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Citations de Anton Tchekhov (1354)


TROFIMOV. [...] L'immense majorité de l'intelligentsia, telle que je la connais, ne cherche rien, ne fait rien et reste pour l’instant inapte à tout travail. Ils disent qu'ils font partie de l'intelligentsia, et ils tutoient leurs domestiques, ils traitent leurs moujiks comme du bétail ; ils négligent leurs études, ne lisent à peu près rien de sérieux, restent à se tourner les pouces, ne font de la science qu'en parlottes, n'entendent rien à l'art. Il sont sérieux, ils ont des visages graves, ne parlent que de sujets très graves, ils philosophent, et pourtant, sous leurs yeux, les ouvriers mangent des choses infectes, dorment sans oreiller, à trente, quarante dans la même chambre - partout les poux, la puanteur, l'humidité, la souillure morale... C'est évident, toutes ces grandes discussions ne servent qu'à une seule chose : s'aveugler soi-même et aveugler les autres.

Acte II

Traduction d'André Marcowicz et Françoise Morvan
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IVANOV : Il a beaucoup de sincérité.
CHABELSKI : Elle est belle sa sincérité ! Hier, il s'approche et me dit à brûle-pourpoint : " Vous m'êtes, comte, profondément antipathique. " Grand merci !... Tout cela avec affectation et prétention au libéralisme... Sa voix frémit, ses yeux étincellent, et ses jarrets tremblent... Que le diable emporte cette sincérité abrupte ! Bon, je le dégoûte ! Je suis mauvais, c'est naturel... je le conçois moi-même ; mais pourquoi me le dire en face ? Je suis un homme de rien, mais tout de même j'ai les cheveux blancs... Honnêteté sans merci, stupide !
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TIKHONE : Va-t'en !
BORTSOV : Tu ne me comprends pas… Comprends donc, gros rustre, s'il y a ne serait-ce qu'un grain de cervelle dans ta tête de pioche de moujik, ce n'est pas moi qui réclame, c'est mon dedans, pour parler dans ta langue à toi, en moujik, qui réclame ! C'est ma maladie qui réclame ! Comprends !
TIKHONE : J'ai rien à comprendre… Dehors !
BORTSOV : Mais si je ne bois pas tout de suite, comprends-le, ça, si je n'assouvis pas ma passion, je suis capable de commettre un crime. Dieu sait ce que je suis capable de faire ! Dans ta vie d'aubergiste, tu en as vue, goujat, des ivrognes, et tu n'as toujours pas réussi à comprendre ce que c'étaient, ces gens-là ? Des malades ! Mets-les aux fers, bats-les, découpe-les, mais donne-leur de la vodka ! Écoute, je te le demande humblement ! Fais-moi cette grâce ! Je m'abaisse ! Mon Dieu, ce que je m'abaisse !
TIKHONE : Donne de l'argent, t'auras de la vodka.
BORTSOV : Où tu veux que je le prenne, l'argent ? J'ai tout bu ! Tout, jusqu'à la lie ! Qu'est-ce que je peux te donner ? Il me reste, tiens, ce manteau, voilà tout, mais, le donner, je ne peux pas… Je n'ai que ma peau nue en dessous. Tu veux la chapka ?

SUR LA GRAND-ROUTE, Scène 1.
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Voilà donc qui tu es ! Maintenant, je te comprends. Je vois enfin quel homme tu es ! Malhonnête, bas !... Tu te rappelles, tu es venu et m'as dit, en mentant, que tu m'aimais... Je t'ai cru. J'ai quitté mon père, ma mère, ma religion, et je t'ai suivi... Tu mentais en me parlant de bonté, de vérité, de tes plans magnifiques ; je croyais chacune de tes paroles...

IVANOV.
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ANNA PÉTROVNA : Les fleurs reviennent chaque printemps, mais les joies reviennent-elles ? [...] Je commence à croire, docteur, que le sort m'a frustrée. Des tas de gens qui ne sont peut-être pas meilleurs que moi sont heureux et ne paient pas leur bonheur ; moi, j'ai payé pour tout, absolument pour tout !... Et combien cher ! pourquoi me prendre de si gros intérêts ? [...] Je commence, moi aussi, à m'étonner de l'injustice des gens. Pourquoi ne répond-on pas à l'amour par l'amour et pourquoi paie-t-on de mensonge la vérité ?
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Nina : Excusez-moi, je renonce à vous comprendre. Vous êtes, simplement gâté par le succès;

Trigorine : Quel succès ? Je ne me suis jamais plu à moi-même. En tant qu'écrivain, je ne m'aime pas. La pire, c'est que , je suis comme enivré, et souvent je ne comprends pas ce que j'écris.... J'aime cette eau, ces arbres, ce ciel, je sens la nature, elle éveille en moi une passion, un désir d'écrire irrésistible. Mais je ne suis pas que paysagiste, je suis aussi citoyen ; j'aime mon pays, mon peuple et je sais que mon devoir d'écrivain est de parler du peuple, de ses souffrances, de son avenir, de la science, des droits de l'homme, etc. J'en parle, mais on me presse de tous côtés, on s'irrite contre moi, et je me débats comme un renard poursuivi par des chiens ; et la vie et la science vont de l'avant, tandis que je reste en arrière, comme un moujik qui a raté son train. En fin de compte, je sens que peindre le paysage, c'est bien tout ce que je sais faire, et que pour le reste, je suis faux, faux jusqu'à la moelle de os.

Nina : Vous êtes surmené, et vous n'avez ni le temps ni l'envi de prendre conscience de votre propre valeur. Vous n'êtes pas content de vous ? Soit, mais aux yeux des autres, vous êtes grand et sublime. Si j'étais un écrivain tel que vous, je donnerais ma vie à la foule, sans oublier que le bonheur de cette foule, le seul, c'est de s'élever jusqu'à moi ; elle me porterait sur un char....

Trigorine : Sur un char, allons donc ! Suis-je Agamemnon ?
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mais c’est un homme à malheurs ; tous les jours il lui arrive quelque chose ; on l’a surnommé Vingt-Deux-Malheurs.
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ANNA PÉTROVNA : Si on boit, on crève, mais si on ne boit pas, on crève aussi, alors, buvons...

Acte III, Scène 5.
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LOPAKHINE : C'est vrai, mon père était un moujik, et moi, regarde : un gilet blanc et des souliers jaunes. On dirait un cochon dans un salon de thé... La seule chose, oui, j'ai de l'argent, des tas d'argent, mais si tu grattes un peu, si tu réfléchis, moujik je suis, moujik je reste... J'ai voulu lire ce livre, je n'y ai rien compris, je lisais, je dormais.
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En somme, c'est le plus riche parti de tout le district, mais la maman est un raifort si violent que nul ne veut s'en approcher. Après elle, tout sera à Chourotchka ; mais jusqu'à sa mort, elle ne donnera qu'une dizaine de milliers de roubles, des fanfreluches et un fer à repasser ; et encore faudra-t-il la saluer jusqu'à terre.
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Pendant le repas, la conversation fut générale. De cette conversation Iégorouchka déduisit que ses nouveaux amis, malgré les différences d’âge et de caractère, avaient quelque chose en commun, qui les faisait se ressembler entre eux : c’étaient tous des gens avec un passé admirable et un présent déplorable ; sans exception, ils parlaient de leur passé avec enthousiasme et traitaient leur présent quasiment avec du mépris.
Le Russe aime se souvenir mais n’aime pas vivre ; Iegorouchka ne savait pas cela, et avant que la soupe ne fût mangée, il croyait fermement que les gens qui l’entouraient étaient des humiliés et des offensés du destin.
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Pourtant, aussi dépravés et injustes soient-ils, c'est au sens de la justice que les forçats sont le plus attachés ; or, à force de le voir manquer à ceux auxquels ils sont soumis, ils finissent, en quelques années, par en arriver au comble de la rage et de l'incrédulité.
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Trainant, malgré moi, de ville d’eaux en ville d’eaux, je me convainquais sans cesse davantage combien les gens riches et florissants vivent de manière inconfortable et chiche, combien leur imagination est veule et débile, leurs goûts et leurs désirs timorés. Et combien plus heureux sont ces touristes, jeunes et vieux, qui, faute d’argent pour vivre à l’hôtel, se logent n’importe où, jouissent de la vue de la mer du haut des montagnes, couchés dans l’herbe verte, vont à pied, voient de près les bois, les villages, observent les coutumes du pays, entendent ses chansons, s’éprennent de ses femmes …
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Je suis prêt à jurer que Macha était une vraie beauté, mais je ne suis pas à même de le prouver. Il arrive que des nuages s’amoncellent à l’horizon et que le soleil qu’ils cachent les teinte, et avec eux le ciel, de toutes les couleurs de la création : rouge, orange, doré, lilas, vieux rose, l’un ressemble à un moine, un autre à un poisson, le troisième à un Turc en turban. L’incendie a envahi le tiers du ciel, brille sur la croix d’une église et sur les vitres d’un manoir, se reflète dans la rivière et les flaques d’eau, palpite dans les arbres ; loin, bien loin sur le fond du couchant, un vol de canards sauvages gagne à tire-d’aile son havre nocturne… Et le pâtre qui pousse son troupeau, l’arpenteur dont le cabriolet franchit la digue, les maitres en promenade, tous, ils regardent le couchant et tous jusqu’au dernier le trouvent prodigieusement beau, sans que nul ne sache ou puisse dire en quoi consiste sa beauté.
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J’ai, moi aussi, épousé un million. Et l’expérience de ces deux dernières années m’a démontré la terrible erreur que j’ai commise. Un million ne fait pas le bonheur, je l’ai appris à mes dépens… Et maintenant, je passe mon temps à chercher le moyen de fuir cette richesse !

(L’offense)
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Les hommes de sciences, on arrivait à les convaincre à l’aide moins de l’argent qu’avec de jolies manières et en leur serrant bien poliment la gorge.

(Papa)
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FIRS : Oui, il y a longtemps que je vis. Votre papa n’était pas encore au monde que déjà on voulait me marier…. (Riant.) Et l’année de l’affranchissement, j’étais premier valet de chambre. Je n’ai pas voulu de cet affranchissement, et je suis resté chez mes maîtres. (Pause.) Je me rappelle, ils étaient heureux. Heureux de quoi ? Ils ne le savaient pas eux-mêmes.
LOPAKHINE : C’était le bon temps. Au moins on vous fouettait.

LA CERISAIE - Acte II
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[...] ce qui me déplaît dans mes étudiants d’aujourd’hui ... ils cèdent volontiers à l’influence des écrivains contemporains, et sont complètement indifférents aux classiques tels que Shakespeare, Marc Aurèle, Épictète ou Pascal ; et cette incapacité à distinguer le grand du petit trahit plus que tout leur absence de sens pratique.
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[…] impossible de discuter avec lui. Allez discuter avec un homme profondément convaincu que la plus belle science est la médecine, que les meilleurs gens sont les médecins, les meilleures traditions, les traditions médicales.
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Iegorouchka était couché sur le dos, et les mains derrière la tête, regardait le ciel au-dessus de lui. Il vit s'allumer puis s'éteindre les lueurs du soleil couchant ; les anges gardiens, couvrant l'horizon de leurs ailes d'or s'installaient pour dormir ; la journée s'était écoulée heureusement, une nuit paisible et heureuse s'était faite et ils pouvaient tranquillement rester tranquillement chez eux au ciel... Iégorouchka vit le ciel s'obscurcir peu à peu, les ténèbres descendre sur terre, les étoiles s'allumer une à une.
Lorsqu'on regarde longuement un ciel profond, sans en détacher les yeux, on ne sait pourquoi les pensées et l'âme s'unissent en un sentiment de solitude. On commence à se sentir irréparablement seul [...]

[Anton TCHEKHOV, "La Steppe. Histoire d'un voyage" / "Степь. Исто́рия одно́й пое́здки", 1888, traduit du russe par Vladimir Volkoff, éditions LGF-Le Livre de Poche, coll. "libretti 2 €", 1995 - chapitre V, pages 78-79]
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Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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