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Critiques de Honoré de Balzac (3259)
Le Père Goriot

Dès les premières pages de ce roman, j’ai été transportée dans l’univers balzacien. Le roman s’ouvre sur la description d’une rue puis de la pension dans laquelle vit Le Père Goriot. Vous savez probablement que Balzac a acquis sa réputation par la qualité de ses descriptions et des détails qui les abondent. Cela se vérifie encore ici, cette longue description est la partie que j’ai préférée du roman. J’ai été déçue de ne pas trouver plus de descriptions dans Le Père Goriot, ce qui explique un peu ma frustration. Ce livre peut cependant être un bon moyen de découvrir Balzac, car on ne risque pas de se perdre ou de s’ennuyer au milieu de ce genre de passages.



L’autre grande qualité du livre réside selon moi dans ses personnages, à commencer par le personnage central. Le Père Goriot incarne « la Paternité », le fait de penser à ses enfants avant, d’être littéralement prêt à mourir sans rien pour leur offrir la robe de leurs rêves ou ses économies. J’ai ressenti beaucoup de peine et de compassion pour ce personnage qui m’a touché en plein cœur.



À noter aussi, l’assemblage des autres personnages qui, ensemble, créé une petite société. Il y a la jeune fille qui rêve d’amour, l’étudiant qui veut devenir quelqu’un ou encore celui qui se joue de la nature humaine. C’est très balzacien.



Ce que j’ai moins aimé dans les personnages, c’est la différence de traitement entre les personnages féminins et masculins. Si ces derniers incarnent la ruse, le sacrifice, l’ambition etc… les femmes, elles, ne sont que faibles, intéressées, superficielles et rêvant de l’Amour.



L’histoire est bien menée mais j’ai moins apprécié la « sous-histoire ». En bref, malgré le manque de descriptions à mon goût, car quand je lis du Balzac c’est surtout pour profiter de ces passages là, et les personnages féminins caricaturaux (j’entends bien qu’il s’agit d’une autre époque mais ça a vraiment dérangé ma lecture), je suis tout de même contente de l’avoir lu car il me marquera grâce à ce qu’incarne le Père Goriot.


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Splendeurs et misères des courtisanes

Longtemps je me suis cru lecteur. J'affichais à mon tableau d'honneur le Père Goriot dès 12 ans ; et j'avais su l'aimer. Je le relus, plus tard, et l'aimai tout pareil. De la Comédie humaine je n'avais pourtant perçu que quelques pièces dans ma jeunesse : une Eugénie Grandet, un Chef-d'oeuvre inconnu, tout au plus, sans savoir qu'elles formaient des étages et bien plus : un monument. Aussi ai-je pensé, après avoir une nouvelle fois franchi la grande et belle entrée du Père Goriot en ces semaines d'assignation à résidence, que je pourrais peut-être m'aventurer plus avant, et plus méthodiquement, monter quelques marches et visiter quelques salles. Bien m'en a pris.

Après avoir été subjugué par les ors, les lustres et les nombreux portraits de la grande salle des illusions perdues, la plus vaste, dit-on, je croyais avoir vu le joyau de la demeure. Pourtant, plein de confiance, porté par l'enthousiasme, débordant de curieuse envie, j'ai pris un couloir qui mène à d'autres chambres (à coucher et judiciaires) : celles des Splendeurs et misères des courtisanes. Sans penser que ce fut possible, croyant avoir atteint déjà l'étage supérieur, j'ai dû continuer de monter… Mon émerveillement a été tel que j'ai bien des fois dû m'arrêter pour réaliser l'étendu des trésors qui s'offraient à mon regard.



Balzac nous a offert, avec Splendeurs et misères des courtisanes, un roman digne de se classer parmi tous les registres et, dans chacun, d'y briller. On s'y promène, des loges de l'Opéra Garnier aux cellules de la Conciergerie, profitant de la visite pour s'enrichir de de notices sur les hauts lieux de Paris comme de plongées dans ses bas-fonds. On s'y informe des règles et des usages, des pratiques et des langages, des procédures légales et des astuces des initiés. Ce n'est pas seulement une véritable histoire des moeurs du XIXe de la Monarchie de Juillet, qui soulève ici et là le voile sur des pages plus anciennes de notre passé ; c'est une monographie de la société que forment les français, des populos jusqu'au gratin. On s'amuse (du parler populaire des uns, de leur argot, des accents à couper au couteau des invités autant que des chichis des guindés) tout comme on s'extasie devant les tournures les plus élégantes, les mieux senties car parfois vraies, les loyautés les plus solides que partagent petits et grands parfois, les fidélités qui seules rendent nobles. Les réflexions les plus fines (même si, parfois, Balzac « le visionnaire » reste de son temps) et les observations les plus pénétrantes foisonnent sans jamais ennuyer. Car l'amour côtoie l'aventure et le suspens, le frisson succède aux émotions, l'intrigue alterne avec la romance. La politique en redonne aux affaires et celles-ci rendent sa monnaie à la passion. Par deux fois, puis trois, puis quatre, l'enthousiasme de la découverte se renouvelle complètement : on ne lit toute une série en une seul roman. Des dizaines de personnages pour choisir son héroïne, son modèle, et détester tout autant.



Mais ce spectacle n'a rien d'un gentil amusement.

La comédie humaine, où chacun se donne tant

De mal pour une place, du pouvoir, de l'argent,

C'est le drame des misères auxquelles l'on consent :

Celle des autres, qui ne compte pas, comme celle de son sang.

Non pour vivre, mais briller, l'espace d'un instant…

Que cette farce est triste : une tragédie d'entant.



Je poursuivrai ma visite pourtant ;

Irai encore au spectacle : c'est un enchantement.

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La Femme de trente ans

Ce livre est assurément un des romans les plus connus d’Honoré de Balzac, au point que son titre en est devenu une expression courante. Une expression erronée d’ailleurs, puisque dans le livre, une femme de trente est à l’apothéose de son charme, alors que la locution désigne plutôt une femme en fin de vie sociale et mondaine. C’est également un roman très surprenant dans sa construction, tant les chapitres se révèlent hétérogènes et inégaux. Le premier chapitre « Premières fautes » évoque le destin d’une jeune fille qui, malgré les conseils et craintes de son père aimant, marie l’homme qu’elle aime, avant de s’apercevoir de sa nullité. Puis retrouve goût à la vie en découvrant un gentilhomme anglais amoureux d’elle. Le deuxième chapitre raconte le séjour de la marquise dans une maison reculée vers Fontainebleau et ses discussions avec le curé du village qui montre beaucoup de clairvoyance envers la jeune femme, lui prédisant un sombre avenir. Dans le troisième chapitre « À trente ans », l’héroïne est revenue à Paris et se lie d’amitié (?) avec un jeune homme, une relation fusionnelle qui évoluera vers une liaison adultérine. Le quatrième court chapitre nous conte l’accident d’un petit garçon, poussé dans le fleuve par sa grande sœur jalouse de la préférence de leur mère pour le petit. Puis dans le cinquième chapitre « Les deux rencontres », on découvre cette grande sœur qui quitte précipitamment le foyer familial idéalisé (si l’on oublie que seule l’aînée est une fille légitime), suivant un aventurier criminel et la rencontre des années plus tard entre celle-ci et son père sur le bateau pirate où elle vit et fait grandir sa famille ! Enfin dans le dernier chapitre, on retrouve la marquise vieille, vivant avec sa dernière fille et essayant d’avouer sa faute passée à celle-ci. Ces différents chapitres étaient en réalité des nouvelles que Balzac à regroupées au fil des années. À la fois le style et les thématiques sont dissemblables, notamment le cinquième chapitre, où l’on voit Hélène tomber soudainement amoureuse d’un homme caché dans la maison et partir avec lui, et la rencontre avec son père quelques années plus tard à l’occasion d’une attaque de pirates. Un chapitre peu crédible, qui détonne avec le reste et apporte finalement peu à l’ensemble. Hormis ce chapitre, l’ensemble nous montre un Balzac parfois moraliste, souvent féministe (façon XIXe), toujours observateur des mœurs de son époque. Un souci du détail tant dans la description des paysages qu’envers la psychologie des personnages.
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La Femme abandonnée

Cette exquise nouvelle m’a rappelé Le Lys dans la vallée par le thème et la musique des mots. Découverte en livre audio sur le site litteraturaudio. La voix de la bénévole et la qualité de sa lecture sont un vrai bonheur !
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La Bourse

» Lorsque j’ai découvert ce titre de Balzac ,j’ai cru qu’il traitait de la spéculation financière (dont plusieurs de ses œuvres parlent) mais il s’agit au contraire d’une nouvelle qui traite d’un autre de ses thèmes préférés , l’art et spécifiquement la peinture (comme le Chef d’œuvre inconnu par exemple) . C’est aussi un apologue , on ne doit pas juger les gens sur les apparences (c’est souvent le cas dans la Comédie Humaine) . C’est , enfin, une étude sociale sur les familles tombées dans la médiocrité suite aux aléas de l’histoire. Au final une œuvre peu connu mais plaisante.
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Le Père Goriot

Le Père Goriot, grand classique de la littérature française, est la pierre fondatrice de la Comédie Humaine de Balzac. Le Père Goriot raconte l'histoire d'une pension en 1819, en pleine Restauration. Cet établissement est tenu par Mme Vauquer, une vieille dame veuve. Elle est accompagnée par sa cuisinière Sylvie et son concierge Christophe. Au sein, de cette maison se trouvent plusieurs hôtes dont les principaux dans cette histoire sont Eugène de Rastignac, un jeune étudiant en Droit qui veut monter dans la haute sphère de la société. Il y a celui qui donne le nom au roman, le père Goriot, un ancien vermicelier ayant fait fortune pendant la Révolution. C'est un homme seul, totalement fou de ses deux filles se ruinant pour elles : Delphine de Nuncigen et Anastasie de Restaud. Il voit peu ses filles, car elles sont sous l'emprise de leur mari et ces derniers n'aiment pas Goriot. En même temps, elles aiment leur père surtout pour son argent donc par intérêt financier. Balzac décrit alors dans ce roman la tentative d'Eugène pour grimper les échelons de la société, notamment en tombant amoureux d'une des deux filles du père Goriot.



La première chose que l'on constate lors de cette lecture, c'est une phrase marquante qu'écrit Balzac au début de son roman. Il dit : « Ah ! Sachez-le : ce drame n'est ni une fiction, ni un roman. All is true, il est si véritable que chacun peut en reconnaître les éléments chez soi, dans son cœur peut-être. » S'enclenche ainsi une part de vérité que veut soumettre Balzac dans son roman. Comme nous le savons, l'auteur français (avec Stendhal) est le précurseur du réalisme qui dominera la littérature française dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Ainsi, le Père Goriot est un roman d'observation psychologique des mœurs de la société française, mais surtout parisienne. Balzac veut dépouiller ce qui constitue en bien et en mal (surtout) notre structure sociale. C'est pour cela que le roman commence par une description précise de la maison Vauquer qui paraît lugubre et sordide. Les personnages se trouvant à l'intérieur de ce récit sont à la fois pathétiques et réalistes. Ils sont loin d'être héroïques et le style de Balzac à la fois sarcastique, ironique et cynique déploie la singularité de ce petit monde. Ce sont des personnages remplis de défauts, permettant l'avènement d'une précision pointilleuse de la part de l'auteur français. En apparence, il y a une grande part de bien chez certains protagonistes, mais dans le fond, Balzac veut enlever toute la fausse vertu dans laquelle croient être plongés ces hommes et ces femmes. Typiquement, Eugène, celui que l'on suit le plus dans la narration est un jeune homme voyant petit à petit le monde complexe de l'aristocratie. Nous avons de l'empathie pour ce jeune étudiant, totalement touché par l'ignorance qu'ont les deux filles (un peu moins pour Delphine, rajoutant de la complexité à cette femme) pour leur père. Eugène est très touchant avec le père Goriot, car son empathie est immense pour le vieux monsieur. En même temps, si on s'attarde bien, Eugène est bercé d'ambition et ne pense qu'à cela. Il tombe amoureux de la première fille de Goriot, mais cette dernière le rejette et juste après tombe sous le charme de la deuxième fille (Delphine) en oubliant directement la première. Il ne comprend pas comment les deux femmes peuvent demander autant d'argent à leur père alors qu'il fait lui-même cela avec sa mère et sa sœur via des lettres. C'est la même chose pour le père Goriot dont l'empathie est grandissante au fur et à mesure du roman. Il aime énormément ses filles, mais cela en devient un amour toxique. Il est très généreux envers elles en dépensant sa fortune, mais cette fortune, il a gagné lors de la Révolution sur le dos des plus pauvres.



Dans Le Père Goriot, tout le monde parle d'argent, c'est le leitmotiv de tous les personnages qui exposent leurs sentiments en fonction de cela. Toutes les émotions positives sont questionnées dès qu'il est question d'argent. Que ça soit l'amour, la générosité, la bienveillance, l'empathie, la pitié, etc. sont peu sincères dès qu'il faut faire face à l'argent. Les dialogues sont donc très nombreux et certains monologues sont impressionnants de virtuosité. Notamment la vision du monde de Vautrin. Personnage totalement loufoque et pensionnaire dans la maison Vauqer qui veut se faire de l'argent en manipulant Eugène. Il voudrait que le jeune homme se marie avec Victorine Taillefer, pensionnaire ayant une grande fortune, mais ignorée par son père. Le plan machiavélique de Vautrin nous laisse perplexes, car nous nous demandons si sa démarche est sincère ou non auprès d'Eugène. Finalement, Vautrin se fait arrêter par la police pour son passé de voleur très houleux et dont il était connu sous le nom de « Trompe-la-Mort ». C'est aussi « l'éclairage rétrospectif » qui est intéressant chez Balzac, car il construit un passé très fort à tous les personnages pour mieux saisir leurs décisions.



Roman fort réaliste, mais paradoxalement, il y a quelque chose d'assez romantique dans cette œuvre de l'auteur. À la manière de Stendhal qui lui jonglait entre les deux styles, Balzac écrit des passages où les « héros » sont sous l'emprise d'émotions grandiloquentes. Bien sûr, Goriot est totalement dans ce cas, totalement exaspérant par son enthousiasme naïf dès qu'il voit ses deux filles heureuses. Quand elles ne le sont pas — bien souvent, car elles n'ont plus d'argent — le vieux monsieur est au fond du gouffre. Jusqu'à son lit de mort, Goriot réagit de manière très sentimentale lorsqu'il voit que ses deux filles ne vont pas venir le voir dans ses dernières heures. D'où la sympathie naissante pour lui, car nous ne pouvons qu'avoir de la peine pour cet homme et la relation qu'il a avec Eugène est attractive. Un lien père-fils se déclenche entre eux, mais nous revenons toujours dans une réalité plus pessimiste lorsque Balzac démontre la fausse sainteté de ces gens. L'amour est également présent sous diverses formes, surtout à travers l'agent féminin comme la cousine d'Eugène, la vicomtesse de Bauséant. Sa relation secrète avec le marquis d'Ajunda-Pinto marque cette analyse que fait Balzac pour accentuer l'amusement qu'a l'aristocratie autour des histoires de cœur. La vicomtesse va être trahie par le marquis, car ce dernier va se marier avec une autre femme. Tout le monde voit alors la désillusion de la cousine d'Eugène lors d'une soirée mondaine. Le romancier décrit la moquerie et le divertissement que cela devient dans ce monde aristocrate. La fin grandiose de l'histoire confirme toute l'ambiguïté de son œuvre. Après avoir enterré le pauvre père Goriot — où il dut payer les funérailles avec Bianchon (ami d'Eugène et étudiant en médecine) car les gendres de Goriot ne voulaient pas — le jeune homme regarde au loin Paris et dit : « À nous deux maintenant. » Malgré la mort de son ami, la première chose à laquelle il pense, c'est à son ambition d'intégrer la haute sphère sociale.



Pour conclure, Le Père Goriot est un bel apprentissage de la complexité psychologique qu'ont les hommes et les femmes. Nous grinçons les dents lorsque Balzac décrit les injustices que commettent certains personnages, mais l'écrivain nous rapelle que cela peut être nous également. C'est là où se dégage la vérité dans ce roman qui saute entre le réalisme et le romantisme. À travers sa palette complète de personnes hauts et bas en couleur, l'auteur crée son laboratoire pour analyser la profondeur humaine et ses comportements sociaux. Tout cela dans un ton très agréable à lire entre humour et exaltation des sentiments.
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Sarrasine

Nouvelle romantique où Balzac déploie son art de conteur et son style flamboyant. Ah, le bel Endymion endormi (peinture de Girodet, 1791), apparaissant sur la page de titre de mon édition ! Il nous permet d’imaginer la beauté androgyne de la Zambinella, ravissante prima donna qui enflamme la scène lyrique romaine.



Pour revenir à la nouvelle : un des thèmes est la méprise (au sens de fantasme) de l’amoureux ; il s’agit de la transfiguration (l’embellissement) qui accompagne l’élan passionnel.



Première publication de ce texte en 1830 dans la Revue de Paris, l’auteur avait trente et un ans. Un extrait de la préface : « Les patrons de la Revue de Paris [ ] ne cessent de rappeler à la décence un jeune auteur (trente et un ans) qui s’emballe un peu trop : certes le public veut du sémillant, de l’anecdotique, du piquant, mais il lui faut les formes, au moins équivoques, qui permettent, éventuellement, de faire semblant de ne pas avoir tout compris. Autrement dit : du piquant romanesque, mais voilé. » P10

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César Birotteau

A priori ,rien pour me séduire dans cette Iliade de la boutique ..Et pourtant le génie de Balzac rend passionnante l’aventure de cet Icare parfumeur qui pour voler trop haut brûle ses ailes ( le sort est bien aidé par les grands méchants escrocs Roguin et Du Tillet) . Il sera sauvé par de bons anges femme ,fille et Anselme Popinot , le chevalier blanc . Il n’y manque même pas le roi comme Deus ex machina ! Par ailleurs , et ce n’est pas le moins intéressant , Balzac nous met au parfum (Ah !Ah !) sur la publicité naissante.
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La vieille fille

Bien que la volonté d'Honoré de Balzac ait été de dépeindre de manière satirique la bourgeoisie provinciale, la part de description de chacun des personnages est longue et fastidieuse à lire. Selon moi, l'intérêt de ce roman se trouve davantage dans les anecdotes historiques, les références à Walter Scott ou encore celles autour des Chouans, que dans l'énumération des caractères de tous les personnages grotesques qui composent ce roman.
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Le Lys dans la vallée

[Roman audio, lu par Victoria pour le site litteratureaudio.com]

Un roman saisissant par son style, superbement écrit. Rien à redire de ce point de vue, l'éviter c'est manquer quelque chose.



Néanmoins, sur le fond, c'est assez extra-ordinaire. De toute la littérature du 19ème siècle que je commence à bien connaître, c'est le roman qui m'a semblé le plus montrer à quel point nous avons changé de conception sur l'amour, les rapports entre les hommes et les femmes, la place de la femme dans la famille, dans la société et son rapport à elle-même, le mariage, la vertu, et tout un tas d'autres concepts.



Si j'ai trouvé ce roman inaudible (vraiment!) pour un lecteur contemporain tel que moi, je l'ai trouvé absolument passionnant pour un amateur d'Histoire. Aussi, je vous le recommande.
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Le Cousin Pons

Oui, au début, Pons est ridicule, avec sa pauvreté, sa laideur, ses défauts et même son pêché capital - la gourmandise. C'est un pique-assiette, il s'humilie auprès de lointains parents pour se faire offrir des dîners, et à la manie du bric-à-brac, de faire les brocantes. Oui, il fait pitié, mais aussi rire à ses dépends au début avec sa monomanie, qui, chez Balzac, mène souvent à la folie dans la plupart des Etudes Philosophiques. Il y a du Balzac aussi dans ce personnage, lui aussi aimait chiner et pensait découvrir des trésors.

Mais Pons les trouve vraiment ces trésors, et l'amour de l'art le transforme et apporte de la lumière. La lumière dans cette oeuvre vient aussi de l'amitié pure, désintéressée jusqu'à la mort, entre Pons et Schmuke, deux hommes unis par l'amour de la musique, par la sensibilité et la générosité - par pudeur peut-être, on ne sait pas s'il y a d'autres choses, mais on comprend que l'amitié est plus forte que l'amour. Balzac les compare à la fable des deux amis de Monomotapa de La Fontaine, une amitié idéale et universelle - fable que j'ai d'ailleurs découverte à cette occasion, et que je conseille. Une autre petite touche d'espoir vient de Topinard, lui aussi sans intérêt et pur - sa famille est une touche de joie au moment le plus tragique du roman, la petite fille blonde incarnant la douceur, la spontanéité dans un foyer chaleureux

Mais face à ces trois exceptions, que de monstruosité et que de monstres ! Balzac plonge dans les horreurs sombres de l'âme humaine où tous, de la simple concierge à l'avocat, au commerçant, au médecin ou au grand bourgeois, ne sont mus que par l'ambition ou l'avarice. Et le vice nourrit le vice, la concierge qui commence par arnaquer un peu ses locataires sur les courses du repas, finit par essayer d'empoisonner un homme, subtiliser un testament, voler ce qu'elle trouve.

Ce roman emprunte à de nombreux codes du roman policier, mais on sait à l'avance qui est l'innocent et qui seront les coupables, tous les autres qui s'unissent pour se partager un héritage, alors que le mort ne l'est pas encore... Quant au portier, lui, il est assassiné dans la quasi indifférence de sa femme et du quartier, personne ne soupçonne qu'il y a crime.

Oui, un roman sombre et désespérant de Balzac, passionnant même si c'est le vice qui triomphe.
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Le Cousin Pons

On aurait pu dire : c'est l'histoire d'un parasite, d'un pique-assiette, mais ce titre voulu en premier lieu par Balzac aurait inscrit le livre dans le jugement et aurait fait injure au génie de l'auteur qui s'évertue à nous dévoiler le côté humain d'un pauvre bougre malmené par la vie qui, même s'il a fait de mauvais choix, se révèle somme toute très touchant.

C'est donc l'histoire d'un vieux musicien, disgracié par la nature, qu'un prix de Rome a arrêté dans sa course ; grisé par les honneurs et les mondanités (comme aujourd'hui les prix Goncourt font beaucoup d'élus dont peu produiront une oeuvre pérenne) il a peu à peu perdu sa créativité et s'est réfugié dans des plaisirs de compensation.

Son côté artiste dort sous le boisseau et son goût pour la gastronomie devient un rempart à la frustration, puis une passion et une addiction, tandis que l'amour du chineur (sorte de bricabracomanie) l'amène à se constituer des collections de tableaux et d'objets rares qui témoignent de sa sensibilité d'esthète.

Devenu vieux et pauvre et laid, ce qui, dans le Paris d'hier et d'aujourd'hui, constitue une tare, son cercle de relation, las d'inviter à sa table une pale effigie d'un succès qui n'a plus de résonnance dans un monde où l'argent fait la loi, lui fait subir toute sorte de vexations. Aiguillonné par sa passion gastronomique, il se fera un challenge de les ignorer jusqu'au moment où l'humiliation prendra de telles proportions qu'il ne le pourra plus.

Ce seront les Camusot de Malville et leur fille Cécile (de lointains cousins) avec la complicité de leurs domestiques qui se raillent de lui ouvertement en l'invitant à un diner qu'ils décommandent à son arrivée sous un vulgaire prétexte qu'ils ne prennent pas la peine de rendre plausible (les rires sous cape et les moqueries ressemblent à une scène de vaudeville), le jour même où il vient offrir à Mme de Malville une de ses fabuleuses trouvailles : un éventail décoré par Watteau qu'elle finit par accepter avec dédain.

Pons, mortifié, plonge dans une profonde dépression dont il aurait pu mourir sans l'aide de son ami allemand, Schmucke, un autre musicien. Une belle amitié faite de complicité et d'abnégation. On les surnomme les casse-noisettes.

Schmucke, pour consoler son ami de sa disgrâce, lui fournira des diners luxueux pendant trois mois. Ils ne satisferont qu'à moitié le palais du fin gourmet qui sombrera à nouveau dans la nostalgie et la tristesse. Puis le dévouement de Scmucke le conduira à présenter son ami à de riches banquiers, amateurs de curiosités, les Brunner.

Lors d'une de ces visites chez Pons, Fritz Brunner lui révèle que son bric-à-brac représente une fortune. Les murs ont des oreilles et la rumeur se répand. Les Malville appâtés par le gain et qui visent à marier leur fille Cécile à ce riche mentor, présentent de plates et hypocrites excuses à leur cousin. Celui-ci leur pardonne de bon coeur et se mettra même en frais pour arranger le mariage. Il ne se fera pas et la vengeance des parents ne connaitra pas de bornes. le cousin Pons sera à nouveau vilipendé, honni et chassé des tables convoitées. Il en tombe gravement malade.

Puis s'annonce le drame, car la nouvelle de sa riche collection attire les rapaces de toutes sortes dont la concierge Mme Cibot, qui n'a de cesse de faire en sorte d'être couchée sur son testament, est le premier rouage. La suite est digne d'un roman noir. le crime parfait s'organise grâce aux manigances de la Cibot avec la complicité d'un homme de loi M. Fraisier, d'un médecin M. Poulain, d'un notaire, d'un avocat, de la famille de la victime et de gens très haut placés…

Si vous voulez avoir une idée des monstruosités provoquées par l'appât du gain et des honneurs. (Les deux sont intimement mêlés, mais l'argent y est déjà roi) lisez le cousin Pons. Mais qu'on ne se méprenne pas, Balzac est un visionnaire et rien n'a vraiment changé sous le soleil : les inégalités rendent les gens méchants, envieux et cupides, l'arrivisme est toujours d'actualité, les puissants s'arrogent des droits sur les plus faibles, et la justice est toujours au service des plus riches…

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Avant-propos de la Comédie humaine

Même s'il constitue un texte théorique essentiel pour comprendre ce que Balzac a voulu faire de "La comédie Humaine", l'avant-propos de la "Comédie Humaine" n'est pas parfait !...

C'est vrai que le projet balzacien est tout à fait passionnant, mais certaines idées m'ont paru un peu trop déterministes et il m'a semblé que c'était assez fumeux.

Néanmoins, tout ce qui se rattache à "La Comédie Humaine", reste très intéressant. L'"Avant-propos", fait partie intégrante du grand-œuvre, de ce monde unique par son ampleur qu'a créé Honoré de Balzac.
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Le Père Goriot

Fallait-il qu’il en ait eu du talent ce sacré

Honoré pour qu’après tant d’années passées à l’enseigner ,j’éprouve autant de plaisir à le relire !

La pension Vauquer , sa tenancière, ses pensionnaires et dont bien entendu Vautrin ,Goriot et

Rastignac sont les vedettes .Des scènes inoubliables , des dialogues mordants …. Les filles Goriot

, leurs maris ,leurs amants , la mort du « Christ de la paternité » et ,apothéose , le « A nous deux

maintenant ! » adressé à Paris par Rastignac du haut du Père Lachaise.

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La Messe de l'Athée

Un texte court mais puissant, avec deux portraits de deux grands hommes, chacun à leur manière : : le brillant chirurgien dans ses prémisses, alors qu'il n'est qu'étudiant, en devenir, et le modeste ouvrier de Paris, obscur toute sa vie malgré sa sainteté. Une sainteté telle - comme celle de Valjean, du père Buvat aussi chez Dumas... - qu'elle reste de l'ombre et n'éclate que par amour, visible seulement de celui qui est le réceptacle de cet amour. Plus donc qu'un récit sur la religion ou la foi, c'est un texte sur le dévouement et la tendresse cachés. Derrière chaque grand homme, ou avant que chaque grand homme ne le devienne, il y a un héros caché qui le nourrit et s'occupe de tous les détails matériels de l'existence pour que le génie puisse se révéler. Deux très beaux portraits donc, un texte qui m'a touchée.

Je rajoute une phrase pour dire que, maintenant que j'arrive presque au bout de la somme qu'est la Comédie Humaine, cette nouvelle se place vraiment pour moi parmi ses plus grands chef-d'oeuvre.
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Voyage de Paris à Java - Un drame au bord de ..

Deux nouvelles dont la première est fort exotique. Différentes luminosités, couleurs, senteurs, les javanaises avec leur chevelure noire et leur peau blanche, la beauté, la nature, les épices... Tout ceci est ravissant.

La deuxième nouvelle dont le fond est un drame se lit toutefois avec une certaine légèreté.

Petite étrangeté, je n'ai pas eu du tout l'impression de lire du Balzac, c'est surprenant.



Lu en mars 2019 / Folio - Prix : 2€.
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La fille aux yeux d'or

Attention, prends une grande respiration, c'est du Balzac. Si tu lis à voix haute tu risques l'apoplexie. Ah ! un point, vite respiration, ouf !

Bah oui Balzac...

Il faut se battre un peu, ça se mérite du Balzac, parfois ça en vaut la peine.



La peinture des parisiens n'est pas des plus flatteuses. Balzac présente longuement (trèèèès longuement) un Paris jaune, paresseux, vénal, épicurien à l'excès, immoral. "Le plaisir ou l'or", seules carottes faisant avancer Paris. Décadence.



Dans ce Paris vit Henri de Marsay qui aura un coup de foudre pour Paquita Valdès, envoutante créature aux yeux d'or.

Henri, si beau qu'il obtient toutes les conquêtes qu'il veut sans même lutter, est fasciné par cette mystérieuse femme.



Passion bien plus qu'amour, romantisme se heurtant à de basses considérations matérielles, violence des sentiments, vanité, amour-propre...



Je n'ai pas été transportée par cette histoire. Je suis revenue loin en arrière, sur les bancs du lycée, face au dilemme "je saute discrètement des pages ou pas ?". Je n'ai pas sauté de pages finalement (autoflagellation pour me convaincre) mais je suis vraiment hermétique à l'écriture de Balzac.
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Splendeurs et misères des courtisanes

Il aura fallu le challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme", proposé par Gwen21 pour m'encourager à renouer avec Balzac, mes derniers voyages littéraires en compagnie de ce monsieur datant de pas loin de 15 ans. Je dois dire que Balzac est un de mes auteurs réalistes préférés, ce qui n'est pas grand' chose car je ne suis pas hyper fan de ce courant littéraire. Cependant, je garde un souvenir frappant d'Eugénie Grandet et sympathique d'Ursule Mirouët. J'étais donc plutôt de bonne volonté en attaquant Splendeurs et misères des courtisanes.



N'ayant pas lu les Illusions perdues que ce roman continue et très peu d'autres romans de la Comédie humaine, j'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire. J'étais un peu perdue dans les personnages. J'avais vraiment l'impression de prendre le train en marche ou, pour être plus exacte, d'arriver au bal de l'Opéra sans y connaître personne. Mais j'ai assez vite pris mes repères.

Je m'attendais à un roman qui décrirait de manière réaliste la vie des courtisanes au XIXe siècle. Sur ce point, je dirais que je suis restée sur ma faim. Il y a bien des courtisanes, enfin une, surtout : Esther, dite "la torpille" mais, au début de ce roman, elle n'en est déjà presque plus une. Amoureuse de Lucien de Rubempré, elle s'est faite chaste pour lui et sa carrière est derrière elle. Quelques allusions par-ci par-là laissent entrevoir ce que fut cette carrière mais ils n'en sont que plus frustrants. J'aurais trouvé beaucoup plus intéressant de découvrir comment une fille devient une courtisane, les hauts et les bas de sa vie, etc.

Finalement, Splendeurs et Misères des courtisanes raconte plus les manoeuvres de l'"abbé" Carlos Herrera pour hisser son protégé, Lucien de Rubempré, aux plus hauts degrés de la bonne société. Esther, la courtisane, y est réduite à l'état d'instrument entre les mains du redoutable manipulateur. le roman ne manque pas de rebondissements et de suspens car Carlos Herrera, qui est en fait une vieille connaissance du lecteur, se retrouve bientôt aux prises avec les plus redoutables agents de la police politique.

Pour un roman réaliste, Splendeurs et misères des courtisanes ne l'est pas toujours. Ou, du moins, ne paraît pas toujours l'être. S'il remplit parfaitement son cahier des charges concernant la description des décors ou de certains éléments du contexte social (le fonctionnement de la justice, par exemple), il paraît complètement à côté de la plaque sur la psychologie des personnages. Ils sont souvent "too much" : Esther qui passe de la prostitution à l'amour sacrificiel (et retour), Lucien qui accepte sans hésitation de prostituer celle qu'il est censé aimer pour servir son ambition, Herrera et son dévouement incompréhensible (du moins dans les 3 premières parties) pour Lucien, Nucingen, le coeur de pierre qui tombe amoureux au premier regard... Certaines réactions de personnages m'ont parues complètement incompréhensibles. J'ai parlé déjà de Lucien mais je pourrais y ajouter Delphine Nucingen qui s'amuse de la passion de son mari, le marquis de Sérisy qui tolère très bien les incartades de sa femme, etc.

Enfin, je n'ai pas adhéré du tout à l'intrigue principale : un jeune homme qui veut épouser une jeune fille de la meilleure société en extorquant des millions à un banquier par l'intermédiaire de sa maîtresse. J'ai trouvé ça d'un sordide ! Mais, ça, c'est affaire de goût personnel. C'était peut-être d'ailleurs le but de Balzac de montrer que les plus immoraux ne sont pas toujours ceux que la société pointe comme tels.



Sur le fond, ce roman a donc été plutôt décevant pour moi, par rapport à mes attentes de départ même si je l'ai lu sans déplaisir. Au niveau du style, Balzac n'est peut-être pas la plus fine plume de la littérature française mais il a parfois des passages qui sont magnifiques. J'ai trouvé particulièrement croustillantes les conversations entre ex-forçats qu'il reproduit dans la 4e partie.



En résumé : un roman qui est censé se rattacher au réalisme mais où l'auteur se laisse un peu trop emporter par son goût du romanesque et sa vision fataliste de l'humanité. Il met finalement moins en scène le monde des courtisanes que l'avant-dernière incarnation de son Mephistophélès.



Challenge Solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2019

Challenge Monopoly
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Le Père Goriot

Le père Goriot a fait fortune dans le commerce du vermicelle et des pâtes d'Italie. Maintenant il songe à se retirer des affairés, afin de trouver pour ses filles chéries, Delphine et Anastasic, un brillant mariage ; car toutes deux veulent être comtesses, ou au moins baronnes. Et comment un noble consentirait-il à épouser la fille d'un marchand de vermicelle ? Ce n'est pas toutefois sans un vif regret que le brave homme dit adieu à ses pâtes et à ses farines ; c'est au milieu d'elles qu'il voudrait vivre et mourir : ne l'ont-elles pas fait millionnaire ? mais il le faut, ses filles l’exigent ; et le père Goriot vend son fonds de vermicellier.

Une fois retiré, ce n'est plus qu'un ancien négociant, avec un capital de deux millions. Delphine et Anastasie peuvent choisir un mari ; l'une épouse un baron de Mecingen, et l'autre devient comtesse de Restaud. Avant d'arriver là, il a bien fallu faire des sacrifices d'argent. De son immense fortune, il ne s'est réservé que dix mille francs de rente : mais que lui importe, pourvu que ses deux filles soient riches et heureuses ? Dix mille francs de rente ! il ne lui en faut pas tant pour vivre ; il peut encore employer les quatre cinquièmes de son revenu à leur faire d'utiles cadeaux. Dans bien des circonstances, pour une foule de coûteuses frivolités, de petites nécessités de toilette, le père Goriot est encore la providence de ces dames : aussi le reçoit-on bien, le fête-t-on, en famille seulement, cela va sans dire, et en petit comité : devant le monde on rougirait de lui.

Enfin ce bonheur-là suffît encore au père Goriot ; il voit ses chères enfants aussi souvent qu'il lui plaît. De temps en temps ses gendres daignent le visiter dans son petit appartement ; on laisse bien échapper parfois quelques dures paroles, quelques sarcasmes blessants ; le père Goriot s'en afflige un moment, et finit par en prendre son parti. Car après tout on l'aime, pense-t-il; au moins on le lui dit. Encore si cela durait !

Mais les ruineuses prodigalités de ses filles diminuent chaque jour son dernier capital. Les gendres, qui jusque-là supposaient encore au beau-père un joli reste de fortune, s'aperçoivent qu'il n'a presque plus rien, une centaine de mille francs peut-être. C'est bien la peine vraiment de se gêner pour si peu, de subir à tout instant des humiliations à cause d'un pareil homme ! On ne le reçoit plus que rarement et avec froideur ; on ne manque aucune occasion de lui faire sentir que sa présence fatigue et contrarie : le père Goriot, quoique affligé de ce refroidissement, tient bon néanmoins. Il vient pour voir ses filles, pour être témoin de leur bonheur ; car c'est là tout le sien désormais. Mais enfin on se lasse, on le congédie, on le met à la porte. Pauvre père Goriot

Alors il quitte son joli logement, il renonce à ses beaux meubles, à tout ce qui faisait sa vie de garçon agréable et commode. Il abandonne les élégants quartiers de la capitale pour s'exiler au faubourg Saint-Jacques, dans une pension bourgeoise des deux sexes ; il choisit une chambre au premier étage, où il puisse recevoir Delphine et Anastasie sans les faire rougir, si, comme il l'espère, elles viennent encore le voir de loin en loin.

Voilà donc le père Goriot, millionnaire il y a deux ans, devenu aujourd'hui pensionnaire de la maison Vauquer ! Il commence à comprendre qu'il a eu tort peut-être de se mettre à la merci de ses gendres, de ne rien refuser à ses filles. Se voyant délaissé, maintenant qu'il est pauvre, il s'aperçoit enfin qu'on le choyait auparavant seulement parce qu'il était riche ; il sent la faute qu'il a commise. Son revenu est bien mince à présent ; mais comme son premier besoin, sa première nécessité est de voir ses filles, il trouve encore moyen d'économiser pour elles ; c'est pour elles qu'il réduit ses dépenses, qu'il supprime toutes superfluités, qu'il se prive de tout, même du nécessaire : il entasse écu sur écu pour les voir quelquefois. En effet, quand par hasard elles viennent encore le visiter dans sa modeste chambre, il sait bien que ce n'est plus pour lui, pauvre vieux, mais pour son or. N'importe, il est encore trop heureux de les voir à ce prix. Pour amasser de cet or, il diminue tous les jours sa dépense, monte successivement du premier étage de la maison jusqu'à la mansarde. Pour faire face à toutes les folles dépenses de ses filles, il se défait peu à peu de tous les débris de son ancienne opulence, il vend son argenterie, il vend sa montre, sa chaîne, tous ses diamants ; enfin il est ruiné, il a tout vendu, jusqu'aux bijoux de sa défunte. Que faut-il de plus ?

Mais les grandes dames sont toujours là, lui demandant de l'or. « Allons, pauvre Goriot ! pour donner à tes filles une robe de bal, ou payer quelques dettes secrètes, vend sa dernière ressource, le morceau de pain qui te reste et te fait vivre ; et quand tu auras aliéné ta pension alimentaire, quand tu auras tout donné, hâte-toi de mourir, va-t'en de ce monde où tu n'es plus bon à rien. »

Ainsi arrive-t-il. Le père Goriot n'a pas même, à ses derniers moments, la consolation de bénir ses filles ; il meurt sans les voir, les ingrates !

Outre le père Goriot et ses filles, il y a dans le roman d'Honoré de Balzac plusieurs figures secondaires dont nous n'avons pas parlé, parce que l'auteur a jugé à propos de ne les donner qu'en croquis, entre autres celle d'un étudiant en droit, Rastignac, l'amant d'une des filles du père Goriot ; jeune homme d'une famille noble, mais pauvre, venu à Paris pour faire son chemin ; esprit froid et calculateur qui veut étudier le monde pour le mieux faire servir à son élévation.


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Une passion dans le désert

Ce texte court De Balzac intitulé "Une passion dans le désert" est une illustration de son talent d'écrivain. Pourtant, malgré sa belle écriture, l'auteur du 19eme siècle nous raconte une histoire que je n'ai pas du tout aimée. Je dirai même plus que je déteste son mépris pour les égyptiens, les considérant comme des animaux.

Après avoir été fait prisonnier par les maugrabins au cours de la campagne de Bonaparte en Égypte, le général Desaix de l'armée française réussit à s'évader. Il se retrouve seul dans le désert et trouve refuge dans une grotte où vit une panthère. Contrairement à toute attente elle va l'adopter et se soumettre à lui.

Non seulement les propos sont racistes mais ils sont aussi misogynes avec une comparaison systématique des minauderies du félin avec la gente féminine. Quant à la fin que je ne dévoilerai pas, elle m'a laissée insensible.





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