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Critiques de Albert Cossery (132)
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Les hommes oubliés de Dieu

Les livres d'Albert Cossery sont tous un peu les mêmes. Ils nous parlent des laissés pour compte du Caire.



Cette ville, dont on a arrêté de compter les habitants, comprend un centre-ville moderne et une ville "indigène" qui s'étend de façon anarchique. C'est là que Cossery nous fait découvrir toute une galerie de personnages plus ou moins loufoques. Ces héros sont toujours en marge de la société. On comprend vite qu'ils n'ont pas vraiment le choix tant la corruption règne en maître. L'homme "honnête" est souvent voué à la pauvreté et à l'inverse l'homme "parvenu" a dû se livrer à bien des compromissions.



Mais si la vie est difficile dans ces bidonvilles, leurs habitants ont développé un solide sens de l'humour pour y faire face. Cossery a l'art de décrire ses personnages dans des situations les plus cocasses à la limite du surréalisme.



Ainsi de cet homme, qui aspire à dormir toute la journée, et qui a chassé tous les bruits néfastes de sa rue afin de s'adonner à son seul plaisir : la sieste! L'infortuné est inopinément réveillé par un facteur (c'est à dire un fonctionnaire vendu au gouvernement) bouffi d'orgueil et qui se sent investi d'une mission civilisatrice à porter le courrier à des analphabètes. Leur dialogue vous fera pleurer de rire.



Ou bien encore deux mendiants qui ont chacun créé une école de mendicité, comme s'il s'agissait là d'une profession comme une autre, que l'on peut enseigner. L'un professant qu'il faut avoir l'air le plus misérable possible pour attirer la générosité du bon musulman, l'autre qu'il faut au contraire sauver les apparences pour ne pas effrayer le donneur potentiel...



Ou encore cet homme qui voit son fils revenir le jour de l'Aïd avec des herbes aromatiques en espérant qu'ils pourront manger du mouton. L'enfant demande naïvement à son père pourquoi tout le monde festoie alors qu'ils meurent de faim. Le père prend alors conscience de sa pauvreté et n'a aucune explication rationnelle à donner à son fils si ce n'est qu'ils sont "oubliés de Dieu".



La force de cet auteur est de vous faire rire des choses les plus graves. Il nous fait découvrir la puissance de la dérision. Les "faibles", qui n'ont rien, l'emporteront toujours sur les riches qui ont tout à perdre. La seule chose que désirent nos gouvernants est qu'on les prenne au sérieux. Cossery nous montre combien ils deviennent risibles lorsqu'on les considère pour ce qu'ils sont : des pantins. Nous ne sommes pas loin de l'anarchisme car rien n'a d'importance pour Cossery.



Le plus étonnant est que l'auteur a vécu conformément aux préceptes qu'il défendait. Il a vécu pendant 50 ans dans un hôtel à Saint Germain des près sans jamais vraiment travailler. Il a écrit 8 livres en 50 ans ce qui est finalement assez peu. Il disait qu'il n'écrivait pas plus d'une phrase par jour et qu'il la peaufinait jusqu'à ce qu'elle soit parfaite. Il réussit parfaitement car ses 8 livres sont des bijoux de concision.



Si vous avez la chance de ne pas encore avoir lu Albert Cossery jetez-vous dessus. C'est selon moi un auteur majeur du XX ème siècle. J'aimerais parfois avoir le bonheur de le redécouvrir comme si c'était la première fois.

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Mendiants et orgueilleux

http://bartlebylesyeuxouverts.blogspot.com/2007/11/le-souk-du-caire-albert-cossery.html



Extrait :



De nombreux critiques sur le net se posent la question de l'utilité de leurs textes. Je crois qu'il n'y en a qu'une : faire découvrir par de modestes billets des auteurs qui nous sont chers. S'il arrivait que mes textes fassent lire ne serait-ce qu'un livre, alors tout cela n'aura pas été vain. En tout cas, c'est grâce à deux articles d'Untel (ici et là) que j'ai découvert cet écrivain égyptien né au Caire en 1913 et vivant actuellement à Paris dont je n'avais jamais entendu parler : Albert Cossery.

Mendiants et orgueilleux, dont l'action se déroule au Caire, est considéré comme l'un de ses meilleurs livres. Il a été adapté deux fois au cinéma.



Le début du livre fait immédiatement penser à l'un des meilleurs textes du Plume de Michaux : Gohar qui dort sur des journaux à même le sol est réveillé par l'inondation de sa misérable chambre. Rien de grave, alors il se rendort, espérant qu'une intervention surnaturelle veuille bien mettre fin à tout cela. Les dieux ne se manifestent hélas pas, les eaux continuent de monter et Gohar est alors obligé de se lever et d'aller s'assoir sur sa chaise, l'unique meuble de son logement. La thèse sous-jacente au roman est ainsi donnée : celui qui ne possède rien est libre, heureux, parce qu'il n'a rien à perdre. Le dénuement est le secret de la sagesse :



« Un instant il resta pensif, regardant sa couche ravagée et hors d'usage. Les vieux journaux qui lui servaient de matelas étaient complètement submergés ; ils commençaient déjà à flotter au ras du sol. La vision du désastre lui plut à cause de simplicité primitive. Là où il n'y avait rien, la tempête se déchaînait en vain. L'invulnérabilité de Gohar était dans ce dénuement total ; il n'offrait aucune prise aux dévastations. »



La pauvreté est à la fois une sagesse et une révolte. Une sagesse puisque ce sont le désir d'acquisition et la crainte de la perdre qui nous rendent seuls malheureux. Celui qui ne veut rien, ne possède rien échappe donc nécessairement au malheur. Une révolte également parce que Gohar n'a que du mépris pour cette société qui trouve son accomplissement dans le travail, l'exploitation de l'autre, le désir d'accumulation, etc. Le meilleur moyen de combattre les salauds n'est pas la lutte politique comme le croit son ami El Kordi, jeune idéaliste naïf, car c'est encore une manière de participer au système, mais de se retirer totalement du jeu social. C'est ce que tente de lui expliquer le vieux sage :



« Gohar éleva la voix pour répondre.

- Je n'ai jamais nié l'existence des salauds, mon fils !

- Mais tu les acceptes. Tu ne fais rien pour les combattre.

- Mon silence n'est pas une acceptation. Je les combats plus efficacement que toi.

- De quelle manière ?

- Par la non-coopération, dit Gohar. Je refuse tout simplement de collaborer à cette immense duperie.

- Mais tout un peuple ne peut se permettre cette attitude négative. Ils sont obligés de travailler pour vivre. Comment peuvent-ils ne pas collaborer ?

- Qu'ils deviennent tous des mendiants. Ne suis-je pas moi-même un mendiant ? Quand nous aurons un pays où le peuple sera uniquement composé de mendiants, tu verras ce que deviendra cette superbe domination. Elle tombera en poussière. Crois-moi. »

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Mendiants et orgueilleux



La possession matérielle fait-elle la richesse du cœur ? Rend-t-elle l’être humain digne et respectable ? Vivre dans la misère n’autorise pas la dignité ni la joie ; seuls la contrition et le travail acharné, soumis aux lois des dominants, correspondent à l’attitude attendue du pauvre. Engagés dans une immense entreprise de démoralisation, les bourgeois sèment une morale bien pensante à laquelle les pauvres s’accrochent, espérant un jour atteindre les sommets où paissent les bourgeois.



La misère s’immisce dans les derniers recoins de l’être, comme si l’état de dénuement absolu devenait le seul caractère identitaire de l’humain habité. La misère, venin contagieux, apporte avec elle le sérieux et l’obéissance, là où vivait auparavant l’allégresse de vivre, en toute simplicité.



Mais dans le quartier le plus pauvre du Caire, au début du xxe siècle, l’allégresse, l’insouciance règnent dans le cœur des hommes et des femmes qui, chaque jour, se rencontrent sur les places et les établissements mal famés et sordides – aux yeux de la morale bourgeoise. Ils n’ont rien, rien à perdre ; à l’opposé du quartier indigène où les rues, ordonnées et tristes, mettent en scène une « foule mécanisée – dont toute la vie véritable était exclue ».



Gohar ne possède rien, il n’est rien qu’un mendiant. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Ce vieux monsieur, autrefois enseignant de philosophie respecté qui logeait dans les quartiers riches, a tout quitté pour vivre dans le plus grand dénuement. Son bonheur, c’est sa chambre meublée d’une chaise et de quelques journaux en guise de lit ; c’est sa liberté de pensée arrachée au gouvernement totalitariste ; ce sont les doses quotidiennes de cannabis qui, si elles l’éloignent du monde moderne, angoissé et fou, le rapproche du cœur des hommes. Il ne court pas après la fortune et le progrès, il marche paisiblement à contresens. Ne rien posséder, n’avoir que sa propre vie à protéger, n’est-ce pas un luxe ?



Au Café des Miroirs, il y rencontre tout un peuple de travailleurs à la semaine et de mendiants libres et dignes. Nour El Dine, l’improbable collaborateur au monde des bourgeois, le policier chargé d’une enquête pour le meurtre d’une prostituée, abuse de sa position supérieure au sein de la société. El Kordi, l’idéaliste, fonctionnaire au ministère, est enlisé dans une routine bureaucratique, stupide et vaine, alors qu’il rêve du soulèvement du peuple égyptien opprimé par des dirigeants tyranniques. Mais sitôt en compagnie d’une jeune femme, il oublie ses velléités de justice sociale. Yéghen, ce « monstre d’optimisme », l’exact opposé de El Kordi, qui, au lieu d’essayer de penser à sauver le monde, apporte une aide concrète à son ami Gohar…



Albert Cossery aime ses personnages, et ça se ressent. Ce n’est pas l’intrigue qui alimente le plaisir de lire, mais l’intensité, le naturel et la simplicité de chaque personnage. Cette œuvre est remarquablement transparente : tout comme chez Jean Mecquert (publié dans la même collection), les idées sont revêtues de personnages, et non l’inverse. Chacun porte en soi des valeurs, des idées, et s’entrechoque aux autres ; ils sont hauts en couleur, improbables mais espérés, et forgés par tant d’idéalisme qu’on les fait siens dès les premières pages...



La suite de la critique sur mon blog :

http://www.bibliolingus.fr/mendiants-et-orgueilleux-albert-cossery-a80136594
Lien : http://www.bibliolingus.fr/m..
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Mendiants et orgueilleux

Après Les couleurs de l’infamie, après La violence et la dérision, Mendiants et orgueilleux est mon 3ème roman d’Albert Cossery. Ici aussi nous traînons dans les rues du Caire (même si la ville n’est pas nommée), ici encore les personnages sont des héros misérables, philosophes et révoltés par la brutalité d’un pouvoir injuste, ici toujours leurs seules armes sont une dérision joyeuse et une ironie mordante.

Dans ce roman se croisent, comme dans un vaudeville poissard ; Gohar l’ex-prof de philo devenu mendiant volontaire (sorte de Diogène cairote), Yéghen son ami, dealer de hachisch, El Kordi petit fonctionnaire révolté et inutile, et le flic de service, Nour El Dine, accessoirement tourmenté parce qu’homosexuel. Toute l’histoire tourne autour du meurtre d’une jeune prostituée dont le lecteur connait l’assassin dès le début (mais, moi, je ne vous le dis pas). Comme dans l’Étranger de Camus, ce crime est gratuit, «existentialiste». Si vous aimez les enquêtes policières, passez votre chemin, celle-ci est un prétexte à montrer le petit peuple enjoué et indocile de la grande ville, et de dénoncer la vanité et la brutalité d’une société inégalitaire.

C’est un regard taquin et empathique que pose Cossery sur ses personnages. Une pointe de cynisme y transparaît aussi. L’humanité est laide et cruelle, c’est un fait, alors à quoi bon être pessimiste, il faut être joyeux, semble-t-il nous dire.

Extrait P.136 : « L’imposture était si évidente, si universelle, que n’importe qui, même un arriéré mental, l’aurait décelée sans effort. Gohar s’indignait encore de son aveuglement. Il lui avait fallu de longues années (...), avant qu’il ne jugeât son enseignement à sa juste valeur : Une monumentale escroquerie (...) il avait enseigné des inepties criminelles, soumis de jeunes cerveaux au joug d’une philosophie erronée et fumeuse. Comment avait-il pu se prendre au sérieux ? »

Allez, salut.



P.S. : Juste pour info : Je compte faire une petite « diète numérique » pendant les 15 jours qui viennent (quoi ! ce serait déjà pas mal !). Alors si vous me trouvez sur Babélio pendant cette période, vous pouvez m’engueuler ;-))

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La violence et la dérision

Un merveilleux petit roman du grand Albert Cossery, écrivain d'origine égyptienne et d'expression française. Ce petit livre qui date de 1964, retrouva récemment une nouvelle jeunesse fort légitime en circulant de manière plus ou moins clandestine parmi la jeunesse révoltée de Tunisie, d’Égypte et de quelques autres pays fatigués de leurs tyrans ubuesques. Si bien qu'il n'est pas exagéré d'estimer qu'il participa vaillamment à précipiter leur chute. Ses armes, l'humour et la dérision employés "stratégiquement". Ceci n’empêchera nullement d'apprécier la légèreté et la verve du style de Cossery, écrivain parfaitement atypique au regard de l'intellectualisme parisien; Paris où il vécut pourtant plus de 60 ans dans une chambre d'un petit hôtel de Saint-Germain, loin des médias et de toute ostentation.

Si vous ne connaissez pas encore Cossery, partez vite à la découverte de son œuvre: il n'est pas du tout impossible qu'elle vous aide à affronter la vie avec un peu plus de bonheur et d'intelligence.
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Un complot de saltimbanques

« Le complot des saltimbanques » pourrait être vu comme une réplique pastiche du roman « une ambition dans le désert ».

Teymour comme Samanthar est un jeune homme oisif, sans problèmes matériels, jouissant d’une situation que lui procure son père industriel ingénieux ayant mis à profit sa connaissance des hommes et des affaires.

Pourtant, il ne se satisfait pas de son sort. Parti à l’étranger faire des études d’ingénieur, il passe six années à se complaire dans la facilité et le plaisir que lui offre une capitale occidentale parée, pour un habitant de la petite ville d’orient dont il vient, de tous les attraits et de tous les interdits.

Ce sera là sa formation, ses humanités….

Ce roman pourrait être intitulé, selon la formule de Lampedusa dans « Le Guépard » : « il faut que tout change pour que rien ne change ».

Teymour va en faire l’expérience, ni amère ni cruelle.

Il craint le retour au pays, certain de s’y ennuyer, de ne plus retrouver la faconde et l’irrespect dont il faisait preuve avec ses amis, d’être considéré à jamais comme un étranger, un touriste (au sens le plus péjoratif du terme, celui qui ne s’intéresse à rien parce qu’il n’est pas d’ici…), et pas dessus tout, il craint de revoir ses amis d’adolescence, ceux avec lesquels il fomentait les opus les plus tordus pour animer la cité.

On retrouve dans ce personnage une allégorie typiquement Cosseryenne, lui qui vécut toute sa vie à Paris, fuyant les régimes totalitaires égyptiens, se plait à nous démontrer que la culture et les façons de faire occidentales ne peuvent être la panacée répondant à la volonté de développement des pays orientaux, n’en déplaise à notre mentalité refoulée de pacificateurs, d’explorateurs obtus et aveugles, de missionnaires voulant évangéliser à tour de bras, d’éducateurs julesferryens, de messagers de la Grande-Nation….

Teymour, pour faire simple, se heurte à la réalité, celle de sa ville, enfin celle qu’en voit les autorités chargées de surveiller les populations pour le compte d’un pouvoir autiste retranché dans la crainte d’un complot ultime forcément fatal.

Les ingrédients d’un récit cosmique à la Cossery sont réunis,

Teymour le héros repenti :

« Dès les premiers temps de son séjour à l’étranger, il dut s’avouer qu’il n’aurait jamais pu imaginer une pareille magnificence dans la débauche. »

« …bien qu’il recula le moment de se trouver en face de son ancien camarade ; attitude due à un sentiment de culpabilité et à l’appréhension que lui causaient ces retrouvailles….il avait écrit à Medhat quelques lettres…puis il avait interrompu cette correspondance…mais presqu’à son insu, entraîné qu’il était par une euphorie et une exaltation incessante. »

Ses amis de toujours qui le resteront malgré les péripéties, Medhat et Imtaz :

« Soudain une idée folle naquit dans l’esprit de Medhat, une idée dangereusement optimiste, mais qui lui parut comme l’unique solution acceptable par ce père déshonoré. Il allait se marier avec la fille et organiser une noce où il inviterait tous ses amis et connaissances. Il aurait ainsi une belle soirée en perspective et surtout une occasion inespérée de sortir de la routine ; une noce – sa propre noce !- c’était quelque chose de tout à fait imprévu dans le domaine des réjouissances. »

« Cet acteur, Imtaz, bien qu’il fût leur aîné de quelques années, avait fait un certain temps partie de leur bande avant son départ pour la capitale, où il devait réussir une carrière foudroyante. »

« Medhat parlait d’une voix grave, mais c’était pour impressionner Teymour et lui faire comprendre que cette ville n’éatit pas habitée que par des paysans ignares. »

Les dindons de la farce Chawki et Samaraï :

« Par des détours subtils, Chawki progressait vers les sources de lumière en agitant frénétiquement sa canne dans le but d’effaroucher des démons invisibles. Il n’était pas question pour lui de se pavaner devant une population arriérée mais d’atteindre au plus vite la maison d’Imtaz où devait se dérouler en son honneur des noces privilégiées. »

« Depuis le début de la soirée, Samaraï n’avait pas prononcé une parole ; il ne faisait que boire et se lamenter intérieurement, en proie à son obsession. Pour sa malchance il avait découvert l’alcool et l’amour en même temps, et ces deux ingrédients mélangés avaient sur son système nerveux un effet funeste. »

Le traitre Rrezk qui finira par s’amender :

« Pendant quelques secondes, Rezk parut extrêmement embarrassé, sa pâleur s’accentua et ses yeux fiévreux parcoururent la terrasse, comme à la recherche d’une aide. »

« Rezk n’avait rien d’un jeune homme heureux ; son appartenance à cette ville lui pesait comme une malédiction. »

Le notable et le policier Hillali reclus dans cette ville éloignée de la capitale pour y faire ses preuves après un faux pas dans sa carrière.

« Hillali referma la porte et entraina le jeune homme dans son bureau, une pièce sans apparat, d’une austérité presqu’administrative. »

« Ces escamotages de notables le mettaient dans une position extrêmement dangereuse ; la moindre mollesse de sa part pouvait être interprétée comme une complicité tacite avec les ennemis du pouvoir. »

De nombreuses femmes : Ziza et Boula, les adolescentes perverses :

« Tu as tort de ne pas considérer notre ami comme un esprit sérieux, dit Imtaz, tout en caressant les seins de Ziza… »

« Ah non ! répondit Boula. Ce que je regrette c’est que mon honorable père ne soit pas là pour me voir. »

Watanya la mère maquerelle, son complice de mari « un ancien bagnard d’une force prodigieuses et d’un physique aussi nocif que celui de sa femme » ;

Salma la femme rejetée :

« Salma était une jeune fille, d’un milieu pauvre, que Chawki avait séduite et abandonnée… »

« Salma l’attendait dans la cuisine, assise devant un café :

- Tu en as mis du temps pour venir, fils de chien ! cria-t-elle dès qu’elle le vit apparaître. Je ne peux compter sur personne dans cette ville. Surtout pas sur toi à qui je dois tous mes malheurs ! »

L’amour sous les traits de la jeune saltimbanque Felfel :

« Les gens sont si laids dit Felfel en détournant son regard de la barque. Je voudrais partir très loin pour ne plus les voir. »

« Felfel battit des mains avec exubérance ; en disant qu’il accepterait un jour son argent, Teymour devenait irrémédiablement son complice. Elle se jeta au cou du jeune homme et l’embrassa à plusieurs reprises sur le front et sur les joues. »

Cette galerie de personnages improbables se meut avec grâce sous la plume de Cossery, en dépit de leurs faiblesses, de leurs croyances en des rêves impossibles, recherchant le bonheur là où il a des chances de ne pas se trouver, fuyant une réalité dont l’acceptation pourrait être une source de plénitude.

Enfermés dans des rôles peu prestigieux par une société qui ne croit qu’à leur révolte, ils finissent par fomenter la seule révolte qui vaille la peine d’être fomentée, celle de la dérision, de la raillerie, de la farce, de la jouissance, de la sensualité du désir et de la joie, que les esprits chagrins qui cherchent à les contrôler ne sauraient imaginer.

Morale d’une actualité criante au XXIème siècle où, quel que soit le continent et le pays, les fondamentalismes religieux cherchent à imposer des points de vue régressifs pour régenter nos comportements.

A lire sans modération et sans retenue !


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Mendiants et orgueilleux

Je discutais avec une connaissance, je lui racontais que j'étais tombée sous le charme de l'écriture de Naguib Mahfoud. Je lui parlais d'un personnage qui m'avais beaucoup marqué dans le livre passage des miracles, celui appelé le faiseur de mendiants. Ce dernier mutile des personnes volontaires qui pourront aller mendier et en faire un métier. C'est à ce moment là que cette histoire rappela à mon interlocuteur, l'histoire d'Albert Cossery.

Il m'assura que ce livre me plairait et effectivement. L'univers décrit par les deux auteurs est quasi identique, la touche personnelle de Cossery c'est son humour corrosif. Avec Cossery la misère prends une dimension politique même si ces personnages eux préfèrent la dérision pour supporter le quotidien. Je me suis procurée toute son oeuvre, tellement le coup de coeur est grand.
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Les fainéants dans la vallée fertile

Voilà une histoire qui sort des sentiers battus. Dans cet ouvrage, Albert Cossery nous conte la vie d'une famille pas ordinaire, (composée d'un père et de ses trois fils ainsi que d'un vieil oncle ruiné venu chercher refuge) qui a décidé sous l'influence et l'autorité paternelle du vieil Haffez, de ne plus jamais travailler et de consacrer son temps précieux à une activité bien moins contraignante, mais néanmoins pratiquée avec beaucoup de discipline et d'investissement, et qu'ils ont élevé au rang d'art sacré, dormir !

Ainsi se déroule leur vie paisible composée de siestes, d'assoupissements et de repos, jusqu'au jours ou l'équilibre et l'harmonie du foyer vient a être menacé par deux nouvelles plus terrible l'une que l'autre et qui menace terriblement la tranquillité de la maisonnée : Le vieil Hafez veut se remarier et son plus jeune fils, Serag, veut quant à lui commettre la chose la plus inqualifiable et dangereuse aux yeux de sa tribu, c'est à dire "Travailler". Chaque membre de la famille ne connaît que trop bien les pièges de la société qui vous replonge dans une vie active, pour ne pas voir le danger qui les guette. C’est de là que part cette drôle d’histoire.

Même si je ne l’ai pas lu d’une traite, j’ai plutôt apprécié ce livre qui, sous ces airs de farce burlesque, nous dresse un tableau cynique et sans concession sur le monde du travail, sur la famille, et même sur la vie de couple, car même si le l ‘auteur se contente de nous raconter l’histoire sans prendre de partie pris, et même si on est forcement un peu choqué par la manière et l’art de vivre de cette étrange famille, on se retrouve aussi régulièrement à penser que certain de leurs arguments sont plus que solide.

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Un complot de saltimbanques

Je découvre Albert Cossery à travers ce roman car le thème m'avait attiré.La 4ème de couverture évoque , en effet, la soif d'émancipation d'un groupe de jeunes dans une petite ville d'Orient,leur esprit anarchiste et leur goût pour une societé de loisir, réflexion toujours d'actualité.Si la valeur travail en prend, en effet, pour son grade et que l'art de l'oisiveté est érigé en roi, j'ai été déçue par l'ensemble du récit. Le personnage de Medhat tout particulièrement m'est antipathyque par son attitude méprisante et hautaine.Si j'apprécie le regard critique sur une société cela me dérange fortement lorsqu'il s'acharne sur l'individu et prend l'allure de la manipulation.Ce jeune homme semble dénué de tout affect et utilise les hommes comme outils de son plaisir.Le rapport aux femmes est certainement ce qui m'a le plus dérangé,celles ci n'étant considérées que comme des objets de jouissance au même titre que l'alcool ou autres divertissements.Certes il faut resituer l'action au début du siècle dernier mais cela ne peut tout pardonner!L'écriture est indéniablement d'une grande qualité et la réflexion sur la société bourgeoise prometteuse mais la façon de traiter le sujet ne m'a pas du tout convaincue...
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Les hommes oubliés de Dieu

- La fête n'est pas pour nous, mon fils, dit-il. Nous sommes pauvres.

L'enfant pleura, pleura amèrement.

- Que m'importe, je veux un mouton

- Nous sommes pauvres, répéta Chaktour

- Et pourquoi sommes-nous pauvres ? demanda l'enfant.

L'homme réfléchit avant de répondre. Lui-même, après tant d'années d'indigence tenace, ne savait pas pourquoi ils étaient pauvres. Cela venait de très loin, de si loin que Chaktour ne pouvait pas se rappeler comment cela avait débuté. Il se disait que, sans doute, sa misère n'avait jamais eu de commencement. C'était une misère qui se prolongeait au-delà des hommes.

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Mendiants et orgueilleux

Avec "Mendiants et orgueilleux", Albert Cossery nous introduit dans une cour des miracles peuplée de personnages hauts en couleur, à la fois misérables et magnifiques.



Gohar a laissé derrière lui son existence confortable de professeur d'histoire et de littérature pour vivre dans le dénuement le plus total, entre les murs d'une chambre minuscule d'un quartier populaire du Caire. Détaché de toute contingence matérielle, il est ravi de son choix, qui lui permet d'être enfin immergé dans ce qu'il considère comme la vraie vie, au contact d'individus souvent presque aussi démunis que lui, mais que leur énergie et leur joie de vivre rendent riches de trésors inquantifiables. Son unique rêve est désormais de partir vivre en Syrie, éden où il pourra s'adonner sans entrave à sa dépendance au haschich. En attendant, c'est le truculent Yéghen, pauvre diable d'une incroyable laideur, qui le pourvoit charitablement en cannabis.

On rencontre également dans ces pages un fonctionnaire aussi prompt à embrasser des causes humanistes qu'à les oublier, face au prosaïsme de la réalité, un policier que sa passion pour la beauté de certains jeunes hommes pousse à s'humilier devant un prétentieux fils de notable, un cul-de-jatte dont le succès auprès des femmes rend l'épouse maladivement jalouse...



Le monde dépeint par Albert Cossery grouille, de bruits, d'odeurs, de mouvements. Il en chante la gaieté et l'insouciance, vante les vertus de ceux qui savent ne pas se prendre au sérieux, loue la liberté que confère le détachement des biens matériels et de l'ambition sociale, mais aussi de toute idéologie.

Il rend ainsi un bel hommage à la vie, à son "absurde facilité". En plantant son récit au cœur des rues miséreuses du Caire, il nous montre comment elle jaillit avec d'autant plus de force et de générosité qu'elle se manifeste dans des détails a priori insignifiants, qu'elle s'exprime au travers de choses simples.



L'écriture à la fois précise et légère de l'auteur, les situations cocasses, la sagesse malicieuse des réparties de ses héros, qui dotent son roman d'une facture théâtrale, font de la lecture de "Mendiants et orgueilleux" un véritable moment de plaisir !
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La violence et la dérision

Une ville du Moyen-Orient. Un gouverneur, moitié bouffon, moitié dictateur. Et des opposants. Certains sont organisés dans la rébellion armée. Taher est un concepteur de bombes qui sort de prison. Karim quant à lui est un jouisseur qui aime séduire et s'amuser. Des liens d'amitié les lient, du moins tant qu'ils ne parlent pas politique.



Karim se met en relation avec Heykal, Urfy et Omar, qui partagent son amusement face au gouverneur. Il faut savoir rire de ce tyran pitre, se moquer de lui, le faire mousser, le faire gonfler comme la grenouille de la fable et ainsi arriver à s'en débarrasser. Leur idée... vanter les mérites du gouverneur, à tel point que cela confine à l'excès. Il faut faire croire que le gouverneur ou ses partisans sont à la manoeuvre de cet excès de battage. A tel point que le gouverneur ne peut manquer d'être plus ridicule encore. En alliant amusement, libre pensée et pacifisme, Karim et ses amis en sont sûrs, ils arriveront à se débarrasser de l'importun.



Mais qui lui succédera? Vient l'instant du doute chez les rebelles quand ils sont prêts de la réussite... Et si le successeur se révélait plus cruel, ou moins bouffon? L'auteur pose ainsi les bases d'une résistance non armée, à l'instar du faux Soir, ce journal belge que les Allemands avaient volé lors de la Seconde Guerre mondiale, qui reste un exemple incontournable de résistance pacifique mais néanmoins efficace.



Avec un style impeccable, une langue française précise, de l'ironie et une belle sensualité, Albert Cossery nous envoûte, nous charme. Il apporte à Beckett ou Kafka la dose de sensualité, de désir, de soleil méditerranéen qui fait passer toutes les dictatures et les absurdités qu'elles engendrent.
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Mendiants et orgueilleux

Pour moi, un livre culte, lu et relu plusieurs fois. S'il ne faut lire qu'un Cossery, c'est celui-là, tout son univers est résumé dans ce court roman de la dérision.

La vie est dérisoire, mais aussi la volonté et le désir, les personnages qui hantent ce petit quartier égyptien me rappellent par certains côtés ceux de "Crime et châtiment". Bien sûr, le fatalisme arabe joue un grand rôle dans tout le roman, mais c'est aussi un hymne magnifique à la vie, à la grandeur et à la noblesse humaine.

Peu d'ouvrages atteignent cette justesse, cette intemporalité, et surtout en si peu de pages.
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Une ambition dans le désert

Sur la quatrième de couverture du livre, publié en 1984, l'éditeur rend hommage au talent de visionnaire de Cossery, anticipant sur la guerre du golfe (qui aura lieu 6 années plus tard).

Le héros, Samantar, d'abord préoccupé mais pas inquiet de la fréquence des attentats à la bombe qui se produisent dans la cité de Dofa, cherche à en élucider le mystère devant leur recrudescence.

Dès les premières lignes du livre, l'écriture fluide, foisonnante mais précise de Cossery, plante le décor.

Dofa, un émirat dont les espoirs de manne pétrolifère se révèlent déçus, le cheik Ben Kadem, premier ministre et cousin de Samantar, prêt à tout pour satisfaire son ambition de richesse et de pouvoir.

Des émirats voisins "fourvoyés dans le cycle irréversible de l'économie de consommation"

Une population heureuse : "le peuple se consacre sans efforts dégradants à des occupations bénéfiques...pêche...cultures maraîchères...artisanat façonné dans l'indolence et la dignité..."

Une grand puissance impérialiste qui rode, également prête à tout pour assoir sa présence dans la région.

Tareq, fils d'un riche négociant de la capitale,simple d'esprit aux analyses clairvoyantes.

Hisham le chanteur et joueur de tabla.

Shaat, l'ami de toujours, tenté par le jeu des poseurs de bombes depuis sa sortie de prison.

La fumée du haschich, qui, "traçait dans l'aire de mouvantes arabesques".

Des personnages, riches de leur humilité, décidés à combattre ceux qui veulent les priver de cette richesse.

Samantar, lui, a "...toujours remercié la providence qui l'a fait naître sur une terre pauvre, parce qu'il sait que l'indigence n'inspire guère la rapacité des puissants"

Cossery le traduisait à sa manière :

«La conquête d'un empire ne vaut pas une heure passée à caresser la croupe d'une jolie fille assoupie sous la tente dans l'immobile désert.»
Lien : http://www.liberation.fr/cah..
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Mendiants et orgueilleux

L'histoire ne m'a pas intéressé plus que cela car elle est secondaire selon moi dans cette oeuvre. Les péripéties s'enchaînent de manière quasi-absurde sans fil chronologique précis ni concordance entre les différents événements. J'ajouterais même que l'élément perturbateur arrive comme une cheveu sur la soupe et cela m'a d'ailleurs rappelé Sukkwan Island au niveau de l'effet de surprise. Récit très bien mis en scène par le fait de suivre plusieurs personnages à la première personne et ce, successivement. Il n y a pas de liant hormis les personnages qui se connaissent. Du coup c'est un effet agréable car on est transporté d'un point de vue à un autre sans jamais trouver cela compliqué et dérangeant. Ajoutons à cela une fin magnifique avec un dialogue entre Gohar et Nour El Dine qui restera vraiment gravé dans mes souvenirs de par sa précision dans les mots et la clarté des arguments et des sentiments.



Les personnages sont vraiment le coeur de ce roman. Ce sont des personnalités très travaillées avec des descriptions de leurs pensées et de leur caractère très précises voire minutieuses. Nous ne faisons pas que suivre ces personnages, nous finissons par les connaître réellement, à nous prendre d'affection ou de dédain pour eux. Il est rare que des livres ayant d'aussi nombreux passages de description des troubles d'un personnage et de sa façon d'être ne laissent de place à l'ennui dans certains passages. Là ce n'est jamais le cas et c'est un peu logique, dés le début cela nous est annoncé : les personnages ne sont présentés que par leur manière de réfléchir et ce à la première personne donc si l'on accroche les dix premières pages alors le reste sera d'une grande fluidité également.

il est agréable de constater leurs nuances et surtout leurs défauts, leurs failles. Elles sont énervantes mais l'on se prend de compassion et même d'estime par la façon qu'ils ont de les assumer et presque de les revendiquer. Il ne s'agit pas d'un orgueil déplacé mais d'un sentiment de révolte paisible qui a pour cause leur marginalisation extrême.



Le style est magnifique, non par le vocabulaire qui même s'il est riche reste simple ce que j'apprécie personnellement mais surtout par le rythme des phrases. C'est un rythme tranquille, reposant, agréable à suivre, continuellement paisible ce qui contraste avec le manque liant entre les événements.

Les dialogues sont plein d'une emphase qui fait sourire et qui m'a rappelé certains dialogues platoniciens avec moult courbettes et compliments. Les interrogations du policiers font elles-mêmes penser à l'ironie socratique où Gohar serait le meilleur des sophistes sans allusion péjorative.



Un ouvrage superbe que j'avais envie de relire dés que je l'eus fini. Je pense d'ailleurs que je le referais dans quelque temps pour y découvrir de nouvelles choses.
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Mendiants et orgueilleux

Je ne connaissais pas Albert Cossery jusque voici peu. Je viens de le découvrir à travers ce livre attrapé je ne sais plus comment ni où, mais sur Babelio!



Ce fut un véritable coup de coeur. Quelle écriture limpide, toute en subtilité et humour.



Toute l'absurdité de la vie est bien décrite à travers ces mendiants cultivés, mendiants par choix, et mendiants décrits finalement à la dernière ligne comme orgueilleux, ce dont je ne suis pas convaincu.



Cossery est un auteur égyptien du XXème siècle de langue française et qui aurait certainement mérité un peu plus la lumière. Il a écrit 6 romans et quelques nouvelles que j'ai hâte de découvrir.
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Mendiants et orgueilleux

Pour être totalement honnête, je pense que je ne me serai jamais arrêté sur ce livre sans une recommandation de mon libraire. Je ne connaissais pas du tout Albert COSSERY et la quatrième de couverture n'aurait pas retenu mon attention après sa lecture ...



C'eût été une erreur !

Le livre ressemble à peut de chose qu'il m'ait été donné de lire. Je ne saurai comment le classifier et il m'est même difficile d'en parler.

L'histoire se déroule dans les rues du Caire et tourne autour du personnage de Gohar, ex philosophe devenu mendiant ... Elle va passer en revue toute une gallerie de personnages plus étonnants les uns que les autres. Un dealer de hachish laid et heureux, un policier homosexuel en plein doute sur son rôle à jouer dans la société, un manchot dul-de-jatte subissant les crises de jalousie de sa femme ...

Etrange non ? C'est tout l'intérêt de ce livre qui peint ce que peut être la vie des gens qui n'ont rien, qui ne possèdent plus rien, et qui subsistent. Mais Albrt COSSERY nous prend à contre pied en décrivant cette misère sous un aspect joyeux, plein de couleur.



Je crois bien que c'est le caractère déroutant, que l'on croise à chaque page, qui m'a plu. Il me sera difficile de vous en raconter plus. Je recommande cependant cet ouvrage à quiconque souhaite réaliser une expérience littéraire.
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Un complot de saltimbanques

3ème livre de Cossery que je lis d'affilée en ce mois d'avril, et toujours autant d'admiration pour cet auteur.



Son écriture ciselée et pleine d'ironie fait merveille à nouveau. Ici, il s'attache à décrire des personnages moins miséreux qu'à l'accoutumée, mais ils sont toujours autant tragico-comiques, mais surtout oisifs.



Oisif semble être le mot qui définit aussi ce curieux auteur égyptien de langue française, qui a vécu de 1945 à 2008 dans le même hôtel (La Louisiane) de Paris! Sur les 63 ans de location de chambre, il a juste changé une fois de chambre!



En parcourant un peu sa vie sur internet (vive Wikipedia!), je comprends mieux ses personnages : aucun de ses parents ou grand-parents n'ont jamais travaillé! Sans être riches, ils vivaient du revenu de leurs terres. Albert Cossery a suivi la même voie, n'écrivant au total que 8 livres (il est décédé à 94 ans), juste pour s'assurer de quoi subsister.



Définitivement, cet auteur est tombé trop vite dans les oubliettes de l'oubli.

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Les Couleurs de l'infamie

Un livre engagé et féroce, ironique, mais qui reste peut-être un peu trop en surface des thèmes abordés. Pas grave, la plume est belle, le style et l'humour sont au rendez-vous, tout ça fait une belle lecture agréable.
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Les fainéants dans la vallée fertile

Roman très original, presque une fable ou un conte où la fainéantise est élevé en valeur fondamentale. Un patriarche vit avec ses trois fils dans une grande maison où leur objectif est de dormir et paresser. Seulement, le dernier des fils tenterait bien l'expérience du travail et le père a très envie de se remarier...

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