le meurtre, sa rencontre avec tous les personnages lui font subir une profonde transformation, il finira à son tour mendiant pour suivre la voie de la sagesse et retrouver la paix comme le lui avait enseigné Gohar. Et c’est sans oublier l’humour de l’auteur qui introduit un personnage cocasse, le voisin de Gohar, un homme tronc , mendiant de son métier, que sa femme dépose sur un trottoir de la ville européenne et revient le chercher à la nuit tombées. Certain soir, Il subit les crises de jalousies de sa femme, qui l’accuse de séduction.





l’auteur nous offre une belle leçon d’humilité et une belle réflexion sur nos manières d’envisager la vie.
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Mendiants et orgueilleux

Mendiants et orgueilleux est le plus célèbre des romans d'Albert Cossery, une très étrange ode au Caire du début du XXème siècle, et surtout à sa population la plus dénuée de tout.

Dans un bordel miteux, une jeune prostituée est retrouvée étranglée mais n'est finalement qu'un prétexte au roman. Peut-on être pauvre et heureux? Le dénuement doit il forcément s'accompagner d'une tristesse digne?

Dormant sur des journaux dans un hotel insalubre, Gohar, ancien philosophe refusant de se laisser dicter sa vie, nous entraîne à la rencontre d'une étrange galerie de personnages improbables.

Le coupable nous est connu dès le meurtre et très vite, ce n'est pas du tout la résolution de l'enquête mais l'affrontement de deux visions du monde entre le policier chargé de l'enquête et les familiers du bordel qui occupe le roman.

Malgré une certaine difficulté à entrer dans le roman, son ambiance très particulière, l'élégance de l'écriture, l'ironie qui l'habite en font une oeuvre que j'ai beaucoup appréciée et que je recommande.
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Mendiants et orgueilleux

Ancien professeur à l’université et philosophe, Gohar a décidé de tout quitter pour devenir mendiant. Il estimait que « enseigner la vie sans la vivre était le crime de l’ignorance la plus détestable ». Alors il se contente maintenant de peu, de très peu même, mais profite de la vie, sans contraintes financières ou d’horaires, sans attaches, sans compte à rendre… Quoi que des comptes à rendre, il pourrait bien y en avoir quand même. Une jeune prostituée est morte et Nour El Dine, le policier en charge de l’enquête, compte bien trouver le coupable. Mais, dans tout cela, qui a le plus à perdre ? Celui qui n’a déjà plus rien sauf sa sagesse et sa mémoire ou celui qui possède des biens matériels et des secrets ?



Il y a une trame policière dans ce roman, avec en fil rouge la résolution du meurtre de la prostituée. Mais le but n’est bien sûr pas ce jeu policier, car on sait dès le départ que Gohar est le coupable. Ce met en place un jeu du chat et de la souris entre celui-ci et le policier, grâce auquel Cossery va nous faire découvrir ce peuple égyptien, pauvre, très pauvre même, mais riche d’auto-dérision, de lumière, de débrouillardise, de fierté et d’optimisme face à l’adversité.

(lire la suite...)
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La maison de la mort certaine

L'histoire est simple, l'intrigue également, si tant est qu'on en ait une. Le style est celui de ce grand écrivain, qui en partant d'une banale affaire de maison délabrée, nous amène peu à peu à considérer qu'il raconte en fait la révolte mesurée de quelques hommes, et que cette révolte n'est que le signe avant coureur du grand soir. Le petit peuple opprimé, sans moyens, pauvre à pleurer, dispose d'un pouvoir indicible, celui de la révolution qui adviendra.

Un très beau livre, un grand écrivain.
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Un complot de saltimbanques

Teymour, après avoir passé des années heureuses et débauchées à l'étranger, revient dans sa petite ville natale, quelque part en Orient. Parti pour devenir ingénieur, c'est avec un faux diplôme qu'il revient, et vite il regrette les plaisirs et les raffinements de l'ailleurs. Mais des retrouvailles avec ses anciens camarades vont lui apprendre que la jouissance est accessible partout et que les hommes sont les mêmes en tout lieu : drôles et dérisoires. Ensemble, ils mènent une vie d'oisiveté et de rire et prônent une liberté absolue. Cela suffit pour que la police les soupçonne de mener un complot politique...



Avec son style inimitable, Albert Cossery nous plonge dans une ambiance amusante et profonde, et prend sur le vif, avec une dérision délicieuse, notre condition d'homme. Sa remise en cause de l'ordre établie et du conformisme est d'autant plus poignante qu'elle est faite par un humour fin et impitoyable. J'ai beaucoup ri dans ce roman où les actions sont pourtant menées avec lenteur. Car cet écrivain égyptien, qui a pris le temps de n'écrire que neuf livres entre 1931 et 1999, savait manier la plume et construire plus qu'un récit, mais une œuvre littéraire.



Céline
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Une ambition dans le désert

Ouvrir ce livre d' Albert Cossery, l'iconoclaste qui manie dérision et humour c'est avoir en mains un texte abrasif, toujours loin des sentiers battus, court ce qui ne gâte rien et qui offre un plaisir maximum.

Car il ne se répète pas à la différence de Mahfouz
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Les Couleurs de l'infamie

Ouvrir ce livre d' Albert Cossery, l'iconoclaste qui manie dérision et humour c'est avoir en mains un texte abrasif, toujours loin des sentiers battus, court ce qui ne gâte rien et qui offre un plaisir maximum.
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Les fainéants dans la vallée fertile

Ouvrir ce livre d' Albert Cossery, l'iconoclaste qui manie dérision et humour c'est avoir en mains un texte abrasif, toujours loin des sentiers battus, court ce qui ne gâte rien et qui offre un plaisir maximum.
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Mendiants et orgueilleux

Ouvrir ce livre d' Albert Cossery, l'iconoclaste qui manie dérision et humour c'est avoir en mains un texte abrasif, toujours loin des sentiers battus, court ce qui ne gâte rien et qui offre un plaisir maximum.
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Mendiants et orgueilleux

Après avoir découvert Albert Cossery avec les "fainéants de la vallée fertile", j'ai eu envie d'en lire un autre.

Je ne suis pas déçue, ce style étincelant me ravit et l'ambiance du Caire des indignes est aussi vivante que si l'on y était.

C'est un texte philosophique, qui parle de la possession et de la dépossession, que la richesse matérielle n'est pas la plus importante. Qui est capable de tout quitter pour aller vivre dans les taudis à part Soeur Emmanuelle?

L'histoire de Gohar parle de la relativité de ce qui nous tient au monde. Que vaut l'assassinat d'une jeune prostituée alors que partout ailleurs on tue des être humains par centaines? Que vaut la vie, l'argent se mange-t-il?

Non, le bonheur est ailleurs, c'est une vue de l'esprit, et dans le quartier pauvre on vit mieux que chez les riches.

Pourtant l'on est toujours fasciné par les princesses parce qu'on n'en voit que leurs belles robes, mais, en vérité la vie de Lady Di ou celle de Charlène de Monaco et toutes les autres personnalités des magazines ne nous renvoie-t-elle pas la qualité de la nôtre, finalement plus enviable?

Je préfère être à ma place qu'à la leur, bien tranquille, simple et sans surveillance, à aimer qui je veux et à manger ce que je veux, sans protocole, ni étiquette, ni garde du corps.

Telle est la parabole des mendiants orgueilleux, car ils peuvent s'enorgueillir d'être libres, ils ne craignent pas la police, on ne peut rien leur taxer, car ils n'ont rien. Mais finalement, ils ont plus que les riches qui s'abritent frileusement derrière leurs grilles dorées, envoient leurs fortunes dans des "paradis fiscaux" dont ils ne profitent guère, continuellement apeurés à l'idée d'être dépouillés.

Alors qui sont les gagnants?



On peut en avoir une idée à la dernière phrase du roman!
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La maison de la mort certaine

Albert Cossery est un écrivain égyptien d'expression française née au Caire en 1913 et mort à Paris en 2008. Malheureusement, me semble-t-il un peu tombé dans l'oubli, Albert Cossery était pourtant une figure de Saint-Germain-des-Prés. Personnellement, j'aime énormément cet auteur surnommé le « Voltaire du Nil » et lorsque je souhaite lire un livre marqué par l'ironie, je sais qu'avec Albert Cossery je ne serai pas déçu. Alors, de temps en temps, pour mon plus grand plaisir, je me plonge dans une histoire égyptienne. En effet, sachez que les récits d'Albert Cossery se déroulent tous en Égypte, mais dans l'Égypte des humbles, des pauvres gens, de tous ceux qui ne connaissent ni gloire ni fortune…



Dans « La maison de la mort certaine », l'action se déroule dans un quartier démuni du Caire et dans lequel des locataires trop pauvres pour pouvoir s'installer ailleurs se retrouvent piégés, à cause d'un propriétaire foncier malhonnête, dans des habitations en ruines. Parmi tous les habitants mal-logés, un homme se fera remarquer par un enfant espiègle et nu comme un ver que sa maison est sur le point de s’écrouler. Aussi, c'est à partir de cette entrée en matière que l'histoire du livre va progresser, avec des personnages pittoresques hauts en couleur. Les femmes du quartier seront les premières qui iront se révolter auprès du propriétaire indélicat, afin que la maison du vieil homme soit réparée… Ces dernières, à la langue bien pendue feront tout leur possible pour parvenir à leurs fins, tandis que les hommes iront trouver celui qui sait écrire pour les aider à contacter les autorités compétentes.



« De la part du gouvernement, il ne pouvait advenir que des malheurs. Les locataires étaient tranquilles de ce côté. Si le gouvernement les ignorait, c’est qu’il était occupé ailleurs. À quoi pouvait-il être occupé, le gouvernement ? Les locataires pouvaient mourir, mille fois mourir, le gouvernement, c’était certain, ne se dérangerait jamais pour leurs sales gueules. »



Toutefois, le premier concerné, le vieil homme qui habite la maison fissurée de toutes parts sera aussi celui qui prendra les choses avec le plus de philosophie. Ce locataire observera ce petit monde agité d'un regard détaché et il analysera les situations de manière simple, mais toujours avec justesse et pragmatisme. Dans ce roman, on retrouve l’Égypte comme si nous y étions, mais non pas l'Égypte du touriste occidental, mais celui du peuple égyptien. Les personnages de ce roman usent d'un langage grossier, ils profèrent des insultes que seuls les locaux connaissent. Effectivement, l'histoire ne se situe pas dans le milieu petit-bourgeois égyptien, mais dans les bas-fonds et l’auteur restitue avec maestria l’ambiance du lieu. Il s'agit d'un endroit poisseux dans lequel la pauvreté règne, mais où les gens n'en sont pas moins heureux. Albert Cossery, tourne en ridicule le propriétaire hors-la-loi, c'est jubilatoire. Cependant, le livre n'est pas seulement une fable orientale, il est aussi une critique du gouvernement égyptien qui a abandonné son peuple, celui-ci doit se débrouiller seul. Aide-toi et Dieu t'aidera ! Les personnages du roman se demandent même si les autorités locales existent… Il y a beaucoup de dérision dans ce texte, comme dans tous les livres d’Albert Cossery qui possède un style franc. Cependant, l'histoire n'est jamais triste même si les situations sont malheureuses.



Si vous souhaitez découvrir cet auteur égyptien, je vous conseille de commencer par « Mendiants et orgueilleux » qui reste mon roman préféré d’Albert Cossery. Qui connaît cet écrivain ? Quel autre écrivain égyptien me conseilleriez-vous ?
Lien : http://deslivresetdesfilms.c..
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Un complot de saltimbanques

J'ai été déçue par ce roman. L'auteur me tentait pourtant bien vu mon amour pour la littérature égyptienne. Je tâcherai d'en lire d'autre du même auteur pour ne pas rester sur un échec.

Ce roman est à l'image des autres romans d'auteurs égyptiens à savoir que l'on y retrouve les mêmes items : les relations hommes/femmes, la pauvreté versus la richesse, les fonctionnaires (j'aimerais comprendre cette fascination et ce rejet qu'on les égyptiens pour les fonctionnaires de leur pays).
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Les hommes oubliés de Dieu

Cinq nouvelles pour parler de ces hommes et ces femmes oubliés de Dieu : Zouba, le facteur, qui supporte la violence parce qu’il se croit supérieur à ceux de son quartier, car lui sait lire et connait donc tout leurs secret ; Faiza qui pense que le désir et le plaisir qu’elle sent au fond d’elle sont l’œuvre du démon ; Chaktour qui subit sa misère mais comprend que son enfant refusera cet héritage et sent un vent nouveau arriver ; Abou Chawali qui possède une école de mendicité et se bat pour que les traditions perdurent, que les mendiants continuent à montrer la misère sous son pire aspect ; Sayed Karam, ancien acteur, qui voulait réaliser de grandes choses pour étonner les hommes et se rend compte finalement qu’il vaut mieux réaliser de grandes choses pour les aider et les conduire vers une vie meilleure.



C’est un de ces livres qui ne vous lâche pas. De ceux qui restent en tête longtemps après l’avoir refermé. « Il n’y a pas de phrases pour rien dans mes livres », disait celui qui pouvait prendre plusieurs jours pour trouver le bon mot, lors d’une interview pour Le Magazine Littéraire. Il en reste des textes denses de personnages se trouvant dans le dénuement le plus total, mais digne au-delà de tout. Des personnages qui s’échappent dans le sommeil ou le haschich, mais où on sent la possibilité de révolte encore bien présente. Il ne suffirait parfois que d’un tout petit élément pour la déclencher.

(lire la suite...)
Lien : http://www.tulisquoi.net/les..
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Mendiants et orgueilleux

L’action des romansd'Albert Cossery se déroule en Egypte. Ils mettent en scène des personnages marginaux, souvent farceurs et un peu flagorneurs : démunis, ascètes, dormeurs, gens du peuple, prostituées, mendiants, vagabonds...





Ces récits évoquent tout à la fois l'existence, la nonchalance, la paix et la violence. Les nantis, les corrompus et tous les pouvoirs sont tournés en dérision.





La révolte d’Albert Cossery est une sorte d'anarchisme individualiste, à la violence et à la bêtise il oppose l'humour.





Le lire c’est s’accorder une pause, une sieste en pleine canicule, un voyage vers l’Egypte, où n’a d’importance que l’art de ne rien faire, à la manière d’un Oblomov.
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