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Critiques de James Graham Ballard (218)
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Sécheresse

Sécheresse fonctionne différemment de le monde englouti qui est son roman binôme . L'un parle de montée des eaux ,l'autre de sècheresse absolue et mortifère.

Il y a moins de mouvement et de voyages rythmés dans sécheresse qui est certainement plus contemplatif que son binôme. Mais c'est un peu la même errance néanmoins dans ces deux romans. L'environnement est moins teinté de solitude et les personnages sont moins solitaires dans le monde englouti néanmoins.

L'environnement est plus questionné rationnellement dans le monde englouti que dans sécheresse où l'univers confine presque à la métaphysique .Au minimum on peut dire que les nombreuses descriptions savoureuses dans sécheresse génèrent une réalité très réelle mais qui incite énormément à la contemplation et moins au voyage que dans le monde englouti ou l'univers est arpenté et varié.

Les personnages de ce roman s'adaptent contraints et forcés à cette situation mortifère. Ils le font avec plus ou moins de pertinence et de succès. Les multiples drames induits par l'univers s'expriment aussi en résonances intérieures chez les personnages, de manières différentielles et nuancées.

Dans ce monde desséché la pollution des océans perturbe aussi fortement le cycle de l'eau et de ce fait l'Europe devient un véritable désert . C'est le quotidien d'un monde qui meurt que cet univers .Sécheresse est un roman très bien écrit et ce texte plonge le lecteur dans une atmosphère hallucinante et hallucinée.

Ces deux romans ( le monde englouti et sécheresse) sont très bien écrits et nous plongent dans des atmosphères surréelles qui font halluciner. Sécheresse est un texte saisissant avec des personnages denses et réalistes qui évoluent dans un monde éloquent et saisissants de profondeur.

Je parle ici de ces deux romans ensembles car ils ont entre eux deux ,un lien ontologique très fort tout en étant indéniablement des « stand alone ».

Sècheresse et le monde englouti sont deux univers de science-fiction qui expriment le thème du changement climatique néfaste de manières hautement qualitatives et riches tout en n'étant pas du tout des textes de hard science.



Enfin disons pour conclure qu'il y a beaucoup moins d'avenir dans sècheresse que dans le monde englouti.

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Crash !

On peut dire d'une jolie dame quelle est bien carrossée ou bien qu'elle possède un beau châssis. La voiture (comme la moto plus longtemps) fut l'objet d'un Grand amour de la part des hommes virils. Même le scooter ne soulève plus grand-chose chez la "jante" masculine actuelle.

Il y a quarante ans la voiture était encore un objet symboliquement érotique qui gênerait une relation plus que symboliquement amoureuse et érotique. Qui "matou" l'air au passage d'être un élan de narcissisme projeté ?

C'est fou tout ce que ces forces virile de la nature pouvaient fabriquer dans leur voiture adorée. Cette brève exploration de l'histoire des mentalités permet de comprendre que très effrontément Ballard propose de s'imaginer que tout à chacun dans le cadre accident ,peut vivre un coït autour de sa voiture dans le cadre d'une perspective dramatiquement sensuelle. Dans ce texte la problématique de l'accident automobile et celle de l'accidenté est une sorte d'aphrodisiaque avouons-le. Personnellement dans ce texte outré et radicalement intellectuel ,j'aime principalement le Béton qui fait l'univers splendidement autour de la route exactement comme le limon fait l'homme. L'univers exprime très fort une vacuité qui caractérise cet environnement d'échangeurs routiers.

Ce roman à thèse ,examine la naissance d'un fétichisme sexuel spécifique et il étudie finement les processus par lesquels l'addiction s'installe et s'étend. L'étude des comportements d'addiction est un thème de ce roman et elle conserve objectivement un grand intérêt actuel parfaitement édifiant .

Malgré de très considérables qualités concernant le rythme , la caractérisation , les procédés narratifs , le ton que l'auteur utilise pour décrire et animer la thématique du fétichisme sexuel est quand même excessivement outrée . Ce n'est pas choquant en fait et je ne porte pas de jugement de valeur, mais la forme est ici un peu trop grandiloquente et excessive pour un lectorat actuel. Elle est le reflet, du besoin intense de libération de la parole autour de la sexualité.

Ce travail est à mon humble avis à prendre comme le témoignage d'une époque où les contraintes sociales poussaient les auteurs comme leur public à se retrancher dans une fantasmatique extrême. Extrême sur le plan de la thématique et sur celui de la tonalité générale du langage employé. Lui-même le résultat d'une liberté d'expression corsetée , si j'ose dire (sourires) .

Un morceau de bravoure au moment de sa parution et plus qu'il ne bénéficie de ce salutaire élan ce texte pâtit à mon humble avis de l'énorme besoin de liberté qui planait sur l'époque révolue et conquérante de sa conception .

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La forêt de cristal

L'auteur a écrit plusieurs fins du monde ,dont ,Le monde engloutis et la foret de cristal.

Le monde englouti comme Sécheresse d'ailleurs ,voient des personnages très britanniques évoluer dans un monde qui se délite et dont l'état endommagé engage en grande partie la responsabilité humaine.

Les personnalités de tous ces romans ont quelque chose en commun. Ce sont toujours des personnalités fortes ,lucides , entreprenantes et très vivantes. Ou encore qui jettent l'éponge.

Ce roman est diffèrent car la minéralisation qui menace le monde aussi sérieusement et inéluctablement et sur quelques décennies tout devrait être fini , sans véritable cause anthropique.

Du coup , si ce processus est tangible et fabuleusement décrit ,son irrationalité apparente et sa beauté unanime ,fait basculer les personnages dans la remise en cause et dans une métaphasique de la vie différentielle en fonction des problématiques individuelles.

C'est un roman qui est un peu aussi un roman sur une Afrique ( minimale) déshéritée , maltraitée par la vie et qui se confronte à une violence structurelle ,minimale mais indéniable.

C'est l'apocalypse mais elle se fait tranquillement et lentement en mettant en scène une mort de la vie qui se sublime dans une beauté Cristalline qui tend à devenir perpétuelle et figée.

Ces cristaux sont magnifiques au soleil et à la lumière. L'univers est donc tangible même si sur la causalité il y peu de chose (mais pas rien ) et au fond ce n'est pas grave , car par définition ; il y a tellement de choses que l'on ne comprend pas et nous qui pourrissent la vie. Non ?

Ce processus de mort inéluctable , incompréhensible et lente me rappelle beaucoup : La guerre des règnes de J H Rosny Ainé. Cette étrangeté implacable , insondable ,aveugle, mobile ,invasive et systématique génère la même tonalité froide et mélancolique dans ces deux oeuvres dont la dynamique sensitive profonde est très analogue.

C'est un bon roman de science-fiction étonnant car l'univers est un personnage à part entière et il est muet et omniprésent. La crédibilité ne repose ni sur la science ni sur l'analyse scientifique , mais il repose sur une entêtante beauté mortelle , qui est proche et enveloppante , presque à chaque instant.

C'est un bon roman où la vie dans tous les sens du terme et sous toutes ses formes bat en retraite ou bien se retrouve figée par la cristallisation splendide et mystérieuse.

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Le monde englouti

Un réchauffement climatique imputable à des explosions solaires ( et non aux activités humaines.) a provoqué une énorme montée des eaux .

De ce fait et sous nos latitudes nous allons de lagunes tropicales en villes au trois quarts submergées .

Avec des personnages qui survivent grâce aux système D et grâce à une bonne dose de marginalité .

Le milieux naturel triomphe de la civilisation et les changements s'imposent aux personnages .. les contraignent .. bousculent leur vie intérieure, les marquent et les influencent. Il y a une tonalité très british qui colore les rapports entre les gens ,leurs façons de communiquer en particulier et leur vision du monde en général.

L'auteur livre un récit assez poétique , tranquillement rythmé et très réussis. Le personnage principal ( un biologiste ) se décidera à s'enfoncer dans le sud alors que c'est le mouvement contraire qui prévaut chez les gens moins curieux ou tout simplement doués de bon sens.

Cependant la plus grande partie du roman explore les conséquences d'un état de droit dégradé , mais la société demeure cependant fonctionnelle.

La population est très clairsemées . Dans le meilleur des cas les rivages des océans ont sombrés dans les profondeurs ou dans le meilleur des cas ,ils ont fini en lagune.

Certaines choses du passé sont toujours fonctionnelles mais les communautés humaines cannibalisent largement ce qui reste du passé .

Cette tonalité d’outre-manche sous un soleil de plomb est très agréable à mon humble avis. Il y a plus une mélancolie qui plane que une angoisse prégnante sur le futur de cet univers.

Néanmoins La tonalité post-apocalyptique traditionnelle n’est pas éludée et il y à de des groupes en maraude plus ou moins nuisibles qui arpente ce monde et quelquefois ils sont nuisibles en toute légalité.

L’univers est réussi et il est un personnage à lui tout seul . De l’eau et de la végétation impénétrable à perte de vue.



Un très bon roman.

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Sauvagerie

Août 1988. La police anglaise fait appel au docteur en psychiatrie Richard Greville pour les aider à élucider le mystère du « Massacre de Pangbourne", une abominable affaire de meurtres multiples qui défraye la chronique depuis deux mois.

Pangbourne Village, c’est une majestueuse résidence de luxe pour cadres supérieurs (directeurs, financiers, informaticiens, magnats de la télé) où tout a été pensé, construit, élaboré pour que les résidents vivent en toute quiétude et en toute sûreté dans un environnement ultra-sécurisé.

Hélas, malgré la vidéo-surveillance, les caméras, les postes de contrôle, les alarmes, les agents privés, les écrans et moniteurs enregistrant 24h sur 24…malgré donc, tout un dispositif garanti infranchissable, la mort s’est invitée à Pangbourne Village, transformant cet enclos haut de gamme en zone sinistrée. En l’espace d’une demi-heure, le paradis Pangbourne s’est transformé en enfer. Trente minutes de folie meurtrière ; mais une folie froide, méthodique, minutieusement organisée afin que nul ne puisse en réchapper.



Ainsi, le matin du 25 Juin 1988, les policiers font une bien sinistre découverte : tous les membres adultes des dix familles de résidents et quelques rares employés ont été sauvagement assassinés dans le luxueux lotissement de l’ouest de Londres. Les enquêteurs vont dénombrer 32 cadavres d’adultes.

Quant aux treize enfants des familles massacrées, malgré les traces irréfutables de leur présence sur les lieux, ils ont tout bonnement disparus, comme volatilisés. Où sont-ils ? Que sont-ils devenus ? Pourquoi ont-ils disparu ?

Si la thèse de l’enlèvement est raisonnablement avancée, nulle rançon n’a été à ce jour exigée, pas plus qu’une quelconque revendication expliquant la tuerie systématique des adultes.

Les agents de Scotland Yard et du Home Office piétinent. Deux mois après les faits, ils ignorent toujours tout des mobiles et de l’identité du ou des assassins.

Le Docteur Richard Gréville, consultant psychiatre pour la police de Londres, débarque alors à Scotland Yard. Sa réputation d’« électron libre enclin à la pensée oblique » a amené les policiers à solliciter son aide pour résoudre cette énigmatique affaire.



C’est à travers les notes du rapport médico-légal de Greville que le lecteur va pénétrer au cœur d’une enquête déstabilisante. Ecrit sous forme de journal de bord, la qualité littéraire n’est ici pas forcément de mise et il ne faut pas s’attendre à de longues phrases travaillées, stylisées ou esthétiques. Le docteur rédige son journal et c’est un peu comme si le lecteur lisait par-dessus son épaule, suivant le développement de l’affaire au fil de son exposé et de ses raisonnements. Le style est épuré, sans fioriture, dans un but affiché de clarté et de concision. C’est pourtant cette écriture factuelle, au plus près des observations et des constatations de Greville, qui va offrir ce caractère glaçant au roman en le baignant dans un climat remarquable de réalité.

La vidéo des lieux du crime nous communique ainsi d’emblée un sentiment pénible de véracité. La caméra panoramique qui entreprend la visite mélancolique du lotissement révèle l’atmosphère aseptisée qui y règne, un lieu à ce point dépourvu d’âme et de vie que même « les feuilles emportées par le vent semblent avoir trop de liberté ».

Viennent ensuite les théories diverses censées expliquer le massacre qui s’est joué là. Les pistes plausibles sont passées en revue tout autant que les spéculations les plus fantaisistes. Mais la question cruciale demeure ; elle flotte dans les consciences dans un épais brouillard de doutes : que sont devenus les enfants et que leur est-il arrivé ?

La visite de Pangbourne Village et la reconstitution des crimes assoient enfin une version bien trop extravagante et horrible pour pouvoir l’envisager.



Mais l’intrigue n’est pas des plus essentielles. En effet, bien vite nous nous doutons de ce qui s’est réellement passé. En réalité, la force du récit, écrit de manière circonstanciée, froide et précise comme le sont les rapports de police, est de nous amener à reconnaître l’évidence. La construction du roman n’est alors rien d’autre qu’une confortation de l’horreur, une preuve irréfutable de ce que l’on se refusait à accepter. L’inconcevable vérité devient une conclusion sans appel.



Avec ce singulier et dérangeant petit roman paru en 1988, le célèbre auteur d’anticipation anglo-saxon J.G Ballard (1930 – 2009), en visionnaire attentif des mécanismes de nos sociétés modernes, pointait les dangers de la pensée sécuritaire à l’extrême.

Dans leur lotissement ceint de hauts murs et clôturé de grillage électrique, les riches résidents de Pangbourne pensaient pouvoir échapper à la violence du monde en vivant en quasi-autarcie, dans un environnement surprotégé, mais à vouloir tout contrôler, ils n’ont fait que s’enfermer dans une prison dorée, une cage de luxe étouffante, écrasante, où le moindre élément de désordre devait être expurgé. Seule réponse à leur despotisme de la bonté, à leur tyrannie du Beau, de l’amour et de la communication : la révolte par le chaos, la sauvagerie, le meurtre.

Troublant et inquiétant à souhait, ce petit ouvrage, tendant à refléter ce que pourrait être la logique totalitaire d’une civilisation de demain ultra-sécuritaire, imprime un sentiment de malaise et d’inconfort. Car demain…c’est bientôt…c’est aujourd’hui…

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L'île de béton

« L’île de béton », comme les autres œuvres de Ballard, est classé en science-fiction. Il n’y a pourtant pas véritablement d’ingrédient SF dans le roman. Mais le ton, le traitement et le style du roman le rattachent indéniablement à ce registre. Le terme qui me vient pour qualifier cette œuvre déconcertante et étrange est roman d’anticipation du présent.



« L’île de béton » est une robinsonnade, il propose une variation urbaine autour du roman matriciel de Defoe. Maitland, un homme tout ce qu’il y a de plus banal, petit bourgeois, une femme, une maîtresse… a un accident de voiture et échoue sur un terrain vague à la jonction de plusieurs voies d’autoroute. Il ne parvient pas à attirer l’attention des automobilistes et doit donc subsister sur cet îlot au milieu de la jungle urbaine.

« L’île de béton » reprend bien les quatre temps forts de la structure d’une robinsonnade. Il y a d’abord le naufrage, la prise de possession de l’île, la rencontre avec les autochtones et le sauvetage final. Ballard a une façon très personnelle de traiter ces passages obligés. Le résultat est passionnant, riche mais très bizarre. Cette lecture, par son étrangeté, met un tantinet mal à l’aise. A travers l’histoire de cet homme Ballard évoque la déshumanisation de la société, déshumanisation qui trouve son illustration paroxystique dans cet entrelacs de routes sur lesquelles des flots de véhicules ne font que passer. D’ailleurs, ces voitures qui se succèdent sur ces voies semblent conduites par des automates aveugles et sourds à ce qui les entoure, presque sans vie. Ainsi Ballard évoque également subtilement l’indifférence croissante dans nos sociétés modernes. Finalement, les derniers vestiges de la véritable humanité, pas encore totalement lobotomisée ni entièrement asservie au dieu pognon, elle se trouve peut-être là sur ces terrains vagues peuplée de marginaux qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas, s’adapter.



Ballard use d’un style réaliste froid mais il y ajoute une bonne dose d’absurde poussé à l’extrême qui emmène le récit vers quelque chose de très étrange et lui donne son côté anticipation. Il n’y a rien qui permet de dire que le récit se passe dans le futur, rien qui permette d’affirmer que ça ne se passe pas de nos jours. Et pourtant, tout au long de ma lecture j’ai ressenti une impression d’irréalité qui se superposait au réalisme de l’œuvre. Comme si l’auteur disait « ce demain que tu crains, il est déjà là et tu ne le vois pas ».



De Ballard, je n’ai lu que 2 récits, celui-ci et « sauvagerie ». Je connais donc peu cet auteur mais les lectures de ces romans ainsi que l’adaptation de « Crash » par Cronenberg me font dire qu’il est un auteur passionnant qui parvient à évoquer de manière saisissante les sociétés urbaines modernes.

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Le monde englouti

Cette première rencontre avec J.G. Ballard s'est malheureusement révélée un rien décevante. Et pourtant, l'argument avait de quoi me séduire : une ancienne métropole peu à peu submergée par la montée des eaux et envahie par une végétation géante aussi bien qu'excentrique, aux apparences antédiluviennes, abritant une faune dangereuse. Et là, quelques humains, parmi lesquels Kerans, le héros, qui tentent plus ou moins d'étudier ces nouveaux phénomènes climatiques auxquels est soumis leur monde.



On pourrait penser, a priori, que le roman tient de la veine écologique de la science-fiction. Ce n'est pas vraiment le cas, mais peu importe, après tout. Le récit prend en revanche une tournure clairement onirique, à grands renforts de descriptions et de métaphores tout aussi poétiques que, disons-le tout net, psychanalytiques. La présence des ruines omniprésentes, de la végétation envahissante, de l'eau inquiétante, contribuent à créer une ambiance à la fois mystérieuse, chatoyante mais délétère, impressionnante mais étouffante, et, au final, extrêmement morbide. Les rêves et l'environnement prennent le dessus sur les humains, les renvoyant, d'abord dans leur sommeil (puis, plus tard, également à l'état de veille), à une nature terriblement attirante en même temps que repoussante et à une évolution à rebours, qui les ramèneraient aux premiers temps du monde. Mais si j'ai été sensible à cette atmosphère de fin du monde, malgré un style que j'ai parfois trouvé un rien emphatique, il m'a semblé que le roman ne développait pas suffisamment le thème principal - cette régression à la fois géologique et mentale -, bref, qu'il n'allait pas au terme de son parcours. Non pas que la fin ouverte m'ait dérangée, mais il m'a indéniablement manqué quelque chose ; peut-être une réflexion un peu plus poussée sur le sujet.



M'ont aussi un peu ennuyée les chapitres avec le personnage très peu fréquentable de Strangman, sorte de pirate avec des penchants sadiques, qui a évidemment toute sa place dans ce monde apocalyptique. Mais le texte finit alors par se perdre dans la description de ses allées et venues et celle, franchement longue, des sévices (bon, rien de complètement insupportable, que les âmes sensibles se rassurent) qu'il inflige à Kerans. Il m'a semblé également que la psychologie des personnages aurait gagnée à être davantage développé et que, peut-être, une narration à la première personne aurait enrichi le roman.



Du coup, j'ai tout de même envie de tenter La forêt de cristal mais je crains de me heurter aux mêmes écueils. Ce qui est certain, c'est que je ne m'arrêterai pas là dans ma fréquentation de J.G. Ballard. I.G.H. et Vermilion Sands restent à coup sûr dans ma ligne de mire.
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Le monde englouti - Sécheresse

Deux apocalypses aux choix ...



Ma préférence ( subjective ) va nettement au monde englouti .



Un réchauffement climatique imputable à des explosions solaires ( et non aux activités humaines ) a provoqué une énorme montée des eaux .

De ce fait et sous nos latitudes nous allons de lagunes tropicales en villes au trois quarts submergées .

Avec des personnages qui survivent grâce aux système d'et à une bonne dose de marginalité assez subie et assez nonchalante voire dévergondée dans certains cas .

Le milieux naturel triomphe de la civilisation et les changements s'imposent aux personnages .. les contraignent .. bousculent leur vie intérieur comme leur réalité .

Les changement les marquent , les façonnent et les influencent .

Un récit très poétique et très réussis .

Le personnage principal ( un biologiste ) se décidera à s'enfoncer dans le sud alors que c'est le mouvement contraire qui prévaut chez les gens moins curieux ou tout simplement doués de bon sens .

Un très bon roman d'ambiance et d'atmosphère..



Sécheresse , fonctionne différemment , l'ensemble est un peu plus statique .



Il y du mouvement et de la " route " et c'est un peu la même chose que le monde englouti ..

Les personnages s'adaptent contraints et forcés avec plus ou moins de pertinence et de résonances intérieures à des changements dramatiques .

Dans Sécheresse la pollution des océans perturbe fortement le cycle de l'eau et l'Europe devient un désert .



Le quotidien d'un monde qui meurt .



Ces deux romans sont très bien écrits et nous plongent dans des atmosphères surréelles qui nous font halluciner.



Deux romans saisissants avec des personnages prégnants de réalité qui évoluent dans des mondes saisissants de réalisme , entourés entre autres d'une nature qui se délabre dans sècheresse ou bien qui foisonne dans le monde englouti . ..

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Crash !

Compteur, vinyle, pétrole, carrosserie, moteur, cristal, chrome. Chaque mot de ce roman devient érotique. Sperme, désir, dent, aréole, courbure, blessure, plaie, cicatrice. Chaque attaque de la chair par le métal signe la victoire de l’homme. Les fusées, les avions et les automobiles pourront bien fondre sur nous dans l’espoir de nous réduire en monceaux de tripes écrasées et de visages défigurés, elles ne disposent pas de ce désir ardent qui aide l’homme à se composer un avenir toujours triomphant malgré les blessures infligées.





La déviance n’est pas une perversité gratuite, c’est ici le don des survivants offert à ceux que le progrès et la vitesse ont trompés sans merci.





« A l’aide de nos cicatrices, nous avons célébré la renaissance des massacrés de la route, la mort et les blessures de tous ceux que nous avions vus agoniser sur un bas-côté, les lésions fictives et les attitudes des millions qui mourraient encore. »
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Le livre d'or de la science-fiction : J.G. ..

Je n'avais jamais entendu parler de Ballard avant de voir les excellentes adaptations cinématographiques de ses œuvres. Je parle de Crash, du formidable David Cronenberg, et de High Rise de Vincenzo Natali. J'étais donc curieux de me lire et j'ai mis la main sur ce recueil de nouvelles.



Sauf que voilà, de ce que j'en comprends, Ballard est le genre d'auteur qui a des "périodes". Crash et High Rise sont des livres du début des années 70. On y sent l'ère post-mai 68, guerre du Vietnam et tout ça. On y critique la société de spectacle, de consommation et de vide. Je connais.



Mais ce recueil regroupe plutôt des nouvelles écrites entre 1960 et 1968. L'auteur y dit lui-même que la plupart des nouvelles servent à dénoncer la nouvelle famille et les couples modernes et... Bon, en fait, je ne sais même pas de quoi il parle. Ces couples ont l'air d'être des familles nucléaires ce qu'il y a de plus typique alors, il dénonce quoi? Que la femme travaille? L'entrée de la télévision dans les foyers? Le malheur de l'homme qui doit faire une tâche ménagère de temps en temps?



Sincèrement aucune idée. Et j'ai l'impression que si je le savais, je trouverais probablement cela plutôt réactionnaire.



Mais bon, je pourrais apprécier une œuvre tout en manquant une clef de compréhension, sauf que chez Ballard, la science-fiction fait plus partie du décors que de l'intrigue. Le point central de chaque nouvelle, et sont ces couples un peu boiteux, aliénés par le système.



Par quoi, exactement?



Je ne sais pas.
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Le Vent de nulle part

Le vent de nulle part est un petit roman de SF populaire sympathique .



Ce texte est bien écrit et il est assez envoutant à cause de la forte présence de cet univers .

Le réalisme et le drame de ce vent impitoyablement violent et destructeur est une véritable réussite .



L'aventure conduira tout le monde à se replier dans ses retranchements et dernière retraite pour survivre à ce coup de folie ...

Le vent est irréel et improbable quant à sa causalité , néanmoins ses effets sont tout à fait tangibles .

C'est ce qui m'a plu dans ce petit roman populaire soigné .



C'est un assez bon moment de distraction que ce texte , mais il est loin d'être le meilleur de l'auteur ..



Cependant à découvrir à cause de l'univers et de ce vent qui est palpable et qui créé une ambiance halluciné ...

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Sauvagerie

Si petit et si barbare... tel est ce court roman de J. G. Ballard au nom évocateur de Sauvagerie.



Le narrateur, le Dr Richard Greville, expert-psychiatre de son état, est appelé pour déterminer les responsables du massacre de Pangbourne Village. Trente-deux morts, les adultes (parents, domestiques, employés et gardes de sécurité) et treize enfants comme envolés. Que s'est-il passé dans cet enclos résidentiel luxueux et hautement sécurisé? Greville reprend les éléments et les hypothèses avancées pour essayer de comprendre.

Pas de rançon demandée, aucune revendication politique ou terroriste, rien ne colle dans cette tuerie hors-norme et ces disparitions d'enfants.



En quelques dizaines de pages, Ballard dresse un portrait perturbant de cette bourgade isolée, véritable ghetto de riches comme on en trouve un peu partout désormais. L'auteur s'acharne à dépeindre les conséquences possibles - et extrêmes - de la tentation ultra-sécuritaire. Son récit fait froid dans le dos. Ce que renforce le ton professionnel et neutre du psychiatre. Pas d'émotion dans ses propos, juste l'établissement de faits et de déductions. Avec une pointe acide et caustique par-ci, par-là.



Un roman dérangeant, au style sec et acéré. Qui pose question sur l'évolution de la société. Paru pour la première fois en 1988, l'opus n'a rien perdu de son actualité ni de son intensité. Encore un bon conseil littéraire de mon libraire préféré!
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Le livre d'or de la science-fiction : J.G. ..

James Graham Ballard est un de ces auteurs de la science-fiction dite "spéculative".

La science n'étant plus le nœud de l'intrigue, y est souvent négligée au profit d'une atmosphère d'étrange ou de fantastique.

Les 14 nouvelles qui composent ce recueil illustrent trois thématiques principales :

les rapports entre bourreaux et victimes, la recherche d'une dimension intérieure et la description de mondes plombés par des cataclysmes.

"L'homme subliminal", la première nouvelle du chapitre "oppressions subtiles", est la description d'une sorte de gavage psychologique utilisé dans une société de consommation devenue excessive.

Le deuxième texte, "L'homme saturé" décrit un mariage moderne, plus ou moins réaliste, qui augurerait du futur de la confrontation entre hommes et femmes.

Avec "Treize pour le centaure", J.G. Ballard imagine des effets cachés, sortes d'effets indésirables, du voyage dans l'espace.

"Chronopolis" voit s'opposer deux tyrannies et "Fin de partie" est un jeu cruel où l'interrogateur attend patiemment que le coupable présumé prenne conscience de sa possible innocence avant de prononcer sa sentence.

La nouvelle "Demain, dans un million d'années" ouvre une nouvelle partie intitulée "les plis du temps", bientôt suivie par "le jour de toujours", "Un assassin très comme il faut", "Le Vinci disparu" et "Perte de temps".

La troisième et dernière partie, "zones sinistrées" s'ouvre avec "le géant noyé" où l'auteur réinvente le voyage de Gulliver à Lilliput.

L'âge de l'espace est clos, pourtant son décor, dans "La cage de sable" réserve encore de la magie.

L'avant-dernière nouvelle, "Les statues qui chantent", appartient au cycle de "Vermilion Sands". L'auteur y imagine un paradis où le travail serait la dernière forme du loisir.

Dans le dernier texte du recueil, "Amour et napalm : export USA", le titre évocateur parle de lui-même. J.G. Ballard y est éloquent.

Au final, la collection "le livre d'or de la science fiction" nous offre, ici, un bon recueil.

Les textes sont, pour la plupart, de bons textes, intéressants et prenants.

Et même si J.G. Ballard est loin d'être mon auteur préféré dans ce genre de littérature, j'ai pourtant apprécié à leurs justes valeurs ces nouvelles bien écrites, imaginatives et originales.
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James Graham Ballard & le cauchemar consuméri..

Pour le moment, je n’ai que très peu lu Ballard, 2 romans (« Sauvagerie » et « L’île de béton ») et une nouvelle. Ces lectures m’ont tout de même suffi pour percevoir les qualités de cet auteur. Ballard développe un propos fort et pertinent et a un talent formidable pour créer une ambiance vraiment singulière. Et cette atmosphère n’est pas gratuite, elle n’est pas mise en place simplement pour faire joli, elle vient étayer le propos de son auteur de façon remarquable.

Ce titre proposé dans la masse critique ne pouvait donc qu’éveiller ma curiosité. Je remercie d’ailleurs Babelio et les éditions Le passager clandestin pour m’avoir permis de lire ce livre.



Je n’ai pas fait de réelles découvertes en lisant « Ballard et le cauchemar consumériste ». La vision du monde et le propos de Ballard sont très explicites dans les écrits de l’auteur. Je n’ai donc pas eu de surprise mais la confirmation de ce que j’avais perçu. Des extraits de ses œuvres et des extraits d’entretien mettent en lumière ce propos et j’ai beaucoup aimé lire ces extraits qui m’ont confirmé l’acuité de Ballard et la richesse de son œuvre. Cet ouvrage m’a aussi permis d’avoir un plus large aperçu de sa carrière et de sa vie.



Si je n’ai pas été surprise par ce livre, s’il ne m’a pas vraiment appris quelque chose, il est venu me confirmer combien Ballard est un auteur important. Cela n’a fait que décupler mon envie de lire plein d’autres livres de cet auteur.

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I.G.H.

C'est en me baladant sur Allociné, il y a quelques mois que j'ai appris l'existence du film High Rise (titre original du roman IGH) qui sortira au mois d'avril au cinéma. En lisant le synopsis, j'ai trouvé l'idée intéressante et je me suis donc mise en quête de lire le roman.



IGH est le sigle pour Immeuble de Grande Hauteur (High Rise en anglais) et fait référence à un nouvel ensemble urbain qui émerge de terre dans les années 70, dans la banlieue proche de Londres. le prix élevé des appartements réserve cet immeuble à une certaine élite sociale : les premiers niveaux sont donc réservés aux plus "modestes", (le producteur de télévision Wilder vit au deuxième étage avec sa femme et ses deux enfants) et plus, on s'élève dans les étages, plus on grimpe dans la hiérarchie sociale (le Docteur Laing habite au vingt-cinquième) jusqu'à atteindre le sommet au quarantième avec la crème de la crème, l'architecte et créateur de cet univers, Royal. L'IGH est moderne, d'un certain standing et intègre tous les équipements et électro-ménagers dernier cri des années 70. Mais ce paisible paradis ne va pas tarder à verser dans le chaos lorsque les premiers problèmes apparaissent : panne d'électricité, de la climatisation ou d'ascenseur, vide-ordure qui se bouchent, cristallisant ainsi tous les non-dit, les frustrations et les rivalités entre les habitants des différents étages...



La citation "L'homme est un loup pour l'homme" trouve un écho très particulier dans ce roman de science-fiction qui se veut profondément pessimiste, cru, violent et sombre. IGH est court (à peine 200 pages) mais oppressant car il se développe dans un huis-clos malsain : à chaque palier franchi dans l'escalade de la violence, le lecteur se demande si l'auteur peut encore dépasser la frontière de l'horreur et malheureusement, la réponse est toujours positive.



Néanmoins, IGH est aussi un roman que je qualifierais presque de philosophique car il pousse son lecteur à réfléchir sur les notions de progrès, de société et sur la nature humaine.

Ballard souhaite ainsi démontrer que le progrès aurait atteint son point culminant avec l'érection de l'IGH. Franchir cette barrière n'aurait donc que pour seul conséquence la déchéance de l'Homme et le retour à une vie primaire et à ses plus bas instincts dont les seuls leitmotiv ne seraient plus que la recherche du sexe, de la sécurité et de la nourriture pour la perpétuation de l'espèce. Exit la solidarité, la compassion, la recherche du beau et du bonheur, seule les lois du plus fort et de l'instinct de survie ont cours dans cette nouvelle société coupée des conventions sociales de notre civilisation.



IGH est un roman intéressant et bien écrit mais réservé à un public averti. Pour ma part, il m'a mise plusieurs fois mal à l'aise et m'a beaucoup fait penser à American Psycho d'Ellis. de là, à aller voir l'adaptation au cinéma, je ne pense pas que je franchirai le pas, même dans deux mois.
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Salut l'Amérique !

Salut l'Amérique ! ( ou du moins à ce qu'il en reste ! ) .

Salut l'Amérique est précisément le genre de roman de science-fiction qu'il m'a fallu temps pour apprécier ( sans en faire vraiment ma tasse de thé ) !? et même tout simplement pour trouver un quart de millième de motivation pour mener la lecture à son terme .

je ne suis pas en effet , le lecteur idéal pour les romans où la thèse prend dangereusement le pas sur l'univers en général .

Nous avons ici un texte à même de plonger le lecteur dans un environnement post-apocalyptique infiniment séduisant de réalisme et solidement étayé pour une large partie du roman .

Pour le reste , des situations assez ubuesques vous tombent dessus , au détour d'une page , comme par exemple une rencontre avec Sinatra , normalement décédé de longue date et enterré de longue date également , ainsi que des rencontres édifiantes avec d'autres personnages , nombreux , variés , représentatifs et significatifs de ce dont l'auteur à décidé de débattre .

C'est vraiment très bien écrit , se référer d'ailleurs , à la citation que j'ai choisi , par exemple .

L' Amérique ( au sens commun de USA ) est devenue un immense désert ( côte est ) et plus à l'ouest , une jungle aussi dangereuse et impénétrable que tropicale ...

Les habitants du pays ont ironiquement du se réfugier dans l'Europe lointaine , suite à des bouleversements climatiques , directement causé par les agissements nocifs , découlant de comportements malsains autour de la production et de l'intense utilisation débridée de l'énergie , selon une véritable et incontrôlable gabegie d'affamés compulsifs .

Mais un danger se présente tapis au cœur de cette Amérique désertée , il faudra donc aller tirer tout cela au clair en expédiant des aventuriers explorateurs parcourir ces espaces géographiques martyrs et assassinés de la main de l'homme de part des agissements inconsidérés , aussi gaspilleurs que ravageurs et facultatifs au départs ...

L'expédition est également marquée par une nostalgie qui sera dans ce texte souvent ambiguë car teintée d'une ironie aussi poignante que ravageuse au final .

Pas la peine de résumer tout le pitch ..

Je dirais que ce roman est en effet assez poignant , très marqué par des images vraiment saisissantes , mobilisant une désespérance désabusée ( très britannique ) de chaque page , et qui , apparaît souvent de manières indirectes , car découlant principalement de noms de lieux , d'images suscitées par le texte ( des visualisations ) , aussi : des constats sidérants ou de simples descriptions .

Dans ce texte l'auteur renverse Les données de base des modes de vie des américains , en posant le constat que ces modes de vie , mènent directement dans le mur , si on se réfère aux conséquences écologiques induites à terme par ces comportements irresponsables .

J'aime bien ce texte parce que ce n'est pas de l'américanophobie primaire et gourmande , c'est simplement du bon sens , et le constat mélancolique et désilé , d'un simple état de fait . C'est d' un terrible bon sens très pragmatique en fait ...

Derrière les états unis , lisons que c'est tous les rêves , ( de toutes les sociétés industrielles et post-industrielles ) , de triomphe sur la nature et à son détriment qui sont voués à se perde et se dissoudre dans les jungles et les déserts inhabitables où ils semblent conduire naturellement et inéluctablement . Si vous en doutez lissez : effondrement de Jared Diamond ..

Si vous connaissez : le monde engloutis , la foret de cristal , sècheresse du même auteur vous trouverez dans ce roman ( plus militant et plus franc que les oeuvres précitées ) , un air de famille incontestable .

Ce texte possède la puissance lancinante et le charme des romans post apocalyptiques de Ballard , mais les aspects allégoriques et fantasques peuvent refroidir l'ardeur de certains lecteurs , bien que leur crédibilité en rapport avec la trame narrative soit très solide ..

Ce roman ne pose pas un univers prétexte et une expédition de pacotille , il y a du rythme et c'est une réelle aventure très rationnellement surprenante souvent .

Enfin c'est un texte qui génère des visualisations puissantes , évocatrices et maniant des problématiques qui sont plus que jamais ultra contemporaines , urgentes et d''une brulante actualité .. ..

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Sauvagerie

Ecrit il y a plus de 20 ans, ce très court roman de J.G Ballard est toujours d'actualité, assez intemporel en fait.



C'est une lecture particulière. Le récit est très froid ; un ton neutre et glaçant qui rappelle la froideur aseptisée du lotissement où l'histoire se déroule . La forme choisie par l'auteur est singulière. On lit le journal du psychiatre qui assiste les enquêteurs. Le style est donc simple, direct, clinique et ne s'encombre pas de fioritures ou d'effets de style. Le point de vue est celui d'un professionnel qui énumère des faits et tente de les expliquer. L'objectif n'est pas de "faire du beau".

De nombreux passages sont des descriptions d'enregistrements des caméras de surveillance. Ce regard mécanique renforce la froideur du récit et met une distance avec le lecteur. De fait, on ne ressent aucune émotion ni sentiment envers les personnages. Ce choix de ne pas impliquer émotionnellement le lecteur, car il est évident que c'est volontaire, est très malin. Ainsi débarrassé de son bagage émotionnel, le lecteur est tout entier concentré sur les questions soulevées par Ballard.

Il démontre bien comment une société hyper-sécuritaire, recroquevillée sur elle-même, finit par se détruire de l'intérieur.



La forme très courte est un bon choix car sur la longueur un tel récit dénué de tout sentiment aurait été ennuyeux et lassant.

L'intensité de ce livre ne réside pas dans son intrigue mais dans les questions qu'il soulève.
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Sécheresse

Les quelques 300 pages de Sécheresse passent lentement. Le soleil est omniprésent, brûlant et pesant. Sans pluie, la société humaine s’arrête de tourner, et tout meurt peu à peu, végétaux et êtres vivants. Les rivières se vident pour ne laisser qu’un lit de boue où brillent des arrêtes de poisson et rouillent des cargos enlisés. L’eau croupit çà et là dans quelques cratères. Sur la côte, la mer ne cesse de reculer pour laisser une plage de sel pleine de cadavres. Des visions terribles, sublimées par la plume de l’auteur, ouvrent chaque chapitre. Plus qu’une histoire, Ballard peint des tableaux annoncés par des très titres visuels comme « Le cygne mourant », « La terre qui pleure », « Le lion blanc ». Le surréalisme d’un Dali ou d’un Magritte n’est jamais très loin, l’idée du Beau non plus, même si l’horreur est partout.

Sécheresse est l’histoire d’un monde à l’agonie. Les grands buildings deviennent le reflet d’une civilisation passée qui semble déjà lointaine au regard de petits groupes d’hommes clairsemés, désunis, qui survivent tant bien que mal au bord de la mer en retrouvant une sauvagerie primitive. La disparition de l’eau fige le temps et interrompt l’évolution.



Qu'arriverait-il si, du jour au lendemain, tout disparaissait ? Ballard essaye de répondre à cette question, et cela avec d’autant plus de finesse qu’il a connu cette situation car, finalement, Sécheresse est aussi une vision brutale de la fin de l’Empire britannique à Shanghai en 1941. Né parmi les colons, l’auteur a vu, à douze ans, son quotidien basculer dans le Rien après la défaite de Pearl Harbour. Prisonnier des camps japonais, il se souvient, et avec quelle force, des hôtels luxueux abandonnés, des rues traversées de poussière, des cratères d’obus dans les rizières, de la violence qu’engendre la misère, des sociétés organisées sur la plage et, aussi, de l’importance terrible que peut prendre un magazine, quand il est le dernier vestige d’un monde évaporé.

Ransom ne cède pas à la barbarie de ses semblables car il refuse de renoncer à ses souvenirs et, donc, au monde d’avant. Mais, autour de lui, c’est une société toute autre qui se crée, faite de rites nouveaux qui se chargent d’un sens tout particulier. Si vous avez lu Sa majesté des mouches, vous y trouverez un certain écho, à plus grande échelle.

Aventure humaine, Sécheresse ne pose pas la question de la survie à tout prix, à la différence d’autres romans du genre. Les hommes ne s’opposent pas, ils s’adaptent, comme s’il ne s’agissait que d’une situation provisoire avant le retour de la pluie. Seul le lendemain compte, et la question de la disparition totale de l’eau à long terme ne se pose pas, sinon à travers une tension permanente qui rompt les liens sociaux. Les cadavres sont, quand à eux, enfermés dans les voitures rouillées qui, dès lors, deviennent les tombeaux de ce nouveau monde.



Sécheresse fait partie de ces livres qui ne mènent apparemment nulle part et que l’on referme pourtant avec un sentiment des plus étranges, la tête encore chargée d’images terribles, trop précises pour n’être qu’un fantasme. On pense forcément à l’adolescence d’un auteur qui disait vouloir « inventer la réalité », à un monde qui a existé pour disparaître à jamais et à toutes ces anciennes citées recouvertes par le sable…

Finalement, pas besoin de zombies pour créer une atmosphère angoissante, survolée par la mort, où les passions humaines les plus sinistres se déchaînent. Et si, tout simplement, l’occident se transformait en un vaste désert ?
Lien : http://unityeiden.fr.nf/sech..
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Le monde englouti

Que se passera-t-il le jour où il fera vraiment si chaud que le monde se transformera en une immense serre tropicale au sein de laquelle ne subsisteront que quelques enclaves frigorifiées, abritant quelques rescapés humains mutant [psychologiquement] aussi vite que leur environnement ?





Un livre qui, s’il n’était pas aussi austère, impénétrable, touffu et moite comme la forêt équatoriale – lent et mou comme un après-midi de juillet sans ombre -, connaîtrait assurément son heure de gloire en ces jours où la crise écologique fait vendre les derniers petits pains de notre mare aux canards.

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Millenium People

L'idée de départ est bonne, reprenant les thématiques de prédilection de l'auteur : dénoncer la brutalité et la vacuité de nos vies. La cible de Millenium people, c'est moi, c'est nous, c'est vous : la classe moyenne, le "nouveau prolétariat" du XXIème siècle, otage inconscient du capitalisme. Et si la classe moyenne se révoltait au lieu de consommer du loisirs, de penser à ses vacances au soleil, de mettre ses enfants dans le privé, de payer ses impôts ? Et si elle commettait des attentats terroristes visant la BBC, la cinémathèque, la Tate Modern ?

Cette vision d'un Londres au bord du chaos est pertinente, voire extra-lucide si l'on pense que ce livre est paru en 2003.

Et pourtant ça fait pschittttt. Je n'ai pas du tout adhéré au postulat de départ, sans doute parce que le personnage principal est insipide et incohérent : très difficile de comprendre pourquoi il se lance à la poursuite du groupe terroriste qui a commis l'attentat dans lequel son ex-femme a perdu la vie, pourquoi il est aspiré à ce point par le projet de ce groupe. Et le style n'aide pas, c'est très plat. Bref, je me suis ennuyée et j'ai failli lâcher plusieurs fois le livre.
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