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Critiques de Céline Minard (456)
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Bastard Battle

L'auteure du Dernier monde se renouvelle et nous surprend cette fois avec ce roman historique ou plutôt cette épopée médiévale où s'invitent, le plus naturellement du monde, deux personnages asiatiques de rônin, véritables incrustations-au sens électronique du terme- dans cette toile médiévale française ; les descriptions de leurs techniques de combat évoquent irrésistiblement ces films asiatiques où les combats sont filmés comme des danses, au ralenti ; cette « insertion » habile et savante contribue à cette sensation d' écriture utilisant les mots comme des images, ce qui fait que l'on assiste au déroulement de ces batailles et attaques comme si on était devant un écran : tout se déroule sous nos yeux et pourtant nous ne faisons que lire : on lit, on voit, on entend même. C'est très fort.

Ce texte n'est qu'une longue histoire de batailles et exactions en tous genres, mais l'écriture et son traitement en fait un objet littéraire fascinant, plein de suspens ; les anachronismes, les mots anglais, le choix des noms des personnages, cet ancien français bidouillé"dans lequel on « s'installe » quasi naturellement
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So Long, Luise

Bien vivante, oh combien, même si ses quelques décennies commencent à lui peser, n'ayant en tout cas pas sa langue dans sa poche, une femme écrivain fignole son testament, où elle repasse sa vie amoureuse, avec Luise particulièrement, ses voyages, ses aventures.







Allez, reconnaissons que ce roman, on aime ou on déteste.



L'écriture impose sa vitesse, du moins au début, mais quelle richesse! Fort poétique et précise dans les descriptions (certains passages ne dépareraient pas des récits nature writing), joliment érotique parfois (mais rien d'insistant), ne rechignant pas à recourir à l'anglais (très peu) et à du médievalo-pastiche ou jargono-notarial fort gouleyant.



Dans le casting apparaissent aussi différentes créatures de légende, nains, pictes, et autres pixies, pas trop mon truc d'ordinaire, mais je me suis laissé entraîner sans rechigner.



Plus un usage étonnant de la "jactance" et ne comptez pas sur moi pour vous en dévoiler plus.



Vous l'aurez compris, ce fut un bonheur de découvrir un roman inclassable, drôle, intelligent, original
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Le Dernier Monde

On nous refait le coup des livres qu’il faut choisir et emporter avec nous en cas de départ soudain (subis ? cédé ?) sur une île déserte, tant qu’à faire située au bout du monde, celui-là, le dernier, et Céline Minard aurait tranché, ce serait visiblement comme une anthologie de l’espèce humaine et de ses mythologies, c’est à dire qu’elle aurait triché, comme quand on répond à un génie qu’on veut un milliers de voeux plutôt que trois, voilà mon sentiment. Le dernier monde est paru en 2007 chez Denoël, repris ensuite en Folio en 2009.



La Terre est une île déserte : le voilà notre dernier monde. Et sur cette Terre les gens, les corps, l’espèce humaine a disparu. Ne reste comme trace de leur passage que des vêtements tombés au sol, le corps de leurs propriétaires évaporés Dieu sait comment. Et un seul dernier homme sur Terre. Il s’appelle Jaume Roiq Stevens et, cosmonaute, encore en orbite autour d’elle avant que Terre se vide de son espèce humaine il est le seul homme épargné. Le livre commence dans l’espace avant l’exode instantané de toutes les masses corporelles du monde (ça ferait presque plot line de base pour un épisode de Twillight Zone, d’ailleurs ça l’est : le tout premier épisode de la série reprend l’histoire d’un homme qui se retrouve tout seul sur une planète déserte) et il commence en plein milieu d’une phrase, en plein milieu d’un mot, car c’est déjà foutu, on le sait bien.



" Elle s’assit dans sa tête et murmura c’est foutu. Nous sommes foutu. Vous auriez été une femme Stevens, vous auriez pu vous enfiler des éprouvettes de sperme dégelé dans l’utérus. Vous taper ensuite vos fils et vos petits-fils comme on fait d’habitude dans ces cas-là et vivre une belle vie, tout reprendre. Mais il se trouve que non. C’est vous le survivant, je vous plains.

Vos actions n’auront pas de

mesure.

Vous n’avez plus de semblable.

Vous



n’appartenez plus à

une espèce.



Votre langue



est



sans partage "



Céline Minard, Le dernier monde, Denoël, P.147-148.



Si la Terre est une île, autant la parcourir ; Stevens ne s’en prive pas. Astronaute et pilote, le dernier type encore vivant plongé au coeur du dernier monde débarrassé de l’espèce n’a qu’à récupérer ici et là tel ou tel hélicoptère, avion ou autre quelconque appareil et décoller pour où il veut, si ça lui chante, il est devenu le maître ici, faute de concurrence encore en vie. L’expérience de la solitude, ça lui connaît déjà : déjà en début de texte lorsque ses camarades d’orbite rentrent sur Terre on le retrouve à flotter seul dans la station déserte, passif devant tout ce qui stagne en bas (« Moi, Jaume Roiq Stevens, désormais seul maître à bord après personne » p.33 & « Je suis celui qui regarde par les trous » p. 37, voilà comment il se présente). Une fois de retour à la surface, constater 1) que l’espèce est bouffée par un mal invisible et 2) que selon la formule consacrée « la nature a repris tous ses droits ». Des meutes de chiens devenus sauvages déferlent au pied d’un immeuble de luxe, la végétation, les plumes et la merde recouvrent les centres des villes et tous les monuments. Imaginez tout simplement la zone contaminée deTchernobyl 25 ans plus tard, oui mais à l’échelle du globe. Le dernier monde est celui-là.



" Il mange à la Tour d’Argent ou à Montparnasse. Il aime bien les places en hauteur d’où on peut voir la ville. Beaubourg au sixième, pour ça, c’est pas mal. Le Sacré-Coeur est jaune. Il scintille entre les rayures de fiente collées aux boudins de Plexiglas de l’ancien centre culturel. Dans son dos, alors qu’il regarde la ville derrière son voile blanc, il sent la présence des machines, des vidéos mortes, des reliques officielles du XXe siècle annulé. Il n’a pas le courage de s’en approcher. S’il tombait sur une grande toile, un homme dans un canot, tout seul, de longs cheveux, une barbe, pas de rame, au large d’une île et que l’eau pleure, que le ciel pleure, que le ciel-ciel pleure, il s’y reconnaîtrait sûrement. "

P. 481.



Le dernier monde est dans la tête du dernier homme : Jaume Roiq Stevens. Au terme d’une première partie d’un peu plus de cent pages, à la fois excellente et dopée par un rythme nerveux, le texte prend un virage plus sauvage dans sa narration. Ces premières pages, c’était l’intro. Maintenant le vrai voyage commence. Évidemment, le dernier. De la première personne le texte embraye vers la troisième. Et aveuglé de solitude Stevens s’invente des compagnons littéralement de bord. « Le journal de bord personnel de Jaume Roiq Stevens », lit-on sur la faille sismique du livre, juste avant la transition, « , que j’écris moi-même, Jaume Roiq Stevens, est une de ces mesures d’urgence. Je dois me doubler. S’il faut me tripler, je me triplerai. » Et il ne s’en privera pas, oh non, il ne s’en privera pas, domptant progressivement sa petite schizophrénie sélective (ou bien peut-être y succombant ?) comme cet extrait où entre lui et lui, entre ses personae intérieures et bavardes, se joue une partie démente de poker absurde où l’on se partage le monde, ni plus ni moins, et tout ce qu’il contient, jusqu’aux différents alibis mentaux de Stevens lui-même. À la fin de la partie, il perd tout, même des bouts de lui-même car tout à l’intérieur de lui s’émiette.



" Stevens était accroupi sous un teck, la tête dans les bras repliés, il reniflait.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Il a gagné.

— J’avais cru comprendre. C’est la perte des multinationales qui vous met dans cet état ? Ou celle du trésor de la couronne ?

Il se tassait sur lui-même comme un tatou pris au piège, recroquevillé sur une mâchoire invisible, secoué de désespoir. C’était pitoyable.

— Seriez-vous mauvais joueur, Stevens ?

Il refusait de répondre et regardait les flots clairs dans lesquels montait une lune jaune. Comme s’il l’avait lâchée à contrecoeur sur une feuille de lotus, il essaya de la rattraper du bout des doigts. Vraiment romantique.

— Mais qu’est-ce qui vous prend ?

— J’ai tout perdu, laissa-t-il échapper dans un souffle.

— Certes.

— Vous ne comprenez pas.

— Mais si, mais si. On ne va pas revenir là-dessus, vous n’y pouvez rien. C’est comme ça. C’est tombé sur vous et puis voilà.

— Ce n’est pas ça major, je...

— Oui ?

— Je vous ai perdue.

— Pardon ?

— J’ai tout joué avant vous, je vous le jure. J’ai joué tout ce à quoi je pouvais penser, j’ai joué les palaces, les numéraires, les comptes suisses des plus grosses fortunes mondiales, j’ai joué les ambassades, les couvents réhabilités quatre étoiles, les plus belles Maserati du monde, les nations, les Etats, un par un, tous les Etats, tous les territoires. Absolument tous. J’ai même joué les centres spatiaux avec leurs satellites. Et Challenger. J’ai tout perdu. J’ai joué Lawson, j’ai joué Waterfull et je les ai perdus. Alors je me suis joué. Et je me suis perdu. Alors — je vous ai jouée. Et — je vous ai perdue. "



P.339-340





Stevens et toute sa clique mentale voyagent au gré de la langue, de l’espace et du temps. Asie, Afrique, Amérique du sud ont plus à offrir à la langue que de simples hôtels de luxe ou des villes infestées de primates. Au sein des plus vieilles jungles, foulant la plus vieille terre, le texte ramène à lui toutes les essences du passé traversées par Stevens qui, en bon cosmonaute, fait un peu plus que simplement rester en orbite autour d’elles : parfois il tente des sorties pour s’approcher des mythes. Il s’en empreigne. Il (ré)invente. Il les écoute. Le dernier monde pourrait être un livre de mythologies mentales, si jamais ça existe. Des épopées sont traversées dans des brindilles. Des gueules bourrées de crocs et de mâchoires racontent des hymnes et des ballades, des contes cruels désopilants (comme dans cette courte histoire africaine où l’un des protagonistes demande comme récompense une cuisine aménagée pour sa femme). Stevens s’allie aux bêtes pour en combattre d’autres. Des animaux deviennent des hommes, ils vivent comme ça, tous à travers le texte et quelques hommes régressent au stade des animaux qu’ils singent. On ne sait plus vraiment qui est issu de quoi et qui descend du singe. Le dernier homme perdu, trois fois perdu (dans l’espace, dans sa tête et dans le dernier monde) n’a plus aucune issue sinon s’allier à la nature. Et dans une scène de fantasme sexuelle ô combien pas épargnée par les clichés mais ô combien écrite, Stevens se résout même à résolument baiser toutes les natures qu’il voit, qu’il sent et qu’il traverse (et des milliards de mots sont concentrés dans un seul battement d’oeil).



" Le barrage de Gezhouba est comme un Prince-Albert sur la bite de la Chine, il traverse l’urètre et ressort sur le frein, quand les eaux gonflent, le lit gonfle, le piercing s’incurve.

(...)

Les spermatozoïde sont gros comme des mouettes et volent vers les îles. La masse des eaux n’en a pas fini, le ressac est immense, il monte, il vient lécher la bulle de mon hélicoptère, ses langues insidieuses s’infiltrent dans ma cabine, s’agenouillent sur ma braguette et me chevauchent. L’hélico fait des bonds de dragon en rut, c’est toute la baie qui me suce. "

P.260 - 265.



Je sais que je cite beaucoup, oui mais voilà j’en ai corné des pages ! Le dernier monde est un sacré roman, un monde, littéralement, dont l’écriture est d’une fraîcheur inouïe, enfin un texte avec du rythme et dans une fiction fleuve, en plus. Terrible et drôle, l’écriture de Céline Minard, je la classerai, dans ma bibliothèque, quelque part entre Chloé Delaume et Pierre Senges (et c’est une sacré place). Bien sûr Le dernier monde n’épargne pas l’ennui d’une centaine de pages disons de « ventre mou » mais je lui pardonne tout. C’est un roman comme ça : balèze et nécessaire. « Allons ! », je lis avant de refermer encore, « La tragédie est faite, il ne reste plus qu’à l’écrire. » (P.352)
Lien : http://www.fuirestunepulsion..
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Bastard Battle

Bastard Battle écrit en 2008 est pour moi le grand frère de Fantaisies guérillères de Guillaume Lebrun lu en mars 2023.

A la fin de la guerre de Cent Ans, le Bastard de Bourbon cherche noise à toute la contrée de Bourgogne et de Lorraine. Il sème la terreur, la mort et la dévastation partout où il passe.

Céline Minard mêle mercenaires, clercs, soldats de fortune, langages divers de François Villon à l'anglais.

Une lecture dynamique presque burlesque où l'on trucide joyeusement tout un chacun parce que de toute façon la mort rôde de tous côtés.
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Faillir être flingué

Je ne suis pas rentrée tout de suite dans l'histoire car il fallait me souvenir des noms. Deux frères et leur fils dans un chariot avec leur mère mourante, une indienne sans tribu avec des pouvoirs, un médecin désespéré et d'autres personnages truculents sont présentés chapitre après chapitre. Ils vont se retrouver dans une ville en formation au temps du Far West. Vous allez vivre dans les grands espaces sauvages où tout le confort n'existait pas encore où tout était à créer . Vous allez vous attacher à ces pionniers à fortes personnalités. Après une vingtaine de pages, je n'ai pu m'arrêter qu'à la dernière ligne. j'ai bien aimé. J'ai apprécié également son style d'écriture. Je vous le recommande si vous voulez passer un excellent moment.

Mireine
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Plasmas

Celine Minard ?

Depuis "Faillir être flingué" (un des rares livres que je prend plaisir à relire), j'achète et je vois après.

Bon , ces "plasmas" sont très déroutants. Je n'irai pas jusqu'à écrire comme l'a fait un critique d'un magazine qu'avec cet opus Céline Minard allait perdre ses derniers lecteurs fidèles... mais quand même ... Après le plaisir de lire de belles phrases, d'apprécier les idées mises en oeuvre, j'aurais tout de même bien aimé que chaque essai soit transformé par une fin un tant soit peu aboutie car tout se termine trop abruptement à mon goût.

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Plasmas

Première lecture d'un roman de cette auteure. J'avoue avoir été destabilisée par l'écriture de Céline Minard, très scientifique. Pour autant, son univers est si sensible sur le monde qui nous entoure que la lecture fut souvent agréable, parfois difficile voire abstraite, mais toujours riche.



Céline Minard conte le monde à sa manière, en des lieux et temps inconnus (on devine un futur, mais lequel ?), à travers des récits de science-fiction complexes et très travaillés. Les fins brutales de ses nouvelles ébranlent, questionnent, fascinent. Chacune pourrait être l'introduction d'un plus long récit, comme un univers sans cesse en construction.



Plasmas est un très bon roman pour lecteurs aguerris ou curieux qui n'ont pas peur de se perdre dans un vocabulaire technique (et nébuleux pour les cerveaux non scientifiques).
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Faillir être flingué

Après avoir lu et relu le titre pour être sur d'en avoir compris le sens , la mise en page rajoutant à ma perplexité je me suis dit que c'était là un titre original pour se faire remarquer a priori c'était mal engagé!

De plus la quatrième de couverture annonçait un western ni plus ni moins genre que je n'ai jamais abordé en littérature et qui devrait selon moi être réservé à la bd à l’historien et surtout au cinéma: Cela sentait " les daltons" et donc...

Heureusement je n'ai pas fait l'impasse Ma curiosité a été payante Je suis très content d'avoir lu Céline Minard

j'ai trouvé une très grande fraîcheur à ce bouquin Un style sans prétention mais toutefois clair et précis, pas d'américanisme, pas de héro typiquement américains style John Wayne ou Clint Eastwood des personnages typés mais proches des pionniers , des indiens sauvages ,des shamans pleins d'esprits et de bonne médecine, des chinetoques kinés masseurs blanchisseurs,un bordel, un hammam primitif avec casino et eau de feu , des visages pâles plus vrai que nature.

L'ouest comme on l'imagine.

Le mythe de l'ouest en version littéraire ça marche pas mal c'est aussi bien qu'en film

C'est aussi "brut de décoffrage" que la horde sauvage de Péckinpah pour les scènes violentes aussi éthologique que homme nommé cheval d'Elliot Silverstein pour l'aspect pastoral, aussi western spaghetti que Django de Corbucci pour le burlesque

Un territoire a conquérir ;l'ouest sauvage ,des chevaux et des hommes : tout pour faire un bon roman plein de talents

hugh!

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So Long, Luise

« So long, Luise » Céline Minard (150 pages lues sur 235 pages)

- Comment avez-vous trouvé le steak ? demande le serveur. - Par hasard sous les frites, qui étaient assez particulières d'ailleurs, répond le client bougon.

Comment ai-je trouvé cette histoire ? Par hasard, sous l'écriture, assez particulière d'ailleurs, aurais-je envie de répondre, assez bougon.

Curieux de faire connaissance avec Céline Minard dont je n'avais encore rien lu, j'ai commencé par m'informer à peine sur cet écrivain, et j'ai découvert en particulier qu'elle voulait avant tout écrire de vraies fictions ; et j'ai cru comprendre de « vraies histoires », loin d'une forme de narration à la mode un peu trop nombriliste et autocentrée. N'est-ce d'ailleurs pas ce qu'elle écrit elle-même dans le roman, sous la plume de la narratrice : « - le témoignage m'a toujours dégoûtée. Ce siècle et le précédent ont baigné dans cette boue. Des centaines d'écrivains se sont roulés dedans pire que des porcs… »

Raté.

Bon, l'écriture est certes très particulière ; j'ai songé à Céline (pas Minard, l'autre…), mais en beaucoup moins bon quand même, comme un cousinage un peu surfait. Ou à Virginie Despentes… C'est dans la forme assez déjanté. Une prose très orale, souvent vive, parfois drôle, qui se veut sans tabou. A certains moments j'y ai goûté avec plaisir, à d'autres j'ai été dérouté : est-il vraiment nécessaire d'avoir recours si souvent à un vocabulaire complexe, voire à des néologismes, pire à des barbarismes pour être inventif ? de culbuter la concordance des temps ? de truffer le texte de références obscures, sibyllines ? Au bout d'un moment, ça sent le truc suffisant, la recherche de l'originalité pour l'originalité, bref la prétention. En attendant, saupoudrer d'un peu d'érotisme lesbien soft, ça ne mange pas de pain.

Et l'histoire ? Une femme écrivain célèbre réécrit sur ses vieux jours son testament dont elle veut faire bénéficier celle qu'elle a aimée. En fait, ce sont des souvenirs en vrac, une mémoire éclatée de bons ou mauvais moments, de délires partagés, émois, ou escroqueries à la petite semaine pour faire bon genre. Même les prétentions à une certaine réflexion sur l'écriture (cf ma citation du début), à la traduction littéraire, au jonglage entre les langues ne m'ont guère touché. D'histoire, au sens d'une fiction structurée, je n'en ai pas trouvée. Et parfois ça s'enlise dans l'onirisme débridé, et ça devient plus que long, et c'est là, aux deux tiers du roman (roman ?), que le livre m'est tombé des mains.

So long « So long Luise », et sans doute so long, Céline Minard.

PS : je devrais toujours attendre un ou deux jours avant de poster une note de lecture. Ici, je voudrais préciser ceci : Céline Minard ne manque pas d'une certaine "habilité d'écriture"... (et c'est peut-être cela qui plait à nombre de lecteurs). Si je lui reconnais cela, ça ne retire rien à ce que j'ai pu écrire ci-dessus.
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Le Grand Jeu

J'ai été très déçue par ma lecture ! En lisant la quatrième j'ai été très emballée, l'histoire de cette femme qui décide de s'isoler dans un refuge dans les montagnes pour réapprendre à se connaître et vivre autrement. Je l'ai donc choisi pour un premier exposé lors de mon année de DUT et je n'ai vraiment pas passé un bon moment.



Je m'attendais à une histoire de nature, de renaissance, mais je n'ai rien trouvé de cela. A la place j'ai vu un personnage super égocentrique, qui passe près de 200 pages à se plaindre et se poser des questions que certains pourront qualifiées de philosophique mais dont je n'en voyais aucun sens. Je me suis perdue à plusieurs reprises dans ma lecture, et jusqu'au bout on se demande comment ça va se terminer et si à un moment on va commencer à comprendre l'héroïne et l'histoire...



L'écriture est tout de même sympa, Celine Minard n'est pas une mauvaise autrice, mais je n'ai vraiment pas accroché à ce livre là !
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Le Grand Jeu

Déjà tant de critiques et de citations et de notes pour un livre et une auteur que je découvre grâce à ma sœur, bien plus au fait de l'actualité littéraire que moi.

Bref, j'ai lu ce Grand Jeu. Elle savait que les thèmes me parlerait sans doute: de la montagne, de la réclusion, de l'isolement, un mode de vie spartiate (bon, pour une femme, spartiate n'est peut être pas très bien choisi, mais passons...), la nature, de l'escalade, un peu de jardinage et de marche.

Tout ce que j'aime. Et puis il y a aussi les réflexions qui vont avec, les lignes qui guident une vie et que l'on essaie de tracer, de deviner, de révéler quelque part, de trouver dans son existence, dans le monde, les Grandes Règles qui cadrent le Jeu.

C'est un peu cela que cherche l'héroïne de Céline Minard en se retirant de longs mois dans la montagne, dans un tube métallique perché au dessus d'une falaise.

Elle marche, grimpe, cultive, travaille (scie, fauche, racle, sarcle, laboure, équipe des voies, casse des cailloux) et boit. Elle lit aussi, un peu, surement.

Comme Sylvain Tesson dans sa cabane du Baïkal, l'Héroïne de Céline Minard aime lever le coude, seule mais aussi accompagnée, car rapidement, l'isolement se rompt en partie pour une autre sorte d'expérience, plus enrichissante sans doute, différente en tous cas.



L'écriture est très sobre, facile, belle, fluide. Je n'ai pas bien compris en quoi elle est une des "voies le plus originales de la littérature française", mais j'ai aimé ce livre.

Je regrette juste, comme beaucoup avant moi, le nombre des questions et le peu de réponses apportées. Certaines questions d'ailleurs, pleuvent comme une goutte d'eau dans la soupe. Un cheveux quoi, un peu posées là comme ça. Mais ça passe quand même, grâce au style de Minard...
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Le Grand Jeu

Encore un roman singulier de cette auteure si singulière. J'ai de Céline Minard auparavant un roman de science-fiction post-apocalyptique, une biographie antique, un western et un texte quasi rabelaisien. Et là on a un journal entre alpinisme, survivalisme et philosophie (en 180 pages, s'il vous plait).

Il n'y a pas de fioriture ici, c'est technique, presque clinique. Cela m'a déstabilisé au départ. Mais je suis entrée dans cet anonymat, je me suis habituée puis je m'y suis plu. Alors oui, il a fallu passer outre les passages techniques sur l'alpinisme (mon expérience de la montagne se limite à 2 randonnées en été, un mal des hauteurs et en terme d'alpinisme, j'ai monté 3/4 fois un mur d'escalade en salle, pas sûre que cela compte). Mais une fois cela passé, je me suis retrouvée aux côtés de cette femme, isolée en montagne (moi bien confortablement installée sur ma serviette de plage, faut pas déconner).

Elle a besoin de se trouver, de trouver son rapport à l'autre. Elle pense trouver une réponse dans la solitude. Mais celle-ci ne dure pas. Une étrange ermite va la confronter à l'autre, à un autre singulier. J'ai parfois eu l'impression qu'en fait l'ermite était elle-même, après des années de solitude. Qu'elle rencontrait son futur moi après des années d'isolement. En tout cas elle pourrait finir comme cela : totalement barrée !

Menace ou promesse, la relation aux autres ne trouve pas forcément de réponse, mais cette lecture questionne et en tout cas ne devrait pas laisser indifférent (promesse?).
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Bacchantes

« Bacchantes » est un récit qui file à toute allure sans se préoccuper du qui, du pourquoi ou du comment. Les réponses arrivent au fur et à mesure ou pas. On se demande par exemple si on a à faire à un casse insensé de spiritueux, ou bien à une prise d’otage ou encore à une beuverie entre amies ou enfin à un projet de démolition par explosion. Trois braqueuses déjantées se sont introduites dans un ancien bunker reconverti en cave à vin de luxe hautement sécurisée pour collectionneurs de très grands crus. Ces prêtresses modernes de Bacchus s’en prennent peut-être à l’absurdité de notre monde, à celles et ceux qui ont offensé leur dieu en exilant ses vins sous terre loin des hommes. Pour tendre un peu plus l’arc narratif, un violent typhon est en approche. « Bacchantes » est un roman (trop) court et (d)étonnant, qui joue sur les codes du film de casse avec un féminin explosif, sans morale et un peu subversif mais pas si drôle que ça pour moi. De plus, en voulant tout, tout de suite, Céline Minard m’a laissé insatisfait. J’aurais souhaité plus de détails aux situations, plus de profondeur aux personnages et je suis resté sur ma faim, par manque d’ivresse sans doute.
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Bacchantes

Parodie délirante d'un film de braquage envoyant un clin d'oeil malicieux à la pièce éponyme d'Euripide, ce court roman s'avère aussi un roman d'initiation faisant chavirer la vie de l'un de ses protagonistes dans une ivresse mystique ...

Un millésime divertissant et intelligent à savourer sans modération !



http://l-or-des-livres-blog-de-critique-litteraire.over-blog.com/2018/12/bacchantes-de-celine-minard.html


Lien : http://l-or-des-livres-blog-..
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Faillir être flingué

génial, jubilatoire, on rentre doucement dans l'histoire des tous ces personnages et destin qui s'entrecroisent, et on n'a plus envie de les lâcher , j'ai eu un pincement de coeur en le finissant et en quittant à jamais ces personnages hauts en couleur, l'écriture est belle truculente, riche, un régal
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Le Grand Jeu

Une femme, la narratrice, dont on ne connaîtra ni le passé ni même le nom, s'isole au coeur de la montagne où elle a acheté un espace de 200 ha et fait construire un abri moderne et bien équipé. De son cocon accroché à la paroi rocheuse, surplombant le vide, elle a vue sur tout son territoire fait de roches, de bois et de prés. On ne connaîtra pas non plus les motivations qui l'ont poussée à cet isolement sinon qu'elle veut expérimenter une vie loin des autres, n'interagir qu'avec la nature et essayer de trouver des réponses aux questions qu'elle se pose sur elle-même, trouver des règles de vie et peut être un sens à son existence.



"Tous les matins, il faut se souvenir qu'on rencontrera un ingrat, un envieux, un imbécile - tant qu'on est en position de croiser un homme. Tous les matins, il faut se demander : qui suis-je ? Un corps ? Une fortune ? Une réputation ? Rien de tout cela. Qu'ai-je négligé qui conduit au bonheur ?"



Elle commence à écrire un journal de bord, défriche un bout de terrain pour faire un potager, abat des arbres qu'elle débite en rondins qui délimiteront son jardin, joue du violoncelle de temps en temps, et surtout se lance dans de grandes courses en montagne pour reconnaître son domaine, partant souvent plusieurs jours et dormant à la belle étoile. Elle gère son quotidien de manière raisonnée : beaucoup d'activités physiques, peu de repos sauf quand le temps est si mauvais qu'elle ne peut pas sortir de son abri. Tout va bien pour elle, les seuls intrus sur son domaine sont les isards qu'elle aperçoit au loin et les oiseaux, jusqu'au moment où lors d'une de ses nombreuses marches, elle aperçoit une cabane, puis quelque chose qui ressemble à un tas de laine d'où sort un bras terminé par un doigt à l'ongle long de vingt centimètres. Elle avait calculé tous les paramètres nécessaire à sa vie en autarcie, mais n'avait pas prévu l'intrusion dans son domaine d'une autre personne, et celle-ci qui s'avère être une sorte de nonne ermite un peu envahissante va bouleverser tous ses plans.



Je me suis demandée à un certain moment de ma lecture (et je me le demande encore !) si cette ermite était réelle ou si c'était un produit de l'imagination de la narratrice, une sorte d'hallucination. Surtout qu'elle ne se refuse pas de temps en temps de sortir quelques bouteilles de rhum de sa réserve, qu'elle envisage de se faire des pulvérisations de cannabis pour soigner ses douleurs et compare le goût de l'eau qu'elle boit à celui du LSD. Si on rajoute à cela les effets de la solitude il y a de quoi se poser des questions. Mais hallucinations ou pas cela n'a pas vraiment d'importance... Cette femme, qui avait tout fait, tout prévu pour se ménager une expérience de vie pratiquement scientifique qui lui permettrait de définir comment vivre, se retrouve confrontée à ce personnage qui lui est diamétralement opposé. Fantasque, imprévisible, déjantée, l'ermite apparaît aux moments ou la narratrice s'y attend le moins et agit d'une manière complètement excentrique. C'est comme si, se croyant seule, elle rencontrait son double inversé. En allant vers elle, en la suivant, en osant partager ses jeux, la narratrice a t-elle trouvé son maître et par là même réponse à ses questions ? Est-ce cela le Grand Jeu ? Celui qu'on n'a jamais osé et qui permet de franchir le pas vers une nouvelle prise de conscience ?



C'est encore une fois un roman très bien écrit et très original que Céline Minard nous propose ici, une sorte d'ovni littéraire. C'est bien le journal de bord de cette femme que nous lisons. La première partie est plutôt froide, comme si la narratrice relatait des observations scientifiques, puis avec l'apparition de l'ermite, les émotions font leur apparition : on la sent peu à peu intriguée, en colère, puis carrément curieuse, prête à sortir de sa coquille, et finalement incapable de résister. Malgré le vocabulaire propre à l'alpinisme très présent dans le récit qui m'a un peu gênée, je l'ai lu pratiquement d'une traite.
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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Le Grand Jeu

impressions mitigées au sortir de ce livre un peu étrange entre hyperréalisme et fantastique.

La narratrice fait le choix de se retirer du monde en se confrontant à la solitude et aux éléments.

elle se fait construire un refuge higt tech, accroché à une paroi rocheuse, dans un territoire qu'elle a acheté.

Dans une première partie, elle expose avec précision son installation et la manière dont elle apprivoise son environnement. de belles pages, assez techniques et efficaces,sans fioritures de style. j'ai apprécié cette partie, tout en ayant parfois de la difficulté à la suivre dans ses itinéraires.

Le récit est entrecoupé de questions qui se veulent philosophiques, auxquelles elle n'apporte pas de réponse, et là, je suis complètement à l'extérieur ( la promesse et la menace...???)

Dans une seconde partie, elle découvre que son territoire est également occupé par "un être" étrange avec lequel elle va tenter d'entrer en relation.

Et là, on bascule dans le fantastique car cet être n'appartient pas tout à fait à notre monde. rien ne permet de penser dans le récit de Céline Minard que la narratrice commencerait à être victime d'hallucinations, donc il faut admettre l'hypothèse de cet ermite sans âge et avec des pouvoirs physiques exceptionnels.Bof! l'auteure n'a pas fait un véritable choix de genre!

Son écriture est assez limpide, donc la lecture n'est pas désagréable mais je ressors de là dubitative.

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Le Grand Jeu

"Peut-on vivre hors jeu pour obtenir la paix de l'âme ?" C'est l'hypothèse que pose l'auteur. Sa narratrice, une femme décide de s'isoler du monde (pourquoi ? c'est comme ça !) et s'installe en haute montagne dans des conditions difficiles mais choisies. Elle établit son habitat: refuge high-tech mais succinct, un potager, et pour seule compagnie la faune, la masse rocheuse, le flux d'une rivière et la plénitude d'un lac. Nous explorons avec elle un territoire au travers de longs descriptifs liés à l'alpinisme. Ces derniers peuvent être ennuyeux quand on est pas passionné d'alpinisme. Ce fût mon cas. Au cours de cette exploration, elle rencontre une ermite, personnage fantasque. Dès lors, l'isolement et la solitude visée est brisée. Son hypothèse de départ est donc à repositionner.



L'approche proposée par l'auteur est intelligente et philosophique. Le lecteur est tantôt conduit à escalader des barrières rocheuses, établir des stratégies de survie, et à se questionner sur un état d'être profond. Celles que je retiens: "Quelle limite y-a-t-il à la durée du présent ?","Peut-on se porter secours à soi-même ?".



J'étais pourtant enthousiaste à la proposition du roman, néanmoins, je me suis sentie hermétique à la proposition littéraire et égarée dans une réflexion trop intellectuelle à mon goût.
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Le Grand Jeu

Après avoir fait construire un logement high-tech et autonome, une femme s'installe au cœur des montagnes. Elle cherche à s'isoler du monde, à vivre en autarcie, dans une relation étroite à la nature, entre dangers et bienfaits.



La première partie du livre s'intéresse à l'installation de cette femme, qui semble avoir tout prévu, longuement réfléchi avant de se lancer dans cette nouvelle vie. On ne saura rien de son ancienne existence avant de la rencontrer dans ces montagnes, et le lecteur la suivra dans ses journées, collé à ses pas arpentant la nature. Des coins de pêches au potager, des points de repos sous les rochers aux kerns qu'elle érige pour tracer ses chemins, la femme semble gérer au mieux sa survie. Le lecteur intrigué sentira la montagne et ses dangers, sera immergé dans une espèce de Koh Lanta ou Lost ultra réaliste.



Dans la deuxième partie apparaît un nouveau personnage, une ermite, vivant elle aussi dans les montagnes. Un personnage étrange, mystérieux, bestial et poétique. Va alors se tisser progressivement entre les deux femmes une relation de silences, d'alcool, de poursuites et de questionnements.



Céline Minard tient son lecteur dans un suspens plein de tensions, le perdant parfois à ne pas savoir qui est cette femme, où le récit se dirige, en le tenant en haleine à faire surgir soudainement cette étrange ermite ou des situations sur la brèche, en l'interrogeant par des phrases réflexives glissées dans le texte au détour de la solitude du personnage.



Par son écriture sèche et directe, et ses petites notes piquantes d'humour, Céline Minard délivre un récit à l'ambiance particulière, entre le thriller psychologique et philosophique.
Lien : http://wp.me/p68dQN-kX
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Faillir être flingué

Et Pan ! Ca c'est du western !



Un monde où tout est possible avec des cow-boys, des indiens et une bonne dose d'humour.

C'est un vrai plaisir de suivre ces pionniers qui par hasard se croisent, se poursuivent et se rejoignent pour construire ensemble le rêve américain.



Drôle, rythmé, visuel et surprenant....c'est une très belle découverte !
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