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Critiques de Henrik Ibsen (199)
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Une maison de poupée

Une Maison de Poupée est de celles qui font date. Pourquoi ?

Parce qu'Henrik Ibsen installe avec cette pièce un théâtre qui annonce grandement Tchekhov, mais surtout, il envoie en pleine face une véritable bombe dans les convenances sociales de son époque.



Car, oui, c'est un grand artisan de la cause féministe, qu'il convient de saluer comme il se doit et de remercier, pour cette brèche, pour cette porte, qu'à sa façon, en 1879, il a essayé d'ouvrir, et qui ne trouvera la pleine ouverture qu'un siècle plus tard, avec la première grande poussée de libération sociale des femmes dans les années 1960-70.



Une ambiance à la Tchekhov, une tension qui monte, qui monte, qui monte, un fil qui s'étire dangereusement jusqu'à nous éclater au visage au moment voulu. Nora est une femme ordinaire de la petite bourgeoisie, appelée à devenir moyenne ou grande, suite à l'obtention d'un poste en vue dans une banque par son mari Torvald HELMER. Ceci fait suite à une période de vache maigre, où le couple a dû faire face à de relativement grandes privations financières.



Mais tout va bien, tout va mieux car Torvald a repris les rênes : il est désormais en mesure de pouvoir — très prochainement — assurer une opulence budgétaire à sa femme et à leurs trois enfants. Ainsi, Nora ne sera plus obligée de travailler en cachette pour sauver les apparences.



Car Torvald met un point d'honneur à faire vivre son foyer, à épargner sa petite femme, celle qu'il attend toujours dans le rôle qu'il lui donne, c'est-à-dire, d'être belle, de bonne humeur, toujours là où on l'attend, et de bien s'occuper des enfants... enfin, vous voyez le genre, n'est-ce pas ?



Seulement voilà, il y a un hic. Torvald s'était tellement surmené, il y a quelque temps, que sa santé fut en question et que les médecins avaient alors intimé l'ordre à Nora de lui faire faire un séjour thérapeutique de plusieurs mois en Italie, auprès des influences bienfaisantes de la Méditerranée...



Grand bain... euh non, grand bien lui fit et tout retrouva un cours satisfaisant, la preuve… mais, mais… au fait, j'y pense, j'y pense… d'où venait-il cet argent pour la cure en Italie ?...



Ah ! Je m'en voudrais de vous le faire savoir ici, mais sachez seulement qu'il est plus ou moins question de chantage, et que l'enjeu est le dévoilement du pot aux roses par Torvald, qui, lui, ignore tout des manigances de ce financement.



Et quel impact pourrait avoir la divulgation de cette nouvelle sur le tout nouveau personnage à responsabilités de la banque ? Que fera Torvald ? Et surtout, que fera Nora ? Quel déclic ? Quelle rupture cela engendrera-t-il, en elle, en eux, en tous ?



Ah ! Ah ! Voici du grand, grand art Monsieur Ibsen, et j'en redemande, moi, du comme ça. Et l'on comprend aisément que cette pièce en trois actes ait été inscrite au registre international " Mémoire du Monde " par l'UNESCO.



Bref, un incontournable pour toutes celles et tous ceux que la cause des femmes — et l'implication sociétale qui en découle — intéresse et/ou interpelle, ainsi que pour les fervents amateurs de très bon théâtre, indépendamment de ces questions. du moins, c'est mon avis, un avis de poupée, c'est-à-dire, pas grand-chose.



N. B. : on oublie aujourd'hui la vogue phénoménale qu'il y eut à un moment pour les maisons de poupées, qui n'était pas, loin s'en faut, réservées aux petites filles, mais plutôt bel et bien aux femmes adultes de la très bonne société à l'époque victorienne, dans et en dehors du royaume de Grande-Bretagne.
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Un Ennemi du Peuple

Un Ennemi Du Peuple est un drame social de l'auteur norvégien Henrik Ibsen, une nouvelle fois visionnaire, après sa très remarquée et remarquable Maison De Poupée. Ici, il n’est plus question de la position de la femme dans la cellule familiale mais d’un sujet d’une actualité encore plus brûlante de nos jours.



Henrik Ibsen nous parle de santé publique, de pollution et des fameuses décisions cornéliennes écologie vs. économie. Osera-t-on aborder la question de la santé publique s’il y a des millions en jeu ? S’il y a toute une économie et des emplois locaux sur la sellette ? Que dira-t-on de celui qui dénoncera le scandale sanitaire ? Est-ce un bienfaiteur ou… un ennemi du peuple ?



Tomas Stockmann est un médecin apprécié et respecté dans sa petite ville natale. C’est même lui qui est à l’origine de la création d’un établissement thermal auquel personne ne croyait lorsqu’il en a émis l’idée et qui pourtant, désormais, assure la prospérité de la bourgade, directement ou indirectement, par les retombées immobilières, notamment.



Le projet d’établissement thermal proposant des bains pour les curistes ne fut entériné que lorsque les décideurs locaux se furent appropriés le projet et virent leur intérêt propre. À la tête de l’établissement, on retrouve tout le gratin du panier de crabes politique de la ville parmi lesquels on compte le juge Peter Stockmann, le propre frère du docteur mais qui ne partage pas du tout les mêmes visions de l’intérêt général que lui.



À telle enseigne que Tomas Stockmann est relégué au simple rang de médecin de l’établissement et soumis à la tutelle décisionnaire de son frère. Le docteur est opposé aux économies qui ont été faites sur la longueur des canalisations pour le captage de l’eau thermale qui, selon lui, est fortement polluée par les rejets toxiques des tanneries situées en amont. Lui préconise un captage plus distant qui garantirait la salubrité de l’eau et des soins prodigués au sein de la station thermale. Mais ces travaux ont évidemment un coût…



Après une période de flottement (sans jeu de mots), l’établissement commence à dégager des bénéfices et les curistes arrivent de plus en plus nombreux mais le docteur a remarqué des cas de dysenterie anormaux et a donc pris l’initiative de faire analyser précisément l’eau des thermes. Lorsqu’il reçoit les résultats, ses soupçons sont largement confirmés et il escompte bien en informer la population par le biais du journal local dont les rédacteurs voient d’un bon œil le fait de mettre quelques coups de pieds aux fesses de la clique dirigeante et de la pousser adroitement vers la sortie mais…



… mais le reste, c’est à vous de le découvrir. D’après moi, encore une excellente pièce d’Ibsen où le personnage du docteur Stockmann n’est pas sans rappeler son propre personnage et les propres déconvenues de l'auteur vis-à-vis de la critique suite à ses prises de position courageuses dans ses précédentes pièces.



De plus, Henrik Ibsen émet une idée qui peut paraître surprenante sous sa plume, celle que l’opinion de la majorité n’est pas forcément la plus légitime car intéressée et émanation de l'individu " moyen " voire " très, très moyen ". On peut évidemment ne pas être d'accord avec cette vision mais cela a le mérite de nous faire réfléchir et de nous mettre en perspective, nous autres dans nos propres vies et dans ce que nous vivons, par rapport aux situations décrites dans cette pièce.



Il aborde aussi la pusillanimité des masses et les retournements de veste comme il arrive à chaque coup dur ou à chaque fois qu'il y a quelque chose à gagner ou à perdre. En somme, un drame social en cinq actes de très bonne facture, peut-être un peu plus cérébral que scénique, d’où mes quatre étoiles et non cinq, mais c’est là une vision éminemment subjective, qui plus est, émanant d’une ennemie du peuple, c’est-à-dire, bien peu de chose.
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Une maison de poupée

Le dramaturge norvégien, mort à Christiana (future Oslo), reste l’une des fécondes figures de la modernité qui métamorphose le théâtre de la fin du XIXème siècle.



Comme Strindberg ou Tchekhov, il se passionne pour les drames privés, domestiques et quotidiens, terres de grande fertilité romanesque et psychologique.



« Krogstad.  Les lois ne tiennent pas compte des mobiles.

Nora. Mais alors les lois sont mauvaises. »



Dans « Une maison de poupée », inscrite au registre de la « Mémoire du monde » de l’UNESCO, Henrik Ibsen prend fait et cause pour l’émancipation de la femme et l'égalité des sexes, pour laquelle beaucoup a été fait et tant reste encore à faire.



« Toi et papa vous avez été bien coupables envers moi. C’est vous qui êtes responsables que je ne sois bonne à rien (…) j’ai été grande poupée chez toi, comme j’avais été petite poupée chez papa. » L’oppression que subit Nora, l’épouse d’Helmer, n’est pas faite d’humiliations perverses, de violences physiques, elle est plus insidieuse et dans le même temps plus systémique. Il est question du statut de « poupée » de Nora c’est une métaphore de son incapacité juridique. Elle est traitée comme un agrément, dont le rôle est de divertir, d’élever les enfants, de recevoir les invités du couple, elle doit penser comme son époux, avoir ses goûts.



« Nora. Mes devoirs envers moi-même.

Helmer. Avant tout, tu es épouse et mère.

Nora. Je crois que je suis avant tout un être humain, avec les mêmes droits que toi. »



« Mais c’était bien amusant de travailler pour gagner de l’argent. Il me semblait presque que j’étais un homme. » Culturellement, l’homme est, à l’époque, celui qui subvient aux besoins du ménage, celui qui protège et lorsque Nora inverse les rôles dans un acte d’amour, pour protéger son mari, elle prend conscience de l’envergure de son humanité en dehors de son ménage. Des risques et responsabilités qu’il lui faut assumer et des ressources qu’elle a en elle pour y faire face, en toute autonomie. Bref la liberté. Pas de retour en arrière possible.



Il ne faut pourtant pas idéaliser la vie des hommes, et celle des femmes qui travailleront désormais toujours plus à l’extérieur : « il faut que je travaille pour supporter l’existence (…) quand on ne pense qu’à soi, cela détruit tout l’attrait du travail » dit l’un des personnages féminin de la pièce, laissant entendre que le travail est à la fois une béquille dans la solitude mais que cette solitude détruit tout l’attrait du travail dans le même temps. Quitter les fourneaux pour le bureau serait-il passer d’une aliénation l’autre ? Ce qui n’est pas sans rappeler le mot provocant de Marguerite Yourcenar, pour qui le fait d’avaler un café à sept heures du matin et se précipiter au bureau pour faire carrière était une idée de la libération des femmes qui la laissait “froide”.



Au temps d’Ibsen, une femme doit être un faire-valoir pour son époux, le suivre dans ses choix, le défendre dans ses turpitudes, s’oublier, elle n’a pas « d’égo », elle n’est qu’une « alouette » faite pour danser la tarentelle et faire choisir ses robes de bal à son époux. Ce sacrifice silencieux, entendu, des femmes, Nora l’aurait voulu pour elle, de la part de son mari :



« Helmer. Il n’y a personne qui offre son honneur pour l’être qu’il aime.

Nora. Des milliers de femmes l’on fait. »



Qu’en pensez-vous ?
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Une maison de poupée

L'édition d'Une maison de poupée, du Livre de poche, comporte une longue introduction du traducteur. Ce préambule m'a été précieux pour appréhender un grand auteur dont j'ignorais tout.

La pièce est assez courte, mais riche. Les femmes, et en particulier Nora le personnage principal, sont au devant de la scène.

Ibsen propose une vision très avant-gardiste pour l'époque, du rôle et de la place de la femme dans une société bourgeoise et conformiste.

Qu'importe si le trait peut paraître parfois forcé, puisqu'il est au service de la grande cause féministe et qu'il bouscule les conventions séculaires.

On est au théâtre, que diable, et la voix doit porter!

Pour cela, deux personnages masculins sur trois se révèlent vils, lâches et décevants. Helmer, l'époux de Nora, reste l'homme de la pièce le plus marquant... Pas foncièrement mauvais, mais prisonnier d'un carcan de conventions et de préjugés qu'il paiera cher puisque Nora le quittera!

Une action inouïe, qui contraindra Ibsen à modifier la fin de Une maison de poupée pour sa représentation en Allemagne, tant elle heurte la morale de cette fin du 19e siècle.

Une Maison de poupée, c'est le coup de griffe dans le contrat établi entre le mari et son épouse et leurs rôles inégalitaires. C'est aussi un plaidoyer pour une parole et une communication sérieuse entre les époux... Communication trop tardive et qui ne saura changer la décision irrévocable de Nora.

Voilà. Une belle lecture qui enjoint à voir la pièce avec comédiens et décor pour donner vie et chair aux personnages.
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Théâtre

Un cadeau d'anniversaire, reçu il y a bien longtemps, un de mes premiers livres de la bibliothèque de La Pléiade. Que dire ? Le théâtre d'Ibsen n'est peut être plus assez lu de nos jours, et c'est fort dommage, car c'est un dramaturge moderne qui sonde admirablement l'âme humaine et qui restitue les couleurs du Nord avec force et nuances.



Ce volume contient, dans l'ordre :

*Les prétendants à la Couronne

*Brand

*Peer Gynt

*La ligue des jeunes

*Empereur et Galiléen

*Les soutiens de la société

*Une maison de poupée

*Les revenants

*Un ennemi du peuple

*La cane sauvage

*Rosmersholm

*La dame de la mer

*Hedda Gabler

*Solness le Constructeur

*Petit Eyolf

*John Gabriel Borkman

*Quand nous ressusciterons

ainsi que des lettres, notes, ébauches et un riche appareil critique.

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Une maison de poupée

Un ouvrage que j'ai trouvé dans la médiathèque lors de mes déambulations dans le rayonnage "théâtre" car, je l'avoue, étant donné que j'en fais moi-même depuis peu, j'ai décidé de me nourrir de cette chose délicieuse que l'on appelle lecture de pièces de théâtre. Même s'il est vrai que celles-ci sont plutôt faites pour être vues, ou du moins entendues, leur lecture n'en est pas moins négligeable.



Ici, le lecteur fait la connaissance d'une jeune mère de famille, Nora, mariée à un influent avocat qui vient de se voir offrir le poste de directeur de banque. Nora est considérée par son mari, tantôt comme un oiseau fragile qu'il faut sans cesse conseiller, tantôt (et cela, elle le dit elle-même, comme une poupée dont il faut sans cesse s'occuper car incapable de prendre de justes décisions par elle-même). Mais l'image que s'en fait est tout autre. Elle ne veut plus être Nora l'épouse ou encore Nora la mère mais seulement Nora, un être humain comme les autres, capable de réflexion, de prises de décisions et surtout dotée de sentiments. Les retrouvailles avec sa vieille amie d'enfance, Kristine Linde, qui semble si épanouie dans sa vie, ne dépendant d'aucun homme (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle cherche du travail afin de pouvoir se suffire à elle-même) vont jouer un rôle important dans la prise de conscience de Nora sur le rôle qu'elle joue exactement dans cette maison. Cette dernière ne sera cependant pas le seul facteur déclenchant de cette révélation. Il y a autre chose, quelque chose de bien plus grave (du moins est-ce grave aux yeux de son mari), un homme dont je ne vous révélerai pas l'identité ici ni ne vous dirai quelle rôle il a joué dans cette affaire qui va largement influencer la terrible décision que Nora va être amené à prendre...



J'espère avoir assez éveillé votre curiosité car je ne peux que vous recommander cette lecture dans laquelle le rôle de la femme dans la société est abordé mais aussi d'autres tels que l'argent ou encore l'identité. Un ouvrage qui, à mon avis, aborde donc des sujets intemporels et qui est loin d'être dépassé. Un très beau style d'écriture avec des personnages attachants. A découvrir !
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Le canard sauvage

Ecrite en 1884, cette courte pièce théâtre en cinq actes pourrait se dérouler n'importe où et n'importe quand…



J'ai été bluffée par la richesse et la profondeur de sa simplicité … apparente. Apparente, car elle peut s'interpréter de bien des façons. Si j'osais, je la rapprocherais de certaines peintures de Magritte.



Au début de ma lecture, j'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'une critique sociale sur les compromissions de la bourgeoisie à travers les relations de deux familles autrefois associées et dont l'une est tombée dans la misère. Et sans doute, c'en est une. Mais le Canard sauvage est, selon moi, avant tout une allégorie du pouvoir de l'illusion, du « mensonge vital », ce besoin viscéral de l'homme de façonner la réalité pour la rendre supportable ou, en d'autres termes, de l'immanence d'un idéal en lutte perpétuel avec la réalité de la vie et ses petits (ou grands) compromis.



« Si vous privez un homme simple de son mensonge vital, vous lui enlevez en même temps son bonheur ».



Toute vérité est-elle bonne à dire ? Que se passerait-il si un grain de sable venait perturber le fragile équilibre entre idéal et réalité ?



D'une certaine façon, Henrik Ibsen fait du mensonge une vérité.



La tragédie qui se met en place est assez prévisible mais la manière dont l'auteur l'aborde fait froid dans le dos. de manière anodine, il met en évidence la cruauté ordinaire qui s'instaure au nom d'un idéal, celle dont les protagonistes n'ont pas même conscience tant ils sont empêtrés (ou formatés) dans leurs convictions alors même que chacun d'entre eux, à sa manière et en toute candeur, si je puis dire, s'illusionnent, transigent avec la réalité. Même le docteur Relling, au cynisme mordant et fervent opposant aux idéaux, participe à l'illusion. Même Grégoire, dans sa quête absolue d'un idéal qui refuse de transiger avec la vérité. Et que dire d'Hialmar, de sa femme Gina, du vieil Ekdal, de Werlé père ? C'est un jeu d'ombres et de lumières complexe. Enfin, surtout un jeu d'ombres. Parfois à la limite de la caricature. J'ai souvent dû avoir la mâchoire inférieure qui tombe à terre pendant ma lecture !



En bref, j'ai adoré cette pièce au rythme alerte, truffée de dualités, de nuances, de symboles. C'est une approche très pessimiste et désabusée de l'idéal, une vision parfois presque corrompue, aux multiples excavations. Elle aborde également le poids de l'héritage du passé dans le présent, la cohabitation délicate entre l'imaginaire et le réalisme. Eh bien, il ne me reste plus qu'à regarder l'adaptation mise en scène par Stéphane Braunschweig que je viens de dénicher. Je suis curieuse de voir comment il l'a adaptée.

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Une maison de poupée

Nora poursuit l'idée d'une relation équilibrée avec son mari alors que celui-ci, très conventionnel dans sa façon de protéger son épouse et de penser pour elle, lui dénie toute indépendance et la réduit au rôle d'une poupée, d'une femme-objet. Ce que Nora accepte puis refuse en partant.



Bien qu'Henrik Ibsen ait nié être un défenseur de la cause féministe, dans Une Maison de poupée comme ailleurs dans ses oeuvres, l'idée de l'indépendance de la femme qu'il défend va dans le sens de celle des féministes. Une idée que les femmes, pour vivre pour elles-mêmes, doivent combattre les idées reçues et se libérer du joug masculin, même au prix du sacrifice de leur famille.



Une magnifique leçon, dispensée utilement par l'auteur norvégien, qui est toujours d'actualité malgré le travail libérateur de la femme.



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Une maison de poupée

Quoi de plus agréable lorsqu'on veut s'immerger dans l'atmosphère d'une pièce de théâtre vivante, intelligente, "engagée" et divertissante que de s'adresser à Henrik Ibsen, dramaturge norvégien du XIXème siècle, lequel réunit toutes les qualités énoncées précédemment... et d'autres encore, dans une pièce en trois actes dans laquelle se côtoient harmonieusement romantisme, réalisme et symbolisme ?

Pour parler de - Une maison de poupée -, il est souhaitable de connaître quelques éléments de la biographie de son auteur.

Ce Norvégien qui n'a pas obtenu ses galons sans avoir à franchir de nombreux obstacles, a connu l'insuccès, le doute, l'échec, le manque d'argent, l'exil, avant que grâce à l'influence constante, stimulante et persuasive de son épouse, son talent encouragé ne fasse de lui un dramaturge de renommée internationale et un des piliers de la "restauration littéraire" norvégienne plongée depuis plusieurs décennies dans un confort stagnant et réfractaire à la remise en question et au consentement à entamer sa révolution copernicienne.

La genèse de cette pièce s'inscrit dans la biographie d'Henrik Ibsen et de Suzannah Ibsen son épouse.

C'est sa femme qui, en effet, lit en 1869 le livre de John Stuart Mill - De l'assujettissement des femmes -, qui vient de paraître, et en parle à son époux avec enthousiasme et persuasion.

Dans cet ouvrage, le philosophe britannique défend la thèse selon laquelle « Le principe qui régit les relations sociales entre les deux sexes - la subordination légale d'un sexe à l'autre - est mauvais en soi et constitue l'un des obstacles principaux à l'amélioration du genre humain. » Mill est un défenseur de l'émancipation des femmes et milite pour leur droit au suffrage.

Concomitament, les Ibsen ont une amie, l'écrivaine norvégienne Laura Petersen qui, mariée à un professeur danois victime d'une grave pathologie pulmonaire pour lequel elle emprunte à l'insu de ce dernier une forte somme d'argent afin qu'il puisse être soigné, et rédige une fausse lettre de change. Lorsque son mari l'apprend, il fait enfermer sa femme pour instabilité psychique.

Voici deux des éléments à l'origine de la pièce.

Ibsen faisant le constat qu' « une femme ne peut pas être elle-même dans la société contemporaine, c'est une société d'hommes avec des lois écrites par les hommes, dont les conseillers et les juges évaluent le comportement féminin à partir d'un point de vue masculin », il écrit - La maison de poupée -



La pièce se déroule donc en trois actes et a pour cadre et décor l'appartement des Helmer.

Dans ce salon va se jouer un drame qui va impliquer Helmer, avocat récemment promu directeur de sa banque, époux de Nora, très belle jeune femme, mère de trois jeunes enfants, le docteur Rank, ami d'enfance d'Helmer, et secrètement amoureux de la femme de son ami, Madame Linde, veuve et amie de Nora, Krogstad, un avoué véreux, usurier et ma^tre chanteur à ses heures, la bonne des Helmer ainsi qu'Anne-Marie, nourrice des enfants.

Nous sommes à la veille de Noël.

Nora rentre à la maison. Cette année, elle a pu faire de plus nombreux et plus jolis cadeaux à sa famille ; la promotion de son mari a donné une aisance au couple... qui en avait besoin.

Helmer surveille cependant le rapport de sa femme à l'argent, sa femme ( son alouette, son étourneau, son écureuil ) qu'il juge dispendieuse.

Pendant que Helmer planche, en tant que nouveau directeur de la banque, sur la "restructuration" ( terminologie au goût du jour ) du personnel, Nora reçoit la visite inattendue de Madame Linde, une vieille amie qu'elle n'a pas revue depuis dix ans.

Les deux femmes se confient sur ce "gap" temporel durant lequel...

Nora a dû, pour faire face à la maladie de son mari atteint d'une grave infection des bronches, emprunter, sans l'assentiment de ce dernier, une forte somme d'argent assortie de lourds intérêts, et ce faisant commettre un faux en écriture pour satisfaire à l'exigence d'une "caution" ( autre terminologie contemporaine ) pour pouvoir valider le prêt. Elle est confiante... elle est en passe de pouvoir rembourser très vite l'emprunt en question...

Madame Hilde s'inquiète de la situation "délicate" dans laquelle son amie s'est mise...

Elle, est veuve depuis peu et est venue en ville à la recherche d'un toit et d'un emploi.

Elle demande à Nora d'intercéder pour elle auprès d'Helmer.

Celui-ci accepte, engage Madame Hilde au détriment de Krogstad qui se voit licencié.

Fou de rage, celui qui est l'usurier de Nora vient la faire chanter. Il exige le remboursement du reste de l'emprunt avant terme et menace de révéler le faux en écriture passible de justice.

Nora ne sachant que faire demande l'aide de Madame Hilde dont naguère Krogstad fut follement amoureux.

Hélas, l'usurier persiste dans ses menaces.

Elle voit une dernière bouée de secours en la personne du docteur Rank... avant qu'elle ne puisse lui expliquer de quoi il retourne, Rank lui confesse l'aimer en secret depuis toujours.

Face à cet aveu Nora renonce à faire appel à lui.

La situation lui échappe, elle semble être perdue.

Le couple est invité à une soirée dansante chez les voisins du dessus, des notables influents.

Nora costumée doit y danser la tarentelle.

Dernière soirée de fête avant...

À vous la suite...



La pièce qui maîtrise tous les ressorts d'unité de lieu, de temps, ceux plus subtils à faire coexister que sont le romantisme, le réalisme et le symbolisme est un modèle parfait d'oeuvre théâtrale huilée, réglée comme un coucou suisse.

Les situations s'intriquent parfaitement les unes dans les autres, les dialogues ne souffrent d'aucune maladresse, incohérence, invraissemblance, exagération, théâtralisation, dramatisation.... Ils sont parfaitement adaptés tant du point de vue de la respiration de la pièce, de son souffle, de son rythme, de sa tonalité et du circonstanciel. La pièce d'Ibsen est un pur tableau vivant réalisé par un Maître.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si elle est inscrite au registre international Mémoire de l'UNESCO.

Ces quelques passages pour illustrer le propos d'Ibsen sur la condition féminine.

- HELMER. Nora, Nora, on voit bien que tu es une femme ! Mais soyons sérieux, Nora ; tu sais ce que je pense de ces choses. Pas de dettes ! Jamais d'emprunts !

- Nora. Bon, bon, comme tu veux, Torvald.

- HELMER. Allons, allons, il ne faut pas pour cela que la petite alouette laisse pendre ses ailes. Comment T L'écureuil est en train de bouder ? ( Il sort son porte-monnaie ) Nora, qu'est-ce que j'ai là-dedans à ton avis ?

- NORA. ( Elle se retourne brusquement ). De l'argent !

Dans ce court extrait Ibsen croque bien la relation de dominant-dominée entre Helmer dans "l'essentialisation" qui mène à la domination, à la dépendance et à l'infantilisation de Nora réduite à son genre et aux injonctions sociales et sociétales qu'elles induisent. Et Nora qui, apparemment, respecte les codes imposés.



Autre cliché réducteur auquel est associé la femme.

- HELMER. Oh ! si tu savais, j'ai eu suffisamment l'occasion de m'en rendre compte comme avocat. Presque tous ceux qui ont mené de bonne heure une existence dépravée ont eu une mère qui mentait.

- NORA. Pourquoi justement... les mères ?

- HELMER.Cela vient la plupart du temps des mères...



Réquisitoire sans concessions de Nora contre le patriarcat, Nora en voie d'émancipation.

- NORA. C'est pourtant vrai, Torvald. Lorsque j'habitais avec papa, il m'exposait toutes ses idées, et j'avais les mêmes idées que lui. Et si j'en avais d'autres, je les gardais pour moi, parce qu'il n'aurait pas aimé cela. Il m'appelait sa petite poupée, et il jouait avec moi comme je jouais avec mes poupées. Et puis je suis entrée dans ta maison...

- HELMER. En voilà une expression pour parler de notre mariage !

- NORA. ( Imperturbable ). Je veux dire que j'ai quitté les mains de papa pour passer dans les tiennes... Toi et papa, vous portez une lourde responsabilité à mon égard. C'est votre faute s'il n'est rien sorti de moi.

- HELMER. Comment, tu n'as pas été heureuse ?

- NORA. Non, j'ai été gaie. Et tu as toujours été très gentil avec moi. Mais notre foyer n'a pas été autre chose qu'une salle de jeux. Ici, chez toi, j'ai été femme-poupée, comme j'étais la petite poupée de papa, quand j'habitais chez lui. Et les enfants, à leur tour, ont été des poupées pour moi. Je trouvais dela amusant quand tu me prenais pour jouer avec moi, de même qu'ils trouvaient cela amusant quand je les prenais et que je jouais avec eux. Voilà ce qu'a été notre mariage, Torvald.



J'ai parlé de syncrétisme de genres harmonieux entre le romantisme, le réalisme et le symbolisme.

Trois exemples que vous retrouverez en (re)-lisant la pièce.

L'amour secret qui consume le pauvre docteur Rank... et l'utilisation comme procédé littéraire d'Ibsen du feu, de la flamme, de la fumée de l'allumette et du cigare (scène entre Nora et Rank ).

L'apothéose étant la fameuse "tarentelle" que doit danser et danse Nora, tarentelle dont elle espère que surgira "le prodige" espéré...

Lorsque Nora a fait appel à l'argent de Krostad, c'était pour emmener Helmer se soigner en Italie où, grâce à l'emprunt contracté par sa femme, le malade a pu séjourner un an au bord de la Méditerranée et guérir.

C'est là qu'ils ont fait connaissance de la tarentelle...

"La tarentelle est une danse italienne dont le nom est en rapport avec la tarentule, une araignée de la région de Tarente, dont la morsure peut entraîner la folie, quand elle ne provoque pas la mort. Une croyance populaire voulait qu'on ait quelque chance d'en guérir si l'on se livrait à une danse effrénée."

Ibsen qui a vécu longtemps en Italie a utilisé cette légende comme procédé théâtral d'une grande efficacité dramatique et symbolique dans sa pièce... dont je réalise que j'ai tant dit à son propos que je ne suis plus vraiment sûr de rendre une copie autre que brouillonne.

Tant pis !

Le troisième exemple était d'ordre lexical. Helmer appelle Nora "son étourneau"... dont la symbolique liée à l'écervelée, celle qui est sans cervelle, sans jugement, n'aura échappé à personne...

- Une maison de poupée - appartient à ces oeuvres qu'on qualifie d'incontournables... à raison !
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Une maison de poupée

Etonnante Nora ! Qui eut cru que cet oisillon frivole, cette jolie perruche écervelée recelait autant de farouche détermination, de courage et de convictions ?

Des femmes fortes et capables de se lever contre les diktats de leur temps, j’en ai vu pas mal dans la littérature du 19ème, mais j’avoue que celle-là m’a bluffée.

Il est vrai que le format de la tragédie de cette pièce s’y prête, avec cette construction qui s’ouvre sur un babillage bourgeois dont on se demande où il veut nous mener, qui se noircit peu à peu avec l’apparition de personnages troubles et l’étau qui se resserre inexorablement autour d’une Nora de plus en plus ambivalente, jusqu’à la scène finale d’une tension libératrice, laissant sur un claquement de porte le mari comme un ridicule pantin désarticulé.

Les portes qui claquent sont fréquentes au théâtre, mais on comprend que le retentissement de celle-ci ait durablement secoué son époque : une femme a dit « non », Messieurs !

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Hedda Gabler

Ibsen s’ingénie comme personne à exposer les tensions interpersonnelles que peuvent causer la vacuité d’une intériorité.

Toute la consistance dramatique de la pièce, tout son dynamisme, comme pour la logique hégélienne, provient d’un néant précisément déterminé, d’un être vide.

Tout explosera de manière imminente lorsqu’un être, gonflé à bloc d’ennui, qui persiste, par une lâche et insensible indolence à sa divertir, se met à extérioriser apathiquement son désarrois. Dès lors, la souffrance guette, imminente, l’instant de tout abolir…

Une grande pièce qui vaut vraiment le détour.

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Une maison de poupée

« Nous sommes en 1879 et quelque part dans le monde, un homme a compris une chose importante : nouer une relation en ayant des idées toutes faites sur le rôle des deux partenaires selon leur genre entraîne l’échec de cette relation.



-Eeeuh, Déidamie ? C’est pas un peu tôt pour la placer, celle-là ?



-Ah oui, pardon. Bonjour les Babélionautes ! Aujourd’hui, on va faire du théâtre avec Une maison de poupées, signée Henrik Ibsen. Et pas n’importe quel théâtre ! Du théâtre féministe !



Or donc Nora est heureuse en mariage et en famille. Son époux obtient un avancement important, la petite famille va désormais vivre dans l’aisance ! Hélas, un sombre personnage entre en scène pour faire chanter la jeune mère avec un Terrible Secret… Comment Nora va-t-elle se sortir de cette situation ?



-Féministe, mon œil ! Nora est un ramassis de clichés. Elle est superficielle, vénale, vaniteuse, imbue d’elle-même… elle ne pense qu’à l’argent sans être capable de le gérer. Niveau stéréotype, ça se pose là !



-Tu as tout à fait raison… si ce n’est que les apparences sont trompeuses. Nora se révèle bien moins bête par la suite. A vrai dire, elle m’a agacée, oui, mais j’ai trouvé intéressant la façon dont l’auteur va révéler petit à petit son véritable caractère : celui d’une héroïne capable de se sacrifier pour ceux qu’elle aime et de prendre tous les risques.



-Et voilà ! Je le savais !



-Quoi ?



-Encore une fois le cliché de la Femme dévouée et héroïque, pleine du courage que lui inspire l’Amour pour un homme et pour ses enfants ! Moi, je trouve pas ça féministe !



-Bon. Je vais m’y prendre autrement, alors. Le couple qu’elle forme avec Torvald représente un magnifique modèle de toxicité. Dans le regard de Torvald, Nora ne constitue jamais un être humain, jamais son égal : uniquement un jouet plaisant, un fantasme, un objet de désir, de divertissement qu’il a le devoir de façonner à sa guise.



-Voilà !!!



-Quoi encore ?



-Le vil méchant mari qui veut asservir et dominer son épouse ! Un modèle de violences conjugales !



-Non ! Ce n’est pas du tout le propos, bien qu’Ibsen laisse entrevoir brièvement la possibilité du viol conjugal. Torvald ne pense pas une seule fois à mal. Il est convaincu qu’il doit achever lui-même l’éducation de Nora pour son propre bien, sans même se rendre compte d’à quel point sa vision des choses est humiliante et méprisante. C’est un homme, donc il sait mieux.



La domination n’est pas le fruit de la haine, de la bêtise (quoique…), elle est nourrie par les bonnes intentions et par les illusions que Torvald se fait sur les rapports homme-femme. Un peu comme quand un copain t’explique avec les meilleures intentions du monde comment soulager tes douleurs de règles ou riposter en cas de viol…



Nous sommes en 1879 et quelque part dans le monde, un homme a compris une chose importante : nouer une relation en ayant des idées toutes faites sur le rôle des deux partenaires selon leur genre entraîne l’échec de cette relation. Et expliquer à des femmes comment elles doivent se conduire les infantilise et les empêche de devenir des personnes autonomes.



-Moi, j’ai trouvé ça relou les grands discours sur la morale, tout ça…



-C’est vrai, mais je pense qu’ils sont là pour démontrer à quel point Torvald est creux et aveugle à l’humanité.



-Mouaif. Moi j’ai trouvé cette pièce sans grande subtilité, et le changement de Nora me semble trop soudain.



-L’articulation des faits semble manquer de finesse, moui… cependant, je pense que l’intérêt majeur de cette pièce réside dans la relation Torvald-Nora. Elle révèle à quel point les clichés sont nocifs. Ils empêchent les gens de s’épanouir et de devenir ce qu’ils sont, des êtres humains et non de plaisants jouets manipulables comme des poupées. »

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Une maison de poupée

Classique que je n'avais jamais lu, en le voyant cet été en libraire, je me suis dit pourquoi pas.



Première surprise, j'ignorais qu'il s'agissait d'une pièce de théâtre, le côté classique frisait le vieillot quand j'ai réalisé qu'elle datait du 19e siècle, mais second étonnement qui s'est vite transformé en émerveillement, cette pièce est étrangement moderne et caustique.



Un couple marié, elle incarnant la stupidité faite femme, qui ne sait que dépenser, et lui protecteur un peu psychorigide. Tout serait-il toujours si simple, si conforme aux apparences ? Car dans cette pièce, le pouvoir et la vraie intelligence sont bien l'apanage du sexe apparemment faible.



Ibsen nous décrit admirablement les tensions entre l'envie d'émancipation et l'immense poids social des convenances.



A ne pas manquer !



PS : Par contre, un conseil, ne vous précipitez pas sur les citations, certains babelionautes en mettent tellement que les meilleurs moments de la pièce y sont tous reproduits ou à peu près.
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Hedda Gabler

Jørgen Tesman, historien sans grande envergure, rentre avec sa femme Heddda d'un voyage de noces de six mois, durant lequel il a surtout passé son temps à étudier. Il a choisi d'offrir à Hedda la maison, fort coûteuse, dont, croit-il, elle rêvait - on découvrira que sur ce point il se trompe lourdement -, dans laquelle ils emménagent à peine débarqués. C'est que ce mariage est quasiment une mésalliance. Si Tesman est plutôt issu de la petite bourgeoisie, Hedda appartient à la haute, voire la très haute bourgeoisie - ce qui ne va pas sans un mépris et une cruauté affichés pour ceux qui ne sont pas de sa classe. Cette union s'enracine donc dès le départ dans un différend que rendent criantes les différences sociales qui séparent les époux, ce qui ne fera que conforter le sentiment de vacuité propre à Hedda.



Chacun des personnages a un but propre : pour Tesman, c'est son travail, mais surtout la capacité à faire reconnaître les travaux d'autres chercheurs ; la tante de Tesman met toute sa vie dans son rôle de garde-malade auprès de sa soeur ; Ejlert Løvborg, ami de Tesman, est un historien qui a réussi à combattre ses démons et se voue désormais entièrement à ses travaux ; Thea Elvsted est l'amie bienveillante et la collaboratrice de Løvborg ; quant au juge Brack, son unique but est de mettre Hedda dans son lit. Hedda, elle, n'a pas de but réellement avoué, sinon la volonté d'accéder à quelque chose de pur, de beau - ce qui va à l'encontre de tout ce que lui demande la société. Or, la vie bourgeoise dans laquelle on veut l'enfermer, mais dans laquelle elle s'est également elle-même enfermée, fonctionne comme un piège. Elle n'a guère de perspective que d'être femme au foyer, mère (elle est enceinte, bien que le niant farouchement), et tout à la fois, pourquoi pas, la maîtresse discrète du juge Brack. C'est là que les didascalies d'Ibsen sont particulièrement précieuses : on va voir, au fur et à mesure des actes, l'appartement sombrer petit à petit dans l'obscurité. Les rideaux vont masquer les portes-fenêtres qui donnaient sur le jardin et laissaient passer la lumière du soleil à grands flots, la lumière des lampes va s 'amenuiser jusqu'à n'être plus qu'une très faible lueur en arrière-plan. Et les fleurs, qu'on avait parsemées à profusion dans le salon, vont disparaître.



Ce qui mettra le feu aux poudres dans l'existence de femme mariée, qui s'annonce très morne, de Hedda Tesman, ce seront les arrivées successives de Thea Elvsted et de Ejlert Løvborg. Lui, qui a longtemps gâché son talent en beuveries et autres excès, a enfin écrit un livre à succès et est sur le point de publier ce qu'il considère comme son chef-d'oeuvre. Elle, l'a pour ainsi dire accouché et s'est émancipée au point de quitter mari et enfants pour le suivre. Lui est un ancien amoureux de Hedda du temps où il ne produisait rien de bon, elle une ancienne condisciple de collège, que Hedda aimait particulièrement persécuter. Ces deux-là mettent Hedda face à sa vie bourgeoise vide de sens. La réponse sera à l'image de ce que fut la jeune Hedda Gabler et à ce qu'est toujours Hedda Tesman : cruelle. Pour autant, il lui faudra encore aller plus loin pour faire complètement fi des concessions et choisir une solution irrémédiable pour échapper à un destin médiocre. Mais la pièce ne donne pas dans les longs dialogues, ni dans les explications psychologiques. Plutôt axée sur des échanges brefs, des phrases interrompues ou allusives, elle nous emmène du côté du symbolisme avec l'aspiration à la beauté - jusque dans la cruauté - exprimée par Hedda, tout en s'insérant dans un cadre réaliste, mettant en scène non seulement des désirs et des attentes contraires et contrariés, mais prenant également racine dans une tension sociale insoluble.



Ibsen, on le sait, est toujours allé à contre-courant des idées-reçues de la société de son temps. Hypocrisie des élites, euthanasie, inceste, émancipation des femmes : il a traité de tout cela, et plus encore. Ici, il attaque un autre tabou, celui de la maternité, qui n'est vécue comme Hedda que comme un carcan supplémentaire que lui impose la société, et non comme une occasion d'épanouissement. Il y avait là de quoi déranger à une époque où les femmes étaient avant tout considérées comme des mères - mais je suis persuadée qu'Ibsen dérange encore beaucoup de nos jours. Son sujet fut toujours la question de l'émancipation de l'individu, et Hedda Gabler ne fait pas exception à la règle.





Challenge Théâtre 2017-2018
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Une maison de poupée

Une maison de poupée a été écrite en 1879 et fit de son auteur un écrivain d'avant garde. L'introduction de ce livre par Marc Auchet,nous retrace l'itinéraire d'Ibsen et met en exergue sa volonté d'inscrire son œuvre dans une recherche de " l'affranchissement de l'esprit humain". Dans cette quête , la place de la femme est évidemment abordée et dénoncée. C'est le sujet de cette pièce . Elle a suscité un vif intérêt mais aussi de virulentes critiques et de l'indignation, à tel point que l'auteur dû transformer la dernière scène pour le public allemand. L'idée d'une femme qui quitte son mari était déjà polémique mais qu'elle laisse derrière elle trois enfants était inentendable !

La pièce se déroule en trois actes,chacun correspondant à un jour. On y voit tout d'abord Nora et son mari Helmer, évoluer dans leur maison pour les préparatifs de Noël. Tout est mis en scène pour dénoncer l'infantilisation de la femme ainsi que la dépendance totale à son époux. De multiples détails opèrent comme des symboles qui alertent le lecteur sur ce qui se construit. Nora doit " minauder" en permanence pour correspondre à l'image qu'on attend d'elle. Elle est la " gentille alouette" " le petit écureuil " de son mari. Puis nous découvrons qu'elle garde un secret qui l'angoisse énormément.

Enfin lorsque ce secret est mis à jour,la réaction d'Helmer produit sur elle comme un électrochoc. Elle prend conscience du rôle qu'elle a dû tenir tout d'abord auprès de son père puis de son mari au point de ne jamais avoir été elle même. Elle ne sait d'ailleurs pas qui elle est, mais ne peut plus tolérer cet enfermement.

Bien sûr,cette métamorphore en seulement trois jours semble improbable,mais il n'en demeure pas moins que cette pièce pose avec pertinence et audace des questions essentielles et porte un regard sociologique des plus innovateurs pour l'époque.
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Le canard sauvage

Le Canard sauvage est probablement la pièce la plus sombre que j'aie pu lire d'Ibsen - et les autres n'étaient déjà pas bien gaies ! J'ai du mal à y voir une forme de comique, comme le pointe Vigdis Ystad (qui a écrit une notice pour la pièce).





Écrite et publiée en 1884, on la considère comme la première pièce purement symboliste du dramaturge parmi ses pièces dites contemporaines, et faisant suite aux pièces considérées comme sociales : Les Piliers de la société, Une maison de poupée, Les Revenants et Un Ennemi du peuple. Il serait cela dit dommage de ne pas les avoir lues avant d'attaquer Le Canard sauvage, car la parenté entre toutes les cinq saute aux yeux. Et dans l'idéal, il serait bon d'avoir aussi lu Brand et Peer Gynt.





Il faut dire que le sujet-même pointe vers une forme symboliste, puisque c'est la quête d'idéalisme qui va porter le personnage de Gregers, pour des raisons qui ne sont pas forcément aussi pures qu'il le croit, et qui le mène à une intransigeance dont il ne déviera pas, avec des conséquences absolument désastreuses... pour les autres.





Gregers Werle est le fils d'un négociant, le vieux Werle, qui a pas mal de choses à se reprocher, notamment d'avoir envoyé en prison son associé, Ekdal, mais aussi d'avoir couché avec une domestique, Gina, à force de la harceler, engendrant ainsi une enfant qu'il n'élèvera pas, mais qui va hériter de la même tare génétique que lui, la cécité (la question de l'héritage génétique était déjà présent dans Une Maison de poupée et Les Revenants). Pour compenser ces peu glorieux états de service, il emploie pour de menus travaux son ancien associé Ekdal, le payant une misère, et s'est arrangé pour faire épouser son ancienne domestique au fils du d'Ekdal, Hjalmar, dont il a financé l'atelier de photographe. Et puis voilà, le vieux Werle est maintenant prêt à redémarrer une nouvelle vie en se remariant, puisqu'il est veuf depuis des années. Seulement, l'arrivée de son fils Gregers chez lui (qu'il a expressément invité) va provoquer une situation de crise. Outre que le fils déteste le père, l'accusant d'avoir trompé sa femme et ainsi poussée dans la tombe (ce qui n'est pas forcément exact, Gregers ayant une vue tronquée des faits), il est dégoûté par ce qu'il découvre : la façon dont le vieil Ekdal est traité, et la sournoiserie du vieux Werle qui a mené au mariage de Hjalmar et Gina. Gregers se donne donc une mission : révéler tout ce qu'il sait à Hjalmar, son ami d'enfance, pour que débarrassé des mensonges du passé, celui-ci puisse prendre un nouveau départ avec Gina et leur fille, Hedvig. Or Gregers connaît très mal Hjalmar, et la mission de Gregers prend un tour pour lui inattendu. Et terrible.





Mais que vient faire un canard sauvage là-dedans ? C'est toute la symbolique de la pièce. Le vieil Ekdal, qui vit avec son fils, sa belle-fille et sa petite-fille, a aménagé un grenier dans lequel vivent des animaux qu'il a recueillis : lapins, poules, pigeons, ainsi qu'un canard sauvage qui a failli être tué à la chasse (par le vieux Werle, naturellement !) et qu'il a sauvé. Ce canard, la petite Hedvig y est très attachée. Il représente la vie que ne peut plus mener le vieil Ekdal, qui passait autrefois ses journées dans la nature, et l'enfermement de tous les personnages - dans des rêves d'invention photographique géniales, pour Hjalmar, dans un ménage où elle doit tout assumer, pour Gina, dans la cécité qui vient (diagnostic dont elle n'est pas informée) et surtout dans le jeu malsain des adultes, pour Hedvig. Gregers, lui, voit dans ce canard la métaphore de sa mission : sauver Hjalmar et sa famille de la pourriture (le passé) qui est censée les faire sombrer.





Le grenier lui-même, baigné d'une lumière glauque, censée rappeler la forêt, encombrée de bois mort, est un lieu où s'exerce la cruauté : le vieil Ekdal qui ne sort plus de chez lui, ne veut pas pour autant renoncer aux plaisirs de la chasse. Aussi tue-t-il régulièrement quelques-uns de ses lapins, censés vivre protégés dans ce refuge, au fusil ; du coup, l'image apaisante d'un havre de paix que donne le grenier au début de la pièce change un tant soit peu . Quant à Gregers, il imagine de pousser Hedvig à tuer le canard sauvage, auquel elle tient tant, pour retrouver l'amour de son père. Car, évidemment, Hjalmar n'a pas tout à fait les mêmes vues idéalistes que Gregers, et Hedvig le répugne lorsqu'il apprend qu'elle est la fille du vieux Werle. De la quête du salut au sacrifice, il n'y a qu'un pas chez la plupart de ces personnages - de préférence le sacrifice des autres pour ce qui est des personnages masculins, qui s'adonnent franchement à la cruauté, contrairement aux personnages féminins.





Un autre personnage a son importance : le docteur Relling, qui combat l'idéalisme aveugle de Gregers et lui demande de laisser les autres vivre en paix avec leurs compromis, même mensongers. Gregers est persuadé que sa mission est juste, mais il est incapable de concevoir que Hjalmar n'a pas la force de caractère nécessaire pour faire face à ses révélations. La quête de Gregers n'est pas censée être mauvaise en soi - Ibsen ne se pose pas en juge. Mais, qu'elle soit dirigée par de mauvaises raisons, qu'on peut qualifier d'égoïstes (vengeance envers le père, désir de trouver un but à sa vie), ou que Gregers soit incapable de voir les autres et le monde tel qu'il est, la question se pose brutalement : que vaut un tel idéalisme, doit-on refuser tout compromis en son nom, au risque de basculer dans la tragédie ? Ou au contraire vivre en se cachant et en oubliant la vérité ?
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Une maison de poupée

Couverture que je trouve vraiment jolie, le titre également et Ibsen que je voyais lorsque j'étais enfant lorsque je feuilletais régulièrement mon dictionnaire (prix obtenu pour l'obtention du Certificat d'Etudes Primaires) ; Ibsen avec sa tête de vieux monsieur aux cheveux blancs hirsute m'avait laissé un souvenir durable. (il semblait un vieux fou souriant sur la photo en noir et blanc).



De son vrai nom Henrik Johan Ibsen né en 1828 et décédé en 1906 un parcours incroyable de peintre tout d'abord assez méconnu et pourtant il a peint une soixantaine de tableaux représentant principalement des paysages il se serait arrêté de peindre en 1863.

Puis de nombreux poèmes qu'il publiera toute la première moitié de sa vie ; enfin il étudiera la scénographie et il fera jouer de nombreuses pièces de théâtre ; dont celle-ci.



Dans cette pièce il était plus qu'audacieux de violer les tabous ou de refuser les usages dans "cette Norvège refermée sur elle-même, nationaliste, romantique et bigote" que le jeune auteur connaissait depuis son enfance.

Il retrace ici deux thèmes centraux :

- celui de la "double morale" qu'il faut éradiquer ; l'une, pour l'homme faite d'indulgence et de tolérance (il faut que jeunesse se passe ) , l'autre, pour la femme, intransigeante et sans appel.

Ces vues sont devenues non seulement désuètes mais passablement ridicules à nos yeux.

Mais replacez-vous, s'il vous plaît, en 1880 : oser dénoncer cette dichotomie, avoir le courage de la récuser, c'était plus que scandaleux, c'était insensé.

(p. 14 et 15).



(p. 16)

l'étonnant retentissement "d'une maison de poupée", de nos jours encore.

C'est le type même de l'oeuvre qui dérange, sur le compte de laquelle les commentateurs s'échinent à l'envi car, même en nos temps de féminisme fracassant et d'émancipation de toutes les règles, on n'a toujours pas épuisé la richesse de son "message" !



A l'époque les habitudes mentales de l'opinion étaient que la femme est faite pour les "trois K" (Kinder, Kirche, Küche, soit Enfants, Eglise, Cuisine). (P. 35)



Durant toute la pièce Nora est joyeuse, joue la fofolle, la jolie sans cervelle, sans opinion autre que celle de son père, puis celle de son mari.

A la toute fin, retournement de situation cette jolie femme, Nora, qui est la sienne depuis 8 ans et avec qui il a eu trois enfants, va enfin se rebeller face à ce mari qui la considère si peu et la traite comme une poupée tout comme le faisait son père.



Très intéressante pièce de théâtre qui sera jouée au Théâtre Royal de Copenhague en 1879 pour la première fois et qui assurera à elle seule la gloire de son auteur.



" Une splendide méditation sur le droit de la personne humaine à choisir librement son destin."
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La dame de la mer

Première pièce du dramaturge norvégien Henrik Ibsen que je découvre, écrite en 1888. Une pièce plutôt longue, en cinq actes, mais pas de temps morts pour autant. Et il faut bien cet espace pour développer le beau portrait de femme de la "Dame de la mer", Ellida.



Mariée au Dr Wangel, Ellida fut autrefois secrètement fiancée à un marin de passage. Lorsque celui-ci refait brusquement surface, la jeune femme se trouve face à un choix qui la questionne sur sa liberté et remet en cause l'équilibre - déjà précaire - de sa vie.



On peut quasiment parler d'oeuvre à caractère féministe avec cette pièce. Le personnage d'Ellida est fort, quoiqu'à mon sens, pas plus que celui du Dr Wangel. Ibsen y aborde la question de l'indépendance de choix des femmes, de leur liberté, l'émancipation n'est pas loin à travers les propos.



J'ai apprécié le rythme de la pièce ainsi que les personnages secondaires. Toutefois, la bande-annonce de l'interprétation par Anne Brochet et Jacquet Weber pêchée sur internet ne m'incite pas à voir la pièce jouée par des sociétaires. Ces derniers me donnent la sensation d'outrer la dimension dramatique alors que cette pièce est aussi porteuse d'espoir et d'une certaine joie.





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Un Ennemi du Peuple

Créée à la MC2 de Grenoble en mars dernier, , la pièce de Henrik Ibsen "Un ennemi du peuple" mise en scène par Jean-François Sivadier arrive sur la scène du théâtre lyonnais des Célestins cette semaine.



Jean-François Sivadier, dont on avait pu voir le devenu culte Italienne Scène et Orchestre à la MC93 l'été dernier, met pour la première fois en scène un texte du dramaturge norvégien, un texte écrit en 1893.



1883, vraiment ? Comment un texte peut il être resté, plus d'un siècle après sa parution, aussi actuel ?



Comment peut-il continuer à raisonner ainsi en nous, aujourd'hui ? Au moment où il l'écrit, Henrik Ibsen se considère lui-même comme un ennemi du peuple, sous le feu des critiques de ses concitoyens envers Les Revenants.



Lorsque le Docteur Tomas Stockmann découvre que les eaux de l'établissement de bains de la ville, administré par son frère, sont contaminées, il entend en informer la ville, à commencer par son principal vecteur d'informations, le Messager.

En lanceur d'alerte, Tomas Stockmann se voit rejeté de tous et même, menacé.

Avec sa femme Katrine et sa fille Petra se retrouvent seuls, contre tous.



A commencer par le frère de Tomas, le préfet Peter Stockmann, qui administre l’établissement de bains, poumon économique et social de la ville. Puis, de Hovstad , du média Messager du peuple qui, après avoir promis un soutien solide à Tomas en publiant son rapport dans la prochaine édition de son journal, se défile, par crainte des représailles.



Un texte qui sonde la puissance de la vérité face aux affres de la manipulation d'une actualité incroyable !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Hedda Gabler

Voici la pièce d'Ibsen que j'ai voulu lire après Une maison de poupée.

C'est le portrait d'une femme difficile à comprendre. Après une liaison platonique avec un homme brillant mais qui se révèlera faible, Hedda fille orgueilleuse d'un général a épousé un historien assez falot qui ponctue tous ses discours de “hein !” “Dis donc” “Pense donc” et agace sa femme qui a souvent du mal à se maîtriser.

D'une façon tout à fait différente de la Nora d'une maison de poupée, Hedda est coincée dans une vie bourgeoise qui l'ennuie.

Bien qu'il semble que ce soit elle qui ait rompu elle saisit l'occasion de se venger de son ancien amoureux mais aussi d'une ancienne condisciple de couvent qui a su influer sur la destinée d'un homme, justement cet ancien amoureux devenu alcoolique et qu'elle a aidé à travailler sur un nouvel ouvrage savant. Insupportable pour elle qui souffre de n'avoir aucun rôle.

Manipulant sans scrupule son entourage elle agit sans donner vraiment l'impression d'un but clair ni à ses yeux, ni aux nôtres.



Décidément il eut été dommage de ne pas connaître Ibsen.





Challenge Théâtre 2017-2018

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