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Critiques de Antonio Tabucchi (286)
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La Tête perdue de Damasceno Monteiro

Quelle belle langue ! Un livre comme je les aime. Un meurtre prétexte pour une entrée en littérature. Entre la dénonciation politique et la scène de moeurs.



Firmino, journaliste dans un quotidien de seconde zone, doit aller enquêter dans une ville de province portugaise suite à la découverte d'un corps décapité. Il rencontrera un avocat pittoresque avec lequel il échangera des propos métaphysiques.



Du bien bel ouvrage. Je recommande.
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Pereira prétend

n°206 - Juin 1999



PEREIRA PRETEND - Antonio Tabucchi - Christian Bourgois Éditeur.



C’est un étrange roman que nous offre ici l’auteur.

A en croire une note annexée au texte et publiée pour la dixième édition italienne, il s’agit là d’une histoire vraie. Bien sûr Pereira est un nom inventé mais le texte relate une sorte de tranche de la vie d’un vieux journaliste portugais qui a effectivement existé.

Tabucchi le campe sous les traits d’un veuf cardiaque et gros qui passait son temps à parler au portrait de son épouse décédée quelques années plus tôt et qui souriait d’une manière énigmatique à tous les propos qu’il lui tenait. Il l’emporte avec lui lors de tous ses déplacements en prenant bien soin de le mettre sur le dessus de sa valise pour qu’elle respire bien. Il faut dire qu’elle était morte de la tuberculose! Il le présente comme un être soupçonneux, ne fréquentant guère ses semblables et se méfiant de sa concierge qu’il suppose être un indicateur de police.

Pereira était catholique mais ma résurrection de la chair ne lui convenait pas parce qu’il n’aimait pas son corps adipeux et encombrant. Son confident était un franciscain simple à qui il confessait régulièrement cette hérésie mais qui le priait surtout de lui avouer des pêchés plus véniels pour mériter son absolution!

Cet obscur journaliste s’occupait de la page culturelle du « Lisboa », journal de l’après-midi. Sa vie fut en quelque sorte bouleversée par la rencontre qu’il fit d’un médecin qui bouscula ses croyances sur l’âme humaine. Il aimait la littérature française, les citronnades sucrées , les omelettes aux herbes et le cigare.



La magie de l’écriture transforma cet homme banal en un être obsédé par la mort et surtout par les positions politiques d’écrivains catholiques à propos du conflit qui se déroulait alors en Espagne. C’est que l’auteur a choisi comme décor le mois d’août 1938 à Lisbonne alors que gronde aux frontières la guerre civile qu’il rencontre indirectement sous les traits de différents personnages qui y sont partie prenante.. Le paradoxe de la position de l'Église à propos de ce conflit le tourmente tout autant que les prises de position des écrivains catholiques français.



C’est alors qu’il décide, lui modeste journaliste de prendre position dans ce pays que le salazarisme marque de son empreinte dictatorial. C’est un peu comme s’il prenait soudain conscience qu’il devait pour une fois être lui-même. A la suite d’un stratagème, il joue un bon tour à la censure en dénonçant les pratique de la police politique. Pour lui bien sûr ce sera l’exil mais cela importe peu à ses yeux.



Le plus étonnant est que l’auteur prétend qu’à la suite d’une visite qu’il fit à la morgue après la mort de ce journaliste, l’âme de cet homme vint le visiter en songe pour se confesser à lui. Écrivain, il ne pouvait laisser passer cette occasion de lui rendre hommage et cela a donné ce roman qui m’a bien plu.

Je choisis d’y voir pour cet homme solitaire une prise de conscience de la réalité des événements extérieurs et de la nécessité soudain ressentie de s’exprimer même si pour cela il fallait bouleverser sa vie. Je choisis aussi d’y voir l’extraordinaire pouvoir de l’écriture qui transcende un fait anodin et qui, si on en croit l’auteur, plonge ses racines dans la révélation qui nous est parfois faite au pas du sommeil. Personnellement j’adhère à cette notion quasi-rimbaldienne de l’inspiration. Ce n’est pas si souvent qu’un écrivain révèle au lecteur ce qui a présidé à son travail de création même si l’auteur prête un peu ses sentiments à son personnage.



© Hervé GAUTIER
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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La Tête perdue de Damasceno Monteiro

Ce roman vous fera-t-il perdre la tête ?



Vous êtes gitan. Vous disposez de cet organe qui vous distingue de la gent féminine et dont vous êtes assez fier malgré le poids des ans, mais hélas, votre vessie, bien moins vaillante, vous force à vous lever aux petites heures. Vous vivez sur un terrain municipal sans aucune commodité. Vous voilà obligé de quitter votre cabane de planches et de carton pour satisfaire un besoin naturel. Vous avez vos habitudes au pied d’un vieux chêne. Vous remarquez alors que deux chaussures pointent vers le ciel. Vous prenez un bâton et vous écartez le feuillage. Plus vous l’écartez, et plus vous constatez que les chaussures se poursuivent par un pantalon, un torse, des bras… Mais pas de tête !



Vous êtes journaliste. Vous venez de passer quelques jours de vacances en compagnie de l’élue de votre cœur. Vous venez de rentrer à Lisbonne et décidez de faire un saut par votre journal bien que vous soyez encore en congé. Vous vous faites apostropher par votre directeur qui a tenté de vous joindre sans jamais y parvenir (fichus GSM qui n’existaient pas en ce temps-là).

Vous voilà obligé, le jour-même, de vous rendre à Porto (ville où ils adorent les tripes, vous pas) pour mener l’enquête car votre journal aime l’hémoglobine et vit des affaires que la nature humaine dénature (divorces, cocufiages, meurtres, toutes ces choses qui distinguent l’humain du restant du règne animal)…



Antonio (quel magnifique prénom) Tabucchi sait vous prendre par la main pour ne plus vous lâcher.

Il crée des personnages intéressants et originaux. Il vous emmène visiter Porto car il vous fait vous identifier au journaliste « lisboète » (qui vient de Lisbonne, quoi) et qui a de cette ville des images peu sympathiques en tête. Au fur et à mesure du récit, vous allez commencer à apprécier la cité et même ses spécialités culinaires, mais sans jamais manger les fameuses tripes… Il y a des limites que vous, le journaliste lisboète, ne voulez tout de même pas franchir !



A partir de la rencontre avec l’avocat, Don Fernando, avocat des pauvres, fin gourmet, homme de culture et philosophe, j’ai moins aimé le récit (contrairement à d’autres lecteurs qui trouvent cela sublime).



La fin du roman ne m’a pas satisfait.



Vais-je oser publier cette critique sachant que les fans de Tabucchi vont me courir derrière pour me raccourcir d’une tête que j’aurais pourtant déjà perdue en écrivant cette critique ? Je redoute un tête-à-tête avec une passionnaria qui aime Antonio (pas moi, l’autre) à en perdre la tête ! Vais-je pouvoir lui tenir tête lors d’un face-à-face où elle me traitera de tête brûlée, voire de tête de cochon (ou de lard) ! Ne vais-je pas devenir la tête de turc de tous les aficionados de Tabucchi qui n’hésiteront pas à me traiter de tête-à-claques ? Les plus gentils se contenteront peut-être de dire que je suis tombé sur la tête pour avoir écrit une histoire sans queue ni tête (ce qui prouve qu’ils n’ont pas bien lu ma critique puisque la queue, on la retrouve à la deuxième phrase et la tête, on s’y perd tant il y en a à la fin du récit, ceci dit sans vouloir vous prendre la tête en me comportant comme une grosse tête). Creusez-vous la tête et vous constaterez que même si je suis une tête de pioche, je n’ai pas forcément tort sur toute la ligne. Cette critique ne vaut pas une prise de tête, ne vous mettez point martel en tête, car si vous la lisez à tête reposée, vous constaterez peut-être que je ne suis pas un tête-en-l’air qui vomit sa haine sur votre écrivain-philosophe préféré. Alors, s’il vous plaît, arrêtez de faire la tête…

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Voyages et autres voyages

On se demande parfois ce qui peut motiver un auteur à choisir un thème plutôt qu'un autre pour un livre. Je me le demande encore, à propos de ce livre de Tabucchi. Mal d'inspiration ? Raison éditoriale ? Car pendant, disons, les trois quarts du recueil, il ne s'agit que de descriptions de lieux visités par l'auteur, à l'aide de banalités et de lieux communs, que l'on s'attendrait plus à trouver dans le Guide du Routard, que sous la plume d'un des plus grands écrivains italiens contemporains. De Paris à Sydney, en passant bien sûr par le Portugal et l'Inde chers à l'auteur, on se dilue dans l'anecdotique et le superficiel.

Seuls, les derniers chapitres offrent des réflexions plus approfondies. On y évoque entre autre, le syndrome de Stendhal ou l'Odin Teatret.

De l'auteur de "Nocture indien", j'attendais beaucoup mieux.

Une grande déception !

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Pereira prétend

C'est la fin de ce livre qui m'a déçu. Un peu rapide, évidente. Sinon, l'histoire de ce "doutor" Pereira était intéressante ( il décrit la montée des idées "fascistes" au Portugal dans les années trente). Le personnage était éminemment sympathique, une sorte de faux naïf. En bref, j'aurai aimé pouvoir rester plus longtemps au côté de ce personnage, la fin est plutôt abrupte. Autre sujet de mécontentement , le fait qu'il y ait de nombreuses scènes répétitives dans ce livre.
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Petites équivoques sans importance (Petits ma..

une belle écriture au service de petites histoires diverses. les personnages se dévoilent à peine mais l'auteur sait donner du rythme pour mettre une tension, ou révéler un traumatisme en quelques pages. C'est bien la beauté de l'exercice difficile de la nouvelle!
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Une malle pleine de gens

Une malle pleine de gens – Antonio Tabucchi – Christian Bougois éditeur.



Parmi tous les auteurs qui ont publié leurs œuvres au cours des siècles, certains deviennent écrivains mais peu marquent leur temps et leur art de leur empreinte. Fernando Pessoa est de ces poètes majeurs, moins sans doute par ce qu’il écrivit sous son nom que par ce qu’il publia sous celui de ses nombreux hétéronymes (On n’en décompte à peu près 72), une fiction au terme de laquelle « il était un autre sans cesser d’être lui-même » selon la formule consacrée. Lui qui publia peu sous son propre nom (des chroniques, des articles, des essais et quelques recueils de poèmes dont beaucoup sont posthumes), s’exprima vraiment à travers eux, mais cette pratique est bien différente du pseudonyme très en vogue chez les écrivains et bien différente d’un simple artifice littéraire. Pessoa créa ainsi des personnages, des écrivains, en leur donnant un état-civil, une date de naissance et une mort, (parfois un horoscope) une personnalité, une œuvre, un style… différents pour chacun. (Antonio Tabucchi analyse finement les principaux d’entre eux en insistant sur les différences et les ressemblances avec Pessoa). Cette sorte de dédoublement est unique dans l’histoire de la littérature si on excepte Rimbaud (« Je est un autre ») et dans une moindre mesure Nerval qui n’ont jamais été aussi loin dans l’exploration de ce « Moi » intérieur. C’est la marque d’un génie autant que celle de la folie et on peut dire que Pessoa a tenté ainsi d’exorciser sa solitude, son mal de vivre et l’analyse de cette thérapie mériterait sans doute une étude psychologique voire psychanalytique. C’est entre autre chose cela qui m’a toujours passionné chez Pessoa, autant l’homme, un quidam humble et modeste, égaré dans la vie qui cachait un écorché vif solitaire et tourmenté, mais aussi un génial créatif comme peu d’hommes de Lettres l’on été. Il eut sa période pauliste mais reste marqué par « la saudade » qui est la grande caractéristique du peuple portugais.

Il était un modeste traducteur commercial employé d’une entreprise d’import-export et sa vie se déroula dans la « Baixa » à Lisbonne entre chambres meublées, bureau et cafés, avec juste une petite idylle vite interrompue avec Orphélia Queiros(on peut lire en fin d’ouvrage quelques-unes des lettres qu’il lui écrivait), n’abandonnant pour héritage qu’une malle pleine de manuscrits attribués à ses hétéronymes, parfois écrits au dos de factures, laissant au hasard le soin de les révéler au public.



J’ai apprécié l’étude menée par Tabucchi, richement documentée et érudite et une démonstration qui éclaire un personnage encore aujourd’hui énigmatique.
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Nocturne indien

Le minimalisme, en tant que méthode de travail, est assez délicat. Si un auteur est génial ou très talentueux, des chefs-d'œuvre comme la musique pour piano d'Eric Satie et celle de Philip Glass ou les romans de Leena Kroon, composés de courtes nouvelles, peuvent se révéler. Cependant, si le talent ne suffit pas pour créer une chose vraiment belle, l'auteur peut quand même devenir célèbre, assaisonnant sa création avec un faux sens. Haruki Murakami a emprunté cette voie. Mais son travail, à mon avis, est loin d'être génial.



Ainsi, "Nocturne indien" est "minimaliste" dans le meilleur sens du terme. Ce roman est très célèbre et son adaptation par Alain Corneau est, à mon goût, absolument indicible. Le roman raconte l'histoire d'un homme qui parcourt l'Inde à la recherche d'un ami disparu. On en sait très peu sur les personnages, mais le portrait psychologique du protagoniste est fiable et suscite l'intérêt. C'est un intellectuel européen typique, dans la vie duquel s'est déroulé un certain drame personnel, auquel il revient parfois dans ses pensées.



Veut-il vraiment retrouver ce Xavier disparu? Parfois, il semble que pour cela, il ne fait pas tout ce qui est en son pouvoir. En chemin, le héros rencontre différentes personnes avec lesquelles il noue des conversations qui le mènent dans une impasse métaphysique. Il est de plus en plus perdu et réfléchit à sa place dans le monde. À la fin, il commence à percevoir la recherche d'un ami comme une sorte de jeu intellectuel et comprend enfin quelque chose sur lui-même et le but de sa vie.



Et même la répétition, la monotonie des situations et des conversations dans le livre ne le gâchent pas.
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Pereira prétend

Peirera, est un vieux journaliste portugais.

Promu rédacteur en chef de la page culturelle du Lisboa, sa vie oscille entre des citronnades trop sucrées, des omelettes aux herbes prises au café, la traduction d'auteurs français et des conversations avec le portrait de sa femme décédée.

Quand la rencontre avec de jeunes gens engagés va faire basculer sa vie.

Nous sommes en 1938, il y a la guerre civile en Espagne, le nazisme, le fascisme italien et puis, il se passe aussi des choses inquiétantes dans son pays: le Portugal.

Magnifique roman sur la question des choix , de l'engagement et de la résistance au totalitarisme, à la censure et aux violences policières. Peirera prétend est malheureusement un livre d'actualité qui, peut faire écho à de nombreuses situations politiques actuelles. Preuve que tout le monde peut s'engager et s'investir, Le doutor Peirera a son arme : la littérature!
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Les trois derniers jours de Fernando Pessoa..

Tabucchi a écrit ce livre romancé, sur Pessoa qui est sur son lit de mort où il reçoit ses hétéronymes, ces doubles dont il a inventé l’existence. Tabucchi y parle aussi de délire. Le livre romancé a le mérite de faire vivre ces hétéronymes, mais j’aimerais commenter ce prétendu délire, et dire un mot de la vraie mort de ce poète surdoué.



Il est mort sur fond de cirrhose du foie, d’alcool à petite dose car aucun contemporain ne relate d’ébriété. Le soir, en rentrant chez lui, il achetait sa bouteille. Il fut soigné par un cousin, le Dr Jaime Neves. Ses derniers mots, en anglais, furent «I know not what tomorrow will bring». Il avait été admis à l’hôpital l’avant-veille, après avoir fait patienter le taxi et ses amis qui voulaient l’accompagner, appelant d’abord Manacés, son barbier depuis 15 ans, et lisant en attendant des poèmes de son ami décédé Sá Carneiro. Parmi ceux qui l’accompagnèrent il y avait l’un des patrons de la firme d’import-export pour qui il travaillait, Carlos Moitinho de Almeida dont le fils, Luis Pedro, avocat et homme politique a écrit des poèmes préfacés par Pessoa et plus tard quelques études sur lui (1954, 1959). Le fils de ce Luis Pedro a été juge à la Cour de justice de l’Union Européenne à Luxembourg, où une salle d’audience porte le nom de Pessoa.



Tabucchi parle de «délire», et certains biographes n’ont pas manqué d’abonder dans ce sens en énonçant toutes les maladies mentales imaginables. Pour Mário Saraiva par exemple, Pessoa serait à la fois schizophrène, paranoïaque et psychopathe.



Il faut d’abord rappeler que Pessoa, 1er sur 899 au concours d’entrée à l’université, brillant intellectuel féru de lectures en plusieurs langues, sur Freud, des philosophes et des essayistes, est avant tout un surdoué. Les symptômes en sont: exacerbation des sens et des émotions, décalage social, hypersensibilité, épuisement psychique et physique, dépression, autodépréciation,... (cfr Cécile Bost, Différence et souffrance de l’adulte surdoué, et excellents commentaires sur Babélio). Tout cela se confirme dans les écrits de Pessoa.



Il y a quelques années, à Zurich, on m’a demandé de présenter dans un congrès de psychanalyse, un exposé sur Pessoa. Dans mes recherches préparatoires, confirmées par un psychanalyste portugais et directeur de revue, j’ai constaté bizarrement qu’aucun psychiatre ou psychanalyste n’avait jamais rien publié sur la question.



On ne relève en tous cas chez Pessoa, personnalité certes atypique, aucun vrai délire. Il a toujours été un employé modèle. Ses lettres sont pleines d’humour, dépourvues d’agressivité. Son comportement est normal, et il a plein d’amis avec qui il va prendre un verre «Chez Abel» ou au «Martinho da Alcada». Il ne se prend jamais pour l’un de ses hétéronymes, mais en joue lucidement, écrivant «Je brise l’âme en morceaux et en personnes diverses... J’ai construit en moi certains personnages distincts entre eux, et de moi, personnages à qui j’ai attribué divers poèmes». S’il s’agit de créer un autre monde, c’est dans la fiction, non dans le délire, mais la fiction n’est pas sans racines.



Comme d’autres écrivent un journal intime, il invente des amis pour sortir de son isolement. Surdoué, il n’a qu’eux à qui parler. Il a vécu le choc affectif de la mort de son père à 5 ans, et de son frère à 7 ans, un père dominé par la mère qui va se remarier sans amour (par procuration, le marié n’étant pas présent) avec le consul du Portugal à Durban, en Afrique du Sud.



On trouve aussi chez Pessoa un désintérêt de la sexualité (peut-être une forme d’homosexualité refoulée mais on parle aussi d’a-sexualité), un sentiment de solitude, d’étrangeté, de vide, d’incapacité à aimer, d’aboulie, de tristesse, mais pas de dépersonnalisation au sens clinique du terme, bien qu’il ait toujours eu peur de la folie depuis qu’à la fin de son adolescence, l’une de ses tantes, brillante intellectuelle elle aussi, a été un moment internée pour dépression. Il écrit «La nuit et le chaos font partie de moi » (manuscrit 92H52).



Mais le 21 novembre 1914, il écrit «Aujourd’hui, je suis entré en pleine possession de mon Génie et j’ai la divine conscience de ma mission. Un éclair m’a aujourd’hui ébloui, Je suis né».



Dans une lettre du 19 janvier 1915, il écrit «Ma crise est de ces grandes crises psychiques, qui sont toujours des crises d’incompatibilité, sinon avec les autres, assurément avec moi-même... ce n’est pas, disons-le tout de suite, une incompatibilité violente... C’est moi qui ressens cette incompatibilité, elle est en moi, et je porte tout le poids de mon désaccord avec ceux qui m’entourent... L’autodiscipline que j’ai acquise peu à peu est parvenue à unifier en moi les éléments divergents de mon caractère qui pouvaient être conciliés. J’ai encore beaucoup à faire dans mon esprit. Je suis encore loin de l’unification à laquelle j’aspire».



Le 6 décembre 1915, il écrit à Sá Carneiro «Je suis de nouveau en proie à toutes les crises imaginables, mais cette fois, l’agression vient de partout. Par une coïncidence tragique, j’ai été assailli par des crises de toutes sortes. Psychiquement, je suis cerné».



L’année suivante, en mars 1916, dans une lettre qui mériterait d’être citée en entier, il lui écrit «Je suis aujourd’hui au fond d’une dépression sans fond... La vie me fait mal à petit coups, à petits traits, par intervalles... Ce n’est pas vraiment la folie».



Le suicide de Sá Carneiro l’affecte, mais deux mois plus tard, il écrit à sa tante Anica «Je suis mieux que je n’ai jamais été» et en septembre, il écrit à son ami Córtes-Rodrigues «J’ai passé ces quelques mois par... une longue histoire de dépression».



Il dépose un brevet d’invention (1926) puis crée une revue (1930) et écrit «Je me sens maintenant un peu plus dynamique» (1930) et «Je suis maintenant en possession des lois fondamentales de l’art littéraire. Shakespeare ne peut plus m’enseigner la subtilité ni Milton la perfection. Mon esprit a atteint une souplesse et une portée qui me permettent d’éprouver n’importe quelle émotion si je le désire, et d’entrer à volonté dans n’importe quel état d’esprit» (non daté, en anglais). Bien d’autres textes sont similaires, on ne peut tout citer. En 1933, il retombe dans la dépression, mais sans que cela affecte son travail.



Il meurt au moment où se renforce la censure et rédige peu auparavant, ce commentaire impertinent et plein d’humour «Depuis le discours fait par Salazar... nous avons appris que la règle restrictive de la censure «Il ne faut pas dire ceci ou cela» était remplacée par la règle soviétique du pouvoir «Il faut dire ceci ou cela»... Je suppose que cela signifie qu’il ne pourra y avoir au Portugal de manifestation littéraire permise qui ne renferme quelque référence à l’équilibre budgétaire, à l’organisation corporative... et à d’autres rouages du même genre». Il passe finement à l’acte dans «Le poème d’amour en l’État nouveau» où il y a des vers du genre «Mon amour, mon budget».



Ce dont Pessoa souffre, c’est une alternance de ce qu’il nomme «neurasthénie» et d’épisodes euphoriques, comme en1914 quand il a découvert tous ses hétéronymes et composé un grand nombre de poèmes le même jour. Dans une série de documents qui vont de 1907 à 1935, il nomme de manière récurrente ce dont il souffre «hystéro-neurasthénie», terme de son invention qui diagnostique parfaitement ces épisodes bipolaires. Dès 1907 (il a 19 ans), il fait écrire par l’un de ses hétéronymes, spécialiste des maladies mentales, dans un «Rapport médical de psychiatrie» (sic) «C’est sans doute un neurasthénique vésanique. La neurasthénie... (a) bouleversé une organisation mentale caractéristiquement hystériforme». Voir et être vu, mais aussi se dissimuler derrière les hétéronymes sont parmi ses thèmes majeurs avec le désir inflatif de «tout être» pour échapper au «n’être rien». Pessoa était aussi phobique des chats, de l’orage, des lieux inconnus et du téléphone. Ses rites, son côté perfectionniste et ses mécanismes de défense font penser à une composante obsessionnelle. Il y a aussi une peur hypocondriaque de la maladie, mentale comme organique. Une telle nature multiple est un ensemble difficile à unifier.



Si Pessoa est mort d’une crise hépatique liée à la consommation d’alcool, on peut au moins émettre comme hypothèse que l’alcool, compensation orale comme le tabac, est aussi ce qui lui a permis de vivre,... avec la littérature, tout comme pour A. Arthaud et James Joyce. Pessoa fait dire à B. Soares «Cette sensation irrémédiable, je la guéris en écrivant».

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Au pas de l'oie : Chroniques de nos temps o..

Écrite en 2006, l'analyse d'Antonio Tabucchi sur l'état de dévastation dans lequel se retrouve la démocratie italienne est brûlante d'actualité.

Oui, « et si l'Italie était le laboratoire des régressions de nos démocraties » ?

Ce qui s'est produit en Italie, à savoir l'accession au pouvoir de la fange « berlusconienne », n'est pas une curiosité historique, ce n'est pas pas une protubérance accidentelle, , une malchance , un hasard. Cela répond à une lente et certaine remontée, mise en place d'un autoritarisme, qui après guerre , a du montrer dent blanche, et enfiler un costume de néo-libéralisme trompeur, ( ou voudrait en 2017, écrire, « trumpeur » ) .. Adieu donc aux « bons bergers », au pas de l'oie, ..Bonjour « croissance, rente et technologie » à marche forcée.  

Jeu de l'oie, donc, auquel nous invite l'auteur. Nous laissons l'illusion de penser qu'en marchant au pas de l'oie, il serait possible encore de choisir sa route…

C'est par l'écrit littéraire et l'analyse, tous deux honnis, viscéralement haïs par toutes les régimes autoritaires de tout poil, qu 'Antonio Tabucchi reprend le flambeau de Pasolini.

Les lucioles ont survécu. Ce livre en est à la preuve.

Antonio Tabucchi nous rappelle que le futur est de notre compétence et que c'est à nous, citoyens nous nous en oocuper.

Devoir de mémoire, de parole, de vigilance, de résistance.

Le fondement d'une démocratie repose sur une constitution . C'est sa base, son fondement. Aucun «  pacte électoral » ne peut la faire disparaitre.

Ne serait ce même que le temps d'un mandat. Et tout gouvernement librement élu de toute démocratie doit en être le garant. Et cela repose sur une réciprocité entre le garant et les citoyens. Garants des uns et des autres, c'est sur quoi repose la cohérence de toute gouvernance. En dehors de cela : aucune démocratie n'est possible.

Les mots.. voilà l'objet du délit. Les mots. Les mots à qui ont fait perdre leur sens. La dialectique des fous. Ne plus appeler un chat un chat, et d'un chat entrainant d'autres chats ne plus dire guerre mais opération de libération... , on ne dit pas la droite , on dit..la nouvelle droite . Entendait par là celle ui existait déjà avant , avant, bien avant que les citoyens se soient battus pour que vive la démocratie . La nouvelle donc, celle qui fraternisait avec Mussolini, avec Franco, pour ne citer qu'eux. ( et certainement pas comme exemple) .

« Pour falsifier l'histoire on en vient à falsifier les mots où à les pervertir »,

Qui a t il de nouveau exactement dans la panoplie des régimes autoritaires ?

«  Une fois que tous les choix politiques ont été mis sur le même plan, qu'on a enlevé sa valeur à L Histoire et à ses tragédies, tout devient banal, même le pire ».

Au nom de la bonne foi, ( la sienne parce que celles des autres est une hérésie),

au nom de la défense de la civilisation ( sans en connaître exactement soi même la circonférence de ce cercle qu l'on aimerait restreint),

au nom de la pleine souveraineté de ses théories économiques, ou financières ,

le pire peut arriver.

Et un des pire scénario politique est bel et bien arrivé. En tenant, en soutenant un langage vide de sens, la main se retrouve libre. Détachée du cortex moral , le politique se retrouve pieds et mains déliés. Libre. Libre de mentir, libre de voler, libre de dissimuler, libre de ne pas se justifier, de ne pas rendre de compte, de voler.Libre de favoriser, de détourner, libre d'ostraciser, de pointer du doigt, d'insulter parfois. Libre comme tel fut le cas lorsqu"un des journaux de Paolo Berlusconi  titrait : « le fascisme n'est plus tabou », ceci afin de saluer l'arrivée au poste de ministre des affaires, d'un « ex »-fasciste.. 

« La dictature de la parole a permis l'attribution de la même valeur à tout et à son contraire, transformant l'opportunisme à un modèle gagnant ».

Nous même , à cette heure précise, de l'autre côté des Alpes, Sommes nous vraiment certains que certain superlatif « slogannesque » dut type,(... un exemple au hasard)..., « en marche ! »...n'aurait pas valeur de ..«  au pieds ! » .

En marche...mais à quel pas ?

À quel jeu nous invite ton à danser ? «  Dites quelque chose de gauche ! » exhortait un des personnages de Nani Moretti.! Voilà de quoi à vous laisser sans voix !

Ne voit on pas tous les dynamiteurs les plus virulents de la Démocratie embrasser à pleine bouche les mots qui par naissance sont attachés à la dite démocratie qu'ils tentent par tout les moyens de mettre au plus mal. Quels sont donc ces serpents que de notre propre « laid » nous nourrissons ?

Mystification du langage, appropriation des outils diffusant ce langage. Première étape.

Nouvelle étape , donnez au citoyen l'illusion d'être décideur. L'outil ? le pardon. Merveilleuse arme , très ancienne arme. «  Faites ce que bon vous semble, nous vous pardonnerons toujours ».

Vrai pour l'Italie, vrai pour la France. Il n'y a qu'à écouter la litanie des repentis, du «  promis je ne le ferai plus », à «  promis j'ai changé » à... «  je vous ai ( enfin) compris... ».

Un pardon suffira. Allez ...bon, trois pater encore. Et topons là ! la viande sera dans le torchon.

Parole, parole, et les écrits nous informent. du moins ceux de la trempe et de la qualité d'Antonio Tabucchi. Il y en a d'autres, en Italie , du moins.

Si vous souhaitez apprendre quelques uns des plus importants, et néanmoins affligeants passages de l'Histoire Italienne, européeene et même mondiale, plongez vous dans cette analyse.

Elle vous apprendra tous les arcanes du jeu mise en place par le pouvoir de Berlusconi et ses amis , ceci afin d'infiltrer, monopoliser, manipuler les institutions afin de servir ses propres interets financiers, ou ceux dont ils sont serviteurs.

Si vous voulez savoir comment il est possible dans une démocratie européenne de voir tolérer, encourager et protéger des règles anti démocratiques, lisez cette analyse.

Si vous vous demandez comment il est possible qu'une extreme droite fascisante peu refleurir et s'épanouir librement dans une démocratie qui de son sang, par ses lois, par sa constitution l'a toujours combattue. Lisez cette analyse.

Si vous voulez savoir comment une démocratie peut se voir confisquer ses moyens d'information et de diffusion lisez ce livre.

Si vous voulez savoir comme le déni de mémoire peut germer à tous les étages d'une démocratie, lisez ce livre.

Si vous voulez comprendre la logique du « temps zéro », sorte de ground zéro de la mémoire que l'on voudrait faire admettre à de nos civilisations,

si vous ne comprenez pas en encore le poids de terme «  guerre préventive »,

ou les termes «  affaire classée, ou sans suite »,

si vous vous demandez pourquoi il est si important de devenir les maitres du passé,

d'omettre certains faits, d'effacer des crimes qui ont tout lieu d'être déclarés comme génocidaires et qui pourtant de le sont toujours pas. Lisez ce livre.

Si vous voulez savoir pourquoi on n'appelle plus un massacre, un massacre,

Pourquoi la langue courante, cette musique que l'on ne distingue plus, devient un poison d'état qui capable de terrasser toute démocratie ,

Si vous avez envie d'entendre une parole,

«  une voix qui vient du choeur »,

lisez cette analyse.

«  Nous sommes désormais sûrs d'une chose: nous ne savons rien ». ..

Tout en sachant tout , comme le disait Pasolini.



Astrid Shriqui Garain









































Écrite en 2006, l'analyse d'Antonio Tabucchi sur l'état de dévastation dans lequel se retrouve la démocratie italienne est brûlante d'actualité.

Oui, « et si l'Italie était le laboratoire des régressions de nos démocraties » ?

Ce qui s'est produit en Italie, à savoir l'accession au pouvoir de la fange « berlusconienne », n'est pas une curiosité historique, ce n'est pas pas une protubérance accidentelle, , une malchance , un hasard. Cela répond à une lente et certaine remontée, mise en place d'un autoritarisme, qui après guerre , a du montrer dent blanche, et enfiler un costume de néo-libéralisme trompeur, ( ou voudrait en 2017, écrire, « trumpeur » ) .. Adieu donc aux « bons bergers », au pas de l'oie, ..Bonjour « croissance, rente et technologie » à marche forcée.  

Jeu de l'oie, donc, auquel nous invite l'auteur. Nous laissons l'illusion de penser qu'en marchant au pas de l'oie, il serait possible encore de choisir sa route…

C'est par l'écrit littéraire et l'analyse, tous deux honnis, viscéralement haï par toutes les régimes autoritaires de tout poil, qu 'Antonio Tabucchi reprend le flambeau de Pasolini.

Les lucioles ont survécu. Ce livre en est à la preuve.

Antonio Tabucchi nous rappelle que le futur est de notre compétence et que c'est à nous, citoyens nous nous en oocuper.

Devoir de mémoire, de parole, de vigilance, de résistance.

Le fondement d'une démocratie repose sur une constitution . C'est sa base, son fondement. Aucun «  pacte électoral » ne pas la faire disparaitre.

Ne serait ce même que le temps d'un mandat. Et tout gouvernement librement élu de toute démocratie doit en être le garant. Et cela repose sur une réciprocité entre le garant et les citoyens. Garants des uns et des autres, c'est sur quoi repose la cohérence de toute gouvernance. En dehors de cela : aucune démocratie n'est possible.

Les mots.. voilà l'objet du délit. Les mots. Les mots à qui ont fait perdre leur sens. La dialectique des fous. Ne plus appeler un chat un chat, et d'un chat entrainant d'autres chats ne plus dire guerre mais opération de libération... , on ne dit pas la droite , on dit..la nouvelle droite . Entendait par là celle ui existait déjà avant , avant, bien avant que les citoyens se soient battus pour que vive la démocratie . La nouvelle donc, celle qui fraternisait avec Mussolini, avec Franco, pour ne citer qu'eux. ( et certainement pas comme exemple) .

« Pour falsifier l'histoire on en vient à falsifier les mots où à les pervertir »,

Qui a t il de nouveau exactement dans la panoplie des régimes autoritaires ?

«  Une fois que tous les choix politiques ont été mis sur le même plan, qu'on a enlevé sa valeur à L Histoire et à ses tragédies, tout devient banal, même le pire ».

Au nom de la bonne foi, ( la sienne parce que celles des autres est une hérésie),

au nom de la défense de la civilisation ( sans en connaître exactement soi même la circonférence de ce cercle qu l'on aimerait restreint),

au nom de la pleine souveraineté de ses théories économiques, ou financières ,

le pire peut arriver.

Et un des pire scénario politique est bel et bien arrivé. En tenant, en soutenant un langage vide de sens, la main se retrouve libre. Détachée du cortex moral , le politique se retrouve pieds et mains déliés. Libre. Libre de mentir, libre de voler, libre de dissimuler, libre de ne pas se justifier, de ne pas rendre de compte, de voler.Libre de favoriser, de détourner, libre d'ostraciser, de pointer du doigt, d'insulter parfois. Libre comme tel fut le cas de titrer dans un des journaux de Paolo Berlusconi : « le fascisme n'est plus tabou », ceci afin de saluer l'arrivée au poste de ministre des affaires, d'un « ex »-fasciste.. 

« La dictature de la parole a permis l'attribution de la même valeur à tout et à son contraire, transformant l'opportunisme à un modèle gagnant ».

Nous même , à cette heure précise, de l'autre côté des Alpes, Sommes nous vraiment certains que certain superlatif « slogannesque » dut type,(... un exemple au hasard)..., « en marche ! »...n'aurait pas valeur de ..«  au pieds ! » .

En marche...mais à quel pas ?

À quel jeu nous invite ton à danser ? «  Dites quelque chose de gauche ! » exhortait un des personnages de Nani Moretti.! Voilà de quoi à vous laisser sans voix !

Ne voit on pas tous les dynamiteurs les plus virulents de la Démocratie embrasser à pleine bouche les mots qui par naissance sont attachés à la dite démocratie qu'ils tentent par tout les moyens de mettre au plus mal. Quels sont donc ces serpents que de notre propre « laid » nous nourrissons ?

Mystification du langage, appropriation des outils diffusant ce langage. Première étape.

Nouvelle étape , donnez au citoyen l'illusion d'être décideur. L'outil ? le pardon. Merveilleuse arme , très ancienne arme. «  Faites ce que bon vous semble, nous vous pardonnerons toujours ».

Vrai pour l'Italie, vrai pour la France. Il n'y a qu'à écouter la litanie des repentis, du «  promis je ne le ferai plus », à «  promis j'ai changé » à... «  je vous ai ( enfin) compris... ».

Un pardon suffira. Allez ...bon, trois pater encore. Et topons là ! la viande sera dans le torchon.

Parole, parole, et les écrits nous informent. du moins ceux de la trempe et de la qualité d'Antonio Tabucchi. Il y en a d'autres, en Italie , du moins.

Si vous souhaitez apprendre quelques uns des plus importants, et néanmoins affligeants passages de l'Histoire Italienne, européeene et même mondiale, plongez vous dans cette analyse.

Elle vous apprendra tous les arcanes du jeu mise en place par le pouvoir de Berlusconi et ses amis , ceci afin d'infiltrer, monopoliser, manipuler les institutions afin de servir ses propres interets financiers, ou ceux dont ils sont serviteurs.

Si vous voulez savoir comment il est possible dans une démocratie européenne de voir tolérer, encourager et protéger des règles anti démocratiques, lisez cette analyse.

Si vous vous demandez comment il est possible qu'une extreme droite fascisante peu refleurir et s'épanouir librement dans une démocratie qui de son sang, par ses lois, par sa constitution l'a toujours combattue. Lisez cette analyse.

Si vous voulez savoir comment une démocratie peut se voir confisquer ses moyens d'information et de diffusion lisez ce livre.

Si vous voulez savoir comme le déni de mémoire peut germer à tous les étages d'une démocratie, lisez ce livre.

Si vous voulez comprendre la logique du « temps zéro », sorte de ground zéro de la mémoire que l'on voudrait faire admettre à de nos civilisations,

si vous ne comprenez pas en encore le poids de terme «  guerre préventive »,

ou les termes «  affaire classée, ou sans suite »,

si vous vous demandez pourquoi il est si important de devenir les maitres du passé,

d'omettre certains faits, d'effacer des crimes qui ont tout lieu d'être déclarés comme génocidaires et qui pourtant de le sont toujours pas. Lisez ce livre.

Si vous voulez savoir pourquoi on n'appelle plus un massacre, un massacre,

Pourquoi la langue courante, cette musique que l'on ne distingue plus, devient un poison d'état qui capable de terrasser toute démocratie ,

Si vous avez envie d'entendre une parole,

«  une voix qui vient du choeur »,

lisez cette analyse.

«  Nous sommes désormais sûrs d'une chose: nous ne savons rien ». ..

Tout en sachant tout , comme le disait Pasolini.



Astrid Shriqui Garain



























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Pereira prétend

Impression mitigée pour ce petit livre, c’est le moins que je ne puisse dire. 1er livre que je lis d’Antonio Tabucchi, il m’a été prêté et chaudement recommandé par une amie. J’en attendais beaucoup, surtout sur l’histoire portugaise et en particulier sur la dictature de Salazar que j’avoue très peu connaître. Je pensais, j’espérais en apprendre un peu en lisant ce texte. Il n’en est rien. Si ce n’est que l’histoire se déroule sous une dictature qui se trouve être celle de Salazar mais très peu d’éléments sont donnés. Par contre, l’atmosphère étouffante de peur qui règne sous une dictature est très bien rendue. D’autant que le roman se déroule en plus au mois d’août essentiellement à Lisbonne, il y fait une chaleur étouffante. On suit Pereira qui est un homme cardiaque, sans doute obèse ou en tout cas fort gros qui peine énormément à accomplir les gestes de la vie quotidienne dans cette ambiance étouffante, chaude et teintée de méfiance. Il est journaliste et s’occupe de la page culturelle du Lisboa, un journal de l’après-midi dirigé par une personne proche du pouvoir. La censure est là, omniprésente. Pereira est un « drôle » de journaliste car il n’est au courant de rien ou presque rien de ce qui se déroule dans son pays, sa ville. On dirait qu’il ne veut pas voir (ne lit pas la presse, n’écoute pas la radio) même s’il demande les nouvelles au barman chaque jour, sans trop insister.

Le comportement de Pereira est vraiment étrange, limite peu crédible… Pourquoi s’accroche-t-il ainsi à ce jeune homme, Francesco Monteiro Rossi, et sa petite amie et les aide-t-il ? Il est tellement évident qu’ils vont lui créer des ennuis et en plus ils ne font que lui demander de l’argent. Les rares tentatives d’explication sont peu plausibles. Je comprends bien que l’auteur a voulu nous raconter un instant de vie d’un homme qui peu à peu ouvre les yeux sur ce qui se passe réellement autour de lui, la dictature avec tout ce que cela comporte de violence et d’injustice. Mais j’ai peu apprécié et adhéré au procédé. C’est bien écrit… mais très lent, au rythme de Pereira. Et j’ai trouvé particulièrement énervant son exercice de style de répéter comme un leitmotiv « Pereira prétend ». Bref, même si l’idée de départ est bonne, l’intention aussi, je n’ai vraiment pas accroché. En plus, son écriture assez froide nous laisse loin des personnages. On ne s’y attache pas. Dommage. J’essaierai sans doute de lire un autre livre de cet auteur, mais pas tout de suite.

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Nocturne indien

C'est un petit livre (120 pages) mais qui nous permet, avec une approche originale dans l'écriture, de découvrir ou valider plein de choses sur un monde mal connu en France : L'inde.

Une citation en exergue très appropriée, me semble-t-il :

"Les gens qui dorment mal apparaissent toujours plus ou moins coupables : Que font-ils ? Ils rendent la nuit présente. ( Maurice Blanchot)

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Requiem

Requiem est divisé en neuf chapitres comme les neuf parties de la musique du même nom.

L'auteur je définit "hallucinations"

Lisbonne déserte,un dimanche de fin juillet ,est habitée exclusivement par les "invités" de la ville. Le protagoniste,un italien, est lui aussi un invité comme de nombreux hôtes qu'il rencontre dans son hallucination.

La ville,elle,est toujours là avec ses rues et ses ruelles en pente qui partent du port et ses personnages deviennent des stéréotypes.

Toute l'histoire tourne autour d'une table ,face à nourriture et boisson.

Tout a commencé à l'ombre d'un mûrier o^notre personnage s'endort et (rêve, hallucination ,) il erre dans la ville déserte d durant douze heures ,à la recherche de réponses aux questions qu'il se pose; à la recherche d'une rencontre avec son passé.

Requiem est une déclaration d'amour au Portugal,ce pays que Tabucchi avait adopté.

C'est un livre fascinant,simple dans sa profondeur. Une écriture onirique mais très réaliste. Bref,écrit dans un style que j'aime et qui laisse une émotion indéfinissable.
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Le fil de l'horizon

N°1664 - Août 2022



Le fil de l’horizon – Antonio Tabucchi – Christian Bourgois Éditeur.



Spino travaille à la morgue d’une ville portuaire italienne. Il passe donc une grande partie de son temps avec des cadavres autopsiés, vivant parmi les morts. Il tente d’apprivoiser cette ambiance morbide en donnant à ses clients des noms d’acteurs de cinéma ou de personnages et partage sa vie avec Sarah qui rêve de voyages. Cette cohabitation l’invite à la réflexion sur le passage de la vie à la mort mais le personnage de Sarah reste en filigrane dans ce texte . Or il se trouve qu’en ville un jeune inconnu vient d’être assassiné mais le mystère autour de cette mort est si grand que Spino se croit obligé d’enquêter à titre personnel, cela à cause peut-être de sa solitude et aussi peut-être parce que cet inconnu n’intéresse personne. La police se perd en conjectures mais lui veut en savoir plus sur lui surtout pour des raisons philosophiques tenant au destin, à la nécessité de ne pas mourir dans l’anonymat ce qui, à ses yeux, est pire que la mort.

Il se lance dans des investigations incertaines qui le promènent au rythme du hasard dans des contrées assez étranges à partir d’objets comme une photo ou une veste ayant appartenu au mort, où l’identité de cet homme se dérobe et il finit par oublier ce qu’il cherche. C’est une sorte de quête labyrinthique dont l’épilogue semble s’éloigner de lui au fur et à mesure qu’il avance dans ses recherches. C’est aussi mystérieux qu’un texte de Borges. En réalité Spino qui se transforme en détective privé bénévole cherche quelque chose qui n’existe pas et ses investigations finissent par dérailler, ce mort reste inconnu et c’est finalement sur lui-même qu’il enquête. Il y a un peu de ce « jeu de l’envers » pour reprendre le titre d’un autre roman de l’auteur, dans la mesure où, dans cette quête, il est à la recherche de lui-même et l’épilogue dans sa dimension de mort pourrait bien signifier le but si recherché et enfin atteint par lui, la référence à Hécube qui selon la tradition se jette à la mer, étant significative. Il mène son enquête dans des endroits improbables où la logique semble être oubliée, un peu comme s’il était dans un monde parallèle, se perd dans des détails au point qu’on a l’impression, peut-être fausse, qu’il en oublie sa véritable mission.

A propos de Spino qui n’est qu’un parfait quidam, un solitaire, je n’ai pu lire ce texte sans penser à Fernando Pessoa dont Tabucchi était non seulement le traducteur mais aussi l’admirateur. Comme lui Spino pourrait dire qu’il n’est rien, qu’il ne sera jamais rien mais porte sûrement en lui tous les rêves du monde. La police hésite beaucoup sur l’identité et les activités du mort et finit par lâcher un nom possible- « Nobody »- qui ressemble aussi à Spino) Comme lui peut-être Tabucchi prenait-il le relais de Pessoa dans la mesure où l’écrivain recherche lui aussi quelque chose, le fait d’écrire, de tracer des mots sur la feuille blanche, de les faire vivre, de planter un décor trompeur, de dérouler pour son lecteur une histoire qui n’a peut-être jamais existé, de se laisser porter par les personnages qui peu à peu conquièrent leur liberté d’exister et que l’épilogue peut être parfaitement différent de celui qu’il avait imaginé, est aussi une quête intime, nourrie peut-être par cette « saudade » qui fait tellement partie de l’âme lusitanienne. L’écriture est à la fois un miracle et une subtile alchimie et ce qui en résulte est parfois une découverte pour l’auteur et une sorte de mystère, un peu comme cette ligne qu’on appelle l’horizon et qui, plus on avance plus elle nous échappe et que ce mouvement ne s’arrêtera jamais. C’est peut-être aussi le sens de cette référence érudite à Spinoza, dont Spino est le diminutif ?





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La Tête perdue de Damasceno Monteiro

Comme dans un de ses précédents romans, le best-seller international Pereira, Tabucchi, professeur de littérature portugaise à l'Université de Sienne en Italie, explore la politique et la culture portugaises à travers les yeux d'un journaliste. Cette fois, son protagoniste est Firmino, un jeune journaliste qui est également étudiant en littérature et dont la préoccupation pour sa thèse universitaire entre souvent en conflit avec les missions plus terre-à-terre qu'exige son rédacteur en chef d'une feuille de scandale nationale portugaise.

Il voyage, à contrecœur, de Lisbonne à la ville provinciale de Porto pour enquêter sur la macabre découverte d'un corps sans tête retrouvé aux abords d'un campement gitan.

La détective de Firmino est assistée par des antifascistes - le Gitan qui a découvert le corps, une propriétaire d'hôtel mystérieusement bien connectée, un serveur et un avocat aristocratique en sueur et costaud qui défend le malheureux. C'est à travers des discussions littéraires avec l'avocat, Don Fernando, que Firmino apprend le système juridique de Porto, le processus d'enquête et le rôle que le journalisme peut jouer pour traduire un meurtrier en justice.

Tabucchi remplit son thriller littéraire contemporain avec les types de personnages bienveillants et humanitaires déjà rencontrés dans Pereira, qui se déroulait dans le Portugal d'avant la Seconde Guerre mondiale.

Il plonge ici dans le déplorable assujettissement des Tsiganes, et trouve dans les couches les plus modestes les champions d'un ordre social juste : une prostituée travestie, un vagabond vagabond. Les personnages mémorables et conflictuels de Tabucchi sont parfois incroyablement altruistes pour aider l'étranger Firmino, et l'intrigue implique le genre de dissimulation requise pour le trafic de drogue et la police qui affaiblit le suspense d'un thriller.

Cependant, c'est le cadre de Tabucchi qui donne vie à son travail : on peut presque sentir la chaleur de la péninsule ibérique et découvrir avec Firmino les coutumes, les aliments et le climat politique uniques de Porto.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Piazza d'Italia

Ce roman est paru en 1973 , il conte de manière discontinue l’histoire d’une famille , de l’unification de l’Italie à l’après 2ème guerre mondiale . En filigrane , ce sont tous les déchirements de la Grande Histoire du pays (Garibaldi, le fascisme…) qui animent cette saga dont les membres se retrouvent toujours du côté des perdants . Mais ce qui m’a le plus frappé à cette lecture c’est la ressemblance avec « Cent ans de solitude » de Garcia-Marquez paru en 1967 : comme la famille Buendia la famille de Garibaldo subit les soubresauts politiques du pays et y participe aussi , connaît des histoires d’amour mouvementées et évolue dans un climat de réalisme fantastique (prophéties , pouvoirs étranges …) . C’est assez troublant.
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Petites équivoques sans importance (Petits ma..

C'est un recueil de onze histoires dans lesquelles il est fait référence à toutes sortes de malentendus, d' ,équivoques ,d'erreurs dont les protagonistes paient souvent le prix fort : petits et sans importance sont certainement des euphémismes. Pour comprendre toute l'essence du livre, ces mots que l'auteur a laissés dans une note introductive suffiraient : « Je parle de malentendus, mais je ne pense pas les aimer ; Je suis plutôt enclin à les trouver. Savoir que c'est une attraction réciproque n'est pas exactement une consolation.[1]« Et peut-être sommes-nous amenés à entrer dans une profonde empathie avec les personnages et à nous identifier aux aperçus de vie des différentes histoires justement parce que les malentendus insensés et les irrémédiables font partie de notre quotidien, pour certains plus, pour d'autres, les plus chanceux, de moins. Et, en lisant, on réfléchit essentiellement au hasard et au destin, au regret ou au bonheur que peuvent provoquer certains choix en apparence insignifiants.

Vittoria Pauri



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Pereira prétend

Livre incontournable paru en 1993. J'ai trouvé l'écriture puissante, ponctuée de répétitions au démarrage déroutantes mais très vite si attachantes. Un personnage qui se questionne sur son pays, le Portugal en 1938, et sur ce qui est en train de se vivre au delà de ses frontières. Un personnage qui se voulait apolitique et sans histoire. Un personnage qui s'éveille à la prise de conscience et semble se chercher lui même, qui se retrouve en plein coeur de la censure, de la résistance contre le totalitarisme. Un personnage qui prend toute la mesure du journalisme, de la littérature, de l'engagement.

Nous sommes tout à son rythme, tantôt perdu par l'obscure rôle des protagonistes qui déboulent dans sa vie, laissant venir les évènements, cherchant à y voir clair dans ses échanges de paroles qui sortent des codes habituels de roman. Si seulement tout ça ne sortait pas de la réalité de cette époque, si seulement tout ça n'était pas un témoignage de faits divers, un hommage aux hommes qui prennent position et tombent dans l'oubli, si seulement tout ça ne nous retournait pas le coeur, alors on pourrait refermer ce livre avec légèreté. Une fois lu, on ne prétend plus rien du tout me permettrais je.
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Pereira prétend (BD)

Le soleil est de plomb sur Lisbonne dans les années 30. Il endort les corps et les consciences. Pereira est lui-même endormi depuis longtemps, depuis la mort de sa femme sûrement. Il entretient sa mémoire en parlant régulièrement à la photographie d’elle qu’il garde précieusement. Il s’accroche au passé, refuse le futur et donc ne s’intéresse guère au présent. Pas à la politique en tout cas, ni celle du Portugal, ni celle des pays européens où on voit monter les nationalismes un peu partout (l’Allemagne bascule du côté du nazisme, en Italie c’est Mussolini qui a pris le pouvoir et en Espagne Franco prend les rênes d’un coup d’État). La dictature que fait peser Salazar ne l’intéresse pas. Seule la littérature trouve grâce à ses yeux. Il dirige les pages culturelles d’un journal et traduit en feuilleton certains romans de grands romanciers européens. Jusqu’à ce qu’il tombe dans un journal sur un texte pseudo-philosophique sur la mort rédigé dans un style qui lui plaît. Il va donc contacter l’auteur pour lui proposer des piges nécrologiques.

J’avoue que ce n’était pas gagné car la léthargie qui paralyse Pereira était tellement bien rendue par cette adaptation du roman éponyme d’Antonio Tabucchi que je n’ai pas tout de suite été convaincue. Tout en douceur, progressivement, comme le protagoniste principal retrouve une conscience politique, le lecteur se laisse charmer. Pierre-Henry Gomont use de beaucoup de délicatesse pour dresser le portrait d’un homme veuf, obèse, sujet à l’introspection. Une introspection qui le mène à discuter avec d’autres de ses personnalités, représentées par des ombres. La rencontre avec Rossi, plein de fougue va le pousser à ouvrir les yeux. Sur lui-même dans un premier temps. Puis sur ce qui l’entoure. Il va devoir choisir son camp.



Cet album est celui du réveil d’une conscience. C’est beau - le dessin en aquarelle est splendide et rend les couleurs lisboètes à merveille - et juste. Un excellent album !
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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