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Critiques de Honoré de Balzac (3259)
Eugénie Grandet

Le roman de Balzac que je préfère.

Cette jeune femme, Eugénie, est un des personnages les plus lumineux de la Comédie Humaine.

Son destin, bien que plutôt triste me parait préférable à celui de Miss Mackensie d'Anthony Trollope que je viens de lire: elle reste libre... bon, et solitaire aussi.

J'ai lu et relu Eugénie Grandet et ça reste un des "classiques" de la littérature française que je préfère.
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Gobseck - Une double famille

Gobseck n'est pas le roman que j'ai préféré de l'auteur, mais il est intéressant et agréable à lire.



une jeune héritière s'énamoure d'un jeune homme bien sous tout rapport mais que la famille refuse pour gendre : c'est que ce Ernest de Restaud est le fils d'une femme de mauvaise vie qui a ruiné son époux et, ce faisant, le jeune homme en question. Ce rejet parental sert de récit-cadre au portrait de Gobseck, usurier notoire de Paris qui a, dans un même temps, ruiné et sauvé la fortune de ce gendre potentiel. Comment ? C'est ce que va narrer Derville, ami de la famille et familier de Gobseck.



On découvre ainsi un usurier qui se montre tout à la fois avare et généreux, lucide sur le pouvoir et les dangers de l'argent et dépendant de ce pouvoir, solitaire par avarice et en demande d'amis sincères. Gobseck travaille certes dans et pour l'argent, mais c'est un humaniste qui ne travaille pas au malheur d'autrui. Il observe les dégâts causés par l'amour excessif du jeu, de la vie parisienne, de la parade. Il anticipe la ruine de la mère d'Ernest de Restaud (et fille du père Goriot, tout se rejoint) et laisse la fautive s'enliser, ruiner son mari, pour mieux soutenir l'héritier de ce mariage.



ce roman ne fait pas le portrait d'un avare tel que Molière a pu en peindre, ou même Balzac avec le père Grandet. Il fait le portrait d'une société qui se ruine et se perd par une mauvaise gestion de l'argent. L'inutile avarice de Gobseck est moquée à la toute fin du roman mais la critique acerbe de la société moderne prévaut.

Balzac montre son attachement aux valeurs bourgeoises traditionnelles (économie sans excès, confort sans luxe ni sans dépense excessive, modération enfin) et met en garde ses contemporains contre la fascination de l'argent.

un texte toujours d'actualité, et plus encore à une époque où l'argent virtuel en fait perdre la juste valeur.
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Les Chouans

Faut-il mépriser Balzac ? Pour cela, faut-il nier le plaisir de lecture qu'il procure ? Certes il en rajoute dans la plantation du décor et ramène un peu trop sa fraise pour que le lecteur (celui de son temps, qui n'est pas passé par Proust et Robbe-Grillet) sache exactement ce qui a lieu et pourquoi. Certes le monde de Balzac est trop balisé, trop expliqué et le narrateur trop sûr de lui. Mais faire cette critique-là, celle que martèle Robbe-Grillet, c'est ne pas tenir compte de la distance historique qui nous sépare d'une oeuvre de tout premier plan. Lire Balzac, ça devient intéressant quand on perçoit qu'il n'existe pas de témoignage plus précis sur la mentalité française durant la première moitié du dix-neuvième. Les Chouans, c'est intéressant quand on se rend compte que l'histoire d'amour qui nous est contée se situe exactement à la frontière entre l'amour dix-huitième, celui de la galanterie, du libertinage et des jeux complexes de la séduction aristocratique, et l'amour romantique, celui de la passion tragique, du mal du siècle, du grand déballage poétique des sentiments. L'amour de Marie de Verneuil et du comte de Montauron s'inscrit en même temps dans un contexte de tensions politico-militaires et dans ce qui en est l'effet (ou la cause ?), une redéfinition des rapports humains et, en particulier, amoureux, l'amour ancien-régime basé sur la noblesse et les jeux de séduction, faisant place peu à peu, et sans jamais s'effacer complètement, à un amour républicain, libre de se déclarer quand bon lui semble et de la manière qu'il veut. Sommes-nous vraiment sortis des tensions à l'oeuvre dans Les Chouans ? Sans doute pas. Ne méprisons donc pas Balzac.

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Le Père Goriot

tellement vrai . l'art de manipuler d'un côté et l'amour fou de l'autre près à tous.

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Le Père Goriot

Goriot est pensionnaire dans une pension au coeur de Paris, régulièrement il reçoit la visite de jeunes femmes très belles, à se côtés il y a également Rastignac tout juste débarqué en ville et qui tente de s'y faire une place.



Alors si j'ai adoré le décor parisien et la description des mœurs de l'époque, j'avoue que ce fut quand même une lecture bien compliquée pour moi, je me suis perdue plusieurs fois dans ses pages interminables de réflexions, les noms des personnages, les ambitions des uns, les trahisons des autres. La situation de Rastignac et ses relations m'importaient peu. J'ai par contre hyper bien accroché sur la dernière partie après la vérité sur Vautrin et le final assez explosif concernant Goriot et ses proches. Une lecture en demi-teinte.
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Eugénie Grandet

C'est mon premier Balzac, à 60 ans ! J'ai sauté les lectures obligatoires à l'école.



Le livre est long, austère, difficile de progresser dans la lecture quand il n'y a pas de chapitres, pas de respiration. Un texte en continu. Cette lecture demande un réel effort.

L'histoire tient dans quatre ou cinq phrases. L'essentiel est dans la description des caractères, mais surtout des lieux, des habitats, des régions.

A l'époque, la photographie n'existait pas ; c'est sans doute ce qui explique ces longues descriptions de lieux, des costumes aussi, des intérieurs de maison.

Les caractères sont longuement décrits ; ils sont cernés, jugés sans émotion et sans indulgence. Les descriptions des femmes ne sont franchement pas féministes, bien au contraire !

Je ne sais pas si j'aime ou pas. J'ai l'impression d'être entrée dans un musée. Je vais poursuivre l'exploration (à petites doses ...).
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Sarrasine

Dans ce récit cadre et enchâssé (procédé cher à Balzac), il nous introduit chez la mystérieuse famille de Lanty. Personne ne sait d'où vient leur opulence. Un vieillard élancé, d'une nature anthropomorphe, que d'aucuns disent être Cagliostro ou le comte de Saint-Germain, surgit parfois parmi les invités lors des soirées données par la famille. Il y est traité avec une grande déférence.



Qui est-ce ? Que veut ce spectre d'un autre siècle ? Les rumeurs vont bon train.



Le narrateur révèle à la marquise de Rochefide, intriguée par le vétuste personnage, l'histoire de cet homme suranné.



Cette révélation nous ramène au siècle révolu des perruques et des paniers, du monde flamboyant de l'Opéra italien à Rome, et du terrible secret de ce vieillard qui chantait alors les plus beaux airs de soprano dans l'éclat de sa jeunesse, au nom de Zambinella.
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Le Chef-d'oeuvre inconnu

L'œuvre de Balzac est hantée par des génies qui finissent par sombrer dans la folie. La quête de l'absolu, dans l'art, la chimie, ou quelque autre domaine n'a jamais lassé de fasciner Balzac.



Dans ma librairie préférée ce petit ouvrage de Balzac est placé au premier rang dans la section Art, et c'est peut-être sa juste place, car il ne s'agit pas d'une simple nouvelle, mais plutôt d'un traité sur l'art et ses limites par rapport à la nature.



Nous suivons le jeune Nicolas Poussin dans le Paris du début du 17ème siècle, qui rêve de pouvoir s'introduire dans l'atelier du peintre célèbre Porbus.



C'est grâce au peintre génial Frenhofer qui rend visite à Porbus, que le jeune Poussin s'introduit discrètement dans l'atelier de ce dernier. Il est alors témoin d'un discours exalté de Frenhofer qui, tout en critiquant la dernière œuvre de Porbus, dévoile sa propre vision sur l'art et ses techniques pour faire de l'art la copie exacte de la nature, voire de la surpasser. Il aurait pu dire comme d'Arthez dans les Illusions perdues : 'Qu'est-ce que l'Art monsieur ? C'est de la nature concentrée.'



Après le discours de celui-ci, Poussin veut absolument voir la dernière peinture à laquelle Frenhofer travaille depuis de nombreuses années mais qu'il refuse de montrer à qui que ce soit.

Grâce à la maîtresse de Poussin, Gillette, d'une beauté idéale, Frenhofer veut bien l'admettre comme modèle et en échange Porbus et Poussin sont admis dans son atelier.



Mais ô surprise, cette peinture enveloppée dans tant de mystère et que Poussin a crû devoir être le parachèvement de l'art, il n'y voit qu'un amas de couleurs confuses duquel émerge un ravissant petit pied presque vivant.



Confronté à la déception de ses amis, tout s'effondre pour Frenhofer, sa vision, ses hautes idées sur l'art et sa façon de l'atteindre. Tout n'était-il donc illusion ? Était-il en avance sur son temps ?

Sa fin me fait penser à cette phrase de Cioran : 'Il n'est pas de position plus fausse que d'avoir compris et de rester en vie.'
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Une double Famille

J'ai lu rapidement, facilement et avec plaisir cette nouvelle un peu développée, dans laquelle nous entrons de plain-pied au sein de deux familles, ou ménages, comme dirait Balzac, qui, une fois de plus nous restitue à merveille l'ambiance visuelle de chacun de ces deux milieux intimes et conjugaux, avant que nous découvrions (quoique le titre soit assez limpide) en quoi ces deux foyers sont liés et se rejoignent.



Dans la vieille rue parisienne peu salubre, car humide et sombre, à peine éclairée par le jour hormis l'été, du Tourniquet-Saint-Jean, jetons un œil par-dessus l'épaule de Mme Crochard veuve, dentellière, et de sa fille brodeuse Caroline : jour et nuit les aiguilles vont leur train, et la jolie Caroline se mêle peu de ce qui se passe dans sa rue. Sa mère, c'est autre chose - elle a les yeux aux aguets, car elle compterait bien sur la fraîcheur de sa fille pour s'assurer de vieux jours plus confortables. Un jour, passe un homme triste, tout de noir vêtu, dont le regard accroche celui de Caroline, et éveille l'intérêt de la mère. Sur le chemin du travail ou du retour, de signe en signe, la jeune fille et "l'homme noir" se rapprochent, jusqu'à un vrai rendez-vous à la campagne, avec le grand jeu : dîner au champagne, bal champêtre... Leur destin est scellé, on les retrouvera en ménage, puisqu'il a offert un appartement et une rente à sa maîtresse, laquelle s'épanouit dans le rôle de femme entretenue, puis de jeune mère toute dévouée à ses deux enfants. Roger, dont elle ne connaît que le prénom, est heureux, il a retrouvé le sourire, même s'il ne jouit pas de tout son temps libre, loin s'en faut.



C'est lorsque la vieille Madame Crochard révèle, alors qu'à l'agonie elle est pressée par un prêtre, le secret de sa fille Caroline, que le drame s'enclenche, et qu'on apprendra par un subtil retour en arrière, l'histoire d'un autre couple, l'envers de la famille lumineuse et charmante, celui d'un jeune avocat nommé Roger de Grandville et de sa jeune femme, jolie Provinciale et amour d'enfance. Malgré ses pressentiments, Roger s'est laissé convaincre par son père d'épouser Angélique Bontems, jeune fille élevée dans une stricte dévotion par sa mère, et qui lui fera vivre un enfer, quoique pavé de bonnes intentions.



L'ombre de la Physiologie du mariage plane de nouveau sur cet opus, dans lequel on apprend ce qui peut désunir un couple dans son intimité, lorsque le lit n'apporte son lot de bonheur que le temps d'une brève lune de miel. Nous sommes dans le schéma classique du couple dans lequel l'homme travaille dur pour tenir son rang, et s'attend à ce que sa femme soit agréable, complaisante, amoureuse... Ce n'est pas qu'Angélique n'aurait pas voulu essayer, mais elle a un esprit borné, manque de fantaisie, se méfie du plaisir comme d'une tentation diabolique, dont il faut à tout prix se prémunir. Par ailleurs, après avoir été élevée sous l'éteignoir par sa mère, elle est la proie de ses directeurs de conscience et autres vieilles grenouilles de bénitier. Angélique manque de goût, n'est pas attirée par le luxe, la mode, refuse d'aller au bal, au théâtre, de se mettre à son avantage, et l'on rit d'elle en société car elle est trop raide et sérieuse, alors qu'elle devrait être décorative et faire honneur à son juge de mari. En outre, elle a un caractère mesquin qui la fait pinailler sur tout et lancer d'aigres piques à son époux qui n'en peut mais, jusqu'à ce qu'il ne la supporte plus, et sombre dans la plus profonde dépression - ce n'est qu'avec Caroline qu'il retrouvera l'amour et la joie de vivre.



Certes, les personnages sont suffisamment complexes et n'ont rien de schématique, toutefois, à travers sa charge féroce contre la pruderie et la bigoterie remises au goût du jour sous la Restauration, Balzac m'a paru injuste envers Angélique. Il est pourtant le premier à dire qu'en quelque sorte, elle n'a pas eu le choix, pourtant tout l'échec du mariage semble être de sa faute, alors même que Roger l'a épousée pour l'argent, que ce"marché" arrangeait la mère d'Angélique en les faisant entrer, elle et sa fille, dans la noblesse, et surtout, qu'elle a été "mortifiée" par sa mère depuis l'enfance. Angélique n'a pu compter sur personne pour développer des facultés aimantes, un goût du beau et de la joie, on a peut-être même étouffé dans l'œuf les qualités qu'elle pouvait avoir. Par son cynisme envers son épouse, lors d'une scène terrible, Roger de Grandville montre une morgue d'époux sûr de son bon droit plutôt glaçante.



Pour ce qui est du style, Balzac montre de réelles qualités de peintre en écriture, il sait mettre en valeur les contrastes, les harmonies de couleurs et convoquer tous les sens qui font apprécier la vie dans ce qu'elle a de naturel, de profond, de joyeux, mais il n'ignore rien non plus des drames et passions humaines, auxquels il nous fait adhérer par un art consommé de l'analyse psychologique.
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Étude de femme

J'ai lu avec plaisir cette courte nouvelle, n'excédant pas une dizaine de pages, de Balzac, qui ne m'a pas semblé apporter tant de nouveauté, maintenant que je deviens familière de son univers, et de sa théorie sur le mariage.



La marquise de Listomère est une jeune femme à la fois vertueuse, suivant les préceptes de son directeur de conscience - ah ! comprendre encore aujourd'hui ce que pouvait être un directeur de conscience, et lire "faire maigre" comme respecter le Carême et non "avoir l'air" maigre sur son compte Insta... autres temps, autres mœurs ! - et mondaine, très appréciée dans les salons pour son élégance et sa retenue. Elle a épousé un député visant la pairie (personnage encore familier de la galerie de Balzac), qui ne dénote jamais, reste imperturbable et modéré. On peut supposer, à la voir éconduire le moindre soupirant avec une indifférence glaciale, que sa vertu est effectivement à toute épreuve. À moins qu'en grande coquette elle ne thésaurise sa réputation pour satisfaire ses envies plus tard ? Après tout, qu'est-ce que 7 ans à jouer ce rôle pour ensuite pouvoir jeter son bonnet par-dessus les moulins ? Ce Balzac tout de même, qui voit le Mal chez toutes les femmes...



Quoiqu'il en soit, notre marquise sera extrêmement surprise de recevoir une lettre à elle adressée par le jeune Eugène de Rastignac, beau jeune homme entrevu dans un salon, et qui l'a peut-être infimement troublée. Ce dernier ayant voulu écrire à Delphine de Nucingen, saura-t-il se tirer avec tact de ce mauvais pas et malheureux quiproquo ? Fera-t-il au passage chanceler le cœur et la vertu de la marquise de Listomère ?



N'en attendons pas trop non plus en termes d'intrigue, Balzac écrivait là une esquisse amusante pour le Magazine des modes ; on découvre toutefois avec un certain plaisir la généalogie de la Comédie humaine se dessiner sous nos yeux, puisqu'on trouve dans ce court texte diverses figures récurrentes, comme Rastignac et Mme de Nucingen (fille du vieux Père Goriot), Mme de Mortsauf (Le Lys dans la vallée) est évoquée également. L'auteur a toutefois le temps d'invoquer Stendhal et sa théorie de la cristallisation - ne laissons pas un amoureux ou une amoureuse seul(e) avec lui(elle)-même commencer à se faire des idées sur l'objet de son attirance...



Si la nouvelle ne manque pas d'intérêt par sa construction et son sens, j'ai parfois trouvé son ironie trop évidente, comme des clins d'œil un rien appuyés, de même que le recours à un narrateur à la première personne, ami de Rastignac, dont le statut n'est pas vraiment évident, m'a semblé un peu faible - tout comme la chute de la nouvelle.
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Le Colonel Chabert

Le colonel Chabert, ou la descente aux enfers d'un homme qui, alors qu'il parvient à regagner les berges du Styx, et qu'il pourrait saisir la main amicale qu'un samaritain lui tend, fait le choix de la misère et du naufrage, se laissant dériver jusqu'au néant social.



Le colonel, un homme brisé par la vie qui lui a par le passé apporté la gloire et le bonheur, reste animé au début du livre par une dernière fibre d'espoir et d'énergie, qui l'amène maladroitement auprès de la bonne personne : Derville, un homme de loi, animé par son intérêt propre, mais aussi par le respect des institutions, et une bienséance morale et bourgeoise qui l'amèneront à prendre pitié de ce malandrin qui a tant servi le pays.



Face à cette figure rationnelle, qui sait présenter au vieux colonel abîmé par les événements ses intérêts et la stratégie pour les atteindre, s'érige la comtesse Ferraud. Celle-ci, comme tant d'autres personnages du Naturalisme du XIXème, a gravi les échelons grâce à la séduction et à un usage impitoyable de celle-ci en vue d'obtenir et préserver ses intérêts.



Contraire de la figure froide et bienveillante de maître Derville, elle est la Passion incarnée, celle qui sait aller réveiller au fin fond du colonel les sentiments les moins raisonnables, et s'en servir comme des liens inoxydables pour ligoter le colonel et ainsi s'en débarrasser à jamais.



Et si finalement, le colonel était un personnage tout romantique ?

Chevalier de l'épopée impériale, dernière geste des héros au coeur vaillant, il avait épousé une jeune femme par amour, par-delà la condition de cette dernière, par-delà le qu'en-dira-t-on, par-delà ses intérêts de long terme. Sa première mort, celle de laquelle il ressuscite, l'a transporté dans un monde nouveau, qu'il ne reconnait plus. Ce nouveau monde, où intrigues factieuses, bureaucratie, tromperies et intérêt individuel priment, n'est pas le sien. Le romantisme est mort, et avec lui, Chabert.

Aussi, la comtesse, de prime abord responsable de la nouvelle défaite du colonel, n'est en réalité qu'un moyen, un moyen par lequel cette nouvelle époque se débarrasse d'un personnage qui n'a rien à y faire. Et celui-ci accepte son destin sans guère protester - malgré tous les efforts de Derville - car, dans le fond, il connait cette triste vérité, et s'y plie.



Le colonel Chabert, c'est aussi, comme bien souvent avec les romans de Balzac et de ses congénères, une belle reconstitution du Paris du XIXème, quand la misère absolue fréquente le faste le plus étalé, et quand les hommes de droit doivent régler des problématiques d'époque : les tribulations issues des changements de régimes, et les querelles de fortunes des uns et des autres (noblesse d'Empire, noblesse ancienne, noblesse nouvelle etc).



Je reprocherais à ce livre d'être finalement bien court, et de ne présenter qu'un nombre très limité de péripéties et de personnages. J'aurais apprécié que le personnage de la comtesse soit plus développé, notamment sur sa relation avec Chabert : on aurait pu faire durer le suspens, ce qui n'est pas le cas ici. Dès leur premier entretien seule à seul, elle l'envoûte aussitôt.



Doit-on finalement plaindre ce pauvre colonel ? Sans doute, oui, sur un point.

Celui de ne pas être mort en héros, la première fois. Chabert incarne l'Empire, il est l'Empire. Sa mort sur le champ de bataille, c'était l'évidence, et il n'est pas parvenu à l'atteindre. Jamais il n'aurait pu revenir dans le Monde, car celui-ci n'était plus le sien. Alors, de héros, il passe à vaurien, que Derville n'aurait pu sauver. Derville est le chevalier des temps modernes, celui d'une époque faite de droit, d'argent et de conciliabules. Il a vu en Chabert un lointain aïeul, dont les outils étaient autres, et a tenté de l'aider... en vain.
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Eugénie Grandet

Dans le cadre de deux des challenges auxquels je participe, il fallait lire un classique. J’en ai quelques-uns dans ma pal et j’ai eu quelques difficultés à choisir. Mon choix s’est arrêté sur Eugénie Grandet. Pourquoi ? Probablement parce que le personnage principal est un personnage féminin. Une fois n’est pas coutume ! Et puis Balzac et moi, ça faisait très très très longtemps.



Alors que vous dire de ce grand classique que vous ne savez déjà ?

Le personnage d’Eugénie Grandet m’est apparu fascinant : sa sensibilité, sa naïveté touchante ; elle n’a que peu d’attente, se contente de ce qu’elle a et surtout n’imagine pas qu’il puisse en être autrement. La rudesse de son père, ainsi que son avarice ne semble l’ennuyer que par le mal que cela fait aux proches qu’elle aime tant. Elle est au centre de toutes les attentions telle une marchandise et non partie prenante. Et elle tolère tout cela avec candeur.

Je n’arrive pas vraiment à faire passer ce que j’ai ressenti pour ce personnage mais je m’y suis attachée et c’est ce qui m’a emporté dans cette fresque d’une autre époque (1830) au milieu des paysans et d’une certaine bourgeoisie avide et aux moeurs discutables.



À l’instar du personnage principal, l’écriture de Balzac m’a, pour un court instant, rappelé ce que je n’aime pas - ces longues phrases à n’en plus finir - pour ensuite m’emporter dans un voyage à travers le temps, la campagne saumuroise, la société et ses us et coutumes de l’époque. J’en suis moi-même surprise.



C’était un vrai défi de lire du Balzac. Et j’ai aimé ça !

Et vous ? Amateur de roman classique ?

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Eugénie Grandet

Sincèrement décontenancée et désolée, je me révèle incapable d'apprécier Eugénie Grandet à sa juste valeur de classique littéraire...



Aucun des personnages de cette oeuvre n'a atteint mon coeur, ni aucune des considérations financières qui représentent le fondement de l'histoire n'a franchi la barrière de mon manque d'intérêt frappant...



Si vous avez aimé ce roman, je serais vraiment intéressée pour en discuter, afin de savoir ce qui a retenu votre attention (outre l'excellence du style balzacien, cela va de soi...)
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Le Père Goriot

Qu'est ce que c'est bien écrit.

Les personnages sont vivants, on les aime et on les déteste.

Que cette société était superficielle, on ne brillait que par son compte en banque et par le paraître.

Eugène de Rastignac va faire ses premières armes dans la douleur.

Sa vie fera l'objet de plusieurs romans, la suite dans les " Illusions Perdues ".
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Splendeurs et misères des courtisanes

Après Illusions perdues – qui, en triomphant de mes ridicules préjugés (Balzac est chiant) et en lavant mes honteux échecs (dont les abandons bien peu glorieux du Père Goriot dans ma jeunesse et d'Eugénie Grandet il y a 5 ou 6 ans), m'a plus que probablement converti à jamais à Balzac –, je poursuis donc ma découverte de la Comédie humaine (dont j'ai la ferme intention de lire les 90 titres si mes organes vitaux veulent bien tenir encore quelques années) avec Splendeurs et misères des courtisanes.

Ce choix s'imposait. Il me fallait à tout prix savoir ce qu'il allait advenir de Lucien de Rubempré, ce triste Narcisse qu'au terme d'Illusions perdues, nous avions abandonné au bord d'une route près d'Angoulême, défait et prêt à toutes les compromissions pour échapper au suicide qu'il projetait.

Nous le retrouvons donc à Paris, une fois encore à la poursuite de la fortune et de la gloire. Mais, cette fois-ci, ce diamant aussi brillant que faux n'est plus livré à lui-même et à ses seules qualités (qui se résument peu ou prou à sa grande beauté et à sa prodigieuse arrogance) : il est devenu la créature de l'abbé Carlos Herrera (alias Jacques Collin, alias Vautrin), un ancien bagnard aussi dangereux qu'extraordinairement intelligent qui va se servir de la belle gueule, du joli cul et du pouvoir sur les femmes (aristocrates comme demi-mondaines) dont dispose notre freluquet pour prendre (et vivre par son truchement) sa revanche sur la société.

Une fois encore, et cela en devient presque agaçant tant il ne saurait mériter l'amour qu'il inspire, Lucien va trouver sur sa route, en la personne d'Esther, une femme encore plus remarquable que Coralie (la demi-mondaine qui devient sa maîtresse dévouée dans Illusions perdues). Pire encore si cela est possible : au contact de ce jeune homme qui n'a pourtant que peu à leur offrir, et pour l'amour de lui, nos cocottes retrouvent leur pureté originelle et se métamorphosent en d'authentiques héroïnes dont la seule motivation est le désintéressement, dont l'unique ambition est de tout donner, leurs vies comprises. (Je ne vous cacherai pas que je suis tombé amoureux d'Esther, la courtisane qui donne son magnifique titre au roman.)



Ce livre d'une richesse incroyable (il commence comme une comédie de moeurs, finit comme un thriller juridico-policier et aborde au passage une multitude de thèmes) se divise en quatre parties ayant pour titres :

- Comment aiment les filles (cette partie traite de l'amour sublime d'Esther pour Lucien) ;

- À combien l'amour revient aux vieillards (par amour pour Lucien qui a besoin d'argent pour réaliser ses ambitions, dont un mariage dans l'aristocratie, Esther accepte d'être vendue à un vieux banquier richissime. Ici, Balzac, ce salaud sans égards pour son lecteur, m'a littéralement arraché le coeur !) ;

- Où mènent les mauvais chemins (la chute finale de Lucien et l'amour à la fois paternel et viril que Carlos Herrera éprouve pour lui) ;

- La dernière incarnation de Vautrin (les démêlés de Carlos Herrera avec la police et la justice et sa toute dernière métamorphose).



Je n'ai pas simplement lu Splendeurs et misères des courtisanes, je l'ai dévoré, croqué, becqueté, englouti, ingurgité, ingéré, absorbé, gobé tout rond…

Ah, je suis encore plus irrémédiablement balzacisé que je ne le croyais !
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Eugénie Grandet





Lu Eugénie Grandet à l'école mon souvenir ennuyeux... Envie de lire un classique et c'est celui-ci qui m'attire..



M. Grandet est un homme très riche et avare, il fait croire à sa femme et sa fille qu'ils ont très peu d'argent et les fait vivre dans la misère. Jusqu'au jour où arrive Charles le cousin d'Eugénie.

Eugénie tombe follement amoureuse de Charles et décide de l'aider. Celui-ci part pour l'Inde pour y faire fortune.

Les années passent...



J'ai apprécié le personnage d'Eugénie, elle est obéissante et naïve, mais va révéler ce dont elle est capable par amour.

J'ai aussi aimé sa complicité avec sa mère.



M. Grandet un homme tellement radin qu'il en devient cruel envers les siens et détestable. J'ai souvent pensé à Harpagon de Molière.



Balzac a parfaitement décrit la société du 19 siècle. L'écriture est d'une autre époque pas toujours fluide, cela ne m'a pas gênée, car l'histoire et la psychologie des personnages m'ont complétement embarqué.



Conclusion :

Très contente d'avoir suivi mon instinct car je ne l'ai pas trouver du tout ennuyeux.

Je précise le roman est assez court et c'était suffisant.

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Illusions perdues

«Il contemplait enfin le monde littéraire et la société face à face, en croyant pouvoir s'y promener en dominateur. A ce poète, qui ne devait réfléchir que sous le poids du malheur, le présent parut être sans souci.»



Chronique d'une illusoire ascension suivie d'une chute brutale, le récit de Lucien, poète naïf et inconstant venu de province à Paris pour briller, est le symbole de la perte de soi dans un monde plein de mauvaises intentions et d'ambition.



Un livre à lire pour tous les amateurs de classiques et de scénarios de type "du succès à la chute" !
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Le Père Goriot

Lire ou relire Balzac... Enfant, j'avais lu Les Chouans et Le lys dans la Vallée. Le Père Goriot est un magnifique roman, d'une rare modernité. Un portrait implacable de la société de l'époque, un cri d'amour désespéré d'un père pour ses deux filles, un itinéraire cabossé et chaotique de Rastignac qui oscille entre l'ambition d'être quelqu'un et une sensibilité teintée de valeurs. Appâts du gain, souci du paraître, amours vains et désespérés, médiocrité des médiocres, manipulations en tout genre. Tout depuis lors a changé et tout est pareil. Balzac est un tout grand écrivain qui résiste magnifiquement au temps qui passe !
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La Peau de chagrin

La peau de chagrin (1831) est un roman fantastique d'Honoré de Balzac, partie de la Comédie humaine. Raphaël de Valentin a tout perdu au jeu et veut se suicider. Il entre par hasard chez un antiquaire et découvre une peau de chagrin ayant le pouvoir d'exaucer tous les vœux de son propriétaire au détriment de la durée de sa vie. Une œuvre intéressante malgré quelques longueurs, surtout dans la première moitié. Le fantastique n'est pas si présent.
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Illusions perdues

Les Illusions perdues. J’avoue ne pas avoir été jusqu’au bout à ma première lecture d’adolescente, il y a… longtemps! Ce qui m’avait rebutée, étaient d’une part le personnage principal Lucien, d’autre part les chiffres, comptes, argent, magouilles bancaires et autres manigances comptables. Cette fois-ci, je suis allée jusqu’au bout de l’explication du mécanisme des rouages de la Banque. Pour résumer, sachez juste que la dette entraîne la dette et l’argent entraîne l’argent. Et ce n’est pas toujours à cause de l’endetté qui serait irresponsable, mais c’est souvent à cause du système bancaire et juridique qui crée fictivement des frais sur des frais pour faire de l’argent sur le dos du débiteur.



Ah, ce cher Balzac s’y connaissait, lui qui avait passé sa vie endetté, à courir après l’argent tout en fuyant les créanciers! Mais ce n’est qu’une partie du propos. On fait connaissance avec le monde impitoyable de… non, pas Dallas! de la librairie, l’édition et le journalisme! Euh…, du temps de Balzac, hein, de nos jours, tout est propre et vertueux, bien entendu!



Balzac nous peint surtout le portrait d’un homme aux dons de poète qu’il gâche à préférer la gloire immédiate… et illusoire, au travail fastidieux, obscur, pas forcément récompensé, mais qui laisse la conscience claire.



Bref, un plaisir d’observation de la nature humaine… qui ne change pas. Naïfs, roublards, purs, vicieux, travailleurs, fainéants, ambitieux, heureux, envieux, simples, prétentieux, rêveurs, faibles, endurants, désillusionnés, un peu de tout ça, 180 ans après la parution du livre, nous sommes toujours là, toujours les mêmes, misérables humains si justement observés par Balzac.



À lire si vous avez (si vous voulez avoir) beaucoup d’heures devant vous. Allez, je vous ai mis des petits extraits et pour vous titiller, je vous assure que vous détesterez Lucien quand vous lirez le sacrifice qu’à fait pour lui Bérénice, un personnage secondaire, sacrifice terrible, fort, auquel Balzac ne s’étant qu’en une phrase, mais juste, et que Lucien, ingrat, oubliera.


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