Irène FRAIN. Un crime sans importance.
Ce roman autobiographique débute en septembre 2018 et s’achève en mai juin 2020, date à laquelle l’auteure a confié son récit à son éditeur. L’action se déroule dans un périmètre dit sensible, à la périphérie de la grande région parisienne. Nous sommes dans une zone immense commerciale. Décathlon, Amazon, Speedy, Norauto, Jardiland, Lerpy-Merlin, etc, toutes les grandes enseignes ayant pavois dans l’hexagone, ont envahi une petite commune rurale, située en bordure de la Beauce. Dans une petite impasse, Denise,une personne âgée de 79 ans a été agressée et abandonnée, entre la vie et la mort dans son petit pavillon. Qui a attaquée cette femme? Quelles sont les causes de toute l’hostilité manifestée contre cette vieille dame tranquille? C’est son fils, Tristan qui la découvrira et elle restera un mois aux soins intensifs d’un hôpital parisien. Malheureusement, elle décédera des suites de ses blessures.
Ce douloureux récit d’Irène Frain nous plonge dans les non-dits tus depuis des décennies au sein de sa famille. Denise est la sœur aînée d’Irène. Dix ans de différence entre ces deux filles, puis viendront trois autres enfants au sein du couple parental. Les relations entre les deux sœurs ont été rompues, suite à la maladie dont souffrait Denise. Malgré leurs différents, Irène veut savoir les causes de la mort de Denise et elle veut pouvoir identifier le ou les meurtriers? Elle va donc déposer plainte. Qui a bien pu tuer Denise, quel est le mobile? Pourquoi elle? Toute la lumière doit être faite, un crime doit toujours être puni.
Irène tâtonne, fouille dans leur passé, revit son enfance, son adolescence et surtout partage la connivence qui a existé pendant de longues années avec cette sœur, beaucoup plus âgée qu’elle, et qui a formé la cadette à l’amour de l’école, du savoir, des lettres. Denise était également enseignante, comme notre écrivaine. Elle a fait de brillantes études, dès ses 23 ans elle professait.
Mais Irène se heurte à un véritable imbroglio politico-judiciaire. Le dépôt de plainte est un parcours du combattant : la décédée est une petite personne, insignifiante. La police ne fournit pas les conclusions de l’enquête, les rapports ne sont pas rédigés au bout de dix-sept mois, le policier qui a fait le premier rapport n’a pas signé et on ignore même son nom. Il me semble que nous sommes en plein cauchemar. Au XXI ème siècle, il y a une totale incompréhension entre les diverses instances policières, juridiques, et la personne qui demande de l’aide. C’est consternant. C’est démoralisant. Combien de temps faut-il pour prendre en compte les divers éléments, le relevé des empreintes sur les lieux du crime. Mais il n’y a pas eu crime, la personne est dite décédée à l’hôpital sans la mention des séquelles dues à son matraquage, son passage à tabac par le ou les intrus?
Trop d’injustice flagrante, trop de non-dits. Une police submergée par la paperasserie. Une justice encombrée par un nombre de plus en plus élevé de dépôts de plaintes, des dossiers non résolus.. Est- ce dû à un manque de personnel? Et le commun des mortels, comme Denise et sa famille attend, attend…. Il faut de la patience… Mais que de larmes derrières tous ces ennuis, ces violences, ces crimes non résolus. Est-ce une volonté de l’État ou est-ce dû au temps? Comment peut-on laisser tous ces crimes, ces meurtres impunis.
En creusant un peu dans la vie de cette commune où résidait sa sœur, Irène découvre qu’au moins deux autres agressions similaires ont eu lieu à quelques centaines de mètres du pavillon de Denise et qu’il s’agissait déjà de personnes âgées ou vulnérables car handicapées ou malades. Au fil des jours et des mois ce sont sept agressions qui ont fait la une du quartier et au final, pas d’enquête. Nous nous posons des questions : mais que fait la police ? Exaspération des victimes collatérales comme Irène et les enfants de la décédée. C’est donc notre auteure qui mène l’enquête, similaire à celle que conduit la police. C’est bien Irène qui fait leur travail. C’est révoltant. J’ose espérer qu’à la suite de la publication de ce récit, l’enquête va progresser et que l’on retrouvera le ou les coupables…. Mais je crains de faire un vœu pieux….
De la honte m’envahit à la lecture de cette narration. Je suis de tout cœur avec Irène et je souhaite que des progrès soient faits. Un peu tardivement, à mon goût. Il faudrait donner les moyens à tous les intervenants.
C’est une belle page d’amour que Irène écrit à sa sœur. Les non-dits familiaux lui ont permis d’abattre les cloisons. Merci Irène pour cette transmission. Je vous souhaite beaucoup de courage. Vous en avez déjà fait beaucoup. Vous réhabilitez l’honneur de la famille.
Je ne peux que conseiller cet ouvrage. Digne, bien écrit, une véritable enquête. Que la justice et la police s’en inspire et que tous les citoyens, petits ou grands, riches ou pauvres soient traités de façon équitable. Mais j’ai des doutes ? Je souhaite que notre nouveau ministre de la justice s’en empare et qu’il en tire les leçons…. J'ai eu les larmes aux yeux en lisant ce livre. Trop de vérités, trop de réalité et il faut faire face. Bonne journée et bonne lecture.
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