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Critiques de Jean-Paul Dubois (1979)
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Que dire après tant de critiques ?



Paul Hansen a tout perdu , incarcéré à la prison de Bordeaux, au Canada, privé de liberté pour deux ans , il se repasse le film de sa vie, entouré des chers fantômes de ses proches: sa compagne Winona, son père , pasteur en errance de foi, sa mère à la beauté spectaculaire , sa chienne Nouk...auprès de son compagnon de cellule, Patrick, «  un homme et demi » ——-amoureux des Harley Davidson, attachant et drôle, qui dessine souvent, des compositions naïves , des motos qu'il s'acharne à reproduire, qu'il décalque souvent ———ses années de jeunesse à Toulouse, son enfance contemplative, son exil au Canada ...



Le roman alterne avec bonheur les pages consacrées à son histoire familiale: ——celle d'un gardien d'immeuble tout dévoué à ses semblables, concierge, factotum, consolateur des affligés , expédié en prison en vertu de faits que le lecteur découvrira petit à petit ——traversées du quotidien de sa prison ....

Il se penche sur sa vie avec humour , tendresse et philosophie.





J'ai beaucoup aimé l'écriture fluide , expressive, dénuée de toute fioriture .





Ce livre nous berce, nous chavire , profond sans avoir l'air, à l'ironie douce , au monologue mélancolique , à la passion étrangement indulgente pour les faiblesses de la nature humaine, à la tendresse un peu folle pour l'humanité, aux personnages qui vous arrachent des sourires et le coeur.





L' humour noir, bienveillant et désespéré donne un regard à la fois implacable et aimable , joint à une analyse lucide, tout en subtilité de notre société .



Un petit chef d'oeuvre pétri d'humanité et de tendresse, étrangement consolateur , fait de retenue, de détachement réel ou feint !



On retrouve Le Jean-Paul-Dubois que l'on connaissait , à la fois , précis, juste et indulgent ,fraternel, sensible aux injustices de toute sorte, aux digressions savoureuses, élégant et brillant !



Mon premier était : «Une vie française » en 2004 .
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L'Origine des larmes

Le plus américain des auteurs français nous livre une sorte d'anti-Portnoy sous la forme de confessions à un psy d'un homme pas vraiment obsédé sexuel comme le personnage de Roth, mais plutôt un homme futuriste et anesthésié du désir, un anonyme du sexe qui bavarde de préférence avec une intelligence artificielle dénommée U.No. C'est la justice qui l'oblige à ouvrir la porte à l'interaction thérapeutique – en l'occurrence un psychiatre malade de son oeil qui pleure sans cesse, car Paul avait essayé sa propre voie de guérison : tuer le père, deux fois plutôt qu'une, lui mettre deux balles dans la tête. Un meurtre qui n'en est pas tout à fait un, une sorte de nouveau crime parfait, sûrement pour se libérer et sans le savoir désamorcer la peine ferme, étant donné qu'aux yeux de la justice Paul avait connaissance de l'état préalable de cadavre du père à la morgue, avant de l'occire à nouveau.

Un Paul. Un de plus pourrait-on croire. Mais à l'allure peut-être plus allégorique cette fois. On est en 2031 du côté de Toulouse, les crues bouillonnantes de la Garonne ont succédé à la sècheresse, et Paul Le narrateur connaît l'origine de ses larmes dans la pluie qui tombe à verse, à moins que ça soit plus simplement l'humanité qui pleure. Une hypermnésie inexpliquée de sa naissance lui fait savoir depuis toujours qu'il est né avec un trou en lui en ce 20 février 1980 (30 ans après l'auteur), en ayant perdu par la même occasion son frère jumeau et sa mère. Une vie en échange de deux autres. Pas vraiment étonnant qu'il ait eu besoin 51 ans plus tard de faire des trous dans la tête de son géniteur pervers, celui-là même qui lui offrit pour son sixième anniversaire un canari dont il avait arraché la tête avec ses dents. En plus de la pluie, c'est bien la mort qui trainera ainsi ses guêtres au fil de cette légère dystopie toulousaine, elle s'inscrit en lignée funeste dans la vie de Paul : « Dans notre famille, et dans l'entreprise Stramentum qu'elle dirige, il faut bien convenir que la mort est sans conteste notre égérie, notre actionnaire principale, que je suis le fade héritier de cette firme macabre et très certainement, aussi, le continuateur de la sombre génétique qui l'inspire. »



Jean-Paul Dubois est connu pour ses habitudes – notamment ses personnages de Paul, les tondeuses, les chiens ou les voitures, le fait d'écrire ses romans en un mois – il se reconnaît entre mille dans son art de planter un décor saugrenu pour dérouler le fil d'une prose savoureuse, désenchantée, ironique. Les habitués pourront être surpris ici avec cet écart à peine futuriste qui flaire notre société pour visiter la solitude, la névrose, la perversion ou la crise écologique, mais ils retrouveront leur Paul, pas tout à fait comme les autres, qui semble mêler ses larmes à la pluie incessante d'un dérèglement généralisé. Tout cela rythmé par les sessions mensuelles avec le psy, et l'occasion pour l'auteur de greffer à la vie de Paul nombre de sujets et de réflexions parfois érudites, comme un état de sa mémoire activée par son travail ramassé sur un mois.

Voilà en tout les cas le nième roman d'un auteur toujours en forme qui continue de se renouveler en se réécrivant, un roman profond, noir et beau, à la drôlerie sous-jacente. Un de plus...
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Un immense plaisir de lecture qui justifie les espoirs qu’on place en lui pour le Goncourt. Loin des polémiques et des coups d’éclats, Jean-Paul Dubois a écrit un « vrai beau roman ». Je vous en livre les caractéristiques : une histoire bien construite, une atmosphère unique, du suspense, des personnages attachants, une invitation à la découverte, un style propriétaire, de belles formules qu’on a envie de recopier dans son carnet de notes… Tout y est. Mais la force principale de ce livre, c’est l’opposition de caractères des protagonistes, propice à des situations dramatiques ou désopilantes. Paul Hansen et son compagnon de cellule, l’incorrigible Hells Angels Patrick Horton (quelle jubilation !). Le pasteur et sa femme, directrice d’un cinéma d’arts et d’essai qui eut l’audace de programmer Linda Lovelace. Leurs duos, tout comme leurs duels, rythment les pages, tiennent le lecteur en haleine. On reconnaît aussi un bon roman à ses personnages secondaires. Ils sont mémorables. Winona, la femme de sang indien, qui cherche le bonheur dans les nuages. Gérard LeBlond l’organiste virtuose qui électrise les paroissiennes. Kieran Read, l’ami fidèle, l’expert en assurance qui dissèque les catastrophes humaines. Et puis Sedgwick, le maître des tracasseries administratives, l’odieux technocrate qui se complaît à dresser la comptabilité des malheurs des autres. Non, tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Il y a ceux qui l’embellissent de leur passage, aussi modeste soit-il. Et ceux, comme Sedgwick, qui l’avilissent de leur médiocrité et de leurs frustrations. À ces derniers, Dubois semble poser la question suivante : quels souvenirs laisserez-vous après votre mort ? Quelle aura été votre contribution au monde ? Un tableau Excel, une étagère trop bien rangée ?

Bilan : 🌹🌹🌹
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Dans une prison de Montréal cohabitent deux hommes, Paul et Patrick.

Patrick, qui ne diffère de l'ours que par une pilosité plus éparse, ne fait rigoler personne tandis que Paul, notre narrateur, semble plus sur la réserve.

Parallèlement l'auteur nous plonge dans l'existence de Paul, de son père pasteur Danois à sa mère héritière d'un cinéma d'art et d'essai à Toulouse.





Lire Jean Paul Dubois , c'est avant tout s'immerger dans un flot de phrases étonnantes , à la métaphore astucieuse et bien sentie. C'est se promener dans des phrases où les verbes et les substantifs semblaient pourtant vouer à ne pas être juxtaposés. Et rien que pour cela , lire Jean Paul Dubois est un plaisir .

Alors quand en sus l'histoire est prenante , bien construite , avec ce qu'il faut d'humour, de tendresse, d'amitié, d'amour, je ne peux que succomber.

Ici, des êtres humains que rien ne prédestinaient à se côtoyer vont s'apprivoiser, que ce soit en prison ou ailleurs, se faire confiance et s'aimer ou au moins s'apprécier.



On visite le monde et comme souvent chez cet auteur , il y a le moment de bascule qui va bouleverser les hommes, rebattre les cartes .

Les personnages sont très marqués. Le père pasteur, attachant au possible , qui n'y croit pas trop à ce qu'il prêche , est au centre de ce livre. Les destins liés du père et du fils quand la mère reste en retrait.

Et Patrick, notre ours ? Simple mais entier, bouffée d'air frais dans ce livre sans doute plus dur qu'il n'y parait.

La prison , la cupidité, la nature, la religion mais aussi l'évolution de notre monde contemporain , autant de thèmes évoqués plus que traités, rendant cette lecture riche.

Servie par un merveilleux écrivain.
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Une vie française

Un père patron d'une concession Simca, une mère traductrice, deux fils, Vincent, 10 ans et Paul, 8 ans, une belle maison...En cette année 1958 où la France entre dans la Vème république, la famille Blick mène, à Toulouse, une vie paisible et heureuse. Mais le jour de l'adoption de la nouvelle constitution est aussi le jour terrible où Vincent meurt des suites d'une banale opération. La vie de Paul est bouleversée, ses parents peinent à surmonter leur chagrin. Une chape de plomb s'abat sur la famille. Privé de l'affection d'une mère qui n'est plus capable du moindre sentiment, Paul va grandir avec le son de la télévision pour remplacer les conversations, dans la France de de Gaulle, corsetée dans les traditions et les convenances. Puis le Vème république prend son essor, les présidents se succèdent et Paul prend son envol pour devenir un homme.





De de Gaulle à Chirac

De la nouvelle constitution à la dissolution

De mai 68 au 11 septembre

Du plein emploi à la crise

De l'enfant à l'homme fait

De la mort de son frère à l'effondrement intérieur de sa fille

De l'opulence aux huissiers

De l'homme au foyer au photographe globe-trotter...

C'est toute l'histoire d'un pays et d'un homme dans la deuxième moitié du XXème siècle que déroule cette "vie française". Avec drôlerie et tendresse, DUBOIS mêle les petites histoires et la grande Histoire et le lecteur, ravi, voit défiler les grands évènements qui ont marqué la France et les petites anecdotes qui ont marqué une famille française. Et bien sûr, on se reconnait forcément, on a vécu les mêmes choses, on retrouve le passé du pays avec nostalgie, on reconnait ses parents, sa famille, des comportements, des idées.

Une vie française est un livre à lire absolument. Il a la saveur des grandes oeuvres américaines mais avec un goût "bien de chez nous"!
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La succession

Depuis un peu plus de quatre ans, Paul Katrakilis vit sur un petit nuage. Exilé en Floride, il fait partie du cercle de professionnels de la pelote basque au Jaï-alaï de Miami, malgré ce pourquoi il semblait tout droit destiné, à savoir devenir médecin, après de brillantes études, tout comme son père. Seule famille qui lui reste depuis le suicide de sa mère, asphyxiée au dioxyde de carbone dans le garage de la maison familiale, peu de temps après le suicide de son propre frère, avec qui elle avait une relation fusionnelle. Si Paul n'a pas eu de nouvelles de son père depuis son installation à Miami, il est étonné de voir arriver, ce jour, deux simples photos de sa part, l'une de sa Triumph, l'autre de son compteur kilométrique. Le jour-même où il reçoit un message du consulat lui demandant de se présenter au plus vite. Là-bas, un employé l'informe du décès de son père, Adrian. Lui non plus n'a pas dérogé à ce qui semble être la règle générale chez les Katrakilis, il a sauté du toit d'un immeuble. Paul n'a pas d'autre choix que de retourner à Toulouse pour s'occuper des formalités...



Paul Katrakilis a fui son pays natal et un lourd héritage familial pour devenir pelotari. Pourtant, le suicide de son père, bizarrement orchestré, va l'obliger à revenir sur ses terres toulousaines pour s'occuper de la succession. Car, bien que médecin de formation, il n'est nullement question pour lui de reprendre le cabinet de son père. Mais peut-on réellement échapper à son destin ? C'est bien la question que se posera Paul, durant de longues années. Lui qui aura fui cette famille pour le moins dysfonctionelle et un avenir de médecin, tout comme son père et son grand-père. Teinté de nostalgie, ce roman oscille habilement entre humour et tragédie, entre espoir et fatalité, entre légèreté et gravité. Truffé d'anecdotes étonnantes mais abordant aussi des thèmes plus profonds tels que le deuil, l'héritage familial, la fin de vie. Avec son anti-héros désabusé et désœuvré mais ô combien attachant, qui n'aura de cesse de chercher son chemin et un sens à donner à sa vie, Jean-Paul Dubois nous offre une histoire à la fois belle, triste et poignante.
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

"Il suffit de prêter son attention et son regard pour comprendre que nous faisons tous partie d’une gigantesque symphonie qui, chaque matin, dans une étincelante cacophonie, improvise sa survie. "



Vais-je enfin lire et réussir à pénétrer l'univers de Jean-Paul Dubois, qui semble avoir un nombre impressionnant de "fans" !?



En tout cas, le titre de son dernier ouvrage, à lui seul est fantastique et rempli de promesses !

Débuté il y a trois semaines, bien avant l'attribution du prix Goncourt, je me suis interrompue, ayant la fichue habitude de lire plusieurs livres à la fois...

Pourtant le ton est alerte, les thèmes les plus variés sont abordés... Nous nous attachons à ce Paul Hansen, personnage qui purge depuis deux longues années, une peine de prison pour un délit mystérieux... que l'on connaîtra très tardivement dans le récit.



Paul Hansen parle de la promiscuité , de l'insupportable du milieu carcéral, raconte, se souvient de son enfance, de sa famille , coincé entre deux parents , aux goûts, professions, manières de vivre, de penser, complètement discordants. Le père, pasteur bienveillant, mais conventionnel, la mère, directrice d'un cinéma d'art et d'essai, engagée virulente,elle mettra, ainsi, son pasteur de mari, dans les situations les plus acrobatiques, vis à vis de son ministère....



Paul, ce fils unique... se construit dans cette famille dysfonctionnelle, comme il peut, admirant immensément sa mère, et plus affectivement attaché à son père... qui semble plutôt palot , comparé à la personnalité maternelle très affirmée !!





Revenons au présent du récit de Paul Hansen, qui partage sa cellule avec un grand escogriffe, Horton, un peu "brut de coffrage", emprisonné pour meurtre... Ces deux-là sont aux antipodes l'un de l'autre, mais le quotidien partagé reste pacifique !



Notre narrateur, Hansen, après avoir exercé tous les petits boulots imaginables, devint le "Surintendant " à l'Excelsior, une sorte de mélange détonant d'Homme à tout faire et "d'Homme aux clefs d'or" !!!

Il s'impliqua tant, qu'en plus de toutes ses responsabilités de maintenance du bâtiment, il se préoccupait des résidents, les voyait vieillir, souffrir de la solitude. S'étant attaché à eux, il débordait largement de ses fonctions initiales !... ce qui ne fut pas du goût du nouveau responsable- porte-parole des co-propriétaires, arrogant et obsédé de rentabilité et de sens pratique...le clash ne pouvait que survenir !!!



"Durant ces années-là, sur ses soixante-huit résidents, l'Excelsior comptait vingt-et-une femmes seules, toutes relativement âgés. Et toutes comptaient sur moi. Parfois pour déboucher un évier, parfois pour évoquer le passé et alléger une mémoire prête à déborder. Certains soirs, j'avais l'impression d'avoir passé plus de temps à écouter crisser les âmes qu'à vérifier sur le toit les grincements des extracteurs. Mais j'avais trente-cinq ans, la patience d'un ange et surtout ce goût qui ne me quitterait plus jamais, cette envie de réparer les choses, de bien les traiter, de les soigner, de les surveiller".(p. 154)



Un livre plein de très beaux personnages attachants et bienveillants... qui contrebalancent cette vie mesquine et aussi pleine de "peaux de vache" !! Des bons moments de lecture... mais l'impression d'un patchwork... décousu, tour à tour longuet ou tonique !... Je reste perplexe... Pour une fois, j'ai parcouru rapidement , en diagonale, les nombreux ressentis... et curieusement , je suis encore plus perplexe....entre les commentaires dithyrambiques, merveilleux et les lecteurs très déçus"... et moi, je ne sais toujours pas me prononcer... j'ai beaucoup apprécié certains passages, et

j'en ai trouvés d'autres trop longs, et pas d'une nécessité absolue , à mon humble avis...,pour la narration !



J'ai aimé plusieurs personnages dont notre narrateur, mais aussi un de ses amis, faisant partie de cette humanité souffrante, des gentils : Il s'agit de Read, personnage chaleureux, intelligent, avocat à l'origine, plein de convictions, ayant dû, pour subvenir à la vieillesse et aux frais médicaux de sa maman, accepter un travail sordide, celui d'"adjuster" , rôle des plus pénibles pour une société d'assurances, pénible et sordide rôle d'enquêteur pour que les assurances payent le moins possible d'indemnités aux "victimes", en cas de drames...

Autre personnage hors-norme, sympathique aviatrice- mi-irlandaise- mi-indienne, Winona, l'épouse adorée de notre Paul Hansen...qui mourra prématurément, puis la chienne du couple, Nouk, un animal affectueux et vif... et notre narrateur.. se retrouvera après tous ces chagrins, pire qu'un orphelin !!

Un style cependant étonnant, souvent déjanté avec des métaphores insolites, complètement décalées !!



Une lecture très appréciée, pleine de jolis moments et portraits très colorés , convaincants... mais qui curieusement n'a pas provoqué, en moi, un coup de coeur fulgurant !!

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Le cas Sneijder

Pauvre Paul Sneijder, voilà bien toute la peine que je ressens après avoir lu son étrange et triste cas.

C’est que Paul est somme toute pas moins que vous et moi. Il cherche juste à être peinard, tranquille, pourquoi pas un peu heureux lui aussi. C’est que Paul n’a guère eu de chance. Il rencontre sa première femme Gladys qui après lui avoir donné une fille, voit le divorce annoncé deux jours plus tard, la dame préférant l’alcool à l’amour.

Sa fille c’est Marie. Gentille, intelligente, joyeuse, Paul est heureux à ses côtés. Mais quand il rencontre sa seconde épouse Anna, son bonheur sombre à nouveau. Anna ne veut pas du passé de son mari, rejetant ainsi sa douce fille, qui ne pourra voir son père qu’à l’exterieur et ne rencontrera jamais ses demi frères.

Paul s’accroche pourtant à sa fille qui le rend bien plus heureux que ses deux fils, portrait jumeau de leur mère. Jusqu’au jour où l’ascenceur débloque, c’est le drame. Trois morts, dont sa fille, Paul dans le coma.



Le cas Sneijder, c’est la traversée d’un homme banal dans les tumultes d’une vie décrépie. L'égocentrisme exacerbé de son épouse et de ses fils l'amène peu à peu à s’isoler. Que ce soit dans le souvenir de sa fille, dans ses livres sur les ascenseurs, ou auprès des chiens abec lesquels il trouvera un certain réconfort.



Paul Sneijder a ce côté frappant que devant de mauvaises personnes, devant une épreuve traumatisante, il est un peu comme beaucoup, seul et incompris.



La plume de Jean-Paul Dubois est percutante, précise et nous offre ici un roman terriblement bien écrit sur fond de déboires existentiels.
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Prison de Bordeaux, Montréal. La voix du prisonnier qui raconte cette histoire n’est pas celle d’un rustre : sa sensibilité au monde qui l’entoure, son débit, son choix de mots et de métaphores confinent à la grâce. Comment un tel homme s’est-il retrouvé là ?



C’est ce que nous allons progressivement comprendre en suivant le fil de la vie de Paul. Un récit qui commence aussi loin que possible de l’infamie de la vie en prison, par le coup de foudre improbable de son père, pasteur danois, et de sa mère, propriétaire d’un cinéma d’art et d’essai toulousain.



Si c’est la curiosité de découvrir ce qui a pu conduire un homme aussi sensible et réfléchi à passer par la case prison qui m’a initialement accrochée, je me suis finalement laissé embarquer aussi par le récit de sa vie. Celle-ci baigne dans une lumière nostalgique, même si les frasques de ses personnages rocambolesque, que l’auteur décrit magnifiquement, m’ont fait souvent sourire. Comment résister à l’humanité désarmante du voisin de cellule dont le nom de famille, Horton, finira par donner lieu à l’adjectif « hortonien » ? À celle de son père, désespéré d’avoir perdu la foi ? Et que dire de Winona qui survole si souverainement les grands espaces canadiens aux commandes de son aéroplane ?



Ces pages brossent, en toile de fond, l’avènement d’une ère mesquine gouvernée par les déterminismes, les procédures et les rationalités gestionnaires. La structure narrative non-linéaire alternant entre le présent en prison et les souvenirs du passé crée des effets de résonance saisissants qui ne peuvent que nous interpeller sur les injustices de nos sociétés.



Car cette vie a décidément quelque chose d’universel. Chacun connaît ces déraillements qui auraient pu paraître anodins mais qui font finalement bifurquer l’existence.



Beau, tragique, profondément humain.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Après 264 critiques , j'aurais bien l'impression de répéter tout ce qui a pu être dit sur ce titre. Alors faisons simplement.

Aujourd'hui, j'ai eu une merveilleuse rencontre, une espèce de contact que je ne voulais pas brisé. Aujourd'hui, j'ai écouté quelqu'un me raconter sa vie. Aujourd'hui, c'était calme, serein, quasiment radieux.

Un sentiment d'apaisement. Voilà l'impression qui me reste de cette lecture. Une écriture sensible, fine, belle, poétique et bien réelle m'a racontée l'histoire d'un parcours d'humain. Le sentiment de savoir que les choses sont ce qu'elles sont, que la réalité est ce qu'elle est et qu'elle nous revient toujours. Et que oui, c'est possible d'être bon, dans tous les sens du terme, dans ce monde qui n'est pas habité de la même façon par les hommes.

Un beau , très très beau rendez-vous de lecture.
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Vous plaisantez, monsieur Tanner

Mais quelle mouche vous a piqué, monsieur Tanner, en acceptant l’héritage de votre vieil oncle ? Une immense maison à rénover en-tiè-re-ment, cela vous semblait un travail d’enfant ?

Vous n’avez pas tenu compte des corps de métiers que vous alliez croiser !

Une période pénible, horrifique, digne de l’Enfer de Dante s’est présentée à vous dès le premier artisan venu et ne vous a plus quitté.

« La plus intrigante exposition d’originaux et d’hurluberlus que l’on puisse imaginer » s’est réalisée dans cette maison, avec vous comme seul spectateur. Il faut dire que vous avez pris un congé sans solde pour surveiller les travaux et pour y travailler vous-même : « A endurer pareilles tortures, on perd très vite ses forces, sa santé, aussi bien mentale que physique, ses économies, sa lucidité, bref, sa raison. Les mains rongées par le ciment, asséchées par le plâtre, le dos cassé, le corps zébré de déchirures et de tendinites, on finit par n’être plus qu’une carcasse laborieuse ».



Un enfer pour vous ? Oui, mais un paradis pour nous ! Avec un sens de l’humour noir particulièrement développé, vous nous exposez tous les cas d’artisans rencontrés, du plus malhonnête au plus scrupuleux, du plus fainéant au plus maniaque, du plus grossier au plus gentleman.

Quelle jouissance...pour nous ! Et pour vous aussi, reconnaissez-le, monsieur Tanner, car la mise par écrit de votre épreuve digne du supplice de Tantale vous a certainement procuré beaucoup de plaisir, vu votre style particulièrement imagé, vif et caustique. A coups de tous petits chapitres, votre prose se lit à une vitesse phénoménale, contrairement à l’avancement des travaux.



Alors, vous regrettez d’avoir hérité de cette maison titanesque et en pleine déliquescence ? Vous regrettez d’avoir entamé ces travaux babyloniens ? Quitte à ne pas nous les faire revivre dans une narration cocasse ?

Vous plaisantez, monsieur Tanner !

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Hommes entre eux

Cré moué, cré moué pas, queque part en Ontario, y'a un chum qui est parti chercher sa blonde...

Y prend son char pour la r'trouver mais pas d'chance y tombe sur une tempête de neige qui va le laisser pantois!

Ah j'capote sur ce roman, y'a pas à dire!

Jean-Paul Dubois: c'est une vieille connaissance, un voisin du sud ouest, un journaleux sportif, un amateur du ballon ovale, bref un homme presque parfait...

Depuis" Kennedy et moi" où Bacri m'a ravie, depuis" Une vie française" et "Vous plaisantez Monsieur Tanner", j'étais sous le charme de cette plume tendre teintée d'humour!

Très surprise par cette aventure virile dans le nord canadien: des hommes des vrais avec tout ce qu'il faut!

Et aussi très émue par ces paroles masculines sur la maladie, la mort, l'amour, le sexe...

Tabernacle, Monsieur Dubois je suis zémue encore une fois!

Pour vous mettre dans l'ambiance même si ça ne se passe pas au Québec réécoutez Beau Dommage!

http://youtu.be/AJ6CSOLxbeM
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Le cas Sneijder

J’ai la phobie des ascenseurs…. !

Mais ce livre époustouflant m’a littéralement emmenée dans leurs engrenages, dans leur mode de fonctionnement spécifique…, ainsi que dans celui du narrateur.

Celui-ci, Paul Sneijder, est un homme de 60 ans à qui il est arrivé 2 évènements horribles : le premier, il y a une vingtaine d’années, lorsque sa seconde femme lui interdit de voir sa fille (qu’il a eue lors d’un premier mariage) dans ses murs ; le deuxième, tout récent, lorsqu’il perd cette fille dans un terrible accident d’ascenseur, dont il est le seul survivant.

Il enclenche alors un système de survie, d’essai de compréhension de cet accident imprévisible : il consulte des tas de revues spécialisées, des articles de journaux, des livres relatant des accidents…

Il change de métier car il a des crises d’angoisse lorsqu’il se trouve dans un espace clos en compagnie de plusieurs personnes, il est enrôlé en tant que « promeneur de chiens ».



J’ai opiné à chacune de ses pensées, à chaque moment de sa réflexion sur les ascenseurs, comme ici :

« Nous sommes tous, à des degrés divers, les obligés des ascenseurs. Nous dépendons d’eux chaque jour et pour chaque chose. Nous croyons les commander, alors qu’ils nous ont depuis longtemps asservis (…) L’ascenseur est bien plus qu’un objet de confort, il est le miracle mécanique qui a un jour permis aux villes de se redresser sur leurs pattes arrière et de se tenir debout. Il a inventé la verticalité, les grandes orgues architecturales mais aussi toutes les maladies dégénératives qu’elles ont engendrées ».



J’ai été horrifiée de voir la réaction de sa femme carriériste, totalement égocentrique, ainsi que celle de ses jumeaux, jeunes adultes criants d’égoïsme, le reflet de leur mère.



J’ai été attendrie lorsqu’il promène les chiens car il se crée une espèce de symbiose, de compréhension sans paroles entre eux et lui.



J’ai été totalement subjuguée par cette façon de raconter, ou plutôt de décortiquer ses réactions de survie : il mêle à la fois la légèreté (que de passages où j’ai souri !) et la grande souffrance, et ce à l’aide d’un style recherché, un vocabulaire assez soutenu et des images débordantes de réalisme.



Bref, j’ai accompagné cet homme en deuil, en deuil de sa fille, de sa vie, de ses repères.



Oui, je continuerai à prendre les ascenseurs la peur au ventre, comme d’habitude. Mais j’aurai dorénavant une petite pensée émue pour Paul Sneijder, le personnage sorti tout droit du cerveau tortueux et… clairvoyant de Jean-Paul Dubois.



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L'Origine des larmes

La souffrance étant inévitable, mieux vaut souffrir avec JP Dubois que sans lui.

C'est sensiblement mon ressenti à la sortie de ce roman. Pourtant, avec cet auteur, je suis souvent très bon client, dithyrambique même. Mais là, crotte de bique, je n'y parviens pas.

Dans ma phrase de préambule, remplacez « JP Dubois » par « Jésus » et vous obtiendrez un des propos du livre le plus imprimé au monde après la Bible. Il a été écrit par Thomas a Kempis et sert à l'une des nombreuses et intéressantes digressions qui font le charme des ouvrages de M. Dubois.

Vous prendrez aussi connaissance, à moins que vous soyez plus érudit que moi, de l'existence d'un homme fascinant : Dag Hammarskjöld, secrétaire général des Nations Unies de 1953 à 1961 et qui plus est prix Nobel de la paix, et… grand-père de Paul, le personnage principal du roman. Seul souci, Dag, n'a jamais eu d'enfant…

Vous rencontrerez également le peintre coréen Kim Tschang-Yeul, un Dieu vivant, connu pour ses multiples et merveilleuses représentations de gouttes d'eau.

Éventuellement et poétiquement, l'origine des fameuses larmes.

Mais les larmes chez M. Dubois ont de multiples origines. La plus flagrante, la plus lumineuse est la Mort. La mort de sa mère, la mort de son frère jumeau. Cependant, dans ce roman, rien n'est lumineux, tout est obscur, noir, plombant.

La mort y est d'ailleurs traitée comme une vraie délivrance de l'âme torturée, martyrisée, suppliciée de Paul, au point qu'il aille tuer Thomas Lanski son géniteur de 2 balles dans la tête 15 jours après sa mort. Cet homme abject le mérite amplement, je l'ai mesuré au fil des chapitres lors des rencontres mensuelles de Paul et de son psychiatre M. Guzman.

Cette obligation est le fruit pourri de la condamnation de Paul pour avoir ôter la vie à un cadavre.

Cet échange mensuel constitue « le corps » du roman : « Rouvrir les livres de peine, les almanachs de chagrin, les albums d'humiliation, entendre à nouveau jaillir cette voix de carnassier, voir ses mâchoires mastiquer les jours de nos vies. »



Évidemment, par instant, j'ai été happé par les phrases magiques qui déferlent et m'aspergent en pleine face comme le ressac de la vie. Bien sûr, j'ai apprécié les habiles digressions de cet auteur, notamment sur l'intelligence artificielle et sur le dérèglement climatique mais, noyé d'ambivalence, j'ai ressenti un plaisir certain à tourner la dernière page, comme pour repousser la mort trop présente, trop palpable.

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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Lorsqu’il avait six ans, Jean Paul Dubois a vu sa maitresse d’école tomber brusquement et mourir. Dans son roman : « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » l’émotion causée par la mort subite des grands parents de son protagoniste Paul :« vers 1 heure du matin, le téléphone sonna et une onde de douleur et de chagrin envahit brutalement l’appartement » est suivie par d’autres disparitions, son père, sa femme, sa chienne.

Cette émotion parcourt tout le livre, depuis le choc initial, le bouleversement de l’irruption de la mort, mais aussi une émotion de tendresse , un attendrissement devant le Hells Angel qui partage sa cellule de prison, motard géant sans doute meurtrier, et grand enfant qui s’applique à découper des papiers et à les colorier. A défaut de changer le monde, Patrick lui donne ses contours et ses coloris personnels. Tout en donnant à son co-détenu Paul des conseils s’il veut écourter sa peine. (citation)

Le personnage de Patrick Horton est un petit bijou. Il a tatoué sur sa peau la philosophie de sa vie « life is a bitch and then you die », tient à impressionner par sa stature, et déborde de tendresse, bordel. Bien sûr il n’habite pas le monde de la même façon que le père de Paul, pasteur protestant danois. Ni même le monde de la mère de Paul, qui transforme son cinéma d’art et d’essai en un virage vers l’avant garde révolutionnaire puis vers « Gorges profondes».Oui, elle montre « des pipes, des pipes et des clitos, et est désolée que son pasteur de mari soit choqué « par de si petites choses. » Elle aurait boosté la famille, l’aurait protégée, elle aurait fait un père formidable. Mais.

Derrière l’histoire émouvante de toute une vie, c’est le vécu en prison canadienne, avec les souvenirs des morts qui, eux, habitent dans le même monde, celui d’un autre univers communiquant par le souvenir avec le monde de Paul. L’enfermement est propice à ces visites des être aimés, y compris le petit chien blanc qui n’a pas besoin de parler pour tout comprendre.

Livre bouleversant, par la simplicité de l’écriture, par son ironie choisie, par l’intelligence du cœur, par la proximité des vivants et des morts, par la beauté des lacs canadiens dignes de la création du monde.

J’ai sangloté, portée par une écriture apparemment sans emphase, mais qui dit le chagrin et la perte comme rarement. « J’ai donc regardé les gendarmes, tenté d’appuyer ma main droite sur l’un d’eux, senti le poids du monde m’écraser et privé du soutien de mes jambes, je me suis lentement affaissé à leurs pieds. »



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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Le romancier Jean-Paul Dubois peut compter sur un noyau de lectrices et de lecteurs fidèles et enthousiastes. Je dois reconnaître qu’il écrit remarquablement bien. Son style, très maîtrisé sans en avoir l’air, conjugue nostalgie amère et humour noir. Il sait trouver les mots pour faire partager son émerveillement, son étonnement, son plaisir, son émotion ou son indignation, devant les beautés, les bizarreries ou les épreuves que les circonstances placent sur les chemins de ses personnages.



Affublé du long et curieux titre de Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, son dernier livre est consacré à la vie tristement banale d’un Franco-canadien de père danois et de mère toulousaine. Après un parcours itinérant, Paul s’est installé à Montréal, où pendant quelques années de bonheur, il a partagé l’existence de Winona, une Indienne Algonquine, épousée à la mode de chez elle. Ils vécurent heureux, mais n’eurent pas d’enfant, juste une chienne, Nouk.



L’auteur a rythmé sa narration en intercalant passé et présent. Le passé, ce sont les épisodes de la vie de Paul depuis son enfance. Le présent, c’est le pénitencier de Montréal, et pour être plus précis, la cellule que Paul partage avec Patrick, un motard membre du redoutable club des Hells Angels, un colosse fort en gueule dissimulant une âme sensible derrière la Harley Davidson tatouée sur son cou.



Quel méfait a bien pu commettre Paul, le gentil Paul, si serviable, si dévoué, pour être condamné à deux ans de prison ? On ne le saura qu’à la fin de la narration de son parcours. Toujours est-il que sa cohabitation très fraternelle avec le biker est l’occasion de pages truculentes aussi drôles que touchantes. C’est le meilleur du livre.



J’ai été moins séduit par les très longues pages qui retracent le parcours de son père, le pasteur Hansen, dont la foi, déjà malmenée par les dures réalités humaines, aura fini par s’écrouler, sapée par un espoir illusoire en des jeux d’argent aléatoires et inappropriés.



La suite est plus plaisante. Vous avez déjà compris que Paul est un être fondamentalement bienveillant, toujours prêt à se mettre en quatre pour les autres. Chargé de l’entretien d’un grand ensemble immobilier, il s’occupe de tout, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il est heureux quand tout fonctionne bien, quand tout le monde est content. C’est alors le cœur serein, qu’il peut survoler les forêts et les lacs du Québec, dans le petit Beaver piloté par Winona.



Dans son job, Paul est totalement autonome. Son dévouement, son perfectionnisme et son sens du devoir en font un gestionnaire modèle, tant que l’on respecte sa liberté d’action. Mais comme cela arrive quand un petit chef mesquin entre en jeu, tout s’enraye dès lors que l’on se met à vouloir le museler. Une spirale infernale s’enclenche. Les humiliations s’ajoutent aux injustices… avant que le malheur ne vienne de surcroît tout fracasser. Très émouvant ! Paul se soumet, jusqu’au jour où…



« Je suis un cimetière abhorré de la lune / Où comme des remords, se traînent de longs vers / Qui s’acharnent toujours sur mes morts les plus chers ». Ces vers de Baudelaire me sont venus, car Paul vit au milieu de ses morts les plus chers, son père, sa femme, sa chienne. Jean-Paul Dubois serait-il sujet au spleen ? La mort semble en tout cas l’obséder. Dans son précédent roman, le personnage principal, déjà prénommé Paul – la meilleure ou la pire partie de Jean-Paul ? – devait composer avec une famille dont les membres mettaient en compétition leurs tendances mortifères.



Revenons au titre, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Il tranche avec la brièveté sobre et ouverte du titre du précédent opus, La succession. Je me suis interrogé sur le sens profond de ce titre à rallonge, sans trouver de quoi sortir des sentiers battus : il y aurait, dans le monde, des différences, des inégalités, des injustices ?… Quel scoop !... On a bien le droit de s’indigner. Mais cliché pour cliché, n’aurait-il pas été possible de trouver un intitulé plus court ?


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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La succession

Si le bois ne se bonifie pas forcément avec le temps comme le vin, je lis pourtant Dubois comme je bois du (bon) vin ^^

Il est des auteurs comme ça qui réussissent à créer un lien de fidélité avec les lecteurs, Jean-Paul Dubois en fait partie, en ce qui me concerne du moins. Je suis toujours avide de découvrir son dernier opus, et plus le temps passe plus le plaisir est là. Mille mercis Monsieur Dubois.



Après le cas Sneijder (prononcez Chnéyeuder... enfin je crois), pas loin de figurer au top de mon palmarès Dubois, voici La succession (prononcez dépression... il me semble).

Superbe roman dans lequel les refrains de l'auteur sont poussés à leur paroxysme : le désenchantement, la douce ironie, la drôlerie... jusqu'à la fin de vie. Car oui ce roman ci traite de la fin de vie, à travers une famille marquée par le gêne du suicide, à l'instar de la famille Hemingway. Tout cela n'est pas drôle pensera-t-on, et pourtant, avec cet auteur le cocasse effleure le propos, le rire ne manque pas de percer au détour d'une phrase, une situation, un bon mot. Humour noir, désenchantement ou douce mélancolie désespérée, si la mélodie reste toujours la même le morceau quant à lui touche au suprême (re ^^).



Comme si tout cela devait se rapprocher d'une fin.

J'espère que cette supposée fin n'est pas celle d'une production, j'attends déjà avec impatience de voir le bouchon s'éloigner encore un peu plus de notre rivage, dans son prochain livre.

En attendant, je la relirai à coup sûr, cette succession.
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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Si d'aventure en faisant reluire une lampe à huile je libérais un génie à voeux, je lui demanderais d'écrire comme J.P. Dubois écrit.

Je serais tellement fier de pouvoir captiver mes lecteurs avec les errements du moteur rotatif Wankel monté sur la NSU RO 80 des années 70 ou leur faire découvrir la complexité du clavier et du pédalier de l'orgue Hammond B3 avec sa cabine Leslie.

J'aimerais aussi leur apprendre l'existence de l'école de peinture de Skagen, à la pointe du Jutland dans ce Danemark méconnu de moi.

Rien ne me serait plus agréable que de les faire aller chercher un dico pour décrypter « peccamineuse », « impedimenta » ou « scansion ».



Au-delà de toutes ces considérations, rien ne me serait si doux que de les imaginer heureux et rassasiés par la fluidité de phrases ajustées au cordeau avec des mots incisifs mêlant esprit et gravité.



Cool, redescend, dis-toi que tu as lu un sacré bon bouquin avec un style plus aérien que l'hydravion Beaver DHC2 piloté par Winona la femme chérie de Paul, celui dont J.P. Dubois m'a fait cadeau de la vie. Je veux dire de l'histoire de sa vie. (Et oui, je sais, je n'ai pas encore assez frotté).



Grâce à ses lignes affutées et raffinées, les turpitudes de Paul Hansen, factotum de l'immeuble Excelsior à Montréal se convertissent en amour, tendresse et compassion aussi bien pour ses propriétaires d'appartements pour lesquels il se dévoue corps et âme chaque jour durant que

pour sa chienne Nouk qui vient inlassablement coller son museau sous ses aisselles pour le remercier de vivre, sa journée terminée.



« Passaient les années, et mon emploi de serviteur modèle détricotait mes jours. »



Au fil des pages, j'ai moi aussi, pris un immense plaisir à démêler la pelote de vie de Paul, à faire la connaissance de son père pasteur à la piété émoussée et de sa femme adorée mi-algonquine, mi-irlandaise qui « possédait le don de révéler la meilleure part de chacun. »



Puisqu'il faut commencer par le début, je ne tairai pas le truculent et encombrant voisin de taule de Paul, Patrick Horton, un Hells Angels qui à un « Fat Boy » comme Dieu et le catalogue de pièces détachées Harley comme bible.



Maintenant, honorables lectrices et lecteurs pour savoir pourquoi Paul purge une peine, il faudra venir la partager entre les quatre coins de ce roman et dévider sa pelote de haine motivée. La fin justifie les moyens.

Coup de coeur et coup de boule pour faire bonne mesure.









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Tous les hommes n'habitent pas le monde de ..

Dubois a vraiment un don particulier pour raconter des histoires!



Est-ce son écriture élégante, généreuse et enveloppante, l'originalité de ses idées narratives, décalées et parfois cocasses, cette implication du conteur par le récit à la première personne? Je ne sais quelle est l'alchimie qui, de nouveau, m'a conquise. Il flotte de l'humour, de la dérision, un zeste de tragi-comédie au fil des pages, qui se lisent avec aisance et fluidité.



Encore une fois, c'est un coup de coeur.



Suivre le quotidien d'un prisonnier dans une prison canadienne, cohabiter avec son improbable partenaire de cellule dans 6 mètres carrés, le voir refaire le cours de sa vie par les souvenirs qui remontent, comprendre par son histoire personnelle ce qui l'a conduit à cet enfermement. Le passé et le présent s'entremêlent, les apartés décorent le récit de connaissances insolites et les personnalités de ses personnages sont très attachantes.



Je conseille vivement

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Vous plaisantez, monsieur Tanner

Ouvrage emprunté au hasard sur une étagère de la médiathèque où je travaille, je ne connaissais absolument pas cet auteur et je me suis laissée tenter à la fois par la couverture et la quatrième de couv' qui annonçait que j'allais probablement bien me distraire et en effet, ce fut bel et bien le cas.



Paul Tanner est apparemment un homme sans histoires. Célibataire, il mène une petite vie tranquille dans sa chaleureuse maison et travaille en tant que documentariste animalier, ce qui lui permet de vivre tranquillement et avec un certain confort. C'est un rendez-vous chez le notaire qui va bousculer sa vie lorsqu'il apprend qu'il hérite, de l'un de ses parents récemment décédé, d'une magnifique maison familiale à la campagne. Le seul problème, c'est que celle-ci n'ayant plus été occupée depuis plus de quinze ans, tout est à refaire à l'intérieur, su sol au plafond. Commence alors pour notre monsieur Tanner ce que je nommerais tout simplement soit l'enfer soit une suite de malchance et de grosses farces accumulées, qui peuvent effectivement prêter à sourire tant que l'on n'est pas directement concerné. Ayant pris un congés de six mois sans solde, notre protagoniste entend bien être présent sur le chantier et engager lui-même ses propres apprentis, après avoir fait un premier constat avec des chiffres astronomiques. Le lecteur s'engage ici dans une aventure de chantier, voyant défiler les uns après les autres tous les corps de métier du bâtiment représentés et autant dire que si le lecteur se délecte des mésaventures de ce pauvre monsieur Tanner, il y a bien des jours où celui-ci se servirait de l'u des employés engagés pour taper sur l'autre. Entre les escrocs, les maladroits et les autres, notre héros en voit passer de toutes les couleurs.



Un ouvrage qui se lit extrêmement vite avec des chapitres court et même avec notre personnage qui est sans arrêt sous pression et parfois au bord de la crise de nerfs, le lecteur, lui ne peut s'empêcher de sourire et de se détendre au fil de cette lecture, pour un peu qu'il ne soit pas lui-même en train d'entreprendre des travaux chez lui ! Une écriture fluide et légère et un roman que je ne peux donc que vous recommander !
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