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Critiques de Chi Li (185)
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Une ville à soi

Après une carrière militaire, puis le décès de son mari, Mijie a ouvert une échoppe de cirage de chaussures dans sa ville de Wuhan. Fengchun, une jeune et belle voisine, vient lui offrir ses services. Elle cherche en fait à provoquer son mari qui la délaisse. Les deux femmes semblent plutôt s'apprécier, jusqu'à ce qu'un nouveau client, Luo Lingji, franchisse la porte de la boutique. Fengchun semble tomber sous son charme...



Chi Li nous livre un court roman sur la condition féminine dans une Chine en pleine mutation (le roman date de 2000). L'aînée des deux femmes a connu les années noires du maoïsme. Elle vit avec son fils adolescent et sa belle-mère, la troisième composante d'un trio bienveillant, qui la protège. La plus jeune fait son apprentissage de femme et de mère dans une Chine qui s'ouvre aux cultures occidentales.

L'auteure nous conte l'amitié entre ces femmes, les secrets qu'elles finissent par partager, leur lutte contre des traditions qui les enserrent, leur force de caractère face à des hommes qui sont montrés beaucoup plus insouciants...

L'écriture est belle et profonde (bravo aux traducteurs ; ils s'y sont mis à deux). J'ai particulièrement aimé le chapitre 8, ou Chi Li décrit le coup de foudre qui saisit Fengchun et Luo Lingji lorsqu'ils se rencontrent, et les chapitres 14, 15 et 16, où naît une véritable intimité entre la plus jeune et son aînée, au point qu'on peut se demander s'il n'y a pas là plus que de l'amitié...




Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Tu es une rivière

Avec le roman de Chi Li : Tu es une rivière, c'est tout un pan de l'histoire de la Chine moderne que nous survolons. Chi Li, qui est une merveilleuse conteuse, nous invite à suivre les tribulations d'une famille, celle de Lala devenue veuve à 30 ans avec 7 enfants à nourrir et un huitième à naître. Et la grande qualité de ce roman est, à mes yeux, qu'elle parvient dans ce court récit à nous faire traverser avec fluidité mais rigueur dans les détails l'histoire de la Chine - celle du Grand Bond en avant et de la Révolution culturelle - en l'imbriquant étroitement à l'histoire de cette famille.

Au premier plan, Lala, un beau personnage de femme à la fois victime et coupable. Victime, elle l'est tout au long du récit dans son combat quotidien pour nourrir sa nombreuse famille en n'hésitant pas même à vendre son corps - dans les deux acceptions du terme - lorsqu'elle n'a plus d'autre solution !

Bien sûr l'auteure épingle au passage, à travers le comportement de Lala aux abois dans la recherche de nourriture, les graves erreurs du gouvernement chinois coupable d'avoir désorganisé les circuits de l'artisanat local sans se préoccuper des conséquences délétères que cela aurait sur "les masses laborieuses" et leur famille !

Victime elle l'est aussi par la pression sociale de la communauté et des responsables communistes locaux qui la poussent à se remarier ou à travailler à l'usine. Elle se défendra bec et ongles pour sortir de ce modèle imposé aux femmes vulnérables et peu instruites et elle obtiendra de belles victoires personnelles ! C'est le côté sympathique du personnage qui est d'ailleurs très finement évoquée par l'auteure qui nous la donne à voir dans un rapide portrait d'une étonnante présence ou à entendre dans les dialogues qu'elle entretient avec son entourage et qui sont d'une savoureuse verdeur.

Mais heureusement l'auteure nous livre aussi un personnage d'une complexité bien souvent déroutante. Mère aimante elle peut aussi se transformer en parfaite mégère et adopter un comportement glaçant comme lorsqu'elle inflige à son fils aîné, Dewu, une punition digne d'une scène de torture !

C'est d'ailleurs, au fur et à mesure que l'on avance dans le roman, une famille complètement dysfonctionnelle que Chi Li met en scène. Par petites touches réalistes, elle évoque le vécu de cette fratrie marquée à la fois par la rudesse des conditions de vie de cette époque - travail précoce des enfants, saleté, promiscuité, maltraitance due à l'absence de soins - et aussi aux errements maternels ! L'une des filles, Dong'er est à ce titre un personnages intéressant car ses réactions cristallisent tous les dérèglements familiaux et elle ne se sauvera elle-même qu'en coupant les liens avec sa mère et ses frères et soeurs.

C'est donc une histoire assez sombre que nous conte Chi Li, même si jamais elle ne sombre dans le pathos ou le misérabilisme, car elle a le sens du tragi-comique et elle sait aussi couper avec une phrase couperet tout dérapage mélodramatique.

Ce que j'ai également beaucoup apprécié c'est l'humour au second degré dont elle fait preuve tout au long du roman, notamment lorsqu'elle évoque en arrière plan tous les dérapages liberticides ou grand guignolesques des régimes communistes de l'époque !
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Une taille de guêpe

Très courte nouvelle de Chi Li, auteure contemporaine chinoise remarquable , qui narre la rencontre d'un vieil homme et d'une vieille dame autour de la cérémonie du thé.

La fin du printemps noie la scène avec la pluie de prune, terme dû au poète Tang, Du Fu, pluie qui brouille autant la vue que l'intrigue , entre sucrée et salée. Cette pluie qui opacifie la scène et lui confère un coté encore plus mystérieux.

Le génie de l'auteure revient à tout dire sans rien dire et d'inscrire son texte dans une atmosphère qui amplifie ce sentiment. Tout est feutré, le temps s'arrête tout au long de l'histoire .

Chez Chi Li, les femmes sont aux commandes et ici aussi , la femme est la maître de cérémonie, celle sur qui on s'appuie.

Un texte remarquable, pas forcément représentatif de l'oeuvre de Chi Li
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Tu es une rivière

Trés beau titre et agréable première de couverture pour ce roman réaliste au style simple, fluide, clair!

L'auteur nous emmène au cœur de la Chine profonde des années 1964 à 1989, une histoire à la fois brutale, parfois sordide ou encore cocasse, marquée par de nombreux événements dont la Révolution Culturelle, au cœur de la vie même...

Nous partageons une réalité crue, où les temps sont difficiles, aprés le désastre économique, du grand bond, les chinois meurent de faim puis vient "la révolution culturelle"....

La mére de famille, Lala, refusant de travailler à l'usine, choisit de vivre en mettant ses enfants au travail à domicile, comme elle....

Elle fait face à la misère , aux mauvais coups du sort comme à ceux du régime, aux décisions parfois absurdes et imprévisibles mais a t- elle le choix?. Cette mére de famille ,veuve à trente ans, affligée de sept enfants ne s'en laisse jamais conter, elle n'a pas le temps, elle et ses enfants expriment la brutalité liée à cette époque mais aussi leur ingéniosité à réagir et à s'adapter....: les morts cruelles, les amours folles, les puces ou les poux, les menus soucis, la Vie et rien d'autre.Lala ne se laisse impressionner par personne, seul le bien être de ses enfants la préoccupe. L'auteur décrit bien cette réalité, les enfants sont au cœur du roman et les relations parents enfants sont décortiquées.

Ce n'est pas une mére câline mais le peut- elle?

Ses rapports avec eux sont parfois difficiles, elle s'accroche à certaines croyances ancestrales afin d'éviter le délitement de sa famille.

De nombreuses notes en annexe nous éclairent à propos de tous les aspects de la civilisation chinoise et des mésaventures et avatars du régime maoîste.

Une façon de relier petite et Grande histoire, les multiples manières aussi de s'accrocher à l'amour maternel, de le renier ou de le mendier!

C'est une trés belle histoire, émouvante, racontée avec humour, une vision ironique, cruelle, réaliste de l'histoire mouvementée de la Chine Contemporaine sur vingt cinq ans !







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Tu es une rivière

Chi Li dessine le portrait d'une famille chinoise des années 1960 jusqu'en 1990.

Lala devient veuve à 30 ans alors qu'elle a déjà sept enfants, et en attend un huitième.

C'est l'époque de la révolution culturelle, les temps sont difficiles mais femme de caractère, Lala aura deux buts, conserver sa liberté et faire vivre sa famille. Elle accumule les petits boulots, vend même son sang.

Dure avec elle-même, elle l'est également avec ses enfants et n'a guère le temps de les câliner. Les rapports au sein de la famille sont tendus et poignants.

J'ai beaucoup aimé ce livre.

Le suivi pendant plus de 25 ans de cette famille est très intéressant car les événements politiques et familiaux s'entremêlent.

Une histoire réaliste, émouvante et cruelle, écrite dans un style simple mais percutant.

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Une taille de guêpe

Une taille de guêpe est une très courte nouvelle pleine de poésie. Elle mêle un réalisme mortifère à un onirisme lumineux.

Une pluie morne et sombre tombe sans discontinuer sur la route de la grande ville. Une petite voiture se fraye un chemin comme une anguille dans les ruelles. le chauffeur ondoie difficilement entre les ombres blêmes des quelques passants qui l'effraient. le vieil homme à l'arrière le fait arrêter. il s'engage sans hésiter dans un dédale de ruelles. il s'arrête devant un vieux bâtiment qui a dû abriter un temple bouddhiste. il frappe aux anneaux de bronze qui ornent les battants. La porte s'ouvre en grinçant...

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Tu es une rivière

Cette nouvelle plongée dans l'univers de l'auteure de Wuhan est clairement une réussite.

On retrouve l'univers qui lui est si cher : Une femme qui se bat seule , après le décès de son époux et qui élève ses enfants, 8 quand même , du mieux qu'elle peut. le style chez Chi Li est immuable : des phrases courtes, une écriture nerveuse. On va droit au but, pas de place pour la broderie stylistique . Et donc, la lecture est rythmée, vivante et forcément agréable.

Alors du déjà lu ?

Oui et non.

Le cadre temporel du roman est une longue période allant du début des années soixante où le grand timonier avait décidé que la Chine allait être le grand rival économique des USA aux années 80 où Den Xiaoping ouvrira la porte à l'économie de marché.

Ce roman permet donc d'effleurer l'histoire contemporaine de l'empire du milieu en 185 pages . Ce que Mo Yan et son fabuleux Beaux seins , belles fesses nous a offert en 850.

J'aime beaucoup Chi Li ( se prononce Cheu Li) et sa capacité à magnifier les femmes de l'ordinaire , même si celle là a quelques casseroles, faisant des hommes leurs larbins.

Enfin , on retrouve la vie des Chinois sous Mao: Se battre pour manger, épouiller les enfants, être prêt à tout pour assure r le lendemain , le tout avec une forte résilience .

Un très bon Chi Li, les notes de fin d'ouvrage offrant qui plus est un éclairage historique abondant et fort enrichissant.
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Trouée dans les nuages

Mariés depuis 15 ans, Xiang et Shanmei mènent une vie tranquille et harmonieuse, seulement assombrie par leur désir d'enfant non exaucé. Tous les deux employés à l'Institut de recherches métallurgiques de Wuhan, ils y sont perçus comme un couple idéal et, serviables et amicaux, sont appréciés de tous. Ce bonheur tout simple, presque banal, est pourtant compromis le jour où le couple est invité à une réunion d'anciens camarades de Xiang. La soirée se déroule sans faits notables, mais de retour chez eux, Shanmei est transformée. Elle interroge son mari à propos de son passé, le pousse à lui faire des aveux mais il se tait. Alors, soir après soir, une fois les volets clos et les portes fermées, elle recommence son interrogatoire. Les insultes fusent, les coups pleuvent mais les questions restent sans réponses. Le jour, à l'institut, ils conservent l'apparence d'un couple sans histoires mais leurs nuits sont devenus un enfer.



Une femme, un homme, l'amour...et un jour, tout bascule. Les secrets, les trahisons sont alors mis à jour. Mais ce huis-clos oppressant qui voit s'affronter deux personnes qui croyaient se connaître mais qui finalement découvrent leurs zones d'ombre est bien plus que la mise en scène d'une banale scène de ménage qui tourne mal. C'est aussi la société chinoise qui est mise à mal, c'est l'affrontement entre riches et pauvres, entre prolétaires et intellectuels, des antagonismes anciens qui se cristallisent dans ce couple si harmonieux en apparences. D'ailleurs, celles-ci sont sauvées. On a beau se disputer, se battre, se haïr, tout cela a lieu dans l'intimité du foyer. Nul ne doit savoir ni même soupçonner le drame qui se trame entre les époux. Sauver la face est un concept très chinois auquel on ne se dérobe pas. Les commerçants du quartier, les collègues de travail, tous sont prêts à jurer que Xiang et Shanmei s'aiment, se respectent et s'entendent à merveille.

Un roman court mais violent qui, au-delà des problématiques chinoises, parle du couple, de la confiance, de ce que l'on dévoile à l'autre et de ce que l'on tait ou travestit. Dérangeant parfois, mais assez intense pour tenir en haleine de bout en bout.
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Les sentinelles des blés

Mingli , scientifique, est très inquiète. Cela fait trois mois jour pour jour qu'elle n'a aucune nouvelle de sa fille adoptive Rongrong. On est le 21 jin et c'est une date funeste pour Mingli :Décès de son père, accident cérébral de sa mère, hémorragie de son mari. Une date à oublier donc .



Cette année, elle décide de prendre son destin en main et de quitter Wuhan pour chercher sa fille à Pékin contre l'avis de son mari.



Un Chi Li de très bonne facture , avec les thèmes habituels comme la vie du couple, les enfants, les sentiments, l'usure du temps.

Comme souvent, les homme sont des tocards. Sauf son père, créateur d'une plante , la sentinelle des blés, lui qui est spécialiste de la céréale. Il a quand même réussi à mourir en tombant dans une bouche d’égout.

Mais à part lui, ils sont lâches , feignants, arrogants, corrompus dans une Chine de 2001 . Et comme souvent n'assument pas leurs actes .

Et si dans le couple, la femme n'a pas le dessus comme souvent chez Chi Li, le roman va lui permettre l'émancipation.

Mais ici, il y a aussi une très belle histoire d'amitié, de fidélité entre Mingli et Ruifang que l'auteur sublime jusqu'à la dernière page. Une histoire touchante, contrastant avec les rapports que peuvent entretenir hommes et femmes

Un roman un peu plus intimiste , plus féminin que les autres , rappelant parfois la littérature nipponne.

Chi Li est , pour moi, une grande écrivaine.
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Un homme bien sous tous rapports

Bian Rongda n'est pas franchement heureux . Marié , père d'un enfant, il n'arrive pas à s'assumer dans son travail, ni dans sa famille. Cela tomberbien , le chômage vient de s'emparer de son cas.

Je ne vais pas tourner autour du pot, c'est le moins bon Chi Li que j'ai lu, le plus mauvais serait sans doute plus adapté.

Certes, on retrouve le thème de l'introspection familiale chère à l'auteur , la place du travail et l'épanouissement que l'on peut en retirer. Certes il y a toujours cette rivalité Homme Femme interne au couple, mais ici , elle est fade , loin de trouées dans les nuages , préméditations ou le show de la vie.

De plus la structure du livre n'offre aucun confort et même peut perdre le lecteur en tongues sirotant un mojito.

On notera quand même le très beau passage de l'arrivée des ancêtres de Bian à la ville et leur installation.

C'est une déception, on a même l'impression que contrairement à son habitude l'auteur n'a pas été au bout de son étude de personnages.

La prochaine lecture d'un roman de cette ambassadrice de Wuhan ne pourra qu'être plus satisfaisante.

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Le show de la vie

A Hankou, ville faisant partie de la conurbation de Wuhan , Célébrité vend la nuit des cous de canards dans une rue animée. Un matin , son frère ainé et son neveu viennent la déranger et demandent asile après une circoncision. Si "Célé " ferait tout pour son neveu , elle a plus de mal avec son frère.



Après un début de cohabitation relativement compliquée avec Chi Li, j'adhère désormais complétement à son style , ses histoires , ses personnages.

Chez Chi Li, les femmes sont des tornades , elles mènent les hommes à la baguette, elles les écrasent de leur intelligence et de leur vision à long terme.

Ici "Célé " , c'est la boss, celle qui régit tout tandis que les mecs sont des parias.

Lire Chi li, c'est mettre un pied dans la société chinoise contemporaine , c'est voir les femmes se transformer, se muer en chef d'entreprise , se maquiller , s'occidentaliser , vouloir quitter la campagne et obtenir un droit de résidence en ville.

Mais lire Chi Li, c'est aussi plonger dans les marchés chinois (oui bon , les marchés à Wuhan ont subi une sérieuse décote touristique récemment !), c'est faire le lien entre la société communiste souvent évoquée et la Chine post Den Xiaoping.

A travers des romans denses et courts, Chi Li nous montre différentes facettes de sa Chine à travers des femmes formidables et des mecs à coté de leurs pompes. sans jamais tomber dans la caricature ni le politiquement trop incorrect.



Ce livre a eu des conséquences peu banales puisque les cous de canard sont devenus une spécialité de la région de Wuhan.

A noter enfin que Chi Li a connu les joies de l'exil à la campagne si cher à Mao.

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Tu es une rivière



Nous sommes en Chine dans la seconde moitié du vingtième siècle. La vie est rude. En voici l’exemple à travers l’histoire d’une femme qui perd son mari, ébouillanté en tombant dans une marmite d’eau chaude lors d’un tremblement de terre. Je ne dévoile rien, cela se passe dès la première page.

Déjà mère de sept enfants, elle en attend un huitième.

Nous suivons son quotidien, sa lutte pour nourrir ses enfants, mais aussi sa dureté envers eux.

S’y entremêlent les événements politiques de la Chine du milieu des années 60 à la fin des années 80. En particulier l’envoi des jeunes instruits à la campagne, mouvement auquel participe l’une de ses filles.

Un roman qui donne envie de lire les autres oeuvre de cette écrivaine.

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Trouée dans les nuages

Un couple modèle depuis 15 ans, sans enfant. Jin Xiang, paysan au passé politique parfait, devenu directeur adjoint à l'université et l'orpheline Zeng Shanmei d'excellente éducation.



Lors d'une réunion d'anciens, Zeng Shanmei apprend un secret qui va pourrir la vie de Jin Xiang et mener au drame.



L'écriture de Chi Li est addictive, visuelle. Témoignage intéressant de la vie chinoise et les dialogues consistants engendrent une forte empathie.

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Tu es une rivière

Lorsque Lala, à peine âgée de trente ans, perd son mari, elle doit se débrouiller pour nourrir ses huit enfants. Elle enchaine les petits boulots, mais les temps sont durs dans la Chine des années soixante. Après le désastre économique du Grand Bond en avant, les chinois meurent de faim, avant l’arrivée Révolution Culturelle. Dans sa campagne, Lala est bien loin de ces bouleversements politiques, elle avance selon les opportunités mais refuse absolument de se remarier.

L’histoire de Lala est dure, émouvante. Chi Li décrit une femme volontaire et courageuse que l’on peine cependant à aimer, tant elle semble dénuée de sentiments. On ne ressent pas un grand amour entre elle et sa progéniture. Les rapports sont souvent difficiles.

La Chine rurale parfaitement décrite est pour moi le principal atout de ce roman.



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Trouée dans les nuages

1995, République populaire de Chine. Jin Xiang, 42 ans, et Zheng Shanmei, 38 ans, sont mariés depuis quinze années, travaillent tous deux à l'Institut de recherches métallurgiques, dans des services différents. Lui est fils de paysans qui s'éleva de sa condition grâce aux études. Elle, orpheline à l'âge de sept ans et élevée par sa tante, est une citadine, cultivée, intelligente et féminine. Le mot pouvant le mieux qualifier la vision de ce couple est harmonie.



Une invitation, une soirée entre retrouvailles d'anciens condisciples et comparaisons des vies respectives, et tout change. La perfection n'est pas de ce monde; l'image rutilante du couple se fissure...

Débute alors au fil des soirées un huis-clos oppressant et mortifère où les masques s'effritent.



Cent dix pages seulement et pourtant quelle force terrifiante dans ce récit claustrophobant! Je ne connaissais pas Chi Li; cette première incursion dans son univers littéraire se révèle marquant au possible. Le ton résolument froid et clinique qu'utilise l'auteure, telle une scientifique en phase d'observation, renforce la dureté et le crescendo pesant de l'atmosphère.



Après une telle mise en bouche, comment ne pas désirer découvrir d'autres œuvres de la romancière chinoise? Impossible.
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Préméditation

Entre deux lectures, un petit retour à la "maison " avec un livre chinois, que cela fait du bien !

Et si Chi Li m'avait un peu déçu avec Triste vie , nous nous étions réconciliés avec Trouée dans les nuages .Préméditation est une belle confirmation.

Le roman se situe à une époque où le mot chaos total est un doux euphémisme pour la Chine. Entre les années 30 et 50, les communistes, les nationalistes, les japonais, les seigneurs de geurre, tout le monde tue tout le monde , et la population civile "dérouille".

C'est dans ce contexte que Wang Liegou veut la peau de Ding Zongwang : Il estime que la famille Ding exploite la sienne après l'avoir ruinée . le mariage de Ding avec Ansu est le coup fatal. Wang , après avoir hérité d'une "grêlée" comme femme s'engage auprès des nationalistes.



Quel roman coup de poing. le rythme est tellement effréné que si l'on met deux sapins , un type à poil et un ours, on est chez Paasilinna !

Au delà de l'histoire, l'auteur s'efforce de montrer la complexité de la situation en Chine, entre Japonais , Guomindang et communistes. Avec tous les retournements de vestes qui vont bien.

Le sort réservé aux différentes classes est bien traité avec de brusques changements, l'arrivée des communistes bouleversant la donne . Enfin , il y a pas mal d'humour (plutôt noir) ce qui donne encore plus de vie à un roman qui n'en manque pas et qui se lit d'une traite , les yeux écarquillés.



A noter que la famille de Chi Li a été exilée durant la révolution culturelle, Chi Li faisant partie de cette masse de "jeunes instruits". Son père était officier et sa mère issue d'une famille de grand propriétaire terrien , ce que l'on retrouve ici dans ce livre.
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Une taille de guêpe

Une taille de guêpe de Chi Li raconte la rencontre, peut-être ultime, entre un homme et une femme qui ont vieilli. Le temps qui passe constitue le thème principal de cette très belle nouvelle ; le temps qui passe me conduit au bilan de l’année écoulée.



Il y a un an, jour pour jour, je laissais mes carnets pour rédiger mes avis sur Babelio et j’inscrivais qu’une lecture devait « me faire voyager, réfléchir, m’émerveiller » pour « découvrir, sortir de ma zone de confort, mais surtout échanger ». Aujourd’hui, cette nouvelle a, pour moi, une valeur symbolique, car en très peu de pages, elle illustre tout ce que j’espérais trouver dans cette communauté de lecteurs.



Ce texte ciselé m’a fait VOYAGER dans la Chine de 1986, pour RÉFLÉCHIR au temps qui passe, M’ÉMERVEILLER devant la sérénité ressentie avec les œuvres asiatiques et DÉCOUVRIR la cérémonie du thé comme une allégorie pour SORTIR DE MA ZONE DE CONFORT, moi qui ne lisais jamais de nouvelles, mais SURTOUT ÉCHANGER : quelle belle idée que ces billets comme des perles d’un collier, dans ce sentiment d’appartenance avec toute la richesse des individualités !



Un grand merci à Sandrine, Chrystele, Bernard, Onee, Anne-So, Gaëlle et tous les autres pour tous les partages passés, présents et à venir ! Je vous souhaite une excellente année 2022 !

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Triste vie

Des gens ordinaires pour une vie ordinaire.

Un récit court et fort qui raconte la journée d'un ouvrier dans la Chine des années 1980.

Les problèmes quotidiens, un logement trop petit, les disputes conjugales

Une triste vie sans perspective d'avenir meilleur.

Un roman intéressant mais peu réjouissant !
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Un homme bien sous tous rapports

Bian Rongda, soumis à son père, à sa belle-mère qui le fera épouser l'autre jumelle, soumis aux règles du parti, à la société chinoise. Au milieu de cette grisaille, Chi Li lui procure de belles rencontres, des étincelles de petits bonheurs comme la première jumelle, la cireuse de chaussures ou sa collègue Wang Qi.



On assiste à la transition entre une inutile lourdeur administrative telle cette idiote 'Association de souffleurs de verres' et une chine ouverte au capitalisme occidental avec l'usine française de cosmétiques.



La construction du livre m'a parue un peu décousue, mais peut-être est-ce du à ma lecture un peu perturbée pendant mes insomnies.

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Les sentinelles des blés

Yi Mingli, la quarantaine, va partir à Pékin à la recherche de sa fille adoptive dont elle n'a plus de nouvelles (Rongrong qui a deux papas et deux mamans!) mais, plus que l'histoire, ce qui est admirable, c'est la force qui peut habiter cette femme introvertie, souvent rabrouée, étouffée par son mari et son chef, et qui va malgré tout aller à Pékin.



Une belle leçon à tous ceux et celles qui se sous-estiment. Et puis, quel meilleur remède que l'action pour soigner une déprime!

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