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Critiques de Claude Pujade-Renaud (236)
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Celles qui savaient

Le destin tragique de cinq femmes, Cassandre, Oenonè, Okyrhoè, Jocaste et Ismène. Destin tragique pour ces femmes issues de la mythologie grecque car elles SAVAIENT ce que les autres ignoraient et que, elles-mêmes, auraient dû ne pas savoir afin de préserver leur bonheur. Bonheur qu'elles n'ont pas pu trouvé car Ce savoir était en fait une sorte de malédiction pour elles.

Des femmes qui aimaient des hommes qu'elles n'auraient jamais dû aimé et qui ont contribué à les mener à leur perte.



Un très beau texte poétique où rimes et proses s'alternent mais pas toujours facile dans sa compréhension (ce qui justifie ma note mitigée pour cet ouvrage). Cependant, étant passionnée de mythologie, ces destins de femmes m'ont néanmoins émue, en tant que femme moi-même, et j'en préconise donc la lecture, autant aux hommes qu'aux femmes d'ailleurs. Un très court ouvrage, très vite lu, très bien écrit. A découvrir !
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Tout dort paisiblement sauf l'amour

Biographie de Kierkegaard sous forme de roman.

Deux voix principales pour raconter : celle de Régine, la fiancée que le philosophe a éconduit après quelques années, et celle de son mari, gouverneur aux Antilles danoises, puis maire de Copenhague.

Puis aussi celles d’Henrik, un neveu, et d’Henriette, une nièce.

Personnage tourmenté que Kierkegaard, marqué par une sorte de malédiction qui semble frapper sa famille. Personnage omniprésent dans la vie de ses proches, bien au-delà de sa mort.

C’est bien écrit, c’est intéressant, mais j’ai été tentée à plusieurs reprises d’abandonner. Beaucoup de répétitions, un rythme très régulier, très lent, qui m’a fait m’ennuyer souvent.

Pourtant je ne regrette pas cette lecture très bien documentée qui m’a appris bien des choses.

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Le jardin forteresse

J’avais lu ce livre il y a quelques années et il m’avait laissé une sensation d’éblouissement ; un texte aux exhalaisons capiteuses que j’ai eu envie de reprendre. 
Et j’en ai dégusté, savouré et redécouvert avec une intensité toujours aussi vive, la beauté solaire, sensuelle et tragique.

La richesse de ses thèmes en font un récit que l’on peut lire et relire sans en épuiser les symboles, à l’égal des légendes et mythes grecs qui le jalonnent. Claude Pujade-Renaud nous les rend familiers comme ils le sont pour les trois filles de Denys l’Ancien, tyran de Syracuse dont ils bercent l’enfance et l’adolescence.

«Plus Denys augmente son pouvoir, plus il construit des murs entre le monde extérieur et lui, prétendant enclore femmes et frères, enfants, serviteurs et compagnons, courtisanes et mercenaires dans l’enceinte d’Ortygia» p44

Sur l’île d’Ortygia ceinte de hauts remparts, Denys l’Ancien a érigé son palais qui domine Syracuse. Au coeur du palais, un jardin clos où s’ébattent ses trois filles Sophro et Harmonia, nées d’Aristomaque, et Dikè, née de Doris. Le récit s’ouvre sur une scène idyllique où les trois fillettes jouent à la balle en compagnie d’Arété de Cyrène amie très chère d’Harmonia qui accompagne son père Aristippe, philosophe invité à la cour par Denys le Tyran, en même temps que Platon.

«A l’intérieur des remparts, le jardin se clôt sur lui-même, protégé. Seuls les plus hauts feuillages s’agitent.» Les échos de l’extérieur ne parviennent qu’atténués dans ce lieu où s’ébat pour quelques temps encore, l’insouciance et la légèreté des jeux de l’enfance. Et pourtant la balle franchit le mur et disparaît. Elle leur est rendue par un adolescent qui fait figure d’intrus, de prédateur mais émeut Harmonia la plus jeune. C’est le premier signe menaçant de rupture l’équilibre fragile de ce lieu préservé, dont il est interdit de sortir sous peine de punition sévère.

Les trois filles aiment leur père féru de poésie et de musique, l’admirent, le servent, les mères étant ressenties comme des rivales. Leur sensualité s’éveille dans cette vie close à travers les bains partagés avec leurs mères, par l’intermédiaire de leur plantureuse et silencieuse nourrice Nycteia, de Pimpléa la «pourvoyeuse de légendes» qui les effraie parfois mais en même temps les éveille à la sexualité par le contenu de contes comme celui de la source Aréthuse du nom de celle qui jaillit au centre du jardin ; grâce aussi au médecin Philistion concurrent de Pimpléa, «un de ces patriciens qui croient en la vertu du sommeil, des songes et des récits qui ressemblent à des rêves».

Mais le cocon protecteur devient piège quand, sur décision de leur tyran de père, pour des raisons politiques, elles seront contraintes d’épouser leurs oncles pour ce qui est d’Harmonia et Dikè et son demi frère Denys le Petit, fils de Doris, pour Sophro.

A partir de là, la tragédie enfle et se développe. La tyrannie ne peut étouffer indéfiniment l’élan vital et la passion amoureuse. Ce roman est le roman de la transgression : transgression des interdits de la part d’Harmonia qui franchit le mur d’enceinte du jardin pour rejoindre son amant Timocratès , transgression aussi de la part de Denys le Tyran qui est bigame, qui sert ses desseins politiques par l’inceste et se croit tout puissant à l’abri derrière ses remparts. Intermédiaire entre «Platon était malade» qui se déroulait aussi dans la Grèce antique et «Le désert de la grace», on retrouve dans ce roman, le thème, cher à Claude Pujade-Renaud, des femmes se heurtant au pouvoir masculin, pouvoir des pères, qui résistent et parviennent, même si elles le payent cher, à parfois passer outre. Les liens entre femmes, leur solidarité, leur attirance réciproque, sensuelle et douce (pas toujours), face à la brutalité masculine sont aussi magnifiquement rendus. Et les intrigues politiques, les rapports des philosophes et du pouvoir dont ils sont les faire-valoir, par les réflexions qui en émaillent le récit, ont des accents très actuels.

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La danse océane

Deuxième roman de l’auteure, publié en 1988, c’est la biographie romancée de Doris Humphrey, danseuse et chorégraphe américaine. Née en 1895, elle a été une des pionnières d’une nouvelle danse, s’écartant du ballet classique, pour donner naissance à une nouvelle forme d’expression, avec par exemple Martha Graham, avec qui elle a fait son apprentissage à la Denishawn School.



Claude Pujade-Renaud retrace sa vie et sa carrière, les deux étant inséparables. Elle brosse également les portraits d’un certain nombre de personnages, qui ont participé avec Doris à l’aventure de la création de sa compagnie : Charles Weidman, José Limon, Pauline Lawrence etc. Différentes personnalités de l’époque, ayant beaucoup ou moins pratiqué la danse traversent le livre, comme Louise Brooks.



Le roman s’attache à la fois à présenter la vie, les événements personnels, les sentiments, et suivre le trajet artistique de Doris, décrire, rendre compte des créations, de sa conception de la danse. Cette deuxième perspective est à mon sens la mieux réussie : j’ai vraiment eu la sensation de « voir » les chorégraphies créées par Doris, et visionner celles qui sont encore accessibles actuellement a été au final une confirmation, elles étaient exactement comme je les imaginais à la simple lecture. L’auteure a vraiment réussi à capter le mouvement avec ses mots, dans un beau style, à la hauteur des créations de Doris.



En revanche, j’ai été moins convaincue par les parties consacrées à la vie de Doris. Sa relation avec sa mère, avec ses collègues-compagnon, avec son mari… il y a beaucoup de redites, des évidences, voire de clichés. Pourtant ce trio puis quatuor, dans lequel les relations personnelles se mêlent à la création, avec une force et une violence que l’on devine, avait de quoi donner lieu à des pages intenses, aussi intenses que celles consacrées aux danses. Mais l’auteur donne la sensation de rester quelque peu à l’extérieur, dans le factuel, ne pas arriver à habiter les personnages de l’intérieur. Sauf pendant certains moments, comme dans ces magnifiques lettres que le mari de Doris, Charles, lui écrit. Ou comme ces pages où son fils parle à la première personne, racontant la difficulté extrême d’avoir une mère si occupée par la création et si peu par les contingences de la vie quotidienne. La fin aussi est de toute beauté, au moment où son corps l’abandonne et la danse la quitte, Doris devient presque une personne véritable et sensible sous la plume de Claude Pujade-Renaud, et non pas cette créature impénétrable, uniquement programmée pour danser. L’auteure trouve à ce moment l’art de rendre vraiment son personnage dans sa complexité. C’est juste dommage que cela viennent si tard.



J’ai la sensation que l’auteure, dont c’est juste le deuxième roman, malgré un beau sujet, n’a pas su complètement doser les divers éléments, et donner tout à fait corps à la femme derrière la danseuse d’exception. C’est d’autant plus dommage, que l’on sent qu’elle n’était pas loin de réussir, il a manqué un je ne sais quoi, pour rendre ce roman vraiment abouti.
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Dans l'ombre de la lumière

Claude Pujade-Renaud, que je découvre avec ce livre, imagine la vie de la femme anonyme qui a partagé la vie de Saint-Augustin pendant une quinzaine d'année, lui a donné un fils, et qui a été répudiée à cause d'un projet de mariage en cours, qui finalement n'aura pas lieu. Elle n'aurait pas rejoint, comme la tradition le laisse entendre, une communauté religieuse, mais serait revenue à Carthage dont elle est originaire, là où elle a vécu la plus grande partie de sa relation avec Augustin. Le roman évoque les souvenirs, la relation de couple, mais aussi ce qui advient de suite dans la vie d'Augustin et de celle que Claude Pujade-Renaud a choisi de nommer Elissa. Elle devient en effet proche d'un couple, dont le mari handicapé, Silvanus, est copiste, et reproduit un certain nombre d'écrits de l'évêque d'Hippone, dont les fameuses Confessions, ouvrage pour lequel il se passionne et qu'il évoque longuement devant Elissa , qui découvre un certain nombre de choses sur leur liaison vue par son compagnon, et qui livre aussi en écho son vécu à elle. En arrière plan, le contexte historique et social, les changements entraînés en particulier par le christianisme devenu religion d'état, les convulsion de l'empire romain qui s'achemine vers sa fin sous la poussée des Barbares.



J'ai au départ eu une petite réticence, à cause de l'invraisemblance des données de départ : cette femme qui a vécu un certain nombre d'année avec un homme en vue comme Augustin, qui revient chez sa sœur relativement rapidement (Elissa ne sera pas restée bien longtemps en Italie), dont les voisins et relations, ne devaient pas ignorer la situation, où d'ailleurs Alypius, un ami proche d'Augustin va la chercher sans problème lorsque le récit l'exige, peut devenir après son retour anonyme, personne n'ayant gardé la moindre trace de ses liens avec un Augustin qui devient de plus en plus célèbre. Et puis ce copiste qui lui lit les écrits d'Augustin, dont les Confessions, d'une façon si providentielle. Mais j'ai pu rapidement passer sur cet aspect quelque peu artificiel, car cela permettait en effet de mettre en parallèle les deux voix, et était indispensable pour que le roman puisse développer son propos. Une sorte de licence romanesque en somme.



Comme souvent, il vaut mieux ne pas lire et se fier aux présentation de l'éditeur, d'après qui Claude Pujade- Renaud « replique à l'histoire officielle ». Or elle suit en réalité avec une grande fidélité les données historiques que l'on peut trouver par exemple dans Les Confessions ou dans les biographies de référence, comme celles de Peter Brown ou Serge Lancel, qu'elle cite d'ailleurs parmi ses sources. Elle résume aussi sans réellement les déformer, un certain nombre d'idées exprimées par Saint-Augustin, surtout celles qui sont passées dans le débat plus grand public, en les simplifiant parfois très fortement, mais c'est inévitable dans un roman qui n'est pas par essence un traité de philosophie, et logique dans la bouche d'un personnage comme Elissa. Mais globalement le livre permet à quelqu'un qui n'aurait pas lu Les confessions et ne se serait pas intéressé à Saint-Augustin d'avoir une première idée de ce qu'a pu être la vie et un tout petit peu la pensée de cet homme.



Bien évidemment, c'est une femme blessée, rejetée par celui à qui elle a tout donné, qui a été séparée de son fils, et qui souffre. Et comme c'est elle qui parle, qu'elle est attachante, on peut avoir la sensation que l'auteur privilégie sa parole, son témoignage, par rapport à ceux de son illustre ex-compagnon. Mais là aussi je trouve que le livre est bien plus subtil et plus complexe que ce certains commentaires pourraient le laisser penser. Par exemple, Elissa évoque longuement Monique, la mère d'Augustin. Autant le dire, elle la déteste franchement, et cela dès le premier regard, pourrait-on penser à lire le roman. Tellement de choses ont été dites et écrites sur celle qui deviendra Sainte- Monique, sa relation avec son fils, en particulier a donné lieu à un nombre incalculables d'interprétations, entre autres psychanalytiques. Nul doute qu'elle aura été pour Saint-Augustin la femme de sa vie, qui n'a laissé que bien peu de place pour les autres. L'aversion d'Elissa est explicable, comme l'est sa façon d'essayer de lui attribuer la responsabilité de tout ce qui ne lui plaît pas chez Augustin, et en premier lieu son abandon. Mais on n'est pas obligé de la croire complètement sur parole, d'autant que Claude Pujade-Renaud suggère à un moment une sorte de mauvaise foi. Elissa exprime dans un passage de la sympathie pour Patricius, le père d'Augustin, qu'elle n'a pas connu. Elle lui reconnaît quelques défauts, comme ses infidélités et sa brutalité, envers serviteurs et animaux. Et là, le lecteur des Confessions s'attend qu'elle parle aussi du fait qu'il battait sa femme, élément qui figure à ce moment du livre de Saint-Augustin. Mais Elissa n'en dit rien, et il est clair qu'elle est au courant, à un autre moment ce passage est évoqué de façon très reconnaissable dans les lectures de Silvanus. Mais elle choisit de passer sous silence ce fait qui rendrait Patricius bien moins sympathique et Monique peut-être moins antipathique. Il ne faut donc pas prendre pour argent comptant tout ce qui dit Elissa, elle aussi livre sa version de l'histoire, qu'elle peut aussi arranger, ou dont elle n'a pas tous les éléments en main pour donner une version tout à fait complète et objective.



Encore plus intéressant à mon sens, ce passage dans lequel Sylvanus lit un extrait des Confessions dans lequel Augustin exprime une intense souffrance psychique, avant sa conversion. Cela aussi a donné lieu à énormément de lectures, à des diagnostics cliniques (dépression etc). Et Elissa réalise qu'elle n'avait pas eu conscience de cette souffrance chez l'homme qu'elle aimait. Comme si deux histoires parallèles se vivaient en même temps, sans réussir à vraiment se rejoindre. Ce qui pose la question du couple, du vivre ensemble, de ce qui est vraiment partagé, commun. Toute cette angoisse existentielle d'Augustin, dont la grande affaire aura été de donné un sens au monde et à son existence, qu'il a résolu uniquement par sa plongée dans la foi, semble avoir complètement échappé à Elissa. Ce qui pose aussi le questionnement, à mon avis essentiel, de savoir pourquoi tant d'hommes se satisfont très bien d'une relation de couple dans lequel leur partenaire partage (en réalité prend en charge) le quotidien, mais pas le reste, dans le cas d'Augustin, le philosophique, le spirituel. Où elle reste exclue de ce qui est considéré comme le plus essentiel. Le livre évoque l'histoire biblique de Marthe et Marie, et suggère l'assimilation d'Elissa à Marthe. On a plus tendance maintenant à vouloir, tout au moins dans des déclarations d'intentions, que les femmes assurent les deux postures. Mais c'est vraiment une exigence énorme, si en même temps les hommes ne prennent pas en charge une part conséquente de la part de Marthe, parce que faire peser tout sur les femmes, les quotidien, le professionnel, le sensible, l'intellectuel, les met forcément dans une situation impossible qui peut mener rapidement à un sentiment d'échec.



Aimer Augustin aura été au final la seule chose qui ait eu de l'importance pour Elissa, tout le roman évoque cet amour, dont elle ne s'affranchit pas malgré la trahison, malgré l'absence, malgré les années. Le livre est au final une sorte de déclaration d'amour à cet homme, comme Les confessions sont aussi une déclaration d'amour que cet homme fait à son Dieu, qui exclut tout autre amour, comme l'amour qu'Elissa porte à Augustin lui rend impossible d'aimer quelqu'un d'autre. L'absolu de l'un répond à l'absolu de l'autre.



Un beau livre qui ouvre beaucoup de pistes de réflexion.
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Dans l'ombre de la lumière

J'ai lu il y a quelques temps ce beau roman de Claude Pujade-Renaud. "Dans l'ombre de la lumière" ou l'itinéraire intime et sensuel d'une jeune femme (Elissa), de sa passion amoureuse pour celui qui deviendra plus tard Saint-Augustin, évêque d'Hippone, un des Pères de l’Église.

La vigueur et l'innocence de leur jeunesse les liait profondément l'un à l'autre. Rien ne semblait pouvoir leur résister. Ensemble, ils étaient tout.

Et puis les terribles volontés de la mère d'Augustin (Monnica) autant que l'Histoire (l’avènement du christianisme, la disparition progressive du culte réservé aux dieux païens, les Barbares qui menacent la puissance de Rome, etc.) se chargèrent de changer le cours de choses.

Membre de la secte des Manichéens, Augustin (Augustinus) se mit à nourrir de nouvelles ambitions. Devenu un brillant orateur, désireux d'acquérir un plus grand prestige social, c'est lors d'un voyage qui le mène à Rome puis à Milan qu'il décide de se marier à une jeune femme, issue de la haute société milanaise. Cette union va le contraindre à répudier Elissa.

Claude Pujade-Renaud retrace d'une écriture féminine et sensuelle le terrible déception d'Elissa en confrontant la monotonie des jours à qui s'écoulent et le poids des regrets nés du temps passé, le tout contenu dans les reflets du soleil chaud, des paysages, des couleurs et des parfums de l'Afrique du V ème siècle. Si loin et si proche en même temps.

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Dans l'ombre de la lumière

J'aime beaucoup l'écriture sensible, érudite et terriblement romanesque de Claude Pujade-Renaud autour du très beau portrait féminin de Elissa dans la période Antique.

La femme que l'auteure appelle Elissa dans son roman a réellement existé au 3-4ième siècle et figure dans "Les Confessions" écrites par Saint-Augustin à l'orée de sa vie.

Saint-Augustin avant de se convertir à la religion chrétienne était Augustinus, fin lettré de courant manichéen maniant avec aise la dialectique, la rhétorique et l'art oratoire.

Augustinus était aussi un homme follement épris d'Elissa d'origine modeste, humble et courageuse qui sera pendant 15 ans sa concubine "aimée et aimante" avec qui il partagea la foi manichéene et dont il aura un fils.

Pourtant, Augustinus assoiffé de reconnaissance et d'une carrière plus prestigieuse va répudier Elissa pour envisager un mariage avec une femme de son rang capable de lui ouvrir les portes de la réussite. Finalement, il ne donnera pas suite à ce mariage mais connaîtra un bouleversement intérieur, fruit d'un long cheminement spirituel où "touché par la grâce", il embrasse la foi catholique.

Elissa sera donc contrainte d'abandonner non seulement celui qu'elle aime mais aussi son fils qui mourra très jeune sans qu'elle ait pu le revoir.

Qu'est-elle devenue ? "Les Confessions" ne disent rien sur sa vie d'après. C'est là qu'intervient le merveilleux talent de Claude Pujade-Renaud pour faire sortir de l'ombre Elissa par une forme romanesque inventive agrémentée de précieux repères historiques et religieux.

Elissa répudiée est revenue vivre à Carthage chez sa soeur. Elle fabrique des poteries où ce travail de la terre est une métaphore à son attachement aux valeurs terrestres et accomplit chaque jour les gestes quotidiens, silencieuse.

Elle n'a plus aucun contact avec Augustinus devenu évêque. Demeurent les prêches de l'évêque et la lecture de l'ouvrage "Les Confessions" par son beau-frère, copiste.

Auditrice anonyme dans les 2 cas, Elissa en est bouleversée et parfois indignée quand elle ne reconnaît plus dans les diatribes féroces de l'évêque l'homme sensible qu'elle a aimé.

Par opposition et avec courage, Elissa restera fidèle à la vie, à la lumière et à son amour.



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Belle mère

Eudoxie, 47 ans, veuve, décide de répondre à l’annonce d’Armand, 56 ans. Elle n’aura pas seulement un compagnon mais aussi un beau-fils de 30 ans, Lucien qui est un être fuyant ; elle ne le voit jamais. Il s’isole dans sa chambre. C’est presque un fantôme. Très intelligent, il a des réactions pourtant imprévisibles et infantiles.



Eudoxie s’en accommode et ne pose pas de question. Après quelques années de vie commune avec Armand, Eudoxie se retrouve veuve à nouveau, avec Lucien sur les bras.



Un apprivoisement mutuel, puis une relation d’attachement vont peu à peu s’établir entre Eudoxie et Lucien. Et si Lucien n’a pas toute sa raison, Eudoxie va devenir sa raison d’être.



Un récit très touchant sur la vieillesse et la bienveillance à l’égard des autres.

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Le sas de l'absence

Livre " chopé " ce matin dans une boite à livres voyageurs dans une des associations dont je fais partie.Commencé en voiture,je n'ai pas " décroché " ( 132pages) .

Je ne connaissais pas cette auteure, c'est un gros coup de coeur.Ce livre a reçu le prix de l'écrit intime en 1998.

Livre initiatique il met en scène trois personnages jamais nommé sauf sous le nom : le père ,la mère et la fille.

La fille raconte ,en cours chapitres, la lente décrépitude de ses parents.Elle assiste" entre deux "( comme elle dit) à leur dégradation.

Impuissante,sauf par des gestes de tendresse lorsqu'elle nourrit sa mère, impotente,elle nous emmène sur le chemin de l'irreversible.

Un hymne à ses parents car c'est d'une terrifiante beauté ,d 'une angoissante justesse, c'est la vie mise à nu,c'est la mort qui approche .Ce sont les liens indéfectibles qui unissent le père et la mère ,le père qui partira deux mois avant elle,ayant tout donné pour les derniers sursauts de lucidité de son épouse.

La fille entremêle habilement le passé et le présent car bientôt une porte s' ouvrira: Une porte universelle dont il ne faut pas avoir peur."La sobriété incantatoire d'une cérémonie des adieux." ( cf Michèle Gazier ,Télérama ).

A recommander chaleureusement MAIS ATTENTION À LIRE SEULEMENT SI VOUS ÊTES BIEN" DANS VOTRE PEAU".⭐⭐⭐⭐⭐
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Dans l'ombre de la lumière

"Les confessions de St Augustin" Ce titre figure dans ma collection de livres , dans un placard, jamais je n'aurais imaginé qu'un jour, l'envie me viendrait de reprendre cette lecture oubliée depuis tant d'années. Claude Pujade-Renaud a su, à travers la voix de cette femme aimée passionnément , puis répudiée par Augustinus, au 4ème siècle, redonner vie à cet homme, et nous parler des religions, celles de l'époque bien sûr, mais aussi celles de toujours , avec leurs passions aveugles, leurs débordements, leurs injustices , donc leurs limites. Un beau, très beau livre.
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Un si joli petit livre et autres nouvelles

Oui c'est un petit livre mais plus que joli! Les nouvelles sont denses, et l'écriture est belle. Et ça parle de famille, de mères beaucoup et parfois de pères, de grand-mères et d'amour, de souffrances et de joies. Chaque nouvelle est une histoire.
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Les Femmes du braconnier

Dans une langue merveilleusement poétique, à l'aide de métaphores animalières, et bien d'autres procédés, madame Claude - Pujade Renaud que je connais , ayant lu Belle Mère et d'autres œuvres notamment des nouvelles et des romans pour la jeunesse retrace les destins croisés de deux femmes proches du poète Anglais Ted Hugues, son épouse Sylvia Plath poétesse ,écrivaine Américaine et sa maitresse Assia Wewill à travers une pluralité de points de vue, de voix , de personnages.....



En 1956, Ted et Sylvia tombent amoureux, suivent création.... passion....voyages...naissance de Frieda et Nicholas, mais Ted passionné par le langage animal,épris de nature sauvage, d'animalité qu'il porte puissamment en lui se prend de passion pour Assia l'épouse de David....

Sylvia se suicide et Assia tente, en vain, de prendre sa place...elle aura une fille avec Ted...

Le braconnier c'est Ted, ses proies :Sylvia, Assia et d'autres et ses filles...

Ce très beau roman émouvant et attachant est écrit par séquences évoquant les points de vue de personnages proches des trois héros comme Warren, frère de Sylvia, qu'il a sauvée d'une première tentative de suicide,Célia,sœur d'Assia,Aurélia, la maman de Sylvia....

Une vie comme une histoire arrachée à la force d'une femme, la carrière et la vie de cette romancière nous entraîne tout au long de ce bel ouvrage entre les joies, les peines, les incompréhensions, "Une vie qui bouillonne en elle, qui écume..."

Une vie liée à de grandes périodes d'exaltation suivies de grosses périodes d'épisodes dépressifs....

Des chapitres très courts s'enchaînent avec fluidité portés par l'intensité de l'écriture, une écriture traversée par de nombreuses figures animales, que l'on trouve chez Sylvia ( les abeilles liées à son pére), la chatte Sappho d Aurélia, sa mère, d'autres animaux interviennent liés à Ted et son magnétisme animal, les chevaux, les ours, les cerfs, les loups, les oiseaux....

En outre deux scénes, une d'harmonie totale entre les amants et la Nature,l'autre très violente, Sylvia assoiffée, alourdie par ses maternités, détruisant les collets des braconniers, le sang, celui de la morsure initiale qu'inflige Sylvia à Ted, celui des régles qu'elle refuse avec horreur, la couleur vermillon qu'elle emploie beaucoup....le rouge courant dans ce roman de chair, marqué par les odeurs fortes liées à l'animalité et à la puissance, le sucre et les desserts très présents aussi.....





Une œuvre très riche, puissante, magnifique montrant les ravages et les bonheurs liés à l'écriture:"S'ajoutait le cauchemar de ne pas dormir ou si peu?

Je me réveillais malaxée concassée par les rêves."

"La sensation d'avoir été lapidée par une grêle de météorites oniriques."

"Peut- être n'avais - je pas droit à un sommeil réparateur puisque je n'avais rien produit? Ou mal.. Ou pas assez. La perfection ou rien!"

Une œuvre traversée par la densité , la complexité des poèmes et des créations de ces deux artistes.....

Comment deux écrivains peuvent - ils vivre ensemble et à quel prix?

Il y aurait encore beaucoup de choses à écrire à propos de cette œuvre magistrale mais ce n'est que mon tout petit avis.

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Les Femmes du braconnier

C'est un roman qui explore une vie... Celle de Sylvia Plath, poète du XXème siècle, femme ardente et créatrice, fille meurtrie de la mort de son père et envahie par une mère trop présente. Elle rencontre, en 1956, Ted Hughes, poète aussi avec lequel elle a deux enfants. Celui-ci aime les femmes, un peu trop et bientôt une nouvelle aventure marquera la fin de sa vie avec Sylvia.

Ce roman est raconté en courts chapitres par de nombreux témoins, c'est l'histoire véridique de ces deux êtres qui se sont aimés avec passion, ont composé des poèmes, et se sont blessés l'un à l'autre.

J'ai eu peur de cette écriture dense, sans dialogues, mais me suis finalement passionnée pour l'histoire de ce couple.
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Dans l'ombre de la lumière

L'amour est définitivement le moteur qui fait tourner le monde.

Dans ce roman Elissa nous livre son histoire en deux temps, à une vingtaine d'années d'intervalle.



Ecrit à pleins poumons, ici il est question de sentiments exacerbés d'amour/haine, dévotion/déception mais surtout de l'admiration sans bornes qu'une femme porte à un homme, à son intelligence et à son génie.



On est face au poids de la religion catholique que telle un bulldozer vient annihiler et renier les dieux paiëns et des siècles de croyance. Elissa reste fidèle à sa foi manichéenne.



Les paroles sont douces l'espace d'un instant mais laissent très vite un redoutable goût acide.



Un drame d'amoureux désunis mais surtout l'histoire d'une femme qui va perdre tout ce qui comptait dans sa vie et qui basculera dans l'ombre de celui qui pour elle représentait la lumière…



De la souffrance peut naître la mort, la vie, la haine, le pardon ou l'amour.



Beau et tragique à la fois, tout comme la vie!





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Dans l'ombre de la lumière

J’ai passé une semaine à l’ombre de la lumière, envouté par une musique douce et amère, par la voix de Claude, chaude comme ces journées sous le dur soleil de Carthage. J’ai été Elissa, Elissa l’abandonnée, assise à l’ombre de la chapelle de St Cyprien, le regard porté sur “la mer et la ville, plongé dans cette effervescence marine, citadine, cette chaleur moite, ce mélange d’indolence et de violence sourde ”. Je suis la plainte sensuelle et désespérée de n’avoir rien oublié de “ce feu, de cette flamme, tant mon sexe et ma mémoire en conservent la trace. ”



Ce livre extraordinaire, couleur du sable, couleur de la mer, met en scène Silvanus, le copiste, chrétien fervent, partageant sa lecture des Confessions. Augustinus y a laissé le témoignage de ses contradictions. Silencieuse, Elissa écoute, sans laisser paraître le trouble créé par ses émotions d’un premier jour, d’un premier amour, de la trahison, de l’abandon. Les Confessions ne livrent pas le nom de celle qui partageât la vie du futur Père de l’Eglise pendant près de 15 ans. Elles mentionnent la faute. “Et bien moi, Elissa, je fus cette putain de cet Augustinus, et je n’en suis pas peu fière. ”



Elissa ? Dans le Carthage du IVème siècle, deuxième ville de l’Empire, détruite et reconstruite, bigarrée et métissée, dans ce quartier de Mégara si cher à Flaubert, vit la concubine d’Augustinus, la femme sans nom des Confessions de Saint Augustin (Thagaste 354 – Hippone 430). Claude Pujade-Renaud choisit de l’appeler Elissa. Car Elissa est Didon en phénicien. Didon l’errante, la fondatrice sur la colline de Byrsa, de la ville neuve, Carthage (Qart Hadath en punique). Elissa-Didon, abandonné par Enée pour une autre destinée, une autre femme. “ Je déteste cet Enée qui passe, ravage, et fuit. ”



Augustinus cherche la vérité, accompagné de Elissa, parcourant les routes de Thagaste à Carthage, de Carthage à Rome, de Rome à Milan. Ce zélote du Manichéisme rencontre Ambroisius. 387, Augustinus se convertit au catholicisme. Victoire de sa mère Monnica. Bigote ou sainte, elle est d’abord cette barrière permanente entre Elissa et son amour.

Répudiée, Elissa, repart en Afrique laissant son fils, le fils du péché, Adéodat à son père…. “J’avais 32 ans lorsque Augustus m’a rejeté. Depuis je n’ai plus fait l’amour. ”







L’Evêque d’Hippo Regis (Hippone), docteur de la grâce ou de la persécution, lutte contre les hérésies. Une œuvre est née sur une intransigeance doctrinale accompagnée d’une violence que n’aurait pas reniée un Calvin. Les Donatistes, les Manichéens et les Pélagiens perdirent le combat. Mais l’Empire est assiégé par des barbares, des chrétiens ariens, une hérésie armée d’acier. Le Goth Alaric pille Rome à plusieurs reprises et Augustinus perdit la vie pendant le siège d’Hippone par Genséric et ses Vandales, chrétiens mais bons ariens aussi.



A Elissa, la manichéenne, les derniers mots : “Les véritables barbares, ce sont ces chrétiens qui ont chassé nos anciens dieux. ”

“Parfois je ne sais plus si je t’aime. Ou si je m’aime moi en t’aimant.”


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Dans l'ombre de la lumière

Claude Pujade-Renaud sait peindre un contexte et décrire à la perfection une événement historique, ici la vie de Saint Augustin à travers le regard de sa concubine rejettée, la mère de son fils Adeodatus, qui n'était ni chrétienne, ni riche, ni de grande naissance, ce qui faisait tout de même beaucoup pour la très sainte et (hélas) parfaite mère d'Augustin Monnica...

Madame Pujade-Renaud ne se contente pas de nous présenter la vie de ce grand homme, elle analyse et dissèque les circonstances de sa vie, ce qui rend la démonstration biographique beaucoup plus interessante.

Toutefois j'ai été gênée par un style sec, efficace, voire un peu agressif et par le fait que le "je" d'Elissa exprime beaucoup plus finalement les idées de la biographe que celle d'un personnage assez peu représenté dans les textes de cette époque (c'est tout à l'honneur de l'auteur, du reste, d'avoir réhabilité cette pauvre femme). Il en découle cependant que si le contexte historique -conflits de pouvoirs à travers querelles religieuses- est bien décrit, si les idées de saint Augustin sont bien résumées et mises en valeur, le climat, vu à travers notre regard du XXIème siècle, ne prend pas.

Cela dit c'est une lecture intéressante, mais à compléter en lisant "Les Confessions" de Saint Augustin, qui sont d'une profondeur spirituelle qui n'est qu'à peine effleurée ici...
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Vous êtes toute seule ?

Ce recueil de onze nouvelles de Claude Pujade-Renaud est un livre héritage de ma mère qui pose la question "Vous êtes toute seule ?" parce que la femme, ses rapports amoureux ou sa solitude sont au centre de chaque texte et j'ai aimé la belle écriture de l'autrice qui donne une harmonie à l'ensemble.

Dans la première nouvelle, le pas de deux, Nathalie la danseuse vit avec Pierre le chorégraphe et découvre la liberté et la jouissance partagée de danser pieds nus dans la nature.

Dans Vous êtes toute seule ? Fabienne ne veut pas déjeuner seule au restaurant et en vient à inviter un sdf pour être accompagnée.

Dans le nuage, Marthe est quittée par son mari Jérôme pour faire un enfant avec une autre parce qu'elle n'en veut pas.

Dans Bagheera Bagheria, Violette au lit avec son amant parlent d'autres expériences vécues.

Dans le clapotis, une nageuse préfère l'environnement aquatique que le face à face avec son mari, une façon de se mettre la tête sous l'eau.

Dans Les lavandières, Virginie est persuadée que sa machine à laver le linge lui en veut et complote après elle malgré la bienveillance de son mari Roland qui tente de la rassurer.

Dans Les îles, Francis et Josy sont en vacances, ils s'aiment mais vivent dans des mondes différents, lui est un doux rêveur qui cherche à retrouver les sensations des souvenirs heureux de l'enfance, elle, matérialiste, est une femme active et joyeuse qui a les pieds sur terre.

Dans le café d'en face, Francine s'installe dans un café pour observer les gens avant sa séance de psychanalyse. Cette nouvelle est particulièrement juste et on se doute que l'autrice aussi est une fine observatrice de ce qui se passe autour d'elle.

Dans Un amour de soie, Odile et Stéphane forme un couple qui, avec le temps, font appel à des fantasmes quand il font l'amour si différents que cela va les éloigner l'un de l'autre.

Dans Insectes, Béatrice est obligée de subir le cérémonial hebdomadaire des Délicieuses, la maison familiale de Claude son compagnon.

Dans le lac des signes, Galina est une vieille dame russe qui se souvient qu'elle a été danseuse étoile.

Et là, on voit que la boucle est bouclée avec le thème de la danse que l'on trouve à l'ouverture et à la fin du livre. Ce n'est pas un hasard car Claude Pujade-Renaud a été professeure de danse, il n'est donc pas surprenant qu'elle décrive parfaitement les gestes et les mouvements des corps.





Challenge Plumes féminines 2022

Challenge Coeur d'artichaut 2022

Challenge Riquiqui 2022

Challenge XXème siècle 2022

Challenge ABC 2022-2023

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Les enfants des autres

Ayant apprécié Dans l'ombre de la lumière, le livre que Claude Pujade-Renaud a consacré à la compagne anonyme de Saint-Augustin, et avec le sens de la mesure qui me caractérise, je me suis offert un gros volume, Oeuvres tome1, comprenant 8 de ses livres, choisis parmi les plus précoces. Le premier opus est Les enfants des autres, un recueil de 13 nouvelles, paru en 1985.



Même s'il est questions d'enfants dans certaines de ces nouvelles, on y évoque encore davantage les femmes, leurs angoisses (maternité, ménopause etc) leur difficulté à ne pas vivre une sorte d'existence secondaire dans l'ombre des hommes, ou dans leur absence (ou manque si on veut). Sauf le premier texte (dont le récit commence en 1935), les autres se placent à l'époque où ils sont été écrits, donc pas si loin de la nôtre.



Ces textes ont d'indéniables qualités, mais je n'ai pas été aussi charmée que par Dans l'ombre de la lumière. J'ai énormément aimé la première nouvelle, Le prix du bal, l'histoire de cette gamine née en dehors du mariage, élevée dans un couvent, forte personnalité que l'on voit se construire, s'affirmer, et qui découvre toute la cruauté du monde. De même la dernière nouvelle du recueil, La maison des demoiselles, une belle ballade dans la nature, à la recherche d'une maison qui semble à chaque fois se dérober, m'a enchantée. Le texte qui donne son titre au livre, avec une petite fille impétueuse, a aussi du charme et l'auteure y fait preuve d'un peu d'humour, même si certains traits sont un peu trop appuyés à mon sens. Mais j'ai été moins convaincue par toutes ces histoires de femmes, un peu trop amorphes, victimes consentantes, que j'aurais eu terriblement envie de secouer pour les faire sortir d'une forme de passivité et d'acceptation. Les portraits de certains de ces personnages m'ont parus moins convaincants, un peu trop orientés sur une dimension.



Je ne voudrais pas paraître trop sévère pour ce recueil, qui comporte comme je l'ai déjà dit deux très beaux textes, et les autres ne sont pas non plus sans intérêt. En tous les cas l'ensemble me donne envie de continuer à explorer Claude Pujade-Renaud, d'autant plus que j'ai vu que dans le livre suivant de mon gros tome, La danse océane, il est entre autres question de Louise Brooks, dont j'ai vu presque tous les films.
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Belle mère

Une petite annonce du "Chasseur français" va permettre à Eudoxie, veuve de quarante-sept ans, de rencontrer Armand Bouvier, cinquante-six ans, veuf lui aussi, habitant à Meudon, à l'époque une charmante bourgade de campagne (nous sommes en 1935). Armand a un grand fils, Lucien, qui va rapidement tenir une place importante dans la vie d'Eudoxie, d'abord par son absence (il reste dans sa chambre et ne lui adresse pas la parole) puis par sa présence insistante dès lors que son père va décéder un beau jour de 1940, faisant de Lucien l'heureux (?) propriétaire de ce grand pavillon de banlieue. Les relations qui vont se tisser entre ce beau-fils, bizarre et bricoleur de génie (on le qualifierait aujourd'hui d'autiste mais le mot n'est jamais prononcé) et sa belle-mère constituent la matière de ce récit à deux voix. Lucien, que tout le monde considère comme attardé ou, au mieux, atrabilaire, et qui pourtant possède une vision très claire de la réalité, éprouve un attachement indéfectible pour sa belle-mère, qui va au fil du temps s'avérer réciproque et permettre à ces deux être déchirés par la vie (il vaudrait mieux dire par la mort) de trouver un semblant de bonheur. Le vrai bonheur, il est surtout dans l'écriture de Claude Pujade-Renaud. Fluide, raffinée, elle sait nous tenir en haleine jusqu'au dénouement final, inattendu. Une histoire peu banale, mais tellement attachante…
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Belle mère

Claude Pujade-Renaud nous raconte ici, de sa très belle écriture, la relation entre Eudoxie et son beau-fils Lucien. Eudoxie épouse Armand, le père de Lucien, alors qu'elle a déjà une quarantaine d'année. La guerre la laisse veuve assez rapidement. Lucien et Eudoxie vont alors vivre ensemble et ce, jusqu'à leur mort. Mais Lucien est un garçon sauvage, bizarre, au comportement proche de l'autisme. Tout au Long de ses années, Eudoxie va l'apprivoiser et s'attacher à cet homme fragile, cet enfant perdu. Et l'amour qui nait entre ces deux êtres est profondément touchant. Le récit est subtil, délicat et fort. C'est un très beau roman. Ça m'a plu d'apprendre que des jeunes lecteurs lui avait décerné le prix Goncourt des lycéens en 1994.
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