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Jean-Baptiste Para (Traducteur)
EAN : 9782267010473
173 pages
Christian Bourgois Editeur (11/09/1992)
4.03/5   32 notes
Résumé :
Antonio Tabucchi est aujourd'hui l'une des figures les plus importantes et incontestées de la littérature italienne. Depuis Piazza d'Italia, en 1975, jusqu'à Il se fait tard, de plus en plus tard, l'écrivain professeur de littérature comparée à l'université de Sienne s'est imposé avec une œuvre située au carrefour de plusieurs cultures : Lisbonne, Macao, Les Açores, tout comme naturellement l'Italie, forment les pôles de sa géographie personnelle. Au cœur de ce labo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Antonio Tabucchi (1943-2012) a raconté à plusieurs reprises le choc littéraire qui bouleversa sa vie. C'était en 1962. Il était alors un jeune professeur d'italien qui rentrait en Toscane, après un an passé en France. Avant de monter dans le train gare de Lyon, il passa dans une librairie où il acheta un livre d'un auteur qui lui était parfaitement inconnu. Il s'agissait de "Bureau de tabac" du poète portugais Fernando Pessoa. Après l'avoir lu d'une traite pendant le voyage, il décida sur le champ d'apprendre le portugais. Il s'inscrivit à l'université de Pise à la section des lettres portugaises et tout s'enchaîna.
Tabuchi a en effet traduit Pessoa en italien avec l'aide de son épouse, Portugaise ; il est devenu un spécialiste universitaire mondialement reconnu de son oeuvre ; il a publié des articles et produit des documentaires à la télévision, destinés à le faire connaître du plus grand nombre. Et il a même intégré Pessoa à ses fictions de manière tendre et savoureuse (voir Requiem, Rêves de rêves). Ce petit livre (1990) accessible à tous rassemble un échantillon d'articles de trois à quatre pages maximum. Il permet aux néophytes comme moi d'être introduit tout en douceur dans le monde singulier du génial écrivain portugais.

« La malle pleine de gens », la formule est de Montale, c'est celle qui fut retrouvée à la mort de Pessoa en 1935. Elle contenait plus d'un millier de manuscrits signés par différents auteurs, tous inventés. Tabucchi aide le lecteur à s' y retrouver entre les noms, les oeuvres et les styles. Grâce à l'hétéronymie, Pessoa devient un autre sans cesser d'être lui-même, seul et angoissé. Il élabore divers auteurs fictifs, chacun caractérisés par une vie intérieure à multiples facettes (éducation, opinions, sentiments, aspirations…).
Au programme :
Les vies multiples de Pessoa (une vie, plusieurs vies) ; Alvaro Campos ingénieur métaphysicien ; la carte d'identité de l'Enfant Jésus de Caeiro ; le portrait de Bernardo Soares, homme inquiet et insomniaque ; la mascarade ésotérique du 'Marin' (Le Marin : une énigme ésotérique?), le code obscur des lettres d'amour, une note sur le Faust, un entretien avec Andrea Zanzotto.
Cerise sur le gâteau, un florilège de textes pessoens dont il est particulièrement question dans ce livre.
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Une malle pleine de gensAntonio Tabucchi – Christian Bougois éditeur.

Parmi tous les auteurs qui ont publié leurs oeuvres au cours des siècles, certains deviennent écrivains mais peu marquent leur temps et leur art de leur empreinte. Fernando Pessoa est de ces poètes majeurs, moins sans doute par ce qu'il écrivit sous son nom que par ce qu'il publia sous celui de ses nombreux hétéronymes (On n'en décompte à peu près 72), une fiction au terme de laquelle « il était un autre sans cesser d'être lui-même » selon la formule consacrée. Lui qui publia peu sous son propre nom (des chroniques, des articles, des essais et quelques recueils de poèmes dont beaucoup sont posthumes), s'exprima vraiment à travers eux, mais cette pratique est bien différente du pseudonyme très en vogue chez les écrivains et bien différente d'un simple artifice littéraire. Pessoa créa ainsi des personnages, des écrivains, en leur donnant un état-civil, une date de naissance et une mort, (parfois un horoscope) une personnalité, une oeuvre, un style… différents pour chacun. (Antonio Tabucchi analyse finement les principaux d'entre eux en insistant sur les différences et les ressemblances avec Pessoa). Cette sorte de dédoublement est unique dans l'histoire de la littérature si on excepte Rimbaud (« Je est un autre ») et dans une moindre mesure Nerval qui n'ont jamais été aussi loin dans l'exploration de ce « Moi » intérieur. C'est la marque d'un génie autant que celle de la folie et on peut dire que Pessoa a tenté ainsi d'exorciser sa solitude, son mal de vivre et l'analyse de cette thérapie mériterait sans doute une étude psychologique voire psychanalytique. C'est entre autre chose cela qui m'a toujours passionné chez Pessoa, autant l'homme, un quidam humble et modeste, égaré dans la vie qui cachait un écorché vif solitaire et tourmenté, mais aussi un génial créatif comme peu d'hommes de Lettres l'on été. Il eut sa période pauliste mais reste marqué par « la saudade » qui est la grande caractéristique du peuple portugais.
Il était un modeste traducteur commercial employé d'une entreprise d'import-export et sa vie se déroula dans la « Baixa » à Lisbonne entre chambres meublées, bureau et cafés, avec juste une petite idylle vite interrompue avec Orphélia Queiros(on peut lire en fin d'ouvrage quelques-unes des lettres qu'il lui écrivait), n'abandonnant pour héritage qu'une malle pleine de manuscrits attribués à ses hétéronymes, parfois écrits au dos de factures, laissant au hasard le soin de les révéler au public.

J'ai apprécié l'étude menée par Tabucchi, richement documentée et érudite et une démonstration qui éclaire un personnage encore aujourd'hui énigmatique.
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Je suis un peu déçu par ce recueil d'articles, de préfaces et même la retranscription d'un entretien, que Tabucchi avait écrit pour présenter certaines des oeuvres de Pessoa. Malheureusement le merveilleux style de Tabucchi dans ses écrits de fiction n'est pas présent dans ce volume, qui tient plus de l'essai (qui plus est jargonnant par moments...). Si les éléments biographiques sur Pessoa sont bien évoqués, de même que la genèse de ses hétéronymes, le plus passionnant reste quand même pour moi les annexes où l'on peut lire des lettres, des textes de Pessoa en personne (!).
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pour expliquer Pessoa, et peut-être pour neutraliser son inquiétude contagieuse, on a parlé de troubles et de traumas, de carence affective, de complexe d'Oedipe, d'homosexualité refoulée. Il est possible que tous ses arguments soient fondés-ou infondés : mais là n'est pas le problème et ce n'est pas cela qui compte. Ce qui compte, nous dit Pessoa, c'est que "la littérature, comme l'art tout entier, est la preuve que la vie ne suffit pas".
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Le temps, qui vieillit les visages et les cheveux, fait vieillir aussi, plus vite encore, les sentiments violents. La plupart des gens arrivent, parce qu'ils sont stupides, à ne pas s'en apercevoir, et croient qu'ils aiment encore parce qu'ils ont pris l'habitude de sentir qu'ils aiment. S'il n'en était pas ainsi, il n'y aurait pas au monde de gens heureux. Les êtres supérieurs, eux, n'ont pas la possibilité de nourrir cette illusion parce que, d'une part, ils savent que l'amour ne peut durer, et que, d'autre part, quand ils sentent qu'il est fini, ils ne se leurrent pas en le confondant avec l'estime ou la gratitude qu'il a laissées derrière lui.
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Car il a compris qu'en tout oui, même le plus plein et le plus rond, il y a un minuscule non, un corpuscule porteur d'un signe contraire qui parcourt une orbite obscure pour créer précisément ce oui qui prévaut. Et il a décidé d'enquêter sur cette orbite obscure, tel un savant bizarre qui explorerait le versant pathologique de la santé.
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Mais combien de vies y a-t-il dans une vie ? Est-ce la même personne segmentée en plusieurs temps, ou est-ce le temps segmenté en plusieurs personnes ?
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je suis seul, seul comme personne ne le fut jamais, creux au-dedans de moi, sans avant ni après.
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