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Citations de Antoine Choplin (344)


Basilio marche dans les rues de Guernica. Au milieu de toute cette désolation, il se sent d'abord pris dans une sorte d'entre deux, de ceux qu'imposent parfois les réveils affolés et plein de sueur, quand tout vacille et s'en tient au gazeux, quand le réel continue à ployer sous la force du rêve, renâclant à toute capture.
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Il n'y a qu'à vivre, passer par ces instants. Rencontrer une femme sur la route, lui donner un bout de pain, sentir sans savoir les méandres d'un destin, partager la nuit avec elle. Une nuit de guerre. Une nuit comme ça, entre un homme et une femme dans un camion, sur la banquette d'un camion, avec juste la promesse des heures sombres à traverser ensemble.
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Gouri met pied à terre, coupe le moteur.
Le silence tombe comme une chape.
Il retire le mouchoir de son visage et le serre en boule, au creux de sa main.
Devant lui se dresse la grande roue.
Il se souvient.
Le cercle majestueux debout à l'avant des immeubles et surplombant le faîte des arbres le ramène en moins de deux à ces journées de printemps, aux bruits joyeux de la fête qui se prépare, aux tenues légères des femmes parlant entre elles.
Comme chaque année, les forains étaient venus s'installer pour le 1er mai. Ils avaient déchargé leurs camions volumineux et donné forme en quelques heures à des manèges colorés, les mêmes chaque fois, sous le regard brillant des enfants, avec le commentaire avisé et crâne des plus gaillards d'entre eux.
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L’océan des nuages est un sang visqueux et pâle écoulé partout dans les veines du paysage. Il vient échouer, deux ou trois cent mètres en dessous, sur le rempart tortueux formé par les parois et couvre les basses vallées. Au loin, d’autres montagnes pointent, comme les saillies d’un archipel. L’air est immobile. Le froid nocturne se dissipe déjà et, depuis le givre matinal de la veille, c’est une saison entière qui semble avoir passé.
Au-dessus du couvert des brumes, le ciel est pur et clair. Les oiseaux d’altitude, accenteurs, traquets motteux, merles de roche, se tiennent aux aguets d’une lumière plus franche qui gonflera bientôt leur chant.
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Ce que j'ai vu
C'est d'abord la trouée bleue au flanc du ciel
Et la houppe frissonnante des arbres
Et puis après seulement
L'assemblée des femmes empressées
Postées et mains alertes
Ou trottinant derrière les grilles de l'usine
Et puis après seulement
Le nuage d'oiseaux acier laminant les nues
Pointant l'index vers nos maisons et nos âmes
Se glissant par les gouffres turquoise
Jusqu'à griffer nos toits
(...)
Et puis après seulement
J'ai vu pleuvoir l'averse de métal
Au moment où les visages de femmes
Se dévissaient vers le haut
Pour une courte épouvante
Et puis après seulement
J'ai vu les éclairs blancs
Dont celui-ci pour elle
Et son envol soudain dans le feu gris d'une flamme.
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C'est bien là qu'il se trouve, Evariste. En vis à vis de cette montagne, avec entre elle et lui ce volume d'eau parcouru par les grèbes et les voiliers, et aussi le miracle un peu désordonné de tous ces édifices. Avec, dedans, des gens et les mille choses qui les préoccupent.
Lui au milieu, donc.
Il respire longuement de cet air là, bien à fond, puis referme les deux fenêtres.
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(L'après Tcernobyl)

La bête n'a pas d'odeur
et ses griffes muettes zèbrent l'inconnu de nos ventres
D'entre ses mâchoires de guivre
Jaillissent des hurlements
Des venins de silence
Qui s'élancent vers les étoiles
Et ouvrent des plaies dans le noir des nuits
Nous voilà pareils à la ramure des arbres
Dignes et ne bruissant qu'à peine
Transpercés pourtant de mille épées
A la secrète incandescence
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Nous essayons au contraire de nous opposer au mal que ce régime peut nous causer à tous.
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Si on pouvait réussir à sauvegarder un espace d'expression un peu libre. J'ai la conviction que la culture peut être un levier. Comme un outil de savoir et de plus grande conscience sur le monde.
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Le ghetto, permanence de la multitude. On ne sait pas à quel point, en se hissant dans les wagons qui vous transporteront jusqu'ici, disparaît pour de bon la possibilité de la solitude.
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Tandis que Basilio remonte la Calle Don Tello, ce sont maintenant trois Heinkel allemands qui bombardent le centre de Guernica, presque sans relâche, n’offrant pour trêve minuscule que le temps qu’ils mettent à virer aux lisières de la ville afin de revenir de plus belle.

Au passage des avions, Basilio se recroqueville au sol, les fesses sur les talons, les paumes rabattues sur les oreilles. Il attend ainsi, les chairs tremblantes, que s’apaisent les fracas. Alors il se relève, sonné et brinquebalant comme un ivrogne qui en tiendrait une bonne. Haletant, il reprend sa progression. Il passe ainsi devant chez lui. Marque à peine le pas avant de poursuivre son chemin. Il n’a même pas un coup d’œil pour la petite mercerie dont Célestina lui a parlé et qui se trouve là, de l’autre côté de la rue, presque en face.

Sa démarche est inégale, parfois alerte et rapide, parfois presque suspendue.

Son regard reste tendu vers le nuage opaque qui enveloppe le quartier du marché. C’est à trois ou quatre cents mètres de là. En quelques endroits, des flammes percent, fugitives, le rideau sombre des fumées. On voit courir des hommes et des femmes. Parfois, ils hurlent des mots que Basilio, encore trop loin, ne peut entendre.

Un peu après, il y a le cheval à demi calciné de la croupe à l’encolure. Il est encore secoué de rares soubresauts. Il a cessé de tirer sur sa chaîne ; il gît sur l’échine à l’entrée de l’étable, les fers en l’air. Sa langue sort comme un dard de la gueule restée grande ouverte.
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La guerre est finie, peut-être, déclare Timour, mais il y a partout sa marque, pour longtemps, et le feu des canons brûle au fond des crânes. Il y brûlera encore et encore. Les regards des hommes seront vides et asséchés.
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A l'oreille de chacun de ces hommes, on aimerait tant chuchoter ce qui, de ce que nous savons et qu'ils ignorent, devrait pouvoir être entendu d'eux, avec l'espoir que leur peine en soit un peu soulagée
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Il dit: Quand même c'est curieux comme vous vous intéressez à tout ça. On parle de peinture alors que je ne sais rien de vous sinon que vous n'êtes jamais allée au musée, que vous ne savez pas vous-même ce que vous allez devenir. Que c'est la guerre. Vous ne trouvez pas ça étrange, vous.
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C’est juste que je voudrais savoir qui s’intéresse vraiment à tout ça, il dit […]. Et c’est pas de moi que je parle. Je veux parler de l’usine, de ce qui nous tombe sur le coin de la gueule, de tout ce merdier. Ça, pour demander des nouvelles de ma petite santé, évidemment. Tu parles, je les vois d’ici. Mais pour voir le vrai merdier dans lequel on patauge, alors là y en a pas un.
(p. 67)
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La simplicite de ce court roman nous renvoi à nous lecteurs comme un boomerang l'horreur de la shoa
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Moi, poursuit Kouzma, des fois, je pense au diable et je me dis tiens, si ça se trouve, il a installé ses quartiers dans le coin et il est là, à bricoler. Il profite de l'aubaine pour se fabriquer un monde à lui. A son image. Un monde qui se foutrait pas mal des hommes. Et qu'aurait surtout pas besoin d'eux.
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C'était il y a deux jours, il dit. On est sortis des ateliers et les autres types, ceux de la grève, ils nous ont attendus dehors,comme presque toutes les fois, avec le pied ferme. Toujours les mêmes types comme d'habitude. A nous insulter dessus, nous dire qu'on a pas de couilles. C'était comme tous les jours, sauf que je suis sorti des ateliers un peu après les autres et, comme j'étais pas dans le groupe, ils ont fait le cercle autour de moi, à sept ou huit, mon frère. Et là, ils m'ont insulté dessus, de plus en plus fort, sale boulougne, rentre chez toi, va profiter aileurs et autres trucs que je te dirai pas tellement ça fait honte. Y en avait qui me bousculaient avec les mains, même un aussi il me donnait des coups. Mais le plus dur, c'était les mots, mon frère. J'ai essayé de mettre les mains sur les oreilles pour ne plus les entendre, mais je les entendais quand même. Et alors, au bout d'un moment...
Il s'arrête, sa voix s'est mise à trembler. Il prend une bonne goulée d'air avant de poursuivre.
Tellement j'avais honte que j'ai pissé dans mon froc.
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Sans un mot qui soit prononcé.
Juste la main de Louis posée sur le bras nu de Sarah, celui qui se prolonge jusqu'au ventre.
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Moi aussi (Sarah à Louis), je transporte quelque chose de précieux. Elle caresse son ventre doucement, avec ses deux mains.
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