AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jim Harrison (1054)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dalva

En fan de Jim Harrison, j'avais honte de ne jamais avoir lu Dalva, qui l'a plus ou moins fait connaître. J'ai plongé dans cette histoire polyphonique avec plaisir, car de nombreux ingrédients chers à l'auteur me plaisaient et me rappelaient d'autres romans : les grands espaces, la nature, la proximité avec les animaux, l'héritage familial, les relations homme-femme décomplexées et complexes à la fois, les portraits de femmes fortes. Mais aussi un certain suspense, puisque Dalva cherche plus ou moins son fils, qu'elle a fait adopter car elle n'avais que seize ans à sa naissance (c'est le fil conducteur du roman, en plus des racines indiennes de la famille).

Malheureusement, j'ai trouvé que le roman était extrêmement bavard, ça tire en longueur et quant au personnage de Michael, le prof que Dalva fréquente, au secours, quel boulet ! Totalement en décalage avec l'ambiance du roman.

Bref, je me suis ennuyée à partir de la moitié du roman, et j'en suis fort contrite, car c'est un roman que j'aurais pu aimer follement. Quelque chose n'a pas marché...
Commenter  J’apprécie          252
Péchés capitaux

Pour ma 100ème critique (hourra !), je voulais marquer le coup, fêter l'événement ! C'est donc tout naturellement que je me suis tourné, comme on débouche une bonne bouteille, vers mon maître à penser, mon pygmalion, mon sacro-saint Jim Harrison (comment ça j'en fais un peu trop ?! Vous trouvez ?) ... et tant pis si je ne suis pas tombé sur son cru le plus fameux.

Le socle éternel (pêche à la truite + gueuletons pantagruéliques + fessiers féminins) est bien là, solidement ancré dans ce terreau américain qui inspira Big Jim tout au long de son épicurienne existence, mais je n'ai pas toujours retrouvé le souffle de liberté et les grands espaces habituels, l'ode à la nature sauvage et les petites divagations métaphysiques qui m'étaient devenues familières. En dehors de Marion, personnage ici secondaire, nul indien à l'horizon :-(



Nous sommes cette fois plongés au coeur d'une sombre histoire de vengeance familiale au sein du clan Ames, une bande de dégénérés violents et alooliques que le pauvre Sunderson, l'inspecteur fraichement retraité dont j'avais fait la connaissance dans Grand Maître, a pour malheur d'avoir comme voisins... Lui qui rêvait de profiter de son bungalow de pêche, dont il vient de faire l'acquisition dans une petite bourgade qu'il espérait tanquille, c'est loupé. Pour ne rien arranger, notre brave inspecteur, comme toujours rongé par le démon du bas ventre, ne trouve rien de mieux à faire que de s'enticher des plus jeunes demoiselles de cette famille de tarés et passe son temps, entre deux parties de pêche à la mouche, à se morigéner pour ses écarts de conduite lubriques et, il bien l'admettre, plutôt malsains...

On peut s'en lasser, à la longue, mais l'on peut aussi se réjouir de retrouver cette plume unique, à la fois lyrique et rugueuse. On est rarement déçu.



Comme souvent chez Harrison, j'ai été plus sensible aux digressions d'un homme vieillissant, bourru mais bon vivant, écartelé par ses contradictions, que par ses aventures proprement dites, qui tournent vite en rond et ne sont qu'un prétexte à la rêverie et à l'introspection.

Une fois encore, difficile de pas voir dans ce personnage atypique et attachant, féru d'histoire et de litérrature (et, ici, de théologie, avec en fil rouge des petites réflexions sur les sept péchés capitaux), autre chose qu'un double fictif de l'auteur lui-même, grand pêcheur (et grand pécheur !) devant l'éternel.

Pas une page sans référence aux rivières ou aux formes attirantes d'une voisine, d'une serveuse, pas un chapitre sans une recette de cuisine ou le souvenir d'un bon vin : c'était ça, Jim Harrison.

On aime ou on aime pas, moi j'ai choisi mon camp !
Commenter  J’apprécie          255
Légendes d'automne

Légendes d’automne, ce sont trois histoires aux couleurs arides et au ton sauvage. La première mêle amour et vengeance, la seconde est le spectacle d’une vie somme toute banale, et la troisième expose l’homme à des violences de toutes sortes.



J’ai lu cet ouvrage il y a plusieurs mois (années ?) et, à défaut de substance, il m’en reste une sensation. Celle d’un malaise dû à un ennui pourtant conscient de se trouver face à de la qualité. La plume de Jim Harrison a du caractère et pourtant ne m’émeut pas ; ses mots ne trouvent aucune résonance en moi. Je sens bien qu’il touche à des tragédies modernes, et les sujets qu’il aborde ont beau, dans l’idée, m’intéresser, mon marbre ne vibre pas.



Alors je laisse à d’autres cette lecture sur le fil ténu de la damnation et de la rédemption… elle trouvera nécessairement un écho chez certains.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
Commenter  J’apprécie          252
Nageur de rivière

Jim Harrison est un vieux briscard et un très bon romancier, avec l’âge l’écrivain atteint une maitrise frisant l’épure. En deux courts récits Harrison nous parle de l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui, de deux hommes à des moments charnière de leur existence. Deux males américains face au mystère féminin, face à l’absence de père, qui se débattent pour exister et tentent de choisir leur vie.



Grand admirateur de René Char, Harrison le dit : « mon ambition de romancier est de comprendre comment la conscience humaine évolue avec l’âge. »

Clive, 60ans intellectuel New-Yorkais, « monsieur gros- bonnet » dans le monde de l’histoire de l’Art doit revenir dans la ferme familiale du Michigan pour s’occuper de sa mère de quatre-vingt-cinq ans, pendant que sa sœur ferait son premier voyage en Europe. La cohabitation de quatre semaines avec une mère capable d’identifier deux cents espèces d’oiseaux à leurs chants et un fils que tous les faits scientifiques ornithologiques rendent nerveux et nauséeux, autant dire que le séjour risque d’être une épreuve.



A soixante ans, peut-on re- séduire son premier amour qui quarante-deux ans plutôt prenait beaucoup de plaisir à vous sadiser devant sa bande de potes. Quatre semaines pour résumer une vie, Clive ressortira différent et pourtant le même.

Thad, dix-huit ans, le nageur de rivière qui donne son titre au livre, doit-il épouser Laurie son amie d’enfance, fille du nabab local un peu mafieux ou Emilie riche héritière de Chicago au risque de rester sous la coupe de son milliardaire de père. Mais rien n’est simple au pays des grands romanciers, ce récit initiatique frôle le fantastique et Harrison réussit à nous faire croire que des créatures merveilles habitent les rivières et que l’on n’est pas obligé de subir l’existence.

Comme l'on sait que l'homme est un grand adorateur de breuvage alcolisé de toute sortes, on peut dire que l'auteur nous livre un excellent cru, ou si on continue sur ces métaphores vinicoles, qu'il est arrivé à la bonne maturation, et qu'il se bonifie avec l'âge (bon, je pense que vous avez compris le message là, n'est ce pas?)!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          250
De Marquette à Veracruz

Jim Harrison est un incroyable raconteur d'histoires.



Dès le début, on connaît la fin. Ça commence par une seule et terrible page où un père mutilé des deux mains est jeté à l'eau par son fils...



Puis ça continue, plus posément, 450 pages durant, dans un style bien différent, par un récit revenant 30 ans en arrière, où l'on découvre ce même fils, enfant riche de la région des Grands lacs, découvrant la saga de sa terrible famille.

Ainsi le lecteur est emmené dans un récit au long cours - entrecoupé de très nombreuses digressions comme il se doit chez Harrison- celui d'une famille puissante et riche grâce à l'exploitation de la forêt de la Péninsule Nord.



C'est l'histoire de David Burkett, bien né, mais malheureux et honteux de sa famille.



De ses ancêtres avides de terres, de son enfance, de ses premiers émois charnels, de ses amis de pêche, de l'ours ou de la citelle, vous saurez tout avant et après le drame principal, qui détermine la rupture entre le père et le fils alors adolescent. Le viol de sa copine par son père (révélé dès le début).



Puis viennent sa déprime, son errance dans la région des Grands Lacs et de ses relations tumultueuses avec les femmes, malgré son père, malgré ses ancêtres.



Je n'ai pas saisi qui étaient tous les personnages issus des digressions dont Harrison est friand mais j'ai savouré les moments charnels , et il y en a beaucoup, avec les désillusions du lendemain qui s'ensuivent.











Commenter  J’apprécie          250
De Marquette à Veracruz

Jim Harrison est décédé (en 2016) pendant la lecture de ce roman, malheureuse coïncidence, mais qui a donné une perspective nouvelle à cet ouvrage. L’histoire d’un homme en quête du passé tourmenté de sa famille.



Une œuvre riche où se mêlent la violence, le sexe, les joies et les tragédies. Tous les personnages sont profonds et donnent au roman sa véritable dimension. Les femmes en particuliers sont des héroïnes de roman à part entière. David, le héro, ne contrôle pas son existence, chacune de ses actions finalement due aux autres et essentiellement son père qu’il hait et aime profondément.



Enfin, ce roman commence par la fin, la mort du père. Pourtant « Big Jim » nous l’a fait oublier jusqu’à l’ultime page, dans laquelle elle revient comme une claque. Il me reste à découvrir les autres romans de Jim Harrison afin d’en savourer de somptueuses pages.

Commenter  J’apprécie          240
Julip - La Femme aux lucioles - L'été où il f..

Je remercie NetGalley et les Editions 10/18 pour ce Service Presse. Je voulais découvrir la plume de Jim Harrison et je crois avoir pu me faire une petite idée de son style et de ses thèmes de prédilection au terme de ces 940 pages ! Car ce ne sont pas trois nouvelles que contient ce recueil, comme je le pensais initialement, mais neuf novellas longues comme de petits romans. Lecteurs, soyez donc avertis, ce sont trois livres en un que vous tiendrez entre les mains !



Neuf novellas en apparence indépendantes, même si un personnage récurrent, Chien Brun, se retrouve dans trois d'entre elles. le style de Jim Harrison alterne entre le corrosif et le lettré, le pudique et le lubrique, réellement caméléonesque puisqu'il campe tour à tour une nymphette indépendante et faussement naïve avec un frère en prison et trois amants énamourés, un supposé métis indien looser et satyrique mais attachant (le fameux Chien Brun), un universitaire déchu et dépressif retrouvant goût à la vie en s'improvisant apprenti cowboy, quatre anciens amis activistes révolutionnaires convergeant pour sauver un cinquième compagnon de sa geôle mexicaine, trois bourgeoises républicaines cinquantenaires partageant le même amant, et une épouse fugueuse nostalgique et rêveuse en plein bilan de la cinquantaine. Jim Harrison n'oublie pas de se portraiturer lui-même dans un récit aux accents autobiographiques, de l'enfance aux angoisses d'écrivain. Le tout dans une ambiance et un style très faulknériens, une inspiration que l'auteur ne renie aucunement.



Ces novellas sont de véritables chroniques sociales américaines, enracinées dans la terre et les moeurs, et à l'acuité remarquable. La façon (parfois non consensuelle) dont Jim Harrison croque ses personnages féminins, fait état d'une réelle volonté de dépeindre le coeur et l'âme des femmes, avec une pudeur et une sensibilité admirables (notamment dans « La femme aux lucioles »). Mais il ne faut pas se leurrer, le stupre n'est jamais loin chez Jim Harrison, surtout quand Chien Brun est dans les parages ! Ses personnages masculins sont souvent guidés par leurs hormones et les personnages féminins les manipulent habilement grâce à cela. Et même si l'auteur sait manier les sujets sérieux et tragiques, c'est dans l'ironie et l'acerbe que sa plume excelle.



Je dois avouer avoir mis du temps à m'habituer, non pas au style qui est fluide et habile, mais à la banalité quotidienne et au rythme parfois lent de ces histoires. J'attendrai donc un peu avant de me replonger dans l'oeuvre de Jim Harrison, mais j'y reviendrai certainement.
Commenter  J’apprécie          240
Le Vieux Saltimbanque

Deuxième rencontre avec l'écriture de Jim Harrison.

Dans le vieux saltimbanque, l'écrivain, dans un ton très désabusé et résigné, raconte les moments de sa vie à la troisième personne.

Sur le moment on peut s'interroger sur ce choix stylistique. Avait-il besoin , au moment de la rédaction de son récit, de prendre de la distance par rapport aux faits ? Est-ce pour cela qu'il détaille si peu des événements douloureux mais s'étale bien plus sur des moments plus « scabreux » ? On dit que le sexe, la drogue et l'alcool sont plus vendeurs que les drames familiaux, échecs conjugaux et personnels ; et Jim Harrison applique cette croyance avec grand soin dans son récit.



Pour ma part je suis restée sur ma faim à cause de cette sensation de vouloir faire de sa vie un spectacle sans vraiment l'assumer.

Un bon tour de passe-passe pour un vieux saltimbanque, à n'en pas douter, mais un récit un peu fade et trop facile à mon goût.





Challenge Multi-défis 2019

Challenge USA
Commenter  J’apprécie          240
Le Vieux Saltimbanque

Qu'il est triste de savoir qu'on lit le dernier livre d'un auteur que l'on affectionne ! C'est du pur Harrison : nature, pêche, vin, bouffe, sexe. Des retours sur l'enfance où il se rappelle la cochonne que son père élevait. Les circonstances lui feront qu'il va acheter une truie qui va bientôt mettre bas. Des scènes drôles. Je referme la dernière page en disant : Adieu Monsieur Harrison.
Commenter  J’apprécie          243
La Route du retour

Dans la route du retour, Jim Harrison reprend l'histoire de Dalva et l'enrichit d'une suite mais surtout des points de vue d'autres personnages.

On découvre en premier lieu la jeunesse du grand père Northridge entre sa mère Petit-Oiseau, son aspiration à devenir artiste,son amour pour les femmes et ses sensations durant les derniers mois de sa vie. On fait la rencontre de Nelse, le fils de Dalva et de Duane, adopté dés sa naissance par une famille aisée, un garçon solitaire, nomade, envouté par la nature et les espaces sauvages. Naomi, la mère de Dalva, continue l'histoire et raconte sa rencontre avec Nelse, la relation avec ses filles, son mari disparu et puis Paul prend le relais, cet oncle sage aux conseils avisés, isolé dans sa maison à la frontière mexicaine, évoque son amour pour Naomi, ses relations fortes et tendues avec son père et son frère. La fin est magistrale quand Dalva reprend la main pour évoquer un voyage- le dernier- qu'elle effectue avec son fils jusqu'à Marquette.



Je me suis sentie bien dans cette fresque familiale, les personnages sont profonds et fouillés, l'ambiance est particulière, malgré les plus de 500 pages, je n'avais pas envie que l"histoire finisse ; je prenais mon temps pour savourer cette ambiance et ne pas quitter tous ses personnages auxquels je me suis attachés profondément.



La nature, la faune et le flore sont superbement décrites et plus d'une fois, j'ai éprouvé le désir et le besoin de me retrouver près d'eux pour voir,sentir et ressentir ce que Jim Harrison décrivait: les plaines du Nebraska, le chant si particulier de l'autour, la fraicheur d'un lac, l'odeur d'une truite grillée sur le feu de camp, une sieste au soleil ou encore la multitude de changements de paysages au gré des kilomètres avalés durant toutes ces années par chacun des personnages...
Commenter  J’apprécie          240
Théorie et pratique des rivières

Dans cet ouvrage en version bilingue, Jim Harrison nous invite à voyager, à découvrir ces merveilles de la nature que l'on nomme fleuves et rivières.

C'est un véritable hommage rendu à la Nature mais aussi, dans les poèmes qui suivent, une réflexion sur la vie et la mort (celui qui rend d'ailleurs le plus compte de cette réflexion est le poème intitulé "Dans l'attente de la vieillesse").



Ce livre se compose en deux parties, la première "Théorie et pratique des rivières" dont je viens de rendre compte ci-dessus et la seconde, "Nouveaux poèmes", qui rend également hommage à notre environnement mais qui fait également l'éloge des valeurs les plus belles qui existent sur terre, à mon goût, à savoir l'Amour et l'Amitié.



Un ouvrage très vite lu, très intéressant à découvrir puisqu'au fil des pages, le lecteur peut également découvrir le texte dans sa version originale, à savoir en américain, ce que je trouve toujours très appréciable. Moi qui ne connaissait pas du tout Jim Harrison (sauf de nom bien évidemment), cette première approche m'a réellement donné envie de découvrir ses autres textes ou oeuvres.
Commenter  J’apprécie          240
Retour en Terre

Début novembre, j'ai fait un grand voyage.

Seul avec lui, le meilleur guide qui soit, j'ai pris la route pour un périple extraordinaire qui m'a conduit des cimes du Montana aux étendues désertiques d'Arizona, en passant par les forêts du Wyoming et les vallées du Colorado ... le tout en moins de deux heures et sans quitter mon fauteuil douillet !

Prodigieux, hein ?



Pas tant que ça en fait, quand on sait que j'étais confortablement installé dans la jolie salle du Grand Rex et que j'assistais (pour la deuxième fois !) à la projection de "Seule la terre est éternelle", le film que François Busnel consacre à l'immense Jim Harrison.

Deux heures de liberté, d'immensités sauvages, d'humour et de longs silences parsemés de réflexions éclectiques qui m'ont donné envie, dès la sortie du cinéma, de relire Retour en Terre. L'ouvrage m'avait plutôt emballé il y a quelques années mais je ne m'en souvenais pas bien : l'occasion était trop belle de m'y replonger pour vérifier si, vraiment, "on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière".

Et qui de mieux placé que Jim Harrison pour parler de rivières ? Qui d'autre que lui pour s'immiscer ainsi dans la vie de ses personnages, pour nous livrer leurs pensées secrètes, leurs doutes, leurs façons d'être au monde, d'appréhender la nature, le visible, l'invisible et - plus encore ici que d'habitude - la mort ?



Si dans ces pages nous découvrons successivement quatre personnages (Donald, son neveu Kenneth, son beau-frère David et son épouse Cynthia) c'est bien le premier d'entre eux les réunit tous. À tout juste 45 ans, Donald souffre en effet d'une sclérose en plaques en phase terminale et l'idée de sa fin prochaine l'incite à revenir sur les événements marquants de son existence.

C'est l'occasion pour l'auteur de zigzaguer comme il aime tant le faire d'un souvenir à l'autre, d'une partie de pêche à un bivouac en forêt, d'une anecdote familiale au récit d'un rêve récurrent, quitte à perdre un peu son lecteur sous un amoncellement de détails généalogiques et de discontinuités chronologiques.

Qu'importe, une fois encore la magie opère !



Très vite le personnage de Donald nous emporte par son humanité, sa proximité à la terre de ses ancêtres Chippewa, la sagesse de ses réflexions et la dignité de ses dernières volontés : être inhumé en Ontario dans le respect des traditions indiennes, à l'endroit même où il vécut jadis une expérience quasi-mystique ("Nous sommes les lieux où nous avons été, ils font partie de nous.")

Ainsi quand l'heure est venue, c'est avec beaucoup d'émotion que nous assistons aux efforts des uns et des autres (ses enfants, sa femme et leurs proches) afin d'accompagner Donald pour son Retour en Terre. S'ensuivent les témoignages de Kenneth, de David et de Cynthia, qui s'éparpillent un peu sur des sujets annexes mais qui restent tous emprunts d'une grande authenticité et qui participent pleinement de cette belle histoire de deuil, de partage et de transmission.

Là encore on peut déplorer quelques longueurs et l'absence d'une véritable trame narrative, ou au contraire accepter de se laisser porter par l'exquise plume harrisonnienne, toujours sincère et pleine de poésie. Pour peu qu'on soit sensible au ton inimitable de Big Jim, à sa façon de considérer la nature et les grands espaces, à ses multiples digressions et à ses considérations culinaires, on passera à coup sûr un très beau moment avec ce texte chargé en émotions et en spiritualité.



Un roman dense et profond, de vagabondage et d'ensauvagement, qui nous invite à nous méfier des apparences ("Tu crois que peut-être un ours est seulement un ours ?") et à profiter au mieux du temps qui nous est imparti. Jim Harrison l'avait bien compris, lui qui a toujours su savourer l'instant et qui pensait (avec raison ?) que "face à la mort, il n'y a peut-être rien d'autre à faire que d'écrire un poème"...
Commenter  J’apprécie          234
Nord-Michigan

Je continue ma découverte de Jim Harrison avec grand plaisir.

Un très beau texte, un superbe roman, très dur à vous en dire quelque chose car il ne s'y passe rien d'exceptionnel, pas de héros, pas d'exploits, de trahisons ou de grandes histoires d'amour. Juste une vie simple, un moment dans la vie d'une personne ordinaire mais tellement bien raconté par Jim Harrison.

Des souvenirs d'une enfance heureuse malgré l'infirmité au quotidien d'un homme ordinaire, lâche comme nous le sommes tous aux moments des grandes décisions.

D'une vie vécue à notre corps défendant, loin de ce que l'on aurait voulu, de ce qu'on avait imaginé, on se retourne un jour sur le chemin parcouru en se demandant ce que l'on a fait de ces années. On se laisse malmener par l'existence par manque d'ambitions, incapable d'accomplir nos rêves ne serait-ce que le plus anodin comme aller voir l'océan.

Jim Harrison sait trouver les mots pour exprimer cela, il plante son décor dans le nord Michigan si bien décrit, il nous immerge au milieu de ses personnages nous transformant en spectateurs quasi voyeurs de ces essais avortés.
Commenter  J’apprécie          236
Un bon jour pour mourir

Pas franchement d'accord avec la 4e de couverture, mais j'ai l'habitude. Ce livre est effectivement un road trip, et comme c'est Jim Harrison qui nous le raconte, c'est très bien écrit, mais l'ode à l'amitié, la comparaison avec Jules et Jim, etc, bernique.

Ici un loser qui se remet de ses déboires amoureux en pêchant la truite en Floride, rencontre Tim, un ancien du Vietnam et l'alcool aidant, les deux compères décident d'aller faire un sauter un barrage au Grand Canyon. Ils passent chercher la sublime Sylvia, petite amie de Tim et s'embarquent en direction de l'Idaho avec alcool et petites pilules diverses.

C'est vraiment bien décrit, mais on peut difficilement parler d'amitié entre deux personnes qui se connaissent à peine, et comparer Jeanne Moreau à la malheureuse Sylvia, très belle et très passive qui subit sans vraiment broncher les rebuffades de son petit ami et les avances insistantes du narrateur, véritablement obsédé par ses formes.

Les amateurs de beaux paysages et de pêche seront ravis, moi j'ai apprécié le style de l'auteur, mais tout ce machisme des années 70 m'a déplu, je reste donc un peu sur ma faim avec ce roman.



Challenge USA



Commenter  J’apprécie          234
Légendes d'automne

J'avais bien des attentes concernant ce recueil de trois novellas :



J'aime énormément le film "Légendes d'automne".

J'aime les grands espaces américains et la littérature américaine contemporaine et Jim Harrison est présenté comme une référence en la matière.

La quatrième promet "Trois hommes, trois vengeances, trois histoires d'une intensité et d'une violence à couper le souffle".

Très bien, tout pour me plaire.



Lecture...

Première impression : c'est... viril. C'est bien la première fois que je ressens ma condition de femme en lisant un bouquin ; d'habitude, je n'ai aucun mal à m'identifier aux personnages masculins même violents, même animés de désirs qui me sont étrangers... mais là, impossible. Je reconnais une belle plume et des passages auréolés d'une certaine grâce mais je suis restée complètement étrangère aux trois novellas.



De grands espaces du Midwest point. La nature est rapidement évoquée dans "Légendes d'automne" mais sans plus.

La quatrième grossit l'importance de la thématique de la vengeance : fallait-il trouver à tout prix un lien entre les trois histoires, même hasardeux ? C'est plutôt mince comme lien...



Bref, je n'ai rien ressenti.

Commenter  J’apprécie          234
Dalva

Dalva est le 1er roman de Jim Harrison que je lis.

L'histoire de Dalva et de sa famille dont l'on raccroche peu à peu les pièces comme un puzzle. L'histoire indienne dans l'amérique de la fin du 19ème siècle.

Lorsque j'ai ouvert les pages de ce livre, j'avoue avoir eu un peu peur des descriptions à rallonge. Et c'est vrai que j'ai mis du temps à lire le livre en entier...

Les descriptions sont bien présentes, mais pas forcément trop lourdes.

J'ai parfois eu du mal à me resituer par rapport aux différents personnages.

Je n'ai toujours pas compris pourquoi Dalva a, d'après ce que j'ai cru lire, peur pour sa vie !!!???

Mais dans l'ensemble, j'ai passé un agréable moment à lire ce roman. Et si l'occasion se présentent, je découvrirai d'autres romans de Jim Harrison.
Commenter  J’apprécie          230
Péchés capitaux

Un inspecteur à la retraite, âgé d’un peu plus d’une soixante d’années, ne vit que pour trois choses :

L’alcool, la pêche, et les relations sexuelles (avec de très jeunes femmes). Il saute sur tout ce qui bouge, boit beaucoup, et va quelquefois à la pêche. Pas une page où il ne « fait pas l’amour », si on peut parler « d’amour » dans ce livre.

Il s’achète un bungalow au Nord Michigan.

Une famille sévit depuis des années dans cette région, et sont les voisins proches de Sunderson.

Un à un, les membres de la famille Ames décèdent de façon tragique. Sunderson sait qu’il y a anguille sous roche.

Il nous fait part de ses états d’âme ainsi que de son regret de ne pas avoir su garder son épouse, qu’il aime toujours et qu’il voit souvent. Point barre. Rien de transcendant dans cette histoire. Et beaucoup de répétition.

C’est le premier livre que je lis de Jim Harrison. D’après tout ce que j’ai entendu dire, je m’attendais à autre chose. L’histoire se lit facilement, mais elle ne m’a pas emballé. Je m’attendais à un style du genre de Joseph Boyden « Le chemin des âmes » ou encore Nicholas Ewans pour « l’homme qui murmure à l’oreille des chevaux ». Mais non, rien de cela. Vraiment déçue.

Commenter  J’apprécie          236
Les jeux de la nuit

Cet ouvrage se compose de trois nouvelles "La fille du fermier", "Chien Brun, le retour" et enfin "Les Jeux de na nuit" qui a donné son nom au recueil.

Le dois dire que mon avis sur ce dernier est assez mitigé car s'il est vrai que j'ai beaucoup aimé la dernière nouvelle intitulée, comme je viens de le dire, "Les Jeux de la nuit" car elle ressemble à une nouvelle fantastique où l'homme est parfois un loup pour l'homme pour reprendre un cliché bien connu. En effet, ici, le protagoniste, après avoir été successivement piqué à la joue par un volatile et mordu dans le cou par un louveteau, subit d’étranges modifications du comportement et est en proie à des envies de viande insatiables et toutes autres sortes de lubies aussi bizarres qui se produisent essentiellement pendant la Pleine Lune.

Donc, s'il est vrai que cette dernière nouvelle m'a relativement ravie, j'avoue avoir été relativement déçue par les deux premières car il n'y est quasiment question que de sexe (surtout dans celle intitulée "Chien brun, le retour" ou il est question d'un indien métis qui n'a pratiquement que cette idée en tête. Il y a néanmoins une pointe d'émotion dans cette dernière car il est aussi question d'une jeune fille muette qui, bien que n'étant pas la fille de Chien brun, il l'a élevée comme telle et dont on lui retire la garde soit-disant pour le bien de l'enfant).



Bref, je ne vais pas vous faire un résumé détaille de chaque nouvelle mais disons, pour résumer, que mon avis est très partagé quant au fait de savoir si j'ail réellement aimé ce livre ou non car, d'un côté, il y a une description des paysages à couper le souffle ainsi qu'une pointe de'émotion dans chaque histoire et de l'autre, il y a ce thème du sexe qui revient régulièrement, pour ainsi dire, presque à chaque page (bon j'exagère sûrement un peu mais du moins, c'est l'impression que cela m'a fait) et avec un langage très cru. Il s'agit de la baise pour de la baise sans tous les sentiments qui vont avec.



En un mot, pour ceux qui me connaissent un peu à travers mes critiques et savent que je suis très sensible sur ce côté-là, lisez cet ouvrage et jugez-en par vous-mêmes car il m'arrive de ne pas être très objective de ce côté-là. En tous cas, je suis néanmoins heureuse d'avoir découvert Jim Harrison, un auteur que je connaissais uniquement de nom jusqu'à présent !
Commenter  J’apprécie          230
Un bon jour pour mourir

Il est des livres qui vous marquent un peu plus que d'autres. Sans être un chef d'œuvre, celui-ci en fait partie.



Mais avant de vous dire ce que j'ai retenu de ce roman, un mot sur l'histoire et les personnages.



"Un bon jour pour mourir", c'est l'histoire d'un road-trip à travers l'Amérique des années soixante, au cours duquel un féru de pêche dépressif accro aux somnifères et au whisky -le narrateur-, un ancien vétéran du Vietnam impulsif qui carbure aux amphétamines et une belle blonde, un peu perdue, aux courbes pulpeuses et aux jambes interminables, décident lors d'une beuverie de faire sauter un barrage du Grand Canyon. Ainsi l'étrange équipée sauvage, unis par cette mission folle, absurde et dérisoire, balance au fil du récit entre euphorie chimique et déprime corsée avant de se terminer fatalement en une sévère gueule de bois !

Mais ne nous trompons pas, cette mission et ce voyage ne sont en fait qu'un prétexte, qui permet à Jim Harrisson de traiter, notamment travers ses 3 personnages sans repères et désenchantés, les thèmes du mal-être et de la fuite en avant d'une génération.



Alors, pourquoi ai-je apprécié ce livre ?



D'abord, c'est le livre c'est le reflet d'une époque avec des personnages et une histoire qui pointent du doigts les questionnements du moment et les spécificités de la société (Guerre du Vietnam, libération sexuelle, consumérisme, découverte des drogues, prise de drogue, refus du travail régulier, refus de la famille…). Ainsi, les voyages, l'exploration de religions orientales ou les paradis artificiels étaient autant de manières de refuser la société établie.

Bref, à travers ces 224 pages de cuites, de sexe, de drogue et de dynamite, mais aussi de vitesse, de découverte de nouveaux horizons et d'évocation des peuples opprimés (les indiens !), j'ai apprécié pouvoir me plonger dans ce concentré des années 60.



Ensuite, il y a un une écriture formidable qui rappelle que Jim Harrisson est un grand écrivain. A l'image des 3 personnages du livre noyés par les vapeurs d'alcool, le brouillard de la drogue et la fatigue, le style se révèle parfois, fiévreux, haché, tonique et à d'autres moments décousu, à la limite de l'incohérence. Mais dans tous les cas, l'écriture colle à l'état dans lesquels les personnages du roman apparaissent : ivres, défoncés, lunaires ou ensuqués.



Notons également le ton (désabusé pour ne pas dire pessimiste, mais non dénoué d'humour) qui s'inscrit dans le courant d'une partie des écrivains de cette époque : Henry Miller, Charles Bukowski, John Fante ou Jack Kerouac. Si vous les aimez, vous apprécierez Jim Harrisson.



Il y a tout de même un bémol, c'est le sort réservé aux femmes qui dans ce roman ne sortent pas vraiment grandies. Incarnée par Sylvia, l'un des trois protagonistes de l'œuvre, les femmes apparaissent telles des objets sexuels plutôt décérébrées. Je ne crois pas qu'il y avait là une volonté délibérée de rabaisser les femmes, mais sans doute le reflet d'une société fortement patriarcale et misogyne.



Mais en définitive, ce que je retiens avant tout, à travers ce livre mais aussi à travers son œuvre, c'est, au-delà du ton savoureux et d'un style marqué, cette capacité à restituer, y compris dans les petits détails, les marqueurs forts d'une époque. C'est ce qui en fait pour moi un grand écrivain.

Bref, laissez-vous enivrer par ce roman stupéfiant !
Commenter  J’apprécie          220
Nageur de rivière

Le bonheur se cherche ou se trouve ? Qu'en diront ces nouvelles du grand Jim Harrison qui narrent deux parcours de vie ? Un auteur que je redécouvre après avoir été au cinéma voir le remarquable documentaire de François Busnel qui lui est consacré ; "Seule la terre est éternelle."

En réalité je devrais rajouter ce que l'auteur dit (selon les traductions) avant cette phrase qui sert de titre : courage.



Alors peu importe la réponse à ma question de départ, pour Clive comme pour Thad, les deux protagonistes des deux récits, leurs errances et mésaventures prendront fin. le début du bonheur finalement ?
Commenter  J’apprécie          220




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jim Harrison Voir plus

Quiz Voir plus

Jim Harrison, l'homme du Michigan...

Parmi ces nouvelles, laquelle ne figure pas dans le recueil "Légendes d'Automne" paru en 1979?

Une vengeance
Légendes d'Automne
En route vers l'Ouest
L'Homme qui abandonna son nom

10 questions
118 lecteurs ont répondu
Thème : Jim HarrisonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}