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Critiques de Jim Harrison (1058)
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Dalva

Quatre étoiles pour cette fresque, étoiles gagnées une à une au fur et à mesure de ma progression dans la lecture. Je n'étais pas loin de me ranger auprès des lecteurs mitigés. Et puis j'ai fini par me laisser entraîner doucement et subtilement dans les plaines du Middle West et de ses habitants d'hier et d'aujourd'hui.

Roman célébré pour l'hommage rendu à la mémoire des Indiens, quelle ne fut pas ma surprise et mon malaise de découvrir que l'action commence en 1986 en Californie, ou en Arizona après un trop court passage en Nebraska.

Le roman part du désir de Dalva, 45 ans, fière et mystérieuse, de retrouver ses racines et son fils abandonné à sa naissance. Elle confie à Michael, chercheur historien, le soin d'exploiter les écrits de Northridge, son ancêtre, fondateur d'une propriété prospère, à l'origine d'une descendance forte et fragile à la fois et véritable défenseur du peuple Sioux.

Toute une filiation, de cet arrière grand-père Northridge, évangéliste, planteur, missionnaire agricole, arrivé au Nebraska en 1870, à l'excentrique et avisé grand-père , du fils John Wesley, tué trop jeune en Corée à sa fille Dalva ; tous ont eu leur vie intimement liée au peuple autochtone Sioux.

Alternant les retours en arrière, il nous faut cheminer dans les pensées tortueuses de de Michael et les rêveries troublantes de Dalva, les principaux narrateurs.

Michael est une sorte de double de l'auteur. Gaffeur impénitent, il est guidé par ses addictions à l'alcool et au sexe féminin. La vie quotidienne, faite de chevauchées, d'observations, de rencontres et de questionnements, de lectures, constitue l'essentiel de l'histoire. La question indienne est introduite peu à peu par le biais des écrits de Northridge. Contemporains de la Conquête de l'Ouest, de l'avancée du chemin de fer après la guerre de Sécession, au moment de la disparition des bisons, de la malnutrition, de la victoire sur les troupes de Custer, de la Danse des Esprits, du massacre de Wounded Knee, et de la loi Dawes, les textes assez courts portent témoignage de la grande intelligence de cœur de Northridge. Tout un pan de l'histoire nous parvient comme toile de fond où la tolérance, la compréhension et la rébellion ont donné à cet ancêtre ses lettres de noblesse.

Au-delà du constat de la lente agonie du peuple Sioux et de la paupérisation actuelle de la région je retiendrai la tendresse de l'auteur pour ses personnages, tous ses personnages, Naomi, la mère de Dalva, qui parle chaque soir à son mari défunt sur la balancelle dans la véranda, le vieux Lundquist qui aime tant la vie et Dalva apaisée qui parvient à trouver en elle sa part d'héritage indien. C'est avec justesse que l'on a pu écrire que ce roman mêlait le profane et le sacré.

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Un sacré gueuleton

Après la lecture d'un livre aussi excellent, on ne sait comment débuter une critique; d'autant que Jimmy détestait les critiques littéraires comme les prétendus oenologues qui distribuent des notes aux grands crus et même aux plus petits.

Alors, je dirais simplement l'émerveillement que j'ai ressenti à chaque page de ce livre et combien je rejoins Jim dans tout ce qu'il aime ou déteste. Il célèbre la belle cuisine qu'il sait réaliser, il se souvient avec amour de sa mère qui lui recommandait de garder les pieds sur terre, il sait partager des moments d'amitié très forts le plus souvent devant une table ou dans la nature, à la chasse, à la pêche.

Il aime et connaît dans le détail nombre de bons vins et d'autres plus simples qu'il ne méprise pas. Je retiens quand même que ses trois favoris, à l'exception des célébrissimes inabordables par leur prix, sont les Côtes du Rhône, Vacqueyras Sang des cailloux et Châteauneuf du pape Vieux Télégraphe et, bien sûr, l'extraordinaire Bandol Domaine Tempier vers lequel il revient sans cesse, le célébrant dans ses romans, et évoquant dans ce livre son amitié avec Lulu Peyraud qui a porté si haut les couleurs de ce vin merveilleux.

Et puis, il y a ce fameux gueuleton de 37 plats avec seulement 19 vins qui dura plus longtemps qu'un vol transatlantique, partagé avec 11 amis, un moment d'anthologie à la gloire de la bonne chère et des grands crus.

Bien d'autres images restent après cette lecture, celles des recettes qui émaillent le texte, celles des filles qui ont fasciné Jimmy, même s'il ne les a pas abordées, celles de la France qu'il adore et des français qui apprécient ses livres.

Il chante aussi un hymne à la nature, aux oiseaux qu'il connaît parfaitement, à ses chiens, compagnons dotés assurément d'une âme, à l'ensemble de la création dont les trous noirs et les milliards de galaxies l'obligent à croire en Dieu.

Il y a aussi ses promenades à travers la France où il rencontre de nombreux amis, Paris bien sûr, mais surtout Lyon, Montpellier dont il adore les vastes espaces, Collioure et sa recherche de la valise de poèmes perdus d'Antonio Machado, les marchés d'Aix-en-Provence, la Camargue et enfin, l'étape par excellence, le Domaine Tempier.

Jimmy parle également de son attachement à sa famille, sa mère suédoise, son père, son frère et sa soeur partis qui lui manquent, son épouse qui cuisine avec lui, ses enfants et petits-enfants.

C'est un livre qui ne lasse jamais, qui nous emmène au coeur de l'existence d'un homme qui fuyait les salons, les téléphones mobiles, les politiciens et tout ce qui pouvait l'écarter de la nature, de la table et du vin. Un homme qui aimait la vie et qui sait transmettre ses passions à ses lecteurs.

Je l'emporterais bien sur une île déserte mais on n'y trouverait sans doute pas les denrées nécessaires à la préparation des plats de Jimmy et encore moins les vins qui doivent les accompagner. Il resterait juste le souvenir ému de toutes ces saveurs; alors, je le garde accessible dans ma bibliothèque.
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Nord-Michigan



C’est la première fois que je lis un roman de Jim harrison et je ne regrette pas cette lecture. Joseph est un instituteur d’une quarantaine d’année qui vit dans les années 60 dans une petite bourgade du Michigan. Issu d’une famille d’origine suédoise qui a tiré sa subsistance du travail de la terre, il a perdu une jambe alors qu’il était aux champs avec son père.

Célibataire, il vit avec sa mère malade et entretient une relation avec Rosalee, son amie d’enfance, institutrice comme lui, qu’il aime depuis toujours mais qui lui avait préféré Orin, décédé depuis.

Joseph s’ennuie, il rêve d’Océan, de grandes étendues, d’autres horizons. S’il est un homme de la forêt, que la chasse et la pêche sont des activités qu’il affectionne particulièrement et qu’il partage avec le vieux docteur Evans – formidable personnage – il étouffe à la pensée de s’installer comme agriculteur avec Rosalee. Alors quand la jeune Catherine vient s’offrir à lui, sans tabou ni pudeur, il se laisse faire et débute une relation dont la sensualité vient le distraire d’un quotidien un peu morne.

Joseph est un personnage qui a généré chez moi beaucoup d’empathie. La crise qu’il traverse, ses questionnements, ses errements sont d’une telle humanité qu’on se sent concerné par ce qu’il vit. Il oscille entre deux femmes, deux modes de vie, deux façons d’approcher le sens de l’existence, sans parvenir à choisir : se marier avec Catherine n’aurait aucun sens, s’engager définitivement avec Rosalee le fait hésiter.

Et puis, il y a la nature, le chant des oiseaux, les castors, le coyote que Joseph guette sans arriver à le voir, les étendues d’eau qui regorgent de poissons, le silence, la luminosité…

C’est beau, c’est bien écrit (traduit), on se laisse emporter avec plaisir dans l’univers de Jim Harrison.

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Dalva

Parler de Dalva a pris à Jim Harrison près de 500 pages assez denses. Comment en parler à présent en quelques lignes, avec moins de talent et sans doute pas toute l'histoire en tête ? Car il ne s'agit pas uniquement du récit de la vie d'une femme libérée des années 80, mais aussi de celles de son arrière grand père pionnier partageant la vie des indiens d'Amérique, de sa soeur larguée par son mari homosexuel, de son amant Michael, un universitaire balourd et alcoolique, de son amour de jeunesse détruit par la folie, des contrées sauvages du Nebraska, de la conquête de l'Ouest et la domination de l'homme blanc et j'en passe.



La suite sur https://thomassandorf.wordpress.com/2016/06/04/dalva-jim-harrison/


Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Dalva

Dalva est un magnifique roman et Jim Harrison en est le parfait auteur. Il est le passeur idéal pour cette histoire de femme(s) tiraillées et balayées par trois hommes : un grand-père, un mari, un fils. Jim Harrison réussit à prendre son lecteur et de sa main, nous guide dans la vie de Dalva, héroïne presque idéale parce que totalement libre et humaine.

Il y a tellement de poncifs dans ce roman et dans cette chronique que seul le talent de l'auteur, la finesse de sa plume, l'excellence de son oeil à capter les situations, la detresse, a tendresse et la solitude du monde moderne, que seul le talent de l'auteur donc permet à l'ensemble de ne pas s'embourber dans la mélasse du Nebraska.

A lire en compagnie du "Nebraska" de Springsteen, de la voix cristalline d'Alela Diane ou de la non moins talentueuse Bosque Brown.

Grand roman que ce "Dalva" et qui connaît un ricochet dans "Sur la route du retour".



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Grand Maître

Anecdote: en farfouillant dans ma PAL pour dégoter un nouveau livre, j’ai fait tomber un joli cadre derrière ma bibliothèque et c’est en essayant de le récupérer que j’ai trouvé ce poche qui devait y être coincé depuis un moment… Je n’ai pas réussi à récupérer mon cadre mais j’ai immédiatement mis le nez dans « le grand maître » car ce ne pouvait qu’être un signe du génial Jim - je viens de finir Ce qui a dévoré nos coeurs de Louise Erdich et maintenant je crois aux esprits.

L’histoire de ce Grand Maître n’est pas hyper originale quand on connait l’auteur: Sunderson, un policier divorcé fraichement à la retraite, enquête sur un Grand Maître de secte qu’il suppose être pédophile en plus d’être un escroc. Il le suit à travers plusieurs États. Cette enquête est plus un alibi qu’autre chose, c’est surtout l’occasion pour l’auteur de décrire la lente décrépitude d’un homme sur le retour, amateur de bonne chair et de whisky, de pêche (mais pas de chasse), et de jolies fesses féminines, qu’il mate sans vergogne tout en sachant qu’il n’y touchera pas.

Évidemment, tout du long de ce « faux roman policier » (sous titre du livre), on s’interroge sur la part d’autobiographie du livre car ce que l’on sait de Jim Harrison semble vraiment proche de l’introspection de Sunderson, mais tout livre est bon à lire tant le talent de Harrison pour l’introspection est immense (cf Wolf).

Donc, pas de surprise désagréable ici, on a un bon livre, lent et profond, plein d’amour pour la nature et de sagesse égrillarde…
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Un bon jour pour mourir

Jim Harrison nous emporte dans un road-trip à travers l'Amérique des années 60 depuis la Californie ( Keys ) jusqu'au barrage du Grand Canyon au Colorado.

Le narrateur est féru de pêche, dépressif, accro aux somnifères, au whisky et autres alcools pour oublier qu'il a raté sa vie professionnelle et familiale et, c'est au cours d'une beuverie qu'il sympathise avec un autre paumé comme lui ! C'est Tim, un vétéran du Vietnam, costaud, le coup de poing facile avec une grosse cicatrice : il se drogue aux amphétamines et bien sur aux alcools ! Dans la conversation, ils viennent à parler du Grand Canyon qui est en projet et, Tim lance le défi d'aller dynamiter le barrage !

Tim va chercher au passage son ex fiancé Sylvia et le trio fonce sur les routes et, ils vont au gré des arrêts, des paysages, des rencontres partager les joints, les cuites et les parties fines !

Sylvia est belle, pulpeuse et elle a des jambes sublimes, elle pense toujours que Tim la demandera en mariage mais lui : il s'en fout complétement et à l'occasion va voir des putes !

Le narrateur est amoureux de Sylvia et tente à tout instant de la " baiser " mais elle joue un peu les mijaurées car tous deux ont peur des réactions violentes de Tim !

Un trio de personnages désenchantés, de ratés qui filent à toute vitesse vers un nouvel échec !

Jim Harrison profite de la virée pour aborder ses thèmes favoris : la nature, les amérindiens et leur culture, la pêche par l'intermédiaire du narrateur et, bien sur l'immensité des paysages U.S et, avec ses 3 personnages : il nous immerge dans les années 60 : le rejet de la guerre du Vietnam, la liberté des moeurs et du langage, le consumérisme, les drogues, le mal être des jeunes adultes et la recherche du sens de la vie !

Un trio touché par ses fêlures intérieures, torturé mais étrangement émouvant qui vit une cohabitation tendue !

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La Route du retour

J'attendais avec impatience la suite de Dalva, et même si l'émotion est un peu moindre, ce roman a le mérite d'éclaircir, à travers le récit des autres personnages qui gravitent autour de Dalva, la fresque familiale et ses tourments principaux. Qu'est-ce que serait une bonne histoire sans ses racines tordues intérieures?

Le ton est donné par le grand-père Northridge, un homme de son temps au caractère bien trempé, qui nous transmet au crépuscule de son existence les péripéties et désillusions qui l'ont façonné. Adulé par son John Wesley, le père de Dalva mort lors de la guerre de Corée, et haï par Paul son cadet qui a coupé les ponts avec ce père féroce. Mais c'est lui qui prendra soin de Rachel, la mère de Duane, l'amant sang-mêlé de Dalva.

Vient ensuite le journal de Nelse, le fils abandonné, puis adopté, un nomade qui parcourt l'Amérique avec l'idée d'assouvir sa curiosité:" la raison principale de mon errance semblait être la simple curiosité". C'est un personnage cru, sauvage et indiscipliné qui libéré du joug de la normalisation possède une culture propre, riche et tournée vers le monde naturel. Mais cette curiosité le poussera à retrouver ses racines biologiques et à aimer à son tour.

Naomi, la mère de Dalva est le personnage doux, lumineux qui stabilise ce chaos familial. Adepte inconditionnée des oiseaux, elle sera celle qui fera le pont entre la mère biologique et le fils perdu. Nous trouverons son témoignage reposant après celui des autres! Puis c'est le journal de Paul, l'oncle de Dalva, qui nous fait partager son expérience, et son amour finalement partagé par Naomi, une liaison douce et suave qui se conforte avec le temps.

Mais Dalva reste la protagoniste du roman qui clôt de manière poignante cette saga familiale. Et je n'en dirai pas plus .

Mais c'est aussi une ode au monde naturel, des portraits de femmes magnifiques, la place des autochtones dans ce monde moderne, une incroyable culture de l'auteur qui m'a surprise agréablement. Un préjugé de ma part en pensant aux cow-boys bouseux et ignorants! Jim Harrison est un sacré conteur!

Je reprends ces mots pour clore à mon tour ce petit journal:" une fois morts, nous ne sommes plus que des histoires dans l'esprit d'autrui".

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Dalva

Un des plus beaux romans que j'aie lu !

Tout y est pour moi, le souffle de l'écriture, l'exploration du métissage, une invitation à la réflexion sur les liens de la maternité, un roman d'amour aussi, et l'appel des grands espaces américains....

Jim Harrison y donnera une suite, moins connue mais tout aussi exhaltante, La route du retour, centrée sur le personnage du fils de Dalva : ne l'oubliez pas après Dalva !
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Dalva

Un réel coup de coeur pour Dalva, personnage féminin attachant qui dévoile peu à peu les moments les plus intimes de sa vie. J'ai vraiment été touchée par l'histoire et j'ai adoré me promener dans le Nebraska (ses ranchs, ses paysages...). J'ai hâte de lire la suite et de retrouver Dalva et sa famille, dont le destin est assez tragique.
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Une odyssée américaine

Un passage éclair à la bibliothèque, et voilà ce livre dans mes mains. Je souhaitais découvrir Jim Harrison et ce titre a saisi mon attention. Le roman n'est pas un road movie à proprement dit et à mon sens, il n'est pas à comparer au brûlant Sur la Route de Jack Kerouac. Il n'a ni sa fièvre ni sa fureur. Le propos n'est pas le même.

Nous suivons là Cliff, 62 ans,ancien enseignant de littérature, presque contraint de prendre la route au volant de sa vieille Taurus, suite à un divorce le privant de sa ferme et de ses habitudes paysannes. Son voyage devient alors le prétexte à une introspection et une remise en question au gré des rencontres, d'aventures sexuelles, de parties de pêche salvatrices et d'immersions dans les vastes espaces américains. Rien de transcendant. Néanmoins, à travers un regard un brin lubrique et mysogine, l'auteur nous livre une critique de la modernité américaine et un bel hommage à la nature, une grande déclaration d'amour à la solitude.

Ce fut un bon moment de lecture, mais pas un immense plaisir.
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La Route du retour

Au cours de cette lecture, je me suis posé une question : comment se fait-il que j'aie autant de mal à apprécier certains livres de la littérature française actuelle que je considère comme nombriliste et du coup inintéressant pour moi et que je sois tant séduit par des livres comme ceux de Harrison, remplis d'introspection finalement assez nombriliste également, mais celle de personnages fictifs donc finalement moins réalistes ?



Cela tient d'abord évidemment à l'écriture d'Harrison. Il n'y a qu'à lire les nombreuses citations extraites de ces livres ici sur Babelio pour voir le mélange d'intelligence, de bon sens, de simplicité mais aussi de poésie qu'il arrive à distiller dans ses phrases. L'alliance qu'il parvient à trouver entre description des états d'âmes de ses héros et paysages de l'Amérique profonde en fait un des grands représentants du mouvement nature writing aux Etats-Unis.



Ses choix de narration sont également toujours judicieux. Il prend ici successivement le point de vue de 5 personnages sur la même histoire familiale. C'est surtout dans le regard qu'on porte sur les autres et sur soi et sur le regard différent des autres que ce choix de narration donne un résultat impressionnant, me poussant même parfois à défendre mentalement un personnage face aux récriminations d'un autre avec l'envie de lui dire "Oui, il est parfois terrible, mais toi tu sais pas ce qui se passe en fait dans sa tête, ce qu'il a vécu au plus profond de lui, moi si !". Cette technique nous immerge ainsi en profondeur dans l'histoire, et le moment de refermer le livre est donc forcément un crève-coeur.



Enfin, les sujets abordés dépassent le simple nombrilisme. La quête d'une identité quand on est issu d'un métissage, le regard porté sur les noirceurs de la construction de ses Etats-Unis, la question indienne qui traverse tout le roman lui permettent de toucher plus largement le lecteur et de ne pas rester au ras des pâquerettes d'une introspection psychanalytique de chaque personnage.



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Une odyssée américaine

Tendre et critique, sans pathos toutefois pour le "héros" un homme américain moyen, affublé d'une "femme" américaine très moyenne , bien que certainement "courante" à en croire l'auteur.

Un homme qui avait des rêves mais qui s'est endormi aux cotés d'une mégère. Ou une femme qui avait un schéma tout tracé , un modèle type de réussite et qui s'est réveillé à coté d'un endormi?

Selon le coté de la route ....on ne voit pas la même chose, et ici le narrateur c'est l'homme.

Première surprise, pour moi, l'américain de 60 ans est un obsédé sexuel...pratiquant , et l'américaine, sérieusement mal embouchée dans l'intimité...ça c'était la deuxième surprise. Je m'en doutais un peu vu l'imprégnation bigote et puritaine bien connu des campagnes américaines, mais quand même...

Un homme coincé entre l'avenir qu'il peut désormais tracé tout seul selon son choix.... le choix tout comme la liberté peut être anxiogène, c'est tellement plus facile de dire qu'on n'a pas le choix ,autre que celui de subir...et le retour en arrière dans une zone de confort, qui de toutes les façons n'existe plus. quand on ne peut plus retourner en arrière, il ne reste plus qu'à avancer droit devant soi, ou selon les cahots de la route.

Le sexe, l'alcool et ...la pèche, pour faire avaler les kilomètres qui le ramèneront vers lui même.

L'amour de la nature et des animaux, les paysages y sont magnifiés, les vaches élevées aux rangs de trésors vivants. Et puis le souvenir de Lola, une chienne, la seule femelle capable d'écoute et d'amour "vrai", fidèle compagne toujours partante et silencieuse....

En filigrane l'enfant, l'enfance...on n'en sort jamais, on devrait ne jamais l'oublier.

L'homme de demain est l'enfant d'hier.







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La Route du retour

Avec ce roman grandiose et foisonnant, Jim Harrisson nous fait découvrir qu'aucune route ne mène vers un véritable retour.

Ses inoubliables personnages, notamment John Wesley, Nelse puis Dalva, tentent de retrouver un monde, une filiation ou un amour qui leur a échappé. Mais le constat est amer. La perte est irréparable, la route du retour débouche sur une impasse, et chacun de nous pourra se reconnaître dans l'une ou l'autre version du « Paradis perdu » que nous propose Jim Harrisson.

Alors, que nous reste-t-il ?

Une rivière dans laquelle on aime se baigner ; un oiseau au chant envoûtant ; un cheval complice ; et bien sûr un chien, surtout si c'est un Airedale (race que Jim Harrisson semble avoir particulièrement aimée, et ce n'est pas moi qui lui donnerai tort).

Ce livre est poignant et bouleversant, et vous le refermerez sans doute avec une petite boule dans la gorge.

Jim Harrisson était un merveilleux écrivain et « La route du retour » un pur chef-d'oeuvre.
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Aventures d'un gourmand vagabond

Où l'auteur, presque sosie d'Hemingway (au propre et au figuré), nous raconte ses chasses, ses pérégrinations dans la nature, sa cuisine et celle de restaurateurs fameux de France, des US et de Navarre, ses quelques tournées littéraires. Pratiquement à la fin du livre, se trouve un échange de lettres avec Gérard Oberlé, le célèbre chef alsacien.

J'ai moyennement apprécié : la langue est truculente, mais l'auteur est trop "viandard", tout tourne autour de la cuisson des gibiers et autres ragouts, ortolans, etc...
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Péchés capitaux

Jim Harrison, de son vrai nom James Harrison, est un écrivain américain, né en 1937 dans le Michigan aux États-Unis. La mère de Jim Harrison est d'origine suédoise et son père était agent agricole. A l'âge de huit ans, son œil gauche est accidentellement crevé au cours d'un jeu. A 16 ans, il décide de devenir écrivain et quitte le Michigan pour vivre la grande aventure à Boston et New York. En 1960, à l'âge de 23 ans, il épouse Linda King. Ils ont eu deux filles, Jamie et Anna. Il obtient cette même année une licence de lettres mais renonce rapidement à une carrière universitaire. Pour élever ses filles, il rédige des articles de journaux, des scénarios, en même temps que sont publiés ses premiers romans et ses recueils de poèmes. En 1967, la famille retourne dans le Michigan pour s'installer dans une ferme et depuis il partage son temps entre le Michigan, le Nouveau-Mexique et le Montana. Péchés capitaux, son tout nouveau roman, vient de paraître.

Jim Harrison (et curieusement, j’ai exactement la même problématique avec Philippe Djian) m’oblige toujours à un long préambule avant d’attaquer mon billet. J’ai adoré ses premiers romans en leur temps (Légendes d’automne (1981), Dalva (1989), etc.) puis il y a eu de grosses déceptions mais trop tard, j’étais ferré et je continuerai à le lire jusqu’à la fin. Depuis plusieurs années donc, j’ai fait mon deuil des grands romans espérés et je m’efforce de le lire en tenant compte de l’état actuel de sa production. C’est aussi pourquoi, je me rue sur ses ouvrages dès leur parution en évitant de lire les commentaires médias/blogs, pour me faire ma propre opinion – que j’espère objective – et écrire mon billet sans répéter comme un perroquet ce que les autres en disent.

Péchés capitaux remet en selle l’inspecteur Sunderson que nous avions découvert dans Grand maître (2012). Le flic à la retraite s’est offert un bungalow dans le Nord Michigan pour se consacrer à son activité favorite, la pêche. Mauvaise pioche quand il constate bien trop vite que ses voisins, la famille Ames, sèment la terreur dans toute la région. Même les autorités locales s’avouent impuissantes face à ce clan (hommes, femmes, enfants) qui vit en dehors des lois et commet les crimes les plus abjectes. Quand une série de meurtres dans cette famille, éclate en pleine saison de pêche à la truite, Sunderson se sent obligé à reprendre du service.

Honnêtement, le début du bouquin m’a fait craindre le pire, une histoire de chantage pas très claire qui amorce très chaotiquement le reste du roman mais, une fois le livre refermé, je le dis très clairement, ce nouveau Jim Harrison n’est pas mauvais du tout, il est même d’un bon niveau au regard de ses dernières productions. Disons qu’il m’a agréablement surpris, ce qui est déjà beaucoup.

Alors certes, ses détracteurs vont nous ressortir les sempiternelles mêmes critiques, les fameux 3 B si chers à l’écrivain, c’est-à-dire, Baise/Boisson/Bouffe dans l’ordre de ses préférences ( ?). Oui, les allusions sexuelles sont permanentes, mais il y a très peu de sexe réellement décrit et les fantasmes d’un homme âgé (Sunderson a 66 ans/Harrison a 78 ans) pour les petits culs de jeunettes (ou non) délurées peuvent agacer dans un premier temps (je ne l’avais pas accepté dans l’un de ses précédents romans) mais ici, sans m’en réjouir plus que cela, j’y ai trouvé une sorte d’humour mêlé à ce qui pourrait s’apparenter à une preuve de vitalité forçant l’admiration, qui n’empêche pas la lucidité, « Je crois que l’instinct sexuel est profondément ancré, enfoui, encodé au fond de nous, et qu’il nous pousse à nous ridiculiser. ». Oui encore, Sunderson boit comme un trou et ça lasse. Oui enfin, il bouffe énormément. Mais ces trois types d’excès, dans ce roman du moins, m’ont paru une provocation contre les diktats imposés par le monde moderne, sur nos modes de vies, hygiène alimentaire et le politiquement correct en général. Le vieux, qui pour moi n’est pas un mauvais bougre, n’a que faire de ces cris d’orfraie, il assume ses choix de vie. Et tant qu’à mourir, que ce soit après avoir vécu pleinement, même si quand le roman s’achève, Sunderson semble avoir opté pour une sorte de rédemption…

Je ne m’attarde pas sur l’intrigue qui vaut ce qu’elle vaut (le bouquin est sous-titré « faux roman policier ») mais permet à Jim Harrison de critiquer vertement les violences, toutes les violences : maltraitance des femmes et des enfants, viols sur mineures, incestes, crimes de sang… Un mal profond dans son pays, « La violence est une tradition ancestrale en Amérique ». C’est aussi le thème que Sunderson, se sentant des velléités d’écrivain, se propose de traiter en rédigeant un essai sur ce qu’il nomme le huitième péché capital. L’écriture étant un des autres sujets abordés par l’auteur, « Il faut travailler toute une vie pour écrire correctement, et même ça ne suffit pas. Il y a des centaines de milliers d’écrivains sur terre ; mais quelques-uns seulement savent écrire. »

Il faut lire Harrison comme on lit Rabelais, sous la truculence et l’outrance se cache une réflexion critique sur le monde, sur l’Amérique.

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Dalva

Dalva est un livre qui m'a laissée perplexe : comment se fait-il que je n'ai pas adoré?



J'adore les grands espaces américains, j'adore Jim Harrisson, j'adore les narrations à plusieurs voix, j'adore les auteurs américains qui parlent avec respect et en connaissance de cause des Amérindiens, j'adore les personnages féminins forts et indépendants, j'adore les romans qui croisent les époques, j'adore les destins non conventionnels.



Il y a tout ça dans Dalva, et pourtant j'ai peiné à la lecture et je n'arrive pas à savoir pourquoi! (et ça m'énerve de m'en vouloir)

Qu'est-ce que j'ai raté?

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Un bon jour pour mourir

Waow !! Quell histoire que celle de ces trois personnages !! Mais où va chercher de telle situations et de telle personnes, oui... je sais.... dans son imaginaire et peut-être dans son vaincu !!! Mais alors j'ai adoré ce livre, comme tous les livres de Jim Harrison . "Un bon jour pour mourir" a quelque chose de je ne sais quoi que je n'ai pas trouvé dans d'autres, je ne les aient pas tous lu certe, mais quand même, celui-ci je l'aime .Peut-êrte est-ce les jambes où même tout le corps de Sylvia, peut-être l'esprit barré, et restait au Vietnam, de Tim . Où alors le narateur qui est pris entre sa passion de la pêche, de son ex-marige, de sa rencontre avec Tim et également Sylvia . Tous ceci nous fait une histoire des plus, sans dévoiler l'histoire, explosive .
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Un bon jour pour mourir

🗽 J’aime beaucoup la littérature américaine. Pourtant jusqu’ici je n’avais jamais été tentée par les romans de Jim Harrison car le film «Légendes d’automne» m’avait profondément ennuyée (n’en déplaise aux fans de Brad 😉).

J'ai finalement changé d'avis après avoir lu quelques retours enthousiastes sur les œuvres de cet auteur.



Après quelques recherches, mon choix s’est porté sur «Un bon jour pour mourir» parce qu’il fait partie des premiers romans de l’auteur et que ce titre m’intriguait.



🐟 Dans un bar de Key West, un jeune pêcheur (notre narrateur anonyme) rencontre Tim, un ancien combattant du Viêtnam toxico. Leur conversation s’oriente sur les rumeurs de construction d’un barrage sur le Grand Canyon. Les deux hommes sans attache et imbibés d’alcool décident alors d’entreprendre un voyage pour dynamiter le barrage contre nature. En chemin, ils embarquent Julia, la petite amie de Tim dont le narrateur tombe vite amoureux.

Au fur et à mesure de ce road trip vers l’Ouest, des bribes du passé du narrateur sont révélées.



🌵 Le style est simple et fluide. Il n’y a pas vraiment d’histoire. Pourtant j’ai aimé suivre ces trois jeunes désabusés s’improvisant écoterroristes à travers les vastes étendues américaines pour poursuivre un but environnemental à défaut d’autre but dans leur vie en dehors de l’alcool et la défonce.



Le protagoniste semble las de tout, a des tendances suicidaires et a laissé femme et enfant derrière lui, ne trouvant un peu de paix que dans la pêche à la truite et au tarpon et dans ses nombreux fantasmes.



Tim est revenu écorché du Vietnam (au sens propre comme au figuré) et Julia essaie en vain de retrouver le Tim qu’elle a connu avant la guerre et les substances chimiques.



🌵 «Courage, c’est un bon jour pour mourir» était un proverbe de la tribu des Nez-Percés à l’approche de la guerre. Comme cette guerre intérieure et désespérée que mènent ces jeunes gens.
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Un bon jour pour mourir

Lorsqu'il traverse la chambre du Motel alors que Sylvia dort encore, un drap ne couvrant que très partiellement son corps magnifique, lorsque Sylvia se présente avec son short bien moulant et son dos nu, Jim Harrison veut nous faire croire que son joli postérieur lui fait penser aux pêches de Géorgie ou aux poires d'Anjou. Allez, Jim, ne nous la fais pas, on sait bien à quoi tu penses.

Mais le pire, c'est lorsqu'elle se baigne dans les rivières :

"Sylvia écarte ses cheveux des yeux. Elle est debout, dans l'eau à mi-cuisses. L'espace d'un moment, la scène est figée devant moi, comme l'image se fige parfois sur l'écran, dans les films de la nouvelle vague. Sylvia relevant ses cheveux, les épaules, le ventre et les hanches couverts de gouttelettes qui scintillent comme de petits miroirs dans la lumière du soleil, l'eau claire et bleue, et ses jambes fuyantes sous la surface de l'eau. Je ressentis une vague pitié à mon propre égard. Cette scène ne pouvait être effacée. C'était à tout jamais une trace dans ma mémoire et j'imaginais que dans vingt ans, je pourrais encore me remémorer cette vision, même si elle était plate et immobile, comme un tableau. Naturellement, les couleurs se faneraient un peu et les violents contrastes d'ombre et de lumière auraient sans doute disparu, même cette ombre légère, entre la hanche et l'aine, quand elle se détournait du soleil, pivotant doucement sur elle-même, au lieu de tourner simplement les épaules. Il y avait dans cette image une impression fugace de liberté, un bonheur évident, mais proche de la torture".

C'est un road trip à la Kerouac qui va de Key West en Floride jusque dans le Montana et qui consiste à aller poser quelques bâtons de dynamite au pied d'un barrage de manière à permettre aux truites saumonées de poursuivre leur incroyable migration. Mais qu'est-ce qu'ils ont ces écrivains américains à vouloir faire sauter des barrages ? Allusion à peine dissimulée au Gang de la clef à molette d'Edward Abbey.

Bref, après une soirée bien arrosée dans un bar de la côte est, Jim discute avec un vétéran du Vietnam nommé Tim. Sur le champ, ils décident d'aller dynamiter ce barrage. Alors on embarque quelques packs de bière, un peu de psilocybine et de méthadrine, quelques cassettes audio de Bob Dylan, de Johnny Cash (the girl from the North Country) et Grateful Dead pour le côté psychédélique, on prend au passage la belle Sylvia et c'est parti pour la route... et le supplice !



Challenge Multi-Défis 2022.
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