Citations de Franz-Olivier Giesbert (960)
Les grands destins historiques sont le fruit du hasard, de la nécessité, des circonstances. Quant à la politique, elle obéit, quoi que l’on dise, aux lois du marché: il n’y a pas d’offre qui tienne s’il n’y a pas de demande. En démocratie, même si les élus cherchent plus ou moins à le berner, l’électeur est toujours roi. Fils de la haine, du désespoir, de l’humiliation, Hitler était arrivé au bon moment.
Je suis bien contente que l'Histoire soit partie, elle a fait assez de dégâts comme ça. Mais je sais bien qu'elle va revenir, je le sens dans l'électricité de l'air et le regard noir des gens. C'est le destin de l'espèce humaine que de laisser la bêtise et la haine mener ses pas au-dessus des charniers que les générations d'avant n'ont cessé de remplir.
L'avantage avec les livres, de nos jours, c'est qu'ils ne seront jamais volés. Je croyais même qu'ils dissuaderaient les malfaiteurs et que leur abondance, à Mérindol, me prémunirait contre les cambriolages qui, du temps de ma mère, ne cessaient pas.
Les bêtes de boucherie ont les mêmes yeux que nous devant la mort.
Sur quoi, Napoléon s'éloigna avec Cambronne qui revint, quelque temps après, me remettre un mot de sa part :
"Je suis heureux de vous voire ce soir. Je me contenteré d'un baisé.
Napoléon."
Je regrette d'avoir perdu ces lignes qui vaudraient cher aujourd'hui. Elles auraient fait taire la puissante confrérie des amis de Napoléon qui ne manquera pas de me tomber dessus en prétendant, contre toute évidence, que l'orthographe de l'Empereur n'était pas aussi déplorable, alors qu'il avait celle d'un enfant de sept ans, et je suis gentille, écrivant et parlant un improbable patagon. Pourquoi faudrait-il que les génies fussent toujours parfaits ?
Nous sommes tous des poussières d'étoiles. On prend toutes sortes de formes, des airs importants et des chemins variés, mais on reste un petit tas d'acides aminés qui pantelle dans l'infini.
Aux États -Unis , la vie lui parait plus que jamais ´ matérialiste , laide et vide ´. Qu'on lui ouvre la porte de la cage , conclut- il , et il s'envolera tout de suite .
Il ment . Papa est quelqu'un que les pesanteurs du monde retiendront toujours au sol . Il ne peut vivre que dans une cage . C'est son excuse pour ne pas s'envoler .
C'était un grand garçon avec un visage ouvert, des cheveux blonds, des taches de rousseur et les yeux si bleus qu'on croyait voir le ciel au fond. tout le monde disait qu'il était beau. Moi, je ne comprends pas comment on peut être beau quand on a l'air bête.
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Il faut aller tout de suite à l'essentiel. Souvent les détails empêchent de le voir.
... les révolutions profitent toujours aux pires, aux débiles, aux extrémistes. Elles dévorent les gens raisonnables.
Pétrissez, moulez, cuisez, l’amour se faufile, se coule, s’incruste. L’amour et le pain, surtout s’il est chaud, sont consubstantiels ; ils se font la courte-échelle, exaltent la même griserie, vous élèvent au-dessus de vous-même. Il y a beaucoup de boulanger qui finissent pompettes - je ne plaisante pas - à force de respirer l’arôme enivrant des miches et des brioches. Observez-les titubant à la tombée du soir, quand ils se glissent, pour quelques heures, entre leurs draps.
Les humains sont comme les bêtes d’abattoirs. Ils vont à leur destin, les yeux baissés, sans jamais regarder devant ni derrière eux. Ils ne savent pas ce qui les attend, ils ne veulent pas savoir, alors que rien ne serait plus facile : l’avenir, c’est un renvoi, un hoquet, une aigreur, parfois le vomi du passé.
On ne connait rien à l'amour si on est pas capable d'avoir des conversations futiles sur les qualités et les défauts de tels pains, biscottes, gâteaux.
Plus on est ignorant, moins on est modeste.
Hitler était foldingue et on était en droit de se demander s'il n'avait pas été envoyé sur terre par le Diable pour détruire l'Allemagne de Nietzsche, de Brahms et d'Hegel comme semblait l'attester son haleine satanique, à faire tomber dans les pommes.
« J’ai sympathisé avec lui pendant la Première Guerre, repondit Karl. Ensuite, tout en reconnaissant son talent oratoire, son éloquence quasi mystique, je l’ai toujours sous-estimé. D’abord, j’ai pensé qu’il était trop bête pour arriver au pouvoir. Ensuite, que son programme était trop bête pour qu’il cherche à l’appliquer. On ne se méfie jamais assez des imbéciles. On ne les voit pas venir. Ils ne ressemblent à rien. C’est ce qui les distingue. »
[Seconde guerre mondiale]
Pour un Camus qui a vraiment résisté, combien de Sartre ou de Gide qui se sont pris pour le vent mais n’étaient que la girouette.
L’institut néerlandais Clingendael, spécialisé dans les relations internationales, a chiffré à 231 millions le nombre de morts provoqués par les conflits, les guerres et les génocides de ce XXe siècle qui n’a cessé de repousser les limites de l’abjection.
Quelle est l’espèce animale qui s’entretue à ce point, avec autant de férocité ? En tout cas, ni les singes ni les cochons dont nous sommes si proches, pas davantage les dauphins ni les éléphants. Même les fourmis sont plus humaines que nous.
L’avenir, c’est du passé qui recommence. Le monde a toujours besoin de boucheries, pour réguler l’espèce. Il mouline sans arrêt les mêmes vanités. Rien ne change donc jamais, ici-bas. Sauf qu’il y a de moins en moins de curés et qu’il faut de plus en plus de gendarmes.
Qui peut soutenir le regard, fut-il débonnaire, de celui qui connait vos secrets, vos turpitudes.