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Critiques de Irène Frain (641)
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Au royaume des femmes

Explorateur, botaniste et photographe, Joseph Francis Rock était un personnage unique en son genre. Excentrique, roublard, ambitieux et manipulateur, cet individu haut en couleur était aussi détestable qu'attachant. Né en Autriche en 1884, cet autodidacte surdoué apprit le mandarin tout seul en dérobant un manuel de chinois dans la bibliothèque du comte Potocki dont son père était le serviteur. Destiné à la prêtrise ou la domesticité, l'adolescent préférera fuir son pays pour courir le vaste monde. Il n'a pu obtenir de diplômes ? Qu'importe. Il s'en fabriquera un faux chez un vieux quincaillier et sera recruté comme professeur de botanique à l'université d'Honolulu. Incollable sur la science des végétaux en six mois seulement, l'aventurier naturalisé américain qui a soif de grands espaces se fera embaucher comme journaliste par la revue National Geographic, promettant des reportages explosifs sur la région du Tibet, un territoire encore méconnu dans les années 1920. Ne voulant pour rien au monde renoncer à son confort, Joseph Francis Rock se déplacera uniquement avec sa suite de douze Na-khis, son argenterie, ses mets fins, son Champagne et sa baignoire gonflable. De sa rencontre avec un vieil espion anglais va naître une obsession : se rendre au Royaume des femmes, une contrée située au coeur de la montagne Amnyé Machen réputée plus haute que l'Everest, une région ardemment défendue par le cruel peuple Golok et sur laquelle règnerait une puissante reine descendante des amazones. Chimère ou réalité ?



Portrait sans concession d'un explorateur intrépide, brillant, mystificateur et avide de gloire, "Au royaume des femmes" est une enquête qui court sur plus de huit cent pages et se lit comme une épopée romanesque. On chevauche sous le vent de Gobi, on subit les caprices du temps, on copine avec le cruel Prince de Choni qui tranche l'oreille de ses sujets qui ne se prosternent pas assez vite sur son passage, on goûte des plats peu ragoûtants comme du poulpe gélatineux accompagné d'une glace au dentifrice... D'une écriture impériale et tranchante comme un sabre, Irène Frain nous entraîne dans un périple aussi enchanteur que dévastateur !
Lien : http://leslecturesdisabello...
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Quand les Bretons peuplaient les mers

Pour les Romains de l'antiquité le terme "Arvor" désigne "un pays près de la mer" et englobe tous les peuples maritimes de la Gaule occidentale, aussi bien la Vendée, la Normandie que la Bretagne.

Les Celtes des îles Britanniques lui donnèrent un autre nom "Letavia" mais qui désigne, lui, seulement le promontoire où, selon les légendes Irlandaises, devaient se rendre les âmes des morts avant de s'embarquer vers l'autre monde : la Bretagne constitue donc le centre de ces pays celtiques.

Dès l'origine, elle est le territoire des passeurs.

Explorations, guerres, colonisations, les Bretons fourmillent, au Canada, aux Antilles, en Amérique du sud, aux Indes, en Chine...

Irène Frain, Lorientaise, femme de lettres nous fait le récit de la mystique bretonne que portent ces marins, dans un ouvrage érudit et élégant.

Elles nous fait partager, avec beaucoup de plaisir, les mêmes rêves que ces matelots, ces marchands, ces ducs, ces pêcheurs, ces gueux qui se tournent vers la mer et qui reconstruisent l'univers au gré de leur imagination.

Irène Frain signe, là, un bel hommage à sa région, à tous les marins et hommes de mer qui ont peuplés ses côtes mais aussi elle réalise un imposant livre d'Histoire abondamment documenté.

Elle nous offre un bel ouvrage de littérature maritime où souffle le vent du large.
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Un crime sans importance

Sans larmoiements ni plaintes, Irène Frain évoque l'assassinat de sa soeur aînée de 79 ans dans un pavillon de banlieue parisienne résidentielle survenu en 2018 et le silence opaque de la police et de la justice à son égard.



Savoir ce qui est arrivé à sa soeur devient une obsession dévorante ; elle se lance à la recherche de la vérité, comme elle se lancerait dans une forêt peuplée de monstres tout-puissants et indifférents.



Il y a en France un certain nombre d'"invisibles" : ce sont les retraités, les gens modestes, les obscurs, les sans domiciles fixes, les sans famille... : ceux-là sont les abandonnés, voués, s'ils disparaissent ou sont assassinés et sauf circonstance favorable, au classement rapide de leur dossier. Il y a toujours plus urgent que de s'occuper d'eux.



La sortie de ce livre en août 2020 semble avoir fait bouger les choses : deux ans après les faits, un juge d'instruction vient d'être nommé.





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Un crime sans importance

C'est un récit et une enquête.

C'est le récit d'un meurtre, suivi d'une introspection visant à comprendre et à faire revivre la victime, et une enquête sur les circonstances du drame.

La victime est Denise, la propre sœur de l'auteure, son modèle quand elle était enfant, et que les circonstances et la maladie ont écartée de la famille. Irène Frain retrace la vie de cette sœur aimée et si éloignée, et s'efforce de comprendre les ressorts de sa maladie et de ses difficultés familiales.

De l'enquête elle ne saura rien, ou si peu : elle se heurte au silence de la police qui n'en finit pas d'enquêter sans enquêter, sans conviction, et au poids du « Mastodonte », le système judiciaire, lent, opaque, inhumain qui fait ce qu'il peut, ou ce qu'il veut, avec l'absence de moyens qu'il a.

Au-delà de l'hommage rendu à sa sœur et de sa propre enquête, l'auteure pousse un cri d'alarme qui nous concerne tous : la police et la justice ne sont plus au service des citoyens.
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Un crime sans importance

Comment dire... pour ne pas mettre de sel sur une plaie vive ? Il ne s’agit que d’un essai qui est l’ultime tentative de l’auteure pour obtenir des autorités : police, justice, que la lumière soit faite sur le meurtre de sa sœur survenu 14 mois plus tôt. Cette sœur, vieille dame vivant seule dans son pavillon de banlieue, a été agressée sauvagement chez elle et est décédée une dizaine de jours plus tard. L’enquête de police piétine et l’auteure nous narre ses démarches, ses attentes et son impatience de voir démasquer le ou les auteurs des faits. Elle passe par les affres de toutes les familles de victimes. Cet essai est et n’est qu’un essai et ne saurait avoir de prétentions littéraires alors que l’on se demande tout de même si l’auteure n’a pas de plus hautes prétentions.

Elle tente d’y apporter un soupçon de suspense en relatant peu à peu que sa sœur aînée fut sa marraine, brillante et s’est éloignée du cocon familial avec l’âge, les études, le mariage. Cela ne change rien à l’affaire que cette sœur si brillante semble avoir développé à l’âge adulte une personnalité bipolaire et qu’elle ait coupé tout contact avec ses parents, frères et sœurs de telle sorte que ses enfants n’ont pas de liens avec elle.

Pour finir ? l’enquête est toujours en cours et l’auteure fait sa petite enquête de voisinage et reçoit comme de grandes révélations, de simples rumeurs : il y aurait eu d’autres agressions dans le quartier et la zone pavillonnaire est proche d’une cité mal famée. Point. Fin de l’histoire.

Malgré le contexte dramatique d’un meurtre d’un proche, ce court essai n’apporte rien de plus que ne l’aurait fait un article de journal sur un fait divers. C’est bien triste. Ce n’est pas de la littérature.

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Marie Curie prend un amant

Plus je lis, plus je suis impressionnée par la capacité des romanciers (d'une romancière en l'occurrence) à nous fournir un éclairage différent sur l'Histoire.



Je suis d'accord avec vous, Irène Frain n'a pas écrit un roman. Comme elle le dit elle-même, il s'agit d'une reconstitution d'un épisode de la vie de Marie Curie à partir des quelques documents qu'elle n'a pas jetés.



Mais tout de même ! Je persiste à croire qu'il fallait une romancière de l'envergure d'Irène Frain pour arriver à gratter le vernis de l'icône Curie.



Reconnaissons-le, la tâche n'était pas aisée ! Marie Curie ne supportait pas l'exposition médiatique, elle s'est efforcée à chaque minute de son existence de protéger sa vie privée contre vents et marées, allant jusqu'à détruire toute sa correspondance et à demander à ses amis de faire pareil.



Si Marie Curie s'était donné comme objectif insensé de trouver quelques milligrammes de radium pur dans les centaines de kilos de pechblende qu'elle faisait chauffer dans la cour de son laboratoire, de la même manière, Irène Frain s'est obstinée à collecter patiemment toutes les données disponibles sur Marie Curie. Elle a passé le tout au crible de son intelligence et de sa sensibilité de femme pour en extraire la quintessence de la femme Marie Curie. Non une ixième image de la scientifique au visage impénétrable sur les photos mais au contraire un portrait sensible d'une femme confrontée aux plus durs préjugés de son époque profondément anti-féministe.



Obstination féminine et talent. Deux termes qui les rapprochent. En effet, je trouve qu'Irène Frain réussit à merveille son travail d'équilibriste et évite avec brio le piège de la froide biographie. Elle m'a fait découvrir le travail et la vie de Marie Curie sous un autre jour, je suis entrée en empathie avec une femme ‘dans le respect de sa chambre secrète, où nul ne pénétrera jamais'. Un bel exercice de style assurément qui m'a procuré de bons moments de lecture aussi émouvants que captivants.





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Marie Curie prend un amant

Rendez-vous compte : Madame CURIE A PRIS UN AMANT !!!!!!! Comme la une d'un journal voici ce que l'on pouvait lire dans les journaux en 1912.......Irène Frain retrace la vie de Marie Curie, la première femme à avoir reçu un prix nobel et seule femme à en avoir reçu 2 mais surtout l'épisode de sa liaison (que j'ignorais) avec Paul Langevin. Cette liaison défraya les chroniques en 1912 bien qu'elle soit veuve depuis 5 ans et à la veille de recevoir son deuxième prix nobel.

Rien ne lui sera épargnée : presse, lapidation de sa maison, obligée de se cacher, de s'éloigner de ses filles afin de les protéger.

J'ai découvert qu'elle était sous ses apparences froides, une femme amoureuse : dans un premier temps de son mari : Pierre, disparu tragiquement dans un accident, mais ensuite de Paul Langevin. Les deux amants durent longtemps se cacher car celui-ci était marié et bien faible vis à vis de sa femme et de sa famille. Marie devait tout assumer : ses recherches, ses filles, son amant, les attaques de la femme de son amant et de sa belle famille, les dépenses mais aussi les réunions, les congrès, les entretiens avec d'éminents chercheurs dont Einstein.

Le récit se lit comme un roman et l'on est surpris (mais pas tant que cela) par le scandale provoqué par cette relation : était-ce dû à l'origine polonaise de Marie, à une relation adultérine de la part de Paul, de la condition de femme et au fait que beaucoup considérait que son premier prix nobel était usurpé de la par de Marie.

Une grande dame de la recherche qui repose depuis 1995 au Panthéon auprès de Pierre, son grand amour, que l'on découvre femme forte, femme amoureuse et tenace dans ses recherches qui ont été sa priorité tout au long de sa vie et qui lui a sacrifié même sa santé et sa vie.

Beau travail de recherches mais non ennuyeux.
Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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Marie Curie prend un amant

Au tout début du 20e siècle, Marie Curie était considérée comme la Madone de la Science.

Devenue jeune veuve et déjà très célèbre, personne ne peut imaginer que cette femme rangée, honorable mère de famille puisse avoir un amant et le pire du pire c'est qu'il s'agit d'un homme marié, père de famille, plus jeune qu'elle, disciple et ami de son défunt mari.

Dans une première partie, Irène Frain fait revivre le couple illustre, complice, passionné par la recherche scientifique qu'elle forme avec Pierre Curie. Elle évoque leur travail acharné, leurs premières découvertes, leur vie modeste et discrète.

Ensuite, lorsque la liaison devient publique, le scandale éclate et provoque un défoulement de haine. Marie devient la paria, une femme traquée, calomniée à qui l'on attribue soudain les pires turpitudes. Face à la curée médiatique impitoyable, Marie résiste et nous émeut par sa sincérité.

Ce qui est loin d'être le cas pour son non moins illustre amant le brillant Paul Langevin, archétype du mâle adultère, indécis, menteur, poltron et exaspérant de lâcheté.

L'enquête d'Irène Frain, méthodiquement menée est digne d'un fin limier de la police des moeurs et c'est en cela que le récit me dérange car l'auteure déballe tout le sordide qui s'attache à ce genre de situation : enfer de l'adultère, violation de la vie privée, de l'intimité avec son lot de scènes de ménage, hystérie, parti-pris des uns et des autres.
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Le secret de famille

Comment une jeune femme qui a commencée sa vie aussi durement arrive-t-elle à se hisser aussi haut ? Elle réussit à déjouer tous les coups du sort qui se mettent au travers de sa route pour devenir une vraie femme d'affaires. Une belle leçon de vie pour apprendre que même difficile, la vie vaut le coup d'être vécue.
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Au royaume des femmes

Un homme heureux !



Imaginez-le, plongé dans un bain brûlant alors que la température extérieure n'excède pas les 4 ou 5° Celsius, la baignoire gonflable plantée dans le décor grandiose de la chaîne himalayenne, l'homme dégustant dans son bain une coupe de champagne, avec en fond sonore Norma qui crépite sur un vieux gramophone pendant qu'un tafelspitz mijote sur le feu...



Nous sommes dans les années vingt et cet homme se nomme Joseph Francis Rock. Tel que nous le surprenons là dans ce grand moment d'intimité, il est en train de rêver à sa prochaine destination, le pays Golok, terre encore inexplorée. Et pour cause... menées par une reine les tribus nomades qui y règnent sont d'une extrême sauvagerie. Depuis qu'un vieil espion britannique, rencontré une veille de nouvel an dans un pub de la frontière birmane, a confié à Rock l'existence de ce royaume des femmes, "ultime vestige du peuple des Amazones...", c'est devenu une obsession. Il doit y aller, il va y aller, il y va...



Rock n'en est pas à sa première expédition. Il a fui son Autriche natale à sa majorité, bourlingué en Europe et en Amérique, s'est improvisé professeur et botaniste, a enseigné à l'université d'Honolulu où il s'est vu confié une première mission exploratrice en Amérique du Sud. De fil en aiguille, d'autres portes lui sont ouvertes et pas les moins prestigieuses, Harvard, National Geographic. Séduction et filouterie lui permettent toujours d'arriver à ses fins.

Cette fois-ci encore, sous couvert de faune et flore inconnues et d'une montagne sans doute plus haute que l'Everest, Rock va trouver les moyens de faire financer sa quête de la terre promise.



Nous peinons avec ce cher Rock dans le froid et les tempêtes de neige, traversons les contrées sauvages aux confins du Tibet et de la Chine, nous reposons le temps d'un hiver dans le palais du prince de Choni, attendons la fin des intempéries dans les monastères, croisons chamanes, missionnaires pentecôtistes, colporteurs, brigands, voyageurs, dont la célèbre Alexandra David-Neel, évitons les Seigneurs de la guerre et les troupes de Tchang Kaï-chek. Comme les populations rencontrées, nous rigolons devant les extravagances de Rock et, avec lui, ne tendons plus qu'à une seule chose, la rencontre avec la célèbre Reine des Goloks.



Rock atteindra-t-il enfin le pays des Goloks ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire, mais ce qui est sûr c'est qu'il découvrira quelque chose qu'il n'était pas venu chercher...









Bref, si vous tentez l'aventure, vous l'aurez compris, un roman haut en couleur vous attend.

Mais ce cher Rock n'est pas seulement un personnage de roman. Il a réellement existé et l'auteur prend soin dans sa préface d'informer le lecteur qu'elle n'a rien inventé. Précision nécessaire tant la personnalité et la vie de J.F Rock sont incroyables. La preuve ICI



L'auteur mêle habilement les éléments autobiographiques à la réalité de l'expédition. Elle brosse le portrait d'un personnage truculent, obsessionnel à souhait, navigant sans cesse entre enthousiasme et abattement, féru de langues, de photographie, de botanique et d'ethnologie et qui, jusqu'à la fin de ses jours, restera un éternel bourlingueur.



Première rencontre avec Irène Frain. Un vrai talent de conteuse et une formidable idée que cette biographie romancée qui rend un bel hommage à cet homme à la vie exceptionnelle et témoigne d'un temps révolu, celui des grands explorateurs (sans GPS ni portable ni balise argos mais avec baignoire et gramophone !).




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Les naufragés de l'île Tromelin

Tout est dit, tout est écrit,tout est vrai...

Non seulement ,Irene Frain dépeint et situe l'île des sables comme un géographe et un zoologiste pourrait le faire, elle relate un récit historique qu'elle documente comme une historienne.

Sans trop dévoiler le scénario ,l'île des sables est situé sur le chemin d'un navire de vivres et de bétail commandé par un capitaine prétentieux et cupide.

Dans ses cales ,il cache 160 esclaves....

Il est Utile (c'est le nom du bateau) de clarifier que les esclaves sont noirs et que ce trafic est momentanément interdit.

Apres le naufrage et de nombreuses pertes humaines et matérielles,un sentiment d'humanité et de fraternité éclot entre certains membres de l'équipage et les esclaves noirs.En effet une entraide permet la construction d'un bateau de fortune et de salut. Las, la solidarité s'arrête là et une colère sourde envahit le lecteur quand il comprend que le bateau trop petit ne permettra que la sortie des Blancs....Avec le serment de revenir chercher les Noirs dans les 3 mois.Il aura fallu 15 ans d'interdiction, de refus pour qu'un équipage s'obstine à accoster à ce bout de sable et ramene huit survivants.

Tromelin était le nom du capitaine de ce navire et l'ile ne prendra son nom qu'au début du XIXeme siècle ,bien après sa mort.

L'histoire de ces naufragés aurait déclenché ce qui viendra plus tard à savoir l'abolition de l'esclavage.

A lire.
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Un crime sans importance

Un crime sans importance est un récit qui m'a beaucoup touché.

Dans les premières pages, on sent que le style est distant, qu'aucune émotion n'est présente, les faits sont exposés sobrement, efficacement. Puis le style bascule quand on apprend qu'une femme qu'on a croisé dans le récit est la sœur de la victime.



A partir de ce moment, la narratrice devient je, nous sommes au cœur de ses pensées. On assiste à sa colère, son désespoir, sa volonté de ne pas être réduite au silence, de comprendre, d'agir pour que sa sœur obtienne justice. Nos émotions évoluent en parallèle de celles de l'autrice, on est indigné quand on voit comment a été menée cette enquête. On est en colère quand on comprend qu'un meurtre de personne âgée n'est pas prioritaire face à d'autres crimes....



Un livre essentiel !
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Au royaume des femmes

Livre visiblement très peu lu ou, en tout cas, très peu critiqué.. Personnellement, j'y suis restée "scotchée" pendant cinq jours.. Et oui, c'est une brique ! Le périple au Tibet d'un botaniste excentrique fasciné par une ethnie que l'on dit matriarcale. Une description que j'ai trouvée magistrale de ces merveilleuses civilisations du sommet de l'Himmalaya. Très documenté dans les descriptions mais super bien romancé quand même ! C'était en hiver, j'ai passé cinq jours dans ma chambre avec un petit chauffage électrique..Ma bibliothécaire m'avait dit avoir eu très peu de bons retours. Je lui avais dit : on verra bien, je vous dirai quoi.. J'ai vécu un total dépaysement, j'étais dans l'Himmalaya ! Je vous avoue que l'entretien du ménage en a souffert. Je ne sais pas, évidemment, si mon impression serait la même à la relecture. Il vaut parfois mieux rester dans son trip !
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Histoire de Lou

La narratrice profite d'un voyage à Philadelphie pour revoir une amie américaine, Lou, dont elle n'a plus aucunes nouvelles. Elle se sont connues à Paris dans les années 70 alors qu'elles étaient toutes jeunes et sans le sou. Leur amitié en pointillé s'est bâtie de façon bancale, l'une se confiant, l'autre se taisant. Celle qui ne se livre jamais c'est Lou qui offre une apparence lisse, transparente jusqu'à l'insaisissable. Son amie qui a des années durant a accepté par tolérance ou facilité ces silences, réalise qu'elle ne sait rien de sa vie. Désormais elle est bien décidée à savoir qui est Lou.

Le roman est construit à la façon d'un thriller psychologique et le style simple, direct accroche immédiatement. Plus les pages défilent, plus le mystère s'épaissit. Il est impossible de lâcher ce roman avant d'en connaître la fin.

La lecture de cette histoire est assez troublante: fiction ou réalité, la frontière n'est pas clairement définie et laisse le lecteur dans le doute.
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Les naufragés de l'île Tromelin

Un navire français, l'Utile, fait naufrage en 1761 près d'un îlot de corail situé dans l'océan Indien, pas très loin de Madagascar. Dans les cales de ce bateau, des esclaves noirs, non déclarés, dont la présence sur le bateau commençait à menacer la cohésion de l'équipage. Le naufrage précipite les survivants sur cette île désertique, où la lutte pour la survie s'engage. Le commandant a "perdu les pédales", c'est Castellan, le premier lieutenant qui prend la direction des opérations, en particulier la construction d'un bateau, qui va permettre de quitter l'île et de rallier Madagascar. Mais ce bateau ne pourra pas embarquer tous les naufragés. Et ce sont les esclaves noirs, qui vont rester, bien qu'ayant activement participé à la construction.

Quinze années plus tard, après beaucoup de péripéties administratives et de tentatives ratées, un autre bateau réussira à aborder sur l'île et reviendra chercher les esclaves abandonnés. Il trouvera sur place sept femmes et un bébé.



Voici donc l'histoire véridique qui sert de trame à ce livre, que j'hésite à appeler "roman". Car si les mots de cette histoire nous parviennent sous une forme romanesque grâce à la plume d'Irène Frain, il y a aussi dans ces pages le difficile cheminement de la vérité des faits, au travers des récits de l'époque, transcrits par deux témoins directs : l'écrivain embarqué sur le bateau et le chirurgien du bord. Plus proche de nous, c'est la rencontre de l'auteur avec Max Guérout, capitaine de vaisseau passionné d'archéologie, qui a permis de ressortir au grand jour cette aventure peu glorieuse pour les autorités de l'époque.

A noter que Condorcet eut vent de ces évènements tragiques et qu'ils eurent une part dans sa lutte pour l'abolition de l'esclavage.



J'ai beaucoup aimé ce livre, par son aspect historique et documentaire et aussi bien sûr par les sujets abordés : l'esclavage, la survie dans un milieu hostile, la lutte contre les préjugés, la prise de conscience de Castellan vis à vis de la situation des esclaves et son dilemme quand il faut quitter l'île.

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Le secret de famille

*** Une saga familiale de la France profonde"



Les sagas familiales sont toujours très plaisantes à lire surtout quand l'auteure, Irène Frain, nous plonge dans la France profonde, aux abords de la Loire.



Comment la petite Marthe, enfant au teint basané, abandonnée par sa mère aux Ursulines, de père inconnu a-t-elle pu devenir la femme la plus puissante de toute la région ? Elle, l'étrangère, toujours silencieuse, au regard perçant et froid a-t-elle pu devenir "une Monsacré" la famille la plus puissante du pays, la plus riche que tous les ouvriers craignaient de part leurs trahisons ...

Marthe, qui a eu une fille illégitime de Rodolphe Monsacré, l'aîné, détesté par tous, mort en mer ... Elle a accepté d'épouser le cadet Monsacré, Hugo ... tout aussi abominable comme son frère et "le Vieux" ...

Marthe, elle, avait un pied dans la famille et devenait de plus en plus puissante, elle devint très vite la matriarche de la famille et tout comme "les Monsacré" devint à la fois traîtresse, amante, riche, crainte de tous ...

Avec les drames des deux guerres, la vengeance de Lambert, son fils, elle gardera à vie, ce regard perçant sans jamais sourire, sans jamais pleurer, et ce grand secret de famille que le lecteur découvrira dans le tout dernier chapitre.



Ce roman est non seulement une superbe saga familiale qui commence en 1874, mais aussi une superbe saga historique. L'auteure n'a rien oublié : la grande inondation, la guerre 14-18, l'épidémie de grippe espagnole, l'affaire Dreyfus, les colonies, la montée du fascisme, la guerre 39-45, le "problème juif" et la "Bête" ... tout y est, un vrai cours d'histoire ...



On passe un excellent moment sans s'attacher réellement à Marthe au fur et à mesure de l'histoire, on va détester Lambert et Damien et adorer Elise et Jean Cellier ...





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Un crime sans importance

Irène FRAIN. Un crime sans importance.



Ce roman autobiographique débute en septembre 2018 et s’achève en mai juin 2020, date à laquelle l’auteure a confié son récit à son éditeur. L’action se déroule dans un périmètre dit sensible, à la périphérie de la grande région parisienne. Nous sommes dans une zone immense commerciale. Décathlon, Amazon, Speedy, Norauto, Jardiland, Lerpy-Merlin, etc, toutes les grandes enseignes ayant pavois dans l’hexagone, ont envahi une petite commune rurale, située en bordure de la Beauce. Dans une petite impasse, Denise,une personne âgée de 79 ans a été agressée et abandonnée, entre la vie et la mort dans son petit pavillon. Qui a attaquée cette femme? Quelles sont les causes de toute l’hostilité manifestée contre cette vieille dame tranquille? C’est son fils, Tristan qui la découvrira et elle restera un mois aux soins intensifs d’un hôpital parisien. Malheureusement, elle décédera des suites de ses blessures.



Ce douloureux récit d’Irène Frain nous plonge dans les non-dits tus depuis des décennies au sein de sa famille. Denise est la sœur aînée d’Irène. Dix ans de différence entre ces deux filles, puis viendront trois autres enfants au sein du couple parental. Les relations entre les deux sœurs ont été rompues, suite à la maladie dont souffrait Denise. Malgré leurs différents, Irène veut savoir les causes de la mort de Denise et elle veut pouvoir identifier le ou les meurtriers? Elle va donc déposer plainte. Qui a bien pu tuer Denise, quel est le mobile? Pourquoi elle? Toute la lumière doit être faite, un crime doit toujours être puni.



Irène tâtonne, fouille dans leur passé, revit son enfance, son adolescence et surtout partage la connivence qui a existé pendant de longues années avec cette sœur, beaucoup plus âgée qu’elle, et qui a formé la cadette à l’amour de l’école, du savoir, des lettres. Denise était également enseignante, comme notre écrivaine. Elle a fait de brillantes études, dès ses 23 ans elle professait.



Mais Irène se heurte à un véritable imbroglio politico-judiciaire. Le dépôt de plainte est un parcours du combattant : la décédée est une petite personne, insignifiante. La police ne fournit pas les conclusions de l’enquête, les rapports ne sont pas rédigés au bout de dix-sept mois, le policier qui a fait le premier rapport n’a pas signé et on ignore même son nom. Il me semble que nous sommes en plein cauchemar. Au XXI ème siècle, il y a une totale incompréhension entre les diverses instances policières, juridiques, et la personne qui demande de l’aide. C’est consternant. C’est démoralisant. Combien de temps faut-il pour prendre en compte les divers éléments, le relevé des empreintes sur les lieux du crime. Mais il n’y a pas eu crime, la personne est dite décédée à l’hôpital sans la mention des séquelles dues à son matraquage, son passage à tabac par le ou les intrus?



Trop d’injustice flagrante, trop de non-dits. Une police submergée par la paperasserie. Une justice encombrée par un nombre de plus en plus élevé de dépôts de plaintes, des dossiers non résolus.. Est- ce dû à un manque de personnel? Et le commun des mortels, comme Denise et sa famille attend, attend…. Il faut de la patience… Mais que de larmes derrières tous ces ennuis, ces violences, ces crimes non résolus. Est-ce une volonté de l’État ou est-ce dû au temps? Comment peut-on laisser tous ces crimes, ces meurtres impunis.



En creusant un peu dans la vie de cette commune où résidait sa sœur, Irène découvre qu’au moins deux autres agressions similaires ont eu lieu à quelques centaines de mètres du pavillon de Denise et qu’il s’agissait déjà de personnes âgées ou vulnérables car handicapées ou malades. Au fil des jours et des mois ce sont sept agressions qui ont fait la une du quartier et au final, pas d’enquête. Nous nous posons des questions : mais que fait la police ? Exaspération des victimes collatérales comme Irène et les enfants de la décédée. C’est donc notre auteure qui mène l’enquête, similaire à celle que conduit la police. C’est bien Irène qui fait leur travail. C’est révoltant. J’ose espérer qu’à la suite de la publication de ce récit, l’enquête va progresser et que l’on retrouvera le ou les coupables…. Mais je crains de faire un vœu pieux….



De la honte m’envahit à la lecture de cette narration. Je suis de tout cœur avec Irène et je souhaite que des progrès soient faits. Un peu tardivement, à mon goût. Il faudrait donner les moyens à tous les intervenants.



C’est une belle page d’amour que Irène écrit à sa sœur. Les non-dits familiaux lui ont permis d’abattre les cloisons. Merci Irène pour cette transmission. Je vous souhaite beaucoup de courage. Vous en avez déjà fait beaucoup. Vous réhabilitez l’honneur de la famille.



Je ne peux que conseiller cet ouvrage. Digne, bien écrit, une véritable enquête. Que la justice et la police s’en inspire et que tous les citoyens, petits ou grands, riches ou pauvres soient traités de façon équitable. Mais j’ai des doutes ? Je souhaite que notre nouveau ministre de la justice s’en empare et qu’il en tire les leçons…. J'ai eu les larmes aux yeux en lisant ce livre. Trop de vérités, trop de réalité et il faut faire face. Bonne journée et bonne lecture.


Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Un crime sans importance

Et c'est vraiment mon avis, ai-je envie de dire juste en dessous de ces mots fatidiques, comme si une blogueuse n'écrivait pas ce qu'elle pense réellement d'un livre. Logiquement, si. Cela fait longtemps aussi que l'on ne m'a pas reproché un avis en mode "mais tu n'as rien compris au livre". Cela (re)viendra peut-être avec celui-ci.

Je l'ai acheté vendredi, lu samedi, chronique qui paraît beaucoup plus tard que je ne l'aurai pensé (en novembre, donc). J'ai eu l'impression de m'infliger une lecture, plutôt que de lire, parce que ce n'est pas un roman, c'est le récit d'une souffrance - de souffrances. Et c'est parfois difficilement supportable à lire, comme si, finalement, j'avais regardé l'autrice en train de se noyer dans sa douleur, dans sa colère, sans rien pouvoir faire de mon côté. Lire un roman, c'est beaucoup plus reposant émotionnellement parlant, puisque l'on sait que ce n'est pas réel - sauf si l'auteur a réussi à rendre tellement réels ces personnages que l'on ne peut que ressentir de l'empathie pour eux.

Je commencerai donc par ce qui a été le plus facile à lire : la partie judiciaire. Irène Frain nous parle alors de notre époque, celle qui non seulement adore regarder des séries policières, de la plus douce à la plus trash, mais encore regarde un nombre incalculable de documentaires.

Je l'admets : j'ai fait un malaise (chute de tension ? hypoglycémie ?) en lisant ce livre, comme si mon corps me disait : "stop, passe à autre chose, c'est trop pour toi". Parce que rien ne se passe comme l'on pense que cela pourrait se passer. Parce qu'il est des enquêtes qui, si je ne les qualifierai pas de bâclées, sont du moins pas assez approfondies, comme si l'enquêteur avait voulu garder l'affaire "pour lui", et ne surtout pas la transmettre. C'est un constat extrêmement triste, il aura fallu d'autres agressions, des témoins pour que l'affaire bouge enfin. Que dire aussi du premier avocat engagé par l'autrice, qui conseille, finalement, de ne surtout rien faire ?

Je continue avec ce qui m'a bloqué, ce qui a été le plus difficile à lire (j'ai failli écrire "à remplir") : la partie concernant les relations familiales. Je ne sais pas s'il faut qualifier de coupures, de ruptures, de liens très difficiles. Pour résumer, Irène n'a pas eu les mêmes rapports avec ses parents que ses aînés, ou ses cadets. A part dans la famille, recueillant aussi une certaine hostilité de leur part, l'autrice a dû aussi faire face à la maladie mentale de Denise, sa soeur aînée. Et je ne comprends ni la réaction du médecin, le conseil qu'il lui a donné, ni le fait qu'elle l'ait accepté, presque avec soulagement. Peut-être agissait-on ainsi, à l'époque. Je trouve, par expérience familiale, qu'il est extrêmement triste de considérer ainsi un membre en souffrance. Alors oui, c'est dur, oui, c'est compliqué, très compliqué, d'être avec eux, oui, il arrive que l'entourage baisse les bras, surtout quand on a été aussi proche que l'autrice l'a été de sa soeur. Il est d'autant plus courageux d'évoquer ses liens, et toutes les douleurs qui les ont entourés. Mais c'est tout sauf facile à lire.

Une oeuvre forte, qui donne l'impression d'une justice à deux vitesses : pas de marche blanche pour les meurtres de vieilles dames, pas de une des journaux nationaux. Comme le dit si bien le titre : un crime sans importance.
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Un crime sans importance

Récit bouleversant et distancié de l’assassinat de la sœur de l’autrice, une vieille dame sans histoire, dans un pavillon anonyme de banlieue.

Irène Frain a eu le talent de traiter ce drame familial comme un objet d’étude à la fois policière, sociale et psychologique.

Elle a su trouver le ton juste pour dire avec pudeur des relations pas si harmonieuses que cela avec sa famille qui sonnent justes et bien réelles. Puis, elle a creusé la réalité contemporaine d’une société mosaïque où chacun vit recroquevillé sur son intérieur.

Face à ce meurtre inexpliqué et au silence des vivants, Irène Frain donne à lire des pages poignantes en dépit de leur sobriété.

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Un crime sans importance

L'autrice Irène Frain nous raconte son combat pour découvrir la vérité sur le meurtre de sa soeur. Denise cette grande soeur qu'elle a tant aimé était enfant. Sa fée-marraine comme elle l'appelle. Cette soeur laisser pour morte chez elle après avoir été roué de coups et qui décèdera à l'hôpital plusieurs semaines après l'agression.

L'autrice fait revivre Denise, leur passé commun, sa maladie et leur lien rompu à l'âge adulte. Elle essaie de secouer la machine judiciaire pour savoir ce qui c'est passé dans ce pavillon de banlieue. Mais C'est David contre Goliath, les semaines passent et justement rien ne se passe ou tellement peu.



Irène Frain va se mettre à écrire dans des carnets ce qui se passe, l'inertie, ses sentiments, ce passé pour essayer de trouver des réponses et où en est l'enquête.



Un récit chirurgical pour soulever cette chape de silence et faire bouger la justice. Un crime qui est tout sauf sans importance car le besoin de réponse est vital.
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