AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jim Harrison (1058)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Fille du fermier

La fille du fermier retrace le parcours de Sarah, désormais installée dans le Montana. Elle reçoit une éducation austère notamment par sa mère qui l'assène de valeurs évangéliques.

Dans l'Ohio, leur ancien lieu de résidence, la jeune fille s'était attachée à sa grand-mère et jouait du piano pour s'échapper de cette atmosphère familiale pesante.



Dans le Montana pourtant "pays de Dieu" d'après son père, c'est auprès du vieux Tim, de son cheval et de sa chienne rebaptisée "vagabonde" qu'elle aura une vie sociale mieux adaptée. Mais, cet entrain sera trahi lors d'une foire, où l'adolescente se fera violer. Elle entreprend donc, pour se venger, de tuer le fautif au cours d'une partie de chasse.



Texte fourni, avec des flashbacks percutants dans le récit. Néanmoins, on suit sans déplaisir les aventures de Sarah, en se demandant si elle tiendra son objectif, et ce, en cohérence avec son évolution personnelle depuis le drame.
Commenter  J’apprécie          220
Un sacré gueuleton

Depuis bien trop longtemps, je partage les mêmes obsessions que Jim Harrison. Je n'aurai pas imaginé qu'un jour, vieux et patraque, dans un monde en vrac, je lirai une œuvre posthume de ce poète. C'est troublant. Je vais devoir doubler ma dose de zafu et de marche à pied. Je suis plus grec que suédois, mais l'absence de ce grand frère me laisse la gueule de bois.
Commenter  J’apprécie          220
Grand Maître

N'est-ce pas un bon Harrison ? Ou ce n'est pas un auteur pour moi ? En tout cas, quel ennui que ce livre que j'ai bien eu du mal à terminer.



Un inspecteur vient de prendre sa retraite et continue à osciller entre alcool, nourriture exclusivement carnée et surtout état de santé de son zob. Il zieute à n'en plus finir et réagit promptement du bas ventre à la vue du moindre bout de femme et ne parlons pas de sa voisine mineure.



Sinon, le sujet du livre, c'est qu'il est censé enquêter sur une secte où le gourou se tape... des mineures de douze ans offerte par leurs parents et à qui il offrirait l'énergie vitale. Censé enquêter car c'est accessoire et prétexte à nous narrer beuveries, souvenirs sexuels et.... Bon, l'auteur aime la nature américaine et nous la décrit bellement, mais cela ne sauve rien du tout.



Pas sûre que j'y remettrai les pieds dans l'univers de Jim Harrison.

Commenter  J’apprécie          224
Lettres à Essenine

Des lettres d'un auteur américain (étiqueté - à tort ou à raison, peu importe - des grands espaces) à un poète russe qui s'est pendu en 1925 (et dont l'une des femmes était Isadora Duncan, rien que ça !) : un sujet intriguant ! En plus, la seule édition disponible est une édition bilingue : pas besoin de plus pour m'y lancer !



On sent à la fois beaucoup de lassitude et de sagesse dans ces lettres de Jim Harrison. Plus que des lettres, ces textes s'apparentent assez vite à une confession à un ami dont il se sent proche. En réalité, Jim Harrison rédige ses lettres de façon presque intime, comme s'il écrivait à un amant ou un proche qui n'est plus. Il confie donc à Serguei Essenine tout le désespoir et le désenchantement sur la nature profonde de l'humanité qui s'est emparé de lui. Il lui livre aussi certaines de ses réflexion sur la mort face à la vacuité et l'aspect prévisible de la vie qui ne fait que se répéter sans cesse dans L Histoire.



Des lettres écrites sans fioritures (pas toujours bien traduites en français d'ailleurs!), sans fard, sans recherche d'effet.

Tout au long de cette lecture, j'avais en tête la voix rauque et profonde de feu Jim Harrison , et je me disais qu'il y avait une équation parfaite entre les deux, comme un signe qui dirait "tout est vrai", rien d'ajouté, rien de transformé.

J'ai moins aimé les poèmes qui se trouvent à la fin de ces 30 poèmes et n'ont plus vraiment de lien avec Essenine ; mais cela n'a pas pour autant entaché ma vision globale de ce livre.



De la simplicité dans un monde littéraire souvent surfait aujourd'hui : une belle bouffée d'air !
Commenter  J’apprécie          220
Légendes d'automne

J'ai lu "Légendes d'automne" de Jim Harrison pour galoper sur un cheval les cheveux au vent avec Brad Pitt, ou dit plus sérieusement, pour découvrir Jim Harrison et la nouvelle à l'origine de ce très beau film.

Elle se mérite cette nouvelle, il faut d'abord lire la sombre mais belle "Une vengeance ..." et "L'homme qui abandonna son nom".

Un point commun entre ces trois nouvelles : la vengeance.

Parce qu'il aime la femme qui ne fallait pas, Cochran en paie le prix fort, tout comme l'objet de son désir.

Mais celui qui est laissé pour mort est finalement bien vivant et n'a plus qu'une idée en tête : se venger et retrouver la femme qu'il aime : "Sa détresse était celle d'un homme qui se laisse entraîner par sa passion aux plus profondes limites de l'être et qui sait qu'un voyage de retour est très improbable.".

Recueilli, soigné, le voilà prêt à reprendre la route : "Je vous souhaite d'échapper à vos ennemis et de trouver votre vengeance, si c'est cela que vous désirez.".

Cette histoire m'a énormément touchée, par son coté sombre et violent, mais également par la forme de beauté qui s'en dégage.

L'écriture de Jim Harrison est simple, précise, nette, et ne rend cette histoire que plus percutante.

C'est d'ailleurs une caractéristique que j'ai ressentie tout au long de ma lecture de ce livre.

Je ne m'attarderai pas trop sur la deuxième nouvelle, je n'ai pas accroché à l'histoire et au personnage, je l'ai trouvée plus fade que la première et sans grand intérêt, d'ailleurs son personnage principal fait également des découvertes sur lui et sur le monde en général qui ne présentent pas non plus un grand intérêt : "Assis sur la souche et pliant sous le poids de son deuil auquel s'ajoutait la mort imminente de cette voûte de feuilles déjà roussies, il comprit confusément que la vie n'était rien d'autre qu'une accumulation d'actes quotidiens et sans cesse répétés.".

Ou alors je suis passée à côté de quelque chose sans m'en rendre compte.

Quant à "Légendes d'automne", c'est une nouvelle d'une beauté troublante, tenue par le personnage de Tristan, un homme sauvage et proche de la nature qui connut dans sa vie des moments d'intense bonheur et à l'inverse, d'intense malheur

Il n'est pas facile de pénétrer dans le cœur de Tristan, Susannah pense y avoir réussi mais elle apprendra à ses dépens qu'il n'en est rien, et c'est la jeune et quelque peu sauvage Isabel II qui y réussira et partagera durant sept ans la vie de Tristan : "Ils dormirent enlacés l'un à l'autre et toute solitude disparut enfin de la terre.".

"Il y a peu de choses à dire au sujet du bonheur; il se contente d'être lui-même, placide, presque somnolent.", mais il y a beaucoup à dire du malheur et c'est presque ce qui se dégage le plus de cette nouvelle et qui viendra toucher si durement Tristan plusieurs fois dans sa vie : "Les anciens qui vivent toujours dans la région se demandent encore aujourd'hui si c'est l'alcool, la prison, le désespoir ou simplement l'avidité qui firent basculer Tristan hors des lois.".

L'amour y est présent à bien des niveaux : celui d'un père pour ses enfants, celui de trois frères, celui envers la nature et plus particulièrement le Montana, au cœur de cette nouvelle, celui d'hommes envers des femmes mais des amours qui ne sont pas toujours payés en retour.

Il est difficile de rester hermétique au personnage de Tristan ainsi qu'à la puissance de cette histoire, c'est sans nul doute celle qui m'a le plus touchée et transportée et si je devais lui faire un tout petit reproche, cela serait d'être trop elliptique à un moment donné.

Avec le recul, le film qui en a été tiré a su garder l'esprit et le côté sauvage de l'histoire et est donc à ce titre une réussite qui se regarde aussi bien avant ou après cette lecture.



Les trois histoires du recueil "Légendes d'automne" ne sont pas réellement des nouvelles mais plus des courts romans contenant une urgence de vie et une explosion de mots qui donnent un rythme effréné au récit et une certaine forme de brutalité qui secoue le lecteur mais dans le bon sens du terme.

L'écriture de Jim Harrison est vivante et passionnée et transporte le lecteur de la même façon, une très belle découverte qui ne peut laisser personne indifférent.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
Commenter  J’apprécie          222
Un bon jour pour mourir

Je suis déçue d'être déçue.

Voici une rencontre loupée. Comme une soirée depuis longtemps programmée et qui s'avère sans saveur.

Pourtant tout s'annonçait bien. Un road-trip complètement allumé, avec suffisamment d'alcool et de substances peu recommandées pour vous retirer votre permis pendant plusieurs années. Et les années 60/70...Cette espèce de période improbable, entre la liberté issue des années 60 et pas encore le Sida. Pas encore cette envie de réussir et de gagner du pognon des années 80. Je suis née pendant ces années. Il en est resté quelques séquelles dont je suis fière. La musique, les jupes à fleurs qui tournent, les lunettes rondes et une espèce de liberté anticonformiste qui guide la vie.

Alors là, je suis montée dans la bagnole avec les 3 zigotos, en me disant, on lâche tout !! Allons faire péter se putain de barrage. Traversons le pays entre motels pourris et café au litre servi au comptoir à côté de la station service. J'attendais cette fièvre de vivre qui m'avait embarquée dans Nous rêvions juste de liberté de Henri Loevenbruck.

Et puis en fait, rien. La mayo n'a pas pris. Je me demande toujours ce que ces 3 là foutaient ensemble. J'ai eu envie de dire à la pépé : dégage, tire-toi. Pas la peine de rester avec ces gros nases. Pas compris non plus pourquoi ils insistaient vraiment pour aller jusqu'au bout du délire.

Certes, certaines scènes pourraient finir en film présenté au festival de Cannes pour un public en adoration devant l'actrice aux longues jambes qui serait l'héroïne. Géniaaaaal. Grand hommage à un classique américain des seventies. J'adoooore.

Pour ma part , et c'est peut-être mon côté rebelle seventies qui parle, je m'en cogne de ne pas être du même avis que les autres. Alors je confirme : là je n'ai pas aimé.

Peut-être que l'histoire porte trop l'empreinte de son époque et qu'on ne parvient pas à véritablement à être convaincu par l'état d'esprit. Comme La lettre écarlate dont le jusqu'auboutisme n'était pas arrivé jusqu'à moi.



Alors faut-il le lire ? Je dirais non. Mais vous pouvez toujours tenter. Sinon côté road-trip, je recommande Nous rêvions juste de liberté. Prévoyez un casque : c'est à moto.
Commenter  J’apprécie          214
Dalva

J’ai du respect et de l’admiration pour cet écrivain qui en imposait rien que par sa carrure et son visage buriné par le temps et les vicissitudes de la vie.

Dalva n’est pas mon premier roman de cet auteur et je sais qu’il est considéré par nombre de critiques comme un grand classique de la littérature américaine contemporaine.

Je valide.

Néanmoins, je n’ai pas éprouvé ce plaisir littéraire que je peux ressentir avec d’autres écrivains américains tels que Philip Roth ou Jonathan Franzen par exemple. La construction de ce roman n’est pas évidente. Il foisonne de personnages et l’on passe fréquemment d’une période à une autre.

J’avoue avoir eu du mal à accrocher les wagons. Je conseille vivement de faire un petit organigramme pour relier les personnages les uns aux autres, savoir qui est qui, se rappeler le lien de parenté ou relationnel entre les différents personnages qui composent ce roman. J’ajoute que ce n’est pas un roman qui se lit sur une longue durée : mieux vaut le lire sur un laps de temps court pour ne pas trop se perdre.



Il y a deux narrateurs dans ce roman : Dalva pour la première et dernière partie ; Michael pour la seconde partie. L’un des points forts de l’auteur est de s’être mis dans la peau d’une femme (Dalva). Quand on connaît le bonhomme, ça peut surprendre à première vue ! A première vue seulement car Jim Harrison n’a rien d’un misogyne, ni d’une brute épaisse : il est toujours là pour défendre la veuve et l’orphelin, les exclus, les sans-voix. Et dans ce roman, c’est au peuple Sioux qu’il rend un hommage vibrant.



Nous sommes en 1986. Dalva est une quadra au parcours de vie un peu cabossé. Enceinte à 15 ans, elle a été séparée de son enfant dès sa naissance, lequel a été placé dans une famille d’accueil. 30 ans après, il est impératif qu’elle retrouve son fils. Lui parler, se faire pardonner, s’expliquer, tout cela est essentiel.

Dalva est assistante sociale et vit en Californie. Elle décide de retourner dans son Nebraska natal, dans la propriété de famille pour faire le point, revenir sur son histoire, sur l’histoire de sa famille. Elle confie ses carnets de famille à Michael, son amant actuel et prof d’histoire. Ces carnets ont été écrits par une tierce personne et remontent à la génération de ses arrière-grands-parents. Ils sont intimement liés à l’histoire du peuple Sioux.

Ce roman retrace le parcours de vie de Dalva. On fait la connaissance de sa famille, de ses amours et de tous ceux qui gravitent ou ont gravité autour. Dalva a du sang indien dans ses veines. Elle est une des gardiennes de l’histoire, de la tragédie du peuple Sioux, ce qui peut expliquer, en partie, le parcours cabossé de son existence.

Les carnets nous ramènent au dernier quart du XIX ème siècle, période où les Sioux ont connu une véritable hécatombe, décimés par l’alcool, les maladies, les massacres opérés par la cavalerie américaine et validés par les hommes politiques de l’époque. Ceux qui ont survécu ont été coupés de leur culture, abêtis, « américanisés ». Le gouvernement américain a essayé, en vain, de les transformer en gentils petits agriculteurs (le Dawes Act de 1887)



Un livre à la recherche des origines pour mieux se retrouver.



Commenter  J’apprécie          210
Sorcier

Chômeur plus original que marginal, Sorcier se repaît de ses fantasmes culinaires, boulimiques et sexués en attendant mieux, flanqué d’Hudley, son meilleur ennemi, chien rebelle, victime et bourreau. Dans cet état de désoeuvrement confortable, on lui confie un emploi très spécial : une quête dans laquelle il va s’engouffrer avec l’avidité d’un chasseur de primes qui poursuit sa proie avec une ferveur de limier jusqu’à s’apercevoir … qu’il pourrait bien être le gibier.
Commenter  J’apprécie          210
Nageur de rivière

J'aime beaucoup le style d'Harrisson sa liberté des mots, de pensées et son amour de la nature, de la vie, tout cela se ressent dans ses histoires. Ici au nombre de deux, j'ai préféré la 2ème qui donne le titre du livre. Thad est la nage, l'eau, le monde aquatique et aussi son besoin de nager libre tant dans l'eau que dans la vie.



Je n'ai pas vraiment pu comprendre si les bébés aquatiques étaient une pure fantaisie ou si il y a une légende quelque part, j'aurai souhaité savoir la fin mot du mystère.



La première c'est aussi l'ode à la vie, et faire d'elle ce dont on aspire réellement. Clive revient auprès de sa mère et reprend les pinceaux, après les retrouvailles avec sa tendre voisine, il décide de demander sa retraite et se consacrer entièrement à l'art.



Les deux sont bien, on y retrouve la nature omniprésente, la campagne, et ce besoin de se libérer pour s'adonner à sa passion.



.
Commenter  J’apprécie          210
Dalva

Quand je vois toutes les bonnes critiques sur ce livre, je me dis que je suis passé à côté de quelque chose car je suis très loin du coup de coeur. Certes c'est très bien écrit, mais l'histoire m'as laissé complètement froide et je ne me suis pas du tout attachée aux personnages. J'ai eu beaucoup de mal à me situer dans le temps car Jim Harrison fait sans cesse des sauts aux différentes époques de la vie de Dalva, sans vraiment préciser que l'on avance ou l'on recule par rapport au récit qu'on lisait précédemment. D'un paragraphe à un autre, j'étais complètement perdue. En plus de m'embrouiller dans les époques, j'ai aussi été complètement larguée face à toutes ces histoires trop détaillées et pas toujours intéressantes. Ma lecture a été poussive et ennuyeuse.

Moi qui me faisait une joie de découvrir Jim Harrison, cette lecture n'as pas tout été à la hauteur de mes attentes. J'ai sans doute mal choisi le premier roman pour le découvrir. Dommage.
Commenter  J’apprécie          210
Dalva

"Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça." C'est Dalva qui nous parle en ces mots. Elle n'imagine pas que sa vie puisse intéresser qui que ce soit. Et pourtant !



Dalva maudit ce destin qui lui a fait perdre les trois hommes de sa vie. Son père, trop tôt emporté par la guerre. Duarne, le père de son fils, jeune indien Sioux qui n'a pas trouvé sa place dans le monde des blancs. Et ce fils qu'elle n'a pu aimer que le temps de sa grossesse. Arrivé trop tôt dans sa vie, il a été confié à une famille d'adoption dès son premier cri.



Dalva trompe son désenchantement dans des aventures sans lendemain avec des hommes qui profitent des grâces de son corps sang mêlé, magnifiquement modelé par le lointain métissage d'un de ses aïeuls avec une indienne. Elle a confié à Mickael, l'un de ses amants et narrateur d'un chapitre de ce roman à deux voix, la tâche de reconstituer l'histoire de cette famille à laquelle elle appartient. A un autre celle de retrouver ce fils qu'elle n'a pas pu voir grandir. S'il est encore de ce monde, ce dernier décidera alors lui-même s'il veut ou non connaître sa mère biologique. Personne ne possède jamais un enfant. Il n'appartient qu'à lui-même.



Dans le pays où les distances se mesurent en heures de route ou de vol, les directions se désignent par les points cardinaux, l'histoire se rappelle à ses habitants avec d'autant plus d'acuité que son origine est récente, à peine quatre siècles. Et qu'elle commence par un génocide. La mémoire n'a pas d'effort à faire pour la revivre cette histoire, mais pour qui a le courage de scruter ce passé, l'horizon est tendu d'un voile noir. Jim Harrison est de ceux-là. Il n'a de mots assez durs pour se mortifier de cet héritage : "Si les nazis avaient gagné la guerre, l'holocauste aurait été mis en musique, tout comme notre chemin victorieux et sanglant vers l'Ouest est accompagné au cinéma par mille violons et timbales."



Les origines de Dalva ont croisé celle des indiens Sioux. Cette trace dans ses gènes lui confère une affinité accrue avec le peuple disséminé. Et plus que connaître l'histoire de sa famille, elle veut la comprendre. Comment un ancêtre a-t-il pu prendre le parti d'un peuple martyrisé et en même temps s'enrichir, et plus encore, se rabattre sur le christianisme pour justifier sa cupidité ? Il y a comme "un lest empoisonné qui pèse sur une partie de son coeur."



Jim Harrison rejette les tripatouillages mentaux dont est friande la civilisation moderne à d'autre fin que de détourner les esprits d'une quelconque culpabilité. Il raconte la vie de ses contemporains comme elle est, regrettant toutefois ce qu'ils en font, déplorant l'échec de l'éducation pour éliminer "la loufoquerie fondamentale de l'esprit américain".



Seule la terre perdure, les êtres passent. Jim Harrison est en symbiose parfaite avec la nature. Elle le verse à sa contemplation, fasciné qu'il est devant le spectacle de la terre, écrin de la vie des hommes dont ils font pourtant si peu de cas. Somptueux décor qui le transporte en méditation, inépuisable source d'inspiration dans la compagnie de ceux qui vivent la terre sans l'avilir d'orgueil et de cupidité, les animaux. Il y a toujours des chevaux, des chiens, dans la proximité de ses personnages.



Cet ouvrage est écrit comme se raconte l'histoire dans la conversation. Un fouillis d'idées traversent l'esprit du narrateur et donne lieu à de longues tirades de monologues décousus où s'enchaînent pêle-mêle des événements parfois sans rapport les uns avec les autres. le rythme est tel qu'il n'est point de place pour l'apitoiement. C'est la délivrance brute et spontanée de coeurs qui se confessent plus qu'ils ne se confient. C'est un style pauvre en conjonctions propres à faire rebondir le récit et entretenir le suspens. L'esprit se vide de ses pensées dans un flot que ne retient aucune pudeur.



Les enfants doivent-ils se culpabiliser des méfaits de leurs ascendants ? Dalva veut comprendre qui pleure en elle.



Formidable texte sur les traces que l'histoire grave dans les gènes des générations.



Formidable ode à la nature qui doit en digérer une autre, humaine celle-là, leurrée par ses chimères.



Commenter  J’apprécie          211
Dalva

Cela faisait longtemps que je n'avais rien lu de Jim Harrison, et bizarrement je n'ai jamais lu Dalva, qui est considéré comme son grand roman. C'est la lecture de la route du retour en 2010 qui m'en avait un peu dissuadée, puisque ce roman est une suite à Dalva, et je craignais donc d'en savoir trop pour me passionner pour le premier ouvrage. Bref, j'ai eu le temps d'oublier un peu La route du retour, assez pour pouvoir me plonger dans ce grand roman.

Un roman de Jim Harrison, ça ne se raconte pas, ça se vit… L'auteur aurait pu raconter Dalva, son père, son grand-père son arrière-grand-père chronologiquement ou alternativement, mais il a préféré faire se succéder le journal de Dalva avec celui de son ami Michael, qui s'installe un moment chez elle pour travailler sur les écrits de son arrière-grand-père, puis revenir à celui de Dalva…

Le récit de Dalva, dans la première partie, ne se présente pas sous forme linéaire mais en une sorte de spirale qui progresse autour d'un événement central, s'en approche et s'en éloigne, pour mieux l'éclairer. Et juste lorsque je viens d'écrire ça, je trouve cette citation : « …d'un point de vue abstrait, je considère ma vie en terme de spirales, de cercles et de girations imbriquées… » On ne saurait mieux dire !



L'écriture est formidablement dense, pas un mot de trop dans un « presque » pavé, et des réflexions fines, des anecdotes annexes passionnantes, des digressions surprenantes, à chaque page, à chaque ligne. On lit souvent à propos de Dalva que le personnage est remarquable, mais il faut surtout dire que c'est l'écriture de Jim Harrison qui rend la personne aussi sublime, qu'un style différent l'aurait affaiblie ou banalisée.

Dans ce roman, les générations se succèdent, mais aussi s'imbriquent, se répondent, et les unes à la suite des autres, elles se montrent toujours très sensibles à la nature, et aux peuples autochtones. Dalva est en quête, à l'âge de quarante-cinq, à la fois du fils qu'elle a donné à adopter lorqu'elle était toute jeune, et de ses racines indiennes ; il lui faut savoir ce que recouvre exactement le fait d'avoir un quart ou un huitième de sang indien dans les veines. le thème du retour, plus que celui du départ, même si un départ l'a forcément précédé, est présent dans plusieurs romans du grand Jim, et dans Dalva déjà, puisqu'elle revient sur les terres familiales, qu'elle a quittées adolescente.

Je vais me répéter, mais je ne veux ou ne peux pas raconter plus le roman, et bien que ce ne soit pas mon habitude de procéder par injonctions, je vous le dis : il faut le lire !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          215
Le Vieux Saltimbanque

Le vieux saltimbanque est mon premier contact avec Jim Harrison.

Peut être aurait il fallu rentrer dans son oeuvre par Légende d'automne ou de Marquette à Véranda Cruz ?

En tout cas je me suis delecter de cette autobiographie à la troisième personne.

J'ai découvert un personnage à la hauteur de son aura

Le visage de Jim Harrison en quatrième de couverture est le reflet de ce petit livre de 150 pages.

Un visage tanné par la vie et le bon air du Montana et de l'Arizona

Un visage perplexe comme il peut l'être quand il nous parle de poésie mais aussi de la mort de sa soeur et de son père mais aussi de ses excès de truculence.

Un visage bon vivant ,rabelaisien comme lors qu'il nous raconte l'alcool les bons repas le s'exercer et la France

Enfin un visage de 'terrien' qui nous enchantest par ses passages sur la Nature la pêche et la chasse

Et que dire de son histoire avec sa truies et ses porcelets.



Ce livre est un kaléidoscope et quelque soit l'image qui apparaît, en filigrane c'est l'amour de la vie qui nous transporte



A découvrir dans des autres livres
Commenter  J’apprécie          212
Wolf. Mémoires fictifs

Je n'ai sûrement pas dû commencer par le bon livre de Jim Harrison pour apprécier cet auteur à sa juste valeur.

Cet ouvrage est en réalité divisé en deux. D'un côté, l'on découvre un homme d'une trentaine d'années parti seul camper dans les montagnes du Michigan, vivant de ses quelques réserves et de la pêche et de l'autre, l'on découvre ce même personnage dan sa jeunesse. Il s'agit en fait des souvenirs que le narrateur se remémore au fur et à mesure de ses pérégrinations en pleine nature.

La partie qui est vécue au temps présent du roman, à savoir celle du camping et de la traque aux animaux sauvages est superbe tans que l'autre, celle des aventure d'un jeune homme, parti à l'aventure et ayant quitté ses parents vers l'âge de 18 ans m'a assez dégoûtée car le narrateur ne vivait alors que pour la drogue, le sexe et l'alcool. Même s'il reconnaît qu'il n'a connu que peu de femmes dans sa vie dont les plus importantes auront indubitablement été Laurie et Barbara, les scènes de sexe qu'il décrit ne sont jamais sans violence et surtout, d'une horrible crudité.



Certes, le roman est très bien écrit (un peu trop bien peut-être) car ces scènes-là en particulier m'ont assez écoeurées je dois dire. Je sais que je suis d'une nature sensible mais bon, j'ai quand même un seuil de tolérance et là, je peux vous assurer que cela le dépasser de beaucoup.

J'ai néanmoins tenté de passer outre et d'aller jusqu'au bout de cette lecture car il y a quand même de très beaux passages et de belles réflexions philosophiques !
Commenter  J’apprécie          210
De Marquette à Veracruz

Nombre de critiques élogieuses parues sur Babelio au sujet de cet ouvrage m' ont amené à renouer avec cet auteur que je lisais beaucoup il y a une quinzaine d' années. Paru en 2004, sous le titre original- et plus sobre - de True North, ce roman relate une tragique saga familiale dont le héros est un jeune homme épris de nature sauvage et se définissant lui- même comme un" péquenaud ".Naïf , tourmenté, il est en quête de redemption pour les méfaits commis par sa famille.On retrouve dans ce récit les principaux thèmes récurrents de cet auteur: l' amour des grands espaces et de la nature- dont la beauté et l' équilibre sont menacés par la cupidité des hommes-, la vénération du sexe dit faible, l' humour, la haine , la trahison, la vengeance...La tonalité d' ensemble demeure sombre et on ne sort pas indemne de cette épopée, en particulier à cause de sa conclusion d' une violence impitoyable et dévoilée en partie dès les premières pages.
Commenter  J’apprécie          210
Julip

Dans le désordre, on retrouve dans le Montana, le fameux « Chien Brun », ce sang mêlé qui manie le sexe et la boisson avec une philosophie toute particulière bien à lui. Sa vie est faite de détachement, de désir de solitude et de frasques sexuelles. Toujours avec un brin d’humour, Chien Brun est devenu ce héros d’un grand Jim avec qui j’ai terriblement envie de boire un coup, histoire d’en apprendre un peu plus sur la vie. Terrible !



Et puis, je croise sur ma route une certaine Julip, une petite nana d’à peine 20 piges, légèrement délurée. Elle navigue de bars en motels, elle flotte du lit jusqu’au zinc et inversement. Sa vie est juste faite d’un tas de choses inutiles, le genre de trucs qu’on dépose sur un trottoir parce cela ne rentre plus dans son vieux break Subaru devenu sa maison et son âme. Julip n’a qu’un simple rêve, certains diront utopiques : celui d’être aimé pour ce qu’elle est et non plus pour ses délicieuses courbes. Des 3, ce n’est pas la nouvelle la plus excitante, mais cette Julip, elle a quand même un sacré joli cul !



Enfin, mais je l’ai gardé pour le final, la rencontre avec Phillip Caulkins, un professeur d’université de 50 ans, contraint à une retraite anticipée pour des raisons faussement impudique. A son âge, il aime encore, il garde la passion et la flamme de l’amour. La nouvelle la plus émouvante et le retour à la nature de ce vieux professeur. Simplement touchant ! Et merveilleux ! Jim Harrison et le Montana. Quand on a attrapé le virus, on ne sort plus du Montana. On s’y accroche. On y couche à la belle étoile. On y croise des ours et des bisons et des auteurs formidables prêts à vous faire rêver des nuits entières même sous la neige, même dans le froid, même lorsque vous vous sentez seul…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
Commenter  J’apprécie          210
Dalva

Après avoir visionné nombres d'interviews et de reportages, et notamment le dernier film émouvant de François Busnel et Adrien Soland « Seule la terre est éternelle », je me suis enfin décidée à découvrir la plume de Jim Harrison. Et quelle rencontre !!

Un kaléidoscope de récits entrecroisés, des transitions historiques instructives, l'évocation des grands espaces. Grandiose !!

Une rencontre par-delà les mots, par- delà les sens. Immense coup de coeur pour cet écrivain qui entre dans mon panthéon livresque de la Grande Littérature américaine où j'ai encore tant à découvrir.

Commenter  J’apprécie          200
Le Vieux Saltimbanque

Réhabilitons le cochon car sa réputation est bien loin de celle qu'il mérite pour avoir inspiré de belles pages de cette autobiographie. En effet, vous ne le savez peut-être pas, mais Jim Harrison, le grand poète et romancier a élevé des cochons pour subvenir à ses besoins et continuer à écrire lors des périodes de vaches maigres où il tirait le diable par la queue. Il nous apprend même que les cochons étaient beaucoup plus intéressants que ses meilleurs amis. Et connaissez-vous d'autres grands écrivains promenant leur cochon dans la campagne en fin d'après-midi pour réfléchir à son roman en cours ou au prochain ?

Dans cette autobiographie quelque peu décousue, mais on lui pardonne tout, c'est sa liberté, Jim Harrison nous apprend comment il a perdu son œil gauche à l'âge de sept ans, et la blessure que fut la perte accidentelle de son père et de sa sœur. Avec beaucoup d'humilité, certains passages n'étant pas très glorieux et une bonne dose d'auto-dérision, il nous raconte une succession d'anecdotes, ses déboires financiers, son rapport à l'argent, aux femmes, à l'alcool ou ses périodes de dépression.

J'ai eu l'occasion de voir l'an dernier le superbe film documentaire de François Busnel sur ce monument de la littérature américaine intitulé "Seule la terre est éternelle". En croisant mes lectures et le film, je ne peux qu'éprouver une grande sympathie, voire une affection pour lui, malgré ses fêlures ou plutôt grâce à elles.

Une phrase du film me revient en guise d'épitaphe : "Nous aimions la terre mais n'avons pas pu rester".



Challenge Multi-Défis 2023.

Challenge Riquiqui 2023.

Challenge ABC 2022/2023.
Commenter  J’apprécie          203
La femme aux lucioles

Trois nouvelles de Jim Harrison, dont je n'avais lu qu'un livre jusqu'à maintenant, Dalva qui m'avait beaucoup plu.

Ces trois récits sont très différents les uns des autres, on croisera un homme des bois qui aime se croire d'origine chippewa et protège un antique tumulus funéraire indien des appétits d'une séduisante ethnologue, des anciens pacifistes de la grande époque contre la guerre du Vietnam et aujourd'hui rangés et embourgeoisés qui se retrouvent pour aider l'un d' entre eux, et une femme aisée qui largue les amarres à l'approche de la cinquantaine , pour retrouver ses rêves de jeunesse - déambuler sous la pluie à Paris, avec un béret sur la tête...

Trois histoires où les personnages seront amenés à faire des choix et accepter des renoncements pour pouvoir avancer dans leur vie, une ode à la nature américaine, un très beau portrait dans femme dans la troisième nouvelle, et une envie de rajouter Légendes d'automne à ma PAL, pour continuer ma découverte des grands espaces états-uniens en compagnie de Jim Harrison.



Challenge USA
Commenter  J’apprécie          208
Nageur de rivière

Découverte de Jim Harrison avec ce livre constitué de deux longues nouvelles. Au milieu de la première, j'étais assez partagé, ce n'était pas désagréable à lire mais pas transcendant non plus. Un artiste, en pleine réflexion sur son devenir, jette un regard sur son passé, sa vie, ses erreurs. Puis arrivé à la fin, je me suis dit que c'était tout de même pas mal. Je m'étais laissé emporter par le récit, par l'écriture, la mélancolie qui s'en dégage même si je ne me suis pas senti proche du personnage principal.

Par contre, la seconde nouvelle m'a tout de suite accroché. le personnage de Thad a été une très belle rencontre , adolescent idéaliste qui ne voudrait vivre que pour nager. Les personnages secondaires très attachants également accompagnent Thad tout au long du récit.

Je suis donc plutôt content de cette lecture, heureusement car ayant d'autres livres de Jim Harrison en stock, je vais avoir le temps de m'habituer à son écriture.
Commenter  J’apprécie          200




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jim Harrison Voir plus

Quiz Voir plus

Jim Harrison, l'homme du Michigan...

Parmi ces nouvelles, laquelle ne figure pas dans le recueil "Légendes d'Automne" paru en 1979?

Une vengeance
Légendes d'Automne
En route vers l'Ouest
L'Homme qui abandonna son nom

10 questions
119 lecteurs ont répondu
Thème : Jim HarrisonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}