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Critiques de André Brink (255)
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Une saison blanche et sèche

Lecture marquante de mon adolescence, ignorant presque tout à l'époque de l'Apartheid en Afrique du sud.

Bouleversée, révoltée, écoeurée par l'abus de pouvoir des Afrikaners, qui ne reculeront devant rien (intimidation, torture, trahison, assassinat) pour étouffer l'affaire sur la mort du fils de Gordon, un jardinier noir, tombé lors d'une manifestation d'étudiants contre les lois raciales.



NB : j'avais apprécié le film (1989) tiré du roman, avec Donald Sutherland et Marlon Brando.
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Une saison blanche et sèche

Un très beau roman se déroulant à la fin des années 1970 en Afrique du Sud. Ben, un professeur d'histoire-géographie, dans une école prestigieuse, père de trois enfants, bien installé dans la société s'est lié d'amitié depuis plusieurs années avec un employé noir de son école. Lorsque le fils aîné de celui-ci est assassiné par la police, leur vie bascule. Le père démissionne pour se consacrer à la recherche de la vérité sur la mort de son fils. Arrêté lui aussi, il reste plusieurs mois en prison avant que son décès 'par suicide ' soit annoncé à sa famille. Ben, se consacre alors corps et âme à la recherche de la vérité, ce qui l'entraînera dans une quête où il devra affronter la police, les préjugés de ses collègues , connaissances et bouleversera à jamais sa famille.

Un roman magnifique.
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Une saison blanche et sèche

"Le type même du roman complet, construit, partant d'une intrigue passionnante mais anecdotique pour aboutir aux problèmes fondamentaux : les libertés individuelles, le droit de disposer de soi, l'incommunicabilité entre les races, entre les classes sociales, l'illusion du combat solitaire".

Ces quelques lignes figurant en quatrième de couverture éclairent si parfaitement le sens de cette oeuvre que je ne puis faire autrement que les reproduire ici.

Ce roman est un véritable brûlot qui condamne sans réserve l'Apartheid, ce régime criminel qui a sévi durant plus de trente ans en Afrique du Sud. Brûlot dérangeant, évidemment, puisqu'il a été interdit dans son pays dès sa publication.



Les faits narrés par André Brink se déroulent, au début des années 70, peu après les émeutes de Soweto, le ghetto noir de Johannesbourg. La violence, déclenchée par une loi jugée inique par les habitants, a laissé toute latitude aux autorités blanches, pour, après avoir maté l'émeute, emprisonner et exterminer toute personne noire perçue, à tort ou à raison, comme un dangereux agitateur.



Ben du Toit, bouleversé après la mort suspecte de Jonathan, puis de son père Ben Ngubene, deux personnes qu'il connaissait bien et desquelles il se portait garant, entreprend d'aider la famille à obtenir justice. Au cours de ses démarches il va prendre véritablement conscience du sort fait aux noirs, alors que vivant dans les quartiers réservés aux blancs, il n'avait qu'une idée lointaine des conditions abjectes de la vie dans le ghetto.

Menant avec obstination son enquête pour obtenir la vérité sur la mort de Ben, car "il ne me servira à rien d'avoir une âme si je laisse commettre cette injustice" dit-il, il fera de belles rencontres, mais se heurtera également à l'incompréhension et l'hostilité de sa famille, et, pire encore, à la sournoiserie, la brutalité, la bêtise, l'ignominie d'un système crapuleux que l'auteur décortique avec minutie et âpreté. Il ne fait pas bon tomber dans les griffes de la Section Spéciale !



J'avoue avoir renâclé à lire cette oeuvre bouleversante, qui m'a mise en rage durant la durée de ma lecture, tant le comportement de la classe dominante, ces blancs, qui ne représentent que 8% de la population, mais détiennent tous les pouvoirs, en usent et en abusent, au détriment de toute équité, du moindre soupçon d'altruisme, donne la preuve non seulement d'un mépris abyssal, mais aussi d'une négation de l'humanité des noirs ! - "Comment un gouvernement peut-il gagner une guerre contre une armée de cadavres ?"

A lire absolument, comme un témoignage des abominations que l'être humain est capable de commettre, au nom de la sécurité de l'Etat !
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L'amour et l'oubli

André Brink, est la figure la plus connue en France de la lutte blanche anti-apartheid en Afrique du Sud ; Il fut l'ami de Nelson Mandela et mourut en 2015.



"L'amour et l'oubli" est un roman très agréable, en forme d'hommage tendre et touchant, rendu par un auteur vieillissant, aux femmes de sa vie. Un roman violent aussi quand il aborde les méthodes éducatives de son enfance, faites d'extrême pruderie et de châtiments corporels systématisés, la condition effroyable des noirs, le fanatisme religieux, la misère, son engagement politique et social non exempt de dangers, la politique étrangère de Bush, la guerre d'Irak, la traque de Saddam Hussein, le vieillissement et ses stigmates, la maladie, la mort.



Les figures féminines ont eu une importance telle dans sa vie qu'on a le sentiment, au fil de la lecture, qu'elles constituent le motif essentiel de son être, sa toile de fond, son référent omniprésent : sa mère à la foi adoucie de tolérance et d'humour ; sa tante dont l'hystérie religieuse n'atténua pas, bien au contraire, la cruauté et le racisme et qui voulait convaincre ses filles de faire croire aux garçons que leurs jambes étaient soudées jusqu'au mariage ( des genoux aux hanches ) ; ses cousines dont certaines furent ses premières initiatrices sexuelles ; et bien sûr ses innombrables aventures, amours, amantes... avec lesquelles il partagea presque toujours des relations empruntes de douceur ; l'une d'elle pourtant le trahit horriblement dans ses engagements militants.



Il y a aussi beaucoup d'évocations érotiques, un peu trop, elles "banalisent" l'ensemble et je dirais que c'est dommage, la gamme érotique semblant plus étroite et répétitive que la gamme sentimentale.



Mais "l'amour et l'oubli" reste un roman agréable : il n'est cependant pas comparable à "une saison blanche et sèche".

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Au plus noir de la nuit

L'écriture d'André Brink est profonde et émouvante, et elle offre une perspective poignante sur une période sombre de l'histoire de l'Afrique du Sud. Le roman est à la fois captivant et éducatif, offrant aux lecteurs une compréhension plus profonde des luttes et des triomphes du peuple sud-africain pendant cette période tumultueuse.



Si vous souhaitez en savoir plus sur ''Au plus noir de la nuit'', je vous recommande de lire le livre dans son intégralité pour en apprécier toute la richesse et la profondeur.
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Une saison blanche et sèche

C’est l’histoire d’un homme ordinaire qui ne voit pas l’injustice de sa société. Jusqu’à ce qu’elle frappe près de lui. Obligé de modifier son regard sur le monde, il ne peut plus faire machine arrière. Il devient alors – non pas un héros, mais un homme agissant. Parce qu’il ne peut faire autrement.

C’est la force de ce récit. De montrer une résistance issue d’une personne normale, sans grands idéaux politiques ou haute idée de lui-même. On peut tous s’identifier à Ben Du Toit. Il est le Résistant, comme d’autres ont été le Soldat Inconnu.

L’écriture est particulière : elle mêle partie romancée et extrait de journal, nous plongeant toujours au plus près de « l’action » et des sentiments du personnage principal.

Quand on lit ce roman, il faut avoir le moral bien accroché, car dès le début, on sait que ça ne finit pas bien. Par l’incipit, d’une part, et par l’histoire de l’Afrique du Sud, d’autre part. Du Toit est comme un rat perdu dans un labyrinthe sans sortie. Et à la fin, la boucle est bouclée et une autre commence, celle du narrateur – romancier, nous laissant avec cette question : combien d’innocents assassinés, combien de résistants ordinaires avant qu’enfin tout le monde ouvre les yeux et que le système s’effondre ? Malheureusement, l’Histoire y répond.

Je suis heureuse d’avoir découvert ce roman grâce à une liste Babelio, il montre comment un système injuste perdure et immobilise les gens.
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La porte bleue

Ce conte dépaysant parle de rêves déçus, de choix déterminants, d'orientation de vie. Que faire lorsqu'on est confronté à la possibilité de revenir en arrière et de prendre une tangente ? Sécurité, raisonnabilité ou audace et impétuosité ? Le narrateur, mis devant d'étranges caprices du temps et de l'espace, devra s'interroger sur tout cela. Son choix pourra-t-il se réaliser ? Les personnages sont bien campés, pertinents, sympathiques même. Ce court récit circonscrit bien un dilemme qui se pose à tous au cours de notre existence. Le problème est posé de belle façon, l'auteur ne suggère aucune piste, au lecteur d'y réfléchir. J'ai trouvé cette lecture questionnante, stimulante, allant droit au but, mais aussi nuancée, ouvrant des perspectives. Bref je me suis senti interpellé et n'ai pas détesté ça du tout; au contraire . . .
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Une saison blanche et sèche

Lors de mon voyage en Afrique du sud, j'ai emporté dans ma valise "Une saison blanche et sèche" afin de découvrir la littérature de ce pays et approfondir légèrement ma connaissance de l’Apartheid et de son fonctionnement.

Ben du Toit, professeur, voit sa vie bouleversée quand le jardinier de son école disparaissent mystérieusement après avoir été interpellés par la police.

Ben se lance alors dans une enquête qui fera imploser sa vie, et lui fera découvrir le système profondément inégal et violent sur lequel se fonde son pays de naissance.

J'ai bien apprécié cette lecture qui illustre bien l'inhumanité du système mis en place en Afrique du sud à la fin du XXème siècle.
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L'insecte missionnaire

Abandonné. Trop touffu, je n'arrive pas à suivre et à me passionner. Peut-être ne suis je pas assez au courant des ethnies, des mœurs, de la géographie de cette région du monde. Peut-être ne suis je pas prêt a apprendre l'afrikaans et le khoisans. J'ai tenté de crocher, mais non je renonce.
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Au-delà du silence

Au delà du silence/André Brink

C’est un récit saisissant qui vous attend à la lecture de ce livre admirable d’André Brink publié en 2002. Un récit basé sur des faits historiques avérés.

Bouleversant et à la limite du supportable quand vous lirez les souffrances physiques et morales de Hanna le personnage principale de cette fresque historique qui se passe en Namibie en 1904, appelée à cette époque Sud Ouest Africain et colonie allemande de 1884 à 1915.

Nous sommes donc au tout début du XXé siècle et la colonie manque de femmes comme ce fut le cas dans d’autres colonies d’ailleurs : alors on expédie des contingents d’orphelines qui vont vite devenir la proie de brutes avinées avides de chair fraiche. Souvent pour ces jeunes filles c’est le voyage de la dernière chance le sort des orphelines placées dans des familles en Allemagne n’étant pas toujours enviable, les mauvais traitements étant la règle à cette époque.

Le sort d’Hanna va nous conduire aux confins de l’horreur et de la plus ignoble dégradation physique et morale de l’être qui se puisse imaginer. Humiliations, viols, coups, séquestrations, tout est permis à l’encontre de ces femmes éperdues.

Le calvaire commence sur le bateau qui de Brême rejoint après un long voyage le port de Swakopmund en Afrique du sud ouest. Il se poursuit dans le train qui va du port à la capitale Windhoek. Et ce n’est pas fini car les filles qui n’ont pas trouvé preneur ne seront pas épargnées à Fraueinstein, ce lieu de perdition isolé dans le désert.

La révolte avec la haine pour moteur va devenir la raison de vivre de Hanna : elle va partir en croisade contre les colons et la soldatesque, dans une fuite hallucinante qui vous laissera abasourdi au terme de cette lecture.

« Il n’y a en elle ni hâte ni impatience. Tout est serein, tout est transparent dans cette lumière. Aucun amour ne saurait être aussi gratifiant, aussi bon que cette haine. »

André Brink avec le talent qu’on lui connaît, a mis en scène parfaitement ce personnage au destin hors du commun et évoque pour nous le passé peu glorieux de la colonie. Car les orphelines ne sont pas les seules victimes dans cette histoire : il y a toutes les persécutions dont furent l’objet les autochtones Namas, Hereros, et autres Ovambos.

Rappelons que le Sud Ouest Africain fut colonie allemande de 1884 à 1915 avant de devenir protectorat Sud Africain puis indépendant sous le nom de Namibie en 1990.

Auparavant, ce territoire grand comme presque deux fois la France, fut dépendance de la Colonie du Cap (1793), puis cédé aux Anglais en 1878. Les premiers missionnaires allemands arrivèrent en 1820 et fondèrent la première ville allemande en 1860 (Keetmanshoop). Avec la fondation de la ville de Lüderitz en 1884, le territoire devient protectorat allemand.

L’arrivée de Hanna en Afrique se situe en 1904 alors que les autochtones hereros se sont soulevés contre les envahisseurs, et que le général allemand Lothar von Trotha exerce une répression féroce avec création de camps de concentration dont il est question dans le récit. Un génocide puisque les Hereros voient leur population passer de 80 000 sujets à 15 000.

La Première Guerre Mondiale mettra fin au protectorat allemand et c’est l’Afrique du Sud qui sur avis de la SDN gouvernera ce territoire.

La construction du récit est remarquable : dans une première partie, l’auteur rassemble les éléments dispersés d’un puzzle, il se documente, chaque chapitre évoquant un moment dans la vie d’Hanna sans tenir compte de la chronologie. Du présent, on passe au passé avec des allers et retours explicatifs et dans la seconde partie, on retrouve le présent et le déroulement des événements selon la chronologie.

Réalisme, violence et cruauté font de ce livre un des plus durs qu’ait écrit André Brink.

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La porte bleue

La Porte Bleue / André Brink

André Brink ne nous avait pas habitué à ce genre de récit, conte ou allégorie sauf peut-être avec « L’insecte missionnaire ».

David vit au Cap en Afrique du Sud ; il est marié à Lydia.

Il aime la peinture.

En arrivant un jour à son atelier, il découvre une femme noire d’une grande beauté et deux enfants : Sarah dit être sa femme et les deux enfants les leurs.

David imagine-t-il une autre vie que la sienne ? Vit-il un rêve ou bien rêve-t-il une vie autre. Un récit bref et troublant où il semble que David, le narrateur, perde la raison. Ce texte n’est pas sans rappeler Kafka par le côté fantastique des situations que connaît David.

Quoique passionné en général par les romans d’André Brink, je n’ai guère vibré à lecture de celui-ci qui est cependant très bien écrit et qui peut plaire. En fait chacun pourra interpréter le fantasme de David à sa manière, ce qui est aussi une grande qualité pour un roman.

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Le vallon du diable

Le vallon du diable / André Brink

En Afrique du Sud, non loin du Cap existe un vallon dont l’accès est presque impossible et où il règne une sécheresse terrible : un lieu d’où les oiseaux ont disparu. Y vit une communauté de calvinistes purs et durs installé là depuis le Grand Trek, immense migration de plusieurs milliers de fermiers boers de la colonie du Cap vers l’intérieur des terres entre 1835 et 1840. Rejetant tout étranger et tout homme de couleur, ces boers respectent une domination patriarcale absolue selon des principes intraitables avec pour but une société idéale.

Flip Lochner est journaliste et historien, un peu rustre et aventurier désœuvré et il décide d’aller enquêter sur cette communauté étrange qui vie dans une autarcie aberrante, selon des lois archaïques où les hommes font la loi. Le principe en bref est que l’éducation ne sert à rien chez une femme si elle ne sait pas faire cuire un pain pour son homme. Viols et incestes y sont monnaie courante.

C’est le récit de cette aventure que nous conte Lochner dans un style un peu à l’emporte pièce avec des formules triviales et des mots du cru paysan.

Le premier jour de son arrivée chez Tatie Pavot où il fait étape, Lochner voyant trois cercueils dans le séjour demande à comprendre : en fait la coutume veut que lors d’un mariage le marié reçoive un costume fait main et la mariée un cercueil. Comme Tatie a été mariée trois fois, elle possède trois cercueils. Dans ce monde que découvre Lochner, le religieux sinon le macabre coexistent avec le loufoque. Cela commence bien et Lochner n’a pas fini de faire des découvertes affolantes. Le ton est donné dès le départ et bizarrement partout il se rend, il voit des gens qui vaquent à leurs occupations mais qui dès qu’il voit cet étranger se figent, se métamorphosant en pierre comme s’il était un extraterrestre. Dès qu’il a le dos tourné, les messes basses vont bon train.

Lochner est frappé par le nombre incroyable d’handicapés mentaux et physiques, fruits de 150 années de consanguinité, qui se cachent dans les coins sombres les plus reculés, tandis que les mères affluent avec des présents et leur fille nubile à caser.

Les sanctions contre les contrevenants sont multiples et violentes : lapidation à mort pour les femmes, euthanasie des enfants métissés de Hottentots ou de Bochimans.

La rencontre d’Emma, une jeune femme mystérieuse et un peu rebelle va changer le cours des choses pour Flip dont le but ne sera plus seulement de faire un reportage mais aussi de soustraire cette femme dont il devient amoureux, à la folie de cette secte habitée de superstitions d’un autre âge, où le diable est omniprésent. Peu à peu les langues se délient : certains et surtout des femmes se confient à lui qui n’en croit pas ses oreilles.

J’ai lu de nombreux ouvrages d’André Brink, mais je dois avouer que celui-là ne ressemble à aucun autre. Certes le thème est original mais je ne suis jamais parvenu à entrer vraiment dans cette histoire au style souvent grossier surtout dans la bouche de Flip, un récit déconcertant avec des personnages déroutants et nombreux où le macabre côtoie le fantastique et le baroque. En bref, je n’ai pas vraiment aimé.

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Les imaginations du sable

Les Imaginations du Sable/André Brink

Kristien Müller, la narratrice, installée à Londres depuis une dizaine années doit rentrer au pays, l’Afrique du Sud, car Ouma sa grand-mère avec qui elle a toujours eu une relation privilégiée, a été attaquée par des incendiaires dans sa ferme en pleine campagne et grièvement brûlée a besoin de soins.

Le présent du récit se situe au moment des premières élections libres multiraciales, en Avril 1994, élections remportées par l’ANC, mouvement politique au sein duquel milite depuis toujours Kristien, notamment à Londres. C’est à la suite de ces élections que Nelson Mandela devient le premier président noir du pays.

Kristien retrouve sa sœur Anna, mariée à Casper, un personnage raciste et militant contre l’ANC. Alors que Kristien qui a retrouvé ses racines et renoué avec son passé est à son chevet, Ouma lui conte par fresques successives l’histoire de ses ancêtres, une histoire dont Kristien a parfois bien du mal à distinguer l’affabulation surréaliste enjolivée ou fantasque, de la vérité historique. L’histoire de neuf générations de femmes qui vont se succéder tout au long de ce roman de 500 pages est écrite par un homme, André Brink, ce qui est une prouesse. Des femmes de caractère, rebelles mais généreuses. C’est aussi l’histoire souvent tragique et violente de cette terre d’Afrique du Sud qui est évoquée au travers des aventures de ces femmes : les guerres, les treks, les migrations… Blancs et Noirs sont également attachés à cette terre, et cet amour incommensurable fut de tout temps la source de guerres et de raids meurtriers.

Et puis le présent revient avec d’autres drames et Kristien jusqu’au dernier moment s’interroge sur son avenir. Peut-elle envisager de ne pas rentrer en Angleterre ? Son amour du pays sera-t-il plus fort que le compagnon qui l’attend à Londres ?

Extrait du passage racontant le lendemain des élections de 1994, alors qu’un immense vent d’espérance balaie le pays :

« Chaque personne que je croisais dans la rue s’arrêtait pour me saluer et me serrer la main. Pendant des années, alors qu’il n’y avait pas d’animosité ouverte ni de soupçon, les Noirs et les Blancs restaient invisibles les uns aux autres, faisant comme si l’autre n’existait pas : maintenant, il y avait un sentiment de découverte dans la reconnaissance de notre présence mutuelle. »

Un très beau roman et bien écrit d’André Brink, mort en 2015, et qui toute sa vie a lutté contre l’apartheid.

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Au plus noir de la nuit

Au plus noir de la nuit/André Brink

Dans la première partie de ce poignant roman, au travers de l’histoire de la famille métisse noire Malan, c’est une fresque sociale décrivant les conditions de vie en Afrique du Sud au cours du XIX é et XXé siècle qui nous est présentée.

L’histoire de Joseph Malan, le comédien narrateur noir, se situe dans la deuxième partie du XXé siècle, en pleine période de l’apartheid. Rappelons que celui-ci, politique de ségrégation raciale institutionnelle, fut mis en place en 1948 et ne prit fin officiellement qu’en 1991. En fait cette ségrégation exista de façon empirique dès la fondation de la colonie du Cap en 1652.

Ce roman, publié en 1974 à Londres, fut interdit en Afrique du Sud.

L’auteur, André Brink, écrivain blanc, issu de famille afrikaner descendant de colons boers arrivés au XVIIé siècle, farouche opposant à l’apartheid, réussit la performance de se mettre dans la peau de Joseph, noir qui va subir toutes les vexations et persécutions de l’apartheid.

Dans la deuxième partie, Joseph découvre le monde en séjournant en Europe et principalement à Londres pour enrichir sa connaissance du théâtre, lui qui est un comédien né et qui ne vit que pour cela. Cet amour du théâtre devient peu à peu une sorte d’exutoire à son mal être. Mais la nostalgie de son pays qu’il aime tant malgré la situation des Noirs l’incite à choisir la voie du retour avec l’idée murissante de faire changer les choses. De retour en Afrique du Sud, le théâtre devient un des piliers de sa résistance. Il choisit de jouer avec sa petite troupe d’amis des pièces en phase avec les événements.

Au cours de ses déplacements avec sa troupe, il découvre Soweto, univers concentrationnaire noir, lui qui est de Capetown. C’est un choc et cela durcit sa position. Le souvenir du massacre de Sharpeville (1960) est omniprésent dans ce livre.

C’est donc une magnifique et tragique histoire qui se déroule au fil de ces 650 pages, une saga aux accents souvent camusiens et kierkegaardiens.

« L’arbre de la connaissance, c’est aussi l’arbre du désespoir…La foi est aussi aveugle que le bonheur. Il faut se libérer de l’un et de l’autre. Le désespoir devient alors absolument pur. Ce n’est pas une lumière lointaine qui te permet de continuer, mais le feu qui brûle en toi. »

Dans un style simple, percutant et direct, c’est aussi la romance amoureuse clandestine avec Jessica qui est relatée avec sensualité, annonciatrice avec une grande intensité dramatique d’un final inéluctable.

Un très beau livre d’action et de réflexion sur nombre de thèmes essentiels de l’existence , même si l’apartheid n’est plus ce qu’il était depuis 1991.

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Une saison blanche et sèche

Une saison blanche et sèche/André Brink

Publié en 1979 en Angleterre puis traduit en français en 1980, ce passionnant récit est resté longtemps interdit en République Sud-Africaine. Il a obtenu le prix Médicis en 1980.

Les faits se passent à l’époque de l’apartheid dans les années 70. Un professeur de lycée d’origine boer, Ben Du Toit a décidé d’élucider les circonstances de la mort de son jardinier et ami Gordon, un kaffir dont le fils est mort aussi dans d’étranges circonstances. Cette recherche obsessionnelle, solitaire et désespérée de la vérité, au risque de tout perdre, vie familiale, professionnelle, sociale, va conduire Ben en enfer, la peur au ventre à chaque instant. Son juste combat d’un homme qui croit en un idéal semble voué à l’échec contre la Sûreté Nationale qui comme la Gestapo en d’autres temps, fait disparaître quiconque la gêne. Ben veut briser la conspiration du silence qui entoure ces morts douteuses.

Le témoignage de Brink sur les conditions de vie à cette époque fait de ce livre engagé et humaniste, plaidoyer contre le racisme, la ségrégation et l’intolérance, un ouvrage courageux. C’est un livre dur, très dur.

La technique de narration est intéressante et fait penser à Stefan Zweig : l’auteur en effet se met en scène et à partir d’un fait concernant un de ses amis, va construire l’histoire de l’obstination et l’acharnement d’un homme que rien n’arrête pour être en paix avec sa conscience.

A noter qu’aujourd’hui, André Brink, longtemps engagé dans la lutte antiapartheid est déçu par la gouvernance noire, aussi arrogante que l’était les Blancs. « La fin de l’apartheid n’a rien changé à la vie quotidienne des sud-Africains les plus pauvres » déclarera quelques années plus tard André Brink.

La vaine lutte de Ben n’en prend que plus de beauté et tout au long de ce récit palpitant, je pensais à la phrase de Guillaume d’Orange qui disait : « Il n’est point besoin d’espérer pour entreprendre. » Car c’est bien cela que j’ai ressenti dans la deuxième partie du livre : Ben désespéré, surveillé, espionné, menacé, agressé, veut aller jusqu’au bout, mais ne sait jusqu’au bout de quoi…

Un très grand roman.

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Un instant dans le vent

Un instant dans le vent/André Brink

Odyssée dans le veld et le karoo.

Ils sont nus. Elle est blanche. Il est noir. Ayant perdu leur équipage, ils errent échevelés, épuisés et brûlés par le soleil implacable de l’Afrique du Sud pour tenter à pied de rejoindre Le Cap.

Dans ce très beau roman, deux personnages principaux : Élisabeth et Adam. Les autres personnages ne sont que des fantômes surgis du passé par intermittence dans ce récit palpitant du début à la fin avec pour cadre une nature sauvage et dangereuse.

En 1749, Elisabeth d’origine franco-hollandaise accompagne son mari Erik Larsson, explorateur suédois, dans une expédition au nord de la ville du Cap en Afrique du Sud.

L’affaire tourne au désastre quand leur guide Van Zil se suicide et que les Hottentots porteurs fuient. Peu de temps après, Larsson meurt. Elisabeth se retrouve seule au milieu du veld avec le convoi de chariots tirés par des bœufs.

Elle est découverte peu après par Adam, un esclave en fuite qui suivait discrètement le convoi depuis un certain temps.

Va alors commencer un retour épique de la blanche et du noir durant des mois vers la civilisation.

Une errance de deux années que André Brink nous conte dans un style somptueux avec le talent qu’on lui connait. Un voyage à risque. Et la découverte réciproque de deux êtres que tout sépare.

Après une introduction explicative, le roman débute au moment où Adam découvre Elisabeth perdu dans l’immensité de l’arrière pays du Cap de Bonne Espérance, le pays des lions.

Avec une technique de narration très au point, André Brink nous fait vivre cette épopée avec des retours en arrière qui nous permettent de connaître mieux le passé de ces deux êtres qui tout deux ont vécu déjà une existence difficile. Et puis tous deux poursuivent alternativement une conversation muette tout en vaquant à leurs occupations, évoquant leurs espoirs et leurs déceptions, leurs joies et leurs drames passés.

Extrait : ils sont au bord du gouffre et ne voient d’autre issue que d’attendre la mort, et Adam admirant Élisabeth exténuée et squelettique, songe : « Tu es si calme près de moi. Voici les vautours. Tu es sale et couverte de poussière. La sueur a dessiné des arabesques sur ton visage brûlé. Tes cheveux sont maculés de boue, la souffrance cerne ta bouche ; tes yeux sont injectés de sang, apeurés ; tes seins pendent ; les aréoles sont noires et brulées. Etre humain réduit en poussière. Je te reconnais. Je ne t’ai jamais aimée autant que je t’aime aujourd’hui. »

Cette histoire est inspirée d’un fait divers qui s’est produit en 1749 dans le même cadre.

Un très grand roman de l’humaniste qu’était André Brink qui nous a quitté il y a quelques mois, où s’entremêlent l’amour et la sensualité, la liberté et l’esclavage.

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Un turbulent silence

Une des meilleures lectures de ma vie, sans exagération aucune. On ne sort pas indemne d'une telle lecture, d'une histoire si réelle et intense. J'ai été touché au plus profond de moi, en tant que personne de couleur mais aussi et surtout en tant qu'être humain. Je conseillerais à tout le monde de lire ce roman absolument. Il déchire le coeur, mais pour la bonne cause.
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Une saison blanche et sèche

André Brink fut sans doute le premier écrivain afrikaans dont les oeuvres ont été interdites pendant l'apartheid en Afrique du Sud. Il a abordé non seulement le thème de la torture sous la politique de ségrégation raciale, mais a aussi osé constamment défier le puritanisme et les politiques racistes de l'Afrique du Sud.

‘'Une saison blanche et sèche'' commence par une enquête, celle de Ben, qui tente d'éclaircir les raisons du décès en captivité de Gordon. Et nous voilà plongés dans le régime inhumain, sournois et violent de l'apartheid et confrontés à l'impact dévastateur que peut avoir ce régime sur les populations noires. Mais il rend aussi hommage à l'action individuelle face à l'injustice systémique.

Un livre prenant, fort dont vous vous souviendrez longtemps et que je recommande.

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États d'urgence

Un livre coup de poing pour alerter sur la situation dans certains pays du monde.Un style direct qui sied parfaitement au sujet zt a la volonte de l'auteur qui est de réveiller les consciences pour nous pousser a agir.But atteint ici,un livre choc qu'il faut lire absolument.
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Une saison blanche et sèche

Ben du Toit mène une vie tranquille de professeur d'histoire lorsque son ami jardinier, noir, est arrêté par les services secrets. Dès lors, l'aventure commence, Ben du Toit se heurte aux injustices d'un système politique obscur et criminel, celui de l'Afrique du Sud sous le régime de l'Apartheid (séparation entre les Noirs et les Blancs). Un livre saisissant, d'une rare intensité, superbement écrit, sur une page sombre de l'histoire de ce pays. J'ai rarement été autant envouté et inspiré par un roman, dont le rythme est frénétique. L'histoire est très habilement construite.
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