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Citations de Curzio Malaparte (230)


Un de ces jeune gens déclara que tous les écrivains italiens, sauf les communistes, étaient faux et lâches. Je répondis que le seul, le véritable mérite des jeunes écrivains communistes, et des jeunes écrivains fascistes, était d’être des fils de leur temps, d’accepter les responsabilités de leur âge et de leur milieu, c’est-à-dire d’être aussi pourris que tout le monde.
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« Sur les trottoirs du Smolenski boulevard, tous les dimanches matin, les survivants de l'ancienne noblesse de Moscou se réunissaient, tous les gentils et misérables spectres de l'aristocratie tsariste, pour offrir aux diplomates étrangers, aux enrichis de la révolution, aux "nepmen", aux profiteurs du communisme (il y en avait là aussi, de même qu'il y en a chez nous), à la nouvelle noblesse marxiste, aux épouses, aux filles, aux maîtresses des nouveaux boyards rouges, leurs pauvres trésors : la dernière tabatière, la dernière bague, la dernière icône, et des médaillons d'argent, des peignes édentés, des châles décousus et déteints, des gants usés, des poignards cosaques, de vieilles chaussures, de petites chaînes d'or et des bracelets, des porcelaines russes et allemandes, d'anciens cimeterres tatares, des livres français aux reliures armoriées, de vieux et dramatiques bibis du temps d'Anna Karénine, gonflés de plumes, comiques, naïfs et dépaysés. » (p. 87)
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En ce temps-là, je ne prévoyais guère que ces deux livres __"La tecnique du coup d'Etat " et "Le bonhomme Lénine"__ me vaudraient , en Italie, une condamnation à plusieurs mois de réclusion dans la prison romaine de Regina Coeli, et ensuite à cinq ans de résidence forcée dans l'île de Lipari.
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Dans le corps de Bartali coule du sang, dans celui de Coppi coule de l’essence
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« Le problème de l'État n'est plus seulement un problème d'autorité : c'est aussi un problème de liberté. Si les systèmes de police se révèlent insuffisants à défendre l'État contre l'éventualité d'une tentative communiste ou fasciste, à quelles mesures peut et doit recourir un gouvernement sans mettre en danger la liberté du peuple ? Voilà les termes dans lesquels se pose le problème de la défense de l'État dans presque tous les pays. » (p. 207)
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« Il ne faut pas faire un grief à Hitler d'être arrivé, par sa seule éloquence, à imposer une discipline de fer à des centaines de milliers d'hommes raisonnables, recrutés parmi d'anciens combattants au cœur durci par quatre années de guerre. Il serait injuste de le blâmer d'avoir été capable de persuader six millions d'électeurs de voter pour un programme politique, social et économique qui fait, lui aussi, partie de son éloquence. […] Ce n'est ni sur leur éloquence ni sur leur programme qu'on juge les catilinaires : mais sur leur tactique révolutionnaire. Il s'agit de dire si l'Allemagne de Weimar est réellement menacée d'un coup d'État hitlérien, c'est-à-dire de savoir quelle est la tactique révolutionnaire de ce Catilina trop éloquent, qui veut s'emparer du Reich et imposer sa dictature personnelle au peuple allemand. » (p. 191)
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« Quiconque observe sans idée préconçue la situation européenne au cours des années 1919 et 1920, ne peut s'empêcher de se demander par quel miracle l'Europe a pu sortir d'une crise révolutionnaire aussi grave. Dans presque tous les pays, la bourgeoisie libérale se montrait incapable de défendre l'État. Sa méthode défensive consistait, et consiste encore, dans l'application pure et simple des systèmes de police auxquels de tous temps, jusqu'à nos jours, on a vu se confier les gouvernements absolus comme les gouvernements libéraux. Mais l'incapacité de la bourgeoisie à défendre l'État était compensée par l'incapacité des partis révolutionnaires à opposer une tactique offensive moderne à la méthode défensive désuète des gouvernements […]
[…] ni les catilinaires de droite ni les catilinaires de gauche n'ont su mettre l'expérience de la révolution bolchevique à profit. » (p. 116)
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« Au fond, la civilisation d'Europe se réduit au respect de quelques préjugés et de conventions. Parmi ces préjugés, le plus caractéristique consiste à condamner toute forme de violence illégale ; et parmi ces conventions, la plus généralement respectée est d'approuver toute forme de violence légale. Les gens honnêtes, qu'ils s'appellent Babbit ou Candide, se sentent parfaitement en règle avec leur conscience quand ils protestent aujourd'hui contre Hitler (comme jadis contre le Duce) et, dans le même temps, approuvent Mussolini avec enthousiasme. Le jour où Hitler aura réussi à légaliser la violence en Allemagne, comme Mussolini l'a fait depuis longtemps en Italie, Babbit et Candide applaudiront Hitler comme aujourd'hui ils applaudissent Mussolini. » (p. 44)
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La peau, répondis-je à voix basse, notre peau, cette maudite peau. Vous ne pouvez pas imaginer de quoi est capable un homme, de quels héroïsmes, de quelles infamies il est capable, pour sauver sa peau.(...). Jadis, on endurait la faim, la torture, les souffrances les plus terribles, on tuait et on mourrait, on souffrait et on faisait souffrir, pour sauver l'âme, pour sauver son âme et celle des autres. On était capable de toutes les grandeurs et de toutes les infamies, pour sauver son âme. Aujourd'hui on souffre et on fait souffrir, on tue et on meurt, on fait des choses merveilleuses et des choses terribles, non pour sauver son âme, mais pour sauver sa peau. On croit lutter et souffrir pour son âme, mais en réalité on lutte et on souffre pour sa peau, rien que pour sa peau. Tout le reste ne compte pas. C'est pour une bien pauvre chose qu'on devient un héros, aujourd'hui ! Pour ça, pour une sale chose. La peau humaine est bien laide. Regardez. Est-ce que ce n'est pas répugnant ? Et dire que le monde est plein de héros prêts à sacrifier leur vie pour ça !
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On n'avait jamais vu de telles choses à Naples, au cours de tant de siècles de misère et d'esclavage. On avait vendu de tout à Naples, toujours, mais jamais les enfants. On avait fait commerce de tout à Naples, mais jamais d'enfants. On n'avait jamais vendu les enfants, dans les rues de Naples, jamais. A Naples, les enfants sont sacrés. C'est la seule chose sacrée qu'il y ait à Naples. Le peuple napolitain est un peuple généreux, le plus humain de tous les peuples de la terre, le seul peuple au monde où même la famille la plus pauvre, en même temps que ses enfants, que ses dix, que ses douze enfants, élève un orphelin recueilli à l'Hôpital des Innocents : et c'est de tous le mieux habillé, le mieux nourri, parce qu'il est le "fils de la Madone" et qu'il porte bonheur aux autres enfants. On peut tout dire des Napolitains, tout, mais pas qu'ils aient jamais vendu leurs enfants dans les rues, jamais.
Et, maintenant, sur la petite place de la Cappella Vecchia, au coeur de Naples, au pied des nobles palais du Monte di Dio, du Chiatamone, de la place des Martyrs, près de la synagogue, les soldats marocains venaient acheter pour quelques sous les enfants napolitains.
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Comment les hypocrites pourraient-ils ne pas mépriser les Italiens qui sont les êtres les plus naturels au monde, les plus voisins de la nature, partant les plus éloignés de l'hypocrisie ?
Les hypocrites pardonnet tout sauf le naturel. Ils y voient un aveu d'incivilité, de vulgarité, un état plus semblable à celui de l'animal qu'à celui de l'homme. (...). Les hypocrites voient la nature vêtue, tandis que nous la voyons nue. Et ce n'est pas seulement les êtres humains que nous voyons nus, mais les arbres, la mer, les montagnes, les fleuves, les bêtes sauvages, nus depuis toujours, nus depuis que notre imagination les transformait en nymphes, en satyres, en naïades. Les hypocrites, en particulier les Anglo-Saxons, revêtent les êtres humains, les arbres, la mer, les montagnes, les fleuves, les bêtes sauvages de ce même voile pudique, de cette même brume puritaine dont ils se plaisent à couvrir l'âme humaine. Si bien qu'on en vient légitimement à soupconner qu'ils ne font aucune différence entre un homme nu et un sentiment spontané, entre la nudité et la sincérité, entre le pénis et l'esprit humain, entre la vulve et la conscience.
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J'ai un profond respect pour ceux qui se prostituent à cause de la faim; si j'avais faim... je n'hésiterais pas un instant à vendre ma faim.

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Ils vous volent votre pain et vous restez là à regarder ! Je suis un pauvre diable, comme vous, j'ai accompli loyalement mon devoir de soldat, ce n'est pas ma faute, ce n'est pas votre faute si nous avons perdu la guerre. Mais la guerre contre les voleurs, je ne veux pas la perdre, parce que ce sont eux les pires ennemis de l'Italie.
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“Plus que par la colère ou le chagrin, il semble ravagé par un sentiment plus profond, nouveau : comme si, à cet instant, pour la première fois, il voyait l’inutilité du sang versé dans ces années terribles, des larmes, de la faim, de la misère, de la peur, de toutes les humiliations de la défaite.”
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Il n'est rien de plus humiliant pour un peuple esclave qu'un maître aux goûts grossiers.
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Mais le Christ exige des hommes la pitié, non la solidarité. La solidarité n'est pas un sentiment chrétien.
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Il en est toujours ainsi, après une guerre. Ce sont toujours les vaincus qui apportent la civilisation dans les pays vainqueurs.
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La forêt était tiède, cordiale, profonde, comme une femme (un peu cruelle en certaines broderies des rameaux et des feuilles).
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Et il est inutile d'invoquer le Christ contre cet oeil blanc aveugle, sans paupières et sans cils, immobile dans le ciel désert de notre conscience.
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Le parler des Livournais, large, cadencé, sonore, à la fois violent et doux, me semblait naître de l'ivresse d'un sang trop vif et trop riche. Les mots sortaient de leur bouche déjà tout faits, ronds, replets; on sentait qu'ils éprouvaient du plaisir à les prononcer, à leur donner cet accent, cette cadence, cette force. C'étaient des mots en forme de jeunes seins, de fruits mûrs et pulpeux, pêches, abricots, prunes, tomates, et ils devaient laisser au palais un parfum fort et suave. C'était peut-être le suc de ces mots qui teignait en vermeil leurs lèvres charnues. Si je fermais les yeux en les écoutant, il me semblait que je voyais jaillir de leur bouche, comme d'une corne d'abondance, un fleuve de beaux fruits mûrs; j'en goûtais moi aussi la saveur chaude et parfumée, et je pensais que la langue toscane, si noble et si maigre, prenait avec cette prononciation riche, grasse, avec cet accent chantant, avec cette cadence joyeuse, un ton cossu, presque oriental. J'imaginais Livourne comme une ville opulente, aux rues très larges, aux palais somptueux, penchée sur une mer dense, d'un azur sanglant, où les crépuscules jetaient un reflet de vigne, de jardin, de verger, le reflet d'un été d'or, d'un automne chargé de dons.
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